CD/G/470

DEUXIEME REUNION DES ETATS PARTIES A LA CONVENTION D'OTTAWA: L'ACCENT EST MIS SUR L'IMPORTANCE DE LA COOPERATION INTERNATIONALE AUX FINS DU DEMINAGE

13 septembre 2000


Communiqué de Presse
CD/G/470


DEUXIEME REUNION DES ETATS PARTIES A LA CONVENTION D'OTTAWA: L'ACCENT EST MIS SUR L'IMPORTANCE DE LA COOPERATION INTERNATIONALE AUX FINS DU DEMINAGE

20000913

La mobilisation des ressources financières et technologiques en faveur du déminage est jugée essentielle pour la réalisation des objectifs d'Ottawa

Genève, le 12 septembre -- La deuxième réunion des Etats parties à la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel (Convention d'Ottawa) a poursuivi, cet après- midi, son échange de vues général. La plupart des intervenants ont pris la parole pour réaffirmer leur engagement en faveur des principes et des objectifs de la Convention d'Ottawa. Ils ont souligné l'importance de la coopération internationale pour faire face au fléau des mines et ont appelé au renforcement des partenariats entre pays affectés, pays donateurs, organisations internationales et régionales, secteur privé et organisations non gouvernementales.

Nombre d'orateurs ont rappelé que l'action contre les mines nécessite une approche axée sur l'être humain qui s'inscrive dans la perspective d'un développement durable. A cet égard, il a été rappelé que si les ressources mobilisées en faveur de l'action contre les mines sont en hausse, elles demeurent très insuffisantes. Aussi, plusieurs pays ont-ils lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu'elle les aide financièrement, matériellement et techniquement à s'acquitter de leurs obligations conventionnelles.Certains intervenants ont fait part de leur inquiétude face aux informations laissant entendre que certains pays signataires de la Convention auraient utilisé des mines. La nécessité de renforcer les mécanismes de vérification a été évoquée, certains allant jusqu'à plaider en faveur de la mise en place d'un système de sanctions pour les contrevenants.

Quelques pays non signataires ont également pris la parole cette après-midi pour expliquer les raisons pour lesquelles ils n'accèdent pas à la Convention. Tout en affirmant qu'ils adhèrent pleinement aux principes et objectifs de cet instrument, ces pays ont ainsi invoqué tantôt des raisons sécuritaires tantôt l'impossibilité dans laquelle ils se trouvent de faire face aux implications financières inhérentes à la mise en oeuvre des dispositions de la Convention.

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Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Thaïlande, Japon, Tunisie, Bolivie, Sénégal, Albanie, Bulgarie, Bangladesh, Zambie, Ukraine, Israël, Algérie, Angola, Chili, Belarus et Turquie. L'Observateur du Saint- Siège a également fait une déclaration ainsi que les représentants de la Commission européenne, de l'Organisation des Etats américains et du Service d'action antimines du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Le représentant de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel est également intervenu.

La deuxième réunion des Etats parties à la Convention d'Ottawa achèvera son échange de vues général demain matin, à 10 heures.

Suite de l'échange de vues générales

M. SUKHUMBHAND PARIBATRA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, s'est félicité que le Cambodge et les Philippines, pays voisins de la Thaïlande, aient ratifié la Convention d'Ottawa depuis la première réunion des États parties qui s'est tenue en mai 1999 à Maputo. Il a exprimé l'espoir que les autres pays d'Asie du sud-est qui n'ont pas encore ratifié cet instrument procéderont bientôt à une telle ratification de manière à ce que l'ensemble de la région puisse rapidement être exempte de mines antipersonnel. M. Paribatra a par ailleurs fait part des progrès réalisés par son pays depuis la réunion de Maputo en rappelant notamment que le 8 février dernier, le Premier ministre Chuan Leekpai avait publié un décret établissant le Comité national pour l'action humanitaire contre les mines. En outre, le Centre thaïlandais d'action contre les mines, mis sur pied pour faire office de point de convergence de l'action contre les mines dans le pays, est opérationnel depuis le mois de janvier de cette année. A cet égard, il convient de souligner que la Thaïlande a rencontré des difficultés dans ses démarches de recherche de l'aide internationale en raison de la présence d'une forte composante militaire dans ce centre. Or, il faut rappeler que l'armée thaïlandaise s'est impliquée de manière très active dans l'action contre les mines bien avant que la Convention d'Ottawa ne soit adoptée. En outre, un document publié par les Nations Unies en janvier 1999 souligne, entre autres, qu'il existe des circonstances dans lesquelles les Nations Unies devraient être prêtes à appuyer des programmes gouvernementaux d'action contre les mines, ce qui inclut des accords de collaboration avec les forces armées, pourvu que la coordination et le contrôle desdits programmes ainsi que la définition des priorités n'échappent pas aux autorités civiles des pays concernés. Or, tel est exactement le cas de la Thaïlande, a fait observer le Vice-Ministre.

M. Paribatra a d'autre part insisté sur la nécessité de veiller à ce que des pays qui font preuve d'une forte volonté politique et d'une détermination inébranlable à agir contre les mines ne soient pas entravés dans leur élan par un manque de ressources financières et de soutien technologique.

M. SEIICHIRO NOBORU (Japon) a estimé que l'élargissement du nombre des États parties à la Convention d'Ottawa est un élément essentiel pour la réalisation de l'objectif d'interdiction universelle et effective des mines antipersonnel. Contrairement à ceux qui hésitent à accéder à la Convention pour des raisons de sécurité nationale, de protection de leurs installations nucléaires ou de tensions avec leurs pays voisins, le Japon a pris la difficile décision de ratifier la Convention en accordant le plus haut degré de priorité à des considérations humanitaires. Aussi, le Japon lance-t-il un appel à tous ceux qui ne l'ont pas encore fait afin qu'ils adhèrent à la Convention au plus tôt.

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Le Japon est particulièrement préoccupé par les informations laissant entendre que certains pays signataires de la Convention continueraient d'utiliser des mines antipersonnel. Depuis la première réunion des États parties à la Convention, tenue à Maputo en mai 1999, le montant des contributions du Japon à l'action contre les mines s'élève à près de 20 millions de dollars des États-Unis. Pour sa part, le Japon met l'accent sur l'importance de lier les efforts de déminage à l'action en faveur de la reconstruction et du développement économique, après les conflits. L'aide aux victimes ne saurait se limiter à une assistance médicale ni à la fourniture de prothèses ; elle doit être associée à la création d'opportunités en matière d'emploi afin de permettre aux victimes de se réintégrer rapidement dans la société dans laquelle elles vivent. Pour sa part, le Japon a entamé le processus de destruction de ses propres mines en janvier dernier en faisant appel à une entreprise privée afin de procéder à la destruction d'un million de mines d'ici février 2003, conformément à la Convention.

M. GIUSEPPE BERTELLO (Saint-Siège) a déclaré que le Saint-Siège, en ratifiant la Convention d'Ottawa, a voulu apporter son appui au traité parce qu'il est convaincu que les objectifs de désarmement et de détente internationale qui l’inspirent correspondent à sa propre mission de paix. En même temps, le Saint-Siège a voulu encourager les pays, qui hésitent encore à adhérer à ce traité à revoir leur position. La Convention, a déclaré M. Bertello, renforce l’efficacité du droit international humanitaire en se présentant comme une réalisation concrète du «principe d’humanité». Le représentant du Saint-Siège a déclaré que l’emploi et le commerce des mines vont à l’encontre du droit au développement dans la mesure où les terrains minés sont soustraits au travail agricole. Or, le travail agricole est un élément essentiel des économies des pays en développement et ce sont précisément ces pays qui ont le plus recours aux mines, appelées «arme des pauvres». En outre, le fait que ces mines fassent des victimes contribue à diminuer la capacité productive des régions qui dépendent essentiellement de l’agriculture. En un certain sens, la situation devient encore plus critique dans les situations d’après-conflit parce que les pays pauvres n’ont pas les moyens nécessaires pour déminer les champs, qui par ailleurs sont nécessaires pour la reprise économique et pour satisfaire le droit à l’alimentation de la population. Le Saint-Siège souhaite encourager la mise en place d’une coopération internationale efficace dans les domaines financier, technologique et humanitaire.

M. HATEM BEN SALEM (Tunisie) a salué le rôle primordial joué par les organisations non gouvernementales et internationales telles que le CICR, la Campagne internationale pour l'interdiction des mines ou Handicap international en matière de lutte contre les mines et de sensibilisation à ce fléau. Il a jugé nécessaire d'encourager et de promouvoir la coopération entre les gouvernements et les représentants de la société civile dans le cadre de l'action contre les mines. Il a par ailleurs plaidé en faveur d'une plus grande participation des organisations régionales au processus d'Ottawa.

M. Ben Salem a d'autre part attiré l'attention sur le lien étroit qui existe entre la lutte contre les mines et les activités de développement durable menées dans les régions affectées. Il a également insisté sur l'importance des questions de réinsertion socioéconomique des victimes. Il a fait part des efforts déployés par son pays pour s'acquitter de ses obligations en vertu de la Convention d'Ottawa. Il a souhaité que son pays bénéficie de l'apport technologique nécessaire pour faire face au problème des mines héritées de la Seconde guerre mondiale qui sont enfouies à de grandes profondeurs et font épisodiquement des victimes dans la population civile.

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MME SYLVIA AVILA SEIFERT (Bolivie) a rappelé que l'existence de champs de mines constitue une grave atteinte au droit humanitaire international. Elle a estimé que le recours à ces engins dans les zones frontalières est inacceptable et va à l'encontre du mouvement d'intégration mondiale qui se manifeste aujourd'hui partout. Elle s'est félicitée des nombreux progrès qui ont pu être enregistrés en matière de réalisation des objectifs de la Convention d'Ottawa grâce à la coopération entre les Etats, les organisations régionales, internationales et non gouvernementales, le secteur privé et le système des Nations Unies.

Mme Seifert a par ailleurs dénoncé la menace que fait peser sur la population bolivienne l'existence de mines posées le long de la frontière par un pays voisin. Elle a en outre lancé un appel aux pays qui possèdent les ressources matérielles et technologiques nécessaires afin qu'ils aident les pays qui en sont dépourvus à libérer leurs territoires de la menace des mines.

M. IBOU NDIAYE (Sénégal) a estimé que le moment est venu d'assigner un programme de travail réaliste aux comités permanents d'experts établis à l'issue de la première réunion des États parties à la Convention d'Ottawa, tenue à Maputo en mai 1999. Il a précisé que son pays n'utilise pas les mines, n'en fabrique pas et n'accepte pas le transit de telles armes sur son territoire national. Le Sénégal reste néanmoins préoccupé par l'inquiétant phénomène des mines antipersonnel. En effet, sa région méridionale est en proie aux démons d'une rébellion et du banditisme transfrontalier. Les luttes de libération contre le colonialisme et les guerres civiles qui ont secoué la sous-région ouest-africaine ont constitué un terreau fertile pour le recel et le trafic de mines, notamment au sud du Sénégal, a précisé M. Ndiaye. Les populations sénégalaises de cette région font face avec courage à cette situation, soutenues en cela par l'État qui a mis en oeuvre un programme national de lutte contre les mines, a-t-il ajouté. Ainsi, le gouvernement sénégalais, après avoir convenu avec les rebelles du respect scrupuleux des dispositions de la Convention d'Ottawa, mène une politique articulée autour des trois axes suivants: déminage, sensibilisation des populations et aide aux victimes. Au sujet de l'aide aux victimes, qui sont environ 500, l'État sénégalais assure leur suivi sur le triple plan de leur prise en charge médicale, du traitement et de l'appareillage.

M. MARKO BELLO, Vice-Ministre de la Défense de l'Albanie, a rappelé qu'après le conflit du Kosovo la situation des mines en Albanie est devenue critique. Les victimes sont nombreuses, sans parler des dégâts économiques. Le Gouvernement albanais a pris des mesures concrètes pour remédier à cette situation en identifiant les "points chauds" devant être déminés en priorité. À ce jour, 54 hectares ont été déminés et 1801 tonnes de munition ont été détruites. Toutefois, depuis mai 1999, 86 accidents ont causé la mort de 19 personnes et blessé 118 autres. En outre, l'Albanie a lancé un plan visant la destruction de son stock de 1.607.000 mines antipersonnel d'ici 2004. Ce projet coûtera 561.000 dollars ce qui représente un lourd fardeau financier pour le pays. C'est pourquoi l'Albanie appelle tous les pays donateurs et les organisations internationales à lui venir en aide afin qu'elle s'acquitte de ses obligations en vertu du Traité d'Ottawa.

M. PETKO DRAGANOV (Bulgarie) a indiqué que la destruction de toutes les mines antipersonnel restantes sur le territoire bulgare sera achevée d'ici la fin de l'année 2000 soit deux ans avant le délai prescrit par la Convention d'Ottawa (selon laquelle les États doivent avoir éliminé les mines de leur territoire dans les quatre années qui suivent leur accession à la Convention).

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Il a présenté les mesures pratiques prises par son pays, au niveau national et régional, afin de mettre en oeuvre les dispositions de la Convention et a mis l'accent sur l'importance de la coopération régionale pour assurer la réalisation des objectifs fixés à Ottawa. Il a en outre assuré que son pays soutiendrait tous les efforts déployés de par le monde afin de parvenir à une abolition complète des mines antipersonnel. Il a par ailleurs fait part de son intérêt pour un échange d'information concernant les techniques de destruction des mines ainsi que les possibilités de financement et d'assistance technique.

MME ISMAT JAHAN (Bangladesh) a estimé que le temps de l'action est venu pour mettre un terme à une des souffrances humaines les plus terribles, à savoir le fléau des mines antipersonnel. Elle s'est félicitée de la mobilisation qui a conduit au processus d'Ottawa et a rendu hommage aux actions du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines qu'elle a encouragées à poursuivre dans cette voie. Elle a lancé un appel à tous les pays qui ne l'ont pas encore fait afin qu'ils signent la Convention d'Ottawa. Elle a insisté sur la nécessité de trouver les moyens de faire pression sur les acteurs non étatiques, qui sont également responsables de l'implantation des mines. La représentante du Bangladesh a par ailleurs plaidé en faveur d'un renforcement de la coopération internationale afin de mobiliser les ressources nécessaires au déminage et à l'aide aux victimes. Elle a également insisté sur la nécessité d'établir un système de vérification de l'élimination des mines.

M. VALENTINE KAYOPE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Zambie, a assuré que son pays est fermement engagé en faveur de la mise en oeuvre des dispositions de la Convention sur l'interdiction des mines mais rencontre un certain nombre de difficultés dans ce domaine. La Zambie est en effet victime des mines qui ont été posées lors de luttes de libération de pays voisins et qui rendent inexploitables de vastes pans de territoires agricoles, mettant ainsi en péril le développement même du pays. M. Kayope a indiqué que son pays n'a pas les moyens de procéder au déminage humanitaire nécessaire. La Zambie demande donc à la communauté internationale de lui venir en aide. Il convient de souligner que la plupart des mines sont produites dans les pays occidentaux alors qu'elles sont essentiellement plantées dans les pays en développement, a ajouté le Vice-Ministre.

M. STEPHEN GOOSE (Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel) a demandé aux États qui sont favorables à l'élimination des mines antipersonnel de stigmatiser les pays qui continuent à recourir à ces engins et de prévoir des sanctions diplomatiques ou autres à leur encontre. Il a notamment dénoncé l'utilisation des mines antipersonnel par des pays signataires de la Convention d'Ottawa tels que l'Angola. Il s'est en revanche félicité de certaines évolutions positives telles que la baisse de la production et des stocks de mines ou l'augmentation des ressources disponibles pour l'action contre les mines. Il a cependant insisté sur l'insuffisance des ressources destinées à faire face aux besoins en matière de déminage humanitaire et a plaidé en faveur d'une meilleure utilisation des ressources existantes. À cet égard, il a appelé les institutions internationales à coordonner leurs efforts. Il a également insisté sur l'importance de la destruction des stocks, de l'aide aux victimes et de la sensibilisation du public ainsi que sur la nécessité de prendre des mesures s'agissant de l'emploi de mines par des acteurs non- étatiques.

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M. MYKOLA MAIMESKUL (Ukraine) a indiqué que son pays a entamé le processus d'élimination de son stock de mines antipersonnel hérité de l'ex-Union soviétique peu après l'ouverture à la signature de la Convention d'Ottawa en décembre 1997. L'Ukraine, qui se trouve en possession de stocks considérables de mines antipersonnel, a accédé à la Convention d'Ottawa le 24 février 1999. Deux mois plus tard, le gouvernement adoptait la résolution qui prorogeait de quatre ans le moratoire national sur l'exportation de tous les types de mines antipersonnel. En raison des problèmes économiques que rencontre le pays, le manque de ressources techniques et financières reste pour l'Ukraine le principal obstacle à l'élimination des stocks de mines dans les délais prévus par la Convention. L'Ukraine espère que le projet conjoint issu de l'offre d'assistance que lui a présentée le Canada afin de l'aider à éliminer ses mines antipersonnel portera ses fruits. L'Ukraine accueillerait avec satisfaction toute autre offre d'assistance qui pourrait lui être présentée par des organisations ou des pays donateurs.

M. AMNON EFRAT (Israël) a indiqué que malgré le fait que son pays ne soit pas partie à la Convention d'Ottawa, il n'en partage pas moins les valeurs et les objectifs humanitaires et participe aux campagnes de sensibilisation et de réhabilitation des victimes. Israël soutient en outre les efforts déployés au niveau international pour lutter contre la prolifération des mines antipersonnel. M. Efrat a souligné qu'Israël a cessé la production de mines antipersonnel et déclaré un moratoire sur leur exportation. Toutefois, a-t-il précisé, Israël ne peut s'engager à l'heure actuelle en faveur d'une interdiction totale de l'usage des mines à cause de considérations de sécurité nationale. En effet, au vu de l'absence d'une paix globale entre Israël et ses voisins et de la persistance de menaces émanant de certains pays voisins ou d'organisations terroristes, Israël considère le contrôle des armements comme une question relevant d'un engagement régional basé sur une approche graduelle. Dans cette optique on peut envisager une élimination graduelle des mines antipersonnel au Moyen-Orient et à terme leur élimination totale, a déclaré M. Efrat avant d'inviter les pays voisins à s'engager dans ce processus.

M. BENFREHA NOR-EDDINE (Algérie) a déclaré que son pays était parmi les premiers signataires de la Convention et qu’il était guidé en cela par sa conviction profonde des souffrances qu’engendrent les mines antipersonnel. Le peuple algérien a en mémoire les pertes humaines et matérielles, les «dols multiformes» que les mines antipersonnel semées par la puissance coloniale ont provoquées. C’est pourquoi, dès l’indépendance, l’Algérie n’a épargné aucun effort pour préserver ses citoyens des effets tragiques des mines antipersonnel, à la faveur des grandes opérations de déminage destinées à soustraire les populations vulnérables aux dangers de ces engins inhumains.

Le représentant algérien a souligné que son pays a toujours marqué sa solidarité à l'égard des victimes des mines antipersonnel à travers des actions d’intégration socioprofessionnelle. S’inspirant de l’esprit de la Convention d’Ottawa, l’Algérie est en train de mener à bien un programme de lutte contre les mines antipersonnel dans l’objectif de l’intégration socioéconomique des populations affectées. L’Algérie, qui souscrit aux principes de la Déclaration de Maputo, demeure persuadée de l’importance capitale de la coopération internationale et régionale en tant qu’expression de solidarité dans la mise en oeuvre des programmes de déminage.

M. ROLANDO NETO (Angola) a déclaré que son pays a connu des moments difficiles dans la lutte contre les mines. L’Angola est sans doute l’un des pays les plus gravement affectés par ce fléau, avec environ 6 à 7 millions de mines présentes sur son territoire et un nombre de mutilé estimé à 80 000.

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Soucieux de trouver des solutions qui permettent de diminuer le risque d’accidents, le Gouvernement d’Angola a mis en oeuvre un programme de sensibilisation sur le danger des mines et a introduit dans le programme scolaire national la discipline de «sensibilisation des enfants au danger des mines».

En réponse aux accusations selon lesquelles le Gouvernement d’Angola a procédé au reminage de certaines parties du territoire constaté lors de la dernière guerre qui lui a été imposée par les troupes rebelles de l’UNITA, le représentant angolais a fait valoir que l’armée nationale a été forcée de planter des mines autour des installations stratégiques lorsque les troupes de Jonas Savimbi ont voulu s’emparer du pouvoir par les armes, ignorant les institutions démocratiques et bombardant aveuglément les villages, les communes et certaines grandes villes du pays. Miner un terrain ou le reminer n’a jamais été un droit pour l’Angola, mais plutôt une «stratégie de lâches» et quelquefois l’unique manière de survie pour ceux qui souffrent de l’injustice et de la folie assassine des rebelles.

M. JUAN ENRIQUE VEGA (Chili) a réitéré l'engagement politique total de son pays en faveur de la Convention et a évoqué des mesures prises par le gouvernement chilien pour traduire dans le droit interne les dispositions de cet instrument et entamer les actions de déminage. Le coût de ces mesures s'élève à 200 millions de dollars, somme dont ne dispose pas le Ministère de la défense nationale. Pour remplir ses obligations en vertu de la Convention d'Ottawa, le Chili, pays en développement dont les politiques se concentrent sur l'élimination de la pauvreté, doit consentir un effort économique important. Aussi, accueillerait-il avec reconnaissance toute aide technologique, financière et matérielle lui permettant de progresser dans le déminage.

M. LODEWIJK BRIET (Commission européenne) a transmis un message adressé à la réunion par Chris Patten, Commissaire européen aux relations extérieures, dans lequel ce dernier souligne que l'adoption de la Convention d'Ottawa a été un tournant qui a permis à la Commission européenne de donner une vigueur nouvelle à son action contre les mines terrestres. Bien qu'elle soit le plus gros contributeur à la cause de l'action contre les mines, avec 103 millions d'Euros, la Commission est consciente qu'il ne suffit pas de verser de l'argent et qu'il faut aussi savoir utiliser intelligemment et efficacement les fonds disponibles, ce qui n'est pas une tâche facile. En effet, il est difficile d'évaluer quels sont les critères qui doivent présider à la définition des priorités. De plus, poursuit M. Patten dans son message, le spectre des activités s'élargissant, des besoins croissants se font jour en matière d'aide aux victimes et de réhabilitation socioéconomique des zones affectées. Dans son message, le Commissaire Patten met l'accent sur l'importance de la coordination entre les principaux donateurs internationaux.

M. NOEL MULINER (Service d'action antimines du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies) a estimé qu'il convient aujourd'hui de maintenir la mobilisation politique et l'élan générés par le processus d'Ottawa. Il a indiqué que le Service d'action antimines (UNMAS) poursuivrait ses efforts en vue d'encourager la coopération internationale par le biais d'une assistance technique. Il est également important de garder à l'esprit que la mise en oeuvre du Traité d'Ottawa implique que l'on parvienne à détruire les stocks de mines existants, ce qui exige souvent une participation des Nations Unies ou de partenaires disposant des ressources et de l'expertise adéquates. En partenariat avec des organisations non gouvernementales, l'UNMAS a conduit des études d'impact dans plusieurs pays et se félicite d'avoir achevé la première étude d'impact complète, qui a trait au Yémen.

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M. VLADIMIR MALEVITCH (Bélarus) a indiqué que son pays, lui-même touché par deux guerres mondiales, partage pleinement les préoccupations de la communauté internationale à l'égard des mines antipersonnel et est résolu à prendre part au processus international visant à trouver une solution à ce problème. Ainsi, le Belarus a-t-il établi un moratoire sur l'exportation des mines et n'a-t-il jamais produit ni utilisé de tels engins. La Bulgarie se trouve néanmoins en possession d'un stock de 4,5 millions de mines héritées de l'ex-Union soviétique. Or, le pays n'est pas en mesure de mobiliser les ressources qui s'avéreraient nécessaires pour détruire un tel stock. Aussi, est-ce pour des raisons essentiellement financières, mais aussi pour d'autres plus techniques, que le Belarus n'est pas en mesure d'adhérer à la Convention. Le Belarus demande donc instamment l'assistance de la communauté internationale pour pouvoir accéder à la Convention qu'il soutient sans hésitation.

M. WILLIAM MCDONOUGH (Organisation des Etats américains, OEA) a indiqué que son organisation s'attache notamment à établir un registre des mines antipersonnel et à mettre en oeuvre des programmes de déminage humanitaire efficaces dans les pays d'Amérique centrale affectés par ces engins. Il a estimé que si les efforts et les résultats se maintiennent au niveau qui est actuellement le leur, les opérations de déminage pourraient être achevées en 2001 au Honduras et au Costa Rica, en 2004 au Nicaragua et en 2005 au Guatemala. L'OEA poursuit en outre des programmes d'assistance aux victimes axés non seulement sur les soins mais aussi sur la réinsertion socioéconomique. La sensibilisation du public, la réduction des risques et la destruction des stocks sont autant de domaines en direction desquels l'OEA déploie ses efforts. M. McDonough a mis l'accent sur l'importance de développer des partenariats plus efficaces entre pays affectés, donateurs, organisations internationales, secteur privé et ONG.

M. MURAT SUNGAR (Turquie) a indiqué que son pays n'a pas encore été en mesure de signer la Convention d'Ottawa mais n'en partage pas moins les objectifs du moment qu'ils s'inscrivent dans le cadre d'un contrôle général des armements et d'un processus de désarmement sous contrôle international strict. La Turquie attache une grande importance à la Convention d'Ottawa qu'elle considère comme une des réussites majeures de la communauté internationale vers l'élimination totale des mines antipersonnel. Toutefois, la situation sécuritaire qui prévaut autour du pays n'a pas permis à la Turquie de signer le Traité. La Turquie a néanmoins établi un moratoire sur la vente et le transfert des mines antipersonnel et a initié un certain nombre de contacts avec des pays voisins en vue de parvenir à des zones frontalières exemptes de mines antipersonnel. Un accord a ainsi été conclu en ce sens avec la Bulgarie et les opérations de déminage dans la zone frontalière entre les deux pays doivent commencer bientôt, a précisé M. Sungar.

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