En cours au Siège de l'ONU

AG/1062

DEBAT GENERAL : LA SECURITE REGIONALE ET LES RELATIONS DE BON VOISINAGE SONT INDISPENSABLES A LA PAIX ET A LA PROSPERITE

18 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1062


DEBAT GENERAL : LA SECURITE REGIONALE ET LES RELATIONS DE BON VOISINAGE SONT INDISPENSABLES A LA PAIX ET A LA PROSPERITE

20000918

Plusieurs pays d’Afrique rappellent que la lutte contre les ravages du VIH/sida ne doit pas être oubliée

Avec des intervenants venus notamment du Tchad, du Sri Lanka, du Bahreïn, ou encore de l’Ukraine et de l’Arménie, ce sont les questions de sécurité régionale et de relations de bon voisinage qui ont, cet après-midi, dominé le débat général de l’Assemblée du millénaire. Vivre à l’abri du besoin et à l’abri de la peur, deux des trois objectifs principaux fixés par le Secrétaire général dans son rapport du millénaire, sont en effet intrinsèquement liés, ont insisté les participants. Or trop souvent, les conflits ou les différends ont des effets négatifs sur le développement des pays, tout particulièrement en Afrique, car ils détournent de précieuses ressources des programmes de développement pourtant indispensables.

Les efforts renouvelés des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, et notamment les propositions novatrices contenues dans le rapport Brahimi, ont été salués. Mais il a aussi été reconnu qu’à elles seules les Nations Unies ne peuvent pas résoudre les conflits et créer les conditions de la prospérité pour tous. Les parties prenantes à un conflit doivent être les premières à faire preuve de maturité politique et respecter les accords durement négociés. Il est, de plus, de la responsabilité des Etats de tisser avec leurs voisins des liens forts à tous les niveaux afin que les efforts fournis par chacun puissent réellement se conjuguer au lieu de s’annuler. Dans ce contexte, le développement et le travail des organisations régionales de coopération, aussi bien politique qu’économique, ont été encouragés. Abondant dans ce sens, le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine a par exemple proposé d´établir à Kiev, sous les auspices de l´OSCE, un centre régional d´études ethniques, afin de détecter les tendances séparatistes dangereuses.

Nombreux ont aussi été les participants à mettre en garde contre l’instabilité potentielle qui peut découler des ravages de la pandémie de VIH/sida et à appeler par conséquent à davantage de coopération dans ce domaine. Dans certains pays, cette maladie frappe en effet plus d’un quart de la population, ainsi que l’a rappelé le Chef de la délégation du Swaziland. Pour enrayer l’expansion de ce fléau qui, comme l’a souligné le Ministre des affaires

(à suivre – 1a)

étrangères du Tchad, prive trop d’Etats des forces clefs de leur développement, il a notamment été demandé aux pays qui en ont les moyens de rendre les médicaments les plus performants disponibles à un prix abordable pour ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les pays en développement.

La nécessité d’un meilleur partage des technologies modernes de communication et d’information, qui jouent désormais un rôle majeur en matière de développement, a également été mise en avant. Rappelant que la mondialisation repose sur la circulation rapide des informations, la Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Malawi a ainsi appelé la communauté des donateurs à venir en aide à ceux qui n’ont pas la capacité de tirer profit du réseau mondial de l’information et à combler le “fossé numérique”. Sur ce même point, le Ministre des affaires étrangères de l’Arménie a expliqué que son pays a fait du développement des technologies de l’information l’axe central de sa politique économique et a décidé d’équiper, d’ici à 2005, toutes ses écoles en ordinateurs ayant accès à l’Internet.

Les Ministres des affaires étrangères et Chefs de délégation de la Tunisie, de Madagascar et de l’Uruguay ont également pris la parole. En fin de séance, le Représentant de la République islamique d’Iran et l’Observateur de la Palestine ont exercé leur droit de réponse

L’Assemblée poursuivra le débat général de sa cinquante-cinquième session demain, mardi 19 septembre, à 10 heures.

Suite du débat général

Cheikh MOHAMMED BIN MUBARAK AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn : Depuis son accession à l'indépendance politique et à la souveraineté sur ses îles et eaux territoriales en 1971, Bahreïn a cherché à édifier un Etat moderne et une société civile développée en préparant le citoyen de Bahreïn aux exigences de la modernité. Nous consacrons encore aujourd'hui beaucoup d'efforts à cette modernisation en pratiquant l'ouverture intérieure, la règle du droit et en associant les femmes à tous les aspects de la vie nationale. Dans le domaine des droits de l'homme, Bahreïn a franchi des étapes importantes en ratifiant un certain nombre de conventions reconnaissant ainsi leur importance tout en s'opposant fermement à l'usage des droits de l'homme comme un prétexte pour s'immiscer dans les affaires intérieures ou pour saper les croyances religieuses, les valeurs et les caractéristiques culturelles et sociales d'autres Etats.

Animé par sa foi en l'importance de la sécurité régionale et internationale dont nous sommes conjointement responsables, Bahreïn continuera à plaider pour l'adhésion de tous aux principes qui contribuent au maintien de la sécurité et de la paix et rendent possible la stabilité, le progrès et la prospérité. Les plus importants d'entre eux sont : le respect de l'intégrité des frontières, des relations d'état à état fondées sur le bon voisinage, le respect mutuel et la non- ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats. En conséquence, Bahreïn invite à nouveau l'Iraq à coopérer avec les Nations Unies, à mettre en oeuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, particulièrement celles portant sur les armes de destruction massive, à relâcher les ressortissants du Koweït et d'autres nationalités encore prisonniers en Iraq de façon à parvenir à la levée des sanctions et de mettre fin aux souffrances de nos frères iraquiens. En ce qui concerne le processus de paix au Moyen-Orient, nous lançons un appel aux pays qui soutiennent ce processus, pour qu'ils redoublent d'efforts et fassent pression sur Israël de façon à ce qu'il satisfasse aux exigences de la paix en appliquant toutes les résolutions prises dans le cadre du droit international.

Il y va de l'intérêt de la communauté internationale de faire en sorte que le progrès amené par la mondialisation ait pour finalité la croissance et l'intégration économiques et contribue à l'éradication de la pauvreté, à l'égalité sociale et au développement. Dans ce contexte, nous exprimons notre soutien aux décisions et recommandations du Sommet Sud qui s'est tenu à la Havane et au Sommet du Groupe des Quinze qui a eu lieu au Caire en juin 2000.

M. BORYS TARASYUK, Ministre des affaires étrangères de l´Ukraine: Les objectifs et principes de la Charte de l´Organisation des Nations Unies continuent d´être le fondement du droit international et de gouverner les relations internationales. L´Ukraine dénonce formellement l´usage de la force dans les relations inter-étatiques. L´ONU est la seule institution qui dispose des instruments propres à faire respecter la paix. Nous pensons cependant que pour être en mesure de faire face aux impératifs de maintien de la paix au XXIème siècle, ses moyens doivent être considérablement augmentés et les recommandations du rapport Brahimi prises en compte. L´Ukraine a, à de multiples reprises, activement participé au déploiement de forces de maintien de la paix; depuis 1992, plus de 2 000 citoyens ukrainiens ont participé à plus de 20 opérations de maintien de la paix. Aujourd´hui, l´ONU doit définir d’urgence une stratégie globale de prévention des conflits. L´Ukraine propose d´établir à Kiev, sous les auspices de l´OSCE, un centre régional d´études ethniques. Ce centre, dont un des

objectifs consisterait à détecter des tendances séparatistes dangereuses, participerait à la prévention des conflits. L´Ukraine, en tant que membre du groupe des “Amis du Secrétaire général des Nations Unies”, constate avec regret que le conflit qui oppose la Géorgie et l´Abkhazie n´a toujours pas trouvé d´issue pacifique. L´Ukraine est résolue à contribuer aux efforts des Nations Unies visant à résoudre les conflits en Afrique.

En ce qui concerne les sanctions imposées par le Conseil de sécurité, l´Ukraine insiste pour qu´elles soient toujours accompagnées d´une diplomatie visant au règlement des conflits et limitées dans le temps. Ainsi, nous pensons que les sanctions contre la Libye devraient aujourd´hui être levées.

La promotion du désarmement reste un objectif essentiel de l´ONU et la non- prolifération, la base de la sécurité internationale. L´universalité du TNP (Traité sur la non-prolifération nucléaire) et du CTBT (Traité pour l’interdiction complète des essais nucléaires) sont indispensables à un monde libéré de la menace nucléaire.

Espérons enfin que cette session sera l´occasion d´établir une répartition plus juste des dépenses de l’ONU entre les différents pays et que la question de l´élargissement de la composition du Conseil de sécurité trouvera un aboutissement.

M VARTAN OSKANIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie : Si la Déclaration du millénaire adoptée il y a deux semaines représente un plan mondial pour satisfaire des objectifs mondiaux, il faut bien reconnaître que les politiques sont avant tout locales et que c’est au niveau individuel de chaque pays que tout commence. C’est pourquoi, en dernier ressort, il est de la responsabilité de chaque Etat de faire, au niveau national ou régional, la différence. C’est la somme de ces différences qui en définitive aura un impact sur le monde dans lequel nous vivons. La tâche fondamentale des gouvernements en place est de mener des politiques raisonnables et des ajustements structurels pertinents pour relever les défis de la mondialisation et tirer pleinement parti des avantages qu’elle offre. Les nouveaux outils de la communication et Internet, s’ils sont utilisés habilement, peuvent constituer le moteur de la croissance économique et de la réduction des inégalités. Ils offrent notamment la possibilité aux petits pays enclavés la possibilité de participer aux marchés mondiaux. C’est parce qu’elle en est pleinement consciente que l’Arménie a fait du développement des technologies de l’information l’axe central de sa politique économique et a décidé d’équiper toutes ses écoles en ordinateurs ayant accès à l’Internet d’ici à 2005.

Vivre à l’abri du besoin et à l’abri de la peur vont de pair, car sans un système libre, démocratique et ouvert chez soi et sans la paix et la sécurité dans la région à laquelle on appartient, il n’est pas de prospérité économique possible. Dans le même temps, toute paix durable au niveau régional est tributaire d’un développement économique équitable et de la multiplication d’accords régionaux économiques variés.

Pour ce qui est du Caucase, nous considérons notre sécurité non pas de manière purement bilatérale, mais aussi régionale dans le contexte élargi de l’Europe. Nous sommes convaincus que la coopération économique permettra de transcender les problèmes politiques et de favoriser le règlement des questions

politiques. Nous pensons que le Caucase a en fait besoin d’un système de stabilité et de sécurité régionale et nous sommes prêts à y travailler. Pour l’heure, la région continue de pâtir de l’absence de relations officielles entre l’Arménie et notre voisin, la Turquie, qui continue de s’accrocher à certaines conditions concernant le Haut Karabagh et la reconnaissance du génocide arménien. Malgré la main tendue par notre Président lors du Sommet du millénaire, la Turquie montre qu’elle continue de laisser la crainte du jugement de l’histoire entraver son libre-arbitre. Or sans la vérité, la rédemption et la réconciliation nous échapperont à jamais. La Déclaration du millénaire a également réaffirmé le droit des peuples à l’autodétermination, droit pour lequel ont précisément combattu les Arméniens du Haut Karabagh. Nous demeurons engagés en faveur d’une solution durable du différend avec l’Azerbaïdjan à condition qu’un lien géographique avec l’Arménie soit maintenu. Pour cela nous continuerons à collaborer avec le groupe de Minsk, mais nous pensons néanmoins qu’une négociation directe avec l’Azerbaïdjan serait plus productive. De manière générale, nous pensons que tout conflit doit être abordé de manière spécifique et que toute solution doit être en quelque sorte élaborée “sur mesure”.

M. HABIB BEN YAHIA, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie : Les résultats des sommets et rencontres tenus à la fin du millénaire, dont le Sommet du millénaire, le Sommet du Sud et le Sommet du Mouvement des non-alignés ainsi que les deux Sessions spéciales de l'Assemblée générale de l'ONU consacrées au développement social et à la femme, constituent une référence importante permettant d'élaborer une stratégie globale et consensuelle pour l'édification d'un partenariat effectif entre les peuples et les nations dans le but de relever en commun les défis du futur.

Les expériences antérieures nous enseignent, entre autres, que le principe de prévention des conflits demeure le meilleur moyen d'éviter les conflits, les tragédies humaines et les dégâts économiques et sociaux qu'ils engendrent et qui sont difficiles à réparer. Dans ce contexte, il est temps que les pays industrialisés et les institutions financières internationales honorent leurs engagements envers les pays et les régions démunis et ce, par le biais de l'aide publique au développement, l'encouragement à l'investissement extérieur et le règlement du problème de la dette et de son service. Il est nécessaire d'introduire les réformes nécessaires à l'action de l'ONU dans le domaine des opérations de maintien de la paix d'autant plus que les activités de notre organisation ne se limitent plus aux missions traditionnelles mais englobent aussi le désarmement des combattants, leur réinsertion, le déminage, la mise en place des institutions de l'Etat et l'observation des élections.

Le rapport du Groupe d'experts élaboré sous la présidence de M. Lakhdar Brahimi contient d'importantes recommandations. Le rôle du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales demeure indispensable. A ce sujet, nous ne saurions omettre d'évoquer la question de "l'ingérence humanitaire". De fait, si des circonstances humanitaires particulières dictent une intervention urgente en vue de mettre fin à la détérioration de la situation, cela ne pourrait se faire en dehors du cadre du droit international. A cet égard, la souveraineté des Etats demeure l'une des constantes fondamentales qu'on ne peut en aucun cas omettre ou ignorer.

La question des sanctions est l'une des plus importantes dont l'Organisation des Nations Unies est saisie. L'expérience de la décennie passée a montré la nécessité de modifier le recours à cet outil afin d'alléger ses incidences sur les peuples. Ce devrait être l'ultime choix après épuisement de toutes les voies pacifiques et dans le cas où elles s'avèrent nécessaires, leur durée devrait être limitée dans le temps. A ce propos et concernant la question irakienne, la Tunisie réaffirme la nécessité de conjuguer tous les efforts en vue de parvenir à un règlement pacifique permettant de mettre fin à l'embargo imposé à l'Iraq. Concernant l'affaire Lockerbie et suite à la suspension de l'embargo imposé à la Libye, il est temps que les sanctions soient levées entièrement et définitivement. Concernant le Moyen-Orient, la Tunisie est convaincue qu'il est temps de concrétiser les aspirations légitimes du peuple palestinien à l'édification d'un Etat indépendant avec pour capitale Al-Qods, en conformité avec la légalité internationale et le terme de référence du processus de paix.

Mme LILA HANITRA RATSIFANDRIHAMANANA, Ministre des affaires étrangères de Madagascar : A propos de la restructuration de l´ONU, il est temps de concrétiser les réformes proposées telles que l´élargissement du Conseil de sécurité, pierre angulaire de la sécurité collective, l´allègement de la structure institutionnelle pour la rendre plus opérationnelle, l´amélioration de l´organisation financière en vue d´une répartition équitable des contributions. Le maintien du droit de veto, négation même de la démocratie, ne saurait aller de pair avec les principes de base de notre Organisation.

Ile pacifique de l´Océan Indien, Madagascar réitère son attachement à la concrétisation du désarmement et compte sur la mise en application des Conventions condamnant la production, la prolifération et les ventes illicites des armes sous toutes les formes. La prolifération des armes légères étant l´une des causes de la multiplication des conflits, Madagascar appuie pleinement la convocation sous les auspices des Nations Unies d´une conférence internationale sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects en 2001. Par ailleurs, Madagascar appuie fermement les recommandations du rapport Brahimi et souhaite leur mise en oeuvre effective et rapide en vue de renforcer la capacité de notre Organisation au maintien de la paix. L´accent doit être mis sur la formation, l´équipement et la sécurité des volontaires de la paix.

Les difficultés économiques et sociales auxquelles font face nos pays sont aggravées par les incertitudes découlant des mutations du système international. Une mise à niveau général du développement est nécessaire car il est dans l´intérêt de tous de hisser les pays en développement à un degré de pouvoir d´achat tel que ceux-ci constitueront, dans un avenir proche, un marché potentiel. Aussi souscrivons-nous à la Déclaration du Sommet du millénaire qui propose l´adoption d´une politique d´admission en franchise des produits exportés par les pays en développement, l´accroissement de l´aide publique au développement et la concrétisation du programme d´allègement et d´annulation de la dette. Nous soutenons l´établissement d´un Fonds monétaire, d´un Fonds de développement et d´un Fonds de stabilisation du prix des matières premières afin de réduire la vulnérabilité des pays en développement vis-à-vis de facteurs exogènes.

Mme LILIAN E.PATEL, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Malawi : Les facteurs qui entravent les efforts de développement des pays en développement sont multiples. Il faut donc adopter, tant au niveau national qu’au niveau international, une approche pluridisciplinaire en la matière. A l’image d’autres pays de l’Afrique sub-saharienne, le Malawi attend encore de profiter véritablement des bénéfices des technologies modernes de l’information. Or, comme nous le savons tous, la mondialisation repose sur la circulation rapide et sûre des flux d’information. Nous appelons donc la communauté des donateurs à venir en aide à ceux qui n’ont pas la capacité de tirer profit du réseau mondial de l’information et ainsi de combler le “fossé numérique”. Le commerce international est essentiel à la prospérité des pays en développement. Or les barrières non tarifaires et les mesures protectionnistes qui leur sont trop souvent imposées vont à l’encontre de l’esprit de libre-échange que nous professions tous. Tant qu’elles perdureront, l’intégration mondiale se verra sérieusement freinée et c’est pourquoi le Malawi demande aux partenaires du développement d’ouvrir plus largement leurs marchés aux pays en développement. Bien que l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés soit louable, il n’existe toujours pas d’engagement réel en faveur du règlement définitif du problème de la dette. Pour nous, la seule manière de régler véritablement ce problème est l’annulation de la dette car il nous faut libérer des ressources aux fins d’investissement dans les infrastructures de base.

La fin de la Guerre froide n’a pas tenu toutes ses promesses et les conflits continuent aujourd’hui de détourner des ressources précieuses des programmes de développement. Dans un certain nombre de cas, la vénalité des politiciens et la poursuite inlassable du profit de la part des multinationales ont conduit à l’aggravation des conflits. Le Malawi se félicite de l’adoption récente par le Conseil de sécurité d’une résolution visant à réglementer le commerce des diamants, notamment ceux acquis de manière illégale. Il se félicite des efforts accomplis par les Nations Unies pour améliorer ses activités de maintien de la paix et de la sécurité. Mais à elles seules, les Nations Unies ne peuvent résoudre les conflits. Les parties prenantes à un conflit doivent être les premières à faire preuve de maturité politique et respecter les accords si durement négociés.

Nous n’entendons pas faire porter à la communauté internationale toute la faute de l’absence de développement des pays en développement. Le Malawi s’efforce donc de faire bon usage de ses ressources nationales. Son engagement sur la voie de la consolidation de la démocratie est désormais irrévocable et toute l’attention nécessaire est maintenant accordée au secteur privé. Si le programme d’élimination de la pauvreté constitue le point central de la politique nationale, des mesures spécifiques sont aussi prises en faveur des groupes les plus vulnérables de la société et de la lutte contre la pandémie du VIH/sida. Sur ce point, nous demandons aux pays en mesure de le faire de rendre les médicaments les plus efficaces disponibles à un prix abordable pour ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les pays en développement.

M. LAKSHMAN KADIRGAMAR, Ministre des affaires étrangères de Sri Lanka : Ceux qui continuent à réaffirmer la souveraineté de l'Etat selon les termes de la Charte, ne doivent en aucun cas être regardés comme réduisant leur engagement en faveur des droits de l'homme et à la dignité de l'individu. Sri Lanka est profondément engagée en faveur de la promotion et de la protection de l'homme que ce soit à l'égard de son peuple ou de tous les peuples. Elle s'inscrit toutefois dans un important courant d'opinion qui estime que la bonne façon de procéder en matière de droits de l'homme est de s'inscrire dans un processus de "coopération étroite et continue entre tous les Etats".

La réponse des Nations Unies en cas de conflit armé inter-Etats est relativement bien définie ; elle se révèle inadéquate ou inapplicable en cas de conflit armé intérieur. Suggérer, comme le font parfois des personnes de bonne volonté mais connaissant mal les réalités locales, que les Nations Unies doivent intervenir dans les conflits armés intérieurs, s'apparente à un voeu pieux des plus simplistes. En pratique, d'où l'Organisation, dont les finances sont insuffisantes pour poursuivre ses objectifs de développement, tirerait-elle les ressources supplémentaires pour des interventions dans les crises intérieures des états ? Pourtant, face à ces attaques armées massives, les capacités de réaction de la plupart des états en développement sont limitées. C'est ce qu'a expérimenté mon pays. Sri Lanka est le théâtre depuis plusieurs années d'un conflit armé qui a assombri la vie de sa population. Un très petit groupe de combattants en armes et ceux qui les soutiennent - au total moins de 15 000 personnes - s'obstinent à défier la loi et l'ordre et à se rebeller contre l'Etat.

Une organisation criminelle, engagée ou non dans une opération de rébellion contre un état, dépend pour sa survie financière de l'étranger. Ces ressources viennent bien sûr de l'habituel commerce illicite de drogues, d'armes ou d'autres marchandises, trafic d'êtres humains inclus. Mais il existe aussi un réservoir apparemment inépuisable, celui des expatriés appartenant à la même ethnie. Selon les informations parues dans les médias occidentaux, les fonds collectés par ces expatriés en faveur des Tigres tamouls se sont élevés à 400 000 dollars par mois pour un pays, 600 000 dollars pour un autre et 2,7 millions pour un troisième. En 1988, une étude intitulée "Paradis financiers, secret bancaire et blanchiment de l'argent" avait été réalisée à l'initiative du Bureau du contrôle des drogues et de la prévention du crime. Dans le but de mettre en oeuvre les dispositions de la Convention sur la suppression du financement du terrorisme, une étude de même nature sur les processus de levées de fonds en cas de rébellion armée contre un état devrait être engagée par les instances adéquates des Nations Unies. Cette proposition a été endossée par le Président Boutéflika lors de la quatrième Table ronde du Sommet du millénaire. J'insiste auprès de la communauté internationale pour qu'elle l'accueille favorablement.

Je ne peux pas conclure mon intervention sans brièvement évoquer les crimes abominables perpétrés à l'égard des enfants tamouls. Filles et garçons sont enrôlés, certains âgés de moins de dix ans, pour se battre contre l'armée sri- lankaise. On a programmé certains d'entre eux pour qu'ils acceptent de se transformer en bombes humaines au cours d'opérations suicides. On les oblige à porter autour du cou des capsules de cyanure qu'ils doivent mordre plutôt que d'être capturés. Je lance un appel à tous les Etats pour qu'ils souscrivent au

Protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés qui prévoit que l'enrôlement ou l'utilisation des enfants dans les conflits soit inclus en tant que crime de guerre dans le statut de la Cour pénale internationale.

M. DIDIER OPERTTI, Ministre des affaires étrangères de l´Uruguay : L´Uruguay propose que la structure institutionnelle du système des Nations Unies soit réformée, afin d´échapper à cette situation paradoxale où, en dépit du consensus qui s´est formé sur la nécessité de la réforme, les structures sont frappées d´immobilisme. Afin que l´ONU puisse remplir pleinement son rôle de gardienne de la paix, nous devrons, grâce notamment à la contribution du rapport Brahimi, réfléchir à de nouvelles modalités d´intervention et doter l´Organisation des ressources suffisantes.

L´ONU joue un rôle essentiel dans la mondialisation de nos économies et l´évolution du système financier international via les institutions de Bretton Woods et l´Organisation mondiale du commerce. Récemment, à la suite des crises qui ont affecté le système monétaire international, les institutions de Bretton Woods ont été l´objet de violentes critiques. Leur incapacité à anticiper les crises a été soulignée. Nous pensons qu´il est aujourd´hui nécessaire de démocratiser les instances de prise de décision au sein de ces institutions. Je voudrais également reprendre une initiative lancée lors du Sommet du millénaire, et qui propose que soit créé un Conseil de développement qui aurait pour fonction de décongestionner le système financier.

Nous pensons que le commerce international est un facteur de croissance et que les mesures protectionnistes sont préjudiciables au bien-être des pays. Les obstacles au commerce et les politiques commerciales discriminatoires peuvent même constituer des facteurs d´instabilité des relations internationales. C´est pourquoi l´Uruguay fait partie du MERCOSUR, qui lui-même entretient des relations avec le Pacte Andin, l´Accord de libre-échange de l´Amérique du Nord (ALENA) et l´Organisation mondiale du commerce. Cependant l´Uruguay ne peut que regretter amèrement que certains pays imposent des barrières protectionnistes de façon sélective afin de protéger leur production nationale. Ces pays doivent prendre conscience du fait que les régulations qui gouvernent le commerce des produits agricoles ont des effets majeurs sur des régions entières de l´Afrique et de l´Amérique latine.

M. CLIFFORD S. MAMBA (Swaziland) : Au royaume du Swaziland, l'année 2000 a été proclamée "Année de l’Action" dans les domaines économique, social et politique. L'investissement est encouragé de même que le tourisme et les sous- secteurs de la fabrication industrielle par le biais d'un "Projet du Millenium". Parmi les nombreux défis auxquels nous devons faire face il y a le sida qui touche 22% de notre population et qui nécessite un soutien international. Nous souhaitons que les Nations Unies jouent un rôle plus important dans cette crise mondiale. En ce qui concerne la mondialisation, nous apprécions que l'Accord du Sommet du millénaire ait décidé de prendre des mesures pour que l’Organisation profite à toutes les nations. Nous avons aussi été encouragés par la réaffirmation des principes de souveraineté des nations et de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat par un autre. Nous appelons nos partenaires à honorer ces promesses de façon positive. Ma délégation est persuadée que le Sommet du millénaire constituera une occasion historique de renforcer la paix et la sécurité internationales ainsi que la prospérité de nos peuples.

Après la fin de la guerre froide, des conflits et des maladies dévastatrices sont apparus, alors que les grandes puissances ne manifestent aucun enthousiasme pour le désarmement et s'opposent à l'armement des petits pays pour leur autodéfense. Le principe même de l'égalité de la souveraineté est menacé à sa base. La pauvreté s'aggrave dans les pays en développement, tandis que les pays riches deviennent de plus en plus riches. Nous sommes satisfaits du rapport du Secrétaire général sur la 54e session intitulé "Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au vingt et unième siècle" et approuvons en particulier l'idée que nous devons réfléchir sur le moyen de renforcer les Nations Unies. L'Organisation a tenu des conférences mondiales qui doivent être exécutées de façon efficace, intégrée et coordonnée, puis faire l’objet d’un suivi, pour faire des accords une réalité.

La tâche préventive de construire la paix est d'une importance grandissante. Avec le désastre que connaît la Mission des Nations Unies au Sierra Leone, les Nations Unies se trouvent face à l'une des tâches les plus importantes de son histoire. Nous demeurons préoccupés par l'effet négatif des conflits dans le monde sur la capacité au développement, particulièrement en Afrique. L'Organisation de l'unité africaine, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest et la Communauté de développement de l'Afrique du Sud ont beaucoup fait pour résoudre certains de ces conflits, les Nations Unies apportant aussi leur soutien. Au Moyen-Orient, nous sommes encouragés par les efforts continus du Président Clinton et d'autres dirigeants pour amener Israël et la Palestine à une table ronde.

La réforme du Conseil de sécurité doit prévoir un élargissement pour inclure plus de membres permanents et non-permanents, tout en renforçant ses pouvoirs de décision. Le Royaume de Swaziland soutient la position du Mouvement des pays non.alignés et celle du Groupe africain sur ces sujets. Le Conseil doit être équipé de tous les outils nécessaires pour être équitablement représentatif. Nous accueillons Tuvalu en tant que nouveau membre de notre communauté et réitérons notre appel aux Nations Unies quant à la question de la République de Chine de Taiwan. Les 23 millions de personnes concernés trouvent inacceptable qu'ils ne soient pas représentés au sein de la seule Organisation qui devrait être réellement mondiale. Le Royaume de Swaziland a confiance en ce nouveau millénaire pour résoudre cette question et rendre au peuple de la République de Chine de Taiwan son droit de participer pleinement aux activités de notre Organisation.

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Ministre des affaires étrangères du Tchad : Face aux menaces de la mondialisation pour les plus faibles, le Tchad se bat pour occuper la place qui lui revient dans le concert des nations. Les résultats sont probants dans tous les domaines de la vie nationale. Au plan politique, l'expérience démocratique enclenchée depuis le 1er décembre 1990 se développe et se consolide. Ainsi, le multipartisme fonctionne et les libertés fondamentales s'exercent pleinement. De même, la Cour Suprême, le Conseil Constitutionnel et le Conseil Supérieur de la Magistrature ont été mis en place. Enfin, les premières électorales pluralistes se sont déroulées dans une atmosphère de sérénité et dans la transparence. Après cette paix chèrement acquise et cet ancrage démocratique, le Gouvernement tchadien s'est engagé sur le front du développement économique et social : réduction de la pauvreté dans le cadre de grands programmes sociaux et sectoriels prioritaires, retenus lors de la Table ronde sur le développement du Tchad (Genève IV). Le Tchad a ainsi vu l'aboutissement du projet d'exploitation et d'exportation de son pétrole, grâce à la détermination du Président Idriss Deby, et au soutien des institutions de Bretton Woods, des amis et autres partenaires du Tchad.

Le Tchad s'emploie aussi à apporter sa contribution à la paix et la sécurité en Afrique, notamment en Afrique centrale. Des conflits persistent en République démocratique du Congo, où seule l'application des récentes résolutions du Conseil de sécurité peut créer des conditions favorables à un retour définitif de la paix, et en Angola pour lequel nous devons soutenir les efforts du gouvernement légitime et de la Communauté internationale pour le retour de la paix. Dans le cadre du Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale, les Etats de cette sous-région recherchent des moyens d'instaurer la paix. Des mesures sont prises telles que les rencontres périodiques du Comité, le mécanisme d'alerte rapide à Libreville, la mise en œuvre du Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale (COPAX), l'organisation d'un exercice militaire conjoint aux opérations de paix (Biyongho 98). Une conférence sous- régionale sur la prolifération des armes légères et de petit calibre qui s'est tenue à N'djamena en octobre 1999 a préconisé des mesures comme celles du projet armes contre développement initié par le Canada. A ce sujet, je voudrais lancer un appel aux autres partenaires pour qu'ils se joignent au Canada afin d'étendre de tels projets à l'ensemble de la sous-région. Une conférence s'est aussi tenue sur la question des réfugiés au mois d'août dernier à Bujumbura et a tiré des conclusions pertinentes.

Quelques crises subsistent sur le plan politique, comme en Sierra Leone. Le Tchad apporte son soutien à la CEDEAO et aux Nations Unies dans la recherche de la paix dans ce pays et pour aplanir le différend entre le Libéria et la Guinée. S'agissant du conflit opposant l'Ethiopie et l'Erythrée, le Président Idriss Deby s'en est personnellement occupé. Concernant la crise somalienne, le Tchad salue le courage des populations somaliennes pour donner à leur pays des institutions républicaines. Nous félicitons le Gouvernement djiboutien pour sa contribution à la cause de la paix dans la sous-région. Quant à l'embargo contre la grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, nous pensons qu'il est temps de le lever totalement.

Dans les autres régions du monde, le Tchad s'intéresse aux négociations entre les autorités palestiniennes et israéliennes, estime urgent de lever l'embargo contre l'Iraq, invite la communauté internationale à encourager les deux Corées à signer un accord de paix et soutient la demande d'admission de la République Populaire de Chine de Taiwan aux Nations Unies.

Sur les autres maux comme l'endettement et les mesures protectionnistes des marchés des pays du Nord, les pays riches doivent prendre des mesures concrètes. Quant au Sida, nous devons mobiliser les moyens pour en venir à bout. Enfin, la mondialisation doit être synonyme de partage et d'ouverture. Elle devra être à visage humain ou ne le sera pas. La démocratisation de l'ONU pourra permettre tous ces objectifs, par l'élargissement du Conseil de sécurité.

Droit de réponse

L'Observateur permanent de la Palestine : La déclaration d'Israël, ce matin, était truffée de contre-vérités historiques et politiques. Toutefois ma délégation aura la possibilité de préciser les faits lors de son intervention devant l'Assemblée générale demain matin.

Le Représentant de la République Islamique d´Iran a déclaré que certaines déclarations d´Israël ne sont pas fondées. En effet, l´Iran est partie à la plupart des conventions et traités de désarmement, dont la Convention sur les armes chimiques et biologiques et le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, auxquels Israël refuse d´adhérer. En outre, Israël produit des armes de destruction massive.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.