AG/1058

L'ONU DOIT JOUER UN ROLE CENTRAL TANT EN MATIERE DE MAINTIEN DE LA PAIX QUE DE DEVELOPPEMENT

15 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1058


L’ONU DOIT JOUER UN ROLE CENTRAL TANT EN MATIERE DE MAINTIEN DE LA PAIX QUE DE DEVELOPPEMENT

20000915

Les questions relatives au maintien de la paix, à la sécurité internationale et au développement étaient cet après-midi au coeur des préoccupations exprimées devant l’Assemblée générale. Plusieurs représentants de pays africains ont ainsi évoqué les multiples conflits qui sévissent sur leur continent, rappelant le rôle essentiel des Nations Unies en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ils ont souligné que des résultats positifs ont pu être obtenus grâce à la coopération entre l’ONU et les institutions régionales. Evoquant la situation en République démocratique du Congo, le représentant de l’Ouganda a lancé un appel aux dirigeants de ce pays pour qu’ils mettent en oeuvre les Accords de cessez-le-feu de Lusaka, qui constituent selon lui la meilleure chance de mettre fin au conflit et d’amorcer une phase de reconstruction dans la région des Grands Lacs. Les représentants ont également évoqué la détérioration des conditions socioéconomiques des pays en développement et plus particulièrement des pays les moins avancés, déplorant le déclin concomitant de l’aide au développement et le fardeau de la dette.

Intervenant également sur la question du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Ministre des affaires étrangères de Sainte-Lucie a pour sa part regretté que les pays développés manipulent “intelligemment” certaines notions, pour canaliser l’attention des Nations Unies sur le maintien de la paix, alors que leur objectif devrait clairement être le développement, instrument par excellence de la lutte contre la guerre. Intervenant également sur les questions relatives au développement, la Ministre des affaires étrangères de l’Autriche a quant à elle mis l’accent sur la notion d’éducation, instrument privilégié du développement et de la prévention des conflits.

Les représentants de la République islamique d’Iran et des Emirats arabes unis ont exercé leur droit de réponse.

Les Ministres des affaires étrangères des pays suivants ont pris la parole : Iles Salomon, Sainte-Lucie, Kenya, Autriche, Bélarus, Paraguay, Pologne. Les représentants de l’Ouganda et de la République populaire démocratique de Corée sont également intervenus.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 16 septembre, à partir de 10 heures.

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Suite du débat général

M. DANNY PHILIP, Ministre des affaires étrangères des Iles Salomon : Mon gouvernement estime que la prévention des conflits sera la pierre de touche du vingt et unième siècle. Nous pensons également que paix et stabilité sont les préalables à la croissance économique et au développement durable. Les défis posés aux petits Etats insulaires en développement comme les îles Salomon excèdent de plus en plus leur capacité à y répondre. Le soutien des Nations Unies et de la communauté internationale dans son ensemble est indispensable.

Depuis que nous avons lancé notre plan de paix national, des progrès ont été réalisés. Nous avons obtenu que les parties en présence s'assoient autour d'une table et négocient. Le 3 août 2000, un cessez-le-feu était signé et un conseil national chargé de superviser son application créé. En dépit de quelques violations du cessez-le-feu, le gouvernement reste déterminé à réaliser la paix. Un cessez-le-feu plus exhaustif sera négocié à Cairns, en Australie.

Toute décision en matière de coopération en faveur du développement des petits Etats insulaires en développement doit prendre en compte leur vulnérabilité économique et leur fragilité écologique. Cette coopération devrait avoir pour but l'amélioration des échanges commerciaux, notamment par un accès facilité aux marchés, la création de capacité et en particulier par le développement des ressources humaines et l'adoption de programmes d'adaptation aux changements climatiques et à l'élévation du niveau de la mer. L'accès à des sources d'énergie fiable et bon marché est impératif si l'on veut que nos populations rurales puissent tirer bénéfice des opportunités de l'ère de l'information. Les Iles Salomon se sont fixées comme priorité d'investir dans les énergies renouvelables.

Les Iles Salomon soutiennent totalement le processus de réforme, de renforcement et d'amélioration du système des Nations Unies. Il faut faire preuve de plus de compréhension et de souplesse à l'égard de ceux qui cherchent à devenir membres permanents du Conseil de sécurité.

M. RALPH OCHAN (Ouganda) : La communauté internationale est pleinement consciente de ce que le conflit en République démocratique du Congo compromet gravement la stabilité de la région des Grands Lacs, et, partant, de l’ensemble du continent africain. Ce conflit trouve son origine dans la violation massive des droits de l’homme et des droits démocratiques des peuples de la région. L’histoire montre que lorsque les peuples sont opprimés, ils prennent tôt ou tard les armes contre leurs oppresseurs. En 1986, l’Ouganda est parvenu à se doter d’institutions démocratiques et à jeter les bases du progrès économique. Malheureusement, l’instabilité et les guerres civiles qui sont le fait des pays voisins ont des conséquences négatives sur notre capacité de consolider de tels acquis. A plusieurs reprises le Gouvernement de l’Ouganda a coopéré avec les forces de progrès de la région pour aider la population congolaise à se libérer des régimes dictatoriaux les plus longs et les plus oppressifs qu’ait connu le continent africain. Les Accords de cessez-le-feu de Lusaka ont constitué une avancée majeure dans les tentatives d’établissement de la paix dans la région car ils visaient la mise en place de la démocratie au Congo.

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Cet accord représente toujours la meilleure chance de paix pour la région. C’est la raison pour laquelle mon pays a tant oeuvré à la mise en oeuvre de ces accords. Il n’a malheureusement pas été possible d’obtenir le désengagement des forces armées dans le pays, conformément aux clauses de l’Accord, en raison de l’action du Gouvernement de la République démocratique du Congo. Les dirigeants de la région ont d’ores et déjà exprimé leur préoccupation face aux tentatives de la République démocratique du Congo de faire obstacle à la mise en oeuvre des accords de cessez-le-feu. Nous lançons donc un appel à ce pays pour qu’il revienne sur ses positions et choisisse la voie du dialogue avec ses opposants, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. L’Ouganda souhaite réaffirmer son plein engagement en faveur de la mise en oeuvre des Accords de cessez-le-feu de Lusaka, meilleure chance de mettre fin au conflit dans la région et d’amorcer une phase de reconstruction. L’Ouganda considère par ailleurs que les problèmes du Burundi sont essentiellement d’ordre interne. Nous nous félicitons de l’Accord d'Arusha du 28 août 2000, tout en regrettant toutefois que certaines parties au conflit n’ait pas signé cet accord et les engage à réviser leur position. Nous demandons par ailleurs à la communauté internationale et aux Nations Unies d’apporter le soutien nécessaire à la mise en oeuvre de cet Accord afin qu'il soit couronné de succès.

La dernière décennie a été caractérisée par la détérioration de la situation socio-économique des pays les moins avancés. Alors que ces pays ont mis en oeuvre des politiques d’ajustement structurel douloureuses, les actions de soutien de la communauté internationale ont tourné court. Ainsi, les pays les moins avancés continuent de souffrir du manque de ressources externes en raison du déclin de l’Aide publique au développement. Par ailleurs, le fardeau de la dette affecte les économies des pays les moins avancés et les pays industrialisés maintiennent les mesures protectionnistes, en ce qui concerne en particulier les produits agricoles et textiles. A cet égard, l’Ouganda appuie sans réserve les appels lancés par le Secrétaire général en vue de l'examen des mesures susceptibles de garantir des débouchés aux exportations des pays les moins avancés. Nous demandons à l’Assemblée générale d’adopter les recommandations de la 10ème session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement contenu dans le Consensus de Bangkok et le Plan d’action en faveur de pays les moins avancés. Nous demandons également aux pays industrialisés de mettre en oeuvre les engagements pris lors du Sommet du G8 de Cologne. Enfin, nous lançons un appel au renforcement du soutien aux instituions spécialisées compétentes des Nations Unies pour qu’elles puissent effectivement s’acquitter de leur mandats en matière d’assistance aux pays les moins avancés.

M. GEORGE W. ODLUM, Ministre des affaires étrangères de Sainte-Lucie : Les Nations Unies doivent jouer un rôle essentiel dans l’instauration d’une responsabilité internationale pour élaborer des programmes permettant une redistribution économique, parer aux crises économiques et formuler des politiques de développement durable et de protection de l’environnement. Les Nations Unies doivent être renforcées pour jouer un rôle central dans le développement, garantir l’équité et la sécurité de ses membres vulnérables face à l’avidité de certains puissants.

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Mais nous assistons à un affaiblissement constant et systématique du rôle de l’ONU et les questions de développement sont abandonnées à des institutions non démocratiques comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou l’Organisation mondiale du commerce qui entretiennent les inégalités économiques mondiales et ignorent les inquiétudes des pays en développement. Si l’ONU ne garantit plus le développement, la paix et la sécurité de ses membres vulnérables, notre présence ici est alors superflue et se traduit par une dépense inutile de nos maigres ressources.

Les opérations de maintien de la paix ou les missions humanitaires ne suffisent pas à protéger les pays vulnérables. Il existe en effet de nouvelles formes de guerre. Nous soulignons l’injustice perpétrée par l'OMC contre Sainte- Lucie et les autres producteurs de bananes des Caraïbes. Depuis que l'OMC nous a mis en demeure, dans un laps de temps insuffisant, de réajuster notre économie, nos échanges commerciaux ont chuté de 50%, des milliers de paysans se trouvent sans emploi, les taux de criminalité et de pauvreté sont en augmentation. Sainte- Lucie en appelle aux Etats-Unis pour reprendre les négociations avec l'Union européenne pour trouver un nouvel accord sur le commerce des bananes, acceptable par tous les pays producteurs des Caraïbes. De même, c'est à Sainte-Lucie, pays souverain, qu'il appartient de déterminer son système fiscal, non pas à l’OCDE. Les conditions propices à un conflit sont en train d’être créées dans mon pays et sa région. Plutôt que de nous occuper des questions de développement, on nous demande de renforcer l’ONU pour intervenir dans des crises nationales. Il est de la plus haute importance que les Nations Unies ne cessent d’encourager le dialogue international et la recherche du consensus, afin que les préoccupations de tous les Etats Membres soient prises en compte dans les travaux. Puisque la baisse de nos revenus ne nous permet pas d’accroître notre contribution aux opérations de maintien de la paix, nous avons décidé de nous abstenir aussi longtemps que nous ne tirerons pas davantage de bénéfices de l’économie mondiale. Le financement du développement continue d’être le chaînon manquant des programmes de développement. Le déséquilibre et les inégalités au sein de l’économie mondiale et des institutions qui la gouvernent constituent la plus grande menace à la paix et à la démocratie. Les pays développés manipulent intelligemment certaines notions pour canaliser l’attention des Nations Unies sur le maintien de la paix et l’aide humanitaire. Sainte Lucie déclare que l’objectif des Nations Unies devrait clairement être le développement, instrument suprême de la lutte contre la pauvreté et la guerre.

M. BONAYA A.GODANA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Kenya : La prolifération des conflits armés en Afrique a eu des effets négatifs sur la capacité de développement du continent et les conflits continuent de saper les efforts consentis par nos populations pour améliorer leurs conditions de vie. Ils ont provoqué des pertes de vie considérables, et entraîné le déplacement de millions de personnes. L’Afrique reconnaît le rôle essentiel des Nations Unies en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Elle est consciente de la nécessité d’une coopération entre l’ONU et les organisations régionales en matière de maintien et de reconstruction de la paix. De tels efforts ont permis d’obtenir des résultats positifs dans certains pays. C’est ainsi que sous les auspices de l’Organisation de l’Unité africaine que les hostilités entre l’Ethiopie et l’Erythrée ont pu cesser.

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Toutefois dans d'autres cas, comme celui de la République démocratique du Congo, l'ONU continue à traîner. Tout en se félicitant de l’élection le mois dernier d’un Président de la République de Somalie, le Kenya lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son soutien à ce pays, notamment en matière humanitaire. Les événements malheureux qui se sont produits en Sierra Leone, soulignent la nécessité de réformer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, particulièrement en ce qui concerne la sécurité et le déploiement des troupes. Le Kenya soutient les initiatives visant à lutter contre le commerce illicite des diamants, qui permet de financer les conflits en Afrique. Par ailleurs, le Kenya se félicite de la décision du Conseil autorisant la mise en place d’un tribunal international pour juger les responsables des atrocités commises en Sierra Leone durant la guerre civile.

La prolifération des armes de petit calibre préoccupe gravement le Kenya. Nous avons accueilli en mars dernier une Conférence qui a réuni 10 pays de la région des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique et au terme de laquelle a été adoptée la Déclaration de Nairobi. Ce texte lance un appel pour le partage des informations entre les autorités de police ainsi qu'avec les personnels chargés du contrôle des frontières des pays de la région. Le Kenya appuie pleinement la tenue d’une Conférence sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, prévue pour 2001. Nous espérons que cette Conférence traitera de nos préoccupations.

Le Kenya est préoccupé par les manifestations de protectionnisme en matière de commerce mondial ainsi que par le déclin de l’Aide publique au développement. Nous sommes favorables à la création d’une nouvelle architecture financière internationale, plus stable. Nous avons pris acte de la volonté des Etats membres du G8 de renforcer les initiatives en faveur des pays pauvres les plus endettés. Toutefois il semblerait que cette initiative ne bénéficie pas d’un engagement solide et partant, devrait être révisée. Le Kenya souligne que le service de la dette en Afrique subsaharienne se fait au détriment de la fourniture des services sociaux essentiels à la population. Enfin, le Kenya appelle de ses voeux une réforme des Nations Unies visant à rendre l'Organisation véritablement représentative et démocratique. Il importe que la composition du Conseil de sécurité soit conforme aux principes d'une répartition géographique équitable.

M. URAL LATYPOV, Premier Ministre délégué et Ministre des affaires étrangères du Bélarus : Nous sommes encore dans la dynamique du Sommet du millénaire. Il nous incombe maintenant de rechercher les moyens spécifiques pour mettre en oeuvre les dispositions de la déclaration finale. Le Président de la République du Bélarus a défini comme devant être notre ultime objectif, la redéfinition de l'image des Nations Unies de façon à répondre aux besoins et aux aspirations de nos nations respectives et à améliorer la qualité de vie de chaque individu. Il est difficile d'imaginer tâche plus urgente, aujourd'hui comme il y a 50 ans, que le maintien de la paix internationale. La République du Bélarus reste attachée à son choix d'un monde débarrassé de l'arme nucléaire. Nous croyons à la générosité et à la portée de l'initiative prise par le chef de l'Etat du Bélarus visant à créer un espace dénucléarisé en Europe centrale et de l'Est. Nous sommes sûrs que cette idée recevra le moment venu un soutien suffisant.

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Le maintien et le respect du Traité sur la limitation des systèmes de missiles antimissile balistiques constituent le fondement logique de la stabilité internationale. La République du Bélarus présentera à nouveau une résolution dans ce sens durant cette session de l'Assemblée générale.

Les notions de démocratie et de respect des droits de l'homme peuvent certainement jouer un rôle clé dans le développement de l'humanité au vingt et unième siècle. Il n'en est pas moins inadmissible que l'idée d'un forum des démocraties nouvellement restaurées, approuvée au sein de cette organisation, aboutisse à une séparation entre les peuples qui donnent des leçons et ceux qui les reçoivent. Des élections parlementaires vont avoir lieu au Bélarus le 15 octobre 2000 en conformité avec les normes démocratiques. Nous invitons les observateurs des Nations Unies à suivre le déroulement de ces élections et espérons les voir ainsi contribuer concrètement à l'évolution démocratique au Bélarus.

MME BENITA FERRERO-WALDNER, Ministre des affaires étrangères de l’Autriche : Au cours des sept derniers mois, mois difficiles pour l’Autriche, l’ONU est restée à nos côtés. L’Autriche a l’intention de reprendre pleinement ses activités officielles et officieuses au sein de l’Union européenne. Important fournisseur de troupes, elle se félicite des conclusions du rapport Brahimi et est prête à en appuyer la mise en oeuvre.

En tant que présidente de l’Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe, je voudrais souligner que l’OSCE s’est révélée être un instrument adaptable aux changements considérables du paysage politique de l’Europe. Dans le domaine de la prévention des conflits, je voudrais mentionner le succès de la mission d’observation à la frontière entre la Georgie et la République tchétchène de la Fédération de Russie. La situation de conflit en Tchétchènie reste cependant sans solution. Le Kosovo est un autre excellent exemple d’une nouvelle qualité de coopération entre les Nations Unies et l’OSCE dans le cadre de l’Administration transitoire des Nations Unies. Un des objectifs principaux de la présidence de l’OSCE a été d’accorder une attention égale aux conflits en cours comme aux menaces potentielles à la sécurité. La prévention des conflits est un élément clé du travail de l’OSCE en Asie centrale. Il faut noter que les Nations Unies, le Groupe des huit et l’OSCE placent de plus en plus le terrorisme, les abus de drogues et le crime en tête de leur ordre du jour.

Grâce au rapport du PNUD sur le développement humain, notre perception du développement a changé ; elle est davantage centrée sur l’être humain, le développement étant défini comme un élargissement des choix des individus et de la société en général. Ce rapport souligne bien les liens entre développement humain et droits de l’homme. Dans ce contexte, je voudrais rappeler l’initiative des femmes ministres des affaires étrangères à l’ouverture de cette session de l’Assemblée générale : un appel à nos dirigeants pour accentuer la lutte contre le VIH/sida, notamment en éduquant les hommes à respecter le droit de choisir des femmes et à partager avec les femmes la responsabilité en matière de santé, de sexualité et de reproduction. L’éducation en matière de droits de l’homme est d’une part une stratégie de développement, de l’autre un outil de prévention pour la sécurité. Comme nous affirmons l’universalité des droits de l’homme, l’éducation dans ce domaine doit être enracinée dans la pluralité culturelle de notre monde.

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M. JUAN ESTEBAN AGUIRRE, Ministre des relations extérieures du Paraguay : La fin d’un siècle et le début d’un nouveau devraient être une occasion sans pareil pour réfléchir à notre destin commun. Les Nations Unies devraient faire preuve d’une plus grande efficacité et être en mesure de répondre aux défis des temps nouveaux. Les structures des principaux organes doivent être adaptées aux caractéristiques de la communauté internationale contemporaine afin que les efforts de développement aboutissent et répondent aux besoins de chaque individu où qu’il se trouve. Le développement centré sur la personne reste le grand mandat de cette Organisation. La réorganisation des Nations Unies, et en particulier du système de développement, doit permettre d’améliorer les conditions de vie de chaque être humain. Il faut que les activités de coopération des Nations Unies soient cohérentes et aient une incidence réelle. Il faut qu’elles créent dans chaque pays des espaces de dialogue national pour harmoniser les idées en matière de développement et articuler une demande qualitative de la société civile. Les Nations Unies existent pour que chacun puisse profiter des progrès du commerce et de la technique.

Nous sommes préoccupés par le retard pris dans les décisions sur la composition du Conseil de sécurité. Ce processus de démocratisation progressive doit se faire dans les deux catégories de membres, pour les pays développés comme les pays en développement. La dimension nouvelle des relations internationales a eu des répercussions dans la conscience même de l’homme. Mais les avantages des grands progrès scientifiques ne doivent pas rester le patrimoine de quelques-uns. Si des dizaines d’années d’aide au développement ont souvent joué un bien faible rôle, cela ne doit pas justifier leur réduction ou leur assujettissement à des conditions.

La coopération internationale doit clairement fixer ses priorités en donnant à chacun ce dont il a besoin : il ne peut s’agir simplement d’une aide humanitaire, il faut envisager un développement durable et intégral des peuples qui n’entraîne pas de dépendance. La sécurité doit reposer sur l’élimination des causes sous-jacentes de la violence qui sont essentiellement la misère et l’ignorance, ce qui ne doit pas cependant nous empêcher de prendre des mesures efficaces pour limiter l’utilisation des instruments de la violence sous sa forme la plus mortelle, telles les armes de destruction massive, classiques ou de petit calibre. Un régime commercial juste et équitable est de la plus haute importance pour notre développement et nous rejetons toute tentative de protectionnisme de la part des pays développés.

M. LI HYONG CHOL (République démocratique populaire de Corée): L'indépendance est notre vie et notre âme. La notion d'indépendance sous-tend notre politique intérieure comme notre politique étrangère. La réalité qui prévaut dans la péninsule coréenne, témoigne de la justesse de cette politique d'indépendance. Le Sommet, et la Déclaration qui en découle, marquent un tournant historique dans le processus de réunification indépendante de notre nation. C'est dans cet état d'esprit d'indépendance nationale et de réunification que se sont tenus les pourparlers Nord-Sud au niveau ministériel ainsi que des réunions entre les familles séparées. Les visites mutuelles entre le Nord et le Sud de la Corée, grâce notamment aux liaisons aériennes entre Pyongyang et Séoul, sont désormais chose commune et un projet de liaison ferroviaire est en cours. La réunification de la Corée doit se faire en toute indépendance grâce aux efforts concertés des Coréens du Nord et du Sud, en accord avec la Déclaration commune.

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L'amélioration des relations Nord-Sud contribue à la paix et la sécurité en Asie du Nord-Est dans son ensemble. Les pays concernés devraient soutenir ce processus au lieu de le perturber. Les Etats-Unis prétendent que nous constituons une menace pour pouvoir mettre en place leur système antimissile. Notre programme de missiles est de nature pacifique. Les Nations Unies reconnaissent à toutes les nations le droit souverain de mener des travaux de recherche spatiale. Il est donc injustifié de mettre en cause nos fusées et pas celles d'autres pays. Le récent incident qui a empêché notre Président de prendre part au Sommet du millénaire est le résultat de l'attitude hostile des Etats-Unis qui nous qualifient de pays soutenant le terrorisme. Notre méfiance s'exerce également à l'égard du Japon qui recherche des prétextes à un réarmement en nous désignant comme son ennemi. Avec la mise en oeuvre sereine de la Déclaration commune, de nouvelles relations seront établies en Asie du Nord-Est, une fois disparue l'hostilité entre la République démocratique et populaire de Corée et les Etats- Unis et le Japon.

Le concept d'intervention humanitaire est dangereux dans la mesure où il justifie la domination de certains pays et contrevient à l'esprit de la Charte des Nations Unies. Le désarmement nucléaire doit être pris en charge par les Nations Unies au lieu de le confier aux Etats nucléarisés. En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, priorité devrait être donnée à l'augmentation des sièges non-permanents ce qui permettrait de corriger le déséquilibre dans la représentation régionale.

M. WLADYSLAW BARTOSZEWSKI, Ministre des affaires étrangères de Pologne : Le nouveau millénaire a beau ne démarrer que dans quelques mois, une nouvelle ère a en réalité déjà commencé. Elle est marquée par la fin de la polarisation idéologique entre l'Est et l'Ouest, la division en trois mondes et la mondialisation de l'économie. Le prix Nobel de littérature, le poète polonais Czeslaw Milosz écrivait en 1980 que la contribution originale du vingtième siècle à l'histoire de la race humaine était "la quasi-disparition du concept de valeurs" et que "le camp d'extermination constituait le fait central de ce siècle". Toutefois la fin du siècle permet plus d'optimisme. C'est là le sentiment d'un homme qui, ayant été prisonnier de deux systèmes totalitaires, le nazisme et le communisme (je crois être le seul Ministre des affaires étrangères dans ce cas) a expérimenté les souffrances spécifiques à ce siècle.

Nous avons célébré, il y a deux semaines, le 20ème anniversaire de la fondation du mouvement Solidarité. Stimulés par nos réalisations au cours des dix dernières années, nous sommes impatients de participer au mouvement de redéfinition des valeurs en cours. L'aspiration à un monde imprégné de valeurs morales est l'empreinte de toutes les civilisations et religions. A cet égard, le peuple polonais tient en grande estime la mission de paix de Jean-Paul II, un pape venu de Pologne. La mondialisation aura sans conteste des effets bénéfiques sur le commerce, la production, la diffusion des technologies modernes ou les mouvements de capitaux. Nous devons cependant tout faire pour que les processus enclenchés engendrent la mondialisation du bien.

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La sécurité est au coeur de l'ordre du jour mondial. Des conflits naissant de la pauvreté, d'antagonismes ethniques et religieux ou de l'atrophie des Etats devenus incapables d'assurer leurs fonctions essentielles sont venus s'ajouter aux crises et aux conflits hérités de la guerre froide. Cette situation nouvelle met en évidence le rôle que peut jouer les Nations Unies en tirant partie de son expérience unique et de ses instruments non-militaires de maintien de la paix. Une plus grande implication de sa part dans le domaine de la sécurité rend nécessaire la poursuite déterminée de la réforme de l'Organisation en commençant par la redéfinition concrète du rôle du Conseil de sécurité.

Droits de réponse

Le représentant de l’Iran a rejeté l’affirmation de la délégation des Emirats arabes unis au sujet de l’intégrité territoriale de son pays. La position de l’Iran sur les trois îles du golfe persique est très claire. La République islamique d’Iran reste disposée à discuter de cette question en toute bonne foi avec les Emirats sur la base de l’entente de 1971.

Le représentant des Emirats arabes unis a souhaité que l’Iran, pays voisin et frère, passe de la parole aux actes à partir de demain. Il est regrettable que les appels au dialogue adressés à Iran depuis plus d’un an, ne produisent pas d’effet sur le terrain. Depuis plus de dix ans, les Emirats exhortent l'Iran en faveur d’un accord mutuel. Malheureusement l’Iran n’a pas donné suite jusqu’à présent à l’appel du Comité tripartite fondé par les Etats du Golfe en vue d’instituer un dispositif de dialogue et n’a pas permis au Comité de se rendre en Iran.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.