En cours au Siège de l'ONU

AG/1063

PLAIDOYER EN FAVEUR D'UNE PLUS GRANDE COOPERATION POUR RENFORCER LA DEMOCRATIE

19 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1063


PLAIDOYER EN FAVEUR D’UNE PLUS GRANDE COOPERATION POUR RENFORCER LA DEMOCRATIE

20000919

Garantes des droits de l’homme et des valeurs démocratiques chez elles, les démocraties devraient coopérer pour promouvoir leur universalité au sein de la communauté mondiale, a estimé le Ministre sud-coréen des affaires étrangères, ce matin, dans le cadre du débat général de l’Assemblée générale. Car les valeurs qui donnent un sens à la richesse du monde sont celles de la démocratie, a réaffirmé, pour sa part, le Ministre malien des affaires étrangères. Le développement de la démocratie est l’assise d’un monde de paix, d’un monde de solidarité et de justice sociale. C’est pourquoi il est essentiel de renforcer la coopération entre les pays démocratiques en vue de partager leurs meilleures expériences, de se protéger face aux menaces contre les processus démocratiques et de favoriser l’émergence d’un Forum de partenariat pour assister les démocraties en transition, a-t-il souligné. Le Ministre nigérian des affaires étrangères s’est demandé sur quelles bases les gouvernements peuvent s’appuyer pour garantir les valeurs essentielles de la démocratie, lorsque ceux-ci ne disposent même pas des ressources minimales pour assurer les services sociaux garantissant leur légitimité et leur crédibilité. De l’avis de la délégation du Qatar, on utilise aujourd’hui de plus en plus des termes et des concepts positifs en apparence mais dont l’interprétation menace les Etats et les nations. La démocratie et la bonne gouvernance constituent des principes ayant une valeur relative et, s’ils devaient être suivis dans leur interprétation actuelle, le monde serait régi par un seul mode de démocratie et dominé par une seule culture, ce qui conduirait à la disparition du pluralisme, élément enrichissant dans les travaux des Nations Unies.

Ont pris part au débat général, les Ministres des affaires étrangères de Moldova, de la République de Corée, du Panama, de l’Indonésie, du Mali et du Nigéria (au nom du Groupe des 77), ainsi que les Représentants du Qatar et de la Palestine.

En début de séance, le Président de l’Assemblée générale, M. Harri Holkeri (Finlande), a annoncé que le Bureau se réunira, mercredi 27 septembre à 9 heures, pour examiner la demande de la Guinée équatoriale concernant l’inscription d’une question supplémentaire à l’ordre du jour de sa présente session.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général, cet après-midi à 15 heures.

Suite du débat général

M. NICOLAS TABACARU, Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova: Nous devons admettre que les efforts inlassables que déploie la communauté internationale, pour résoudre les conflits, n'atteignent pas toujours les résultats escomptés. Actuellement, sur le continent européen nous constatons des conflits et des situations pouvant générer des crises potentielles. Les transformations démocratiques et le développement économique qui s'opèrent dans certains pays d'Europe du Sud-Est y compris la République de Moldova, risquent d'être remis en question à cause de conflits internes non résolus. Le mécanisme d'accord impliquant les Etats de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ainsi que la Fédération de Russie et l'Ukraine, a été établi. Mon pays est en faveur d'un règlement complet du conflit dans le respect de notre souveraineté et de notre intégrité territoriale, accordant à la région un statut d'autonomie. Toutefois, malgré les compromis raisonnables proposés par les autorités constitutionnelles, les tendances séparatistes persistent.

La situation de paix qui semble exister actuellement n'est qu'une apparence et ne peut que détourner l'attention de la communauté internationale des impératifs qui s'imposent de rechercher les moyens de résoudre le conflit en entreprenant simultanément des réformes économiques et démocratiques. Mais cette tâche se trouve compliquée par la militarisation à outrance de la région. Des dizaines de milliers de tonnes de munitions et d'armements, comptabilisés ou non, sont déployés dans la région. Un retrait complet et sans condition des troupes étrangères, des munitions et des armements, comme il a été stipulé dans le Traité FCE, devrait sans aucun doute faciliter un accord complet et de paix du conflit.

Le désarmement et la non-prolifération sont les éléments essentiels de la sécurité. La République de Moldova, comme d'autres pays, considère que nous devons poursuivre nos efforts dans ce sens, d'une part, en ratifiant les instruments multilatéraux sur le désarmement, et d'autre part, en négociant sur les armes biologiques, les missiles balistiques et les petites armes. En particulier, nous réaffirmons l'importance du Traité sur les missiles anti- balistiques (ABM).

Avec la globalisation, qui a généré de profondes transformations de l'économie mondiale, le développement et l'éradication de la pauvreté sont plus que jamais des impératifs, surtout pour les Etats les moins développés et les économies en transition. Pour que le système des Nations Unies soit mieux adapté aux besoins du développement économique de ces Etats, il faudrait une meilleure harmonisation des politiques commerciales, une plus grande coopération dans le domaine technologique et dans le domaine des politiques monétaires des Etats Membres et des institutions internationales.

Une redéfinition du travail de coopération et de l'aide internationale est nécessaire de façon à permettre de nouvelles stratégies et des politiques d'investissements. Mon pays est favorable à la mise en place de stratégies et de mesures pour gérer la globalisation et, à cet égard, nous soutenons la convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la globalisation, ainsi qu'une conférence sur les pays les moins développés, en mai 2001.

M. LEE JOUNG-BINN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée: Le tournant historique dans la péninsule coréenne ne résulte pas d’un hasard. Il résulte de la patience et de la consistance, ainsi que des encouragements et de l’appui de la communauté internationale, qui avec le Gouvernement du Président Kim Dae-jung a encouragé l’engagement de la République démocratique populaire de Corée. Saisissant ce moment historique pour libérer le peuple coréen du joug de la guerre froide, le gouvernement de la République de Corée a cherché activement à promouvoir les échanges avec le Nord au cours des deux dernières années, donnant lentement mais sûrement l’élan au processus qui devait aboutir à la rencontre des dirigeants des deux camps. Au cours du Sommet de juin dernier, les deux dirigeants ont engagé de longues discussions sur la paix dans la péninsule de Corée, la coopération économique Nord-Sud, ainsi que sur l’avenir du peuple coréen. A l’issue de leurs délibérations, ils ont annoncé une Déclaration conjointe en cinq points, par laquelle ils s’engageaient à faire évoluer des relations tendues et hostiles vers la réconciliation, la coexistence pacifique et la prospérité commune, et peut-être la réunification. Ce Sommet est suivi de réunions ministérielles intercoréennes dans le but de prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du Sommet. Certaines mesures ont déjà été prises, notamment la réouverture des bureaux de liaison au village de trêve de Panmunjom et la mise en place de nombreux programmes d’échanges socioculturels. D’autres sont en cours, en particulier le rétablissement des services ferroviaires entre les deux côtés et la négociation des instruments juridiques nécessaires à des échanges économiques à grande échelle. La troisième réunion ministérielle est prévue à la fin de ce mois dans l’île de Cheju, en Corée du Sud. Un accord est aussi intervenu récemment pour que le Président Kim Jong-il effectue une visite dans le sud très prochainement. En outre, en vue de réduire les tensions, les Ministres de la défense des deux pays tiendront une réunion les 25 et 26 septembre prochains, également sur l’île de Cheju.

Au seuil du nouveau millénaire, les Nations Unies doivent encore régler le vieux problème des conflits violents qui se détériorent tant par leur nature que par leur étendue. Dans de nombreuses régions du monde, les conflits armés, les insurrections et la violence ethnique aux niveaux régional, sous-régional et intranational causent la perte de nombreuses vies humaines. Les Etats Membres des Nations Unies doivent faire preuve d’une volonté politique plus ferme pour empêcher que les tragédies qui ont marqué le Rwanda, le Kosovo, la Sierra Leone et la République démocratique du Congo, ne se reproduisent. A cet égard, nous appelons les parties concernées à garantir la protection et la sécurité du personnel de maintien de la paix, humanitaire et personnel associé des Nations Unies. La République de Corée se félicite du rapport Brahimi qu’elle considère comme une base utile pour l’amélioration de l’efficacité des opérations de maintien de la paix en les dotant d’un mandat et de ressources appropriés. Le Gouvernement de la République de Corée demeure pleinement engagé en faveur de la mission de maintien de la paix des Nations Unies. L’année dernière, pour appuyer l’aspiration démocratique d’un peuple, la République de Corée a envoyé un bataillon d’infanterie au Timor oriental. En outre, elle prend actuellement des mesures visant à accroître sa contribution au budget des opérations de maintien de la paix.

La République de Corée fait face de manière active au défi de la mondialisation. Des réformes vigoureuses ont été imposées pour mettre fin à l’inefficacité économique du passé et pour accélérer la libéralisation et l’ouverture de marché. Le gouvernement assiste considérablement les petites et moyennes entreprises dans le secteur de l’information, et soutient l’éducation dans le domaine des technologies de l’information. Un enseignement obligatoire en informatique est dispensé dans toutes les écoles élémentaires, dans l’armée et dans les institutions correctionnelles. Tout en assurant la promotion de l’ère de l’information, le gouvernement accorde une attention particulière aux secteurs de la société qui sont marginalisés. Le même concept qui sous-tend l’aide aux plus vulnérables pour leur permettre de développer leurs capacités devrait être appliqué à l’assistance internationale pour le développement. Garantes des droits de l’homme et des valeurs démocratiques chez elles, les démocraties devraient coopérer pour promouvoir leur universalité au sein de la communauté mondiale. Ainsi, la République de Corée s’est réjouie d’organiser conjointement la première Conférence internationale de la Communauté des démocraties, à Varsovie en juin 2000. Elle est également honorée d’accueillir la deuxième Conférence internationale de la Communauté des démocraties en octobre 2002.

M. JOSE MIGUEL ALEMAN HEALY, Ministre des affaires étrangères du Panama: Panama partage les préoccupations du Secrétaire général concernant les droits de l’homme, l’égalité des sexes et les droits des enfants, et la prochaine réunion des chefs d’Etat et de gouvernement d’Amérique latine, qui aura lieu à Panama, traitera des problèmes rencontrés par les enfants dans la région. En matière d’égalité entre les sexes, notre pays a fait de grands progrès. C’est d’ailleurs une femme qui préside le Panama depuis un an, et, à partir de janvier prochain, la présidente de la Cour suprême sera une femme. Des progrès importants ont également été faits pour l’accès des femmes à l’éducation et à la santé. Il reste toutefois beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne l’égalité d’accès aux activités économiques.

Il y a plus de 40 ans, le Ministre panaméen des affaires étrangères Miguel Moreno insistait déjà sur le lien entre la coopération internationale et le développement économique. Cette conception est à la base du projet gouvernemental de notre présidente, Madame Mireya Moscoso. Sans mesures destinées à faire progresser le développement humain, la croissance économique n’a pas de sens. En même temps, le développement humain ne se limite pas au seul développement économique. En ce sens, nous sommes satisfaits du dernier rapport du PNUD sur le développement humain, qui examine le lien entre développement humain et droits de l’homme. Nous affirmons avec le PNUD que la liberté humaine est le principe de base et la motivation commune des droits de l’homme et du développement humain. Le gouvernement de Madame Moscoso a pris des mesures pour étendre la liberté d’expression et nous avons fait appel à la Commission interaméricaine des droits de l’homme pour nous aider car nous croyons fermement à la coopération internationale dans ce domaine. Nous pouvons affirmer que Panama est l’un des rares pays qui ont adopté la doctrine de sécurité humaine comme politique officielle.

Lors du récent Sommet du millénaire, le Panama a demandé notamment un retour à l’esprit originel de la Charte. Dans ce domaine, nous pensons que le Conseil de sécurité doit s’imposer l’obligation de représenter les intérêts généraux de la communauté internationale et non les intérêts politiques, militaires ou stratégiques particuliers. Il est temps d’augmenter le nombre de membres permanents et non permanents du Conseil et de restreindre et réglementer l’usage du droit de veto. Nous sommes également favorables au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et aux mécanismes de règlement pacifique des conflits. Cela peut se faire dans le cadre du programme structurel de prévention des conflits. Nous recommandons la présence morale et technique des Nations Unies dans les processus que suivent les pays attaqués par des puissances hostiles, ou qui font face à des phénomènes d’intolérance raciale ou religieuse, ainsi que dans les négociations de réunification ou d’autodétermination.

La République du Panama se présente aujourd’hui ici comme un Etat pleinement souverain satisfait d’avoir récupéré l’exercice de sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national et d’avoir démontré sa volonté et sa capacité de mettre en œuvre les engagements dérivant de sa participation à la grande communauté internationale. Nous administrons avec fierté le canal de Panama avec une sécurité, une efficacité et une transparence maximales. En ce sens, le canal et les vastes étendues de terres qui l’entourent constitueront un moteur sans équivalent de l’économie panaméenne dans les années à venir. Nous intégrons notamment dans le développement national les utilisations civiles et commerciales que nous faisons des anciennes installations militaires et avons des projets de développement pour le canal, qui bénéficieront à la fois à Panama et au commerce international.

Panama rejette énergiquement les mesures de l’OCDE qui a conçu de façon unilatérale des normes que ses membres prétendent imposer en dehors des territoires relevant de leur souveraineté. Panama est attaché à la lutte contre le blanchiment de l’argent de la drogue, les trafics d’armes et autres activités illicites. Mais le contrôle ne peut se faire qu’au travers d’organismes internationaux qui, pour être légitimes, doivent être établis dans le cadre d’institutions internationales représentatives non seulement du Nord industrialisé mais aussi des nations émergentes du Sud.

Nous demandons l’appui des Nations Unies pour régler un différend entre le Panama et les Etats-unis concernant l’utilisation par ce pays, sans autorisation et à des fins militaires, de sites de défense sur le territoire panaméen tout au long du siècle écoulé. Malgré les efforts déployés par le Gouvernement panaméen et sa bonne volonté, ces différends n’ont pas encore pu être réglés.

M. ALWI SHIHAB, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie: La cinquante-cinquième session de l'Assemblée générale s'est ouverte sur le Sommet du millénaire et par l'adoption d'une déclaration visionnaire décrivant les principes qui doivent régir les relations entre les nations. Nous espérons vivement que les Nations Unies surmonteront les obstacles nombreux et interdépendants à la paix et au développement, tout en réaffirmant fermement et en préservant les principes et objectifs de la Charte. Les efforts des Etats Membres, de la société civile, des organisations internationales et du secteur privé doivent être relayés par un renforcement du pouvoir d'action de l'Organisation, grâce à la volonté des Etats de lui fournir une autorité et une légitimité authentiques. En outre, il est

urgent de réformer le Conseil de sécurité. Par ailleurs, l'absence de progrès dans l'élimination des armes nucléaires est l'un des grands problèmes de notre temps. Le plus grand défi de notre époque est de débarrasser le monde des dangers que posent les armes nucléaires en les éliminant complètement.

Les conflits armés et les tensions continuent de sévir dans de nombreuses parties du monde. Toutefois, dans de nombreuses régions du monde, on observe des développements positifs qui reflètent un nouvel esprit de coopération et de compromis. La réunion des dirigeants de la Corée du Nord et de la Corée du Sud; la formation d'un nouveau gouvernement en Somalie et l'accord de cessez-le-feu entre l'Ethiopie et l'Erythrée en sont quelques exemples. Ma délégation espère qu'un même esprit de compromis aboutira à une atténuation des conséquences des sanctions sur le peuple de l'Iraq. Il s'agit aussi d'un impératif humanitaire.

Aujourd'hui, en particulier dans les pays en développement, des millions de personnes restent à l'écart des bénéfices de la mondialisation et de la révolution de l'information. Il peut en résulter une grande instabilité parmi ces personnes laissées en arrière et marginalisées. Le système financier global se caractérise par des flux financiers "énormes" mais les pays en développement ne peuvent en bénéficier et doivent dépendre de l'aide publique au développement, d'où la grande importance de la réunion de haut niveau sur le financement du développement qui doit avoir lieu en 2001. L'endettement des pays en développement entrave également leurs efforts de développement dans le cadre de la mondialisation. Plus que jamais, nous devons œuvrer pour le développement social décrit dans Action 21. A cet égard, l'Indonésie a le plaisir de souligner l'accueil favorable qu'a reçu sa proposition d'accueillir la Conférence de Rio+10 lors de la Conférence des Ministres d'Asie et du Pacifique sur l'environnement et le développement.

La souffrance des réfugiés et des personnes déplacées doit continuer de recevoir notre attention. Le meurtre de membres du personnel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Atambua, au Timor oriental, a choqué et attristé le monde entier, plus profondément encore en Indonésie. Les mesures nécessaires seront prises pour s'assurer qu'un tel crime haineux ne se reproduira plus jamais. Cette tragédie ne doit cependant pas provoquer un retrait de l'assistance humanitaire, ce qui aggraverait la perte subie.

M. MODIBO SIDIBE, Ministre des affaires étrangères et des Maliens de l’extérieur du Mali: Le maintien de la paix et de la sécurité internationales doit demeurer un objectif prioritaire. L’ONU est de plus en plus confrontée aux conflits internes, violents et meurtriers, qui ont coûté la vie à des millions de civils. Il est donc crucial d’améliorer le système de prévention et de renforcer la capacité de notre institution à organiser et conduire les opérations avec efficacité et succès. A cet égard, le Mali salue le Rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix dirigé par M. Lakhdar Brahimi qui prend date dans le processus visant à faire des Nations Unies “véritablement une force crédible de paix”. Il importe donc de donner rapidement une suite positive à ce rapport. L’intervention de l’ONU doit être décidée selon des critères uniformes, quelle que soit la région géographique des conflits. Le caractère pluridisciplinaire des nouvelles missions de maintien de la paix exige des mandats clairs et précis. Dans cette perspective, le Mali se félicite des efforts accomplis en vue de renforcer la coopération avec les organisations régionales dans le cadre du

maintien de la paix et dans le respect des compétences du Conseil de sécurité. Les récents évènements en Sierra Leone nous le rappellent et nous interpellent fortement. Les efforts de l’OUA et des organisations sous-régionales doivent être soutenus pour asseoir de véritables capacités régionales de proximité; il devrait en être ainsi pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui dispose déjà d’une force de maintien de la paix et, bientôt, d’un système d’alerte précoce. Les opérations de maintien de la paix ne peuvent représenter des solutions permanentes aux conflits, ni constituer une réponse à leurs causes profondes. La communauté internationale doit passer d’une culture de réaction à une culture de prévention, basée sur une approche multidimensionnelle, permettant sûrement d’épargner de nombreuses vies humaines et certainement de rendre disponibles des ressources additionnelles pour le développement. L’efficacité de l’ONU en matière de maintien de la paix dépend largement de sa capacité de prévention, de gestion des crises et de consolidation de la paix. A cet égard, le Mali lance un appel à la communauté internationale en vue de fournir une assise financière stable et saine pour les activités de maintien de la paix de notre Organisation. La résolution adoptée lors du Deuxième sommet du Conseil de sécurité, le 7 septembre dernier, mérite le soutien de tous car elle renforce notre capacité de prévention et de gestion des crises.

A l’aube du troisième millénaire, l’une des tâches les plus urgentes à laquelle est confrontée l’humanité est de mettre un terme à l’aggravation croissante des inégalités qui ne cessent de se creuser entre les pays riches et les pays pauvres. Dans un environnement international plus que jamais marqué par le processus de mondialisation, la persistance de la pauvreté représente le défi le plus redoutable qu’il convient de relever. Dans cette perspective, le problème de la dette des pays en développement doit continuer d’être au centre des préoccupations parce qu’elle constitue un obstacle majeur aux efforts de développement de ces pays. L’annulation de la dette est aujourd’hui nécessaire dans la perspective d’une nouvelle stratégie de développement. Cette nouvelle stratégie de développement implique des investissements directs, l’accès sans entrave aux marchés par un traitement spécial et différencié, une juste rémunération de nos produits, les transferts des nouvelles technologies qui sont tous des facteurs déterminants pour le développement. Toutefois, les défis du développement ne pourront être relevés sans la mise en place d’un système financer international stable. C’est pourquoi, le Mali plaide en faveur d’une réforme de l’architecture financière internationale qui tienne compte de la dimension sociale du développement et qui ne compromette point la capacité des pays à poursuivre leurs objectifs nationaux de développement. L’Afrique a bien compris que le rôle et la place qui lui reviennent dans le monde qui se dessine, impliquent une approche politique renouvelée de l’intégration et de l’unité du continent. C’est dans cette vision que s’inscrit la création de l’Union africaine.

Les valeurs qui donnent un sens à la richesse du monde sont celles de la démocratie. Comme le déclarait le Président Konaré à la Conférence des démocraties de Varsovie, “le développement de la démocratie est l’assise d’un monde de paix, d’un monde de solidarité et de justice sociale. La démocratie seule permet à chacun de nous d’assumer la charge certes, mais aussi l’honneur d’être homme et d’être au service des hommes”. A cet égard, le Mali se félicite de l’adoption, en juin dernier, par la Communauté des démocraties, de la Déclaration de Varsovie qui préconise le renforcement de la coopération entre les

pays démocratiques en vue de partager leurs meilleures expériences, de se protéger face aux menaces contre les processus démocratiques et de favoriser l’émergence d’un Forum de partenariat pour l’assistance aux démocraties en transition. Il faut être plus ferme face aux changements inconstitutionnels de régimes politiques pour consolider la démocratie. La condamnation doit être le principe et doit être suivie d’effets.

SHEIKH HAMAD BIN JASSIM BIN JABR AL-THANI, Ministre des affaires étrangères du Qatar: Nous vivons dans une région qui, depuis vingt ans, a été frappée par des désastres et des crises se succédant au même rythme que les éruptions d'un volcan actif. A peine la guerre entre l'Iran et l'Iraq venait-elle de se terminer qu'une autre crise plus grave et plus complexe a éclaté, à savoir la seconde guerre du Golfe, l'invasion du Koweit suivie de sa libération et le boycott économique contre l'Iraq. Depuis plus de dix ans, ce boycott tue des êtres humains, en particulier les enfants, les malades et les personnes âgées. Aujourd'hui, nous savons tous que ces sanctions, tout en ne parvenant pas à provoquer le résultat escompté, sont devenues une source de malheur imposée à la population. Nous appelons à une levée des sanctions contre l'Iraq et à un réexamen de la question des sanctions, qu'elles soient imposées par les Nations Unies ou par des Etats, car leur utilisation a complètement échoué ne laissant derrière elle que haine et rancœur. Nous insistons sur la nécessité et le caractère inévitable de la levée des sanctions imposées à Libye, ces dernières n’ayant plus de justification.

La question du Moyen-Orient est pour nous prioritaire. Les Arabes considèrent que la paix est leur option stratégique mais une paix complète reste hors d'atteinte du fait de l'intransigeance d'Israël, de son inflexibilité et de son manque de considération pour les droits fondamentaux de la nation arabe. En ce qui concerne la question palestinienne, le Gouvernement israélien a démontré à Camp David qu’il était prisonnier des extrémistes. Israël doit se conformer à la résolution 242 du Conseil de sécurité.

L'Etat du Qatar soutient les efforts de réconciliation déployés au Soudan ainsi que les efforts infatigables du Président de Djibouti et de son Gouvernement pour résoudre le difficile problème somalien. Nous espérons que les efforts des pays de la Corne de l'Afrique pour lutter contre la guerre, la sécheresse et la famine s'orienteront vers l'action et la construction. L'Etat du Qatar est préoccupé par le complot monté contre l'Indonésie, Etat islamique le plus peuplé. Des intrigues secrètes sont ourdies pour découper ce pacifique Etat islamique en invoquant le prétexte des droits de l'homme et en utilisant d'autres moyens trompeurs que tous reconnaissent. Ce qui se passe en Indonésie n'est qu'une affaire intérieure telle qu'il en arrive dans tous les Etats du monde. Les principales des problèmes que traverse ce pays est dû aux difficultés financières et à la pauvreté.

Etant donné que les facteurs économiques contribuent grandement à la poursuite des guerres et des conflits, nous nous devons de résoudre la cause des crises. Le transfert de technologie est absolument nécessaire pour parvenir à une mondialisation transparente plutôt que sélective et impliquant que les pays du Tiers monde ne sont rien de plus que des marchés pour les produits des pays développés.

Le Qatar est favorable à un élargissement du Conseil de sécurité. Récemment, on assiste à une utilisation de plus en plus fréquente de termes et d'idées positifs en apparence mais qui posent une grande menace contre les Etats et les nations. Ces termes ne sont pas dangereux en eux-mêmes, c'est leur interprétation ou la manière dont ils sont appliqués qui l'est. “L'intervention humanitaire” et la “promotion des démocraties” dans le monde en sont deux exemples. La promotion de la démocratie dans le monde, les codes de bonne conduite et le principe de bonne gouvernance ont une valeur relative et, s'ils devaient être suivis dans leur interprétation actuelle, le monde serait régi selon un seul style de démocratie et dominé par une seule culture. Cela conduirait à la disparition du pluralisme, qui est cependant un élément enrichissant dans les travaux des Nations Unies. Par ailleurs, nous estimons que la Cinquième Commission est le forum le plus approprié pour discuter du coût des opérations de maintien de la paix, qui est en hausse constante.

M. ALHAJI SULE LAMIDO, Ministre des affaires étrangères du Nigeria parlant au nom du Groupe des 77: Il y a 55 ans, les Nations Unies ont été créées comme un front commun contre un conflit armé de dimension mondiale. Au cours des années, leur mandat s’est élargi du simple maintien de la paix et de la sécurité internationales à des questions fondamentales pour la sécurité socio-économique de l’humanité. Cependant, dans de nombreux pays en développement, les Nations Unies manifestent leur potentiel davantage par le biais de ses institutions spécialisées comme l’UNICEF, l’OMS, l’UNESCO, etc., que par les résolutions du Conseil de sécurité. C’est de l’activité de ces institutions de l’ONU que les moins privilégiés de nos pays bénéficient. C’est par elles que l’Afrique s’est imprégnée de l’idéal d’une possible harmonisation du progrès humain grâce aux Nations Unies. Dans une large mesure, cet idéal n’a pas été mis entre de mauvaises mains. Mais, comme l’a rappelé le président Olusegun Obasanjo, la pauvreté reste un fait quotidien pour la grande majorité de nos peuples.

Pour beaucoup de pays, le millénaire écoulé a été caractérisé par tous les maux liés à la pauvreté. Durant la dernière décennie en particulier, le monde a cessé de faire face à la Guerre froide pour affronter un nouveau concept plus problématique: la mondialisation. Le globe terrestre qui sert de logo à notre organisation symbolise l’humanité. C’est à partir du globe aussi qu’a été créé le terme anglais de globalisation, qui fait explicitement référence à un monde sans frontière en matière de commerce. C’est l’humanité vue comme un gigantesque marché. En dehors de cette association malheureuse entre le noble mot d’humanité et le matérialisme du commerce et du marché, la mondialisation soulève d’autres questions pour les trois quarts de l’Humanité qui restent en dehors de l’orbite de la compétence industrielle. Dans une économie mondiale, tous les pays devraient être parties prenantes. En fait, quel est le rôle de l’Afrique dans l’économie mondiale? Par exemple, en quoi la mondialisation facilite–t-elle la consolidation de la démocratie? Comment les valeurs essentielles de la démocratie peuvent-elles être défendues par un gouvernement qui ne dispose pas des ressources minimales pour fournir les services sociaux qui lui conféreraient légitimité et crédibilité? Il est clair que le rêve d’une famille mondiale ne peut se réaliser si l’architecture du pouvoir mondial perdure en l’état.

Le dialogue entre l’OUA, le Groupe des pays non alignés et le Groupe des 77 d’une part, et le G-8 d’autre part, a montré qu’on peut beaucoup progresser par cette approche des problèmes. Il faut que le monde saisisse l’élan actuel que lui a offert le Sommet du millénaire, pour traiter les problèmes dans leur globalité et non de manière sectorielle, comme il l’a fait jusqu’ici.

Le problème de l’intervention humanitaire a été soulevé au cours du débat. Beaucoup d’Etats sont très sensibles à cette notion d’intervention. Jusqu’à présent, le débat sur ce point s’est concentré sur l’unique dimension des situations de conflits. Mais qu’en est-il des situations dans lesquelles le nombre des victimes est tout aussi nombreux, mais en l’absence de conflit armé? Qu’en est-il du génocide silencieux dû au VIH/sida, des épidémies et des catastrophes naturelles comme la famine, la sécheresse, les inondations…. Que penser d’une situation dans laquelle l’application de sanctions résulte en décès à grande échelle? Tout ceci devrait avoir sa place dans une discussion systématique sur l’intervention humanitaire. De même, n’existe-t-il aucun moyen de mettre fin à la prolifération des armes de petit calibre en Afrique ou dans d’autres pays du Sud, alors qu’on sait qui les fabrique et où, comment elles sont vendues et de quelles facilités bénéficie ce commerce. Pourquoi la recherche de solution ne se concentrerait-elle pas sur de tels aspects?

Ces questions et bien d’autres ont été discutées lors du Premier Sommet Sud- Sud qui a eu lieu à La Havane au printemps, et qui a constitué un moment privilégié pour le Groupe des 77. A La Havane, le Sud a décidé de forger un nouveau partenariat avec le monde industrialisé. Nous demandons un partenariat égal dans les prises de décisions qui affectent l’humanité. L’intérêt de l’humanité suppose une participation plus active de l’ensemble des composantes de notre société mondiale.

M. NASSER AL-KIDWA, Observateur de la Palestine: Ainsi que l'a indiqué le Président Yasser Arafat dans son allocution prononcée lors du Sommet du millénaire, le Conseil central de la Palestine s'est réuni pour examiner l'état de la situation concernant la conclusion d'un accord entre les parties palestinienne et israélienne avant le 13 septembre. Le Conseil a pris une décision difficile afin de sauvegarder ce que certains ont appelé la dernière chance du processus de paix et de parvenir à un accord entre les deux parties, en décidant de poursuivre les négociations pendant les cinq ou six semaines à venir. Le Conseil a décidé de reporter la date de la proclamation de l’Etat, tout en chargeant le Comité exécutif et la Présidence du Conseil national palestinien ainsi que le Conseil législatif de prendre les mesures nécessaires afin de soumettre un rapport sur ces mesures au Conseil central au plus tard le 15 novembre 2000, jour anniversaire de la Déclaration d'indépendance. Cette décision signifie que nous avons le désir et la volonté de parvenir à un accord avec la partie israélienne, si cette partie a, elle, la volonté nécessaire. Elle signifie également que la partie palestinienne est d'accord pour retarder la proclamation de l'Etat, pas seulement jusqu'à la fin de la période de transition et de son prolongement, mais jusqu'à ce que se présente une possibilité réaliste de parvenir à un accord final.

Ainsi, nous avons fait preuve de souplesse, même en ce qui concerne les lieux situés sur les terres occupées de la Jérusalem orientale, auxquels s’applique la résolution 242 du Conseil de sécurité. Nous avons accepté que le côté ouest d’Al-Haram Al-Sharif, connu des Arabes et des Musulmans sous le nom d’Al–Buraq et que les Juifs et les Israéliens appellent le Mur des Lamentations, soit placé sous le contrôle israélien en raison de son caractère sacré pour le Judaïsme; ce qui est conforme à la situation du temps où la Palestine était placée sous mandat britannique.

En retour, non seulement Israël cherche à établir sa souveraineté sur le côté Ouest d’Al-Haram Al-Sharif mais son Gouvernement défie notre souveraineté sur Al-Haram Al-Sharif et cherche à maintenir une forme de souveraineté sur ces lieux, ce qu’aucun Palestinien, Musulman ou Arabe n’acceptera, ni aujourd’hui ni dans le futur.

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