AG/1055

SOUTIEN AU RAPPORT BRAHIMI ET AU RENFORCEMENT DE L'AUTORITE DES NATIONS UNIES LORS DU DEBAT GENERAL

14 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1055


SOUTIEN AU RAPPORT BRAHIMI ET AU RENFORCEMENT DE L'AUTORITE DES NATIONS UNIES LORS DU DEBAT GENERAL

20000914

Nouveaux appels en faveur de la réforme et de l'élargissement du Conseil de sécurité

Outre la question régionale du Moyen-Orient, ce sont la réforme du Conseil de Sécurité et les conclusions du rapport Brahimi qui ont été le plus largement abordées jeudi matin par les Ministres des affaires étrangères intervenant dans le cadre du débat général.

Plusieurs orateurs ont apporté le ferme soutien de leur pays aux conclusions du rapport Brahimi, affirmant que les Nations Unies avaient trop souvent failli à leur mission de protection des plus faibles, qu'il fallait le dire clairement et tenter d'en tirer des enseignements. Ils ont demandé que les militaires, envoyés dans des opérations de paix beaucoup plus complexes et dangereuses qu'autrefois, soient mieux formés et mieux équipés afin de pouvoir mieux se faire respecter et remplir leur mandat, lequel devrait être plus ferme. Il faudrait aussi que le rétablissement de la paix s'accompagne de mesures de reconstruction aux multiples facettes. De telles mesures supposent aussi que l'Organisation se dote de moyens supplémentaires en hommes et dispose de ressources financières plus importantes et plus prévisibles.

L'élargissement du Conseil de sécurité a été également abordé comme une nécessité à la fois pour mieux refléter la composition de l'Organisation au XXIe siècle, mais aussi afin de parvenir en enfin à une solution après sept années de discussion qui commencent à nuire à la crédibilité de l'Organisation. Les Ministres des affaires étrangères de Norvège et d'Irlande ont par ailleurs déclaré solliciter pour leur pays un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour les deux prochaines années, insistant sur le rôle qu'ils ont joué par leur pays au sein de l'Organisation, notamment dans les opérations de maintien de la paix et en faveur de l'aide au développement.

Le désarmement a également été abordé, et notamment la question des armes légères, thème d'une conférence des Nations Unies qui aura lieu l'an prochain. Un orateur a fait remarquer que, durant la décennie précédente, ce sont les armes légères qui avaient été les vraies armes de destruction massive.

(à suivre 1a)

Les Ministres des affaires étrangères suivants ont pris la parole: Liban, Norvège, Royaume-Uni, Jamahiriya arabe libyenne, République arabe syrienne, Irlande, Suède et Bosnie-Herzégovine.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet après-midi, à 15 heures.

Suite du débat général

M. SALIM EL-HOSS, Président du Conseil des Ministres et Ministre des affaires étrangères du Liban: Durant la seconde partie du mois de mai, le Liban et les Nations Unies ont été témoins d’un événement historique lorsque mon pays a recouvré la majeure partie de ses territoires occupés dans le Sud et la Bekaa occidentale suite au retrait d’Israël. Pour la première fois depuis 1978, la Force internationale des Nations Unies au Liban (FINUL) a eu l’occasion de remplir son mandat conformément à la résolution 425 (1978). Les Nations Unies ont confirmé le retrait israélien en identifiant une ligne de retrait. Malheureusement, en trois endroits, la ligne n’est pas conforme à la ligne de démarcation, reconnue internationalement, délimitée en 1923 entre la Palestine et le Liban sous mandats français et britannique. La ligne de démarcation des Nations Unies laisse également les terres agricoles de Sheba’a en dehors du terrain d’opération de la FINUL dans le Liban Sud. Le Liban a coopéré avec les Nations Unies pour assurer la mise en œuvre de la résolution 425 (1978) du Conseil de sécurité. En dépit des violations répétées de la ligne par Israël, la Force intérimaire, la FINUL a pu se déployer avec l’aide des forces armées libanaises. Dans ce contexte, je souhaite souligner que le Liban insiste sur le fait que ses frontières internationalement reconnues ne sont pas négociables. Le Liban confirme ainsi ses réserves sur les trois endroits de la ligne bleue adoptée par les Nations Unies comme ligne de retrait. Le Liban réaffirme sa souveraineté sur les terres agricoles de Sheba’a et insiste sur sa souveraineté et son autorité sur les positions établies par les Nations Unies au sein de la ligne de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNOD) sur la ligne du mont Hermon. Le Liban demande la libération immédiate des prisonniers détenus dans les prisons d’Israël. Le Liban réaffirme enfin que la libération des territoires libanais reste compromise tant qu’une solution juste n’est pas trouvée au problème des réfugiés palestiniens au Liban. Le Liban estime qu’Israël doit donner une compensation au Liban pour les pertes humaines, matérielles et économiques résultant de son occupation et de ses actes d’agression, en conformité avec la résolution 262 (1968) du Conseil de sécurité. Le Liban va par conséquent saisir la Cour internationale de justice de la question.

La question de la reconstruction et de la réhabilitation des territoires libérés est une priorité pour le Liban. A cet égard, le Liban obtient un soutien significatif de la communauté internationale. La réunion préparatoire des donateurs, qui s’est tenue le 27 juillet en coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement et avec le soutien de la Banque mondiale et du Secrétaire général, a été prometteuse et nous espérons en voir les fruits à l’occasion de la Conférence des donateurs qui se tiendra au niveau ministériel en octobre. Je lance un appel aux pays donateurs, aux institutions financières et aux institutions spécialisées des Nations Unies pour que les ressources appropriées soient fournies en vue de la réhabilitation du Sud.

La libération de la plupart des territoires libanais n'a pas changé la position de mon gouvernement à l'égard de la question du Moyen-Orient. Le Liban maintient sa position au sujet du lien entre les pistes libanaise et syrienne. Nous espérions que la réalisation d’une paix juste et complète dans la région résulterait des cycles de négociations récents. Malheureusement, les résultats ont été décevants. Les négociations ont échoué et le processus de paix a déraillé. Ceci est dû au fait que les autorités israéliennes donnent à la logique

du non la priorité sur les principes de droit et de justice. Nous estimons que la perspective d’une paix juste et complète demeure envisageable si Israël respecte les résolutions pertinentes et le processus de Madrid. Israël n’a pas respecté les résultats de ces négociations en raison des projets divergents des groupes politiques israéliens. Ceci retarde le processus de paix et empêche tout compromis supplémentaire. Le Liban lance un appel aux cosponsors du processus de paix, les Etats-Unis, la Fédération de Russie et l’Union européenne pour qu’ils renouvellent leurs efforts en vue de relancer le processus de paix là où il s’est arrêté en 1996.

M. THORBJRN JAGLAND, Ministre des affaires étrangères de la Norvège: Depuis des décennies, la Norvège fournit une contribution substantielle aux différentes activités des Nations Unies. C’est pourquoi 60 000 Norvégiens ont déjà servi dans les opérations de maintien de la paix. D’ailleurs, la Norvège fournit aujourd’hui 1 500 militaires et civils aux opérations de paix sous mandat des Nations Unies dans le monde. Pays relativement petit, de 4,5 millions d’habitants, la Norvège est l’un des plus importants fournisseurs de contributions volontaires aux programmes économiques, sociaux et humanitaires des Nations Unies. Cette année, la Norvège consacre 1 300 millions de dollars au titre de la coopération en faveur du développement et mon gouvernement envisage d’augmenter de manière significative cette contribution dans les prochaines années. Une part importante de ces sommes transitera par le Système des Nations Unies.

Au seuil du XXIe siècle et après le succès de l’Assemblée du millénaire, il est temps de mettre en pratique nos décisions. Nous nous consacrerons aux causes profondes des conflits et mettrons en avant la lutte contre la pauvreté, le sous- dévelopement et la dégradation de l’environnement. Le financement du développement est essentiel: La Norvège a atteint il y a plus de 20 ans le seuil de 0,7% de son PIB et elle y consacre actuellement 0,9% de son PIB. Nous augmenterons notre soutien par le biais des agences multilatérales de développement, notamment le PNUD. Nous continuerons de préconiser une approche plus générale de la construction de la paix, incluant de manière cohérente la prévention des conflits, l’aide humanitaire et le développement à long terme. Nous poursuivrons notre lutte contre les maladies comme le paludisme et la tuberculose en contribuant davantage aux programmes de vaccination des enfants, et nous contribuerons à la lutte contre le VIH/sida. Nous nous concentrerons encore plus sur l’Afrique.

Durant la dernière décennie, les Nations Unies ont lancé plus d’opérations de maintien de la paix que durant les 45 années précédentes, avec de grands succès mais aussi des échecs tragiques. Les Nations Unies s’en sont souvent remises à des arrangements de dernière minute et des efforts de dernière minute: Les riches et les puissants doivent honorer leur promesse de défendre les plus faibles et les plus pauvres. Nous soutenons les recommandations du rapport Brahimi. Mais rien de ce qu’il préconise ne pourra se faire sans une base financière saine et des ressources prévisibles pour les Nations Unies. La croissance zéro n’est pas un objectif suffisant. Nous ne pouvons attendre des Nations Unies qu’elles se chargent des nouvelles missions sans financement supplémentaire.

La Norvège continuera de soutenir la non-prolifération des armes de destruction massive et la réduction, puis l’élimination, des armes nucléaires. Elle continuera aussi de lutter contre le trafic illicite et meurtrier des armes légères. Nous ne pouvons pas laisser se commettre impunément des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité et, dans cette optique, nous soutenons vigoureusement le statut de la Cour pénale internationale. De même, nous sommes en faveur de la mise en place d’un partenariat entre les Nations Unies et la société civile. La Norvège accueillera, à Oslo, une conférence internationale sur le rôle du secteur privé dans la promotion des investissements et du développement économique dans les pays les moins avancés.

La Norvège soutient la réforme et l’élargissement du Conseil de sécurité, en termes de membres permanents et non permanents. Une composition plus large et une plus grande transparence sont indispensables à la légitimité du Conseil. Pour la première fois depuis 1979, la Norvège est candidate à un siège au Conseil. Après 22 ans, sur la base d’une rotation équitable et au vu de ses contributions aux Nations Unies, elle vous demande votre soutien en ce sens.

M. ROBIN COOK, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni: Le Royaume- uni apporte son soutien aux conclusions du rapport Brahimi sur les opérations de maintien de la paix et nous nous engageons à le mettre en œuvre. Trop souvent nous avons failli à notre mission de protection de ceux qui souffrent. Nous devons être honnêtes et reconnaître les échecs afin de ne pas les renouveler.

Nous devons donner aux Nations Unies une aptitude à répondre plus rapidement aux opérations nouvelles de maintien de la paix. En un an, le nombre de militaires en mission de maintien de la paix des Nations Unies a triplé Mais le défi ne vient pas seulement de la taille des missions. Il vient aussi de leur nature. Les opérations typiques d’aujourd’hui sont déployées à l’intérieur des Etats et non entre des Etats, et souvent alors qu’une faction au moins des parties au conflit ne recherche pas la paix. Nos soldats de la paix ont par conséquent besoin d’un mandat solide. Quand une partie viole un accord de paix, nous ne pouvons traiter toutes les parties car cela équivaudrait alors à se faire le complice des forces du mal. Quand elles sont en présence de violences contre des civils, les forces de maintien de la paix doivent avoir pour mandat de les faire cesser. Toutefois, pour agir avec détermination, il leur faut les équipements qui s'imposent.

Le déploiement des forces doit se faire rapidement, en quelques semaines et non en quelques mois. Nous devons disposer de troupes aguerries. Le Royaume-Uni a proposé la création d’un centre permanent pour les forces de maintien de la paix et est disposé à l’accueillir sur son territoire. Puisque toute opération de maintien de la paix est la résultante d'un échec dans la prévention d'un conflit, il convient de mettre l’accent sur cette prévention. Trop souvent les conflits internes sont exacerbés par l'appât d'importants bénéfices obtenus avec le trafic de drogues ou de diamants. Il faudrait frapper d'interdit les diamants en provenance de pays en conflit.

La communauté internationale a déployé d'importants efforts pour réduire les arsenaux d'armes de destruction massive et le Royaume-Uni a ratifié le Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires et réduit de moitié le nombre de ses propres ogives nucléaires. Mais, en réalité, les armes de destruction massive de la dernière décennie ont été les petites armes, qui tuent le plus souvent des populations civiles. Nous devons faire un succès de la Conférence des Nations Unies sur les armes légères. Le Royaume-Uni estime que les armes doivent porter l'estampille d'origine et que plus spécifiquement les armes à feu militaires ne devraient être vendues qu’à des gouvernements légitimes.

Le Kosovo et le Timor oriental le prouvent: La fin d’un conflit n’est qu’un point de départ. Le rétablissement de la paix doit être suivi de la consolidation de la paix. Nous avons besoin de meilleures capacités au Siège pour mettre en place de telles opérations sur le terrain, en particulier pour former une police apte à maintenir l’ordre. Nous devons aussi renforcer le droit international et lutter contre l’impunité: En ce sens, le Royaume-Uni vient de publier son projet de loi tendant à ratifier le Statut de la Cour pénale internationale.

Nous devons enfin renforcer l’autorité des Nations Unies. Le Conseil de sécurité doit représenter le monde tel qu’il est aujourd’hui et sera au siècle prochain, non celui qu’il était au milieu du XXe siècle. Voilà sept ans que nous discutons de l'élargissement du Conseil et cette réforme est devenue une question de crédibilité pour les Nations Unies. Le Royaume-Uni est favorable à un doublement du nombre de membres permanents du Conseil de sécurité, avec l’inclusion du Japon, de l’Allemagne et d’un Etat membre de chacun des continents asiatiques, africain et latino-américain, ainsi qu’à un nombre plus important de membres non permanents.

M. ABDURRAHMAN SHALGHEM, Secrétaire général du Comité populaire pour les relations extérieures et la coopération internationale de la Jamahiriya arabe libyenne: Les pays en développement n’ont pas tiré partie des avantages de la mondialisation alors qu’ils en ont subi des effets négatifs sérieux. If faut donc adopter des mesures à même de combattre et de rectifier les conditions actuelles et, à cet effet, jouer un rôle central. Nous pensons toutefois qu’en l’état actuel des choses, si l’Organisation ne subit pas des transformations radicales, elle ne sera pas en mesure de mener à bien la mission qui est la sienne. Les changements nécessaires comprennent notamment la réforme de la composition de ses organes, de même que le mécanisme de travail de ses institutions. En vue de garantir le succès de ce processus de changement, la réforme doit prendre en compte les aspirations, idées et propositions de tous les Etats Membres, petits et grands, faibles et puissants.

Il convient de renforcer le rôle de l’Assemblée générale afin qu’elle soit responsable de déterminer et de décider quelles sont les conditions qui représentent réellement une menace pour la sécurité internationale. Elle devrait également être en charge du contrôle de ses organes et y compris du Conseil de sécurité qui devrait pour sa part, être un corps exécutif en charge de l’application des résolutions de l’Assemblée. La restructuration du Conseil de sécurité doit respecter la représentation géographique équitable. Il convient également que les méthodes de travail du Conseil de sécurité soient changées pour être plus transparentes. Les prérogatives que les vainqueurs de la Seconde Guerre

mondiale se sont octroyées et notamment le droit de veto doivent être supprimées dans la mesure où elles ne sont pas démocratiques. Afin de permettre à l’Organisation de suivre les projets et programmes qu’elle met en œuvre, nous proposons la mise en place d’un Comité international responsable devant les Nations Unies avec des sous-comités couvrant toutes les régions du monde et disposant de l’autorité et des ressources nécessaires pour contrôler la mise en œuvre des programmes de l’Organisation.

En ce qui concerne l’Afrique, nous sommes conscients du fait que les problèmes du continent sont en partie dus au manque d’unité et à la fragmentation des peuples. C’est pourquoi, il convient d’unifier le continent. C’est dans cet esprit, que le colonel Muammar Kadhafi a continué de déployer des efforts pour faire de l’Afrique un continent uni et fort ayant la capacité d’affronter le nouveau siècle. C’est aussi dans cet esprit qu’une réunion des Ministres des affaires étrangères a été organisée à Tripoli en avril dernier, réunion durant laquelle les principes fondateurs de l’Union africaine ont été discutés, principes qui ont ensuite été approuvés à Lomé en juin dernier. Il n’en reste pas moins que la communauté internationale a elle aussi un rôle à jouer à cet égard. Elle se doit d’appuyer les efforts de l’Afrique déployés en faveur de la paix. De même, tous les Etats sont invités à aider l’Afrique à développer des programmes pour éliminer les épidémies et les maladies, fournir une solution au problème de la dette extérieure et à adopter à l’égard du continent une attitude nouvelle, fondée sur l’égalité et l’équité.

La Libye estime que la solution au problème palestinien ne passe que par le retour des Palestiniens sur leur terre natale et l’établissement d’un Etat de Palestine avec Jérusalem comme capitale. Nous demandons d’autre part la levée immédiate des sanctions qui pèsent sur le peuple iraquien.

Le terrorisme continue de représenter une menace pour l’humanité, c’est pourquoi, la Libye avait en 1992 proposé de réunir une session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à ce problème. Cette proposition est toujours pertinente et la Libye estime que cette démarche serait des plus importantes, car pour éliminer le terrorisme, il faut commencer par élaborer une définition du terrorisme, universelle, objective, démocratique et scientifique. Il semble également que le Statut de la Cour pénale internationale ne soit pas adéquat et nous appelons à une modification qui garantisse que les criminels de tout type, aussi bien trafiquants de drogues que responsables d’agressions et les partenaires commerciaux soient traduits en justice.

Concernant enfin l’incident de Lockerbie, la Libye estime que les sanctions que le Conseil de sécurité continue de faire peser sur elle, en raison d’une pression américaine, ne sont pas justifiées, de même que les prétextes avancés par les Etats-Unis pour que soient maintenues ces sanctions et ce bien que la Libye ait rempli ses obligations, comme l’a indiqué dans son rapport le Secrétaire général, il y a un an. La Libye demande que cette question ne soit plus politisée mais laissée à la Cour écossaise sans qu’aucune autre partie n’intervienne et que le Conseil de sécurité, adopte le plus rapidement possible une résolution stipulant que les sanctions imposées au peuple libyen sont complètement et irrévocablement levées.

M. JOSCHKA FISCHER, Ministre des affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne: Le Sommet du millénaire a été marqué par le thème de la mondialisation, mais le progrès que ce phénomène devrait entraîner sera-t-il partagé équitablement ou de nouvelles divisions vont-elles apparaître dans le monde? Le Secrétaire général a très justement souligné les inégalités qui se développent en matière de répartition des revenus, des ressources, des investissements, et dans les possibilités d'accès aux nouvelles technologies. Il faut donc que la communauté internationale se mobilise totalement afin d'étendre aux pays en développement les bénéfices de la mondialisation. Le rôle que doivent jouer les Nations Unies est primordial à ce sujet pour atteindre une paix mondiale et un développement durable. C’est pourquoi, la réforme du Conseil de sécurité est nécessaire, de même que l'engagement de l'Organisation dans des partenariats avec l'industrie et la société civile, notamment avec les grandes entreprises comme le propose le Secrétaire général. En ce qui concerne la pauvreté qui touche le monde, il faut que les pays industrialisés apportent leur aide aux pays les plus pauvres. L’initiative de l’ex-chancelier Köln lancé par l'Allemagne devrait permettre aux vingt pays les plus pauvres d’être dégagés de leur dette à la fin de l’année. Les pays les moins développés devraient également avoir accès aux marchés mondiaux et les progrès de libéralisation, par le biais de l'Organisation mondiale du tourisme, devraient éviter à ces pays d'être socialement exclus. L'épidémie du Sida ralentit cependant ces progrès et la lutte en ce domaine doit être une priorité, en mettant l'accent sur la prévention. A ce propos, il faut encourager la Banque mondiale qui souhaite créer un fonds pour l'achat de vaccins. Le maintien de la paix est une autre question primordiale de l’ordre du jour de l’Assemblée générale.

Il est souhaitable que les recommandations du rapport Brahimi soient examinées et mises à exécution le plus rapidement possible. L'Allemagne est prête à assumer son rôle et le Gouvernement allemand offre d'entraîner le personnel civil des opérations de maintien de la paix et envisage de former des experts. Nous devons nous attaquer aux causes intrinsèques de ces conflits, notamment le non-respect des droits de l'homme. Dans ce domaine, les tâches sont nombreuses : La question des enfants dans les conflits armés, celle de l'égalité des femmes, celle du racisme et celle de la Cour pénale internationale. Dans le domaine du désarmement, il faut s'appuyer sur le traité Missile anti missiles balistiques pour continuer le désarmement nucléaire et nous nous réjouissons de la décision du président Clinton de ne pas développer un système de défense par missile. En ce qui concerne les pays pauvres, ils doivent cesser de stocker des armes légères. Les Nations Unies peuvent participer efficacement à la coopération régionale pour éviter les conflits et cela s'avère particulièrement urgent dans deux régions. En effet, le triangle situé entre l'Asie centrale, le Caucase et le Moyen Orient connaît de nombreux problèmes relatifs au pétrole, au fondamentalisme religieux, au terrorisme, à la drogue et à la course à l'armement nucléaire qui menacent de se transformer en grave crise. La deuxième région préoccupante est l'Afrique et les structures de maintien de la paix n’y sont pas encore assez efficaces.

La protection de l'environnement doit mobiliser tous les pays et pas seulement les pays industrialisés. Il faut passer rapidement de l'ère du pétrole à celle de l'hydrogène. Le Protocole de Kyoto doit entrer en vigueur d'ici 2002. Quant à la recherche en génétique, elle pose des problèmes en matière d'éthique et de droits de l'homme. Les Nations Unies pourraient envisager une convention sur

le sujet. Pour agir dans les nombreux domaines précités, les ressources de l'ONU doivent être assurées par tous les Etats en fonction de leur participation. Quant au Conseil de sécurité, il doit mieux représenter les pays en développement, comme l’a rappelé le Chancelier Schröder la semaine dernière en réaffirmant le souhait de l’Allemagne d’assumer plus de responsabilités dans ce domaine.

M. FAROUK AL-SHARA’, Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne: L’absence de différences majeures entre les principes énoncés dans la Charte et la Déclaration du millénaire adoptée par les chefs d’Etat et de gouvernement est une grande réalisation en soi. Elle peut être considérée comme un renouvellement de l’engagement envers la Charte. Il est apparu clairement qu’il convient de renforcer le rôle des Nations Unies, notamment en réformant et en élargissant le Conseil de sécurité. Il faut assurer une meilleure représentation géographique et éliminer graduellement le droit de veto qui contredit le concept de démocratie. Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies doivent être limitées à l’application des résolutions des Nations Unies et à la mise en œuvre de la légitimité internationale. Le Conseil de sécurité doit agir dans ce sens afin que les opérations de maintien de la paix n’aboutissent pas au maintien du statu quo qui rendrait la réalisation de la paix réelle un objectif difficile à atteindre.

Le processus de paix de Madrid a perdu son élan et sa direction. Le Conseil de sécurité qui a la capacité et la légitimité internationale de faire appliquer ses décisions n’est plus qu’un témoin tacite du processus de paix au Moyen-Orient. Les négociations avec la Syrie ont prouvé à la communauté internationale, et aux Arabes en particulier, qu’Israël n’est pas désireuse de réaliser une paix juste et complète en conformité avec les résolutions des Nations Unies. La Syrie a le droit de retour complet du Golan dans le respect de la ligne du 4 juin 1967, sans compromis ni concession. La Syrie, qui a soutenu sans réserves les Arabes et les Palestiniens, ne négocie au nom de personne bien qu’elle se soit engagée à soutenir les droits inaliénables du peuple palestinien au retour et à l’autodétermination ainsi qu’à l’établissement d’un Etat indépendant sur un territoire souverain. Sur cette base, la Syrie a participé à la réunion du Comité de Jérusalem qui s’est tenue au Maroc à la fin du mois dernier pour soutenir les droits des Musulmans et des Arabes à la souveraineté palestinienne sur Quads al Sharif. Il convient que la communauté internationale et les Nations Unies défendent de manière ferme et non sélective la Charte et le droit international en forçant Israël à respecter le droit international et les conventions internationales ainsi que les résolutions pertinentes des Nations Unies. La Syrie appelle la communauté des donateurs à respecter leurs engagements, à aider le Liban à reconstruire ce qu’Israël a détruit en occupant le Sud du Liban.

La Syrie est très préoccupée par l’intégrité territoriale de l’Iraq et appelle à la diminution des souffrances de ce pays et à l’arrêt des sanctions économiques qui touchent le peuple iraquien. Nous refusons toutes décisions prises contre l’Iraq en dehors des résolutions des Nations Unies afin d’en préserver la légitimité nécessaire à leur application. Il faut trouver une solution juste aux problèmes des prisonniers koweïtiens. Nous appelons également le Conseil de sécurité à lever les sanctions contre la Libye et nous soutenons toutes les demandes de la Libye.

Nous appelons les Emirats arabes unis et la République islamique d’Iran et les pays voisins à conduire des discussions en vue du règlement pacifique du différend sur les trois îles du détroit d'Ormuz. Nous appelons par ailleurs la communauté internationale à redoubler d’efforts afin d’aider la Somalie à se reconstruire. La Syrie est préoccupée par la situation en Afghanistan et craint la destruction du concept d’Etat et la destruction de son héritage historique. La Syrie se félicite enfin des discussions qui ont cours entre les deux Corées.

Concernant la lutte contre la pauvreté, priorité déclarée du Sommet du millénaire, nous estimons qu’il convient de mettre en place un nouvel ordre économique mondial plus juste et plus démocratique et un système commercial et financier caractérisé par l’ouverture, la non-discrimination et centré sur le développement.

M. BRIAN COWEN, Ministre des affaires étrangères d’Irlande: La cause de la paix dépasse tous les autres défis. Des efforts déterminés pour construire une paix sûre et durable doivent être conduits sans relâche. L’Irlande sait de par sa propre expérience que, pour être efficaces les efforts internes doivent être appuyés au niveau international, et que le développement socioéconomique va de pair avec la construction de la paix.

Trop souvent, la communauté internationale hésite à s’impliquer tandis que les peuples souffrent. Nous devons renforcer la capacité de l’Organisation à remplir ses mandats. L’Irlande se félicite donc que l’Organisation ait fait preuve d’autorité au Timor Oriental l’an dernier et plus récemment en Sierra Leone.

Le flux des armes légères doit cesser. Le commerce des produits de valeur élevée en particulier celui des «diamants du sang» doit être arrêté. Des sanctions bien ciblées et de durée limitée y aideront. Alors que le Conseil a un mandat global, il est juste qu’il accorde une attention spéciale à l’instauration d’une paix durable en Afrique.

Le maintien de la paix est au cœur de la contribution de l’Irlande au sein des Nations Unies. Le personnel militaire irlandais a servi dans diverses missions sous le drapeau des Nations Unies et 82 soldats irlandais ont perdu la vie au service de l’Organisation. Ayant participé pleinement à des expériences parfois décourageantes, l’Irlande se félicite des conclusions du rapport Brahimi. Le Etats Membres doivent donner à l’Organisation les moyens de faire son travail efficacement, de prendre des décisions rapides et mettre à sa disposition des soldats bien formés, dans le cadre d’une approche plus intégrée. Notre propre école de formation aux opérations de l’ONU a ainsi préparé plus de 170 officiers de 40 pays et nous avons l’intention de renforcer cette coopération avec d’autres pays ayant la même approche.

Nous commençons à voir les premiers résultats positifs de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines terrestres et d’innombrables vies ont été sauvées. L’an prochain, aura lieu la première conférence sur les armes légères, pour laquelle nous devons nous fixer des objectifs ambitieux.

Paix et développement sont étroitement liés. Or, nous constatons des contrastes sans précédents entre les pays développés et ceux qui sont marginalisés alors que l’on assiste à une baisse de l’aide publique au développement. Il faut inverser cette tendance. Le Gouvernement irlandais, pour sa part, a décidé de porter son aide au développement à 0,45% de son PIB d’ici fin 2002 et à 0,75% d’ici 2007, ce qui représentera une multiplication par quatre de cette aide en sept ans. Nous devons aussi nous pencher sur l’élimination de la dette, dont le fardeau est insoutenable, et obtenir des résultats rapides. L’Irlande a pris des mesures en ce sens, alors même que son aide consiste exclusivement en dons et n’est pas liée.

La lutte contre le VIH/sida fait désormais partie intégrante de toutes les activités de développement de l’Irlande. Le respect des droits de l’homme est essentiel et l’Irlande ratifiera rapidement le statut de la Cour pénale internationale. Il faut absolument lutter contre l’utilisation des enfants dans les conflits et lutter contre le racisme et toutes les formes d’intolérance.

Des gouvernements de nombreux Etats Membres ont joué un rôle dans le processus de paix en Irlande du Nord. Je suis heureux de dire que de grands progrès ont été faits l’an passé dans l’application de l’Accord. Nous sommes fermement engagés à garantir que tous les aspects en seront respectés et mis en œuvre. Nous nous efforçons de créer un nouveau départ pour que des communautés autrefois divisées travaillent ensemble à la construction d’un avenir commun. Il faut pour cela travail et persévérance et il reste beaucoup à faire. Certains restent sceptiques quant aux avantages de l’accord de paix. Une minorité tente de le faire échouer mais n’y parviendra pas.

Après vingt ans d’absence, l’Irlande est candidate à un siège au sein du Conseil de sécurité. Elle se présente comme un petit Etat qui a apporté une importante contribution au travail de l’Organisation. Etre membre du Conseil nous permettra de mettre au service de tous notre propre expérience ainsi que notre engagement envers les Nations Unies.

MME ANNA LINDH, Ministre des affaires étrangères de la Suède: Le rapport du Secrétaire général représente une excellente base pour moderniser les Nations Unies. Sauvegarder les droits et les valeurs de l’humanité est la responsabilité des Nations Unies à l’âge de l’économie mondialisée, de la technologie et de la communication. Il convient aussi d’intégrer les pays les moins développés dans l’économie mondiale. La responsabilité et la solidarité sont nécessaires en matière de développement afin de répondre aux graves menaces auxquelles nous faisons face telles que la pauvreté et le sida. Nous devons prendre des nombreuses mesures pour en venir à bout. Une aide au développement accrue et continue est d’une importance vitale. Aujourd'hui, seulement quatre Etats, dont la Suède, allouent 0,7% de leur produit national brut à l’aide au développement, conformément aux normes des Nations Unies. Il faut une approche intégrée du développement et, à cet égard, nous nous félicitons des efforts de l’ONU, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l’Organisation mondiale du commerce pour préparer les réunions à haut niveau sur ces questions qui se tiendront l’année prochaine. Le nouveau cycle de négociations de l’OMC doit devenir le cycle du développement et voir les principales nations commerciales s’engager à fournir un accès libre aux produits des pays les moins avancés.

Il n’y a pas de contradictions entre les droits de l’homme et le développement. Au contraire, le développement bénéficie du respect des droits de l’homme et de la participation des citoyens, et des femmes en particulier. Il convient de faire progresser le droit des femmes, dont la Convention sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes est l’instrument, et le droit des enfants, et des petites filles en particulier. En matière de trafic des êtres humains, une coopération plus étroite, entre notamment l’Europe et l’Asie, est nécessaire pour mettre en place des mesures visant à lutter contre de telles violations des droits de l’homme. Il est également temps que la communauté internationale reconnaisse, en droit international, le droit fondamental à la vie. C’est la tâche de la communauté internationale d’agir et de réagir en cas de violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Il faut renforcer le droit international et le droit humanitaire pour mieux protéger les individus. Un bon exemple est la récente décision du Conseil de sécurité de créer un tribunal pour connaître des crimes de guerre commis en Sierra Leone. L’établissement d’une Cour pénale internationale offre la perspective d’un monde plus sûr et plus juste. Il est temps de mettre fin à la culture de l’impunité. La souveraineté nationale ne peut pas être utilisée comme une excuse pour empêcher les Nations Unies de prendre les mesures nécessaires quand les valeurs humanitaires fondamentales sont en jeu.

Il est de notre responsabilité de faire en sorte que les mesures soient prises et que les ressources nécessaires soient disponibles pour le maintien de la paix. Nous accueillons, à cet égard, avec grande satisfaction les recommandations du rapport Brahimi qui, mises en œuvre, permettront aux Nations Unies d’avoir la capacité d’agir. Il est également temps que les Membres Permanents du Conseil de sécurité décident d’un moratoire sur l’utilisation du droit de veto afin que le Conseil de sécurité ne soit plus empêché d’agir en situation d’urgence. Les Nations Unies modernes ont besoin d’un Conseil de sécurité qui reflète la réalité des relations internationales d’aujourd’hui. Le Conseil de sécurité doit être élargi pour permettre la représentation des pays en développement. Il est important de s’attaquer aux causes profondes des conflits en agissant pour promouvoir le développement économique et social par l’élimination des obstacles au commerce et du fardeau de la dette. Les Nations Unies n’ont pas d’autre choix que de prévenir et de gérer les conflits mais elles ne peuvent pas le faire seules. La coopération entre les Nations Unies et les entités régionales doit être renforcée. La Suède s’efforcera, pendant sa présidence de l’Union européenne au premier semestre 2001, de renforcer la coopération entre les Nations Unies et l’Union européenne qui a développé une capacité civile et militaire de prévention des conflits et de gestion des crises. Une interaction améliorée entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, ainsi que les autres institutions des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods devrait faciliter l’identification des causes profondes des conflits et la prise de mesures préventives. L’ONU doit également explorer le lien entre la démocratie et la prévention des conflits violents. Le mécanisme des sanctions doit être redéfini pour éviter les effets négatifs sur la population civile.

Promouvoir le désarmement et empêcher la prolifération d’armes de destruction massive est un défi majeur des Nations Unies. Les résultats de la Conférence 2000 d’examen du Traité de non-prolifération a offert le premier document de consensus en la matière et pour la première fois, les Etats qui disposent de l’arme nucléaire ont plaidé pour l’élimination totale des arsenaux

nucléaires et ont identifié un nombre de mesures pratiques à prendre dans ce sens. La Conférence du désarmement doit travailler sur l’interdiction de la production d’armes nucléaires et de matières fissiles à usage militaire. Il est également grand temps de faire entrer en vigueur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Nous accueillons avec grande satisfaction la récente déclaration des autorités américaines visant à repousser la décision concernant le système de défense anti-missile NMD. La Conférence sur le trafic illégal des armes légères sera l’occasion, nous l’espérons, de formuler un plan d’action dans les contextes mondial, régional et national.

Alors qu’il est temps de lancer la réforme de l’Organisation, il est impératif que les Etats Membres paient leurs contributions au budget général des Nations Unies et au budget des opérations de maintien de la paix et il convient également de revoir le barème des contributions afin de mieux répartir le fardeau financier entre les Etats Membres.

M. JADRANKO PRLIC, Ministre des Affaires étrangères de Bosnie-Herzégovine: La réforme des Nations Unies, malgré les nombreux succès qu’a enregistré l’Organisation au cours des années passées, reste un sujet essentiel et toujours délicat. Toutefois, le fait de la repousser toujours et les débats sans fin qui accompagnent cette question ne font que maintenir le statut quo, ce qui constitue peut-être une question encore plus importante. Car, il fait planer le doute sur les capacités de l’ONU à se réformer et à se démocratiser. En outre, un accord partiel sur la réforme du Conseil de sécurité a été conclu, concernant le principe de l’augmentation du nombre de ses membres, afin qu'il reflète une représentation géographique plus équitable. Ce n’est qu’en procédant à un travail continu et efficace que l’on créera une atmosphère qui pourra influencer positivement les activités des Nations Unies. La Bosnie-Herzégovine a annoncé l’an passé qu’elle était, à présent, prête à devenir un membre actif de la communauté internationale, et à contribuer aux efforts internationaux. Cela témoigne de la tendance à la normalisation et à la stabilité qui prévaut actuellement dans le pays. De plus, nous envisageons sérieusement de présenter notre candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité après l’an 2010. Ainsi, nous confirmons notre engagement au développement économique et démocratique.

Toutefois, la Bosnie-Herzégovine a encore besoin de la présence de la communauté internationale. L’application de l’Accord de paix de Paris-Dayton reste un point de préoccupation et sa mise en œuvre occupe les représentants de la communauté internationale présents en Bosnie-Herzégovine. Il semble cependant que l’application complète de cet accord ne sera possible que lorsque les institutions communes auront été mises en place et ne constitueront plus un sujet d’affrontement, mais de travail constructif. Au cours des 12 derniers mois des progrès ont été enregistrés, ce qui indique que l’on peut réussir dans ce domaine. Par ailleurs, le retour des réfugiés reste encore une des questions délicates, en raison d’affrontements qui éclatent quelquefois entre les communautés. Au cours des premiers six mois de l’année, toutefois, il y a eu plus de retours que l’an passé. Il est également positif que parmi ceux qui reviennent, on compte de plus en plus de jeunes personnes et d’enfants, du fait de l’amélioration des conditions de sécurité et des aides. Si les retours ont augmenté c’est aussi parce qu’un plus grand nombre de criminels de guerre ont été traduits en justice. Nous tenons

également à remercier le Conseil de sécurité d’avoir invité en novembre dernier les membres de la Présidence de Bosnie-Herzégovine. Cette visite a permis l’adoption de la Déclaration de New York. Or, la mise en œuvre des dispositions de cette déclaration a permis de grandes réalisations, dont la formation d’un secrétariat de la Présidence et l'amélioration du fonctionnement de cette institution commune.

De grands efforts sont aussi faits dans le domaine de la promotion des droits de l’homme en Bosnie-Herzégovine. Nous sommes conscients du fait que les progrès dans ce domaine dépendent essentiellement des forces nationales et du fait que l’avenir du pays passe par l’intégration aux institutions européennes et au traité de l’Atlantique Nord. La Bosnie-Herzégovine accepte le pacte de stabilité comme l’effort le plus important pour parvenir à la coopération régionale. Il semble également que la République fédérale de Yougoslavie devrait elle aussi intégrer le Pacte de stabilité, mais sa participation dépend des changements démocratiques qu’elle voudra bien entreprendre. Il n’y a, par ailleurs, pas d’amélioration dans les relations diplomatiques de la Bosnie-Herzégovine et de la République fédérale de Yougoslavie, et cette amélioration ne pourra avoir lieu sans changements démocratiques en République fédérale de Yougoslavie. Dans le processus qui consiste à avancer en laissant dernière nous les années de guerre et de souffrances nous voulons croire que nous pouvons compter sur l’appui ferme de la communauté internationale et sur une intégration à l’Europe la plus rapide possible, car elle a trop tardé.

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