En cours au Siège de l'ONU

AG/1056

PLUSIEURS DELEGATIONS INSISTENT SUR L'IMPORTANCE D'UN VERITABLE PARTENARIAT DES NATIONS UNIES AVEC LE SECTEUR PRIVE

14 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1056


PLUSIEURS DELEGATIONS INSISTENT SUR L'IMPORTANCE D'UN VERITABLE PARTENARIAT DES NATIONS UNIES AVEC LE SECTEUR PRIVE

20000914

Appui aux conclusions du rapport Brahimi sur les opérations de paix de l’ONU

La mondialisation a de nouveau été au centre des discours prononcés jeudi après-midi dans le cadre du débat général de l'Assemblée. Soulignant que les inégalités entre pays et au sein des pays ont progressé, plusieurs des Ministres ou Vice-Ministres des affaires étrangères qui ont pris la parole ont demandé que l'ONU encadre la mondialisation et fasse en sorte qu'elle profite à tous les peuples. Aujourd'hui, le contraste entre le développement technologique d'un côté, et la misère d'une partie de l'humanité de l'autre, ne nous honore guère. Le Ministre roumain des affaires étrangères a insisté sur la nécessaire promotion des valeurs humaines et notamment de la solidarité, en mettant un accent sur la solidarité dans la formation des jeunes. Il a aussi demandé que les différents partenaires fassent preuve de responsabilité face aux forces de la mondialisation. Pour l'ONU, cela signifie notamment le renforcement de son autorité et de son efficacité. Pour les Etats, cela suppose de donner à l'ONU les moyens politiques et concrets de son action. Mais les autres acteurs de la société internationale sont aussi concernés: ONG et entreprises transnationales, ces dernières ne pouvant se contenter de récolter les profits personnels de la mondialisation à laquelle elles contribuent. Le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas a lui aussi constaté le rôle croissant du secteur privé dans la vie internationale et a jugé indispensable que l'ONU forge avec le monde des affaires un vrai partenariat.

De son côté, le Ministre des affaires étrangères du Canada a noté que la mondialisation et le rôle croissant de l'économie transnationale constituent des facteurs d'érosion de la souveraineté nationale. C'est aussi le cas des interventions humanitaires, la sécurité des populations entrant parfois en conflit avec les intérêts des gouvernements. Le Ministre a rappelé que son pays avait, pour réfléchir sur la question, créé une Commission internationale indépendante, et il a invité les Etats à participer à cette entreprise.

A propos des opérations de paix, plusieurs orateurs ont apporté leur soutien aux conclusions du rapport Brahimi. Certains ont également rappelé que la priorité doit être donnée avant tout à l'action diplomatique, qui est toujours en fin de parcours, même lorsque celui-ci est pavé de victimes humaines et de destructions matérielles. Plusieurs orateurs ont aussi souhaité qu'on insiste davantage sur la prévention des conflits, ce qui suppose la recherche de leurs causes profondes. Comme celles-ci peuvent être d'origine économique ou sociale, la prévention des conflits rejoint l'aide au développement. Les programmes d'assistance économique doivent aussi accompagner les missions d'après-conflit.

Les Ministres ou Vice-Ministres des affaires étrangères des pays suivants ont pris la parole: Canada, Jamaïque, Lituanie, Arabie saoudite, Pays-Bas, Algérie, Costa Rica, Roumanie, Jordanie, Grèce, Espagne et Guinée.

En fin de séance, le Royaume-Uni, le Burkina Faso et la Guinée ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 15 septembre, à 10 heures.

Suite du débat général

M. LLOYD AXWORTHY, Ministre des affaires étrangères du Canada : La semaine dernière nos dirigeants ont lancé ici un message d’espoir et de détermination. Leurs paroles ont clairement signifié que nous avons tous besoin des Nations Unies. L’ONU est la seule organisation qui incarne les valeurs universelles, qui offre une tribune mondiale pour le règlement des problèmes communs. Cependant, un autre message est ressorti de ce Sommet: il concerne la question de savoir si les Nations Unies sont de leur temps, si nous, les Etats Membres, intendants de l’Organisation et gardiens de la Charte, avons la volonté politique de soutenir le renouveau et la modernisation. Aux Nations Unies, le débat reste déterminé par des notions rigides de souveraineté nationale et des conceptions étriquées de l’intérêt national. L’action de l’ONU reste entravée par des structures institutionnelles inflexibles qui sont de plus en plus repliées sur elles-mêmes, poussées par leur propre intérêt plutôt que par l’intérêt de ceux et celles qu’elle est destinée servir. Le Secrétaire général propose une vision au service des gens du monde et en phase avec eux. Le projet n'est pas nouveau pour le Canada. La promotion de la sécurité humaine est au centre de notre approche face à notre monde en mutation. Nos dirigeants ont souscrit à cette nouvelle vision dans leur Déclaration du Sommet. Cependant, si nous avons vraiment convenu que la sécurité signifie plus que la protection des frontières, c’est maintenant qu’il faut agir pour traduire les bonnes intentions de la semaine dernière en action résolue.

Aujourd’hui, la plupart des guerres se livrent à l’intérieur d’Etats en déroute. Dans ce contexte, c’est la victimisation des civils qui est le mobile, le moyen et la manifestation du conflit. Pour que le Conseil de sécurité s’acquitte de sa responsabilité envers ces gens, il faut que leur protection soit au centre de ses travaux, non à la périphérie. C’est le projet que le Canada a apporté au Conseil de sécurité. Je tiens à reconnaître que le Conseil se montre à la hauteur des nouveaux défis. Il a notamment reconnu qu’il est essentiel de s’occuper de ce type de questions pour monter des opérations de soutien de la paix efficaces et a consacré cette reconnaissance dans des résolutions récentes. Le rapport Brahimi, propose aussi un plan d’action. Il s’agit d’une stratégie complète visant à renforcer les capacités de l’ONU à aider les gens. Le Canada appuie les constatations du groupe. Le plus difficile et de loin, lorsqu’il s’agit de protéger les civils lors des conflits armés, c’est de faire face aux situations où les abus sont les plus graves. Nous avons besoin d’une nouvelle forme de dissuasion face à ces comportements. La création d’une Cour pénale internationale, voilà cette arme de dissuasion. Le statut de la Cour offre une occasion inespérée de remédier à une des pires déficiences du système international. Je conjure tous les gouvernements qui ne l’ont pas fait de signer le Statut de Rome d’ici décembre et de le ratifier d’urgence, afin que les peuples du monde obtiennent enfin justice.

La prévention constitue par ailleurs le meilleur type d’intervention. Cependant, lorsque les mesures échouent, la question de l’intervention du Conseil de sécurité dans ces situations présente de multiples difficultés et controverses. Rien ne menace plus l’avenir des Nations Unies que cette apparente contradiction entre les principes et l’exercice du pouvoir, entre la sécurité des populations et les intérêts des gouvernements, bref, entre l’intervention humanitaire et la souveraineté. Notre programme collectif

n’est pas celui des Etats-nations. Le Secrétaire général nous a invités à réfléchir sur ce que signifie être un Etat souverain responsable. Le Canada a réagi en créant une Commission internationale indépendante de l’intervention et de la souveraineté des Etats, qui a pour objet de contribuer à élargir les connaissances sur cette question et à favoriser l’émergence d’un consensus politique mondial sur la voie à suivre. Elle amorcera ses travaux durant cette année et présentera ses recommandations dans 12 mois. Je vous demande de participer à cette entreprise. Le Canada espère que la nouvelle Commission pourra dissiper l’anxiété qui entoure les questions de l’intervention et de la souveraineté en jetant un pont semblable entre nos nations actuelles et, ce faisant, aidera à définir la voie que pourront suivre les gouvernements et l’ONU pour résoudre le dilemme international le plus difficile du XXIème siècle.

Cette semaine, le Canada organise la Conférence internationale sur les enfants touchés par la guerre à Winnipeg avec deux objectifs: formuler un plan mondial de grande portée et susciter la volonté politique qui permettra de le mettre en oeuvre. Nous espérons que ces efforts aideront les enfants traumatisés par la guerre et que, en dernière analyse, ils contribueront à faire en sorte qu'ils ne participent plus aux conflits et qu'ils n'en soient plus victimes.

M. PAUL ROBERTSON, Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque : Durant la décennie écoulée, nous avons cherché à recentrer et à coordonner le débat sur le développement en traitant de sujets essentiels dans une série de conférences mondiales. Mais les stratégies alors adoptées n’ont donné que peu de résultats. Et les efforts de développement ont été limités par les défis de la mondialisation et de la libéralisation des échanges commerciaux. Le développement durable, ne peut être obtenu sans croissance économique et sans expansion. C’est cette possibilité que la mondialisation a manqué jusqu’ici d’apporter à la majorité des états en développement. Pour les petits Etats insulaires comme la Jamaïque, il existe d’autres défis pour leur développement: les limites économiques et celles du marché, de même que l’insuffisance des ressources de base, la fragilité de l’écosystème et l’exposition aux catastrophes naturelles. Des décennies de développement peuvent être anéanties par un seul cyclone et la reconstruction engloutit alors d’importantes ressources pendant plusieurs années.

En matière de commerce, il faut revoir les injustices d’un système mondial qui permet à des pays développés de maintenir des politiques protectionnistes, alors que les petits Etats en développement se trouvent exposés à un environnement commercial hostile. La Jamaïque est particulièrement déçue des négociations en cours pour tenter de trouver un accord compatible avec l’OMC sur le commerce des bananes. La détérioration des termes de l’échange accroît le fardeau de la dette et la communauté internationale devrait appliquer les accords de réduction de la dette déjà conclus et en trouver d’autres. Si nous devons jeter les fondations d’un nouveau monde libéré de la pauvreté, une plus grande coopération et une meilleure coordination sont nécessaires entre les grandes organisations et institutions intergouvernementales chargées du commerce international, de la finance et du développement. Il est encourageant de constater qu’une telle coopération a déjà été explorée mais nous avons besoin d’engagements solides. Quant au dialogue Sud-Sud, il ne peut être sous-estimé: la Déclaration et le Programme d’action du Sommet de La Havane ont marqué une relance de l’esprit du Sud.

Nous souhaitons que les organes et agences des Nations Unies continuent de jouer un rôle central dans les activités opérationnelles de développement et nous sommes très préoccupés de la réduction des ressources en ce sens. Cette évolution est en contradiction absolue avec les engagements expressément consentis en faveur d’une assistance multilatérale au développement. La Jamaïque remercie les agences opérationnelles des Nations Unies qui travaillent sur son sol, notamment le FNUAP, le PNUD, l’UNICEF et les Volontaires des Nations Unies.

Avec la fin de la guerre froide, le fonctionnement du Conseil de sécurité a profondément changé. Celui-ci cherche désormais une stratégie efficace pour traiter des nouveaux impératifs du maintien de la paix et de la construction de la paix. Nous devons insister davantage sur la prévention des conflits plutôt que d’attendre qu’ils échappent à tout contrôle. La Jamaïque soutient fermement l’adoption d’une stratégie globale pour traiter des causes profondes des conflits. Pour être efficace, la prévention, le maintien de la paix ou l’édification de la paix doivent incorporer une composante de développement et fournir les moyens de renforcer les institutions civiles, particulièrement en cas de reconstruction après un conflit. Nous devons fournir à la machine onusienne les moyens d’une action efficace à toutes les étapes du processus de paix, ce qui suppose là encore des ressources adéquates.

Le commerce international illicite des armes légères contribue largement à l’escalade de la violence dans les zones de conflits et d’après-conflits. Mais ce phénomène concerne aussi des zones qui ne sont pas en conflit et est lié au trafic mondial de stupéfiants, qui mine des démocraties comme la Jamaïque. Des mesures urgentes sont nécessaires et la Jamaïque attend avec intérêt la première conférence internationale sur les petites armes et armes légères, l’an prochain. Le transit des déchets nucléaires ou toxiques est lui aussi un sujet de préoccupation, notamment au sein de la Communauté caraïbe, et la Jamaïque cherche à coopérer avec d’autres états ayant les mêmes préoccupations, afin de favoriser l’adoption d’un régime de compensation et de responsabilité en cas d’accident.

La Jamaïque a signé, le 8 septembre, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Elle est heureuse d’annoncer que l’Autorité internationale des fonds marins a achevé la mise au point de son projet de code minier, étape importante du processus destiné à permettre à toutes les nations de participer à l’exploitation commune des ressources de fonds marins.

Dr. OSKARAS JUSYS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Lituanie : Nous croyons tous en la valeur et dans le potentiel des Nations Unies. L’Organisation ainsi que les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du travail et beaucoup d’autres organisations internationales sont devenues des mécanismes indispensables pour atteindre les objectifs de paix durable, de développement et d’économie mondiale et s’assurer que ces objectifs soient profitables à tous. Le monde n’a jamais connu autant de problèmes à une si grande échelle. Les objectifs du Sommet du millénaire impliquent des engagements visant la réduction de la pauvreté, l’égalité économique, la lutte contre l’épidémie du VIH/sida et l’encouragement de l’éducation. Cela requiert une coopération des Nations Unies et des organisations internationales.

Les Nations Unies doivent être dotées de moyens efficaces pour le maintien de la paix. La Lituanie encouragera tout effort en ce sens et elle est prête à y participer activement. Les propositions du rapport Brahami, à cet égard, sont approuvées par nos dirigeants. En Afrique, nous encourageons les organisations régionales, telles que l’OUA, et l’implication de la société civile et du monde des affaires. En ce qui concerne le Timor oriental, le Kosovo et la Sierra Leone, nous devons répondre à leurs attentes. La Lituanie participe activement aux organisations internationales et aux opérations de maintien de la paix. En particulier, nous avons un bataillon commun avec la Pologne. Au niveau régional, notre priorité est de devenir des partenaires de l’Union européenne et de l’OTAN. Dans notre sous-région, nous soulignons les efforts que nous avons faits pour améliorer la démocratie et l’économie. Avec la Pologne, la Lettonie et l’Estonie, nous avons développé des relations importantes et espérons que nous pourrons poursuivre des relations de bon voisinage avec la Russie.

Des efforts importants sont nécessaires pour réduire la prolifération des armes légères, diminuer le nombre de missiles et matérialiser le désarmement nucléaire. Les droits de l’homme méritent aussi une considération particulière et notamment dans notre région où les peuples connaissent la transition post- communiste. Les personnes responsables de génocide, de crimes contre l’humanité et crimes de guerre ou d’agression doivent être traduites en justice. Il est souhaitable que la Cour pénale internationale commence à travailler dès que possible. La Lituanie ratifiera le Statut de Rome d’ici la fin de l’année. Nous avons, par ailleurs, adopté une loi sur l’égalité des chances et veillons à l’égalité sociale, économique, éducative et politique. Les Nations Unies doivent aussi veiller à la sécurité et au bien-être des peuples, avec des moyens nouveaux. En cela, la réforme du Conseil de sécurité doit être un objectif premier, afin de lui donner une plus grande autorité. Nous souhaitons qu’un siège supplémentaire de membre non permanent soit prévu pour le groupe d’Europe de l’Est. Enfin, concernant les ressources financières de l’ONU et les opérations de maintien de la paix, la participation des Etats doit être établie en fonction de la situation de leur économie.

M. NIZAR OBAID MADANI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Arabie saoudite : Nous voyons la mondialisation comme un phénomène qui doit refléter les relations étroites qui s’établissent naturellement entre les nations pour réaliser la justice sociale, le développement, l'égalité entre les nations et le renforcement de la coopération afin de servir la paix, la sécurité et la stabilité à travers le monde. L'appel des Nations Unies pour un dialogue entre les civilisations en l’an 2001 vient au moment approprié car il constitue la réponse civilisée à ceux qui propagent les thèmes de théories des conflits et de choc des civilisations. Un tel dialogue contribuera à renforcer les valeurs et les principes de compréhension et de coopération entre les civilisations. Il permettra de promouvoir le respect pour les croyances religieuses des autres nations afin de consolider la coexistence pacifique et de diffuser la culture de la paix et de la tolérance. S’écarter des valeurs et des principes de justice et du non-respect des fondements du droit international dans la résolution des différends a conduit à la dissémination des conflits armés de par le monde. Israël continue de prendre des positions intransigeantes et de ne pas répondre aux obligations de la paix. A Camp David, elle a pris des positions diamétralement opposées aux principes de paix convenus à Madrid et aux résolutions des Nations Unies relatives au statut de Al-Quads Al Sharif. Le communiqué final de la récente réunion du Comité de Jérusalem qui s'est tenue au Maroc et la résolution du Conseil ministériel de la Ligue arabe ont réaffirmé les positions arabe et islamique concernant Al-Quads Al Sharif et la paix complète et durable selon lesquelles rien ne pourra être réalisé si les droits des Arabes et des Musulmans ne sont pas respectés conformément avec les résolutions de l'ONU et dans le respect de la souveraineté palestinienne sur Al-Quads Al Sharif. Al-Quads Al Sharif est une partie intégrante des territoires occupés et une paix complète ne sera en outre pas réalisée sans un retrait israélien du Golan syrien occupé jusqu'à la ligne du 4 juin 1967.

Nous espérons que le Gouvernement iraquien respectera sans plus tarder la résolution 1284 du Conseil de sécurité et le mandat de la Commission spéciale des Nations Unies. Nous espérons également que l'Iraq va procéder à la libération des prisonniers koweïtiens. Nous espérons également que la République islamique d'Iran va coopérer avec les Emirats arabes unis en vue de trouver une solution pacifique à leurs différends sur les îles. La continuation des différends tels que ceux en Afghanistan et entre le Pakistan et l'Inde appellent l'action de la communauté internationale en vue de trouver une solution pacifique à ces conflits. A cet égard, nous attendons de l’Organisation des Nations Unies qu'elle renforce son rôle dans la prévention des conflits car la prévention a prouvé être plus efficace et moins coûteuse que le maintien de la paix. Dans ce contexte, notre région a été le témoin du règlement pacifique des conflits entre l'Arabie saoudite et le Yémen et l'Arabie saoudite et le Koweït.

Préoccupée par le désarmement, l'Arabie saoudite déplore le refus d'Israël de signer le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et le fait qu'elle maintienne son programme nucléaire hors de portées du contrôle international. Ce refus a annulé tous les efforts des peuples de la région visant à vivre dans une zone exempte d'armes de destruction massive. Il est impératif de rendre le TNP universel et obligatoire.

M. JOZIAS VAN AARTSEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas : Le rôle des Nations Unies dans le domaine de la prévention ou de la limitation des conflits armés a été conçu pour être le but principal de l’Organisation. Le rapport Brahimi a montré comment, en dépit de cela, la fonction de maintien de la paix des Nations Unies est devenue son talon d’Achille. Les recommandations de ce rapport méritent d’être mises en oeuvre et le plus vite sera le mieux. Actuellement, le Gouvernement et le Parlement des Pays-Bas étudient la manière dont notre pays peut améliorer sa contribution au maintien de la paix.

Je voudrais par ailleurs profiter de l’occasion qui m’est offerte de m’exprimer ici, pour défendre la mise en place de liens plus étroits entre les Nations Unies et le secteur privé. Pour élaborer notre stratégie d’avenir, nous avons besoin de nous poser les questions suivantes: qui conduit réellement le monde aujourd’hui, où et comment les affaires du monde sont-elles conduites et comment faut-il positionner les Nations Unies face à ces constatations? L’ONU est composée d’Etats Membres. Toutefois, l’internationalisation a érodé le concept de souveraineté. De plus, les Etats ne sont plus comme autrefois des entités autonomes poursuivant des intérêts nationaux particuliers. Leurs actions dépendent aujourd’hui fortement des pressions économiques, des flux d’informations et des mouvements de population.

D’autres acteurs sont apparus sur les scènes internationale comme nationale, à savoir, la société civile et le secteur privé. Les Nations Unies ne peuvent actuellement pas espérer travailler efficacement sans le concours des ONG. Les ONG ont accès à l’ONU à différents niveaux et participent à de nombreuses discussions. Le secteur privé en revanche a été tenu à l’écart par la diplomatie onusienne traditionnelle. La communauté des affaires et les sociétés multinationales ont été perçues comme des adversaires ou des ennemis des intérêts publics internationaux. On a privilégié la confrontation plutôt que le dialogue. Toutefois, aujourd’hui le monde des affaires prend de plus en plus conscience de la nécessité de mettre en place des politiques industrielles responsables et du rôle qui revient au secteur privé pour définir des intérêts allant au-delà des bénéfices immédiats. Aujourd’hui nous vivons à l’ère de la responsabilité partagée et dans ce contexte le secteur privé a aussi une part de responsabilité à assumer en ce qui concerne l’avenir de la planète. Car sans planète, il n'y aura pas de profit. Le secteur privé doit reconnaître qu’il est de son intérêt d’assumer une part de responsabilité équivalente à son poids dans les relations internationales et à l’influence qu’il exerce au niveau national.

Des rôles différents, une responsabilité partagée: ce concept doit s’enraciner aussi au sein de cette Organisation. L’ONU ne peut espérer jouer un rôle crédible de galvanisateur en vue de surmonter les défis du siècle à venir, si elle ne peut apporter la preuve que ses actions et ses débats reflètent la réalité du monde extérieur. A cet égard, le Pacte mondial du Secrétaire général qui arrive à un moment tout à fait opportun, mérite le soutien actif de la communauté internationale. Je comprends le doute de certaines ONG ou encore de diplomates qui craignent que, se drapant du drapeau de l’ONU, les multinationales deviennent intouchables. Mais le Pacte mondial n’est pas un cheval de Troie. Nous avons donné à la société civile un accès structurel aux Nations Unies. La société privée ne dispose pas de ce type d’accès et nous devons créer des voies de communication avec ce secteur au sein de l’Organisation afin qu’il puisse se joindre à ses discussions.

Aujourd’hui, les Etats sont devenus des intermédiaires entre l’économie mondiale et les sociétés nationales. Ce qui nous pousse à nous poser la question de savoir où sont gérées les affaires du monde et à prendre conscience du changement qu’a de ce fait subi la diplomatie. La mondialisation économique a eu pour effet de déplacer le centre d’attention de l’ONU vers d’autres institutions, tels que le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Banque mondiale. Aujourd’hui, les ministres des affaires étrangères travaillent au coude à coude avec leurs collègues en charge du développement mais aussi avec les ministres des finances, du commerce. Les affaires internationales sont de plus en plus liées à l’économie. Si l’ONU désire conserver un rôle pertinent dans les années à venir, il est indispensable qu’elle forge un partenariat avec le secteur privé.

M. ABDELAZIZ BELKHADEM, Ministre d’Etat et Ministre des affaires étrangères de l’Algérie : Le monde a évolué en un laps de temps très court et le phénomène de la mondialisation approfondit les craintes des pays en développement, les relations internationales actuelles étant caractérisées par l’injustice et le déséquilibre. L’ONU fait donc face à des défis nouveaux impliquant la nécessité d’une réforme radicale, en particulier pour le Conseil de sécurité qui doit être plus représentatif. L’ouverture de l’ONU est une nécessité et requiert la participation de la société civile, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et du logement. Sur la question de l’intervention humanitaire, nous réclamons que des termes de référence soient établis de façon claire et précise, adoptés démocratiquement et reflétant la volonté des nations. En matière de désarmement, l’organisation a pu réaliser des acquis considérables, comme la signature de nombreuses conventions. Pour le terrorisme, l’ONU a adopté des instruments juridiques qui enrichissent la législation internationale et nous espérons l’adoption d’une convention internationale globale de lutte contre le terrorisme.

L’Algérie est disposée à oeuvrer avec ses partenaires du Maghreb pour réactiver le processus de l’unité maghrébine et elle n’a ménagé aucun effort pour contribuer à trouver une solution juste et définitive au problème du Sahara occidental. L’Algérie a appuyé le plan de règlement de l’ONU auquel adhèrent les deux parties. Aujourd’hui, la phase est délicate, mais aucune raison ne justifie le blocage du processus référendaire. Mon pays réaffirme aussi son attachement au processus méditerranéen. En ce qui concerne le Moyen-Orient, l’Algérie réaffirme son soutien au peuple palestinien dans son combat pour jouir de la totalité de ses droits légitimes, ainsi qu’au peuple syrien frère dans son droit de récupérer le Golan occupé. Elle est satisfaite et fière du Liban qui a recouvré sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. L’Algérie réaffirme une fois encore la nécessité de lever l’embargo qui frappe si durement le peuple iraquien frère et la levée définitive des sanctions imposées aux peuples frères de Jamahiriya arabe libyenne et du Soudan. En Afrique, l’espace démocratique ne cesse de s’élargir et c’est dans ces conditions que le Sommet de l’OUA à Alger en 1999 a décidé de ne plus reconnaître les changements constitutionnels. Les dirigeants africains s’efforcent de développer la prévention des conflits comme ceux qui ont causé des catastrophes humanitaires. L’Algérie, en sa qualité de Président de l’OUA durant l’année écoulée a déployé des efforts importants en ce sens. Ces démarches ont abouti à l’Accord d’Alger relatif à la cessation des hostilités entre l’Ethiopie et l’Erythrée. En ce qui concerne le conflit en République démocratique du Congo, soeur, l’Algérie a également multiplié les initiatives, le Président Abdelaziz Bouteflika ayant intensifié ses efforts pour amener les parties au conflit à trouver une solution pacifique négociée. Plus d’un an après l’Accord de Lusaka, nous déplorons les revers subis par le processus de paix en RDC. S’agissant de l’Angola, nous réaffirmons la responsabilité de l’UNITA dans la poursuite de la situation de guerre, mais enregistrons avec satisfaction l’efficacité nouvelle des sanctions imposées par le Conseil de sécurité. En Sierra Leone, la solidarité de la communauté internationale doit aller de pair avec une attitude de rigueur à l’égard des criminels coupables d’actes ignobles à l’égard des civils.

Les contrastes entre le développement technologique et la misère de l’humanité comportent des contradictions qui ne nous honorent guère. M. Kofi Annan a reconnu que les bienfaits de la mondialisation restent limités à un groupe restreint de l’humanité et nous devons trouver des remèdes aux déséquilibres. Cela passe nécessairement par le règlement du problème de l’endettement des pays du tiers monde et une réactivation réelle de la coopération au développement, la promotion des investissements et l’ouverture des marchés des pays du Nord devant les produits des pays du Sud.

M. ROBERTO ROJAS, Ministre des affaires étrangères de la République du Costa Rica : Il nous incombe désormais d'identifier les mesures nécessaires pour construire un futur prospère, une société juste et une civilisation plus humaine. Il est indispensable d'adopter des mesures efficaces pour créer une société et une communauté internationale plus juste et plus équitable. Nous devons établir une société dont l'objectif est de promouvoir le bien-être physique, intellectuel et spirituel de tous, une société centrée sur les idées, la créativité et non sur le pouvoir de la richesse. Les Nations unies doivent jouer un rôle central dans la construction d'une telle société. Bien que nous ne puissions pas ignorer les succès de l'Organisation, notamment du Haut Commissaire aux réfugiés et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance,, il est clair que le monde attend des Nations Unies qu'elle joue un rôle de chef de file en se basant sur les principes qui fondent l'Organisation. Il faut formuler un nouveau paradigme politique et philosophique capable de rassembler la volonté politique des Etats et les ressources nécessaires afin de permettre aux Nations Unies de réaliser ses objectifs. Dans le monde contemporain, chaque conflit armé, chaque guerre civile, chaque violation flagrante des droits de l'homme, chaque urgence humanitaire, qu'elle soit causée par l'homme ou par la nature, appellent l'action coordonnée de la communauté internationale à travers l'ONU. Par conséquent, il convient de revitaliser le Conseil de sécurité afin d'en accroître la légitimité et la capacité d'agir. Le Conseil de sécurité ne doit en aucun cas renoncer à son rôle même s'il n'est pas mesure de trouver une solution rapide ou peu onéreuse aux crises auxquelles il fait face. De plus, nous ne pouvons accepter la mise en place d'opérations de maintien de la paix qui seraient dépourvues de ressources humaines et matérielles insuffisantes au point de devenir sans intérêt. Il faut que le Conseil de sécurité ait des objectifs ambitieux mais il faut qu'ils soient réalistes dans l'établissement des mandats et l'allocation des ressources. Le Costa Rica s'oppose énergiquement à l'imposition de sanctions quand elles affectent des populations innocentes.

Les Nations Unies doivent non seulement promouvoir la paix mais aussi la justice sociale, la démocratie et le développement. L'action de l'Organisation doit associer le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale, le Conseil économique et social, le Haut Commissaire aux droits de l'homme et le Programme des Nations Unies pour le développement. Nous appuyons en particulier le renforcement du rôle de l'ECOSOC afin de lui donner la capacité de contrôler et de coordonner la mise en oeuvre des activités des Nations Unies dans les domaines économique, social, culturel, et en matière d'environnement. La promotion de la démocratie, du développement économique et social sont les instruments indispensables pour créer les conditions requises au développement complet. Seul un système démocratique qui offre à tous les citoyens les opportunités de bénéficier du développement économique

permettra un développement juste et durable. Il convient en ce sens d'allouer plus de ressources à l'éducation et à la santé et d'accorder une attention particulière à la famille. Il est important de démocratiser la mondialisation et d'assurer aux pays en développement la possibilité de bénéficier des avantages de la mondialisation en établissant des mécanismes commerciaux ouverts ainsi que l'accès à la révolution numérique.

M. PETRE ROMAN, Ministre des affaires étrangères de Roumanie : La mondialisation crée des opportunités à l’expansion commerciale, économique et financière. Mais une meilleure compétitivité technologique et la liberté économique ne génèrent pas automatiquement plus d’équité. La mondialisation doit être contrôlée. Les Nations Unies devraient remodeler son action afin que la mondialisation soit bénéfique pour toutes les nations et que ses excès soient corrigés. Pour que la mondialisation soit plus proche des gens, il faut promouvoir les valeurs humaines, principes et pratiques démocratiques; une culture politique du pluralisme, de l’inclusion et de l’ouverture; des économies assurant une vie décente à tous les citoyens et la prospérité de la société dans son ensemble; et des institutions qui protègent tant l’individu avec tous ses droits et libertés fondamentales que le bien commun. Il faut un effort commun pour élargir le système des valeurs partagées par la communauté internationale et particulièrement élargir l’accès des jeunes aux nouvelles technologies dans le cadre d’une solidarité dans la formation et l’allocation d’un capital éducationnel.

Cette solidarité doit s’accompagner de responsabilité, autre manière pour l’ONU comme pour les Etats Membres de répondre aux forces de la mondialisation. La responsabilité des Etats consiste à fournir à l’ONU leur soutien politique et des moyens concrets nécessaires à une gestion réussie de la mondialisation et à l’accomplissement de son mandat. Ce rôle n’est pas facile. Au sein de l’Organisation, la responsabilité signifie également le renforcement de l’autorité de l’ONU dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales; la poursuite du processus de réforme du Conseil de sécurité; une plus grande efficacité dans l'appui offert aux Etats Membres confrontés à de graves problèmes économiques et sociaux; et un accroissement de la capacité d'organiser et de déployer des missions de paix en temps utile. Ces dernières années, les ONG, les sociétés transnationales et d’autres acteurs non étatiques ont joué un rôle croissant. On ressent la nécessité d’une responsabilité accrue de leur part. Les ONG devraient pouvoir mobiliser plus efficacement les ressources de la société civile. Quant aux sociétés transnationales, elles devraient ne pas se contenter d’accumuler les profits de la mondialisation qu’elles stimulent. Il y a un long chemin à parcourir et l’initiative «Global impact» du Secrétaire général peut constituer un point de départ.

Les Etats Membres peuvent assumer une partie de la responsabilité collective. La Roumanie apporte sa propre contribution aux objectifs et buts de l’ONU. Entre autres, elle est partie à la plupart des grands traités et conventions multilatérales et soutient pleinement le rôle de l’ONU dans le maintien de la paix. Elle a également présenté une importante contribution, «Promotion et renforcement de la démocratie», adoptée par la Commission des droits de l’homme. Prochainement Présidente de l’OSCE, elle veillera à rendre cette organisation plus efficace et à renforcer encore sa coopération avec l’ONU.

Les Etats Membres devraient intégrer les deux notions de solidarité et de responsabilité dans le concept de diplomatie totale, qui signifie l’utilisation systématique d’une diplomatie ferme et compétente chargée d’éviter que des tensions dangereuses ne se transforment en conflits. L’évolution de certains conflits de longue durée montre qu’au bout d’une route parsemée de victimes humaines, de destructions matérielles et de mentalités déformées, il y a la table de négociations. La diplomatie, employée jusqu’à l’épuisement, peut être déterminante. Ce dialogue intense est encore nécessaire dans certaines parties du monde, comme au Kosovo ou dans le conflit de Transdniestrie. Dans les Balkans, il est temps que les fantômes de l’intolérance et de la haine cèdent la place à l’air frais de l’esprit européen intégrateur. Au Moyen-Orient, si le conflit historique n’est pas fini, c’est encore la diplomatie qui nous permet d’espérer une solution, et nous avons eu cette année de bonnes nouvelles de la péninsule coréenne. Il est évident que cette diplomatie totale ne peut réussir que si elle est toujours fondée sur les réalités humaines et sur l’aspiration fondamentale des gens à une vie pacifique et décente.

M. ABDEL-ELAH KHATIB, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie : Les Nations Unies doivent répondre à l’évolution du monde en révisant ses méthodes et ses politiques. Il convient d’abord que l’Organisation devienne plus démocratique. Le rôle de l'Assemblée générale doit être préservé. L'augmentation de l'autorité de son bras exécutif pour la paix et la sécurité, à savoir le Conseil de sécurité, ne doit pas se faire aux dépens du pouvoir de l'Assemblée et de ses divers organes, qui sont supposés établir un équilibre et être une représentation collective de la volonté internationale. Un consensus international se dégage en ce qui concerne la nécessité d’une représentation plus équitable de la communauté internationale au Conseil de sécurité et il convient de corriger la situation actuelle.

La mondialisation a mis à mal l’identité et la souveraineté des pays en développement. Elle prouve à quel point il est difficile pour eux de s’intégrer à l’économie mondiale. Face à cette situation, il est impératif de procéder à une restructuration des relations économiques, fondée sur la coopération et le partenariat. Nous devons prendre des mesures pour combler le fossé qui sépare les pays développés des pays en développement.

Le processus de paix au Moyen-Orient connaît actuellement une phase extrêmement délicate. Durant les derniers mois des efforts importants ont été déployés pour faire avancer les négociations israélo-palestiennes et parvenir à un règlement permanent entre les deux parties. En dépit de l’échec du récent Sommet de Camp David à parvenir à un compromis, cette réunion a permis aux participants de rétrécir le fossé qui les divise. Cela confirme l’importance de poursuivre les efforts. La réalisation d’une paix durable dans la région requiert la réalisation des droits nationaux du peuple palestinien, et tout d’abord leur droit à l’indépendance et à l’établissement de leur Etat sur leur territoire national, avec la ville de Jérusalem comme capitale. Les forces israéliennes doivent se retirer des territoires palestiniens occupés depuis 1967, conformément à la résolution 242 du Conseil de sécurité. La solution au problème des réfugiés doit se fonder sur les normes internationales et sur les diverses conventions et être conforme à la résolution 194 de l’Assemblée générale qui met l’accent sur le droit au

retour et à une compensation des réfugiés. La question de Jérusalem constitue la clef de voûte de la paix dans la région. Elle doit être réglée sur la base du fait que Jérusalem Est constitue un territoire occupé depuis 1967 auquel s’applique la résolution 242.

La Jordanie a énormément souffert de la présence de nombreux réfugiés palestiniens sur son territoire – 41% d’entre eux, selon l’UNRWA – et a donc dû supporter un fardeau financier, économique et social très lourd. A cet égard, le traité de paix israélo-jordanien stipule que la solution au problème des réfugiés doit être fondée sur la législation internationale et qu’elle doit être traitée de façon bilatérale ou en parallèle des négociations sur le statut permanent. C’est pourquoi, la Jordanie n’acceptera qu’un compromis qui garantira ses droits légitimes et assurera une paix durable et complète dans la région. Sans cela, le conflit restera ouvert et portera en lui l’instabilité dans la région. La paix ne sera pas durable si elle n’est pas complète, c’est pourquoi le volet syrien du processus est aussi essentiel. Les négociations de ce côté doivent reprendre pour parvenir à un accord garantissant la restitution du Golan syrien à la Syrie, conformément aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Le retrait israélien du Sud Liban, conformément à la résolution 425 constitue un développement positif, qui devrait servir de base à la mise en oeuvre des autres résolutions du Conseil, permettant ainsi de parvenir à une paix durable dans la région.

Par ailleurs, la Jordanie estime qu’alors que la guerre du Golfe a pris fin depuis dix ans, la région continue d’en souffrir et plus particulièrement le peuple iraquien. La Jordanie appelle à mettre un terme à ces souffrances, en levant les sanctions contre l'Iraq qui sont les plus sévères de l’histoire des Nations Unies. En ce qui concerne enfin la question du maintien de la paix, la Jordanie est aujourd’hui le second contributeur à ces opérations. Et, tout en accueillant avec satisfaction les conclusions du Groupe présidé par M. Brahimi, la Jordanie insiste à nouveau sur la nécessité de fournir des ressources adéquates aux Casques bleus afin qu'ils puissent mener à bien leurs missions. Elle invite les gouvernements à engager un débat constructif à ce sujet. Dans cet esprit, elle insiste sur l’importance de conduire des consultations avec les Etats contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix, avant que ne soient adoptées des décisions importantes affectant et concernant le statut de leurs forces.

M. GEORGE A. PAPANDREOU, Ministre des affaires étrangères de la Grèce : Depuis les temps anciens, nous avons essayé de créer des normes de coexistence pacifique. Ce mois-ci, deux évènements rapprocheront les populations du monde: le Sommet du millénaire et les Jeux olympiques. Comme l’a très justement dit M. Kofi Annan, nous devons faire face à des défis mondiaux qui nous obligent à travailler ensemble. La Grèce a pris des engagements à l’égard du monde et plus spécialement dans sa région. Athènes s’est engagée dans une course olympique pour la paix et utilisera la Flamme olympique pour mettre en lumière une région fière de son histoire. Notre travail commencera dans le contexte des organisations internationales.

La nouvelle économie mondiale ne doit pas être dominée par des intérêts, mais doit être surveillée afin de promouvoir la sécurité des personnes. Afin de garantir le respect des droits de l’homme, nous devons créer une coopération régionale et des structures civiles à travers des services administratifs et des organisations non gouvernementales. Il faut que la mission des Nations Unies passe de la mondialisation de la démocratie à la démocratisation de la mondialisation.

Durant les prochaines années, la Grèce participera particulièrement à la lutte contre l’enrôlement des enfants dans des forces armées. Dans notre région, la stabilité est une condition à la sécurité en Grèce. Pendant la guerre du Kosovo, mes collègues des pays voisins et moi avons décidé de coopérer pour éliminer la souffrance humaine et éviter l’instabilité dans notre région. Une politique unifiée, consistante et universelle vis-à-vis de l’Europe du Sud-Est est importante, nos objectifs étant les mêmes: nous voulons que les pays de la région soient intègres, démocratiques et en paix, qu’ils restent multiculturels et qu’ils entrent dans l’Union européenne. La vision de la Grèce pour les Balkans est celle d’un ensemble démocratique et le monde doit encourager cette vision. L’année dernière, nous avons aidé plus de quarante pays à développer un contrat unique entre la communauté internationale et l’Europe du Sud-Est. Notre priorité est l’éducation et l’apprentissage de la démocratie.

L’année dernière, avec la Turquie, nous avons connu des tremblements de terre qui nous ont beaucoup rapprochés, grâce à la solidarité qui s’est ainsi exprimée. Nous voulons rattraper le temps perdu avec ce voisin et dix accords ont déjà été signés. Nous espérons profiter de cet environnement positif pour résoudre des problèmes comme celui de Chypre. Nous appelons Ankara à se montrer déterminée dans sa politique pour éliminer cette cause de tension régionale. Les communautés chypriotes grecque et turque peuvent vivre ensemble dans la paix et jouir de la sécurité. Je remercie le Secrétaire général pour sa recherche d’une solution juste pour Chypre. La mise en oeuvre des résolutions prises par l’ONU est importante pour Chypre et pour la crédibilité de l’Organisation. La Grèce soutient les efforts déployés par le Gouvernement chypriote afin que les pourparlers de proximité se penchent sur les questions de fond; conduisent à une solution juste et viable pour Chypre; et garantissent une République de Chypre en tant que société multiculturelle, faisant partie de l’Union européenne.

M. JOSEP PIQUE, Ministre des affaires étrangères de l'Espagne : Les Nations Unies doivent être notre instrument principal pour relever les défis de la mondialisation. En matière de droits de l'homme, le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance sont des pratiques qu'il faut éliminer de toute urgence. La Conférence mondiale 2001 contre le racisme devra être un instrument efficace à cet effet. Il convient d'abolir la peine de mort. L'adoption d'un moratoire peut être un premier pas. Il est important d'élargir l'éventail de nos actions dans le domaine humanitaire et de porter une attention particulière aux populations les plus vulnérables. Il est important de se pencher sur la question de l'intervention humanitaire soulevée par le Secrétaire général. Les Nations Unies ne peuvent pas être paralysées face à des violations flagrantes et massives des droits de l'homme. Il faut renforcer le rôle des Nations Unies dans les situations de crise. Il faut dégager un consensus sur les deux questions fondamentales que sont les situations face auxquelles l'ONU ne peut pas rester inactive, à

savoir: les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide. D'autre part, les Membres du Conseil de sécurité ne devraient pas user de leur droit de veto pour bloquer une résolution visant à mettre fin à des violations massives des droits de l'homme. Le concept de souveraineté nationale continue d'être essentiel dans la société internationale contemporaine, mais il ne doit pas être utilisé comme un bouclier protecteur de l'impunité. A cet égard, l'Espagne est heureuse d'annoncer que son processus de ratification du Statut de Rome de la Cour pénale internationale s'est achevé hier.

Une des priorités de l'Organisation est la lutte contre la pauvreté. Les réunions de haut niveau qui se tiendront en 2001 sur le financement du développement et les pays les moins avancés doivent être l'occasion de répondre à ces problèmes. L'Espagne suit les lignes directrices formulées au Sommet du développement social selon lesquelles 20% des ressources de la coopération doivent être allouées aux secteurs sociaux de base tels que la santé, l'éducation, l'habitat.

Nous ne devons pas nous résigner à la perpétuation des conflits régionaux. Les recommandations du Secrétaire général en matière de prévention des conflits permettront une approche innovatrice dans les réponses aux conflits sur le continent africain. Les régimes des sanctions doivent être utilisés de manière flexible et faire l'objet d'un examen périodique afin de l'adapter aux circonstances. Le désarmement et la non-prolifération constituent deux autres instruments de prévention des conflits. Il convient par conséquent d'aller de l'avant en ce qui concerne le processus de non-prolifération nucléaire et de promouvoir la ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il est également important de parvenir à un consensus pour pouvoir négocier un Protocole sur les matières fissiles. La Conférence de 2002 sur les armes légères doit être une étape aussi importante comparable à la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel.

Concernant la question de Gibraltar, l'Espagne, qui est en faveur d'un dialogue constructif, regrette que le Royaume-Uni ne démontre aucune volonté politique réelle pour résoudre cette question.

Afin de donner aux Nations Unies la capacité de remplir son mandat, il est important de procéder à des réformes, notamment en ce qui concerne le rôle de l'Assemblée générale, qui doit devenir une force d'impulsion du débat et d'élan politique. La société civile doit être mieux associée aux activités de l'Organisation afin de contribuer à rendre l'Organisation plus proche des peuples. Le Conseil de sécurité doit également être réformé. Il doit être conduit sur la base d'un large et solide consensus afin d'éviter les divisions en son sein et d'en améliorer la légitimité. En outre, l'élargissement de la catégorie des membres non permanents reflèteraient la tendance à la démocratisation de la société internationale. Pour plus d'efficacité, il convient également de restreindre l'usage du veto et d'améliorer la transparence des méthodes de travail du Conseil. L'Espagne appuie les recommandations du rapport Brahimi. Nous devons être conscients que leur mise en œuvre requiert un soutien politique et financier élargi et une capacité de déploiement plus rapide. Il est important de garantir le

respect des mandats décidés par le Conseil de sécurité. Ces mandats doivent être clairs et réalistes. Ces changements impliquent la réalisation d'un consensus au sein du Conseil de sécurité. Ils requièrent également le règlement de la crise financière que connaît l'Organisation.

Mme CAMARA MAHAWA BANGOURA, Ministre à la Présidence chargée des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée : Il y a tout juste une semaine, le Premier Ministre guinéen informait la communauté internationale d’une agression barbare contre la République de Guinée. Celle-ci n’avait pour objectif que la déstabilisation de mon pays. Les attaques dévastatrices menées contre les paisibles populations de mon pays l’ont été par des bandes armées venues du Libéria. Il est regrettable de constater qu’un autre pays africain frère, le Burkina Faso, est impliqué dans cette agression. Je voudrais ici lancer un appel pressant à la communauté internationale, lui demandant de condamner fermement cette agression. Par ailleurs, confronté aux dures conséquences de la présence de 800 000 réfugiés sur son territoire depuis une dizaine d’années, le gouvernement guinéen a dû opérer des réaffectations de ressources au détriment du programme de développement économique du pays. C’est pourquoi, mon gouvernement apprécie à sa juste valeur l’initiative des Nations Unies relative à l’organisation d’une conférence de soutien et de solidarité de la communauté internationale à l’endroit de la Guinée.

Concernant le rapport du Groupe d’études sur les Opérations de paix des Nations Unies, ses recommandations ont permis au Conseil de sécurité d’adopter une importante résolution portant sur la nécessité d’assurer au Conseil un rôle effectif dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, en particulier en Afrique. Ma délégation souhaite que les innovations contenues dans cette résolution soient prises en compte pour garantir l’efficacité des opérations de paix. Concernant plus particulièrement l’Afrique, la prolifération des armes légères et leur circulation incontrôlée constituent un autre sujet de grande préoccupation et un facteur majeur qui complique et prolonge les conflits sur le continent et de manière plus tragique, encourage l’enrôlement d’enfants-soldats. En effet, la résurgence des mouvements de rébellion et l’expansion du grand banditisme dans nos pays, sont rendus possibles par ce phénomène dont l’éradication requiert le ferme soutien de la communauté internationale. A cet égard, mon pays se réjouit des initiatives prises par les Nations Unies et l’OUA visant à conforter les efforts de nos Etats dans la lutte contre ce fléau.

La question du développement reste un des enjeux majeurs de ce siècle et à ce titre doit demeurer au centre des préoccupations de notre Organisation.

La principale préoccupation des Nations Unies devrait être l’Afrique, afin d’éradiquer les causes profondes de son non-développement et lui permettre d’éliminer la pauvreté, d’accroître ses capacités en vue d’un meilleur accès aux marchés. Pour ce faire, l’annulation de la dette, l’accroissement de l’aide publique au développement et une meilleure prise en compte de ses besoins spécifiques devront permettre l’intégration du continent africain au marché mondial. La Guinée en appelle à plus de

solidarité des pays riches et espère vivement qu’au-delà des professions de foi, des mesures concrètes soient prises pour permettre aux pays en développement et particulièrement à l’Afrique de connaître une croissance soutenue devant conduire à un développement durable.

Enfin, il est unanimement admis aujourd’hui que l’Organisation des Nations Unies ne pourra continuer de jouer efficacement son rôle que par la nécessaire réforme de ses organes, notamment le Conseil de sécurité. Il faut renforcer son autorité et assurer une représentation plus équitable des Membres de l’Organisation en son sein; rendre à l’Assemblée générale son rôle central en tant que principal organe de délibération; réformer enfin les autres organes en vue d’une plus grande revitalisation de tout le système des Nations Unies.

Droits de réponse

Le représentant du Royaume-Uni, exerçant son droit de réponse, a rappelé la position constante du Royaume-Uni concernant Gibraltar. La souveraineté britannique sur Gibraltar a été clairement établie par le Traité d’Utrecht. C’est là un fait juridique incontournable. En outre, le Gouvernement britannique s’associe à l’engagement pris par le peuple de Gibraltar dans le Préambule de la Constitution de 1969, qui affirme que le Gouvernement de Sa Majesté ne concluera jamais d’accord prévoyant un transfert de souveraineté sans le consentement démocratiquement exprimé du peuple de Gibraltar. Les questions relatives à Gibraltar ne peuvent être réglées que par des mesures de confiance, par la coopération et le dialogue et par des pourparlers directs. Nous attachons une grande importance à un dialogue permanent avec l’Espagne.

Le représentant du Burkina Faso, a déclaré qu’au regard des accusations sans aucun fondement portées à l’égard de son pays par la Guinée, il est indispensable de rappeler les propos tenus hier sur la question par le Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso. Le Ministre a déclaré vouloir rassurer ce pays frère et la communauté internationale et indiqué que le Burkina Faso n’est aucunement mêlé à cette affaire sur laquelle il est disposé à faire toute la lumière.

Le représentant de la Guinée, a réitéré la disponibilité de la Guinée à maintenir ses relations avec tous les pays africains, rappelant que la Guinée n’a jamais contribué à la déstabilisation d’un autre pays africain. Il a affirmé que les allégations portées aujourd’hui sont fondées sur de récents évènements intervenus en Guinée. La Guinée a des preuves selon lesquelles le Burkina Faso serait impliqué dans cette affaire, elle reste toutefois disposée à entretenir les relations les plus cordiales avec ce pays, mais dans le respect de son intégrité territoriale.

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