En cours au Siège de l'ONU

AG/1045

PLAIDOYER POUR UN PARTAGE DES RESPONSABILITES ET SOLIDARITE ACCRUE PERCUS COMME SUSCEPTIBLES DE RELEVER LES DEFIS DU XXIEME SIECLE

7 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1045


PLAIDOYER POUR UN PARTAGE DES RESPONSABILITES ET SOLIDARITE ACCRUE PERCUS COMME SUSCEPTIBLES DE RELEVER LES DEFIS DU XXIEME SIECLE

20000907

Au deuxième jour du débat général du Sommet du millénaire, les chefs d'Etat et de gouvernement ont assisté à un véritable plaidoyer en faveur d'un partage des responsabilités, d'efforts concertés, de plus de solidarité et d'une coopération accrue pour relever les nombreux défis du vingt-et-unième siècle. La pauvreté, la dégradation de l'environnement, la criminalité, la pandémie du VIH/sida et la déstabilisation des sociétés ne sont pas le fruit du hasard mais bien le résultat de relations économiques et politiques peu équitables, ont-ils déclaré en substance. La facilitation de l'accès des pays en développement aux marchés et aux investissements étrangers, l'allègement de la dette ou encore l'allocation d'une aide financière et technique permettant à ces pays de s'intégrer au système des échanges internationaux ont été perçus comme des solutions qui s'imposent d'elles-mêmes.

Cet appel à la solidarité a été plus particulièrement marqué par les petits Etats insulaires en développement qui ont dénoncé les attaques économiques auxquelles se livrent les pays développés par le biais de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Ce partage des responsabilités doit également s'exercer dans le domaine de la lutte contre la corruption, phénomène qu'ont dénoncé certains pays africains, notamment le Ghana et la Sierra Leone. Les fusions et acquisitions douteuses en Afrique auxquelles se livrent près d'une trentaine de multinationales occidentales mettent en danger le monde des affaires sur le continent, a indiqué le Président du Ghana.

Dans l'ensemble, il a été souligné que les solutions aux maux de ce siècle dépendent dans une large mesure de la capacité des Nations Unies de s'adapter, notamment dans le domaine du maintien de la paix et du développement. L'ONU dans sa forme actuelle n'est plus en mesure de relever les défis de demain mais ses accomplissements passés, son expérience et sa nature d'organe politique universel font d'elle la seule organisation à même de remplir cette tâche, ont reconnu les dirigeants du monde.

(à suivre 1a)

Les chefs d'Etat et de gouvernement et les Ministres des affaires étrangères des pays suivants ont pris la parole : Qatar, Pologne, Lituanie, Finlande, Mali, Zambie, Croatie, Ukraine, Ghana, Venezuela, Azerbaïdjan, Norvège, Sierra Leone, Afrique du Sud, Moldova, Togo, Botswana, Tadjikistan, Nauru, Hongrie, Slovénie, Cameroun, Sainte-Lucie, Singapour, Saint-Kitts-et-Nevis, Italie, Trinité-et- Tobago, Andorre, République slovaque, République hellénique, Emirats arabes unis, Monaco, Koweit, Iraq, Myanmar, Malaisie, Egypte, Turkménistan, République centrafricaine. Le représentant de Maurice a également pris la parole.

Le Sommet du millénaire poursuivra son débat à 15 heures.

Allocutions à l’occasion du Sommet

M. HAMAD BIN KHALIFA AL-THAMI, Emir de l’Etat du Qatar : Ce n’est pas une coïncidence si la plupart des déclarations se sont concentrées sur la mondialisation. Ce n’est pas seulement un facteur majeur dans le processus de prise de décisions politiques mais aussi un facteur déterminant dans les relations internationales. Dans un monde de progrès technologiques, il est regrettable que l’analphabétisme technologique et l’analphabétisme tout court soit encore d'une telle ampleur et qu’une part si importante de la population mondiale souffre d’une pauvreté aussi abjecte. Cet état de fait est notamment dû à l’exploitation abusive des grandes entreprises des pays développés qui n'ignorent cependant pas que ces pratiques sont contraires aux instruments juridiques internationaux comme notamment la Convention de Rio. Nous avons une très grande responsabilité en tant qu’individus ou en tant que groupes. On ne peut donc pas se passer d’une volonté politique forte et d’une coopération internationale dans laquelle toutes les parties coopèrent afin d’utiliser au mieux les fruits des progrès technologiques. L’ONU est le lieu indiqué pour cette coopération. Il convient notamment d'élaborer un plan d’éducation complet afin d'éliminer l’analphabétisme et de mettre les technologies de l’information au service du développement. Pour améliorer la situation économique des pays en développement, l’annulation de la dette des pays les plus pauvres est indispensable ainsi que la transformation de certaines autres dettes en capitaux d’investissements. Il faut également fournir un soutien spécial aux Etats qui ont pris des mesures en faveur de la démocratie. Je pense que les pays développés devraient se rendre compte qu'il y va de leurs propres intérêts de revoir les politiques qu’ils mènent à l'égard des pays en développement. Je tiens à faire valoir plusieurs indicateurs, à savoir notamment le prix des exportations, les indicateurs utilisés pour définir le niveau de compétitivité des pays en développement, les lacunes du transfert de technologies sous prétexte de protéger la propriété intellectuelle. Je me félicite des recommandations du rapport du Secrétaire général et j’estime qu’afin de les réaliser, les Nations Unies devraient renforcer leur rôle en ce qui concerne le règlement du conflit israélo-palestinien et l'instauration d'une paix durable entre syriens et israéliens. Le règlement de la question de Jérusalem, qui en est la pierre angulaire, est également indispensable. Nous accueillerons favorablement toute initiative en ce sens. Il est également nécessaire de faire au plus tôt de la région du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires. Il convient également de veiller à la façon dont sont imposées les sanctions économiques. Le seul moyen de réaliser les objectifs des Nations Unies est de renforcer l’égalité démocratique. En ce sens, le monde arabe devrait avoir un siège permanent au Conseil de sécurité étant donné son importance.

M. ALEKSANDER KWASNIEWSKI, Président de la Pologne : Avons-nous réellement été en mesure de développer et de mettre en œuvre des procédures et des instruments efficaces de défense des droits de l'homme? Avons-nous trouvé les moyens de dépasser les divisions entre les pays du Sud pauvres et les pays du Nord prospères? Sommes-nous en mesure de protéger l'environnement? Savons-nous comment faire en sorte que cette ère de progrès inexorables dans les domaines de l'information et des télécommunications favorise le développement des cultures et des civilisations? Face au pouvoir des marchés internationaux, n'avons-nous pas perdu de vue la personne humaine dans toute sa dimension, y compris ses valeurs spirituelles?

Le terme mondialisation a été créé pour refléter notre nouvelle interdépendance mais nous ne devons pas oublier que ce phénomène comporte des aspects sombres. Les disparités entre les pays pauvres et les pays riches continuent de s'accroître. Nous pouvons relever le pari de la mondialisation si nous acceptons que le développement du monde repose sur les valeurs universelles. Le principe de solidarité dans ce contexte a un rôle important à jouer. La solidarité signifie le partage des responsabilités et une sensibilisation aux besoins et aux craintes des plus faibles. Elle exige également la volonté de coopérer et d'aider. Elle consacre la mise en œuvre d'efforts concertés plutôt que des actions unilatérales. Elle signifie également le respect de la diversité et du dialogue. Mais avant tout, la solidarité est synonyme de liberté, de dignité et de bien-être de la personne humaine. Le monde a besoin aujourd’hui de la conjonction des aspects positifs dont a fait preuve le libre-échange, combinée à des solutions réalistes qui accordent une place centrale à la personne humaine et qui soient intégrées dans les pratiques politiques.

L’aube du XXIe siècle nous présente de nombreux défis d'où la nécessité de réformer l'Organisation qui doit être dotée d'organes efficaces, avoir des programmes flexibles et faire un usage tout aussi efficace de ses ressources.

M. VALDAS ADAMKUS, Président de la République de Lituanie : La réforme des Nations Unies ne se fera pas d’une manière aisée et rapide. L'important, c’est que le processus se poursuive. L’ONU ne peut résoudre tous les problèmes et relever tous les défis. Son succès dépend de l’implication active des Etats Membres et des régions face aux besoins qui surgissent. Pour ce qui concerne la Lituanie, j’aimerais vous indiquer qu’elle a décidé d’augmenter sa contribution aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Compte tenu de la mondialisation, les Nations Unies devraient élaborer de nouveaux instruments plus efficaces susceptibles de relever les défis en matière des droits de l´homme. Dix années de transformation profonde ont apporté aux nations d’Europe occidentale et centrale des enseignements précieux, démontrant que l’intégration fonctionne pour le bien de tous. Toutefois, l’Europe centrale et orientale doivent encore résoudre de nombreux problèmes. Les Nations Unies pourraient jouer un rôle plus important en essayant d'apporter des réponses aux attentes de ces peuples.

Les Nations Unies devraient tout mettre en œuvre pour débloquer les situations de conflit qui sont dans une impasse. C’est dans ce contexte que nous estimons la réforme du Conseil de sécurité nécessaire. Aujourd´hui, le dialogue des civilisations implique aussi des valeurs culturelles et sociales, en plus de la dimension économique. Nous devons instaurer un dialogue dans un langage accepté par tous, notamment en matière des droits de l´homme. Tel est le défi que nous devons relever aujourd'hui.

Mme TARJA HALONEN, Présidente de la République de Finlande : Il est important que tous les individus se rendent compte de la pertinence des Nations Unies et en soutiennent la mission. Les buts et principes de l’Organisation doivent rester appropriés à tous. Je souligne que “nous, les peuples” sommes l’élément central de la Charte des Nations Unies. Les Nations Unies doivent être efficaces dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. La paix n’est pas seulement l’absence de guerre. La démocratie, le respect des droits de

l’homme, les règles du droit et la bonne gouvernance sont essentiels à la sécurité et au développement véritables. Ce sont aussi des moyens de prévention des crises. La gestion des crises touchant les civils doit être développée et renforcée. Utiliser un système judiciaire compétent, un système éducatif fonctionnel et une administration locale efficace, dans le cadre de la reconstruction de la paix après un conflit, renforcent les fondements d’une nation et évitent la résurgence des conflits. Des opérations de maintien de la paix traditionnelles sont toujours nécessaires. Tout comme nous devons protéger les peuples de la peur, nous devons aussi les prémunir contre le besoin. Un développement durable inspiré par l’être humain est la meilleure façon de prévenir, à long terme, les crises. Je suis convaincue qu’il n’existe pas de paix sans développement durable et pas de développement durable sans une paix solidement établie.

Utiliser la révolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour aider le développement est un autre défi que doit relever l’ONU. Dans ce domaine, elle doit établir des partenariats, secteur privé inclus. Surmonter la fracture numérique aidera à combler le fossé entre les pays développés et les pays en développement, et en fera des partenaires plus égaux au sein du monde des affaires. Nous devons oublier la dette des pays les plus pauvres et abolir les barrières qui bloquent leur commerce.

La participation de la société civile est cruciale pour que l'action des Nations Unies soit véritablement efficace. Cette participation doit être élargie à la société civile tout entière, en incluant les parlements, le secteur privé et la communauté des affaires. Leurs représentants pourraient être présents au sein des délégations officielles à l’ONU, comme c’est le cas pour la Finlande. Grâce à une large coopération internationale entre tous les acteurs, l’ONU deviendra plus proche de “nous, les peuples”.

M. ALPHA OUMAR KONARE, Président de la République du Mali : Mes propos voudraient relayer dans cette enceinte, à la veille de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants en 2001, ce cri d’amour de l’UNICEF: Les enfants d’abord, les enfants notre avenir. Demain ne saurait être pour nous Maliens le reflet d’un aujourd’hui de grande pauvreté matérielle. La lutte contre la pauvreté se mènera en tenant compte de la spécificité de chaque pays, dans le respect des démunis. Il importe de libérer les initiatives, surtout privées et celles des sociétés civiles et des ONG, de consolider les ressources humaines locales et les capacités nationales, d’accroître l’aide publique au développement, d’envisager une gestion plus solidaire des hydrocarbures dans le sens de l’esprit du Pacte de San José. Nous devons user plus largement les nouvelles technologies de l’information. Il faut un climat de liberté et de droit pour réussir à créer un contexte favorable à la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption, à la participation des populations, dans leur diversité surtout culturelle, à la gestion de leur affaires, au libre choix de leurs représentants. Nous devons avoir une position commune claire, sans ambiguïté, de condamnation des interruptions brutales de processus démocratiques. Nous devons empêcher par tous moyens les génocides, les violations flagrantes des droits humains. Nous devons envisager la mise en quarantaine de régimes en guerre, refusant toute entremise de la communauté internationale. Nous devons condamner l’usage des mines antipersonnel et la course secrète aux armes nucléaires, lutter contre la prolifération et le trafic illicite des armes légères. Il faut dénoncer les mutilations physiques de l’être humain et refuser la culture de l’impunité.

La consolidation de la culture de la paix et de l’éducation aux droits humains constituera le socle de l’avancée démocratique et confortera l’émergence d’une véritable communauté plurielle. Nous saluons la naissance à Varsovie en juin dernier de la Communauté des démocraties qui favorisera l’épanouissement des principes démocratiques à travers le monde entier. L’avancée démocratique en Afrique conforte les dynamiques d’intégration régionale et sous-régionale. Elle a permis la création à Lomé (Togo) en juillet dernier de l’Union africaine, nouvelle organisation continentale à la place de l’Organisation de l’unité africaine, qui entamera sa marche en 2001 avec son lancement à Syrte (Libye). L’Union africaine permettra à notre continent de proposer lui-même de réelles alternatives à ses problèmes et d’affirmer sa présence au sein de toutes les organisations internationales. Elle devra être à visage humain ou ne sera pas. Malgré sa mauvaise image médiatique, l’Afrique reste un continent aux atouts formidables. Nous entendons assumer aujourd’hui notre devoir dans la lutte contre la pauvreté et la maladie, la lutte contre la dégradation de l’environnement, contre le sida, contre l’ignorance.

Rien de tout cela ne saurait se réaliser sans une plus grande démocratisation de l’ONU par l’élargissement du Conseil de sécurité et un exercice effectif par l’Assemblée générale en tant que “Forum mondial suprême” de toutes ses prérogatives ainsi que par un renforcement du Conseil économique et social. Il faut également placer les individus et les peuples au centre de nos préoccupations et entamer un véritable dialogue des civilisations qui se fondera sur la tolérance et le souvenir mais jamais sur l’oubli, l’oubli de l’esclavage, du colonialisme, du fascisme, du sort de la Palestine.

M. FREDERICK J.T CHILUBA, Président de la Zambie : La pauvreté n'est pas un accident mais le résultat de relations économiques et politiques inéquitables. Il est inacceptable qu'en cette ère moderne qui consacre les nouvelles technologies et les autoroutes de l'information, la misère sordide et les maladies continuent de ravager la vie de millions de personnes, en particulier des enfants et des femmes. Il est impératif que la communauté internationale s'attache à résoudre ces problèmes. Les solutions sont claires et s'imposent d'elles-mêmes, à savoir un accès accru aux marchés, un allègement plus conséquent de la dette, des investissements étrangers directs et une aide financière et technique au sein du système des échanges internationaux. Le lancement de l'initiative pour les pays pauvres largement endettés par les pays du G8 a eu peu d'impact sur la question de la dette et sur la pauvreté. Les critères d'éligibilité et l'accès à cette initiative doivent être plus ouverts. Les partenaires du développement qui ne l'ont pas fait doivent intensifier leurs efforts pour honorer l'objectif visant à consacrer 0,15 % de leur produit national brut à l'aide au développement en faveur des pays les moins développés. Il faut également que plus de pays donateurs s'acheminent vers l'objectif des 0,20 %.

Les Nations Unies doivent faire de l'élimination de la pauvreté une priorité. Nous devons mettre en œuvre des programmes orientés vers l'action pour lutter contre ce fléau qui fait plus de victime que les guerres. Les solutions à ces problèmes dépendent dans une large mesure de la réforme des Nations Unies. Dans sa forme actuelle, l'Organisation n'a pas la capacité de répondre de façon adéquate à ce problème. Nous lançons un appel en faveur de la revitalisation des Nations Unies. Les Nations Unies doivent devenir une organisation plus viable pour être en mesure de soutenir la transparence et la bonne gouvernance,

l'amélioration de la situation des droits de l'homme, la protection de l'environnement, la consolidation de la démocratie et l'amélioration des conditions de vie des peuples. C'est d'ailleurs une contradiction flagrante que les Nations Unies qui n'ont pas réussi à réformer le Conseil de sécurité vont par le monde prêcher la démocratie.

Les Nations Unies doivent également trouver des solutions durables aux causes des conflits dont l'Afrique est la première victime. Nous devons améliorer notre capacité de réaction car nos lenteurs se sont révélées extrêmement coûteuses tant au point de vue financier qu'humain. En Afrique, nous avons reconnu que tout soulèvement militaire ou autre par des moyens inconstitutionnels constituent les principales causes des conflits. Nous suggérons aux Nations Unies d'adopter une déclaration similaire à celle adoptée par les pays de l'Organisation de l'unité africaine. Le principe du "carton rouge" signifie que tout membre de l'OUA qui prend le pouvoir par des moyens inconstitutionnels sera immédiatement exclu de l'Organisation jusqu'à ce que ce gouvernement ait rétabli les règles de la démocratie.

M. STIPE MESIC, Président de la République de Croatie : Comme jamais auparavant, le XXe siècle a été marqué par des progrès scientifiques et technologiques. Mais le XXe siècle a aussi connu deux guerres mondiales, l’avènement de deux systèmes totalitaires, la guerre froide et la course aux armements. En dépit du fait qu'un nouveau conflit mondial a pu être évité, des confrontations ont perduré à travers le monde. C'est la raison pour laquelle nous devons accorder tout notre soutien à l'ONU et faire en sorte qu'elle occupe une place encore plus prépondérante dans notre monde actuel.

Nous appuyons fermement la vision du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, et sa proposition de restructurer l'ONU, y compris le Conseil de sécurité et le Département des opérations de maintien de la paix. La Croatie compte sur l'aide de la communauté internationale pour surmonter les conséquences de la guerre, remplacer ses institutions et mieux asseoir la démocratie. Notre pays fait tout ce qui est en son pouvoir pour s'intégrer dans l'espace euro- atlantique et l'Union européenne.

Pour ce qui est de la course aux armements, nous pensons qu'il faudrait y mettre un terme en élaborant de nouveaux traités et en ayant davantage recours à ceux qui existent déjà, surtout en ce qui concerne le contrôle des mines antipersonnel et la production des armes.

De plus, la Croatie est d'avis qu'il faudrait réformer les institutions financières internationales et redoubler d'efforts pour protéger l'environnement, héritage commun que nous devons préserver pour les générations futures.

M. LEONID KUCHMA, Président de l'Ukraine : La Charte des Nations Unies doit continuer d'être à la base du système de relations internationales au cours du prochain millénaire. Les questions du désarmement et de la non-prolifération des armes nucléaires doivent rester au cœur des activités menées par les Nations Unies. Il y a peu de temps, l'Ukraine a renoncé à son arsenal nucléaire qui était le troisième du monde. Ce geste de bonne volonté, effectué au nom du renforcement de la paix et de la sécurité internationales, nous permet de demander aujourd'hui à tous les Etats de suivre la même voie. Les armes nucléaires sont devenues

inutiles et nous devons nous assurer que tout sera fait pour que le prochain millénaire soit débarrassé de la menace d'une catastrophe nucléaire. C'est pourquoi l'Ukraine appuie l'idée de convoquer une conférence mondiale sur les moyens qu'il conviendrait de mettre en œuvre pour éliminer une telle menace.

Aujourd'hui plus que jamais, il importe que les Nations Unies définissent une stratégie de prévention des conflits. Une telle stratégie devrait être fondée sur un recours généralisé à la diplomatie préventive et à la construction de la paix. Par ailleurs, il sera difficile de construire un monde plus sûr et plus équitable si l'on ne s'emploie pas, de façon déterminée, à relever les défis de la mondialisation. Il serait souhaitable que la communauté internationale travaille à la définition d'un instrument international de lutte contre le terrorisme informatique.

La croissance économique est la meilleure façon d'assurer la paix. Les Nations Unies et les institutions financières internationales devraient lancer des initiatives en matière de dette extérieure, de libéralisation du commerce et d'ouverture des marchés. Ces trois domaines sont déterminants pour le succès économique des pays en développement. Enfin, l'Ukraine est consciente de la nécessité de préserver la qualité de l'environnement et d'assurer aussi des conditions de vie convenables pour les générations futures.

M. JERRY JOHN RAWLINGS, Président de la République du Ghana : A l’heure de la mondialisation, nous ne devons pas seulement assurer la justice sociale au niveau interne mais l’incorporer dans toutes nos interdépendances au niveau mondial. Faute d’avoir su dans le passé reconnaître et appliquer les principes d’équité et de justice, nous avons été conduits aux conditions de pauvreté, de marginalisation, de criminalité, de pandémie, de dégradation de l’environnement et de désordre social que nous connaissons aujourd’hui. En utilisant les technologies de l’information et en faisant converger nos vues éthiques, nous pouvons renverser cette situation et poursuivre les objectifs qui visent à instaurer une société stable, un commerce renforcé, la réduction de la dette et l’éradication de la pandémie de sida. C’est l’éducation qui fournit les bases nécessaires à une société stable et tolérante. Il nous faut par conséquent mobiliser 7 milliards de dollars par an pour répondre aux besoins d’éducation, notamment de l’enseignement primaire pour les dix ans à venir et pour les 130 millions d’enfants dont les filles des pays en développement qui n’ont pas accès à cet enseignement.

Le Ghana estime que les initiatives régionales et sous-régionales de maintien de la paix ne peuvent que renforcer les efforts des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il convient également de s’attaquer aux faiblesses structurelles des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Afin que les pays en développement répondent aux besoins de leurs populations et de leur environnement, il faut renforcer leur capacité institutionnelle, notamment grâce à l’aide au développement.

L’absence d’institutions fortes dans les régions telles que l’Afrique a favorisé la corruption tant interne qu’externe. L’Afrique a gravement souffert de la mondialisation en tant que continent le plus corrompu du monde. Les pays développés doivent dénoncer la corruption dans les pays en développement mais également en leur sein. Il y aurait moins de corruption en Afrique s’il y avait

moins de lieux pour dissimuler les gains de la corruption et si une fois découverts ils retournaient aux peuples d’Afrique à qui ils appartiennent. Des entreprises renommées et des multinationales sont connues pour se livrer à des actes de corruption des autorités afin de prendre l’avantage sur la concurrence. Un rapport de la Banque mondiale a livré la liste noire des 29 sociétés liées à des actes de corruption dans les procédures de contrat en Afrique dont la grande majorité vient des pays occidentaux. En d’autres mots, les gouvernements occidentaux connaissent la corruption de leurs entreprises en Afrique et la garde sous silence. Des fusions et acquisitions douteuses ont cours en Afrique actuellement qui mettent en danger le monde des affaires en Afrique mais aussi dans le monde développé. L’indépendance politique de l’Afrique restera démunie de sens sans une Afrique libérée de la corruption, transparente, responsable et à laquelle on peut faire confiance. A cette fin, les tentations venant des pays développés doivent cesser.

La réforme des Nations Unies en cours doit viser la réalisation d’un monde tourné vers le développement et représentatif. Elle doit rendre le Conseil de sécurité plus démocratique et mieux apte à répondre aux besoins. C’est à ce prix que nous atteindrons les objectifs que nous nous sommes fixés pour le nouveau millénaire

M. HUGO CHAVEZ FRIAS, Président du Venezuela : le monde reste marqué par la misère, les inégalités, la faim et la mort. Disons la vérité aux hommes. La vérité n'est pas une abstraction, ni un rêve mais l'élément unique qui nous relie à l'humanité. La vérité n'est pas statique mais elle est dynamique. Il est certain que les Nations Unies ont été créées au lendemain d'une certaine conception de la vérité liée aux risques de déflagrations mondiales que ressentaient les Etats au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cette vérité n'est plus la même aujourd'hui. Nous devons nous délester d'une vérité qui ne l'a été qu'à un moment de l'histoire. Aujourd'hui, la mort règne sur la planète. Le Venezuela se joint à la clameur des peuples opprimés de la terre pour demander une transformation radicale des Nations Unies et du Conseil de sécurité qui permettrait l'instauration de pratiques plus démocratiques. Nous demandons un nouveau pacte mondial avec les Nations Unies ainsi qu'un nouveau concept démocratique au sein de l'Organisation. Il nous faut construire à partir d'une réalité nouvelle qui nous permettra d'entendre les voix du silence. L'heure des peuples est arrivée. Il nous faut sauver le monde.

M. HEYDAR ALIYEV, Président de la République azerbaïdjanaise : Le XXe siècle s’achève. Les empires se sont effondrés et les tensions de la guerre froide se sont éteintes. Mais l’analyse de la situation internationale aujourd’hui nous pousse à conclure, non sans amertume, que les stéréotypes de la rivalité demeurent bien vivants. Nous traversons une période difficile : un seul faux pas pourrait faire tout sauter et nous obliger à un retour tragique au passé. Notre défi est de construire un nouvel ordre mondial fait de justice et de sécurité. Le phénomène compliqué et ambitieux qu’est la mondialisation doit contribuer à assurer un développement durable et l’intégrité du système de gestion des Etats.

L’Azerbaïdjan apporte sa contribution positive au développement de la mondialisation. Mon pays a jeté un pont entre l’Est et l’Ouest, en créant une voie économique Europe-Caucase-Asie pour donner un nouvel élan à la coopération transnationale. Toutefois, des menaces externes et des problèmes internes ne donnent pas la possibilité aux jeunes démocraties de mettre en œuvre leurs

intérêts et de renforcer la coexistence pacifique. Ces pays ont été contraints d’entrer dans une lutte pour leur souveraineté et leur intégrité territoriale. Jusqu’à ce jour, les décisions du Conseil de sécurité de 1993 visant à résoudre les problèmes de l’agression arménienne contre l’Azerbaïdjan sont restées lettres mortes. Nous assistons à une trêve de plus de six années mais les problèmes ne sont pas toujours résolus. Je lance un appel aux Nations Unies pour faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité.

Des réformes importantes devront améliorer l’efficacité de l’ONU, notamment, la réforme du Conseil de sécurité. J’espère que les résultats du Sommet du millénaire constitueront une base solide pour l’essor du XXIe siècle.

SA MAJESTE LE ROI HARALD V, Chef d’Etat du Royaume de Norvège : Nous devons donner à l’ONU la force et les moyens dont elle a besoin pour accomplir les tâches que nous lui avons confiées. L’ONU est née des cendres de la Seconde Guerre mondiale, parce que nous avons reconnu que nos pouvoirs de destruction avaient atteint un niveau où la paix devenait l’unique solution. L’apparition des armes nucléaires n’a fait que renforcer cette évidence. Les Nations Unies devraient être renforcées pour s’adapter efficacement à la nature variable des conflits, pour détecter suffisamment tôt les prémices des conflits, pour gérer un conflit lorsqu’il ne peut être évité, pour mandater et équiper des opérations de maintien de la paix qui puissent gérer la nature complexe des conflits modernes. Elles devraient être renforcées pour permettre la reconstruction après les conflits, pour soulager les souffrances et protéger les droits de civils innocents, pour punir les responsables de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Il est essentiel d’éliminer les causes des conflits armés. La plupart d’entre eux sont dus à la pauvreté, au sous-développement et aux violations des droits de l’homme. Au seuil du millénaire, la lutte contre la pauvreté est le défi numéro un de la communauté internationale. Nous nous sommes tous mis d’accord sur les objectifs du développement international, nous avons les connaissances et les ressources nécessaires pour les atteindre. Nous vivons à une époque de prospérité et de perspectives nouvelles inconnues jusqu’à ce jour. L’élimination de la pauvreté n’est pas seulement un passage vers la paix et le développement, vers les droits de l’homme et la dignité, mais aussi un passage vers la protection de l’environnement pour les générations futures.

M. EL HADJ TEJAN KABBAH, Président de la Sierra Leone : Les résolutions, déclarations et conventions que nous adoptons affecteront la vie des peuples du monde car lorsque nous parlons des Nations Unies, nous parlons des peuples, de tous les peuples, quelle que soit leur couleur, leurs croyances ou leur statut économique et social. Nous demandons aux Nations Unies de prendre des mesures afin que les voix des peuples du monde puissent s’exprimer directement et afin d’améliorer leur participation au processus de décision de l’Organisation. Alors que nous nous félicitons de la fin du colonialisme, nous sommes témoins d’actes de colonialisme sous la forme de répression politique et sociale, d’intolérance ethnique, de tendances racistes, d’inégalités économiques rampantes et alors que nous avons mis fin à la guerre froide, nous sommes confrontés à la dissémination de "guerres chaudes" qui continuent de tuer des millions de personnes.

Il est ironique qu’alors que nous avons encouragé la mise en place de la bonne gouvernance démocratique et la restructuration économique et sociale au sein des Etats, nous sommes confrontés à des résistances en ce qui concerne la démocratisation des systèmes politiques et économiques internationaux. Il faut adapter les Nations Unies et développer de nouvelles approches et de nouvelles stratégies centrées sur les peuples afin de répondre aux questions complexes et nouvelles auxquelles nous faisons face. Les conditions que les institutions de Bretton Woods imposent aux pays en développement en matière de santé et d’éducation ne devraient pas conditionner les programmes au détriment de la sécurité nationale. Car, dans mon pays, sans la sécurité, même les progrès économiques et sociaux limités, pourraient être balayés. Il faut éliminer l’insécurité résultant de l'accumulation excessive d’armes nucléaires et classiques et du trafic d’armes légères. Le peuple de la Sierra Leone a en quelque sorte testé la capacité des Nations Unies à répondre aux défis du XXIe siècle, notamment en matière de droits de l’homme. En effet, le peuple de la Sierra Leone a fait appel à l’Organisation pour l’établissement d’une Cour spéciale pour poursuivre les personnes qui ont commis des violations flagrantes des droits de l’homme, du droit humanitaire international et du droit pénal national. Le succès de cette initiative visant à réfuter l’impunité devrait renforcer la capacité de l’Organisation à répondre aux cas futurs de violations des droits de l’homme. En matière de gestion des conflits, l’Organisation des Nations Unies a, en Sierra Leone, dû développer des méthodes innovantes pour s’attaquer à un conflit en apparence interne, mais soutenu par des alliés extérieurs et financé par le trafic illégal de diamants et d’autres ressources naturelles. A cet égard, la Sierra Leone a récemment accepté une interdiction temporaire des importations de diamants en provenance de Sierra Leone dans le but de contribuer à l’étude du rôle du commerce des diamants dans le financement des conflits armés internes. La Sierra Leone s’apprête à accueillir la plus grande opération de maintien de la paix des Nations Unies, qui comptera 20000 agents de la paix. Cela donne sa véritable signification au terme de sécurité collective.

Nous nous joignons à l’appel du Secrétaire général pour plus d’équité, de solidarité et de responsabilités partagées afin de donner une réalité aux concepts “un monde” et “famille humaine”. Il faut également mettre la technologie au service des objectifs de la Charte. A cet égard, nous accueillons favorablement l’initiative d’un corps de volontaires spécialisés dans les technologies de l’information. Compte tenu de la crise financière que connaît l’ONU, l’initiative du Secrétaire général visant à établir un partenariat global avec la société civile et le secteur privé doit être poursuivie. Les Etats ne peuvent plus à eux seuls résoudre les problèmes du monde. De tels partenariats deviennent une nécessité. Néanmoins, nous, Chefs d’Etat et de Gouvernement, nous restons les représentants des peuples et par conséquent nous devons agir en leur nom.

M. THABO MBEKI, Président de l'Afrique du Sud : Des milliards d'êtres humains luttent pour survivre dans des conditions de pauvreté, de dénuement et de sous-développement. Ces même personnes se demandent ce que nous avons fait pour mettre un terme à l'usage de la violence délibérée et sauvage qui amène avec elle son cortège de morts inutiles. Ces milliards de pauvres sont les victimes d'un système qui entérine la violence comme un phénomène normal. Pourtant, ce millénaire a créé les conditions nous permettant de mettre un terme à cette tragédie moderne. Le second millénaire a mis à la disposition de l'humanité les capitaux, les technologies et le savoir-faire pour mettre un terme à la pauvreté et au sous-développement. Mais nous avons refusé de faire usage de cette énorme

capacité pour faire cesser la violence délibérée et sauvage de la pauvreté et du sous-développement. La réalité est que nous sommes indifférents. Nos actions traduisent la pensée selon laquelle les pauvres doivent enterrer les pauvres. Le défi qui attend ce Sommet du millénaire est que nous devons démontrer de façon crédible notre volonté de mettre un terme à la pauvreté et au sous-développement. Nous devons pour cela garantir que les pauvres soient les acteurs du développement de la planète et non pas de simples bénéficiaires de notre aide et de notre bonne volonté.

M. PETRU LUCINSCHI, Président de la République de Moldova : Au moment de la création des Nations Unies, deux-tiers de ses membres actuels n’étaient pas encore indépendants. De plus, en Europe de l’Est, région dont la Moldavie fait partie, le nombre des pays a doublé. Nous constatons également, que dans le même laps de temps, la détente a été suivie d’une prolifération de conflits armés locaux et que la pauvreté a atteint des proportions intolérables. Dans ce contexte, il est nécessaire de mieux définir et d’appliquer de façon plus rigoureuse des lois qui sur le plan international permettront aux Nations Unies de jouer le rôle central qui est le sien.

L’ajustement des Nations Unies aux réalités nouvelles correspond entièrement à notre intérêt commun. Mais pour les petits états, il importe de faire attention à la manière dont ils s’expriment. Il n’est pas douteux que, comme l’a mentionné le Secrétaire général de l’ONU, tous devraient tirer profit du processus de la mondialisation. La République de Moldova réaffirme son appui au processus de réforme de l’ONU et notamment, la réforme du Conseil de sécurité.

Le Moldova, petit état en transition, connaît bien de difficultés : son intégrité territoriale est menacée par le conflit dans les régions de l’Est, conséquence de l’effondrement de l’Union Soviétique. Par ailleurs, notre pays a été frappé cette année par une série de catastrophes naturelles, et nous mettons notre espoir en l’ONU, dont le mandat est de soutenir et de garantir le développement de chaque pays.

M. GNASSINGBE EYADEMA, Président de la République du Togo : Cette initiative si pertinente intervient à un moment où le monde entre dans une ère de grandes mutations caractérisées par la fin de la guerre froide et le développement fulgurant des technologies de l'information. Ces transformations nous invitent à revoir notre manière de travailler et de nous organiser afin que nous nous dotions de nouveaux outils plus performants et d'institutions plus adaptées aux nouvelles réalités du monde. L'Organisation des Nations Unies a fait ses preuves mais cela ne signifie pas qu'elle n'a pas besoin d'être rénovée. Le maintien de la paix et le développement sont les deux domaines importants pour lesquels les Nations Unies devraient faire peau neuve.

Depuis de nombreuses années, de nombreuses voix se sont élevées pour déplorer que le Conseil de sécurité, garant de la paix et de la sécurité internationales, ne reflète plus, par sa composition, les rapports de force dans le monde. Il est grand temps de revoir la composition du Conseil de sécurité afin d'y admettre notamment, de nouveaux membres permanents choisis parmi les nouvelles puissances économiques auxquelles viendraient s'ajouter des puissances régionales des pays en développement. Par ailleurs, l'apparition de nouvelles formes de conflits doit nous obliger à mieux concevoir les opérations de maintien de la paix et de renforcer leur efficacité. Nous appuyons dans ce contexte la recommandation

du Comité de haut niveau selon laquelle une fois déployées, les forces de l'ONU doivent être capables d'accomplir leur mandat professionnellement et avec succès. Elles doivent être également en mesure de se défendre et de maîtriser ceux qui sur place tentent de miner leur action ayant recours à la violence. Nous appuyons également la recommandation qui demande que les mandats des missions soient clairs, crédibles et réalisables. Il faut également que les missions soient convenablement financées.

S'agissant des questions de développement, il est évident que les multinationales ou transnationales jouent un rôle crucial dans les affaires économiques mondiales. Elles sont néanmoins remarquablement absentes dans les forums économiques de l'ONU. Il me semble par ailleurs souhaitable que le Conseil économique et social permette aux représentants des gouvernements et des entreprises multinationales qui exercent une influence considérable dans le domaine économique de siéger côte à côte.

M. FESTUS MOGAE, Président du Botswana : Je suis ici pour vous rappeler que le Botswana est le pays au monde le plus gravement touché par le VIH/sida. Pour nous, la lutte contre ce virus constitue le défi majeur du millénaire. Ayant joui jusqu’ici de la paix, de la sécurité et de la croissance économique, le Botswana voit soudainement ses acquis sociaux compromis par le fléau du VIH/sida. La population active, ressource la plus précieuse du pays, est en train d’être décimée. Notre espérance de vie a chuté pour passer de 77 ans à 47 ans; plus de la moitié des personnes touchées par ce virus ont moins de 25 ans. La pandémie du VIH/sida est un problème mondial qui exige une action globale. Elle menace le développement humain et la sécurité sociale et économique. Une action concertée de la communauté internationale est urgente. Pour éradiquer ce fléau, il faut des engagements et une unité de propos. Les pays en développement ne peuvent couvrir à eux seuls tous les aspects de la lutte contre le fléau. Il leur faut se joindre aux Nations Unies et au secteur privé pour que la lutte contre la pandémie soit véritablement efficace. Je suis confiant qu’en agissant à l’unisson, les dirigeants sauront relever ce défi auquel est confrontée l’humanité.

M. EMOMALI RAKHMONOV, Président du Tadjikistan : Du point de vue économique, le Tadjikistan est convaincu que l’annulation de la dette des pays émergeant des conflits ou des catastrophes naturelles donnera l’élan requis à la consolidation de la paix en ce qu’elle permettra à ces pays de réaffecter les ressources vers les besoins des populations. Du point de vue écologique, le Tadjikistan a confiance dans les efforts déployés par les Nations Unies pour prévenir une détérioration plus avant de l’environnement et des ressources naturelles. Le pays encourage donc la communauté internationale à appuyer son initiative de proclamer l’année 2003, Année internationale de l’eau potable. A cet égard, le risque d’un effondrement du barrage du Lac Sarez doit être considéré comme un des problèmes écologiques les plus sérieux en ce sens qu’il menacerait cinq millions de personnes au Tadjikistan, en Ouzbékistan, au Turkménistan et en Afghanistan. Un autre problème est celui de la Mer d’Aral menacée par l’utilisation irrationnelle de ses ressources naturelles.

Du point de vue du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Tadjikistan estime que le monde ne sera un endroit sûr que lorsqu’il aura gagné la lutte contre le terrorisme international, le trafic de drogues et le commerce incontrôlé des armes. Le Tadjikistan est extrêmement préoccupé par le fait que

l’Afghanistan soit une base de déstabilisation des pays voisins et des autres états. L’expérience acquise dans le règlement du conflit inter-tadjik montre que les Nations Unies ne seront en mesure de résoudre le conflit en Afghanistan qu’avec l’appui des grandes puissances, en l’occurrence la Fédération de Russie et les Etats-Unis. En conséquence, la première réunion du groupe de travail américano-russe sur l’Afghanistan, tenue en août dernier, peut être considérée comme un signal prometteur.

M. BERNARD DOWIYOGO, Président de la République de Nauru : Je lance un appel pour que nos frères et sœurs mélanésiens de Papouasie occidentale exercent leur droit à l'autodétermination par le biais d'un référendum démocratique. Mon pays soutient dans ce contexte un projet de résolution qui permettrait au peuple de Papouasie occidentale d'exercer son droit à l'autodétermination. Mon Gouvernement est également préoccupé par le manque d'attention accordée aux Etats du Pacifique de la part des Nations Unies. Bien souvent, nous sommes victimes d'une assimilation à l'Asie qui nous submerge. Les Nations Unies doivent reconnaître la région du Pacifique comme une entité régionale à part entière. A la lumière de notre vulnérabilité écologique, nous lançons un appel à toutes les nations du monde pour qu'elles demandent instamment aux Etats responsables des niveaux actuels de pollution de mettre en œuvre le Protocole de Kyoto.

Les défis du développement sont également bien réels et inquiétants. Le taux de croissance démographique élevé des îles du Pacifique et la vulnérabilité de leurs économies ne font qu'accroître leur dépendance à l'aide extérieure. Nous avons assisté à un déclin continu du revenu moyen par habitant et des niveaux de vie. Nous avons besoin à la fois d’assistance et d’investissements privés. Même lorsque les petits Etats insulaires en développement tentent d’augmenter leurs maigres ressources, ils tombent parfois sous le feu croisé des attaques des économies développées, notamment par le biais de l'OCDE qui a décidé d’attaquer les régimes financiers offshore. Pourtant, le développement durable des petits Etats insulaires en développement exige une coopération massive de la part des pays développés et une évaluation spécifique des défis uniques qu'ils devront relever. La République de Chine, pays à la démocratie robuste et champion des droits de l'homme, fait partie de ces pays développés qui ont tendu une main de coopération. Aussi, nous soutenons ainsi l'inclusion d'un point supplémentaire à l'ordre du jour de l'Assemblée générale pour examiner la situation internationale de la République de Chine. Les vingt-trois millions d’habitants de ce pays doivent être reconnus sur la scène internationale.

M. FERENC MÁDL, Président de la République de Hongrie : A l’aube du XXIe siècle, nous vivons une période de graves défis et de grandes potentialités. Indéniablement, la mondialisation est aujourd’hui en marche. Dans ce contexte, les Nations Unies ne devraient épargner aucun effort pour que les promesses de la mondialisation profitent à toute l’humanité. En même temps, il est de la responsabilité des Etats Membres, et notamment ceux d’entre nous qui sommes moins fortunés, de jouer effectivement leur rôle en vue de contrer les inconvénients de ce nouveau phénomène. A cet égard, nous sommes confiants que les principales conclusions du rapport du Secrétaire général sur le millénaire nous aideront à nous acquitter des tâches énormes que nous aurons identifiées lors de ce Sommet.

Nous estimons que le temps est venu de prendre de nouveaux engagements en matière de protection de l’environnement, une des préoccupations majeures de la communauté internationale. Le principe selon lequel celui qui pollue paie devrait être consacré dans tous les documents internationaux pertinents. A cet égard, la Hongrie est plus que prête à agir dans ce sens. La République de Hongrie a une politique étrangère qui repose aussi sur les valeurs consacrées par la Charte des Nations Unies.

Ce Sommet est une occasion précieuse pour donner un nouvel élan à la réforme des Nations Unies, y compris à la réforme du Conseil de sécurité. L’anniversaire du millénaire de l’Etat hongrois coïncide avec le nouveau millénaire. Les valeurs que nous représentons et les objectifs que poursuit la Hongrie nous permettent de participer au renouveau et aux nobles idéaux de l’ONU en ce XXIe siècle. C’est dans cet esprit que la Hongrie est prête à contribuer, avec l’aide des Nations Unies, à un monde où règnera davantage de sécurité.

M. MILAN KUCAN, Président de la République de Slovénie : L'expérience nous a démontré que reconnaître, promouvoir et protéger les droits de l'homme est aussi important pour la paix et la sécurité que reconnaître et protéger la souveraineté des Etats. Aujourd'hui, la plupart des conflits se déroulent à l'intérieur des frontières d'Etats souverains et non pas entre des Etats. Ces guerres internes sont source de violence, de génocide et de nettoyage ethnique et, dans ces guerres, le destin des peuples est lié à leur race, à leur nationalité ou à leur religion. La sécurité régionale et la paix mondiale sont de plus en plus liées à la capacité des Nations Unies d’intervenir efficacement lorsque les Etats commettent des actes de violence contre leurs propres citoyens.

La communauté internationale est déjà intervenue dans de tels conflits. Dans la plupart des cas, leur intervention s'est fait trop tard, avec des moyens inadéquats et des résultats mitigés. Bien que certains faits soient reconnus, nous manquons de solutions systématiques et concertées qui nous permettraient d'obtenir des effets rapides et efficaces. Pour toutes ces raisons, la réforme des Nations Unies est un impératif. Devant cette assemblée je déclare avec force que le principe de souveraineté d'un Etat, qui implique une responsabilité envers ses propres citoyens et envers les autres Etats, interdit par conséquent la violence systématique et les violations massives des droits de l'homme. Ce principe ne saurait donc faire obstacle, dans certains cas, à l'intervention des Nations Unies.

Le Conseil de sécurité doit agir en accord avec sa responsabilité première qui est de préserver la paix et la sécurité dans le monde. Il doit reconnaître les circonstances qui exigent une action autorisée par les Nations Unies. Une intervention humanitaire est une réaction active à une crise humanitaire, une prolongation de la diplomatie préventive, un effort en vue de résoudre les litiges avant qu'ils n'évoluent en conflits. Actuellement, les normes du droit international humanitaire sont vagues, souvent mal connues ou délibérément violées. De ce fait, il est impératif d'élaborer une doctrine de l'intervention humanitaire qui s'appuierait sur une interprétation moderne de la Charte des Nations Unies et en accord avec les nouvelles normes des relations internationales qui, dans certains cas, accordent la priorité à la protection des droits humains. Ma conviction est renforcée par mon expérience humaine et politique de la tragédie des Balkans et de la participation de la Slovénie à des missions de maintien de la paix.

M. PAUL BIYA, Président de la République du Cameroun : Jadis pupille de l’ONU, le Cameroun est resté profondément attaché à cette Organisation et aux principes qui en sont le socle. La Déclaration finale adoptée lors du Cinquantenaire de l’Organisation, affirme l’intangibilité des idéaux, des principes et des objectifs énoncés dans la Charte, et indique aux Etats Membres le chemin à suivre. Le présent Sommet du millénaire, à la croisée de deux siècles, en amplifiant et prolongeant cette Déclaration, nous invite à renouveler notre foi agissante aux idéaux et objectifs de l’ONU, à consolider ce qui doit l’être, et à réformer ce qui le mérite. L’ONU, qui est restée fidèle à ses idéaux et objectifs, peut s’enorgueillir des avancées remarquables accomplies dans la promotion de la paix, de la sécurité, du respect des droits de l’homme, de la démocratie, et de la coopération économique internationale. Mais de nombreux fléaux persistent tels que les guerres, les conflits et les violations massives des droits de l’homme, tandis que d’autres apparaissent, comme la pandémie du VIH/sida dont la prévalence dans bien des pays et régions semble annoncer des temps difficiles.

L’ONU a besoin du soutien de notre volonté politique pour répondre aux aspirations légitimes des “peuples du monde”. Le partage équitable des fruits de la mondialisation, l’avènement d’un monde exempt de guerre et de pauvreté, le respect partout et pour tous des droits de l’homme sont des objectifs pour la concrétisation desquels nous devons donner à l’Organisation des Nations Unies les moyens. Cette concrétisation passe nécessairement par une solution juste et équitable au problème de la dette; et par un renforcement des capacités financières et donc d’action de l’Organisation pour un soutien accru aux organisations sous-régionales, et pour la recherche prioritaire de la prévention des conflits armés.

Pour remplir sa mission de façon efficiente, l’Organisation des Nations Unies se doit de relever le défi des valeurs éthiques. Si la mondialisation ne s’accompagne pas d’un nouvel ordre moral, si elle manque de ce supplément d’âme que constitue la solidarité entre les nations et les peuples, elle risque de mettre en danger la paix si chère à notre temps. Notre monde a besoin de l’éthique, qui en tant qu’ensemble de valeurs morales, constitue une attente essentielle de l’ensemble de la communauté humaine. Grâce à elle, la centralité de l’Homme dans nos politiques et actions sera consacrée : Comment en effet parler des droits de l’homme sans droit au développement? Quelle démocratie et quelle bonne gouvernance sans une éthique de gestion du bien commun? Une éthique de solidarité internationale n’est-elle pas nécessaire dans le traitement de la dette des pays pauvres? Nous appelons à la création, au sein du Secrétariat général de l’ONU, d’un comité ou d’un observatoire international d’éthique chargé précisément, de promouvoir entre les nations et à l’intérieur de celles-ci, les valeurs humaines fondamentales et universelles.

M. KENNY ANTHONY, Premier Ministre, Ministre des finances, de la planification, de l’information et de la fonction publique de Sainte Lucie : Nous sommes réunis ici pour réaffirmer notre foi en l’Organisation des Nations Unies et les principes et valeurs inscrits dans la Charte afin de donner une réalité tangible à notre rêve d’un monde libéré de la pauvreté, de la guerre et centré sur le développement. Mais l’ONU a-t-elle démontré de quelque manière que ce soit qu’elle est un sanctuaire pour les petits Etats insulaires en développement? Les procédures de l’Organisation mondiale du commerce condamnant les préférences dont

bénéficiaient les îles des Caraïbes pour le commerce de leurs bananes en Europe sont responsables de la destruction des économies de ces pays alors que le commerce des bananes provenant des Caraïbes ne représentent que 2% du commerce mondial de cette denrée. L’OCDE a inscrit sur la liste noire des paradis fiscaux un bon nombre de pays des Caraïbes. Si nous sommes compétitifs, nous sommes accusés d’être dangereux et discriminatoires par les pays de l’OCDE qui se sont arrogés le droit de se prononcer sur l’efficacité de l’industrie des services financiers.

Nous sommes réunis au moment d’un paradoxe aberrant dans l’histoire. Le fossé numérique qui existe dans notre monde accentue les différences entre les nantis et les démunis. Comment expliquer que, dans ce contexte, l’aide au développement a atteint un niveau historiquement bas? Nous devons nous efforcer de définir de nouvelles approches pour mieux lutter contre la pauvreté, le trafic des stupéfiants et l’accoutumance aux drogues, faute de quoi nous perdrons nos jeunes, c’est-à-dire les futurs dirigeants. Les Nations Unies doivent redéfinir la gouvernance mondiale afin d’y inclure les principes d’égalité, de transparence et de participation active, en prenant en compte la situation spécifique des petits Etats en développement, comme les contraintes géographiques, la taille de leur population, le caractère limité de leur marché intérieur, de leurs ressources et de leur diversification économique. Il faut reconnaître leur vulnérabilité face aux chocs extérieurs, et notamment face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.

L’ONU se doit de jouer un rôle de chef de file dans la redéfinition de la gouvernance économique multilatérale afin de mettre en place un nouveau régime plus légitime et plus efficace. L’ONU doit rester le centre législatif et normatif du nouvel ordre. Le système des Nations Unies est le seul forum universel capable d’institutionnaliser la coopération au développement. Nous ne pouvons pas construire une civilisation sans conscience. Pour atteindre ses objectifs d’un monde à l’abri du besoin et de la peur, l’ONU doit s’attaquer aux causes des conflits, à la pauvreté, aux privations et à la discrimination à l’égard des peuples et des nations du monde.

M. GOH CHOK TONG, Premier Ministre de Singapour : L’Etat-nation est en train d’être redéfini. Parallèlement au processus de décentralisation du pouvoir à l’intérieur des états, la souveraineté de l’Etat se trouve circonscrite par les organisations régionales et multilatérales. Par ailleurs, de nouveaux acteurs, tels que les puissantes sociétés mondiales et les ONG, dont certaines ont plus d'influence sur la vie internationale que certains gouvernements, font dorénavant partie de la réalité internationale. La valeur de nos monnaies nationales est de plus en déterminée en bourse plutôt que par nos banques centrales. Comment les Nations Unies peuvent-elles aider les pays en voie de développement pour leur permettre de faire face aux réalités de ce millénaire? Que peuvent faire les Nations Unies pour contribuer à réduire les inégalités nouvelles?

Les Nations Unies devraient aider les nations les plus pauvres à acquérir les capacités qui leur permettront de profiter des effets de la mondialisation. Aujourd’hui, il est indispensable que les principales organisations multilatérales soient adaptées aux nouvelles réalités et coordonnent leurs efforts. Elles doivent mettre en place des programmes cohérents pour renforcer leurs capacités nationales en matière de mondialisation et de connaissances technologiques. Mais elles ne peuvent à elles seules régler les problèmes du monde.

Les pays doivent aussi disposer de dirigeants et d’institutions capables de réaliser la stabilité, la croissance et l’équité pour leurs peuples respectifs. L’unité nationale, des régions cohérentes et un cadre multilatéral sous les auspices d’une ONU réformée : voilà ce qui nous donnera espoir et confiance à l'aube du XXIe siècle.

M. DENZIL DOUGLAS, Premier ministre de la Fédération Saint-Kitts-et-Nevis : Le Sommet du millénaire requiert un examen sérieux et sincère des problèmes auxquels nos populations et l’Organisation sont confrontées, afin de combler les attentes légitimes et les espoirs des peuples. C’est l’engagement que prend mon administration. Pour nous, le Sommet du millénaire est un appel à mener une action collective dans le but de renforcer l'efficacité des Nations Unies. Les Nations Unies ont eu des succès mais aussi des échecs. Bien que l’Assemblée générale demeure démocratique, mon Gouvernement est toujours préoccupé par le fait que, pendant que les États Membres vantent les mérites d’une bonne administration et d’une démocratie au sein des États, ils recherchent au niveau international à préserver un système de Conseil de sécurité qui est antidémocratique. Saint- Kitts-et-Nevis encourage la démocratie et a récemment accueilli de nouveaux États Membres dans sa fraternité de nations. Dans ce même esprit, j’espère que les Nations Unies permettront prochainement au peuple de Taiwan de bénéficier de cette fraternité internationale.

En ma qualité d’actuel représentant de la Communauté caribéenne (CARICOM) sur la question de la santé, je suis très concerné par l’épidémie dévastatrice du sida. J’appelle les Nations Unies à continuer son travail important par le biais du programme ONUSIDA. Nous attendons aussi avec impatience la session extraordinaire sur la question, pour promouvoir une approche internationale du problème. De notre côté, nous continuons notre travail afin de faire évoluer les comportements, la région de l’Amérique latine et des Caraïbes étant connue pour avoir le second rang dans le nombre de cas d’infection après l’Afrique sub- saharienne.

Les Nations Unies doivent être mieux armées pour protéger les progrès accomplis dans les domaines de la sécurité des personnes, la paix, l’éradication de la pauvreté, un développement et une démocratie durables, et j’invite l’Organisation à être plus impliquée dans le débat du transfert de technologies en s’y associant de manière plus significative. Nous souhaitons également que les Nations Unies deviennent un véritable partenaire pour les petites îles en développement.

M. GIULIANO AMATO, Premier Ministre de l'Italie : Il nous faut prendre des décisions audacieuses et rapides si nous voulons promouvoir un développement économique et un environnement durables. Ainsi, nous devons faire des progrès substantiels dans la réduction de la pauvreté. Le but que nous nous sommes fixé de réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici 2015 exige des efforts vigoureux, en particulier en Afrique mais également dans les petits Etats insulaires et dans ceux qui n'ont pas de littoral. L'annulation de la dette est indispensable mais pas suffisante. Nous avons besoin d'une stratégie commune. Les pays les moins avancés peuvent et devraient envisager de procéder à des réformes économiques et politiques tandis que les pays les plus avancés devraient élaborer des politiques intégrées qui prévoient des mesures de réduction de la dette, l'ouverture des marchés et des investissements dans des secteurs clés comme la santé, l'éducation et le logement.

L'importance d'ouvrir nos marchés en éliminant le système des quotas et les barrières tarifaires qui entravent les exportations des pays les moins avancés, la nécessité d'allouer de nouvelles ressources à l'éducation et de lutter contre les maladies seront des questions que l'Italie compte placer en tête de ses préoccupations lors de la Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés et lors de la Réunion sur le financement du développement. Mon pays a l'intention par exemple de contribuer directement au réseau de santé préconisé par le Secrétaire général dans son rapport.

Une autre priorité est de renforcer la capacité des Nations Unies de gérer les crises. L'expérience nous dicte qu'il est essentiel de mettre l'accent sur la prévention. Nous avons l'intention de participer à la formation de civils et des membres de la police civile des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Responsabilité et priorité sont en fait des mots clé. L'existence d'institutions multilatérales vigoureuses et légitimes constitue une précondition à la convergence de ces deux notions. La légitimité est également la notion qui doit dicter la réforme du Conseil de sécurité.

M. BASDEO PANDAY, Premier Ministre Trinité-et-Tobago : Mon pays a répondu à un nombre de défis auxquels la communauté internationale est confrontée, avec une vigueur et une efficacité inversement proportionnées par rapport à l'étroitesse de la superficie de notre pays et à la faiblesse de notre population. Nous avons par exemple mis en vigeur les mesures les plus rigoureuses et les plus exhaustives contre le blanchiment de l’argent sale. Nous avons fait face à la pauvreté avec une détermination qui a été saluée par le PNUD.

De notre grande diversité est issue l’esprit qui caractérise notre peuple. Malgré nos modestes réalisations, nous connaissons avec les autres Etats frères des Caraïbes d’autres menaces. Nos petites économies se trouvent en face d’un environnement social changeant. Les 37 petits états insulaires en développement membres des Nations Unies ont des besoins particuliers que l’on ne saurait négliger. Nous avons cherché des appuis pour protéger la mer des Caraïbes, trésor écologique de l´humanité.

Nous demandons dès maintenant que le forum sur le financement du développement aboutisse à un cadre propice au renforcement du partenariat entre les secteurs publics et privés. Nous rendons hommage aux Nations Unies pour les mesures positives adoptées lorsque Trinité-et-Tobago avait relancé le concept d’un Tribunal pénal international. Puissent les bénédictions que nous demandons à Dieu trouver toute leur expression dans la prospérité de tous les peuples de la terre, et dans la paix entre toutes les nations.

M. MARC FORNE MOLNE, Premier Ministre de la Principauté d’Andorre : La paix des nations ne peut se bâtir sur la suprématie d’un empire, qu’il soit politique ou économique. Nous devons conduire la globalisation vers des sphères de véritable coopération entre le Nord et le Sud, et entre le grand et le petit. La globalisation politique ne pourra se faire dans le dos des petits qui doivent pouvoir continuer à être présents sans pour autant perdre leur identité. L’an 2000 devrait passer à la postérité comme l’année du courage et non comme l’année de la peur. Nous devons avoir le courage de condamner les dictatures, d’opter pour les politiques de solidarité au lieu de préférer la raison d’état. Cette année doit être l’année de l’éthique et du courage. L’assistance des hauts

mandataires aux conférences internationales doit être visible et continue, je le déplore, à susciter peu d’intérêt comme notamment la Conférence sur le développement social qui s’est tenue à Genève en juin dernier. Il est nécessaire de parvenir à une globalisation juste, à une réduction de l’abjecte pauvreté qui frappe la moitié de l’humanité, à un monde plus sûr qui agisse davantage dans la prévention que dans la réaction face aux conflits. Il faut qu’il y ait moins de dépenses militaires et bien plus de recherche pharmaceutique contre le sida.

Nous souhaitons également plus de conscience et de défense de l’environnement. Nous avons la sensation que ce sont les grands qui doivent réaliser un véritable travail en la matière et pourtant ils refusent de signer des protocoles et de mettre un terme à la croissance non durable qui les caractérise. La Principauté d’Andorre va profiter de ce Sommet pour signer les deux protocoles optionnels à la Convention des droits de l’enfant ayant trait à la participation des enfants aux conflits armés, et à la vente, à la prostitution infantile et l’utilisation d’enfants à des fins pornographiques.

Nous apportons notre soutien à l’initiative de la Haute Commissaire aux droits de l’homme, Mme Mary Robinson sur la déclaration “tolérance et diversité : une vision pour le XXIe siècle” car chez nous, nous sommes en mesure de parler de diversité et de tolérance. Nous devons apprendre à célébrer la diversité des êtres humains et des nations et établir des valeurs globales de ce qui est légitime et de ce qui ne l’est pas. Tel est le grand défi de l’histoire future de l’humanité : savoir respecter la diversité culturelle de tous et, en même temps, ne pas admettre d’excuses culturelles et religieuses lorsqu’il s’agit d’appliquer les normes de la démocratie et des droits de l’homme.

M. MIKULAS DZURINDA, Premier Ministre de la République slovaque : Le passage à un nouveau millénaire lance de nouveaux défis à notre génération et à la construction même du multilatéralisme fondé sur la Charte des Nations Unies. La fin du XXe siècle a été marquée par une escalade de phénomènes négatifs, à savoir notamment des conflits inter-Etats accompagnés de crises humanitaires; des violations graves des droits de l’homme; la mondialisation, qui outre ses bénéfices économiques comporte des conséquences sociales négatives et élargit le fossé entre les riches et les pauvres; la dégradation de l’environnement; le crime organisé; la drogue; le trafic illicite d’armes et l’augmentation du nombre de réfugiés à travers le monde. Ces défis appellent une réforme des Nations Unies. Cette réforme doit voir l’élargissement du nombre de membres du Conseil de sécurité et viser plus de transparence et plus d’efficacité dans le processus de prise de décisions, ainsi qu’une meilleure représentativité et crédibilité. Répondre aux questions mondiales demande la participation active de la société civile et du secteur privé. C’est dans ce sens que la République slovaque soutien l’initiative “Global Compact” (Contrat mondial) dans les domaines des droits de l’homme, du travail, de l’emploi et de l’environnement. Nous soutenons également les initiatives du Secrétaire général en matière de développement et d’élimination de la pauvreté.

La communauté internationale doit continuer à concentrer ses efforts sur le désarmement, en particulier en matière d’armes de destruction massive et d’armes conventionnelles. La République slovaque accueille favorablement la tenue l’année prochaine de la Conférence des Nations Unies sur le trafic illicite des armes légères et émet l’espoir que des mesures appropriées pour s’attaquer à cette question soient formulées à cette occasion.

De par sa participation dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, la République slovaque est le témoin du potentiel que représente la participation des petits et moyens Etats à la réalisation de la stabilité et de la paix dans le monde. La République slovaque soutient également la constitution en cours de la Cour pénale internationale, souscrit à l’appel lancé par le Secrétaire général visant à mettre fin à la culture de l’impunité, et est fermement déterminé à agir pour la défense et le respect des droits de l’homme. La paix, la sécurité, la prospérité et le développement de l’humanité dans le siècle qui s’ouvre vont mettre au défi notre capacité à combiner des concepts traditionnels dérivés de la souveraineté des Etats comme fondement des relations internationales, avec de nouveaux principes fondés sur le respect universel des droits fondamentaux de l’homme et la responsabilité individuelle des Etats pour leurs actes devant la communauté internationale.

M. COSTAS SIMITIS, Premier Ministre de la Grèce : Ni les Nations Unies, ni la communauté internationale n'ont été en mesure d'éliminer les fléaux qui menacent la planète et qui jettent une ombre sur la prospérité de l'humanité. Aussi devons-nous trouver de nouveaux moyens qui nous permettront de contrôler et finalement d'éliminer les causes des maux qui pèsent sur nos vies. Ceci exige une coopération à tous les niveaux mais principalement au niveau mondial. Les Nations Unies ont un rôle important à jouer. Son expérience, ses réalisations passées, sa nature en tant qu'unique organisation politique internationale à représentation universelle, soutenue par ses institutions spécialisées, constituent des bases solides. Mais il va sans dire que les Nations Unies pour être efficaces, doivent avoir les capacités institutionnelles et matérielles nécessaires. Nous estimons qu'il est nécessaire de renforcer la place et le rôle des organes principaux des Nations Unies.

Le Conseil de sécurité en particulier doit être réformé globalement pour être plus représentatif et plus efficace. Sa longue histoire et son engagement dans les affaires internationales ont prouvé que son incapacité à régler les problèmes de grande ampleur est due à ses déficiences structurelles et au manque de volonté politique des Etats Membres des Nations Unies qui ne sont pas disposées à lui permettre de s'impliquer dans des questions où l'on estime que la souveraineté des Etats et leurs intérêts vitaux sont plus importants que les préoccupations internationales. Nous ne devons pas permettre à cette situation de perdurer, d'autant que nous sommes conscients des dangers qui nous entourent et du potentiel des Nations Unies.

CHEICK HAMAD BIN MOHAMMAD AL-SHARQI, Membre du Conseil suprême, Souverain de l'Emirat de Fujeirah des Emirats arabes unis : Les Emirats arabes unis placent dans ce Sommet du millénaire l'espoir de parvenir à un monde plus juste et plus équitable et de renforcer les liens de la coopération internationale afin de lutter plus efficacement contre la violence, l'analphabétisme, le terrorisme, le crime organisé et la pauvreté. Nous réaffirmons ici notre ferme volonté d'œuvrer avec les autres Etats en vue d'atteindre les objectifs de la Charte des Nations Unies, en faisant prévaloir la paix, la sécurité et la stabilité dans notre région et dans le reste du monde.

Les Emirats arabes unis souhaitent que les Etats s'engagent davantage à respecter les objectifs de la Charte des Nations Unies et contribuent activement à la recherche de solutions négociées aux conflits. A ce titre, nous souhaitons que le différend qui persiste entre l'Iran et les Emirats arabes unis au sujet des îles Tomb et Abu Mussa trouve une solution pacifique en conformité avec les normes juridiques internationales. Une telle démarche renforcerait les efforts de coopération régionale auxquels nous sommes attachés. Nous en appelons aussi à la communauté internationale afin que la souffrance des populations civiles iraquiennes prenne fin et que le Gouvernement iraquien respecte les résolutions du Conseil de sécurité. Par ailleurs, les Emirats arabes unis souhaitent que les négociations israélo-palestiniennes aboutissent afin qu'il soit mis fin à l'occupation illégale de Jérusalem et du Golan syrien par Israël et que le peuple palestinien ait son propre Etat. Nous encourageons les Etats-Unis à poursuivre leurs efforts, notamment en reprenant les négociations sur la voie syrienne afin de garantir la stabilité de toute la région.

Enfin, malgré le développement croissant des échanges internationaux, nous sommes préoccupés par les problèmes rencontrés par les pays en développement. La mondialisation est à la fois un phénomène et un événement majeur des relations internationales mais elle suppose la participation de tous, aussi bien les pays développés que les pays en développement afin de servir les intérêts communs à toute l'humanité. Les Nations Unies représentent l'instance la mieux appropriée pour atteindre ces objectifs de sécurité internationale, de non-prolifération, de lutte contre la pauvreté, d'allègement de la dette ou de protection de l'environnement. Aussi, les Emirats arabes unis souhaitent que cette organisation, plus particulièrement l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité, soit réformée afin de relever les défis auxquels nous sommes confrontés.

SON ALTESSE SÉRÉNISSIME LE PRINCE ALBERT, Prince héritier de la Principauté de Monaco : En cette époque où les règles du jeu planétaire changent, et où, de plus en plus, le pouvoir politique peine à s´imposer face à l´influence croissante de l´économie mondialisée, l´Organisation des Nations Unies demeure une référence. Elle exprime la sagesse des Nations et leur engagement en faveur de la paix et du développement; aujourd´hui plus que jamais, elle doit poursuivre son action.

Son engagement pour le maintien de la sécurité internationale doit être renforcé afin de combattre les menaces autres que militaires : le trafic de stupéfiants, le terrorisme, la traite des êtres humains et des plus faibles, la criminalité économique. En dépit des difficultés qu´elle risque de rencontrer, l´Organisation doit maintenir son action en faveur du désarmement. En matière de droits de l´homme, l´ONU doit s´employer à mettre en oeuvre les instruments qu´elle a élaborés et être vigilante vis-à-vis des nouvelles puissances économiques et financières. L´engagement en faveur d´un développement au service de l´humanité et respectueux de la diversité des cultures et des langues doit se poursuivre. L´environnement et la justice sont deux domaines porteurs de voies nouvelles et d´espérances et où l´ONU devra intervenir pour élaborer de nouvelles normes et principes.

Sur tous ces registres, l´Organisation des Nations Unies doit être remerciée et encouragée. Encouragée car la survie des Etats dépend de sa capacité à fonder des relations pacifiques et harmonieuses et à faire respecter le droit international et une éthique universelle. En effet, l´histoire de Monaco prouve que ni la puissance économique ni la puissance militaire ne suffisent à assurer la pérennité des Etats.

Saluons les évolutions récentes de l´Organisation, son ouverture sur la société civile et sa collaboration avec les agents économiques, le dévouement de son personnel, et souhaitons à l´Organisation qu´elle puisse poursuivre ses nobles mandats avec davantage d’autorité.

SON ALTESSE ROYALE, JABAR AL AHMAD AL JABER AL SABAH, Emir du Koweit : Pour vivre une vie meilleure au cours de ce nouveau siècle, il est impératif de faire face aux problèmes existants de façon plus efficace en vue de les éliminer ou du moins d’en atténuer considérablement les effets. Cela nécessite un effort international unifié, un accord sur la participation et la collaboration internationales dans un cadre bien déterminé, ainsi qu’un programme bien défini et accepté par tous. Il ne fait aucun doute qu’une telle démarche est de nature à consolider l’entente entre les peuples et à raffermir les bases de la paix partout dans le monde. Alors que nous entamons ce siècle, le monde doit être solidaire dans son refus catégorique d’examiner les problèmes entre les nations d’une manière qui ne soit pas conforme aux principes des Nations Unies et de la paix. Les Nations Unies doivent être le recours suprême dans les différends entre Etats et leurs décisions doivent être acceptées par tous leurs Etats Membres.

M. TARIQ AZIZ, Vice Premier Ministre de l’Iraq : Pour que l’ONU puisse réussir à relever tous les défis auxquels la communauté internationale est confrontée, il faut que l’Organisation représente réellement la volonté de tous les peuples de ses Etats Membres. Toutefois, l’ONU subit l’influence des Etats puissants qui monopolisent les prises de décisions internationales dans leurs propres intérêts. Cette situation s’est encore aggravée pendant les années 90 à cause de l’hégémonie des Etats-Unis et de leur domination au sein de l’Organisation dans la poursuite de leurs objectifs impérialistes. C’est pourquoi l’objectif des Nations Unies au XXIe siècle, devrait être de veiller à la bonne application de la Charte de l’Organisation et à prévenir les visées hégémoniques figurant dans des résolutions et certaines prises de position.

Il est essentiel de réformer les instances décisionnelles de l’ONU, et particulièrement, le Conseil de sécurité, ce qui permettrait aux Nations Unies de réfléter réellement la volonté de tous ses Etats Membres. Nous ne sommes pas d’accord avec la vision optimiste sur la mondialisation telle qu’elle figure dans le rapport du Secrétaire général, de même que nous ne pensons pas que la globalisation puisse bénéficier à tous.

Malgré la Charte des Nations Unies, qui protège les droits de l’homme, l’Organisation a accepté que les droits fondamentaux de notre peuple soient bafoués, par l’application de sanctions contre l’Iraq, mesures qui ont fait plus d’un million de victimes : femmes, enfants et vieillards. Les Nations Unies ne devraient pas être l’otage, comme dans le cas de l’Iraq, de la volonté des Etats- Unis, qui ont confisqué la résolution sur la levée des sanctions par le Conseil de sécurité, pour les intérêts américains et leur politique hostile.

M. WIN AUNG, Ministre des affaires étrangères du Myanmar : A l'aube du millénaire, nous devons renforcer notre Organisation afin qu’elle puisse répondre aux nouveaux défis et aux nouvelles réalités. Les Etats Membres des Nations Unies essaient, chacun à leur manière, d’assurer le développement de leur pays respectif. Pour réussir, ils doivent choisir la voie qui répond le mieux à leurs besoins. Ils doivent choisir les moyens compatibles avec leur situation présente, en tenant compte de leur histoire, de leur culture et de leurs spécificités nationales. Il n’existe pas de formule unique qui pourrait être appliquée à tous

les pays. Les pays puissants auraient tort d’imposer leurs systèmes aux autres et de vouloir modeler les pays en développement à leur image. Dans ce contexte, le Myanmar réaffirme qu'il édifie à sa manière un système démocratique véritable et durable. Alors que les conflits armés partout dans le monde, une fois qu’ils ont éclaté peuvent difficilement être réglés, le Myanmar - quant à lui – a depuis longtemps mis fin à ses conflits et fait taire les armes. Et pourtant, il y en a qui cherchent à troubler les eaux calmes. C’est pourquoi, le Myanmar a pris des mesures préventives. Le Myanmar doit respecter la volonté des 50 millions de personnes qui souhaitent préserver la paix difficilement instaurée, et qui ne souhaitent pas des changements qui ramèneraient le pays à une anarchie totale et le conduiraient à une totale désintégration. Tout en prenant des mesures préventives, le Gouvernement domine la situation de manière très humaine, sans porter de préjudice à personne ni commettre d’atrocités. Il opte actuellement pour une voie constructive tandis que les forces d’opposition s’embarquent sur la voie de la destruction.

Le monde traverse actuellement une nouvelle révolution technologique, celle de la technologie de l’information. La révolution industrielle a donné lieu à la colonisation des peuples des pays en développement. Il faut veiller à ce que cette nouvelle révolution technologique ne conduise pas à une nouvelle forme de colonialisme. La révolution de la technologie de l’information peut profiter à toute l’humanité et il faut donc s’assurer que les fruits de cette révolution soient disponibles partout dans le monde. C’est pourquoi, il faut œuvrer ensemble pour que cette nouvelle technologie puisse promouvoir la bonne volonté et la compréhension à toute l’humanité. Avec la mondialisation, de nombreuses nouvelles opportunités s’offrent à nous. En même temps, il y a un risque probable que la mondialisation rendra les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Au seuil de ce nouveau millénaire, il est impératif que nous déployions tous les efforts nécessaires pour éliminer ces disparités. A cet égard, les Nations Unies peuvent jouer un rôle moteur. Tout en procédant à la réforme des Nations Unies, il faut préserver les principes immuables énoncés par sa Charte.

M. DATO SERI SYED HAMID ALBAR, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie : L’Organisation des Nations Unies du XXIème siècle doit être plus démocratique. Elle ne peut se faire le champion de la démocratie et de la bonne gouvernance au niveau des affaires intérieures de ses Membres, tout en ignorant ces mêmes principes du point de vue de son propre fonctionnement. La viabilité de l’Organisation à l’avenir et sa pertinence face au monde contemporain dépendra de la façon dont l’Organisation parviendra à se réformer. Une grande majorité des Membres de l’ONU sont des pays en développement et nombre d’entres eux sont petits et vulnérables. Pour beaucoup, les Nations Unies sont le dépositaire de leurs espoirs et aspirations à un ordre mondial meilleur et plus juste, fondé sur les principes de responsabilité partagée, d’engagement et d’obligation. Les Nations Unies doivent satisfaire les besoins de tous ses membres, et en particulier ceux du groupe majoritaire des pays en développement. Les Etats les plus petits et notamment ceux qui entrent dans la catégorie des pays les moins avancés, ne devraient pas se sentir exclus, mais doivent pouvoir participer aux discussions sur les questions internationales et apporter une contribution importante, quelle que soit leur taille.

Il convient également de procéder à une réforme des autres organes de l’Organisation et plus particulièrement du Conseil de sécurité. Il conviendrait de procéder à un élargissement de la composition du Conseil et à une restructuration afin que celui-ci reflète les nouvelles réalités du monde actuel et devienne plus démocratique, aussi bien du point de vue de sa structure que de son processus de prise de décision. Les compromis nécessaires pour y parvenir doivent être trouvés dans le cadre d’une délibération de haut niveau, et du groupe de travail à composition non limitée sur la réforme du Conseil. L’Organisation ne peut prétendre avoir réalisé une transition vers le nouveau millénaire, si le Conseil de sécurité reste le même.

Pour de nombreux pays, par ailleurs, la mondialisation présente plus de défis que d’opportunités. Une mondialisation plus forte signifie une vulnérabilité accrue à des forces inconnues et imprévisibles apportant l’instabilité économique, des bouleversements financiers et des dislocations sociales. La Malaisie a sans cesse appelé à une révision et une réforme urgentes de l’architecture actuelle du système financier international, et ce, pour protéger les économies émergeantes des effets néfastes des flux spéculatifs de capitaux. Face aux risques et défis du nouvel environnement international, il est nécessaire que prévale une plus grande coopération internationale. A cet égard, la Malaisie considère que la formation du G20 constitue un réel pas en avant en vue d’établir un mécanisme permanent regroupant les économies développées, en développement et émergeantes sur des questions monétaires et financières internationales.

M. AMRE MOUSSA, Ministre des affaires étrangères de l’Egypte au nom de M. Hosni Moubarak, Président de la République arabe d’Egypte: La constatation de nos réalisations, les discussions sur nos actions futures, nos attentes et nos aspirations ne doivent pas détourner notre attention du fait qu’une grande part de la population du monde souffre de pauvreté et de l’analphabétisme, ni du fait que le monde fait face aux guerres, au terrorisme, au trafic de drogues, à la dégradation de l’environnement, à la discrimination ethnique, à l’intolérance religieuse et à l’extrémisme. Le monde est aussi menacé par des volontés hégémoniques et des désirs de domination. L'absence de démocratie dans la vie internationale engendre des tensions. Le progrès des technologies de l'information ne doit pas être synonyme de la dissémination d’une culture qui ne respecte pas les autres civilisations. Il existe une place pour la coexistence et l’harmonie entre les civilisations. Il faut construire un nouvel ordre fondé sur le dialogue et le sens des responsabilités partagées. L’Egypte lance un appel pour une discussion, dans le cadre de l’Assemblée générale, sur un nouveau contrat international qui serait examiné par les représentants des assemblées législatives et la société civile. Il est important de s’attacher à réduire le fossé numérique et de s’assurer que chacun puisse bénéficier des avantages des technologies de la communication et de l’information.

L’Egypte appelle au renforcement du rôle et de l’efficacité des Nations Unies. A cette fin, en matière de sécurité collective et de désarmement, un système stable et efficace doit être mis en place. Il est également nécessaire de conclure les discussions sur la restructuration du Conseil de sécurité et de parvenir à un accord pour élargir le nombre de membres permanents et non- permanents en son sein. Il convient d’améliorer les méthodes de travail du Conseil pour garantir plus de transparence et de démocratie dans son action et ses prises de décisions. Le champ d’application du droit de veto doit également être réexaminé et le rôle de l’Assemblée générale en matière de maintien de la paix et la sécurité internationale doit être renforcé.

Je voudrais souligner la nécessité de débattre des conclusions et recommandations de l'excellent rapport soumis par le Secrétaire général avec le monde académique et les intellectuels ainsi que la nécessité de discuter ce rapport au sein de l’Assemblée générale. Je souhaite exprimer l’importance que nous attachons aux conclusions du rapport Brahimi sur les opérations de paix de l’ONU et de notre disponibilité à en discuter à l’Assemblée générale. Nous accueillons également favorablement le rapport du Forum du millénaire des organisations non gouvernementales qui a formulé un ambitieux plan d’action faisant valoir le besoin de respecter la souveraineté nationale des Etats, le droit des peuples à l’autodétermination, d’éliminer les armes nucléaires, de mettre fin aux sanctions économiques et de faire face aux effets négatifs de la mondialisation. Il est évident que la contribution de la societé civile dans ce domaine en fait un partenaire actif des Nations Unies dans la réalisation de ses objectifs et la mise en oeuvre de ses politiques.

Je souhaite exprimer notre désir de réaliser la paix et le développement en Afrique, de parvenir à un règlement juste et complet du conflit dans le Moyen- Orient, et à l’établissement de l’Etat palestinien afin de couronner le processus de paix engagé par l’Egypte il y a 20 ans.

M. BATYR BERDYEV, Ministre des affaires étrangères du Turkménistan : Pour commencer, permettez-moi de vous transmettre les salutations du Président Sparmurat Niyazov. Au début du Sommet, nous avons distribué un document intitulé "Les Turkmènes, le Turkménistan, la Paix : Les millénaires et le XXIe siècle, les liens entre les époques et les civilisations". Ce document met en lumière, entre autres questions, la philosophie et la stratégie du développement de l'Etat neutre du Turkménistan, son rôle dans le système des relations mondiales, sa vision du rôle et de la place des Nations Unies au XXIe siècle. A la fin du XXe siècle, après avoir fait ses premiers pas, les plus difficiles sur la voie de la restauration de son histoire et de la reconstruction de son Etat souverain, le Turkménistan est pleinement conscient des liens entre le développement des relations internationales et l'évolution interne des Etats dans le cadre d'un processus caractéristique des temps modernes, à savoir la mondialisation. Cependant, nous ne pouvons ignorer la menace potentielle que représentent des mouvements sociaux corrompus par des tentatives d'homogénéiser des systèmes politiques et de réduire à une seule philosophie politique exclusive la diversité des points de vue et des systèmes de valeurs culturelles qui se sont constitués à travers l'histoire. Cette approche prône la protection des droits humains tout en ignorant le droit des nations à un développement pacifique et sûr. Cette approch promeut le principe d'autodétermination et, en même temps, rejette celui d'intégrité territoriale des Etats. Cette approche remet en question l'édifice des relations internationales dans son ensemble, la légitimité des normes, principes et objectifs internationaux reconnus et même la validité des Nations Unies qui symbolisent la coopération d'égal à égal entre les nations. Nous estimons que le droit international, la Charte des Nations Unies et les principes de souveraineté et de liberté de choix de chaque pays en ce qui concerne son développement, ainsi que la non ingérence dans les affaires internes, doivent rester la base de l'ordre mondial.

Objectivement, les efforts déployés par le Turkménistan pour exporter ses ressources énergétiques vers les marchés internationaux servent les objectifs du développement. Nous sommes convaincus que les zones importantes pour la sécurité en Eurasie suivent la route des futurs pipelines. Dans ce sens, la construction de pipelines est synonyme de projets commercialement rentables mais aussi de projets de développement social qui débordent largement des frontières nationales. Il est nécessaire de faire en sorte qu'il n'y ait aucune possibilité d'utiliser les pipelines comme instrument de pression politique et de contrainte économique. La mondialisation des relations économiques internationales appelle l'élaboration d'une Convention internationale sur le régime et les garanties portant sur le fonctionnement des pipelines transfrontaliers. En ce qui concerne le développement et le renforcement de la coopération régionale en Asie, il est hautement important que les Nations Unies supervisent la définition du nouveau statut juridique de la Mer Caspienne, qui devra être déterminé en fonction des intérêts des Etats du littoral.

Les racines de la plupart des conflits armés et des hostilités entre les ethnies qui enflamment régulièrement des régions du globe découlent de problèmes économiques et sociaux. Les élever au rang de confrontation globale entre des cultures, des religions et des civilisations n'est qu'un jeu sur les idées. Les racines du mal ne résident pas plus dans l'incompatibilité fatale de vues entre l'Ouest et l'Est, ou le Nord et le Sud, que dans les contradictions entre les religions. Elles se trouvent dans le fait que le système encore existant des relations économiques internationales ne correspond plus aux réalités politiques ni aux besoins de la population mondiale. Nous appuyons les efforts du Secrétaire général, du Programme des Nations Unies pour le développement et des autres organismes de développement en vue d'établir un nouveau modèle de système non discriminatoire de relations entre les petits et les grands Etats, entre les pays industrialisés et les pays agricoles dans le but de construire des rapports de coopération inter-régionale dont les pressions politiques seront absentes ainsi que les atteintes à la souveraineté.

M. MARCEL METEFARA, Ministre des affaires étrangères et de la francophonie de la République centrafricaine : L’ONU représente la structure idéale où toutes les énergies de la planète devraient converger pour faire face aux défis de ce nouveau siècle. C’est pourquoi, réformer l’ONU afin de l’adapter aux nouvelles exigences du troisième millénaire est un impératif qui s’impose à tous. Afin de renforcer la paix et la sécurité, qui est notre défi le plus urgent, il est de notre devoir, nous Peuples des Nations Unies, de développer une solidarité réelle et agissante pour assurer la défense et l’épanouissement des jeunes démocraties. Les résultats des discussions qui ressortiront des tables rondes qui se tiennent en marge du Sommet, devraient aboutir à des mesures concrètes et urgentes en vue de prévenir et de contenir les conflits, par la mise en place et le renforcement des instruments juridiques fiables. La paix est indispensable pour le développement de nos pays et particulièrement de ceux qui, comme la République centrafricaine, appartiennent à la catégorie des pays les moins avancés. A cet égard, je félicite le Secrétaire général de l’ONU et le Secrétaire général de la CNUCED pour le sérieux avec lequel ils préparent la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui se tiendra en mai 2001 à Bruxelles. La République centrafricaine qui participe activement à ce processus de préparation, espère que les résultats escomptés seront à la mesure de ses préoccupations, essentiellement consacrées à la lutte contre la pauvreté.

M ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) : La pauvreté, la faim, les épidémies, l'illettrisme continuent d'affecter à l'heure actuelle un nombre important de personnes à travers le monde. Si la menace d'une guerre mondiale paraît aujourd'hui écartée, l'on constate l'existence de nombreux conflits localisés qui continuent de mettre en danger la vie de millions de personnes, particulièrement en Afrique. Le spectre d'un holocauste nucléaire est toujours présent, la volonté des puissances nucléaires de parvenir à un accord visant l'élimination totale des armes nucléaires faisant défaut. Force est donc de constater que l'ordre mondial actuel s'est non seulement avéré incapable de résoudre des problèmes historiques et assiste à l'émergence de problèmes nouveaux tels que la mondialisation de l'économie ou la dégradation de l'environnement. Plus regrettable encore est l'existence d'un fossé grandissant entre les riches et les pauvres. De nombreux pays, gravement affectés par le poids de la dette, ne parviennent même pas à satisfaire les besoins de base de leurs populations. Les petits Etats insulaires en développement sont aujourd'hui particulièrement anxieux, étant incapables de relever les défis de la mondialisation économique. De Seattle à Washington, de Davos à Londres et en de nombreux autres endroits, l'homme de la rue manifeste son insatisfaction face à la nature de l'ordre mondial actuel, particulièrement du point de vue économique, et appelle de ses voeux la mise en oeuvre de réformes. De tels voeux sont formés depuis longtemps déjà par les pays en développement dans les différents forums internationaux. Sans grand succès.

Nous savons bien que les Nations Unies ne peuvent pas apporter des remèdes à tous les maux qui frappent le monde d’aujourd’hui et ce, d’autant plus que les questions économiques et commerciales relèvent de la compétence d’autres institutions internationales telles que le Fonds monétaire international, et la Banque mondiale. Mais les Nations Unies, dans le cadre de la Charte, peuvent et doivent faire davantage à l’avenir pour encourager le développement économique, social et personnel. A cet égard, le document du Secrétaire général intitulé “Nous, les peuples”, constitue un élément important pour l’action future de l’Organisation. Rédigé dans un contexte mondial infiniment moins complexe que celui qui prévaut aujourd’hui, la Charte des Nations Unies devrait être réformée pour mieux refléter les réalités du monde actuel. La question de la réforme du Conseil de sécurité se pose avec une particulière acuité.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.