En cours au Siège de l'ONU

AG/1059

DIFFERENTS PROCESSUS DE NORMALISATION POLITIQUE EVOQUES DEVANT L'ASSEMBLEE DU MILLENAIRE

16 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1059


DIFFERENTS PROCESSUS DE NORMALISATION POLITIQUE EVOQUES DEVANT L'ASSEMBLEE DU MILLENAIRE

20000916

Les questions de maintien de la paix et de sécurité internationales, de la stabilité politique ainsi que les méfaits de la mondialisation sur les pays les plus pauvres ont dominé le débat général que l'Assemblée du Millénaire a poursuivi ce matin. Ainsi, le Premier Ministre et Ministre de la réconciliation et de l'unité nationale des Fidji a évoqué le processus de normalisation en cours dans son pays après le coup d'Etat intervenu le 19 mai 2000. Il a, dans ce cadre, dénoncé la "nouvelle forme d’impérialisme" propagée par "les puristes de la démocratie libérale" qui entendent imposer aux autres leurs critères de gouvernance démocratique. Le Premier Ministre a affirmé que la rhétorique politique d'ingérence, les sanctions et les menaces de sanctions ne sauraient contribuer à une solution "à l'amiable et rapide" de la situation politique actuelle des Fidji. Pourtant, des appels à l'élaboration d'une doctrine de l'intervention, pour des motifs humanitaires, ont été lancés aujourd'hui, notamment par le Ministre des affaires étrangères de la Slovénie. Pour lui, cette doctrine doit se fonder sur une interprétation moderne de la Charte de l'ONU et sur la forme actuelle des normes et des relations internationales. C'est dans ce contexte que le Ministre slovène a demandé à la communauté internationale d'encourager la lutte pour la démocratie que mènent les forces internes de la République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro).

A cet égard, le Ministre des affaires étrangères de la Hongrie a estimé que le Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est, mis en place par l'Union européenne, pourrait servir à une stabilisation démocratique, lors des élections de septembre, en République fédérale de Yougoslavie et permettre ainsi à la Serbie de sortir de son isolement et de normaliser ses relations avec le Monténégro. Evoquant, pour sa part, les élections prévues au Kosovo, le Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a jugé que les résultats de ces élections seront un test de la capacité de la communauté internationale à garantir un processus de reconstruction et de réconciliation.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/1059 16 septembre 2000

Le concept d'intervention humanitaire, évoqué par la Slovénie, a été invoqué par le Ministre des affaires étrangères de la Turquie pour expliquer la présence de son pays à Chypre. Le Ministre des affaires étrangères a, par ailleurs, rejeté catégoriquement l'idée de voir une organisation internationale ou tout autre groupe imposer des solutions aux parties. Il a considéré, en conséquence, que l’intégration de Chypre aux institutions de l’Union européenne, dont la Turquie n’est pas membre à part entière, serait contraire aux accords en vigueur. Le Ministre a affiché un optimisme prudent quant à la normalisation des relations de son pays avec la Grèce. Evoquant la signature de neuf accords de coopération pour illustrer le rapprochement entre les deux pays, le Ministre a estimé qu'il est permis de croire que le "problème commun est appelé à trouver une solution quand la Grèce sera prête".

Les Ministres des affaires étrangères de Saint-Marin, d'Oman et du Suriname ont également participé au débat général.

L'Assemblée du Millénaire poursuivra le débat cet après-midi à 15 heures

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Suite du débat général

M. LAISENIA QARASE, Premier Ministre et Ministre de la réconciliation et de l’unité nationale de la République des Fidji : Après le coup d’Etat du 19 mai de cette année et la crise politique qui a suivi dans mon pays, mon administration par intérim s’est assignée deux tâches particulièrement importantes pour les deux années à venir: premièrement, ramener les Fidji à la démocratie constitutionnelle et deuxièmement, stabiliser notre économie pour construire les fondations permettant un retour au développement durable et à la croissance grâce à des investissements accrus. Avec la fin de la guerre froide et de la division bipolaire qu’elle avait engendrée dans l’ordre mondial, il semble qu’une nouvelle forme d’impérialisme est en train de poindre aux côtés de son jumeau, le néo- colonialisme. Cette nouvelle forme de domination est propagée par les "puristes" de la démocratie libérale au nom de la bonne gouvernance, des droits de l’homme, et de la transparence. Telles quelles, ces valeurs sont importantes pour assurer l’intégrité du gouvernement d’un pays et la légitime prise en compte de ses citoyens.

Nous sommes cependant inquiets de constater que certains des critères sur lesquels notre Organisation a été fondée, il y a 55, ans sont érodés et même violés. Comme par exemple le principe du respect de la souveraineté nationale et de la non ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat indépendant. Le fait de vivre au sein d’une communauté mondiale interdépendante ne donne pas le droit à un pays d’imposer à un autre ses propres critères de gouvernance démocratique. J’ai soulevé ce point pour attirer l’attention des Nations Unies sur cette réalité négative, mais aussi pour rappeler aux amis et voisins de mon pays que la rhétorique politique, les sanctions et menaces de sanctions ne nous aideront pas à trouver une solution à l'amiable et rapide à notre situation politique actuelle.

Les Fidji se composent de nombreuses communautés et cultures. Toutes ont contribué au développement de la nation. Mais nous avons aussi nos aspects spécifiques qui marquent à leurs manières les relations intercommunautaires de notre société. Nous vivons ensemble aux Fidji, mais nous restons cependant séparés par des différences ethniques, religieuses et culturelles ainsi que par notre système de valeurs. La raison de la crise politique au Fidji émane du sentiment ressenti par les communautés autochtones de Fidjiens et Rotumans, un sentiment de menace envers certaines politiques décrétées par la coalition gouvernementale après les élections nationales datant de mai 1999. Une situation qui a conduit à des manifestations de masse jusqu’au coup d’Etat du 19 mai de cette année. C’est du fait de cette grave détérioration de l’ordre et de la loi que les forces militaires fidjiennes ont répondu aux appels de la police pour prendre le contrôle direct de la protection des citoyens.

Cependant, en tant qu’administration civile intérimaire, nous nous engageons fermement à restaurer la démocratie constitutionnelle et parlementaire aux Fidji. Nous avons l’intention de promulguer une nouvelle constitution en août de cette année et des élections générales seront convoquées dans les 12 mois qui suivront. Je tiens également à mentionner l’initiative que j’ai prise de créer un Ministère de la réconciliation et de l’unité nationale pour régler la crise interethnique des Fidji en réunissant les représentants des différentes communautés fidjiennes et de la société en général y compris les employeurs, les syndicats et la société civile pour discuter des modalités d’une plus grande compréhension et coopération.

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M. JAN KAVAN, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque : Le Sommet du millénaire a été l’occasion de développer des idées novatrices et stimulantes pour le futur des populations de la planète. Le début des années 1990, qui coïncidait avec la fin de la guerre froide, a fait naître des attentes en matière de démocratie et de droits de l’homme, mais ces espoirs ont fait preuve d'irréalisme comme l’ont démontré les événements de la seconde moitié de cette dernière décennie. La désillusion et le désenchantement ont parfois conduit à des réactions pour la défense d’intérêts particuliers. Aujourd’hui, les populations qui ont souffert et souffrent encore des guerres et de la pauvreté attendent beaucoup de nous. L'action que nous devons entreprendre doit tendre avant tout à nous interposer chaque fois que les notions de développement et de sécurité sont foulées aux pieds. Les Nations Unies doivent démontrer une plus grande capacité à s’adapter aux attentes des populations mais il faudrait pour cela que le Conseil de sécurité soit plus représentatif. Pour conforter leur crédibilité, les Nations Unies doivent contribuer au processus de globalisation en veillant à ce que celle- ci transcende les questions de régulation des marchés et prenne davantage en considération les questions du développement, de la sécurité des hommes, de la justice sociale et de la solidarité.

Nous accueillons favorablement les recommandations du rapport Brahimi sur les opérations de maintien de la paix et nous souhaitons que les Nations Unies se penchent plus attentivement sur les mécanismes à mettre en œuvre pour gérer les conflits. La République tchèque considère que la réforme des Nations Unies, qui permettrait de mieux gérer ces crises mondiales passe par une réforme du Conseil de sécurité, notamment par la désignation de cinq nouveaux membres permanents et autant de nouveaux membres non permanents. La République tchèque a souvent exprimé ses attentes au sein du groupe des dix de l’Assemblée générale consacré aux réformes à entreprendre. Mais malheureusement, cette paralysie du Conseil est perpétuée par des Etats qui défendent leur propres intérêts. Durant ce nouveau Millénaire, les Nations Unies ont besoin davantage de moyens pour accomplir leurs missions de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Les Etats doivent s’y engager plus efficacement afin de répondre aux attentes des populations victimes des conflits.

La République tchèque apprécie les efforts des Nations Unies en matière de justice internationale, notamment les travaux des tribunaux internationaux pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie. Le prolongement de ces efforts se traduit au travers de la décision prise par les Nations Unies à Rome en 1998 de créer une Cour pénale permanente internationale. Cette Cour pourra apporter des garanties supplémentaires de protection des populations civiles.

La communauté internationale a prouvé au cours de la dernière décennie que l’établissement d’une paix durable passait par la prévention des droits de l'homme, notamment par l’établissement de règles de droits plus répressives contre ceux qui seraient tentés de commettre des crimes contre l’humanité. Placer les droits de l'homme avant les principe de la souveraineté des Etats répond aux principes de base des Nations Unies. Les droits de la personne humaine et leur protection sont une priorité pour la diplomatie tchèque. Le Sommet du millénaire a été l’occasion de se pencher sur les droits des enfants, qui sont les victimes d’abus dans bien des endroits de la planète. La République tchèque a souscrit au Protocole optionnel de la Convention relative aux droits de l’enfant et nous avons aussi apporté une contribution active à la préparation d’une déclaration sur la protection des défenseurs des droits de l’homme.

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La République tchèque considère également que les questions de maintien de la paix et de la sécurité internationales passent inévitablement par une approche concertée de la sécurité, du désarmement et de la non-prolifération des armes de destruction massive. Promouvoir le désarmement permettra aux Etats de faire des économies sur les dépenses militaires et d’utiliser ces fonds à des fins pacifiques pour réduire le fossé entre pays riches et pays pauvres, prévenir les conflits et contribuer à la protection de l’environnement. A ce titre, la République tchèque se félicite de la décision récente du Président Clinton de laisser le soin à son successeur de décider de la mise en place d’un bouclier antimissile.

Concernant la question du Kosovo, elle constitue une intervention test pour les institutions internationales dans leur action de maintien de la stabilité politique et de la démocratie. Nous pouvons être fiers du travail réalisé par la KFOR et la MINUK mais les objectifs ne sont pas encore atteints. Les résultats des élections seront un test des efforts de la communauté internationale à garantir un processus de reconstruction et de réconciliation entre les différentes populations du Kosovo.

M. GABRIELE GATTI, Ministre des affaires étrangères de Saint-Marin : La condition préalable à la réalisation d'une véritable mondialisation économique est le lancement d'un processus de mondialisation juridique, éthique et culturel qui aurait en son centre les valeurs de solidarité. C'est sous cet angle qu'il convient de réexaminer la question du fardeau de la dette qui écrase les pays les moins développés. L'allègement de la dette deviendrait donc ainsi une partie intégrante de la contribution de la communauté internationale au développement mondial. Etant donné que les questions de la dette compromettent le développement économique et social d'un nombre de pays, la solidarité internationale devient un élément essentiel qui doit se fonder sur le principe selon lequel les droits de l'homme et la dignité ne sauraient être sacrifiés au profit de la loi du marché. L'indifférence devant la pauvreté fait honte à l'humanité tout entière car nous savons tous qu'elle est à l'origine des conflits internes et internationaux, de l'exploitation et du sous-développement. La révolution technologique ayant causé des changements radicaux dans les relations internationales, il faut faire en sorte que les technologies de l'information et l'Internet soient de plus en plus utilisés par les pays les plus pauvres comme instruments de développement économique et culturel.

Dans cet ordre d'idées, la communauté internationale a le devoir de contribuer à la consolidation de la démocratie en Afrique et d'aider sa population, sous l'égide des Nations Unies, dans sa lutte pour une paix durable, l'élimination de la pauvreté et la réalisation d'un développement social équitable et durable. La communauté internationale a l'obligation morale de mettre fin aux conflits qui affectent un bon nombre de pays africains et de contrer l'instabilité due aux divisions ethniques et territoriales dans certains Etats ou régions. A la veille du nouveau Millénaire, le seul espoir doit être de transformer l'ONU en une gouvernance internationale plus efficace et plus représentative qui aurait pour objectif ultime de combler le fossé entre les nantis et les démunis. La mondialisation étant un processus irréversible, nous devons tous compter sur le pouvoir et la capacité de l'Organisation qu'il nous revient de renforcer.

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M. ISMAIL CEM, Ministre des affaires étrangères de la Turquie : La mondialisation rapide que nous vivons offre à la Turquie le terrain propice pour servir de pont entre de nombreuses nations et civilisations du fait de sa situation géographique au coeur de l’Eurasie. Je voudrais souligner la tournure positive prise dans nos relations avec la Grèce: au cours de l’année écoulée nous avons signé neuf accords de coopération qui couvrent plusieurs secteurs qui vont de l’économie à la culture. Dans ce contexte, le rapprochement entre la Turquie et la Grèce a déjà apporté des résultats très positifs : la redécouverte mutuelle et la réconciliation des peuples turc et grec a permis d’importants rapprochements. De nombreux exemples prouvent que nous ne sommes pas pour l’affrontement mais bien en faveur de l’amitié et de la coopération. Les développements intervenus dans les relations turco-grecques me permettent d’affirmer que notre problème commun est appelé à trouver une solution quand la Grèce sera prête. Les progrès enregistrés en un temps très court inspirent un optimisme prudent.

L’attention de la Turquie se porte également sur les derniers développements au Sud Caucase et en Asie centrale. De récents événements montrent une nouvelle fois que nous devons collectivement combattre le terrorisme international. Ainsi, la situation en Afghanistan suscite de graves inquiétudes du fait de l’impact direct qu’elle a sur la stabilité de l’Asie centrale.

Par ailleurs, nous sommes convaincus que le règlement de la question de Chypre doit être compatible avec les réalités actuelles de l’île. La Turquie a permis d’éviter un "nettoyage ethnique" à Chypre et évité aux Chypriotes turcs de partager le sort tragique des Musulmans kosovars et bosniaques, dans le futur. Considérer l’intervention de la Turquie à Chypre comme une "occupation" constituerait donc une grossière distorsion de la réalité historique. Les Chypriotes turcs et grecs vivent sur l’île à l’intérieur de deux Etats indépendants, deux démocraties actives, représentant deux peuples distincts. Et en dépit de l’embargo économique injustifié imposé par les Chypriotes grecs, les Chypriotes turcs ont fait d’importants progrès économiques. Il a été stipulé par les Nations Unies que les deux parties devraient se prononcer par référendum sur un règlement acceptable pour tous. Si une des deux parties venait à rejeter l’accord, les solutions proposées deviendraient nulles et non avenues. Il est hors de question qu’une organisation internationale ou un autre groupe impose sa solution aux différentes parties. Dans cet ordre d’idée, l’intégration de Chypre aux institutions de l’Union européenne, dont la Turquie n’est pas membre à part entière, serait contraire aux Accords de Londres et de Zurich sur la question. Si un règlement acceptable est sincèrement recherché, le modèle est clair: une confédération de deux Etat basée sur la réalité de Chypre. Les deux entités fédérées en vertu d’un accord commun transfèreraient alors une partie de leurs prérogatives à l’organe confédéral. Ainsi, l’intégrité et la diversité qui découlent de la réalité de l’île seraient préservées.

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M. JANOS MARTONYI, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie : Les engagements pris par les chefs d’Etat et de gouvernement réunis lors du Sommet du millénaire sont complexes à mettre en oeuvre mais nous partageons tous ici cette responsabilité commune d’oeuvrer pour l’avenir de notre civilisation. Le Rapport du Secrétaire général souligne à la fois les espoirs, les exigences et les tâches qui nous incombent, mais dans le même temps, il met l’accent sur les dangers et les risques auxquels est confrontée la Communauté internationale à la veille de ce nouveau millénaire. A la confrontation Est-Ouest s’est substitué le clivage Nord- Sud et nous devons tout faire pour que ce clivage ne se fossilise pas et que les crises qui émergent ici et là ne se perpétuent pas. Le Rapport du Secrétaire général, les différentes contributions lors du Sommet du millénaire, les documents adoptés par les chefs d’Etat et de gouvernement traduisent clairement cette volonté d’apporter des réponses concrètes aux problèmes que pose la mondialisation aux pays les plus pauvres. Le développement de la criminalité, du terrorisme, du SIDA, de la pauvreté, exigent que les Etats s’attèlent à prendre des initiatives adéquates en vue de redonner sens aux règles de démocratie et de bonne gouvernance qui fondent les Nations Unies.

Au cours des dernières années, nous avons pu constater avec satisfaction que l’être humain revenait au centre des préoccupations nationales et internationales notamment avec de nombreux processus de transition démocratique et la réémergence d’un souci de faire respecter les droits fondamentaux de la personne humaine dans les conflits, au détriment de la souveraineté. Les Nations Unies se doivent de poursuivre ces efforts qui consistent à privilégier une vision humaniste de la prévention des conflits qui touchent trop souvent les civils. La proximité de la Hongrie avec l’ex-Yougoslavie a fait que nous avons été les témoins directs des drames vécus par les populations civiles. En Bosnie, comme au Rwanda, les Nations Unies n’ont pu agir avec un mandat approprié et dans des délais adéquats. C’est pourquoi la Hongrie se félicite des recommandations du rapport Brahimi et s’engage à contribuer à leur mise en oeuvre. Concernant les Balkans, le Pacte de Stabilité pour l’Europe du Sud-Est, qui est né il y a un an, est une première étape qui offre aux pays du Vieux continent le cadre de prévention et de résolution des conflits en Europe et la Hongrie souscrit pleinement à ce Pacte. Ce Pacte pourrait notamment servir à une stabilisation démocratique, lors des élections prévues pour fin septembre, en République Fédérale de Yougoslavie et permettrait à la Serbie de sortir de son isolement et de régulariser ses rapports avec le Monténégro.

En matière de désarmement, nous appelons la communauté internationale à poursuivre les efforts en matière de destruction des armes légères et des mines antipersonnel. La Conférence d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires qui s’est tenue cette année a marqué une étape importante en terme de maintien de la sécurité internationale. Nous nous réjouissons également des travaux préparatoires du Traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires, de même que des négociations sur le Protocole de vérification de la Convention sur l’Interdiction des armes biologiques. Concernant la protection des civils, nous considérons l’adoption du Statut de la Cour pénale internationale comme l’un des acquis les plus importants de notre décennie. La Hongrie souhaite que les Etats Membres des Nations Unies appuient les efforts du Secrétaire général dans la poursuite de la réforme de l’institution. Cette réforme exige, entre autres, une recomposition du Conseil de sécurité et une contribution plus importante des Etats aux dépenses de l’Organisation.

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M. ALOIJZ PETERLE, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie : Nous devons nous engager plus fermement à instaurer dans le monde une culture de prévention et à moderniser et doter les Nations Unies à cette fin. Il est également impératif que les Nations Unies élaborent une doctrine de l'intervention humanitaire qui soit fondée sur une interprétation moderne de la Charte de l'ONU et qui soit conforme aux nouvelles normes et relations internationales. La Slovénie a accueilli avec intérêt la proposition du Canada visant la création d'une commission internationale indépendante chargée d'étudier les questions de l'intervention et de la souveraineté nationale. Il n'y a rien dans la Charte des Nations Unies qui justifie les crimes contre les populations civiles, ni les conditions de pauvreté dans lesquelles vit une large partie du monde, ni le fait que des Etats continuent de stagner en raison de leur dette extérieure alors que d'autres jouissent d'un bien-être certain. Le développement technologique et économique devrait rassembler les peuples tandis que la mondialisation, qui universalise les problèmes, devrait renforcer la responsabilité mutuelle dans la recherche de solutions.

La Slovénie est déterminée à contribuer au processus de renforcement de l'Organisation pour qu’elle puisse mieux contribuer à l'instauration d'un monde pacifique, prospère et juste. La Slovénie réaffirme, dans ce contexte, que l'élargissement du Conseil de sécurité, à savoir l'augmentation de ses membres permanents et non permanents ainsi que la réforme de ses méthodes de travail, est une donnée essentielle. La crédibilité de l'ONU dépend de sa capacité à assumer pleinement ses responsabilités, en particulier en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité. La Slovénie accueille, en conséquence, avec satisfaction le rapport du Groupe d'experts indépendants sur les opérations de maintien de la paix et estime, dans ce contexte, que la réforme du financement des opérations de maintien de la paix est une condition essentielle au renouvellement du rôle des Nations Unies en la matière. Il faudrait qu’un nouveau calcul des quotes-parts reflétant la capacité de paiement réelle des pays, soit impérativement adopté au cours de cette session. La Slovénie a l'honneur d'annoncer sa décision de renoncer au régime préférentiel dont elle bénéficiait et de commencer, dès l'année prochaine, à payer la totalité de sa part dans le financement des opérations de maintien de la paix. L'objectif ultime des Nations Unies doit être d'assurer la sécurité humaine, cette sécurité étant plus physique, économique et sociale que juridique.

En ce qui concerne la situation dans la région d'Europe du Sud-Est, la Slovénie souhaite rappeler qu'il ne peut y avoir de paix et de stabilité durables sans une pleine coopération et une pleine intégration de la République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro). Cette coopération ne pouvant venir du régime actuel de Belgrade, la communauté internationale doit encourager les forces internes du pays qui luttent pour la démocratie, la paix, la réconciliation, la reconstruction économique et le retour à la normalité.

M. YOUSSEF BIN ALAWI BIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères d’Oman : L’ordre international émergent baptisé "mondialisation" a créé et augmenté les disparités économiques, sociales et politiques au niveau tant international que national. La mondialisation présente de nombreux défis pour les pays en développement dont certaines conséquences sont imprévisibles.

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Oman soutient la mondialisation, mais certains signes laissent craindre que les pays riches pourraient s’associer pour utiliser l’Organisation mondiale du commerce comme outil pour servir leurs propres intérêts, pour ouvrir les marchés des pays en développement à leur commerce et pour utiliser les ressources naturelles des pays en développement sans considération aucune pour l’impact social et économique négatif qui pourrait résulter d’une telle attitude. Or, si les pays en développement doivent assurer les droits les plus élémentaires de leurs citoyens, il leur faut obtenir leur part équitable des bénéfices de la mondialisation. Il est donc important de mettre en place des mesures qui assureront le progrès technologique qui engendrera la prospérité et le développement pour tous.

Par ailleurs, la décision du G8 d’inviter pour la première fois le Groupe des 77 à ses débats constitue non seulement un événement symbolique mais aussi la reconnaissance des grandes disparités qui existent entre les pays développés et en développement. Le Sommet a abordé la question de la dette dont Oman estime qu’elle devrait être abolie dans sa totalité.

Malgré les efforts internationaux et régionaux pour mettre fin aux souffrances du peuple iraquien, la situation en Iraq continue de se détériorer du fait de l’embargo qui est imposé au pays depuis 10 ans. Nous nous prononçons donc en faveur de la mise en place d’un mécanisme qui permette la levée de l’embargo qui a douloureusement touché le peuple iraquien. Malgré l’établissement d’un régime de sanctions censé garantir le respect, par les gouvernements, des résolutions des Nations Unies, nous constatons que le mécanisme est maintenant devenu une arme contre les droits les plus élémentaires des peuples et des sociétés. Nous appelons le Conseil de sécurité à adopter de nouvelles politiques et des mécanismes efficaces qui aboliront les souffrances infligées à des Etats comme l’Iraq, la Libye et le Soudan. Les mécanismes qui sont à la disposition du Conseil pour régler la question de l’Iraq ne sont plus un moyen positif de la dissuasion. Nous pensons qu’il n’est pas justifié de punir une population entière uniquement sur des soupçons. La tâche du Conseil de sécurité est de protéger le peuple iraquien de la détérioration de son environnement humain. Nous attendons aussi de l’Iraq qu’il coopère de manière positive pour clarifier la question du sort des Koweïtiens toujours captifs en Iraq.

Mme MARIA E. LEVENS, Ministre des affaires étrangères du Suriname : De toute évidence, la mondialisation a produit des disparités économiques puisque ses fruits restent aux mains d'un nombre limité de pays. Pour les autres pays, la mondialisation a accru leur vulnérabilité et leur instabilité économique. Le Suriname appuie donc le point de vue selon lequel les Nations Unies, en leur qualité de forum universel, ont un rôle déterminant à jouer dans la réalisation d'un consensus sur la manière de créer des opportunités pour tous et de sortir de la pauvreté et de l'exclusion les milliards de personnes concernées. Aux yeux des petits Etats vulnérables, la mondialisation et la libéralisation de l'économie n'offrent pas les conditions nécessaires à l'accélération de la croissance et du développement. Bien au contraire, ces pays ont davantage été marginalisés dans les affaires économiques mondiales et se voient aujourd'hui menacés par les dispositions adoptées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC)qui demandent l'élimination des accords spéciaux et préférentiels. Le Suriname réitère donc sa requête consistant à la mise au point d'un index de vulnérabilité fondé sur les vulnérabilités spécifiques et pas seulement leur Produit national brut (PNB).

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Aussi pour ce qui est de rendre l'ONU capable de relever les défis du siècle actuel, le Suriname partage-t-il l'avis que le Conseil de sécurité doit se concentrer sur la mise en place d'un environnement pacifique et laisser les questions économiques et sociales au Conseil économique et social et à l'Assemblée générale.

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