En cours au Siège de l'ONU

AG/1061

DEBAT GENERAL : "ISR'L N'A PAS DE QUERELLE AVEC L'ISLAM", DECLARE LE REPRESENTANT D'ISR'L

18 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1061


DEBAT GENERAL : "ISRAEL N'A PAS DE QUERELLE AVEC L'ISLAM", DECLARE LE REPRESENTANT D'ISRAEL

20000918

Un appel en faveur d'un nouvel ordre mondial juste a par ailleurs été lancé

Avec les Représentants du Belize, de l'Ethiopie et d'Israël prenant la parole lors de la séance du débat général ce matin, les questions liées au règlement des conflits locaux et régionaux ont été longuement abordées.

"On ne peut promouvoir la paix en donnant l'impression qu'en fonction des circonstances, certaines agressions peuvent être tolérées", déclarait le Ministre des affaires étrangères d'Ethiopie. "Les initiatives régionales en la matière ne doivent pas servir d’excuse à l’Organisation et au Conseil de sécurité pour se décharger de leur responsabilité première. En matière de promotion et de maintien de la paix, les efforts des Nations Unies doivent reposer sur un cadre juridique international solide." faisait valoir le Ministre des affaires étrangères du Ghana.

Le Représentant de la Fédération de Russie s'est prononcé en faveur d'une accélération de la démilitarisation. Il a rappelé que le Président Poutine a proposé la mise en place d’un projet international d’élimination progressive de l’utilisation de l’uranium enrichi et du plutonium pur dans le secteur nucléaire civil et que son pays avait aussi proposé de tenir, à Moscou au printemps 2001, une conférence internationale sur la prévention de la militarisation de l’espace.

"Israël n´a pas de querelle avec l´Islam.(...) Nous savons que la réalisation complète des nos rêves nous mènerait à la perdition. Il nous incombe de définir des façons réalistes de vivre ensemble sans menacer l´existence collective de l´autre" indiquait de son côté le Ministre des affaires étrangères d'Israël.

Le débat a également porté sur les effets de la mondialisation sur les économies nationales. "Il serait bon que les Etats qui se font les avocats d´une mondialisation rapide et croient en ses bienfaits n´ignorent pas les difficultés des petits pays, a plaidé le Vice-Premier Ministre du Belize. Nous avons été vivement encouragés à libéraliser nos marchés et à rendre notre système politique plus transparent. Nous avons tenu compte de ces recommandations; aujourd´hui, tous les pays d´Amérique Centrale et des Caraïbes sont gouvernés par des gouvernements librement élus. Cependant, nos demandes d´aide n´ont pas été entendues. Les architectes de la mondialisation sont restés sourds à nos demandes. Aujourd´hui, pour que la mondialisation se transforme en véritable

(à suivre 1a)

opportunité de croissance pour le Belize, nous avons besoin d´aide; le nouvel ordre mondial ne doit pas seulement être libre, il doit également être juste et ne pas perdre de vue le principal objectif du développement: l´éradication de la pauvreté".

Toujours sur le sujet du développement économique, le Représentant du Ghana a fait valoir que "malgré les promesses régulières des dirigeants mondiaux et des décideurs les plus influents en faveur de l’élimination de la pauvreté, aucun d’entre eux n’a encore présenté d’arrangement véritablement crédible en matière d’allègement de la dette, d’accès aux marchés et de financement du développement. Au contraire, ils utilisent leur position économique et politique proéminente pour contrôler et manipuler les pays en développement, tout particulièrement ceux dont ils ne soutiennent pas le gouvernement".

Ont pris la parole au cours de cette séance le Vice-Premier ministre du Belize et les Ministres des affaires étrangères des pays suivants: Ethiopie, Fédération de Russie, Israël, Pakistan, Ghana, l'ex-République yougoslave de Macédoine et l'Australie.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet après-midi à partir de 15 heures.

Suite du débat général

M. JOHN BRICENO, Vice-Premier Ministre et Ministre des ressources naturelles du Belize: Le respect et la mise en œuvre des principes fondamentaux de notre Charte restent d´actualité aujourd´hui si nous souhaitons pouvoir garantir à chacun le droit à une vie pacifique et digne. La paix et l´élimination de la guerre sont nécessaires au développement humain; et si les risques d´un conflit global ont disparu, il existe encore trop de conflits locaux. Engageons-nous à renforcer les capacités préventives des Nations Unies, à renforcer les forces de maintien de la paix afin de promouvoir la résolution des conflits par la voie pacifique; c´est dans cet état d´esprit que le Belize continue de négocier avec le Guatemala pour trouver une solution aux différends qui opposent les deux pays.

Depuis quelque temps, l´Organisation des Nations Unies est engagée dans un débat sur la mondialisation. Il serait bon que les Etats qui se font les avocats d´une mondialisation rapide et croient en ses bienfaits n´ignorent pas les difficultés des petits pays; la mondialisation dans ses formes actuelles n´est pas un processus qui peut durer car elle ne profite qu´aux Etats les plus développés et met en danger notre survie économique. Nous avons été vivement encouragés à libéraliser nos marchés et à rendre notre système politique plus transparent. Nous avons tenu compte de ces recommandations: aujourd´hui, tous les pays d´Amérique centrale et des Caraïbes sont gouvernés par des gouvernements librement élus. Cependant, nos demandes d´aide n´ont pas été entendues. Les architectes de la mondialisation sont restés sourds à nos demandes. Aujourd´hui, pour que la mondialisation se transforme en véritable opportunité de croissance pour le Belize, nous avons besoin d´aide; le nouvel ordre mondial ne doit pas seulement être libre, il doit également être juste et nous ne devons pas perdre de vue le principal objectif du développement: l´éradication de la pauvreté.

M. SEYOUM MESFIN, Ministre des affaires étrangères d'Ethiopie: Comme toutes les autres régions du monde, l'Afrique et les nations africaines doivent assumer la responsabilité première de ce qui se passe en Afrique en général et dans chaque pays africain en particulier. Néanmoins, à un moment ou à un autre de leur histoire, la plupart des régions et des pays du monde, ont pu compter sur la solidarité internationale et la coopération comme autant de catalyseurs permettant de créer les conditions favorables au développement et à la stabilité. Le sort de l'Afrique a été différent. Pour différentes raisons, on a plus facilement perdu espoir dans l'Afrique, même quand bien peu était fait pour l'aider à faire face aux véritables défis auxquels elle était confrontée. Il n'y a pourtant d'autres alternatives, si l'on veut créer les conditions nécessaires à une résolution rapide des crises en Afrique, qu'une réponse rapide et appropriée de la communauté internationale aux violations de la loi internationale. On ne peut promouvoir la paix en donnant l'impression qu'en fonction des circonstances, certaines agressions peuvent être tolérées.

En Ethiopie, la nouvelle année, vient seulement de commencer, il y a une semaine. Nous avons bon espoir qu'elle sera une année de paix et de progrès. Nous sommes déterminés à mettre derrière nous la crise avec l'Erythrée. Avant même le déploiement des forces de maintien de la paix, contrairement à ce qui s'est passé ailleurs, la cessation des hostilités est effective depuis plusieurs mois. Nous attendons avec impatience le déploiement de ces forces et l'accord définitif.

Nous sommes convaincus que si les problèmes qui subsistent sont gérés avec réalisme, sagesse et mutuelle souplesse, le peuple de Somalie pourra bientôt mettre derrière lui les dix ans de cauchemar qu'il a traversés. Je veux toutefois saisir cette occasion pour lancer un appel à tous ceux qui sont concernés pour qu'ils rendent irréversible cette opportunité de paix en Somalie. On ne doit pas permettre que le processus soit pris en otage par ceux qui ne sont pas prêts à la réconciliation nationale. Notre opinion est qu'une large réconciliation nationale sur la base de principes démocratiques et de concessions mutuelles est possible. L'Ethiopie soutient la paix au Soudan sur cette base et collaborera avec ceux qui souhaitent contribuer à la paix dans la sous-région.

M. IGOR S. IVANOV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie: Le Sommet du millénaire nous a assigné la tâche d’établir un nouvel ordre mondial équitable. Cet ordre devrait reposer sur la reconnaissance de l’indivisibilité de la sécurité internationale, l’utilisation des progrès scientifiques et technologiques au bénéfice de toute l’humanité ainsi que sur le rapprochement des niveaux de développement de tous les pays. Ces objectifs ne peuvent être atteints que par la préservation de la stabilité stratégique au sens le plus large du terme. Cela signifie tout d’abord qu’il faut faire davantage de progrès en matière de désarmement. Pour ce faire, un engagement efficace des mécanismes multilatéraux des Nations Unies et de toute la communauté internationale est plus que jamais indispensable. L’heure est donc venue de donner un nouvel élan à la Conférence sur le désarmement. L’Assemblée du millénaire doit viser à promouvoir la mise en œuvre pratique du Traité sur la non- prolifération nucléaire. C’est pourquoi, le Président Poutine a proposé une initiative sur le développement et la mise en place d’un projet international d’élimination progressive de l’utilisation de l’uranium enrichi et du plutonium pur dans le secteur nucléaire civil. Nous espérons par ailleurs que les Etats- Unis suivront l’exemple de la Fédération de Russie et ratifierons bientôt le Traité START-2. De notre côté, nous sommes prêts à progresser encore en ce qui concerne le désarmement nucléaire en concluant le Traité START-3. Cela ne sera toutefois possible qu’à la condition que le Traité sur les missiles antibalistiques demeure intact. La paix sur terre requiert également la paix dans l’espace extra-atmosphérique et c’est pourquoi nous avons aussi proposé de tenir, à Moscou au printemps 2001, une conférence internationale sur la prévention de la militarisation de l’espace.

La stabilité stratégique est aussi synonyme du renforcement de la paix et de la sécurité sur tous les continents. Le seul moyen d’y parvenir est de faire en sorte que tous les Etats conjuguent leurs efforts car l’expérience nous a montré que les mesures unilatérales ne peuvent garantir un règlement juste et durable des crises. Ignorer les principes de la souveraineté et de l’intégrité des Etats et mener des interventions militaires non autorisées par le Conseil de sécurité sapent les fondements de l’ordre mondial. La prévention et le règlement des crises devraient donc être les éléments clefs de la sécurité internationale au XXIe siècle. Nous souhaitons que l’Assemblée du millénaire soit l’occasion d’entreprendre une analyse détaillée du travail des Nations Unies en matière de maintien de la paix afin de l’améliorer encore ainsi que l’ambitionne le rapport Brahimi. Il est essentiel pour cela de renforcer sensiblement la capacité de déploiement rapide de l’ONU, ce qui passe par la conclusion rapide du système d’arrangements en attente. Parallèlement, toute action régionale ou menée par une «coalition» ne devrait avoir lieu qu’avec l’autorisation du Conseil de sécurité et

sous son contrôle. La stabilité stratégique passe aussi par la sécurité et la tranquillité de la société civile et de tous les individus. Il faut donc, en conjuguant les efforts au niveau international, combattre les menaces telles que le séparatisme armé, l’extrémisme religieux, le trafic illicite d’armes et le crime organisé. La Fédération de Russie a l’intention de ratifier la Convention sur l’élimination du financement du terrorisme et estime qu’une Convention sur l’élimination des actes de terrorisme nucléaire est aussi nécessaire. Elle appuie également l’élaboration d’une Convention internationale sur la lutte contre la corruption.

La stabilité stratégique exige aussi la promotion des droits de l’homme et des libertés partout dans le monde. Nous ne pouvons accepter les situations où des populations n’ont pas le droit de parler leur langue maternelle et sont privées de leur citoyenneté et d’un emploi sur la base de leur appartenance ethnique. L’OSCE, le Conseil de l’Europe et le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme devraient apporter une réponse ferme à toute manifestation de ce type. La stabilité stratégique doit enfin reposer sur une base matérielle solide. A cet égard, il faut mettre en place, sous les auspices des Nations Unies, un mécanisme de gestion collective et démocratique du système monétaire international et des systèmes économiques et commerciaux. Il est aussi nécessaire d’œuvrer pour la préservation d’un environnement propre et sain. A l’heure où les catastrophes naturelles et celles provoquées par l’homme augmentent, il faut accorder une attention particulière à l’utilisation des technologies de pointe de gestion des catastrophes. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour transformer l’ONU en un quartier général opérationnel pour la coordination des activités liées à ce nouvel ordre mondial reposant sur les principes du multilatéralisme, de l’égalité et de la solidarité dans la résolution des problèmes mondiaux.

M. SHLOMO BEN-AMI, Ministre intérimaire des affaires étrangères d´Israël: Notre rencontre avec le monde des réalités politiques, qui a abouti à la restauration de l´Etat juif en 1948, a également marqué le début d´un long et amer conflit avec le peuple palestinien. Nous espérons aujourd´hui que les négociations initiées il y a 7 ans formeront la base d´un véritable accord de paix. Face aux peuples arabes et musulmans, je réaffirme le souhait d´Israël de bâtir la paix. Israël n´a pas de querelle avec l´Islam. Il règne à Jérusalem un grand respect de la liberté de religion et de culte; 400 000 musulmans se sont réunis à Jérusalem pendant le dernier mois du Ramadan. Nous attendons des autres qu´ils nous reconnaissent la même liberté et qu´ils ne mettent pas en question l´attachement profond du peuple juif à Jérusalem et aux Lieux sacrés.

C´est une erreur historique que de considérer que le problème des réfugiés palestiniens résulte d´une expulsion massive. Les réfugiés ont été victimes du conflit israélo-arabe, mais Israël n´assume la responsabilité ni morale ni politique de cette tragédie qui résulte directement de l´attaque des armées arabes contre Israël en 1948. Nous pensons qu´une fois établi, l´Etat palestinien devra s´occuper du droit de retour. Israël s´engage à contribuer financièrement à ce retour et à accepter un nombre limité de refugiés dans les cas de regroupement familial.

Nous savons que la paix ne sera complète que quand nos plaies se seront cicatrisées. Mais nous savons aussi que vouloir la réalisation complète de nos rêves nous mènerait à la perdition. Nous devons définir des façons réalistes de vivre ensemble sans menacer l´existence collective de l´autre. La paix consiste à définir des intérêts communs; bien qu’elle ne se soit pas encore complètement matérialisée, nous sommes néanmoins sur la bonne voie. Saluons Barak comme architecte de la paix, prophète sans honneur mais qui sera reconnu par les générations futures. Des traités de paix ont été signés il y a vingt et un ans avec l´Egypte, puis avec la Jordanie; le processus de normalisation avec les Etats du Maghreb et les Etats du Golfe est en cours. Le gouvernement de Barak a mis fin à la présence militaire israëlienne au Liban, avec la participation de l´ONU et du Secrétaire général Kofi Annan. La paix est donc en bonne voie. Cependant des risques demeurent: le différend avec la Syrie reste en suspens et nous sommes exposés à une menace régionale majeure de la part des pouvoirs révolutionnaires. Tant que ces menaces persisteront, Israël restera extrêmement attaché à ses objectifs de sécurité.

Nous sommes aujourd´hui disposés à créer de grands espaces de coopération avec le peuple palestinien. Nous savons que malheureusement, le Moyen Orient se trouve du mauvais côté du fossé numérique. Israël est prêt à mener en collaboration avec ses voisins arabes les luttes contre les fléaux tels que la guerre, la maladie et la pauvreté. Les arrangements régionaux sont également cruciaux pour le contrôle des armements dans la région. Il existe une réelle menace que l´Iran et l´Iraq se dotent d´armes non-conventionelles et que la menace de missiles grandisse. Nous souhaitons que des négociations directes entre tous les Etats de la région soient tenues à ce sujet.

En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, nous sommes d´avis que le droit de veto, filet de sécurité contre l´arbitraire possible de l´Assemblée générale, reste dans les mains d´un nombre limité d´Etats.

M. ABDUL SATTAR, Ministre des affaires étrangères du Pakistan: Les Etats Membres doivent collaborer pour atteindre les objectifs de paix et de développement. Nous sommes satisfaits de l’intervention de la communauté internationale dans la prévention du génocide en Bosnie et au Kosovo, ainsi que de l’accord trouvé pour le Timor oriental. Le peuple pakistanais est fier des efforts menés par son Ambassadeur, M. Jamsheed Marker, sur cette question. Dans le Moyen-Orient, un accord final sur la question palestinienne serait le couronnement des efforts de contribution à la paix dans cette région. De même, la fin de l’occupation de Jérusalem et le retour de la Ville sainte à la souveraineté palestinienne permettraient d’assurer la réconciliation et une paix durable dans la région. Au Cachemire, dix millions de personnes demandent la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité. Selon la "All Parties Hurriyet Conference", soixante-douze mille habitants du Cachemire ont été tués depuis 1989, des milliers ont été torturés, mutilés ou ont disparu. La propagande veut faire croire que la lutte pour la liberté au Cachemire relève du terrorisme, mais il ne faut pas se laisser abuser. Le Conseil de sécurité doit résoudre cette crise.

Le Pakistan abrite un million et demi de réfugiés afghans auxquels il est lié par la géographie, l’histoire et la culture. Les Pakistanais ont beaucoup souffert de la tragédie afghane et encouragent les efforts de paix en Afghanistan.

Nous encourageons aussi la République islamique d’Iran qui mène des efforts semblables pour l’Afghanistan et ceux, récents, du Turkménistan. Le Pakistan appelle à un cessez-le-feu en Afghanistan et à une interdiction de fourniture d’équipement militaire aux parties. Les Nations Unies ont procuré une aide humanitaire à ce pays. Enfin, le Pakistan, lui-même victime du terrorisme, en condamne toutes les formes néfastes.

Le Pakistan a toujours été en faveur de la diminution et de l’éventuelle élimination des armes de destruction massive. Depuis plus d’un quart de siècle, nous avons proposé de faire de notre région une zone sans arme nucléaire. Nous espérons toujours mettre en application le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires que nous n’avons pas pu signer à cause de faits dont nous ne sommes pas responsables. Le Pakistan n’entrera pas dans la course à l’armement nucléaire et sa force nucléaire actuelle ne vise qu’à repousser toute agression contre lui. Le Pakistan veut également participer aux efforts de réduction des missiles balistiques.

Une action mondiale doit être menée pour que le développement économique profite aux pays les moins favorisés. Nous sommes favorables à l’idée du Secrétaire général de faire des Nations Unies un médiateur entre les Etats pour négocier les problèmes de dettes. Il faut aussi poursuivre l’utilisation prudente des ressources naturelles, en mettant l’accent sur la croissance économique dans le Sud. Cette croissance permet de renforcer la démocratie et le Pakistan souhaite à cet égard des institutions solides. La coopération internationale est aussi nécessaire pour prévenir la corruption qui appauvrit encore plus les pays pauvres. Nous proposons que l’Assemblée générale mène une politique de “tolérance zéro” de tous les types de corruption. En tant que participant actif aux opérations de maintien de la paix, nous attendons les discussions qui découleront du rapport Brahimi pour donner une réponse plus efficace aux conflits actuels. Enfin, la réforme du Conseil de sécurité doit se faire dans le respect de tous les Etats Membres.

M. JAMES VICTOR GBEHO, Ministre des affaires étrangères du Ghana: Il n’est pas aujourd’hui de plus grand défi pour l’humanité que la pauvreté. Pays développés ou en développement, nous devons tous faire appel à notre ingéniosité pour élaborer les réponses qui nous rapprocherons, plus que jamais, des objectifs consacrés dans la Charte des Nations Unies. Les conflits, et particulièrement ceux qui sévissent en Afrique, représentent un obstacle majeur pour les efforts des Nations Unies visant à faire régner la paix et la prospérité dans le monde. C’est pourquoi dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest et par exemple, nous devons tous coopérer afin d'imposer l’interdiction d’acheter aux pays qui sont en guerre, des armes légères et des diamants qui ne bénéficient pas d’un certificat d’origine. Toutefois si la communauté internationale n’apporte pas son aide à la mise en œuvre des dispositions des résolutions du Conseil de sécurité sur ce point, la paix et la sécurité internationales continueront d’être mis à mal par la vénalité et l’ambition de quelques individus. Améliorer la capacité de l’Afrique à maintenir la paix, grâce à la formation, à une aide logistique et financière ainsi qu’à un partenariat plus fort entre l’ONU et les mécanismes de résolution des conflits de l’Organisation de l’unité africaine, doit être un objectif fondamental si l’on veut véritablement que ce continent retrouve la paix et la sécurité. Cependant, les initiatives régionales en la matière ne doivent pas

servir d’excuse à l’Organisation et au Conseil de sécurité pour se décharger de leur responsabilité première. En matière de promotion et de maintien de la paix, les efforts des Nations Unies doivent se conformer à un cadre juridique international solide. Dans le cas de l’Afrique, soutenir la Cour pénale internationale n’est pas seulement une chose souhaitable mais une nécessité absolue puisque la censure de la communauté internationale est désormais indispensable pour dissuader les seigneurs de la guerre de commettre les crimes haineux dont nous continuons d’être témoins en Sierra Leone, au Rwanda ou en République démocratique du Congo. Le droit international devrait notamment faire en sorte que les coupables de tels crimes ne bénéficient d’aucune amnistie.

En cette nouvelle ère, il nous faut avoir le courage de mettre un terme aux attitudes qui ne servent pas le processus de mondialisation. Or, malgré les promesses régulières des dirigeants mondiaux et des décideurs les plus influents en faveur de l’élimination de la pauvreté, aucun d’entre eux n’a encore présenté d’arrangement véritablement crédible en matière d’allègement de la dette, d’accès aux marchés et de financement du développement. Au contraire, ils utilisent leur position économique et politique prééminente pour contrôler et manipuler les pays en développement, et en particulier ceux dont ils ne soutiennent pas le gouvernement. La communauté internationale doit encore traduire en des programmes internationaux concrets ses appels à l’équité, à la justice et à la solidarité en matière de développement national. Transformer la coopération internationale en matière de développement dépend autant du niveau d’engagement des individus et groupes qui composent les pays concernés que des décisions des dirigeants politiques et économiques. C’est pourquoi, il est fondamental de renforcer le partenariat entre les Nations Unies et la société civile. Le fossé technologique qui ne cesse de se creuser nous montre également combien il est important de renforcer la coopération entre les pays développés et ceux en développement. Les pays riches ont en vérité un rôle fondamental à jouer: ils doivent ouvrir davantage leurs marchés et offrir un allégement plus important de la dette ainsi qu'une aide davantage centrée sur le développement. La pandémie du VIH/sida en appelle aussi à la conscience de la communauté internationale pour qu’elle mette en œuvre tous les efforts possibles en vue de contrôler et de limiter l’expansion de cette maladie. Pour réduire le nombre des personnes infectées d’ici à 2005 et 2010, comme l’a proposé le Secrétaire général, il nous faut investir dans l’éducation, l’information, et la formation, en particulier des jeunes. Parallèlement les pays développés doivent nous apporter leur pleine coopération.

M. ALEKSANDAR DIMITROV, Ministre des affaires étrangères de l'ex-République yougoslave de Macédoine: Dans la région où se trouve la République de Macédoine, la situation s'est dans une certaine mesure améliorée après l'énorme crise humanitaire qui s'est produite au Kosovo. La République de Macédoine a et aura un rôle vital à jouer en faveur de la paix et de la stabilité en Europe du Sud-Est et au-delà. Un des objectifs principaux de sa politique étrangère est d'améliorer encore les relations avec tous ses voisins. A l'exception de l'ancienne Yougoslavie avec laquelle les négociations sur la frontière commune se poursuivent, mon pays a réussi à établir des relations exceptionnelles et à développer sa coopération avec la Grèce, l'Albanie et la Bulgarie. En dépit des espoirs et du soutien qu'il a suscités, le Pacte de stabilité n'a pas permis de mener à bien un grand nombre d'idées ou de projets qui avaient été approuvés. Je lance un appel à tous les participants engagés dans le processus, en particulier les donateurs et la communauté internationale, pour qu'ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour accélérer sa mise en œuvre.

Le gouvernement de la République de Macédoine est pleinement engagé dans des réformes de fond intégrant les normes européennes en matière politique, économique et démocratique et respectant au maximum les droits de l'homme y compris les droits des minorités. A titre d'exemple, une loi récemment adoptée prévoit la mise en place d'un enseignement privé de haut niveau des langues minoritaires. En ce qui concerne l'ex-Yougoslavie, nous estimons que sa démocratisation est la clé de la complète stabilisation de la région. Nous devons soutenir conjointement les forces démocratiques dans ce pays, favoriser leur regroupement et leur action commune en faveur de la mise en place de la démocratie et leur ouvrir des perspectives économiques. La République de Macédoine est préoccupée par les informations qui lui parviennent sur la violence au Kosovo et le nombre croissant d'incidents interethniques accompagnés de tentatives de débordements dans les pays voisins. Nous estimons que la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) devrait renforcer ses activités le long de la frontière de façon à prévenir ces débordements.

Pour que l'ONU remplisse son rôle au XXIe siècle, il est nécessaire d'opérer une réforme adaptée de l'Organisation. Le maintien de la paix et de la sécurité internationales doit rester sa priorité. Comme le Secrétaire général l'a indiqué dans son rapport, le monde, et notre organisation en particulier, va devoir s'impliquer plus largement dans la prévention et la résolution des conflits et l'aide au développement des Etats touchés. Nous estimons qu'il faut traiter les causes profondes des conflits à la racine c'est-à-dire d'abord dans la région où ils existent. Par conséquent la prévention doit devenir un des principaux instruments de notre organisation. La République maintient sa position en faveur du désarmement nucléaire, la non-prolifération des armes nucléaires et chimiques ainsi que l'interdiction de tout l'armement de destruction massive. Les facteurs économiques et sociaux sont souvent à l'origine des conflits locaux. Une aide financière au développement est nécessaire. Les Nations Unies ne pouvant la fournir, nous soutenons l'idée d'associer d'autres partenaires tels que les institutions financières, le secteur privé, les organisations non-gouvernementales et d'autres associations spécialisées.

M. ALEXANDER DOWNER, Ministre des affaires étrangères de l´Australie: L´Australie plaide en faveur d´un rôle actif des Nations Unies dans la restauration et le maintien de la paix, et particulièrement dans les cas où la catastrophe humanitaire est imminente. Pour cela, nous pensons que la réforme est indispensable. Si l´ONU ne s´adapte pas aux mutations de l´environnement international, elle verra son rôle décroître. Il est absolument nécessaire que l´on donne un nouvel élan aux réformes; la crédibilité de l´institution en dépend.

Nous souhaitons souligner quatre domaines de réforme: le Conseil de sécurité doit être plus représentatif de la diversité des Etats Membres de l´ONU. A cet égard, il est important de créer de nouveaux sièges permanents pour les Etats des régions économiquement émergentes. Il est également souhaitable que les contributeurs majeurs soient représentés et que de nouveaux sièges non-permanents pour des membres élus soient aussi créés. L´utilisation du droit de veto doit être limitée.

Nous pensons également que les groupes électoraux doivent être reconfigurés. Ces groupes existent depuis 30 ans et le système reflète la politique des années 60; certaines régions sont sous-representées. Certes, la réforme des groupes est complexe mais elle ne doit pas être retardée.

En troisième point, le système des comités conventionnels chargés des droits de l´homme doit être réformé. L´Australie est un partisan vigoureux de la défense des droits de l´homme. Or, nous regrettons que les comités fonctionnent mal: ils devraient être plus cohérents et ne pas accepter sans analyse les rapports des organisations non gouvernementales. Ils doivent être plus équilibrés et plus stratégiques et ne pas centrer leurs critiques sur les pays qui respectent les droits de l´homme. Sans réforme, le système de comités sera de plus en plus mis à l´écart.

Nous pensons que le document Brahimi est un document historique présentant un véritable plan pour moderniser les fonctions de maintien de la paix et activités connexes des Nations Unies. Il met l´accent sur les actions préventives, souligne que les missions de maintien de la paix doivent avoir un mandat approprié et être rapides afin d´être efficaces. Les mandats doivent être clairs, crédibles et réalisables. En ce qui concerne la situation au Timor, l´Australie s´inquiète du rôle des milices intégrationnistes et demande instamment à l´Indonésie qu´elle fasse régner l´ordre et la sécurité au Timor occidental. Il est notamment urgent de mettre fin à l´activité des milices, de restaurer l´ordre afin que le HCR puisse reprendre ses activités et d´apporter une réponse au problème des réfugiés.

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