AG/1053

UN NOUVEL ORDRE MONDIAL FONDE SUR LE DIALOGUE ENTRE TOUS LES PEUPLES REQUIS PAR PLUSIEURS A L'ASSEMBLEE GENERALE

13 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1053


UN NOUVEL ORDRE MONDIAL FONDE SUR LE DIALOGUE ENTRE TOUS LES PEUPLES REQUIS PAR PLUSIEURS A L’ASSEMBLEE GENERALE

20000913

Nombreux sont ceux qui ont réclamé une accélération des réformes et surtout celle du Conseil de sécurité

Le renforcement des liens et du dialogue entre les peuples pour relever les défis du XXIe siècle a été préconisé par de nombreux orateurs au cours du débat de l’Assemblée du millénaire qui se poursuivait ce matin. Ce dialogue qui doit se situer dans la perspective de l’année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations qui sera célébrée en 2001, ne doit pas être abordé de façon académique et abstraite, a fait observer le Ministre des affaires étrangères de l’Italie. Pour faire en sorte que ces contacts ne se transforment pas en source de tension, il a engagé la communauté des Etats à comprendre et à gérer de manière véritablement intégrée et coordonnée les phénomènes migratoires exacerbés par la mondialisation.

Ce renforcement de la coopération entre les pays, ou nouvel ordre mondial ainsi que certains l’ont qualifié, est nécessaire pour que les bénéfices de la mondialisation puissent profiter à tous, y compris aux petits Etats insulaires en développement, ainsi que l’a souligné le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, pour qui les conditions de fonctionnement des marchés doivent être améliorées afin que les petits pays puissent exporter. Regrettant que certains groupes de pays développés exercent des pressions sur les économies affaiblies, le Ministre a proposé de mettre en place un indice de vulnérabilité des Etats dont puissent tenir compte les agences de développement.

Les participants ont vu dans l’ONU l’instance privilégiée capable de favoriser la réalisation de ce nouvel ordre international, à condition toutefois qu’elle poursuive la vaste réforme entamée il y a trois ans. Rendre le Conseil de sécurité plus efficace et plus représentatif a souvent été jugé comme la réforme la plus urgente et la plus indispensable à entreprendre pour restituer sa crédibilité à l’Organisation et la rendre plus démocratique comme l’a fait remarquer le Ministre des affaires étrangères de la Chine. Il a néanmoins estimé que l’établissement artificiel d’un calendrier de réforme du Conseil de sécurité et la mise en œuvre arbitraire d’un plan insuffisamment mûri en la matière allaient à l’encontre du vœu de la plupart des Etats Membres. Revenant sur ce même point, plusieurs intervenants dont le Ministre des affaires étrangères de

(à suivre 1a)

l’Estonie, ont suggéré la révision de certaines procédures de vote, parmi lesquelles le droit de veto, qui devrait être utilisé de manière plus responsable. Au-delà des aspects de pure procédure, la réforme du Conseil de sécurité doit aussi s’inscrire dans le cadre d’un concept élargi de sécurité internationale, axé sur l’égalité, la confiance mutuelle, le bénéfice réciproque, la coopération et le règlement des différends par le dialogue. Dans ce contexte, les opérations de maintien de la paix de l’ONU doivent être conduites dans un esprit réaliste, permettant d’allier rapidité et efficacité, tout en respectant strictement les principes et objectifs consacrés par la Charte.

Les Ministres des affaires étrangères du Koweït, de Trinité-et-Tobago, du Maroc, et du Pérou ont également pris la parole ce matin.

En début de séance, le Président de la cinquante-cinquième session de l’Assemblée générale, M. Harri Holkeri (Finlande) a indiqué que le Cap-Vert a effectué un paiement suffisant pour réduire ses arriérés au-dessous du niveau prévu à l’Article 19 de la Charte. Cet article stipule qu’un Membre de l’ONU en retard dans le paiement de sa contribution ne peut participer au vote à l’Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.

Le débat général se poursuivra cet après-midi, à 15 heures.

Suite du débat général

M. TERRENCE SAM CONDOR, Vice Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis: Bien qu´elle soit porteuse de nombreuses promesses, la mondialisation s´est traduite par un accroissement des inégalités dont les plus petits Etats insulaires comme Saint-Kitts-et-Nevis-font les frais. Nous supportons une part disproportionnée des coûts de la mondialisation et faisons face à une marginalisation croissante due à notre petite taille et à la volatilité des flux financiers. Il faut améliorer les conditions de fonctionnement des marchés afin que les petits pays puissent exporter. Afin que la mondialisation puisse profiter à tous, la coopération entre les pays membres doit être renforcée. L´ONU doit être le partenaire des petits Etats insulaires dans leur effort de développement. L´amélioration de la gouvernance au niveau mondial peut seule donner des résultats dans le sens d´une plus grande équité. Nous proposons de mettre en place un indice de vulnérabilité des Etats qui sera pris en compte par les agences de développement.

Nous regrettons que le Groupe d´Action Financière de l´OCDE fasse en ce moment pression sur des économies affaiblies. Nous, ainsi que quatre Etats voisins des Caraïbes qui avons également été condamnés, avons mené un effort continu de diversification de nos économies en construisant un secteur financier moderne et compétitif. Nous demandons à l´ONU qu´elle intervienne auprès de l´OCDE pour que cette dernière ne soit pas seulement à l´écoute de ses intérêts égoïstes. L´organisation d´un secteur de services financiers compétitif ainsi que la définition des régimes fiscaux sont des domaines qui relèvent de la souveraineté exclusive des Etats. Nous comprenons le nécessité de lutter contre le blanchiment de l´argent. Saint-Kitts-et-Nevis a d´ailleurs établi une unité de renseignements pour éviter tout abus dans ce secteur. Mais il est abusif d´associer le blanchiment à un secteur de services financiers compétitifs.

Le Sommet Mondial pour le développement social qui a eu lieu cette année est tombé à point nommé car les aspects humains du développement sont au centre de toute la problématique du développement. L´ONU doit appuyer les programmes de réduction de la pauvreté; nous pensons qu´une réunion sur le financement du développement serait bienvenue car elle permettrait de rendre le financement international accessible à tous. Nous appuyons l´initiative du Secrétaire général visant à mettre sur pied un Fonds de secours en cas de catastrophe. Le passage fréquent dans nos eaux de bateaux transportant des substances dangereuses ou toxiques constitue une menace pour nos écosystèmes fragiles.

Les défis auxquels doit aujourd´hui faire face la communauté internationale dépassent la capacité individuelle de nos Etats. Plus que jamais, les entités non étatiques ont un rôle à jouer dans un monde où le changement est la seule constante. L´ONU est au premier rang, mais il est regrettable que la structure non démocratique du Conseil de sécurité risque de saper la confiance dans l´Organisation.

M. TANG JIAXUAN, Ministre des affaires étrangères de la Chine: La Déclaration du millénaire qui vient d’être adoptée par les dirigeants du monde constitue un plan de travail pour les Nations Unies au XXIe siècle. Je voudrais donc m’associer à l’appel lancé par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, lors de la clôture du Sommet, nous invitant à travailler en commun pour traduire le consensus qui s’est dégagé du Sommet en actions concrètes. Si, durant les 55 ans

écoulés, l’ONU a pu grandir et jouer un rôle irremplaçable dans les affaires mondiales, c’est parce qu’elle s’est attachée aux buts et principes de sa Charte, de même qu’aux normes des relations internationales fondées sur l’égalité en droits souverains et la non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures. Maintenant que nombre de problèmes d’ordre planétaire rendent nos intérêts plus intimement liés, c’est ensemble que nous devons relever les défis en procédant sur la base de l’égalité, du respect mutuel et des consultations démocratiques. La démocratisation des relations internationales doit aussi se concrétiser largement dans la réforme de l’ONU, qui ne doit pas uniquement viser à satisfaire les intérêts de quelques pays. Quant à la réforme du Conseil de sécurité, l’établissement artificiel d’un calendrier en la matière et la mise en œuvre arbitraire d’un plan peu mûri vont à l’encontre du vœu de la plupart des Etats Membres. Réaliser le progrès commun de l’humanité, en apposant son empreinte à la mondialisation, c’est là une autre lourde tâche assignée à l’ONU. Ce qui est particulièrement préoccupant c’est que les pays en développement sont tenus loin derrière les pays développés dans le domaine des technologies nouvelles et de pointe. Pour empêcher la misère d’annihiler les acquis du progrès de l’humanité et l’injustice sociale de miner la stabilité mondiale, l’ONU doit jouer le rôle qui est le sien dans la réduction de l’écart entre les riches et les pauvres.

Le concept de sécurité à adopter pour ce nouveau siècle est l’une des questions majeures qui se posent à l’ONU. Le maintien d’un équilibre stratégique planétaire constitue la base de la préservation de la sécurité mondiale, tandis que le Traité sur la limitation des systèmes antimissiles balistiques en est un élément fondamental. Toute démarche tendant à affaiblir l’intégrité et la validité du Traité produira un effet néfaste et persistant sur la paix et la sécurité internationales. Créer un nouveau concept de sécurité, axé sur l’égalité, la confiance mutuelle, le bénéfice réciproque, la coopération et le règlement des différends par le dialogue pour remplacer celui fondé sur des alliances militaires et des armements accrus, voilà l’unique voie à suivre pour renforcer la sécurité universelle. La tenue réussie d’une rencontre historique entre les dirigeants de la République populaire démocratique de Corée et de la République de Corée prouve que le dialogue et les consultations favorisent l’approfondissement de la confiance mutuelle. Il est impératif au XXIè siècle de prévenir l’éclatement de crises humanitaires et la répétition de tragédies du massacre de nombreux civils innocents. L’ONU doit contribuer plus activement à arrêter les conflits et éliminer les hostilités. A notre avis, ses interventions doivent s’attacher à éliminer les sources de conflit et non envenimer l’opposition et la haine entre les parties prenantes. Les opérations de maintien de la paix demeurent pour l’Organisation un moyen important de remplir son mandat en matière de paix et de sécurité internationales. Il faut donc préserver et accroître la responsabilité ainsi que la direction politique du Conseil de sécurité en se conformant aux buts et principes énoncés dans la Charte. Ces opérations doivent être conduites toujours dans un esprit réaliste et compte tenu des moyens disponibles pour que les ressources limitées soient affectées là où le besoin en est le plus pressant. De tous les biens du monde, la personne humaine est le plus précieux et il appartient à chaque peuple de juger de l’état des droits de l’homme dans son pays et d’œuvrer pour l’améliorer. Ces droits se traduisent différemment selon le temps et les circonstances. En imposant à ce propos des règles figées, il sera absolument impossible de défendre effectivement les droits et intérêts des peuples.

Après son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce, la Chine s’ouvrira beaucoup plus largement au monde extérieur et honorera fidèlement ses engagements. Résoudre définitivement le problème de Taiwan et réaliser la réunification totale de notre patrie, c’est là le vœu unanime de tous les Chinois. Le règlement de ce problème fondé sur le principe dit “réunification pacifique et un pays, deux systèmes” favorisera un développement social partagé des deux rives du détroit.

M. LAMBERTO DINI, Ministre des affaires étrangères de l’Italie: L’année 2001 sera l’année du dialogue entre les civilisations des Nations Unies. Ce dialogue ne doit pas être abordé de façon académique et abstraite. Il exige au contraire que des liens réels se tissent entre les peuples et les individus. Pour faire en sorte que ces contacts ne se transforment pas en source de tension, la communauté des Etats doit comprendre et gérer les phénomènes migratoires dont les aspects les plus graves se traduisent par l’immigration illégale et la violation de la dignité humaine. Ainsi, les migrations doivent être soumises à des règles fixes transparentes. Toute solution à cette question doit tenir compte du phénomène de mondialisation qui a permis de réduire les distances et le temps. L’ampleur du phénomène migratoire a creusé le fossé entre la capacité de gestion des gouvernements et la propension des individus à être mobiles. Nous devons nous demander comment protéger la liberté et enrayer cette nouvelle forme d’esclavage qu’est le trafic des êtres humains.

L’amélioration des conditions de vie de millions d’êtres humains constitue le défi fondamental du développement. Nous devons nous engager clairement et explicitement en faveur de l’élimination de la pauvreté. Nous devons être conscients que dans un contexte de mondialisation, le phénomène migratoire peut graduellement appauvrir ceux qui sont déjà désavantagés au plan économique et social. Les initiatives d’aide au développement de la part des pays industrialisés et d’organisations non gouvernementales ne pourront pas vaincre la misère si l’on ne prend pas conscience que la dette extérieure est un fardeau immense pour les gouvernements, les familles et les individus. L’annulation de la dette des pays les plus pauvres n’est pas une option mais une obligation. C’est la raison pour laquelle, l’Italie a approuvé récemment une loi visant à réduire la dette extérieure d’un montant total de 6 milliards de dollars sur trois ans. L’Italie jouera également un rôle actif de sensibilisation des acteurs principaux de l’aide au développement pour qu’ils fassent preuve de détermination lors de la préparation de la Conférence sur les pays les moins avancés qui se tiendra en mai prochain. Nous confirmons également notre soutien aux aspirations des petits Etats insulaires et des Etats sans littoral.

Toutefois, la réduction de la dette n’est pas suffisante. Elle doit être accompagnée de la mise en œuvre de bonnes politiques dans les pays bénéficiaires comme faisant partie d’une stratégie intégrée qui repose sur un nouveau pacte social international. En d’autres termes, nous devons promouvoir un ensemble de mesures qui combine des réformes économiques, sociales et politiques responsables et l’ouverture de marchés internationaux. La réunion de haut niveau sur le financement du développement en 2001 offrira l’occasion de finaliser cette stratégie.

L’immigration a des causes variées comme la pauvreté, les tensions ethniques et religieuses. L’expérience a montré la nécessité de mettre en œuvre une approche à laquelle seules les Nations Unies peuvent conférer un caractère universel. Ainsi, nous demandons instamment aux Nations Unies de mettre en œuvre des instruments appropriés. Trois instruments devraient être intégrés et coordonnés. Il s’agit dans un premier temps de fournir une aide aux pays en développement pour prévenir les tensions et faciliter leur intégration économique, de mettre en œuvre plus rigoureusement les textes de loi relatifs à l’immigration dont le succès dépend également de la coopération entre les pays d’origine, de transit et d’accueil et enfin de gérer les migrations de façon à en faire une source de stabilité et de prospérité.

CHEIKH SABAH AL-AHMAD AL-JABER AL-SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït: Nous souhaitons tout d´abord réitérer notre engagement à oeuvrer pour les objectifs communs qui sont ceux de l´Organisation, rendre hommage au Secrétaire général et souhaiter la bienvenue à Tuvalu. A l´heure où les défis à la paix et à la sécurité ne connaissent plus de frontières, l´ONU a un rôle essentiel à jouer. Le Koweït est attaché à la paix et au développement social; ainsi, nous nous félicitons de notre classement honorable en matière de développement humain tel que défini par le PNUD. Afin de renforcer l´Organisation, nous pensons qu´une réforme du Conseil de sécurité dans le sens d´une augmentation du nombre de membres permanents et non-permanents est nécessaire.

Le 2 août 1990, notre pays était envahi par les troupes irakiennes. Cette invasion, condamnée en chœur par la communauté internationale et par le Conseil de sécurité, a sapé la sécurité et la stabilité de la région. Les séquelles de cette agression se font encore aujourd´hui lourdement sentir. En dépit des 54 résolutions prises à ce jour par le Conseil de sécurité, l´Irak se livre à des stratagèmes et manœuvres dilatoires permanentes et ne remplit aucune de ses obligations définies par le Conseil de sécurité. La question des prisonniers et des otages de guerre n´a toujours pas été résolue et l´Irak refuse de coopérer avec le Comité international de la Croix-Rouge. De plus, le Gouvernement de l´Irak persiste à ne pas coopérer avec le Coordonnateur de haut niveau, l´Ambassadeur Yuliy Vorontsov, nommé par le Secrétaire général. Nous saisissons cette occasion pour renouveler notre appel au Gouvernement irakien afin qu´il coopère sur ces questions, et notamment sur celles de la propriété volée. En effet, de nombreux avoirs, parmi lesquels des archives d´Etat, du matériel militaire et des documents divers doivent être retournés. Il est urgent que l´Irak se conforme aux résolutions du Conseil de sécurité: La communauté internationale, et notamment l´Organisation de la Conférence islamique, est unanime à le réclamer. Cependant, nous sommes pessimistes: Depuis 10 ans, la politique d´agression est continue, et le régime semble ne ressentir aucun remords.

Au niveau régional, le Koweït soutient les différentes initiatives en faveur de la paix et se réjouit que le programme humanitaire en faveur des peuples de l´Irak soit opérationnel. Nous souhaitons que les efforts du Comité ministériel tripartite du Groupe de Coopération du Golfe soient couronnés de succès et nous pensons que la démarcation de la frontière entre le Koweït et l´Arabie saoudite permettra de promouvoir la stabilité dans la région. En ce qui concerne la paix au Moyen-Orient, nous restons attachés au processus de paix initié à Madrid en

1991. Face à l´intransigeance israélienne, nous renouvelons notre engagement aux côtés des pays arabes et réaffirmons notre soutien au rétablissement des droits légitimes du peuple palestinien. Nous nous félicitons du retrait israélien de la zone Sud du Liban et du processus de réconciliation à Djibouti. Nous regrettons cependant que le reste du continent reste en proie à des conflits et à des menaces terribles telles que le Sida. L´appui international et les flux d´aide restent essentiels pour apporter une réponse à ces menaces et le Koweït, qui peut s´enorgueillir de l´efficacité de son Fonds pour le développement économique, appelle tous les pays développés à faire en sorte que la mondialisation profite à tous.

M. RALPH MARAJ, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago: Des actions au niveau national sont nécessaires afin de régler en priorité les problèmes de chaque pays. En ce qui concerne l'éradication de la pauvreté, il faut que les politiques menées aient pour objectif de favoriser une croissance de l'économie afin de réduire le niveau de pauvreté d'ici 2015, comme prévu par la déclaration adoptée par les chefs d'Etat et de gouvernement à l’issue du Sommet du millénaire. Trinité-et-Tobago mène déjà une action qui crée des emplois et qui devrait profiter à tous les citoyens, tout en maintenant un faible taux d'inflation. L'éducation est un élément primordial dans la mesure où elle permet le changement social et constitue un droit de l'homme. Depuis son accession à l'indépendance, Trinité-et-Tobago a mis l'accent sur ce point. La scolarisation est obligatoire et gratuite jusqu'à l'âge de douze ans. De plus, cette nouvelle année scolaire 2000-2001 inaugure la gratuité de l'école secondaire.

Pour qu'ils puissent contribuer au développement de leur pays, les citoyens doivent jouir d’une bonne santé. C'est une priorité pour notre pays qui investit sans cesse dans les ressources humaines et les infrastructures. Le coût des médicaments a baissé et, s'il n'est pas abordable pour tous, doit être payé par le gouvernement. La région des Caraïbes étant particulièrement touchée par les ravages du Sida, Trinité-et-Tobago combat depuis longtemps ce fléau, notamment par la recherche. Nous sommes favorables à une session spéciale de l'Assemblée générale des Nations Unies sur ce sujet.

La coopération internationale est indispensable pour sauvegarder l'environnement, spécialement dans les pays industrialisés. Les petits Etats insulaires comme le nôtre sont les régions les plus menacées, mais nous sommes aussi conscients de notre propre responsabilité et prenons les mesures qui s’imposent dans le sens de la protection, par exemple en finançant des programmes. Je m'associe toutefois à mes collègues de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour dénoncer le transport de déchets dangereux, dont nous souhaitons l'interdiction, dans la mer des Caraïbes.

Chaque gouvernement devrait privilégier l'expression démocratique et développer des systèmes judiciaires et juridiques efficaces. Trinité-et-Tobago est fière des libertés qu'elle protège (parole, association, presse) et de son système légal moderne. Notre pays lutte aussi, comme beaucoup d'autres, contre la criminalité, en particulier en mettant en place un programme d'action contre les comportements déviants des jeunes. Du fait de sa situation géographique, le trafic de drogues touche aussi Trinité-et-Tobago qui participe à la coopération

régionale pour le combattre. Cela a entraîné des dispositions légales nombreuses, comme l'accord signé par six gouvernements en juillet 2000 pour créer un programme régional de protection judiciaire. Le trafic d'armes légères aggravant les choses, nous attachons beaucoup d'importance à la prochaine conférence des Nations Unies prévue en 2001.

Enfin, Trinité-et-Tobago est préoccuppée par les problèmes de racisme et de discrimination religieuse, mais n'en souffre pas, étant une société multiculturelle vivant en harmonie. Les Nations Unies ont un rôle important à jouer dans ces différents domaines et nous voulons être des partenaires actifs, notamment dans la création de la Cour pénale internationale.

M. MOHAMED BENAISSA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc: Les efforts pour réduire la pauvreté et assurer un développement durable doivent conjuguer une action internationale visant à intégrer les pays en développement dans l’économie mondialisée avec des réformes pour répondre aux besoins des populations en matière de santé, d’éducation et d’emploi. De même il conviendrait de réduire les barrières commerciales érigées contre certains produits et libérer les pays les moins avancés et ceux à revenu intermédiaire du fardeau de la dette. Le moment est venu pour que les institutions internationales, et notamment celles de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce, adoptent une nouvelle approche pour accompagner les pays du Sud dans leur effort de développement. Le Maroc fonde de grands espoirs dans la tenue en 2001 de la Conférence sur le financement du développement.

Le Maroc est particulièrement préoccupé par la multiplication des foyers de tension en Afrique et par le trafic d’armes qui les alimente. Nous lançons un appel pressant à tous les protagonistes pour qu’ils renoncent au recours à la force comme moyen de règlement des différends. Nous appuyons toutes les initiatives que prendra l’ONU pour mettre en œuvre une stratégie de prévention des conflits et pour améliorer les mécanismes de réaction. Par ailleurs, la marginalisation de l’Afrique constitue un sérieux obstacle à son intégration au développement mondial. Il devient par conséquent de plus en plus urgent d’agir en faveur de l’Afrique d’une manière solidaire à travers le développement de ses ressources humaines et des politiques d’éducation adaptées aux réalités du continent. Il est également nécessaire d’examiner la question de la dette des pays africains. Leurs efforts doivent être également soutenus par l’ouverture des marchés des pays développés à leurs exportations. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a annoncé sa décision, lors du Sommet Afrique-Europe du Caire, d’annuler la dette des pays africains les moins avancés envers le Royaume du Maroc et de lever les barrières douanières.

En ce qui concerne le problème dudit Sahara occidental, je voudrais tout d’abord affirmer que le Maroc, qui avait pris l’initiative du référendum, a apporté à sa mise en œuvre sa coopération la plus totale et a consenti de nombreux sacrifices pour permettre à la population de ce territoire de réaffirmer sa volonté. Nous avons accompagné toutes les démarches, convaincus qu’en définitive, le référendum, tout en assurant le respect du processus d’autodétermination, viendrait confirmer le droit de notre pays à son intégrité territoriale. Tout le monde sait que la mise en œuvre du référendum connaît de multiples problèmes. Il s’agit essentiellement de s’assurer, sans aucune partialité ou complaisance, que l’ensemble de la population sahraouie puisse exprimer sa volonté. Le référendum,

pour demeurer équitable et démocratique, doit obéir à un certain nombre de règles que nul ne peut transgresser pour accommoder telle ou telle partie. Nous continuerons d’apporter notre coopération la plus totale aux efforts du Secrétaire général pour venir à bout de nombreuses difficultés. Notre pays a apporté sa contribution à ces efforts en présentant de nombreuses suggestions qu’il y aurait lieu de promouvoir. Tout règlement doit se faire dans le cadre de la souveraineté, de la légalité et de l’unanimité des marocains. Il y a lieu également d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation des dizaines de milliers de réfugiés déplacés de force et qui vivent dans des conditions inhumaines.

Le Royaume du Maroc et d’Espagne sont unis par les liens indissolubles d’une histoire séculaire, d’une intimité géographique et culturelle et d’une communauté de destin dans l’Espace euro-méditerranéen. L’Espagne doit comprendre que l’occupation des deux villes marocaines de Sebta et Mellilia et des îles voisines n’est conforme ni au droit international ni au sens de l’histoire. Nous sommes persuadés qu’il est possible d’imaginer un règlement qui sauvegarderait la souveraineté du Maroc tout en respectant et en protégeant les intérêts économiques, sociaux et culturels de l’Espagne. A l’initiative de Sa Majesté feu Hassan II, le Royaume du Maroc a suggéré à maintes reprises la création d’une cellule de réflexion maroco-espagnole.

Le Maroc accorde une importance toute particulière à la stabilité et au renforcement de la coopération dans le bassin méditerranéen. L’attrait mutuel du Maroc et de l’Europe découle de l’histoire, de la géographie et des impératifs stratégiques communs. Les relations avec l’Union européenne ont connu cette année un développement hautement significatif avec l’entrée en vigueur de l’Accord d’association le 1er mars 2000. Cet Accord s’articule autour du dialogue politique, de la coopération économique, culturelle, technique, sociale; de la coopération financière renforcée et de l’établissement progressif d’une zone de libre échange à l’horizon 2012. Nous souhaitons que l’Union européenne encourage les flux d’investissements directs vers le Maroc et les autres pays d’Afrique du Nord. Nous souhaitons également que les intérêts culturels de notre communauté marocaine en Europe soient sauvegardés et que la dignité de nos ressortissants soient constamment protégée. C’est dans ce cadre que nous pouvons envisager ensemble un espace de sécurité et de paix dans la région de la Méditerranée.

M. FERNANDO DE TRAZEGNIES GRANDA, Ministre des affaires étrangères du Pérou: Le Sommet du millénaire a mis en évidence les défis gigantesques qui restent à relever et la nécessité impérative d’instaurer un nouvel ordre international reposant sur la participation de toutes les cultures qui constituent l’humanité. L’une des caractéristiques de cette fin de siècle est le rôle primordial que tous les pays du monde, petits ou grands, jouent dans l’élaboration de ce nouvel ordre qui doit se fonder sur les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies. Je voudrais tout particulièrement mettre l’accent sur les droits relevant de la souveraineté des Etats et qui ont permis le développement de mécanismes nationaux de contrôle efficaces ainsi que la stabilisation du système international. Dans le contexte de changements constants qui est le nôtre, le respect sans condition de l’ordre juridique international revêt la plus haute importance. Ce dernier représente en effet la voie à suivre vers l’établissement d’un nouveau sentiment

d’appartenance commune et vers la limitation de l’arbitraire et de la subjectivité. La nouvelle réalité nous impose aussi de renouveler notre engagement en faveur du principe de la responsabilité partagée. La mondialisation et l’interdépendance profonde qui l’accompagne font que les Etats de la communauté des Nations Unies doivent conjuguer leurs efforts et leurs ressources pour résoudre les problèmes. Je pense particulièrement au besoin de parvenir à un développement durable pour les pays en développement.

Il est de la plus haute importance pour le Pérou que ces questions soient prises en charge dans le cadre des Nations Unies et que des réponses cohérentes et intégrées y soient apportées. A cet égard, je me réjouis de la proposition du Secrétaire général de centrer, pour les années à venir, l’attention des Nations Unies sur la réduction de la pauvreté. Je tiens à mettre l’accent sur la suggestion constructive faite par le Président Fujimori lors du Sommet du millénaire et concernant l’utilisation de l’argent des trafiquants de drogue capturés.

Il est incontestable également que l’humanité n’est pas composée d’une seule culture et le monde du prochain siècle devra donc savoir comment reconnaître la diversité et résoudre de manière dynamique le dilemme entre unité et multiplicité. Le plus complexe de ces défis est peut-être la nécessité de construire un système international reposant sur une démocratie véritable et non sur l’imposition d’un modèle unique. La vraie démocratie pratique au quotidien la diversité et la tolérance. Mais la solution n’est pas d’abandonner le concept de l’Etat et de la souveraineté au profit d’une entité supranationale.

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie: Je voudrais souligner trois questions d’une importance particulière. La première d’entre elles touche à la nécessité de réformer le Conseil de sécurité. Le pouvoir exécutif dont avait été investi le Conseil trouvait son origine dans la nécessité de prendre des décisions rapides. En pratique néanmoins, le Conseil est de plus en plus miné par son indécision. Il est nécessaire de procéder à la réforme des procédures de vote et des mécanismes qui président au travail de l’organe le plus puissant des Nations Unies. L’exercice du droit de veto mérite notre attention. Certains Membres Permanents ont fait usage du droit de veto ou ont menacé de le faire pour promouvoir leur politique interne et des intérêts de politique extérieure qui sont sans lien avec le sujet soumis à examen. Il est du devoir des Membres Permanents du Conseil de faire usage du droit de veto de façon responsable. La composition du Conseil de sécurité, qui reflète toujours l’équilibre des forces de 1945, est également un autre sujet de préoccupation.

Mon second point porte sur le maintien de la paix. En début d’année, l’Estonie a décidé de régler 100% de ses contributions au titre du maintien de la paix alors qu’elle n’était tenue d’en régler que 20%. Nous estimons en effet que le maintien de la paix fait partie des tâches cruciales des Nations Unies. Mais ceci n’est pas suffisant pour accroître l’efficacité des opérations de maintien de la paix. Nous avons besoin, pour reprendre les termes de Tony Blair, d’un concept plus large de la sécurité. Le Conseil de sécurité a franchi une étape importante la semaine dernière pour ce qui est de la protection des individus et des frontières avec l’adoption d’une résolution. Ces modifications devraient permettre de créer une force plus puissante, mieux financée et qui pourrait intervenir rapidement en cas de besoin.

Le troisième point de mon intervention à trait à la nécessité de lutter contre les inégalités dans le monde. Les efforts d’allègement de la dette et ceux visant à accorder plus de ressources en faveur de l’aide au développement doivent aller de pair avec la pratique de la bonne gouvernance et l’ouverture des marchés. De plus, il a été établi de manière incontestable que les programmes impliquant les technologies de l’information bénéficient au développement. L’accès aux technologies de l’information sont sources de nouvelles opportunités dans les zones rurales. C’est la raison pour laquelle nous soutenons le programme des Nations Unies visant à aider tous les Etats Membres à faire des technologies de l’information une réalité.

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