En cours au Siège de l'ONU

AG/1057

LE PRESIDENT DE LA SOMALIE DEMANDE A L'ASSEMBLEE GENERALE D'ADOPTER UNE RESOLUTION D'ASSISTANCE A SON PAYS

15 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1057


LE PRESIDENT DE LA SOMALIE DEMANDE A L'ASSEMBLEE GENERALE D'ADOPTER UNE RESOLUTION D'ASSISTANCE A SON PAYS

20000915

L'augmentation dans l'immédiat du nombre des sièges non permanents du Conseil de sécurité réclamée

"Ma délégation demande à cette Assemblée de faciliter l’adoption d’une résolution intitulée Assistance à la République somalienne" a déclaré ce matin M. Abdikassim Salad Hassan, Président de la République somalienne au cours de l'allocution qu'il a prononcée devant l'Assemblée générale qui poursuivait le débat général de sa 55e session.

Doter l'ONU des capacités nécessaires à sa crédibilité notamment en matière de maintien de la paix et de diplomatie préventive, améliorer sa démocratisation et pour ce faire, renforcer le rôle de l'Assemblée générale tout en élargissant la représentativité du Conseil de sécurité, ont été par ailleurs les thèmes les plus fréquemment abordés.

"L’Organisation doit continuer de servir les intérêts de la totalité de ses Etats Membres, qu’ils soient grands ou petits, forts ou faibles (...)S’il est impossible de parvenir à un accord sur l’augmentation du nombre des sièges permanents au Conseil de sécurité, celle des membres non permanents devrait intervenir sans plus attendre. Il en va de la préservation de l’autorité qu’il tient de la Charte des Nations Unies", a notamment indiqué le Ministre des affaires étrangères de Malaisie. Le Ministre des relations extérieures de la Côte d'Ivoire reprenant les thèses de l'OUA a réclamé pour l'Afrique que soient créés deux sièges permanents et deux sièges non permanents supplémentaires au sein du Conseil de sécurité.

La menace que fait peser le commerce des armes a également été évoquée. "Il est effarant de constater les sommes énormes qui sont dépensées pour l’armement alors que celles-ci pourraient être utilisées pour améliorer la vie de millions d’êtres humains", a déclaré le Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur d'Islande. Le Ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis s'est dit préoccupé par la lenteur des progrès réalisés en matière de non- prolifération des armes de destruction massive, et plus particulièrement des armes nucléaires et a demandé aux Etats du Moyen-Orient, de la région du Golfe persique, et de l’océan Indien, d’oeuvrer à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/1057 15 septembre 2000

Soutenant la position des deux orateurs précédents, le Ministre des affaires étrangères de Cuba a plaidé pour un désarmement complet y compris dans le domaine nucléaire. A cet égard, il a dénoncé "l'hypocrisie" des puissances occidentales qui, "tout en développant de nouveaux engins de mort encore plus sophistiqués, tentent d'empêcher les pays pauvres, d'utiliser l'armement conventionnel léger". Il a également dénoncé "la prétention d'imposer par la force et sous la pression le soi-disant "droit d'ingérence humanitaire qui constitue aujourd'hui la menace la plus grande à la paix et à la sécurité internationales".

Pour le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle- Zélande, "après l’assassinat, la semaine dernière, de personnels humanitaires au Timor oriental, le monde attend que des mesures concrètes soient prises sans délai".

Ont pris la parole au cours de cette séance le Président de la République somalienne et les Ministres des pays suivants : Papouasie-Nouvelle-Guinée, Malaisie, Portugal, Islande, Emirats arabes unis, Cuba, Nouvelle-Zélande, Côte d'Ivoire, République islamique d'Iran.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet après midi à partir de 15 heures.

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Suite du débat général

M. JOHN KAPUTIN KBE, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie- Nouvelle-Guinée : "Mon intervention aujourd'hui va surtout porter sur le caractère mouvant de la coopération internationale, son potentiel et les besoins qui en découlent. Le Sommet du millénaire qui survient au moment du 25ème anniversaire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée offre pour cela une occasion particulièrement propice.

Quand le gouvernement, conduit par le Premier Ministre Mekere Morauta, a pris ses fonctions l'an dernier, nous nous sommes fixé des objectifs soigneusement définis : restaurer l'intégrité de nos institutions, stabiliser notre monnaie et notre budget, lever les obstacles à l'investissement et à la croissance et poursuivre le processus engagé à Bougainville pour une paix durable.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée est très favorable au renforcement de la coopération mondiale à travers des instances telles que l'Organisation mondiale du commerce et regrette que le dernier tour de négociations de l'OMC ait été retardé. Nous souhaitons qu'elles reprennent le plus rapidement possible.

La route vers le succès exige des efforts complémentaires tant au niveau mondial que régional et national. En conséquence, la réponse de la Papouasie- Nouvelle-Guinée a répondu à la diffusion d'armes légères et de petite taille en interdisant totalement l'attribution de nouvelles licences. Nous soutenons également les efforts faits pour gérer ce problème au sein du Forum des îles du Pacifique.

Dans le Pacifique Sud, des inquiétudes se sont fait jour en raison des problèmes internes des îles Fidji et Salomon. Nous n'entérinons pas le renversement illégal de gouvernements démocratiques et constitutionnels. Nous n'avons malheureusement pas, malgré les efforts de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les mécanismes appropriés au sein du Forum des îles du Pacifique, pour répondre à ces situations. Nous sommes particulièrement reconnaissants du soutien de l'Union européenne qui a décidé avec les Pays d'Afrique et des Caraïbes de mettre en place une mission d'enquête sur la situation dans les îles Fidji et Salomon.

Ces pays ne sont pas les seuls à avoir connu de sérieuses difficultés internes. Après plus de huit ans de conflit armé, la région de Papouasie- Nouvelle-Guinée, appelée Bougainville, est aujourd'hui en paix et le règlement politique progressif suit son cours. Le soutien des parties à l'Accord de Bougainville sera tout autant nécessaire pour aider au rétablissement des instances juridiques et policières lors du départ du groupe chargé de surveiller le processus de paix, instauré à la demande du Gouvernement de Papouasie-Nouvelle- Guinée avec l'aide de l'Australie, des îles Fidji, de la Nouvelle-Zélande et de Vanuatu.

Nous avons besoin d'un soutien sans défaillance de nos partenaires économiques et notamment l'accès aux marchés. De ce point de vue, l'accord conclu récemment entre les pays de l'ACP et l'Union européenne doit servir d'exemple.

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M. DATUK SERI SYED HAMID ALBAR, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie : La communauté internationale place de nombreux espoirs dans une Organisation des Nations Unies capable de relever avec davantage d’efficacité les défis du prochain siècle. L’Organisation doit continuer de servir les intérêts de la totalité de ses Etats Membres, qu’ils soient grands ou petits, forts ou faibles. Dans ce cadre, la question de la réforme et de la restructuration de l’ONU reste une question fondamentale. Certes, des avancées importantes ont d’ores et déjà été réalisées en ce sens grâce à l’action du Secrétaire général, mais la réforme est un processus continu qui ne doit rien perdre de sa vigueur, si l’on veut que l’Organisation renforce sa capacité à relever les défis nouveaux. Dans ce contexte, la question du financement de l’ONU est cruciale.

Le Conseil de sécurité doit faire l’objet d’une restructuration visant à renforcer l’efficacité de sa mission en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. La Malaisie est favorable à l’élargissement de la composition du Conseil tant en ce qui concerne ses membres permanents que non permanents. A cet égard, s’il est impossible de parvenir à un accord sur l’augmentation du nombre des sièges permanents, celle des membres non permanents devrait être opérée sans plus attendre. Il importe également que les futures interventions internationales dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales soit réalisées avec l’aval du Conseil. Il en va de la préservation de l’autorité qu’il tient de la Charte des Nations Unies.

Un recours plus efficace à la diplomatie préventive pourrait permettre de mieux préserver la paix et de la sécurité internationales, ainsi que l’a souligné le Secrétaire général dans son rapport du Millénaire. L’organisation devrait, à l’avenir, développer des mécanismes d’alerte rapide plus efficaces afin de mieux gérer les conflits naissants. Toutefois, la mise en oeuvre de tels mécanismes ne devrait jamais remettre en cause le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat. Par ailleurs, les mandats des opérations de maintien de la paix devraient être définis avec davantage de précision.

La crise financière asiatique a mis en évidence l’urgente nécessité de réformer le système financier et économique mondial actuel. Cette crise nous a également rappelé combien le processus de mondialisation de l’économie s’accompagne d’effets négatifs sur les pays en développement. Pour en faire un processus bénéfique à l’ensemble de la communauté internationale, il convient de définir des règles de base permettant une régulation plus équitable du commerce des biens et des services. Les pays en développement devraient pouvoir participer au processus de mondialisation à leur propre rythme. Il importe également que ces pays renforcent leur coopération mutuelle, dans un véritable esprit de coopération Sud-Sud. Mail il est tout aussi important d’assurer l’aide au développement des pays les plus faibles, afin de les aider à sortir de la pauvreté chronique. Les Nations Unies doivent renforcer la vigueur de leur action en matière de développement. A cet égard, le rôle du PNUD est crucial.

M. JAIME GAMA, Ministre d’Etat et des affaires étrangères du Portugal : Afin de poursuivre de manière efficace ses efforts de maintien de la paix, de plus en plus importants ces dix dernières années, l’ONU doit avoir à sa disposition les ressources nécessaires, qu’elles soient financières, techniques, civiles, politiques ou militaires. Une capacité crédible de maintien de la paix fait partie intégrante du système mondial de prévention des conflits dont l’ONU devrait être un composant essentiel.

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Les recommandations du rapport Brahimi que nous accueillons avec satisfaction indiquent le chemin d’un processus de réforme. Nous devons rassembler le courage nécessaire pour élargir les responsabilités de l’Organisation car il est de notre devoir d’intervenir. Le Portugal, pendant sa présidence de l’Union européenne, a sollicité la création d’une capacité d’intervention pour l’Union. En 2003, elle aura à sa disposition une force militaire de 50 000 à 60 000 hommes, plus 5000 policiers.

Nous aurions pu éviter de nombreuses morts causées par la pauvreté et ceci sans accroissement des ressources, mais avec une meilleure gestion. Notre priorité devrait notamment être de redéfinir le rôle de chaque institution et d’éviter la superposition des efforts là où l’ONU devrait jouer un rôle moteur. Il est tout aussi important que les pays receveurs de l’aide assument leurs responsabilités, la lutte contre la corruption devant être la priorité de tous les gouvernements. En ce qui concerne l’environnement, nous devons toujours garder à l’esprit que la croissance économique et le progrès ne peuvent être réalisés au prix de notre futur. La société civile devrait user de toute son influence pour tenir responsables ces gouvernements qui croient que les problèmes d’environnement sont de simples questions de souveraineté.

L’Afrique est une des grandes priorités de la politique étrangère du Portugal. Au cours de sa présidence de l’Union européenne s’est tenu le premier Sommet Afrique-Europe : le second aura lieu à Lisbonne en 2003. Concernant l’Angola, les Accords de paix de Bicesse et de Lusaka ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité demeurent les instruments d’une solution politique du conflit dans ce pays. Nous estimons que la présence des Nations Unies y est fondamentale et nous saluons l’intention du Gouvernement angolais d’organiser des élections en 2001. Les événements tragiques qui se sont produits au Timor occidental, le 6 septembre dernier, méritent la condamnation unanime de la communauté internationale et sont la preuve de l’impunité avec laquelle agissent les milices. Deux jours après, les milices ont repris leurs activités à la frontière provoquant la mort de 11 Indonésiens, qui aidaient diverses ONG et organisations internationales. Nous saluons la prompte adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1319 et sa décision d’envoyer une mission d’évaluation au Timor occidental. Il est temps que le Gouvernement indonésien rétablisse la loi et l’ordre dans ce territoire et désarme et démantèle les milices. Nous sommes prêts à travailler avec l’Indonésie et nous participerons au Sommet quadripartite qui se tiendra bientôt à Djakarta entre l’Indonésie, le Timor oriental, l’Australie et le Portugal.

M. HALLDOR ASGRIMSSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l’Islande : Pour éviter les conflits, maintenir la paix et la sécurité internationales, faire de la paix un objectif réalisable nous devons renforcer ensemble le système des Nations Unies et le système légal international. Il est effarant de constater les sommes énormes qui sont dépensées pour l’armement alors que celles-ci pourraient être utilisées pour améliorer la vie de millions d’êtres humains. Bien que n’ayant pas de force militaire, l’Islande a pu participer à des opérations de maintien de la paix et a noté avec intérêt les recommandations du rapport Brahimi concernant l’aspect non militaire de celles-ci.

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L’Islande a aussi décidé d’accéder à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Afin de garantir la crédibilité du Conseil de sécurité dans les années à venir, le processus de réforme doit être accéléré. Les règles du droit international ne suffisent pas si on ne peut les mettre en oeuvre, un système de tribunaux internationaux efficace devant être disponible.

L'Islande se félicite de la proposition d’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée générale la question de la coopération entre l’ONU et l’Union européenne. Il faut faire cesser les violences interethniques à motivations politiques au Kosovo. La Communauté internationale a entrepris une tâche considérable pour y construire une nouvelle structure civile dont les élections d’octobre s’avèrent l’un des défis. Il est très important que les femmes participent au processus politique.

La santé et la gestion responsable des océans sont d’une importance capitale pour l’Islande. Ainsi nous avons créé un processus consultatif informel chargé d’examiner le rapport du Secrétaire général sur les Océans et le droit de la mer. Nous devons respecter les droits souverains des Etats sur leurs ressources naturelles et les compétences des organisations internationales existantes. La Convention du droit de la mer fournit le cadre juridique au sein duquel toutes les activités des océans et des mers doivent être menées. Nous avons besoin de plus d’informations sur les ressources renouvelables des océans. En Islande, nous avons pu fournir une énergie renouvelable à tous les foyers et nous partageons nos connaissances avec les pays en développement par le biais du Programme de formation géothermale des Nations Unies que nous finançons.

M. RASHID ABDULLAH AL-NOAIMI, Ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis : Le récent Sommet du millénaire a apporté la preuve de la volonté politique des dirigeants de la planète de relever les défis posés à la communauté internationale. A cette fin, il est plus important que jamais de se conformer aux principes consacrés par la Charte de Nations Unies et de renforcer le règne du droit international par des moyens pacifiques, dans le respect du principe d’égalité souveraine des Etats et du droit à l’autodétermination. Il convient également de renforcer l’esprit de coopération et de tolérance entre les cultures. Mon pays se félicite de la conclusion de traités frontaliers avec l’Arabie saoudite d’une part, et entre le Koweït et le Yémen d’autre part. Un tel événement, d’importance politique et historique, renforcera les relations de bon voisinage entre les Etats de la région. Dans ce contexte, nous lançons un appel à la République islamique d’Iran pour qu’elle s’engage dans la recherche d’une solution pacifique permettant de mettre fin à l’occupation des trois îles “Greater Tunb, Lesser Tunb et Abu Moussa”, qui nous appartiennent. Les mesures unilatérales prises par l’Iran en ce qui concerne ces trois îles sont illégales et, partant, doivent être considérées comme nulles et non avenues. De telles mesures constituent en fait des violations de la souveraineté territoriale des Emirats arabes unis.

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Dix ans après la fin de la guerre du Golfe, la région continue de subir les conséquences négatives de ce conflit. Il est donc impératif que soient maintenus les efforts politiques et diplomatiques visant au règlement pacifique de la situation. Dans ce cadre, le plein respect des principes de souveraineté territoriale et d’indépendance politique de l’Etat doit être assuré. Dans le même temps, nous invitons le Gouvernement iraquien à respecter ses obligations, particulièrement en ce qui concerne la question des prisonniers koweïtiens.

Tout en réaffirmant notre solidarité vis-à-vis du peuple palestinien, nous lançons un appel aux Etats impliqués dans le processus de paix au Moyen-Orient, particulièrement les Etats-Unis, afin qu’ils continuent de déployer des efforts politiques et diplomatiques pour soutenir et promouvoir les négociations entre Israël et la Palestine. Un tel processus devrait permettre au peuple palestinien d’exercer son droit légitime à l’autodétermination et son droit inaliénable à l’établissement d’un Etat indépendant ayant pour capitale, Jérusalem. Dans ce contexte, nous réaffirmons notre soutien à la volonté légitime de la Syrie de retrouver le territoire du Golan arabe jusqu’aux frontières du 4 juin 1967. Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle demande à Israël de reprendre les négociations avec la Syrie, sur le fondement des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Par ailleurs, tout en se félicitant de la restitution d’une partie de ses territoires au Liban, nous appuyons pleinement les efforts déployés par ce pays en vue de rétablir son entière souveraineté territoriale. Dans le même temps, nous soutenons la levée des sanctions économiques imposées à la Libye qui s’impose d’autant plus que ce pays s’est conformé aux résolutions du Conseil de sécurité le concernant.

Les Emirats arabes unis sont préoccupés par la lenteur des progrès réalisés en matière de non-prolifération des armes de destruction massive, et plus particulièrement des armes nucléaires. Nous demandons aux Etats du Moyen-Orient, de la région du golfe Persique, et de l’océan Indien, d’oeuvrer à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires.

M FELIPE PEREZ ROQUE, Ministre des affaires étrangères de Cuba : Plus d'un demi-siècle après la création des Nations Unies, au seuil du nouveau millénaire, nous nous heurtons à la crise économique, sociale, politique et environnementale la plus grave et la plus complexe dont le genre humain puisse se rappeler. Nous vivons dans un monde marqué par l'exploitation et l'intolérable misère que connaissent plus de 1,3 milliard d'êtres humains.

La prétention d'imposer par la force et sous la pression le soi-disant "droit d'ingérence humanitaire" constitue aujourd'hui la menace la plus grande à la paix et à la sécurité internationales. Le groupe réduit de pays développés qui, présidé par les Etats-Unis et allié aux forces d’argent, a persisté dans sa tentative d'imposer ce dangereux concept, dans les débats et décisions de notre organisation, ne devrait pas craindre les conséquences de la reconnaissance de ce soi-disant droit en matière de relations internationales. Ils ne sont pas comme nous la périphérie euratlantique définie par l'OTAN comme le scénario probable de leurs agressions et ce n'est pas contre eux mais contre nous les pays pauvres que la nouvelle doctrine stratégique de cette alliance est dirigée.

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Le fait que les puissances occidentales, tout en développant de nouveaux engins de mort encore plus sophistiqués, tentent de nous empêcher, nous les pays pauvres, d'utiliser l'armement conventionnel léger, essentiel pour des pays qui, comme Cuba, subissent la menace permanente d'une agression militaire, n'est pas vraiment paradoxal. Assez d'hypocrisie et de pharisianisme. Le monde sera vraiment plus sûr si le désarmement général et complet, y compris le désarmement nucléaire, avait lieu.

Après le Sommet, est venu le moment d'agir, d'adopter des mesures concrètes pour lutter contre la misère et le sous-développement. Cuba, pays pauvre mais détenteur d'un capital humain considérable, a déjà commencé à agir. Cela fait deux ans que nous avons lancé un programme de santé dans le cadre duquel près de deux mille travailleurs cubains apportent leurs services à seize pays d'Amérique centrale, des Caraïbes et d'Afrique subsaharienne.

Le fait de démocratiser les Nations Unies et leur Conseil de sécurité implique des mesures indispensables : abolir le privilège révoltant et anachronique du veto, augmenter le nombre des membres du Conseil afin de le rendre conforme à la multiplication par quatre du nombre des Etats Membres de cette organisation, lui appliquer le principe de la représentation géographique équitable et exiger l'exécution de l'obligation, consacrée par la Charte mais ignorée dans la pratique, de rendre des comptes à l'Assemblée générale.

La réforme du Conseil de sécurité est à ce jour aussi lointaine qu'au début. C'est pourquoi nous croyons qu'il faut au moins oeuvrer à l'augmentation proportionnelle du nombre des membres du Conseil, permanents ou non, en garantissant une représentation adéquate des pays du tiers monde, demande renouvelée énergiquement par le Sommet du millénaire.

M. ABDIKASSIM SALAD HASSAN, Président de la République somalienne : Je voudrais ici rendre hommage à M. Ismael Omar Guelleh, Président de la République de Djibouti, à son Gouvernement et au peuple de Djibouti pour le rôle qu’ils ont joué lors de la Conférence de réconciliation nationale tenue récemment à Arta. Alors que les Conférences de réconciliation précédentes visaient à régler les différends personnels et atténuer des rivalités entre des factions avides de pouvoir, la Conférence d’Arta a insisté sur les engagements et les interactions des différents composants de la société somalienne. Plus de 200 délégués de l’intérieur et de l’extérieur du pays ont assisté à la Conférence. Ceci a conduit à un accord général sur l’adoption d’une Charte de transition, permettant la mise en place d’organes constitutionnels élémentaires : l’Assemblée nationale, le Président, le Conseil des ministres et un système judiciaire indépendant. Les résultats de la Conférence ont reçu le soutien considérable de tout le peuple somalien à l’intérieur et à l’extérieur du pays. La création de l’Assemblée générale et l’élection du Président ont ouvert une nouvelle ère de paix et de stabilité, constituant ainsi le premier pas vers la restauration de l’ordre et de l’autorité centrale. En ce qui concerne les seigneurs de la guerre et les individus qui demeurent en dehors du processus de réconciliation, nous sommes prêts à nous engager avec eux dans un dialogue pacifique.

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Le rôle de la communauté internationale pour nous aider à instaurer la paix et reconstruire le pays est un rôle pivot. Nous apporterons toute l’aide nécessaire aux ONG locales et internationales ainsi qu’aux institutions du système des Nations Unies. Dans l’avenir, le Gouvernement somalien mettra l’accent sur la restauration de la paix, de la stabilité et de l’unité nationale ; sur le désarmement des milices ; le maintien de la loi et de l’ordre grâce à la création d’organes judiciaires efficaces. Nous réaffirmons notre soutien inconditionnel aux principes et objectifs des Nations Unies et nous nous engageons à coopérer avec les organisations régionales et sous-régionales pertinentes. Ma délégation demande à cette Assemblée de faciliter l’adoption d’une résolution intitulée Assistance à la République somalienne concernant les domaines suivants : aide d’urgence des Etats Membres pour la réhabilitation et la reconstruction de la Somalie ; reprise de la coopération économique durable avec la communauté internationale en général et les Etats membres en particulier ; appel aux institutions et organisations pertinentes des Nations Unies pour qu’elles redoublent d’efforts pour fournir une aide financière et matérielle au peuple de la Somalie.

M. PHIL GOFF, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, : Mon pays a toujours considéré que les Nations Unies sont investies d’un rôle majeur en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Dans le contexte de notre engagement actuel au Timor oriental, sans précédent, nous appuyons pleinement les efforts déployés par les Nations Unies en vue de rétablir une démocratie et une économie stables et durables dans ce pays. Si un calme relatif prévaut désormais au Timor oriental, l’action des milices le long des frontières fait toujours obstacle au retour des réfugiés. Il est donc nécessaire de placer sous contrôle des éléments susceptibles de déstabiliser à la fois le Timor oriental et occidental. L’assassinat la semaine dernière, de personnels humanitaires, nous rappelle une telle évidence. A présent, le monde attend que des actions concrètes soient entreprises sans délai, pour assurer la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité visant le désarmement des milices indonésiennes et le retour des réfugiés dans la sécurité. La Nouvelle-Zélande se félicite des recommandations contenues dans le rapport Brahimi s’agissant des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. En effet, la faiblesse des mandats et le manque de ressources financières sont les causes principales de leurs échecs. Nous souhaitons faire remarquer à cet égard que les Etats qui ne s’acquittent pas de leurs obligations financières vis-à-vis de l’Organisation, font peser un lourd fardeau sur les acteurs des opérations de maintien de la paix.

La majorité des Etats Membres des Nations Unies appellent de leurs voeux une réforme du Conseil de sécurité, pour en faire un organe plus représentatif et transparent. Au coeur de cette réforme, l’on trouve la question du droit de veto. S’il n’est pas possible de mettre un terme à cette prérogative, soumettre son exercice à des conditions particulières s’impose. Il semble toutefois qu’il y ait un large consensus à l’Assemblée générale sur la nécessité de se saisir de la question du droit de veto.

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Lors du Sommet du millénaire, les dirigeants mondiaux se sont accordés sur la nécessité d’agir en vue de l’élimination des armes de destruction massive, particulièrement celle des armes nucléaires. Les résultats de la Conférence sur la révision du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, qui s’est tenue en mai dernier, a témoigné de la volonté des cinq puissances nucléaires de parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires dont elles disposent. Cette question, urgente, doit faire l’objet de nouveaux engagements de la part des Etats concernés et la Nouvelle-Zélande présentera une résolution en ce sens. Mon pays, en partenariat avec le Brésil, encouragera la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans l’hémisphère sud. Nous demandons à tous les pays qui ne l’ont pas encore fait, de ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. La Nouvelle-Zélande souhaite attirer l’attention sur le fait que les décisions prises en matière de missiles nucléaires sont susceptibles de relancer la course aux armements nucléaires. De telles décisions sont par ailleurs contraires à l’engagement visant l’élimination totale des armes nucléaires.

Les sanctions économiques sont un outil important dont dispose le Conseil de sécurité pour contraindre au respect de ses résolutions. Toutefois, les sanctions devraient toujours être correctement ciblées pour s’accompagner d’un effet maximum. Elles ne devraient pas comprendre des mesures frappant les populations innocentes.

M. CHARLES P. GOMIS, Ministre des relations extérieures de la Côte d’Ivoire : Si nous reconnaissons les avantages de la mondialisation, il nous semble cependant qu’elle ne prend pas suffisamment en compte les préoccupations des pays en développement, notamment celles des pays africains. En effet, le taux de participation de l’Afrique au commerce international demeure encore en dessous de 2%. En Afrique subsaharienne, la misère est restée presque la même qu’il y a 20 ans. C’est pourquoi nous appelons de tous nos voeux l’intégration de l’Afrique aux efforts visant à la construction de la nouvelle architecture financière et économique mondiale. La pauvreté et la misère sont exacerbées par le poids de la dette sur les économies des pays en développement. Le Gouvernement de la Côte d’Ivoire continue de consacrer 52% de ses recettes budgétaires au remboursement de sa dette extérieure.

La Côte d’Ivoire considère que pour la résolution des conflits, la diplomatie préventive doit être renforcée et conçue comme une dimension complémentaire des opérations de maintien de la paix sur le terrain. Nous espérons que l’excellent rapport Brahimi trouvera auprès des Etats Membres l’attention qu’il mérite. La Côte d’Ivoire tient également à réaffirmer la position de l’Organisation de l’Unité africaine qui réclame deux sièges permanents et deux nouveaux sièges non permanents au Conseil de sécurité.

Le 24 décembre 1999, mon pays a enregistré sa toute première expérience de changement institutionnel en dehors des urnes. Cette accélération inattendue de l’histoire dans mon pays suscite la préoccupation de la communauté internationale, la Côte d’Ivoire jouant un rôle irremplaçable de régulateur en Afrique de l’Ouest. Le 23 juillet le peuple ivoirien s’est prononcé par référendum sur les nouveaux projets de constitution et de code électoral. Il convient de rappeler que le pouvoir militaire n’a pas pris part à leur rédaction. C’est la société civile qui a rédigé et soumis au Gouvernement les textes refondateurs que celui-ci n’a fait que proposer à la sanction populaire.

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Les 86,23% de participation devraient suffire à mettre un terme aux débats et spéculations qui ont précédé et suivi le referendum. Que la communauté internationale se rassure donc. Le peuple de Côte d’Ivoire se prononcera le 22 octobre prochain grâce à des élections justes et transparentes sur les candidats dont l’éligibilité aura été établie par la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême. La Côte d’Ivoire demeure à ce jour le seul pays au monde où la population étrangère représente plus de 40% de la population. C’est pourquoi nous pensons que la volonté du peuple ivoirien de confier un seul poste politique, celui de Président de la République, à un citoyen aux origines établies ne devrait pas servir de prétexte à la propagation d’informations malveillantes sur notre pays et sur son peuple.

M. KAMAL KHARRAZI, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran : Considérées comme le seul organe véritablement universel, les Nations Unies sont les seules à pouvoir promouvoir des changements démocratiques à l’échelle mondiale. L’ONU est la seule institution qui permette à tous de bénéficier des transformations mondiales. Ainsi que l’a affirmé le Secrétaire général, les coûts et les bénéfices de la mondialisation n’ont pas été universellement répartis. La mondialisation est une réalité économique, sociale et culturelle que nous devons gérer de façon collective. A cet égard, l’une des tâches essentielles consiste à s’assurer de la répartition équitable de ses bénéfices. La mondialisation a par ailleurs accru la complexité des menaces que représentent le terrorisme, le crime organisé et le trafic des drogues. Elle rend d’autant plus nécessaire l’adoption de règles et stratégies communes pour éradiquer de tels phénomènes. Le terrorisme qui menace la communauté internationale dans son ensemble, doit être combattu à l’échelle mondiale. Aucun pays ne saurait, seul, lutter contre ce fléau. Nous avons besoin de mécanismes généraux et non discriminatoires pour lutter contre le terrorisme et les Nations Unies ont un rôle indispensable à jouer à cet égard. L’efficacité de la lutte contre le trafic et l’usage de stupéfiants passe, elle aussi, par la mobilisation de la volonté politique internationale et par un partage de ses coûts. Nous nous félicitons de l’aide apportée à notre pays par les Nations Unies en la matière, même si la faiblesse des ressources financières allouées à cette tâche n’ont pas permis de mettre en oeuvre la totalité du programme qui était prévu.

Nous devons faire de la mondialisation de la culture un processus de participation démocratique mondiale. Les Nations Unies peuvent encourager un tel processus en oeuvrant à la promotion du dialogue entre les différentes cultures. A cet égard, le fait que l’année 2001 ait été consacrée “Année du dialogue entre les civilisations” est une première étape. Le dialogue devrait devenir le nouveau paradigme des relations internationales. La définition de programmes sérieux et l’engagement de tous devraient faire de cette volonté de dialogue une réalité significative.

La situation de la Palestine illustre l’incapacité de la communauté internationale à rendre justice à des millions de personnes privées de leur terre et victimes de l’occupation étrangère. En réalité, le déni constant par les Israéliens des droits du peuple palestinien, associé aux politiques sionistes d’agression, au terrorisme d’Etat et à l’acquisition d’armes de destruction massives continuent de faire peser les menaces les plus lourdes sur la paix dans la région.

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Il est impératif de relancer des négociations multilatérales en matière de désarmement nucléaire. A cet égard, la proposition du Secrétaire général de convoquer une Conférence internationale sur les armes nucléaires est louable. Par ailleurs, Israël devrait être incité à devenir partie au Traité de non- prolifération des armes nucléaires et à placer ses installations sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.