En cours au Siège de l'ONU

AG/1054

ASSEMBLEE GENERALE : PLAIDOYER POUR ACCORDER UNE PLACE CENTRALE A L'ETRE HUMAIN DANS TOUTES LES POLITIQUES ET PREOCCUPATIONS DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

13 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1054


ASSEMBLEE GENERALE : PLAIDOYER POUR ACCORDER UNE PLACE CENTRALE A L’ETRE HUMAIN DANS TOUTES LES POLITIQUES ET PREOCCUPATIONS DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

20000913

Le Japon annonce son intention de verser 100 millions de dollars au Fonds des Nations Unies pour la sécurité humaine

Outre la présentation des grandes lignes de leur politique, une douzaine de ministres des affaires étrangères de pays en développement comme de pays industrialisés ont, cet après-midi lors du débat de l’Assemblée générale, fait écho dans l’ensemble à la conclusion à laquelle étaient arrivés les chefs d’Etats et de gouvernement lors du Sommet du millénaire qui vient de s’achever: accorder une place centrale à l’être humain dans toutes nos politiques et préoccupations si l’on veut relever avec succès les grands défis du vingt-et-unième siècle. Partant de ce constat, le Ministre des affaires étrangères du Japon a évoqué le concept de la “sécurité humaine” qui doit s’exercer dans de nombreux domaines comme ceux de la prévention des maladies infectieuses comme le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, la lutte contre la criminalité transnationale organisée ou encore de la protection de l’environnement qui se trouve, à ses yeux, au centre de ce concept. Il a annoncé l’intention de son Gouvernement de verser 100 millions de dollars supplémentaires au Fonds des Nations Unies pour la sécurité humaine.

Formulant à son tour son interprétation de ce concept, le Ministre des affaires étrangères de la Mauritanie, a expliqué qu’il s’agissait de faire des citoyens les outils ainsi que la finalité du développement. Pour son homologue de l’Egypte, il est crucial de revoir la définition de la sécurité collective afin d’y inclure le droit de vivre en paix, de disposer de ressources suffisantes et de vivre dans un environnement non pollué.

Les Ministres des affaires étrangères suivants ont pris la parole: Croatie, Belgique, Afrique du Sud, Japon, Egypte, Viet Nam, Barbade, Mexique, Danemark, Burkina Faso, Mauritanie et Guinée-Bissau. Les représentants de l’Iraq, de l’Espagne et du Koweït ont exercé leur droit de réponse.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain 14 septembre à 10 heures.

Suite du débat général

M. TONINO PICULA, Ministre des affaires étrangères de la Croatie: aujourd’hui la Croatie participe à la paix et à la stabilité en Europe du Sud-Est. Elle est devenue un partenaire fiable. Nous n’avons pas oublié les années où nous étions les bénéficiaires des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Aujourd’hui nous sommes prêts à mettre notre expérience au service de la paix et de la démocratie. Nous sommes prêts à participer davantage aux opérations de maintien de la paix notamment au niveau des concepts. Malheureusement, le nombre d’accidents entraînant la mort du personnel des opérations de maintien de la paix, comme au Timor oriental où trois membres du HCR dont un ressortissant croate ont perdu la vie, augmente sans cesse. Nous rendons un hommage appuyé à tous les Casques Bleus dont les efforts inlassables au service de la paix ont coûté de nombreuses vies humaines.

Les responsabilités internationales de la Croatie commencent avec celles qui portent sur la région du Sud-Est de l’Europe. Aux élections du mois de janvier, les citoyens croates ont démontré leur engagement ferme en faveur des valeurs démocratiques, du respect des droits de l’homme et des minorités, la primauté du droit, et les réformes économiques. Ils ont choisi le changement qui les placera au coeur du processus d’intégration européenne. Nous sommes fermement convaincus que le rôle de pionnier de la Croatie en faveur de la paix dans le Sud-Est de l’Europe contribuera largement à faire de cette région une zone de paix et de prospérité. Le programme que le nouveau gouvernement a adopté en février dernier accorde une place prioritaire au respect des valeurs démocratiques, aux droits de l’homme et des minorités, au retour des réfugiés et des personnes déplacées, aux relations de bon voisinage, à l’intégration à l’Union européenne et à l’OTAN. D’importantes modifications de la législation ont permis le retour de tous les citoyens croates, quelque soit leur ethnicité et sans condition préalable de réciprocité. Pour ce qui est des droits au retour, tous les citoyens de Croatie sont égaux devant la loi. Je me dois de préciser que le nombre de retours en Croatie excède de loin le nombre de retours en Bosnie-Herzégovine. Des efforts supplémentaires doivent être déployés pour accélérer le processus de retour des Croates et de tous les autres membres des communautés ethniques en Bosnie- Herzégovine.

A la lumière des modifications importantes apportées à la législation sur la protection des droits de l’homme et des minorités, nous estimons que les conditions préalables ont été remplies pour retirer la Croatie de la résolution omnibus sur la Situation des droits de l’homme en Bosnie-Herzégovine, en République de Croatie et en République fédérale de Yougoslavie. Nous estimons également qu’il est désormais justifié d’exclure la Croatie du mandat du Rapporteur spécial sur cette question. Pour la Croatie, la coopération avec le Tribunal international de La Haye relève d’une question juridique et non pas politique. Le Parlement croate a adopté la Déclaration sur la coopération avec le Tribunal en avril affirmant sans ambiguïté son soutien envers le Tribunal. Nous estimons que toute culpabilité pour les crimes commis doit être attribuée à des individus car aucune nation ne peut être tenue responsable collectivement pour les exactions commises par des criminels de guerre. Pour améliorer la coopération avec le Tribunal, le Gouvernement croate a créé le Conseil pour la coopération avec le Tribunal.

La promotion de bonnes relations de voisinage fait partie des priorités de la Croatie. Nous continuerons de coopérer avec la Bosnie-Herzégovine dans la mise en oeuvre de l’Accord de Dayton. Le financement transparent des composantes croates de l’Armée de la Fédération constitue une preuve de notre nouvelle politique envers les Croates de Bosnie-Herzégovine. Par ailleurs, les relations avec la Serbie ne peuvent être évoquées que dans le contexte de l’isolement international du régime de Milosevic. La Croatie ne remet pas en question la nécessité de poursuivre le processus de normalisation avec la République fédérale de Yougoslavie mais sa dynamique dépendra de la démocratisation de la Serbie. Nous soutenons les développements démocratiques dans la République yougoslave du Monténégro. Des mesures permettant d’accroître la coopération, notamment dans le domaine économique, sont en cours. En revanche, nous sommes particulièrement préoccupés par la situation actuelle au Kosovo. Une question en particulier revêt une importance particulière pour la stabilité et la sécurité dans l’ensemble de la région, à savoir la question de la succession des Etats créés après la dissolution de l’ancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie. Nous sommes d’avis que cette question doit être résolue sur la base des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, ce qui signifie que la République fédérale de Yougoslavie ne peut pas continuer d’être Membre automatiquement des Nations Unies. Elle devrait alors faire ce que les quatre autres Etats successeurs ont fait, à savoir demander son intégration à l’ONU en qualité du cinquième Etat successeur.

La stabilité en Europe du Sud-Est constitue une partie intégrante de l’architecture de stabilité européenne dans son ensemble. Dès le début, la Croatie s’est activement impliquée dans la création et la mise en oeuvre du Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est. Ce Pacte de stabilité sert aussi de mécanisme pour faciliter les aspirations à l’intégration à l’Union européenne et à l’OTAN de tous les pays de l’Europe du Sud-Est. Au cours des six derniers mois, la position de la Croatie au regard de l’Union européenne a considérablement changé. Dépourvue de relations institutionnelles avec l’Union européenne, la Croatie attend aujourd’hui le début de négociations sur un accord de stabilisation et d’association. La Croatie continue également à être activement engagée dans les organisations européennes telles que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et le Conseil de l’Europe.

M. LOUIS MICHEL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique : Il importe avant tout de préserver et de promouvoir la paix mondiale dont est chargé le Conseil de sécurité. Aujourd'hui plus que jamais, il est impératif que les réformes en cours aboutissent, pour que le Conseil ait une plus grande légitimité représentative. Nous proposons que le Conseil de sécurité soit élargi, que cinq nouveaux sièges permanents et cinq non-permanents soient créés avec une répartition géographique équitable et que le droit de veto soit limité. Le rapport Brahimi sur les opérations de maintien de la paix a reçu un écho particulier en Belgique et je plaide pour que les recommandations formulées dans ce rapport bénéficient d´un large soutien de la part des Etats Membres mais qu'elles ne peuvent être dissociées d'autres discussions sur les barèmes des contributions aux opérations de maintien de la paix. Même s´il délègue de façon ponctuelle certaines responsabilités aux organisations régionales, le Conseil de sécurité doit pouvoir jouer pleinement son rôle.

Je pense également qu´il ne faut pas hésiter à utiliser plus largement d´autres moyens de pression telles que les sanctions économiques. Au sujet de l'Afrique centrale, la Belgique apporte d'une part son appui aux processus de paix engagé à Lusaka et au déploiement d´une force de maintien de la paix, et estime d'autre part qu'il faudrait endiguer et régler le commerce des diamants dans les zones de conflit.

La Belgique est d'avis qu'à long terme, la stabilité à l'intérieur des Etats et les bonnes relations internationales sont tributaires de l´éradication de la pauvreté et du développement durable.

Pour ce qui est de la défense des droits de l'homme, la Belgique participe à la Commission des droits de l'homme, ce qui lui permet d'amplifier davantage ses initiatives et son action politique. Elle nous permet aussi d'agir plus directement dans certains domaines auxquels nous sommes particulièrement attachés, comme la lutte contre le racisme et la xénophobie ou les droits de l'enfant.

La Belgique a notamment contribué très activement à l'élaboration d'un Protocole additionnel à la Convention des droits de l'enfant en vue de leur épargner le plus possible les souffrances et les conséquences découlant d'un conflit armé. Sa signature, à l'occasion du Sommet du millénaire, de même que la signature du Protocole sur l'exploitation sexuelle des enfants, constituent des signes concrets de notre volonté commune de renforcer la protection et les droits de l'enfant.

En l'absence d'une autorité mondiale reconnue comme légitime mais aussi suffisamment efficace, la dynamique de la mondialisation risque de déboucher sur un vide politique. Il n'y aura pas de nouvel ordre économique mondial digne de ce nom sans nouvel ordre politique mondial dans lequel les institutions démocratiques nationales, représentatives et responsables au sens politique du terme, devront aussi jouer leur rôle. C'est un autre défi auquel notre organisation et ses Etats Membres vont devoir répondre à l'aube de ce nouveau millénaire.

Mme NKOSAZANA DLAMINI ZUMA, Ministre des affaires étrangères de l’Afrique du Sud : Cette Assemblée qui se tient immédiatement après le Sommet du millénaire nous offre l’occasion de faire écho aux paroles sages des dirigeants qui se sont succédés à cette tribune ainsi qu’à la Déclaration qu’ils ont adoptée. Un consensus universel est enfin apparu confirmant que nous vivons tous dans le même monde, que nous appartenons tous à la même race humaine et par conséquent qu’il nous faut travailler ensemble au bien de l’humanité dans son ensemble. Cela signifie que nous devons instaurer un monde centré sur l’être humain. Tout le monde est aussi désormais d’accord pour reconnaître qu’il existe suffisamment de ressources de par le monde pour nourrir et éduquer les individus et garantir leur dignité. Il est donc indéniable que l’élimination de la faim et de la pauvreté devrait être la priorité absolue. Un autre consensus qui est apparu c’est que l’Afrique pose le défi le plus important en matière de développement.

Nous demandons instamment à l’ONU, en partenariat avec l’Organisation de l’Unité africaine et les autres organisations régionales, d’accélérer encore ses efforts en faveur de la paix et de la stabilité en Sierra Leone, en Ethiopie et en Erythrée, en Somalie, en Angola, en République démocratique du Congo, au Soudan et au Burundi. L’ONU et tout particulièrement le Conseil de sécurité, est le principal agent de la sécurité collective et elle a besoin d'urgence d’une réforme pour honorer cette responsabilité solennelle. Il est impératif que le Conseil reflète, dans sa composition et dans son rôle, les changements intervenus sur la planète. Il en est de même pour d’autres instances internationales, dont l’Organisation mondiale du commerce qui doit faire en sorte que les normes internationales du commerce soient équitables et justes. Le fait qu’un nombre croissant de décisions soient prises en dehors des Nations Unies par les pays riches et développés est une grande source de préoccupation pour les pays en développement. C’est pourquoi le partenariat et le dialogue entre pays du Nord et pays du Sud est capital. La féminisation de la pauvreté est aussi très inquiétante.

Les Nations Unies ont aussi été créées pour faire en sorte que les spectres monstrueux du fascisme et du racisme ne refassent plus jamais surface. Malheureusement, ils sont partout de plus en plus présents. Or, ce n’est qu’en tournant le dos au racisme, à la xénophobie et aux autres formes de discrimination, que l’on parviendra à construire un monde de compassion. C’est pour cette raison que nous avons ressenti un véritable devoir moral et avons accepté d’accueillir, l’an prochain, la Conférence mondiale sur le racisme. Le rêve d’un monde meilleur en ce nouveau millénaire est véritablement réalisable et si nous agissons avec courage et détermination, nous pourrons concrétiser les espoirs de milliards d’individus de par le monde.

M. YOHEI KONO, Ministre des affaires étrangères du Japon : Le rejet du nucléaire constitue l’un des fondements de la politique nationale du Japon. De plus, en vertu de cette politique de rejet de la puissance militaire, le Japon a mobilisé ses ressources en faveur de la prospérité de son peuple et a réalisé le développement économique. Nous espérons mettre notre expérience au service de l’amélioration des conditions de vie des pays en développement. Le Japon est entièrement satisfait de la déclaration finale adoptée lors de la Conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en ce qu’il prévoit des étapes pratiques à franchir pour réaliser le désarmement et la non- prolifération nucléaire, y compris l’engagement sans équivoque des pays nucléaires de procéder à l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires. Nous apprécions également la décision du Gouvernement américain de reporter son projet de bouclier antimissile. Le Japon présentera lors de cette session de l’Assemblée générale un projet de résolution relatif à l’élimination des armes nucléaires selon un plan déterminé pour parvenir à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires, tout en assurant la non-prolifération des armes de destruction massive. Ce plan s’articule notamment autour de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de la conclusion d’un traité d’interdiction des matières fissiles ainsi que la promotion de START II. Nous soulignons également l’importance de conclure les négociations sur le protocole à la Convention sur les armes biologiques avant 2001.

Dans le domaine de la prévention des conflits, nous soutenons l’idée du Secrétaire général de mettre en place une culture de prévention. L’initiative du G-8, réuni au Japon, pour la prévention des conflits incarne cette idée de culture de prévention. Les pays du G-8 ont clairement dit qu’ils n’autoriseraient pas l’exportation d’armes légères et de petit calibre s’il existait un risque qu’elles servent d’outil de répression ou d’agression à l’encontre d’un pays. Nous espérons que cette mesure contribuera au succès de la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des petites armes sous tous ses aspects. Nous rappelons également que c’est à l’initiative du Japon qu’a été mis en place le Fonds sur les armes légères au printemps dernier. Pour ce qui est des opérations de maintien de la paix, le Japon a l’intention de continuer à contribuer financièrement au Département des opérations de maintien de la paix, à l’aide pour la réhabilitation d’urgence, la démocratisation et l’établissement d’un cadre légal ainsi que l’aide aux organisations internationales.

Pour ce qui est de la réduction de la pauvreté, le Japon a fourni l’aide la plus importante depuis 1991. Il a l’intention de contribuer au succès de la réunion de haut niveau sur le financement du développement. Nous continuerons également à promouvoir la coopération Sud-Sud car il est extrêmement important que les pays en développement, qui ont atteint un certain niveau de développement mettent leur savoir-faire et expérience au service des autres pays en développement. Le Japon à l’intention de coopérer activement au développement de l’Afrique à travers le processus de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique. Nous envisageons la possibilité de tenir une conférence au niveau ministériel avant la fin de 2001. Cet automne, nous accueillerons la conférence organisée au niveau ministériel avec les pays de la Communauté des Caraïbes. Le Japon a par ailleurs l’intention de contribuer avec un total de 200 millions de dollars au Fonds d’affectation spécial en faveur des pays pauvres largement endettés.

Alors que nous entrons dans le vingt-et-unième siècle, il devient de plus en plus important d’accorder une place centrale à l’homme. Il s’agit du concept de “sécurité humaine”. Le Japon déploiera des efforts redoublés en faveur des pays en développement pour lutter contre les maladies infectieuses comme le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Nous estimons par ailleurs qu’il est nécessaire que les Nations Unies mettent en place un cadre légal de lutte contre la criminalité transnationale. Des efforts en vue de répondre aux questions touchant à l’environnement sont de plus en plus indispensables du point de vue de la sécurité humaine. La tâche principale à laquelle il nous faut nous atteler porte sur la mise en oeuvre de la Conférence des parties sur les changements climatiques et l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto au plus tard en 2002. Nous estimons par ailleurs qu’il faut travailler à l’établissement du programme de travail de Rio plus 10. Le Japon accueillera par ailleurs le deuxième Congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des enfants. Nous avons contribué plus avec plus de 80 millions de dollars au “Fonds de sécurité humaine” établi l’année dernière aux Nations Unies et nous avons l’intention de verser 100 millions de dollars supplémentaires. Pour développer ce concept de sécurité humaine, nous établirons un comité international chargé de travailler sur ce thème.

M. AMRE MOUSSA, Ministre des affaires étrangères de l´Egypte : A ce point délicat de l´histoire où le changement s´accélère, la définition de la “sécurité collective” doit être revue afin d´inclure trois droits fondamentaux: le droit de vivre en paix, le droit de disposer de moyens matériels suffisants et le droit de vivre dans un environnement non pollué. Or, aujourd´hui, la mondialisation menace certains de ces droits et menace également d´élargir le fossé qui sépare les pays développés des pays pauvres. Et bien que les processus de paix aient accompli des progrès en Afrique grâce aux efforts des pays africains et de l´Organisation de l´Unité africaine, l´engagement de l´ONU ne doit pas faiblir. Nous pensons qu´il est nécessaire de renforcer l´ONU, d´augmenter le nombre de Membres au Conseil de sécurité et de limiter le droit de veto. Le rôle éminent que l´Egypte joue dans les relations internationales fait d´elle un candidat sérieux au siège de Membre permanent d´un Conseil de sécurité élargi. Par ailleurs, le régime des sanctions mérite d´être entièrement revu. Les sanctions doivent être limitées dans le temps et ne doivent pas créer de dommages ni aux populations civiles, ni aux infrastructures de l´Etat en question. Enfin, le désarmement nucléaire est une question qui mérite de retenir beaucoup plus notre attention. A cet égard, les résultats de la 6ème Conférence du Traité de non-prolifération nucléaire sont encourageants. Le développement économique reste une priorité si l´on souhaite qu´un jour le partage des fruits du progrès se fasse de façon plus juste. Les études de l´ONU sur la réduction de la pauvreté ne manquent pas mais ces études ne sont pas suffisantes. Nous avons aujourd´hui besoin d´un véritable partenariat entre le Nord et le Sud, mais sans que celui-ci ne se manifeste par une nouvelle conditionnalité imposée aux pays du Sud. Les questions de gouvernance, de transparence et de démocratie ne peuvent être traitées indépendamment de celles du développement et de la pauvreté.

Parmi les questions de maintien de la paix, l´Egypte est particulièrement concernée par le Moyen-Orient et le Soudan. En ce qui concerne la paix israélo- arabe, j´insiste sur le fait que les solutions adoptées doivent être justes et acceptées par tous si l´on souhaite qu´elles soient durables. On ne peut accepter la souplesse à n´importe quel prix: Ainsi, la souveraineté israélienne sur les lieux saints de Jérusalem n´est en aucun cas un compromis acceptable. Israël doit se retirer de l´ensemble des territoires occupés et la paix ne pourra pas s’instaurer sans l´établissement d´un Etat palestinien à part entière. Au Soudan, l´Egypte et la Libye tentent activement de promouvoir la paix, dans le sens d´un respect de l´intégrité territoriale du Soudan et de l´égalité entre les peuples. Une conférence sur la réconciliation nationale devrait permettre d´achever le processus de paix.

M. NGUYEN DZY NIEN, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam : La Déclaration du millénaire, adoptée par le Sommet du même nom, a permis de mettre en lumière les problèmes les plus pressants auxquels l’humanité doit faire face, et les priorités fondamentales qui doivent être celles de l’ONU alors qu’elle entre dans une nouvelle ère. En ce sens, la Déclaration du millénaire peut véritablement faire figure de nouvelle Charte et de plan d’action pour les Nations Unies. La question qui se pose désormais à la communauté internationale est de savoir comment concrétiser cette Déclaration. Ce sera un processus long et complexe requérant à la fois la détermination et les efforts de chacun des pays, de la communauté

internationale et de l’ONU. L’élimination de la pauvreté et le développement doivent se voir accorder la plus haute priorité pour que les objectifs posés dans la Déclaration soient atteints. Il ne peut y avoir de paix et encore moins de respect total des droits de l’homme tant que la pauvreté perdurera et que le développement sera absent. Le premier pas à prendre dans cette direction est la mise en place par tous les pays de politiques et de programmes visant à utiliser au mieux leurs ressources et leurs potentiels et à faire un meilleur usage des aides extérieures. Un autre élément fondamental est que les pays développés et industrialisés prennent des mesures d’allégement et d’élimination de la dette et augmentent leur aide publique au développement, la faisant passer à 0,7% de leur Produit national brut. De son côté, le Viet Nam a fait passer son taux de pauvreté de 30% de la population en 1992 à 11% en 2000. Ces objectifs sont également reflétés dans le Programme d’action d’Hanoi et dans la “vision d’ici à 2020” des membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) que le Viet Nam préside actuellement.

Dans de nombreuses régions, les conflits persistent provoquant l’instabilité et freinant les efforts des pays pour éliminer la pauvreté et parvenir au développement. Le Viet Nam et l’ANASE appuient le principe de la résolution des différends par des moyens pacifiques et sans ingérence ni imposition afin de ne pas mettre plus avant en péril la confiance des peuples dans les objectifs de la communauté internationale. On devrait redoubler d’efforts pour promouvoir le désarmement, tout particulièrement les armes nucléaires et autres armes de destruction massive, et pour prévenir les dangers croissants d’une nouvelle course aux armements. En Asie du Sud-Est et en Asie du Sud, les pays de l’ANASE ont déployé d'importants efforts visant à instaurer une zone d’amitié et de prospérité, exempte d’armes nucléaires. Dans ce contexte, le Viet Nam se félicite des développements récents intervenus dans la péninsule coréenne.

Pour concrétiser les orientations du Sommet du millénaire, il faut approfondir davantage le processus de réforme, de revitalisation et de démocratisation de l’Organisation. L’élément le plus important en est la réforme du Conseil de sécurité qui doit être plus représentatif géographiquement. Le Viet Nam appuie l’augmentation du nombre de sièges au Conseil tant pour les membres non-permanents que pour les permanents. Concernant ces derniers, il estime que tout accord devra garantir la représentation des pays en développement.

M. BILLIE A. MILLER, Barbade : Dans beaucoup de domaines, le vingtième siècle n'a pas répondu aux attentes d'une ère marquée par de grandes innovations technologiques et, au contraire, a connu des souffrances sans précédent subies surtout par des civils innocents. Nous assistons à des conflits ethniques, des génocides religieux et subissons la menace de la prolifération nucléaire, du terrorisme, du trafic de drogues et du sida, sans compter la pauvreté qui touche la moitié de la population mondiale. Les Nations Unies ne peuvent apporter de solution à tous les problèmes du XXIe siècle, mais les gouvernements peuvent travailler pour la cause commune. Si le rôle de l'Organisation dans le maintien de la paix s'est accru durant la dernière décennie, ses efforts ne pourront cependant pas s'étendre au domaine de la prévention si elle n'a ni les moyens financiers ni un mandat suffisants pour agir efficacement.

Ma délégation accorde une particulière importance à la question du conflit de souveraineté et de l'intervention humanitaire. Il faut que les décisions prises en la matière soient fondées sur des critères clairement et objectivement définis, sans ingérence injustifiée dans les affaires intérieures d’un Etat. En ce qui concerne le développement économique et social, il doit commencer par l'éradication de la pauvreté et l'allègement de la dette des Etats les moins développés. Cela suppose une volonté commune et des engagements à haut niveau. Il est aussi important de mener des efforts en vue d'améliorer le système éducatif qui n'est pas satisfaisant dans les pays défavorisés, alors qu'il s'améliore dans les pays développés. Les objectifs sont donc d'éliminer l'analphabétisme et, pour le moins, de procurer aux enfants une scolarité primaire fondamentale. La Barbade est un bon exemple à cet égard, qui a rendu l'école obligatoire et gratuite jusqu'à l'âge de seize ans. Un programme intitulé EDUTECH 2000 prévoit en outre un équipement suffisant pour que les enfants accèdent aux technologies de l'information.

Le sida est le plus grave sujet de préoccupation pour le monde et en particulier la région des Caraïbes. C'est une tragédie non seulement humaine et sociale, mais aussi économique. Des ressources humaines et financières sont nécessaires et je suis satisfait de l'attention qui est portée à ce problème par l'Organisation mondiale de la santé, la Banque mondiale et d'autres institutions financières internationales. Une conférence a d'ailleurs eu lieu hier à la Barbade sur la santé, l'éducation et le développement économique. De plus, il est important que les Nations Unies s'attachent en priorité à l'information sur le sida et à la recherche. Quant aux problèmes liés aux stupéfiants, le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues a joué un rôle essentiel, spécialement à la Barbade. En matière de protection de l'environnement, les efforts des pays des Caraïbes ont été reconnus par l'Assemblée générale. Nous sommes particulièrement préoccupés par le sujet à cause des conséquences irrémédiables sur notre économie qui résulteraient d'un accident nucléaire ou pétrolier dans la mer des Caraïbes. Nos ressources vitales sont en effet le tourisme et le produit de la pêche.

Enfin, la mondialisation n'est pas un concept négatif, malgré son application trop rigide qui augmente le fossé entre deux mondes. Nous souhaitons que ce soit avant tout un moyen d'offrir des conditions de vie meilleures à nos populations. Le temps qui nous est donné pour le réaliser est court par rapport aux pays développés qui connaissent déjà la phase du libéralisme. Il est donc nécessaire que l'Organisation mondiale du travail fasse preuve de bonne volonté à notre égard. De même, mon pays a exprimé son souci relatif aux agissements de l'OCDE en matière de "concurrence fiscale dommageable". Ce ne sont pas 29 pays seuls qui doivent mettre en place les règles internationales dans le domaine des services financiers, en excluant toutes les autres parties intéressées.

Mme ROSARIO GREEN, Ministre des affaires étrangères du Mexique : Aujourd’hui nous avons la chance extraordinaire de pouvoir faire progresser la démocratisation de notre Organisation. Un progrès qui permettrait à l’ONU de pleinement remplir la mission qui lui a été confiée à San Francisco, de voir sa légitimité renforcée et sa capacité d’initiative revitalisée. Un progrès enfin qui lui permettrait de soutenir les processus nationaux de transformation qu’ont entrepris nombreux d’entre nous. Renforcer l’Assemblée générale, forum universel le plus représentatif de la communauté internationale, est indispensable à cette démocratisation de l’ONU. Il est aussi nécessaire de modifier la structure et le mode de fonctionnement du Conseil de sécurité afin qu’il puisse honorer pleinement ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cette réforme ne doit pas être limitée à la seule modification de la composition de cet organe, elle doit aussi concerner ses méthodes de travail et son processus de prise de décisions. Elle devrait notamment limiter le champ d’utilisation du droit de veto et institutionnaliser les relations entre le Conseil et l’Assemblée générale pour que les contacts et les échanges d’information soient clairement réglementés.

Les crises humanitaires récentes au Kosovo, au Timor oriental et en Sierra Leone, pour ne citer que ces pays, nous ont conduit à réfléchir sur les limites du droit international actuel. Elles ont mis en lumière la nécessité de trouver un équilibre entre la réponse qui doit leur être apportée et le respect de la souveraineté et de l’intégrité des Etats. Elles nous ont mis face à face avec notre incapacité à devenir une assemblée produisant des analyses et proposant de nouvelles voies. Il nous faut donc sortir de notre passivité. Opposé à tout type d’intervention, surtout lorsqu’elle repose sur une décision unilatérale, le Mexique estime que les Nations Unies doivent être dotées d’une structure politique moderne lui permettant de faire face aux nouveaux défis de la paix et de la sécurité internationales suite à la fin de la guerre froide. Un large processus de consultation, démocratique et attentif aux préoccupations de la communauté des nations, doit être lancé à cet effet le plus tôt possible. Le Mexique est aussi disposé à continuer d’oeuvrer en faveur de la codification du droit international. C’est pourquoi, il y a quelques jours, il a signé le Statut de Rome sur la Cour pénale internationale ainsi que les protocoles à la Convention sur les droits de l’enfant et a déposé les instruments de ratification du Protocole de Kyoto. C’est toujours soucieux de protéger et de préserver la race humaine que le Mexique se bat pour l’élimination complète des armes nucléaires et des pandémies, telles que celle du VIH/sida. Voilà les moyens de construire une architecture internationale mettant l’accent sur la solidarité et la coopération, valeurs qui attribuent à l’ONU sa durabilité et sa pérennité.

M. NIELS HELVEG PETERSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark : La Charte des Nations Unies est plus que jamais d´actualité pour promouvoir la paix et la sécurité, créer une communauté internationale fondée sur le droit et le respect des droits de l´homme et promouvoir le développement social. Les Nations Unies sont la seule enceinte internationale où peuvent être élaborées des normes universelles et où une approche coordonnée entre la paix, le développement et les droits de l´homme est possible. La création récente d'un Forum permanent sur les questions indigènes témoigne de cette tentative.

Des défis gigantesques nous attendent : la marginalisation de l´Afrique dans les flux financiers internationaux et l´épidémie du sida en Afrique en sont les exemples les plus saisissants. Nous devons agir de façon à intégrer pleinement l´Afrique dans les échanges internationaux et travailler à prévenir et à résoudre les conflits armés.

L´établissement de la démocratie est en soi un profond facteur de paix ; cependant, la complexité des opérations de maintien de la paix n´a cessé de croître. Elles impliquent un processus complet de désarmement, la démobilisation des combattants, la supervision des élections, le respect des droits de l´homme, la formation de forces de sécurité locales. Le Danemark soutient les conclusions du rapport Brahimi. Aujourd´hui, toute intervention armée internationale pose un dilemme entre l´obligation morale d´intervenir face à des atrocités humaines et le respect de la souveraineté des Etats. Aucune solution n´est simple, mais en aucun cas l´argument du respect de la souveraineté ne saurait être utilisé pour couvrir des crimes contre l´humanité.

Le Danemark propose les modifications suivantes au fonctionnement du Conseil de sécurité. D´une part, il est souhaitable que les interventions humanitaires puissent être entreprises sans l´accord du Conseil de sécurité. D´autre part, les membres permanents du Conseil de sécurité ne devraient utiliser leur droit de veto que dans des cas d´importance vitale et justifier, le cas échéant, le recours au droit de veto. J´espère que ces propositions rencontreront un écho favorable.

M. YOUSSOUF OUEDRAOGO, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso : Les conclusions auxquelles sont parvenues nos dirigeants lors du Sommet du millénaire nous offrent l’opportunité de faire le pas immédiat de leur mise en oeuvre là où cela est possible. De ce point de vue, notre débat général constitue un véritable défi. C’est ensemble et de manière solidaire que nous devons assumer l’histoire du XXème siècle et tirer les leçons qui s’imposent pour accroître notre capacité de résoudre avec plus de justice et d’équité les problèmes de sécurité, de paix, de développement et de mieux-être qui forment le corpus de nos priorités. Je voudrais lancer un appel solennel à la conscience des peuples des Nations Unies afin que l’hégémonisme et la domination des uns sur les autres ne caractérisent pas notre Organisation au cours du troisième millénaire.

Malgré les progrès réalisés au cours du deuxième millénaire, les interrogations et les inquiétudes des pays en développement, principalement ceux d’Afrique, persistent. Elles ne tirent pas seulement leur existence de l’aggravation sans précédent de la paupérisation, mais aussi du fait que les relations internationales continuent d’être essentiellement fondées sur des rapports de force, ayant le règne de la pensée unique pour toile de fond. Le défi fondamental du nouveau millénaire sera d’aller ensemble sereinement, solidairement et démocratiquement dans la mondialisation tout en demeurant nous-mêmes. S’agissant de l’ONU, notre conviction est qu’une plus grande démocratisation de l’institution s’impose. Elle doit se traduire par une profonde réforme des procédures de prise de décisions, notamment au sein du Conseil de sécurité et par une plus grande prise en compte des questions de développement.

Le Burkina Faso a fondé sa contribution à la recherche des solutions aux conflits nationaux et sous-régionaux sur le dialogue et la concertation. Aussi, est-ce avec étonnement que mon pays se voit depuis un certain temps obligé de faire face à des accusations et récriminations sans fondement aucun. Il n’est pas bon que dans nos efforts de recherche de solutions durables aux conflits, nous cédions à la tentation facile des accusations et des exclusions. Nous tenons à rassurer le pays frère de la Guinée et la communauté internationale et réaffirmons que nous ne sommes mêlés ni de près, ni de loin aux événements malheureux évoqués. Le Burkina Faso poursuit aussi résolument la consolidation du processus démocratique national et sur le plan économique, concentre son action sur la mise en place d’un développement solidaire ayant notamment pour priorité l’élimination de la pauvreté.

M. AHMED OULD SID’AhED, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie : Le processus de réforme et de restructuration des organes de l’ONU est devenu une nécessité pressante qu’exige l’intérêt commun. C’est dans cet esprit que mon pays appuie l’élargissement de la représentation au sein du Conseil de sécurité, afin d’assurer une représentation géographique équitable au sein de cet organe et de refléter le caractère universel de notre Organisation. En dépit des indicateurs encourageants dans certains pays du tiers monde, la tendance générale est à l’élargissement du fossé qui sépare le monde développé du monde en voie de développement, ce dernier faisant face à des défis énormes au-delà de ses capacités, à savoir le fardeau de l’endettement, la détérioration des termes de l’échange, la difficulté à accéder aux marchés internationaux et la faiblesse des investissements étrangers. Cette situation exige que notre organisation oeuvre à alléger les fardeaux économiques et sociaux imposés aux pays en développement de manière effective. Conscient de la nécessité de prendre les mesures nécessaires à la lutte contre la pauvreté comme préambule à tout développement durable, mon pays a créé un commissariat chargé de la lutte contre la pauvreté et de la conception de programmes concrets qui visent essentiellement à préparer les citoyens à jouer pleinement leur rôle en tant qu’outil et finalité du développement.

Mon pays accorde une grande importance à la consolidation de la stabilité et à l’élimination des conflits et des foyers de tensions. Au Moyen-Orient, mon pays, tout en réaffirmant son appui au processus de paix, estime qu’il ne peut y avoir de paix juste, durable et globale que sur la base du principe de la terre contre la paix et du retrait total d’Israël des territoires palestiniens occupés et du Golan syrien, la restauration des droits nationaux légitimes du peuple palestinien et en premier lieu son droit à l’autodétermination et à l’établissement de son Etat indépendant avec pour capitale la ville sainte de Jérusalem. En ce qui concerne le Sahara occidental, mon pays tient à réitérer sa disponibilité à tout mettre en oeuvre pour faciliter l’application du plan de règlement des Nations Unies. Nous estimons aussi qu’il est temps que le Conseil de sécurité prenne les dispositions nécessaires à la levée de l’embargo imposé à la Libye suite à la crise de Lockerbie.

L’Organisation des Nations Unies a été créée afin de réaliser des objectifs communs à l’ensemble de l’humanité, à savoir le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans le monde. Dans sa lettre et dans son esprit, la Charte de notre Organisation contient des dispositions qui assurent le juste équilibre entre les droits et les obligations de tous. Aussi sommes-nous tenus de consacrer nos efforts à honorer les engagements découlant de la Charte et à oeuvrer ensemble afin d’édifier un nouvel ordre mondial fondé sur l’égalité et la justice.

M. IAIA DJALO, Ministre des affaires étrangères de la Guinée-Bissau : La période de transition dans laquelle nous vivons nous rappelle le déclin des antagonismes idéologiques, ce qui favorise la démocratie, mais d'un autre côté fait apparaître des ambitions nationalistes menaçant la cohésion interne des Etats et la sécurité internationale. Le bénéfice de la paix internationale aurait dû profiter aux pays les plus pauvres en terme de ressources, mais tel n'a pas été le cas. A ce jour, le principal problème qui demeure est celui de la définition des règles du jeu et la structure d'un nouvel ordre international. A cette fin, il faut doter les Nations Unies de pouvoirs adéquats, trouver une solution à la crise financière dans laquelle elles se débattent, renforcer l'Assemblée générale et réformer le Conseil de sécurité.

La Guinée-Bissau a connu récemment une crise des plus graves et souffre encore des séquelles de cette guerre absurde, des pertes de vies humaines et de la désagrégation de ses infrastructures. Nous espérons que chaque partenaire de notre pays participera généreusement à notre reconstruction. La nouvelle démocratie pluraliste a conduit à la mise en place d'un nouveau gouvernement et à l’élection d'un nouveau président qui s'est engagé à réaliser un programme d'action visant à un développement durable. Depuis son accession à l'indépendance, la Guinée-Bissau a pris sa place au sein de la communauté internationale et participe aux causes communes de paix et de coopération internationales. Nous faisons partie des cinq pays africains de langue officielle portugaise (PALOPS), communauté qui met en commun l'expérience de chacun de nos peuples.

Nous saluons le développement de la démocratie à Sao Tomé-et-Principe, au Mozambique et au Cap-Vert et exprimons notre solidarité au Gouvernement angolais qui connaît depuis quarante ans une guerre fratricide. Dans notre région ouest- africaine, nous avons amélioré nos relations avec les pays voisins et déplorons les effets négatifs du conflit interne au Sénégal. Les actions menées par notre président Kumba Yalá et celui de la Gambie permettent d'envisager une issue favorable à ce conflit. Nous regrettons profondément la tragédie que connaît la Sierra Leone et la catastrophe humanitaire qui en découle. Quant à la République démocratique du Congo, nous sommes préoccupés par sa situation actuelle. Nous sommes enfin convaincus qu'il faut exécuter les Accords de Lusaka intégralement et rapidement. Dans la corne de l'Afrique, la Guinée-Bissau se réjouit de l'acceptation par l'Ethiopie et par l'Erythrée du plan de paix de l'OUA.

Non loin de nous, le processus de paix du Moyen-Orient connaît une étape décisive et, beaucoup plus loin, le problème du Timor oriental est un sujet auquel la Guinée-Bissau s'intéresse du fait de liens historiques et culturels. Nous espérons que le Timor Lorosae accèdera à l'indépendance et entrera aux Nations Unies. Enfin, nous pensons que les embargos contre certains pays disparaîtront progressivement suite à des négociations en vue de trouver des solutions définitives.

Il est urgent de donner un élan au dialogue Nord-Sud. Les pays africains font preuve de bonne volonté dans leurs politiques de gestion de l'économie nationale et demandent une réponse de leurs partenaires au nom de la solidarité internationale.

Droits de réponse

En réponse à l´intervention du Maroc, le représentant de l´Espagne s´est félicité de l´excellence des relations que son pays entretient avec le Maroc et il a réitéré que les deux villes de Ceuta et Melilla ainsi que les îles adjacentes sont parties intégrantes du territoire espagnol. A ce titre, ses habitants jouissent de la même représentation au Parlement espagnol que tous les citoyens espagnols.

Répondant au Ministre des affaires étrangères du Koweït, le représentant de l’Iraq, a expliqué que la question des hommes qui périssent ou disparaissent au cours d’un conflit ne concerne pas uniquement les hommes qui se trouvaient au Koweït. La situation est la suivante: la question des hommes disparus lors d’un conflit, quelque soit leur nationalité, est une question humanitaire qui ne doit pas être exploitée à mauvais escient. Les Koweitiens ont perdu moins de 600 hommes alors que l’Iraq en pleure 1660 pour lesquels le Koweit doit encore apporter des informations. Le travail du Comité tripartite relatif aux disparus est entravé par les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui insistent pour participer à ses réunions. Les Etats-Unis ont un pilote disparu, mais ils n’ont demandé aucune information à son sujet. Ils ont souhaité que la question soit examinée sur une base bilatérale par l’intermédiaire de la Croix-Rouge. Toutes les résolutions des Nations Unies exigent le respect de l’intégrité territoriale de l’Iraq. Pourtant, depuis 1992 des avions britanniques et américains bombardent des cibles civiles iraquiennes. Le Ministre du Koweït a également prétendu que les intentions de l’Iraq à l’égard de son pays ne sont pas pacifiques; mais c’est plutôt le contraire qui se produit.

Le représentant du Koweït a fait état des contradictions contenues dans la déclaration prononcée par le représentant de l’Iraq. Pour ce qui est des personnes disparues, il a rappelé que ce n’est pas la première fois que l’Iraq se livre au boycottage des travaux du Comité tripartite. La participation des pays de l’Alliance, à savoir les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, répond à un accord signé sur la question et que dès le départ l’Iraq a essayé de dénoncer. Conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, l’Iraq a l’obligation de reprendre sa participation à ce Comité. Le Koweït demande simplement à l’Iraq de satisfaire aux dispositions des résolutions du Conseil pour résoudre ce problème humanitaire. En ce qui concerne les personnes iraquiennes disparues, le Koweït a accepté d’étudier toutes les propositions qui pourraient être faites par l’Iraq et de collaborer avec ce pays sur ce point. Il existe un mécanisme et un calendrier précis chargé d’examiner le respect de tous les engagements signés : il s’agit du Comité tripartite. Pour s’assurer de l’évolution des questions en suspens, l’Iraq n’a qu’à revenir à ce Comité. Le Koweït n’est pas le seul pays, y compris arabe, à dire que l’Iraq n’a pas entièrement mis en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité. Le Koweït n’est pas responsible de l’embargo ni du régime de sanctions et le Conseil est la seule entité capable de lever ces mesures. Or, le Koweït n’y siège pas.

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