AG/1043

L'UNION EUROPEENNE PRECONISE LA CREATION DE FORCES REGIONALES DE REACTION RAPIDE SOUS L'EGIDE DES NATIONS UNIES

6 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1043


L’UNION EUROPEENNE PRECONISE LA CREATION DE FORCES REGIONALES DE REACTION RAPIDE SOUS L’EGIDE DES NATIONS UNIES

20000906

Le problème de la dette et l'humanisation de la mondialisation, préoccupations majeures des pays en développement

Le rêve d’une destinée humaine guidée par des règles justes et raisonnables semble impossible. Mais réaliser l’impossible doit être le mot d’ordre de cette Organisation qui nous réunit aujourd’hui, a déclaré, cet après-midi, le Président de Cuba, M. Fidel Castro Ruz dans son intervention devant les quelque 150 chefs d’Etat et de gouvernement participant au Sommet du millénaire des Nations Unies qui se tient jusqu’au 8 septembre. Conformément au thème du Sommet, “Adapter le rôle de l’ONU au XXIème siècle”, les dirigeants du monde procèdent, depuis ce matin, à un échange d’idées sur les moyens d’adapter les mandats de maintien de la paix et de la sécurité internationales et du développement humain à la nature nouvelle des conflits et aux paramètres socio-économiques nés de la mondialisation. Commentant le mandat de la paix et de la sécurité ainsi que le succès mitigé de l’ONU en la matière, le Premier Ministre de la Belgique, M. Guy Verhofstadt, s’est félicité de ce que les propositions de son pays aient été retenues dans le rapport du Groupe d’experts indépendants sur les opérations de maintien de la paix. Jugeant nécessaire d’aller plus loin, le Premier Ministre a appelé à un nouveau concept de maintien de la paix qui implique la constitution de capacités régionales de la taille d’une brigade, appuyée financièrement et matériellement par les Nations Unies. Il a annoncé que l’Union européenne créait sa propre force de réaction rapide pour 2003, et à cet égard il a précisé que la volonté de l’Union de voir des forces de réaction rapide dans chaque région du monde ne présage nullement de son désengagement au niveau international. L’Union européenne, a-t-il poursuivi, continuera de financer la formation et l’équipement de ces forces régionales sous le contrôle des Nations Unies. Aux lacunes observées dans les aspects techniques des opérations de maintien de la paix, le Président du Rwanda, M. Paul Kagama, a ajouté que l’ONU n’accordait pas l’attention voulue aux origines des conflits comme d'ailleurs elle n'en accorde pas à l’assistance requise par les pays sortis d’une période de conflit. Cette phase après-conflit est particulièrement propice aux efforts visant à relever les défis majeurs de développement durable qui seul permet de briser l’émergence de nouveaux cycles de violence.

En ce qui concerne justement la capacité de l’ONU de relever les défis du développement, le Président de l’Algérie, M. Abdelaziz Bouteflika a confié qu’à l’aube du XXIeme, c’est avec la plus grande inquiétude que les pays en développement s’interrogent sur la place qu’ils vont occuper dans un monde régi par les règles inflexibles du marché. Il a souhaité que le Sommet aboutisse à une

prise de conscience des difficultés des peuples concernés tout en voulant croire en “un monde où le droit à la dignité ne se mesure pas en nombre de dollars”. Dans ce contexte, le Président du Sénégal, M. Abdoulaye Wade, a évoqué la question de la dette comme “une mécanique infernale dans laquelle les pays développés nous ont enfermés”. Il considère insensé de faire du couple développement-dette le seul choix possible pour les pays africains. L’idée d’une interdépendance dans la gestion du développement durable que symbolise le multilatéralisme des Nations Unies ne semble plus commune à l’ensemble de la communauté internationale, a déclaré le Ministre des affaires étrangères de la Barbade, Mme Billie Miller. La capacité des Nations Unies de s’acquitter de ses différents mandats est trop souvent mise en doute. Ce manque de confiance conduit à l’apathie et sape l’autorité morale de l’Organisation. Parlant des petits Etats insulaires en développement, elle a souhaité que les Nations Unies assument leurs responsabilités en intégrant ces petits Etats dans le système multilatéral mondial. Echouer dans cette tâche serait leur refuser le droit à un futur prospère.

Au début de la séance, la Présidente de la Finlande et co-présidente du Sommet, Mme Tarja Halonen, a donné lecture d’une déclaration des co-Présidents du Sommet du millénaire par laquelle ils accueillent avec satisfaction la Réunion au sommet tenue en juin dernier, entre les dirigeants de la République démocratique de Corée et de la République de Corée. Ils saluent leur Déclaration conjointe comme une avancée majeure dans la recherche de la paix, de la stabilité et de la réunification de la Péninsule coréenne et encouragent les deux parties à faire avancer le processus de dialogue vers la réunification pacifique de la Péninsule tout en contribuant à la paix et à la sécurité de la région. Présent cet après- midi, le Président de la République de Corée, M. Kim Dae-Jung, a indiqué que, dans leur souci de faire en sorte que la réunification soit un succès pour les deux Corées, les deux dirigeants ont choisi, pour l’heure, de se concentrer sur la recherche d’une paix durable, de promouvoir les échanges économiques et socioculturels et de renforcer leur coopération. La réunification est l’objectif ultime du peuple coréen mais cette réunification ne peut se réaliser que pacifiquement, quel que soit le temps que cela prendra, a-t-il déclaré.

Les Présidents et Premier Ministres des pays suivants ont pris la parole : Lettonie, Mongolie, Algérie, Bélarus, Autriche, Swaziland, Colombie, Equateur, Mozambique, Kazakhstan, Sénégal, République de Corée, Bosnie-Herzégovine, El Salvador, République dominicaine, Rwanda, Cuba, Gabon, Portugal, Bangladesh, Pakistan, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Espagne, Belgique, Brésil. La Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade et la représentante permanente de Samoa ont également fait des déclarations.

Le Sommet du millénaire reprendra son débat, demain, jeudi 7 septembre, à partir de 9 heures.

Allocutions à l’occasion du Sommet

M. VAIRA VIKE-FREIBERGA, Président de la République de Lettonie : A l’aube du troisième millénaire, il reste encore de nombreux défis à relever. La mondialisation constitue, par exemple, un défi majeur pour les Nations Unies, dans la mesure où toutes les nations sont concernées. Alors que l’arrivée de nouvelles technologies pourrait faire progresser les sociétés et élever le niveau de vie à l’échelle planétaire, dans de nombreux pays, la pauvreté persiste et se trouve quelquefois même exacerbée par la mondialisation. Organisation internationale, l’ONU peut jouer un rôle essentiel en garantissant une répartition plus équitable des ressources générées par la mondialisation. Pour cela l’ONU peut se servir de ses atouts qui se caractérisent notamment par son universalité et sa neutralité, de même que par sa présence sur le terrain dans de nombreux pays. Ces atouts permettent à l’ONU de procéder à une évaluation objective des difficultés dans chaque pays en particulier et de prescrire des solutions en partenariat avec les gouvernements concernés.

Toutefois, la multiplication des institutions et organismes de l’ONU chargés de mandats divers alourdit l’Organisation et la rend difficile à gérer. C’est pourquoi, l’ONU doit renforcer son rôle de coordination et moderniser ses institutions spécialisées. Elle doit se concentrer sur les résultats et l’impact. L’ONU doit également revoir ses politiques d’allocation des ressources, qui ont pu apparaître inefficaces et dispendieuses. Mais il ne devrait pas y avoir d’opposition à la mise en place d’une comptabilité et de mécanismes de suivi plus stricts qui permettraient de garantir que les sommes allouées sont dûment utilisées. Il semble également que l’ONU doive revoir ses opérations militaires de maintien de la paix, qui n’ont pas toutes été couronnées de succès. Il est absurde de voter des résolutions relatives au maintien de la paix qui ne peuvent être mises en oeuvre. Peut-être devrions-nous nous préparer au pire et armer les forces de l’ONU pour un rétablissement de la paix plus musclé, plutôt que d’envoyer des troupes peu armées qui ne peuvent intervenir en cas de conflit armé sérieux. Le Rapport de la Table ronde sur les opérations maintien de la paix de l’ONU contient, à cet égard, des recommandations constructives. Concernant, par ailleurs, la réforme du Conseil de sécurité, la Lettonie estime que des changements sont nécessaires rapidement afin que cet organe important puisse refléter les réalités du monde actuel.

La Lettonie, malgré ses ressources modestes a offert à l’Organisation un bâtiment complètement rénové situé au cœur de la vieille ville de Riga. En tant que pays donateur, la Lettonie a également augmenté ses contributions en faveur du Programme de développement des Nations Unies (PNUD) et couvert les coûts du bureau local du PNUD. De plus, la Lettonie a versé une contribution volontaire au Bureau de Haut Commissaire aux droits de l’Homme.

M. NATSAGIYN BAGABANDI, Président de la Mongolie : Le Sommet du millénaire donne l’occasion à la communauté internationale de réaffirmer sa foi dans les Nations Unies et de définir une vision commune sur la manière de relever les défis actuels. Si les Nations Unies ont fait la preuve de leur indiscutable autorité pour traiter des problèmes mondiaux, la nécessité de réformer l’Organisation est universellement reconnue. Des avancées importantes ont certes été réalisées en ce sens, mais il semble toutefois que l’on assiste à un ralentissement des réformes

engagées, particulièrement en ce qui concerne le Conseil de sécurité. Il est important que des mesures soient prises pour inverser cette tendance. La Mongolie est favorable à un élargissement de la composition du Conseil de sécurité, tant en ce qui concerne ses membres permanents que non permanents, afin d’assurer une représentation équitable des pays développés et en développement.

Ainsi que l’a affirmé le Secrétaire général, le processus de mondialisation constitue aujourd’hui le principal défi posé à la communauté internationale. S’il offre de nouvelles opportunités, ce phénomène par ailleurs accroît la vulnérabilité et la marginalisation des pays les plus faibles. En raison de leur impartialité et de leur légitimité universelle, les Nations Unies sont les plus à même de fixer les principes directeurs qui permettront d’assurer que la mondialisation bénéficie à tous. Les pays qui rencontrent des difficultés particulières dans leurs efforts de développement devraient faire l’objet d’une plus grande attention de la part de la communauté internationale. La Mongolie a procédé à la distribution en tant que document officiel d’un mémorandum précisant les moyens qui permettraient aux Nations Unies de mieux garantir la sécurité des petits Etats.

La Mongolie reconnaît le rôle fondamental de l’éducation dans le développement humain. Elle est convaincue de la nécessité de lancer une décennie des Nations Unies contre l’illettrisme afin d’assurer une éducation pour tous. Elle est certaine que le Sommet du millénaire permettra de définir une stratégie commune pour que la communauté internationale travaille de façon unie à la construction d’un avenir plus sûr, équitable et prospère.

M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, Président de la République algérienne démocratique et populaire : Aujourd’hui, les effets de la science et de la technologie peuvent donner lieu aux spéculations les plus hasardeuses et donner l’impression d’une puissance illimitée acquise par l’homme. Cependant le développement des technologies de communication par exemple, a–t-il augmenté le sentiment de solidarité parmi les hommes ? Le rétrécissement de notre univers présage un véritable bouleversement de nos structures ainsi que de la communauté internationale. Il faut s’y adapter ou se condamner à rester en marge de la société moderne. Mais saurons-nous arrêter nos choix et fixer des priorités ? L’angoisse de ces questions est encore plus sensible dans les pays en développement.

A l’aube du XXIème, c’est avec la plus grande inquiétude que nous nous demandons quelle place occuperont nos pays dans le monde de demain, monde régi en particulier par les règles inflexibles du marché. Retomberons-nous dans une servitude déguisée où nous deviendrons l’objet de calculs qui nous dépassent largement. Si l’idée de démocratie commence à imprégner nos cultures, la vie internationale par contre s’éloigne de plus en plus de la pratique démocratique, concentrant le pouvoir de décision aux mains des grandes puissances et des pays développés. Sous l’effet de la mondialisation, même les choix de nature politique sont conditionnés par les choix économiques. Le monde est en train de se déshumaniser et c’est ce qui suscite dans tous les pays du sud cette angoisse. Alors que la prospérité des pays riches augmente, nos pays végètent sous le poids d’une dette sans fin. Pourrons-nous un jour nous libérer de cette servitude écrasante ?

Nous voilà engagés dans un système de compétition impitoyablement excluant. Nous voulons mettre en garde contre le poids à payer si la plus grande partie de l’humanité se trouvait marginalisée. L’ONU a survécu à tous les aléas de la vie internationale. Sans doute faudra-t-il qu’elle se prête à un réaménagement pour conserver les idéaux de paix et de liberté qui avaient présidé à sa création. Il est évident que le jeu des relations internationales fait intervenir de plus en plus la société civile représentée par les ONG. Puisse ce Sommet aboutir à une prise de conscience des difficultés de nos peuples. Nous aimerions croire en un monde où le droit à la dignité ne se mesure pas en nombre de dollars.

M. ALYAKSANDR LUKASHENKA, Président du Bélarus : Il faut se féliciter qu'aujourd'hui toutes les nations aient l'occasion de participer, sur un pied d'égalité, à la recherche de solutions aux problèmes auxquels la communauté internationale est confrontée. Le peuple du Bélarus a plus que contribué à l'avènement de ce système et ne saurait tolérer les tentatives de certains de lui dicter ses choix. Le Bélarus est capable de déterminer son propre destin et il ne peut rester indifférent aux tentatives de briser la stabilité de l'ordre établi, de rompre l'équilibre géopolitique, et de revenir au temps où les Etats étaient divisés en pays de première et de seconde catégories. Les propositions du Secrétaire général visant à accroître l'efficacité de l'Organisation sont les bienvenues mais le maintien et le respect des principes de l'ONU sont les conditions préalables à tout succès. La principale tâche de l'ONU étant de maintenir la paix et la sécurité internationales, il faut regretter que l'ONU n'ait pas été en mesure de prévenir les agressions et les conflits armés.

La tendance à passer outre le Conseil de sécurité pour décider du recours à la force n'a pas résolu les problèmes existants, bien au contraire. La force militaire ne peut être, au XXIème siècle, un instrument légitime de politique étrangère. Par ailleurs, le Bélarus ne comprend toujours pas l'attitude de ces grandes puissances qui parlent avec insistance de la menace que fait peser la prolifération nucléaire tout en refusant de faire de l'Europe centrale et orientale une région exempte d'armes nucléaires.

Il faut aussi regretter que les droits de l'homme et la démocratie servent de plus en plus de prétexte à certains Etats pour punir les autres. Récemment des efforts ont été faits pour créer "un club des élus" qui exclut la majorité des nations. Cette tentative arrogante de diviser les peuples entre "professeurs" et "élèves" ne saurait servir la cause de la démocratie et des droits de l'homme. Il faut garder à l'esprit la nécessité de tenir compte de la nature unique de chaque nation et de ne pas rejeter d'emblée les spécificités nationales et régionales qui n'entrent pas dans le moule "du mode de vie occidental".

M. THOMAS KLESTIL, Président de l’Autriche : “le Sommet du millénaire nous offre une occasion unique pour réaffirmer notre soutien à l’ONU et saluer sa capacité exceptionnelle à s’adapter aux nouveaux défis de l’Histoire. Ainsi, au fil des décennies, qu’il s’agisse du maintien de la paix, de la décolonisation, de la promotion des droits de l’homme et de la femme, du respect des ressources naturelles et de l’environnement, l’ONU a été au premier rang des combats. Le rôle des Secrétaires généraux successifs ainsi que le professionnalisme et l’enthousiasme du personnel de l’Organisation doivent être salués.

La démocratisation progressive de l’ONU est remarquable; comme le souligne le titre du rapport du Secrétaire général, Nous les Peuples, ce sont de plus en plus souvent les peuples et non les gouvernements qui sont à l’origine des mutations et des nouveaux projets. Depuis 1972, date de la conférence de Stockholm, la société civile est devenue un partenaire obligé de toutes les négociations importantes, qu’il s’agisse du Traité sur les mines antipersonnel ou des négociations sur la Cour pénale internationale. Le Pacte Mondial, initié lors du Forum économique Mondial de Davos, permet d’élargir le dialogue aux sociétés privées. Cette participation croissante de la société civile symbolise la capacité des institutions spécialisées de l’ONU à évoluer pour mieux répondre aux défis à venir.

Cependant, il faut déplorer le caractère sectoriel et ad hoc de ces innovations et regretter qu’elles soient toujours limitées par des contraintes budgétaires. C’est pourquoi, compte tenu des interactions croissantes entre le maintien de la paix et de la sécurité, le développement économique et social et le respect de l’environnement, notre approche doit dorénavant être globale et requiert des réponses intersectorielles et interdisciplinaires. Saluons l’occasion que représente le Sommet pour que gouvernements, société civile et responsables du monde des affaires rassemblent leurs énergies afin d’élaborer des réponses institutionnelles globales et adaptées aux défis de notre temps.

Son Altesse Royale, Le Roi MSWATI III, Chef d'Etat du Swaziland : Le Sommet du millénaire est l'occasion parfaite de réaffirmer la conviction selon laquelle la mondialisation est un avantage pour toutes les nations et pas un instrument de domination des faibles par les forts. Le Sommet doit, en conséquence, tenir compte des besoins du monde en développement et encourager ses partenaires à appuyer, de manière ouverte et honnête, les objectifs prioritaires tout en respectant les voeux et croyances des populations nationales et sans conditions compromettant leur souveraineté et leur indépendance.

Le Swaziland souhaite que les Nations Unies jouent un rôle de chef de file dans la prévention et la résolution des conflits, la mobilisation des ressources aux fins du développement et la lutte contre le VIH/sida. En ce qui concerne la prévention des conflits, le Swaziland appuie l'appel du Secrétaire général tendant à ce que les Nations Unies travaillent de concert avec les groupes régionaux. Pour ce qui est du VIH/sida, il faut savoir qu'au cours de la prochaine décennie, le Swaziland risque de perdre un quart de sa population. Le VIH/sida est une menace bien plus grande pour la stabilité mondiale que celle qu'ont fait peser les conflits les plus meurtriers du siècle dernier. Il faut tout mettre en oeuvre pour arrêter la propagation de la maladie avant que ses effets dévastateurs ne dépassent ceux des conflits actuels auxquels la communauté internationale consacre tant d'attention et tant de ressources.

M. ANDRES PASTRANA, Président de la Colombie et Secrétaire temporaire du Groupe de Rio : Nous estimons que toute action internationale entreprise en dehors du cadre légal de la Charte des Nations Unies est inacceptable. Nous soutenons les initiatives visant la réforme du Conseil de sécurité, le rééquilibrage de sa composition, l'amélioration de ses mécanismes de prise de décisions ainsi qu'une plus grande transparence dans la conduite de ses activités. Nous devons également renforcer les institutions multilatérales existantes et établir des

schémas de coopération entre elles et différentes organisations régionales afin de parvenir à un système international plus participatif. Il faut également renforcer les organes du système des Nations Unies qui oeuvrent pour la promotion et la réalisation d'un programme social. Il ne peut pas y avoir de réforme au détriment du développement social de l'humanité.

Nous, en Amérique latine et dans les Caraïbes, sommes profondément engagés en faveur de la démocratie et du respect des droits de l'homme comme principes fondamentaux qui doivent guider le nouvel ordre international. Les Présidents du Groupe de Rio ont signé un "engagement en faveur de la démocratie" à Carthagène, en Colombie. Il y a moins d'une semaine, les dirigeants des Pays de l’Amérique du Sud se sont rencontrés à Brasilia et ils ont décidé d'axer leurs efforts sur la création d'une zone intégrée fondée sur ces mêmes idéaux démocratiques. En sa qualité de première région du monde déclarée exempte d'armes nucléaires, l'Amérique latine et les Caraïbes s'efforcent de créer un monde libéré de la menace nucléaire et des autres armes de destruction massive. Nous attendons beaucoup de la Conférence internationale sur les armes légères et de petit calibre qui se tiendra l'année prochaine. Et pour assurer un avenir plus stable aux générations futures, nous devons également affronter le problème de la drogue et de la criminalité y afférente. Le peuple de Colombie a souffert plus que tout autre du trafic de drogues. Nous avons lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle lutte de concert avec nous contre ce fléau. Il nous faut à présent mobiliser les ressources nécessaires à cette fin.

Il est également de notre devoir de créer les conditions permettant de contrôler et de rendre plus équitable le processus de mondialisation. Nous ne pouvons pas en effet nous permettre d'éluder l'homme et ses besoins. En Amérique latine et dans les Caraïbes, il y a plus de 200 millions de pauvres qui espèrent accéder aux dividendes du progrès. Nous ne pouvons pas les abandonner. Nous avons besoin d'une coopération internationale permettant de financer le réseau de protection sociale et l'investissement dans le capital humain et les infrastructures. Nous devons accroître les échanges commerciaux internationaux et mettre un terme aux mesures protectionnistes des pays les plus riches et les plus développés. Il nous faut mettre en place une nouvelle architecture financière internationale. Nous soutenons dans ce contexte le Réunion des Nations Unies sur le financement du développement qui aura lieu l'année prochaine. L'objectif proposé par le Secrétaire générale visant la réduction de moitié du nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême est le moins que l'on puisse faire.

M. GUSTAVO NOBOA BEJARANO, Président constitutionnel de la République de l’Equateur : Quand dans un monde globalisé les gouvernements ne peuvent plus agir devant le processus de la mondialisation, ce monde se développe en marge des grands objectifs de sécurité, de stabilité économique et de développement. En plus de la dette, les crises du marché ont entraîné le déclin des possibilités de développement économique. Les gouvernements ont de moins en moins de marge pour la mise en oeuvre des politiques de réduction du chômage et des inégalités. Il s’en est suivi une recrudescence du trafic de drogues, le terrorisme et la destruction de l’environnement.

Les succès des Nations Unies sont porteurs de grands espoirs pour le XXIème siècle. Il faudra toutefois que l’Organisation soit renforcée pour qu’elle puisse relever les nouveaux défis. Pour ce faire, il nous faut prendre un engagement collectif et inverser les tendances négatives de la mondialisation. L’Equateur lance un appel solennel à la coopération internationale, notamment en ce qui concerne la réduction de la dette des pays en développement. Dans certains pays, la dette absorbe plus de 50% des budgets nationaux. L’Equateur demande d’urgence des signes d’allégement de cette lourde charge. Il faut de plus assurer que les institutions internationales soient dotées des ressources nécessaires.

Une réforme du Conseil de sécurité est primordiale aussi bien en ce qui concerne sa composition qu’en ce qui concerne ses méthodes de travail. Il faut en général améliorer les mécanismes de prise de décisions et instaurer plus de transparence dans les travaux de l’Organisation.

M. JOAQUIM ALBERTO CHISSANO, Président de la République du Mozambique : En dépit des progrès réalisés dans de nombreux domaines de la vie, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le bien-être de l’humanité, notamment en ce qui concerne le règlement des conflits, la lutte contre la pauvreté et les maladies endémiques, ou encore, la réduction des inégalités entre les nations. La pleine réalisation des espoirs de nos peuples passe par l’adoption d’un nouveau paradigme de coopération internationale, fondé sur un esprit de solidarité. Le phénomène de la mondialisation gouverne de plus en plus la dynamique des relations internationales. Nous vivons dans un monde ou seuls quelques pays tirent parti des bénéfices de la mondialisation tandis que la majorité des autres connaissent la marginalisation économique. La libéralisation du commerce et des échanges contribue à accroître le fossé entre le Nord et le Sud, tant du point de vue économique que technologique. En raison de ces inégalités croissantes, l’injustice sociale et la pauvreté continuent de s’accentuer dans les pays les plus pauvres. Une telle situation est source de frustration et de conflits et constitue une menace sérieuse à la paix et la sécurité internationales, et à la démocratie.

Nous devons inverser la tendance actuelle du système économique et créer un ordre nouveau plus juste et équitable pour tous les peuples du monde. Le Mozambique souligne l’urgente nécessité d’assurer la participation des pays en développement aux processus de décision en matière commerciale. Par ailleurs, la dette extérieure est un obstacle majeur à la croissance économique et au développement durable des pays en développement. Tout en se félicitant des différentes initiatives visant à son allègement, le Mozambique est favorable à son annulation. Cette annulation de la dette devrait s’accompagner de mesures permettant un meilleur accès aux marchés, une aide au développement adéquate et des investissements étrangers. Le Mozambique exhorte les pays développés à respecter leurs engagements au titre de l’Aide publique au développement.

La science et la technologie, et plus particulièrement les technologies de l’information sont d’une importance fondamentale du point de vue de la croissance économique et du développement. Le manque d’accès aux technologies creuse le fossé entre le monde développé et le monde en développement. C’est pourquoi, un tel accès devrait être assuré à des prix raisonnables.

M. NURSULTAN A. NAZARBAEV, Président de la République du Kazakhstan : Les pays développés, qui comptent 20% de la population du monde, consomment 80% des ressources de la planète. Des prévisions largement connues montrent aussi qu’étant donné le rythme actuel du développement, l’économie mondiale ne pourra fournir des emplois qu’à 20% de la population active du monde. Si seul un petit groupe de pays hautement développés sont les seuls à récolter les fruits et les bénéfices de la mondialisation, cet état de choses mènera inévitablement à la confrontation, aux conflits, et à des soulèvements sociaux qui pourraient être plus dévastateurs que ceux que l’humanité a connus au cours du siècle dernier et des siècles précédents. Si les Nations Unies ne parviennent pas à résoudre ce problème, et si elles ne font pas face de manière appropriée aux défis qui s’annoncent, l’Organisation pourrait cesser d’exister, son potentiel alors épuisé, comme cela arriva à la Société des Nations à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale.

Dans ce contexte, nous pensons que les Nations Unies et les gouvernements nationaux doivent prendre des engagements mutuels. Premièrement, chaque pays devrait clairement, et avec un sens de la responsabilité, définir sa position par rapport au processus de la mondialisation, pour, en prévoir et aussi loin que possible, en neutraliser les potentielles manifestations négatives. Ensuite, dans le cadre de ses efforts visant à moderniser ses activités, l’ONU pourrait entreprendre, de manière prioritaire, le développement d’un modèle de mondialisation qui intégrerait, au plus haut degré, les intérêts de tous, et notamment des pays marginalisés.

Le modèle développé par l’ONU devrait aussi incorporer des mesures visant à améliorer l’efficacité des systèmes de sécurité existants et à en développer de nouveaux, qui répondraient aux besoins de notre époque. Tout en améliorant le potentiel de maintien de la paix de l’Organisation, et d’abord et surtout celui du Conseil de sécurité, il pourrait être très prometteur d’utiliser le potentiel des systèmes de sécurité régionaux et de promouvoir entre eux une coopération. L’implication active de ces systèmes régionaux dans le processus de maintien de la stabilité et de la sécurité pourrait aussi aider à trouver une solution au problème des interventions humanitaires. Avec leur assistance et celle du Conseil de sécurité, de nombreux conflits pourraient être résolus sans trop d’interférence dans les affaires intérieures des Etats souverains.

L’Afghanistan est devenue un des points douloureux de la planète. L’instabilité et la pauvreté qui règnent dans ce pays ont transformé son territoire en un terrain fertile pour l’extrémisme et le terrorisme international, qui se répandent non seulement en Asie Centrale, mais aussi à travers le reste du monde. L’Afghanistan produit annuellement plus de trois mille tonnes d’opium brut qui sont ensuite transformées et expédiées vers l’Europe et les Etats-Unis. Lors de leur sommet à Bishkek, les dirigeants du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ont discuté de ce problème et lancé un appel à la communauté internationale et aux Nations Unies pour qu’ils fournissent à leurs pays une aide en vue de normaliser la situation. Nous pensons qu’il est nécessaire de convoquer une réunion spéciale du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Afghanistan et en Asie Centrale pour développer des mesures visant à

stabiliser la situation. La menace de la prolifération nucléaire pourrait aussi être inclue dans le programme de cette réunion. Un nombre de pays de la région sont en effet au seuil de la détention d’armes nucléaires. Après la désintégration de l’Union Soviétique, notre pays avait hérité d’un immense arsenal de ces armes. Nous avons montré l’exemple en y renonçant. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous appelons tous les Etats nucléaires à prendre des mesures concrètes pour éliminer leurs armes.

M. ABDOULAYE WADE, Président de la République du Sénégal : Le premier défi à relever pour les Nations Unies au XXIème siècle est celui de l’instauration d’une paix et d’une sécurité globales et durables, entre les nations mais aussi à l’intérieur des nations elles-mêmes. Les Etats Membres ont une responsabilité première de créer les conditions minimales “d’un monde libéré de la peur”. Convenons donc ensemble d’une nouvelle doctrine des relations internationales fondée sur des principes parmi lesquels je n’évoquerai ici que l’acceptation de l’universalité des principes de démocratie. A ce sujet, je voudrais penser à toutes les minorités qui sont encore soumises au mépris de leurs cultures et à l’ignorance de leurs droits dont le droit à la vie en citoyens libres. Il y a des décennies, j’avais rêvé que l’Afrique franchirait le seuil du XXIème siècle sans aucun pouvoir dictatorial ou personnel mais en une belle mosaïque de démocraties authentiques différenciées seulement par les teintes culturelles.

Le deuxième aspect de la problématique des Nations Unies au XXIème siècle, c’est le développement économique et social dans un monde qui se transforme à une échelle globale. Je n’évoquerai que la dette, cette mécanique infernale dans laquelle les pays développés nous ont enfermés. Les générations travaillent chacune pour payer les dettes que d’autres générations ont faites ainsi que les leurs, dettes dont on cherche en vain les traces significatives en Afrique. Il y a quelque part comme une indécence, voire un défi à la raison, de faire du couple développement-dette le seul choix possible pour nos pays.

L’une des premières exigences des réformes de l’Organisation réside dans l’augmentation du nombre des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité et dans l’amélioration de ses méthodes de travail. Mais aussi dans le renforcement du rôle de l’Assemblée Générale, la rationalisation des travaux des autres organes, l’allégement des mécanismes institutionnels, le versement intégral, sans conditions et à temps par les Etats Membres de leurs contributions budgétaires. La raison refuse la notion de pauvreté dans un monde où la richesse globale est tellement abondante qu’au-delà de toute idée de redistribution, le seul “non gaspillage” éliminerait, très probablement, la faim et la privation des besoins primaires de l’homme sur une bonne partie de la planète.

M. KIM DAE-JUNG, Président de la République de Corée : Le nouveau millénaire a commencé sur un miracle dans la péninsule coréenne. Au cours du Sommet entre le Nord et le Sud de la péninsule, les deux dirigeants se sont engagés à travailler ensemble pour que la guerre n’éclate plus jamais entre eux. Les dirigeants ont convenu que la réunification n’est acceptable ni par la force ni par l’absorption. Guidés par leur aspiration à la réunification à partir d’un acte d’autodétermination, les deux dirigeants ont choisi pour l’heure de se concentrer sur la recherche d’une paix durable, de promouvoir les échanges économiques et socioculturels et de renforcer la coopération entre eux. La réunification est l’objectif ultime du peuple coréen mais cette réunification ne peut se réaliser que pacifiquement et quel que soit le temps que cela prendra. L’accord du Sommet a été que la réunification doit être un succès pour les deux parties.

Aussi longtemps que les Nations Unies et les dirigeants réunis ici apporteront leur appui, le miracle du nouveau millénaire survenu dans la péninsule a toutes les chances de se transformer en un des plus grands succès de l’histoire. Des tâches considérables attendent, par ailleurs, les Nations Unies. Joignons- nous pour faire du XXIe siècle une ère permettant les plus grands espoirs de l’histoire de l’humanité. Que les pays se rallient autour des Nations Unies et je vous assure que la République de Corée apportera son concours à la réalisation des nobles objectifs dont est chargée l’Organisation.

M. ALIJA IZETBEGOVIC, Président de la Présidence collégiale de Bosnie- Herzégovine : L’avenir de la Bosnie-Herzégovine dépend largement de trois facteurs, à savoir : l’intégration sociale interne, l’intégration aux institutions euro-atlantiques et l’évolution régionale. L'intégration sociale interne de la Bosnie-Herzégovine est un processus douloureux et lent qui va néanmoins dans la bonne direction. Je suis heureux de témoigner de la bonne volonté des gens du peuple de se réconcilier et d'aller de l'avant. La difficulté réside dans l’absence d'engagement de la part de certains hommes politiques. Il s’en suit qu’un nombre trop important de nos réfugiés attendent toujours de pouvoir dans leurs foyers car des résidus d'apartheid subsistent.

Notre intégration aux institutions euro-atlantiques garantit un avenir stable pour l'ensemble de la région. Le processus d'intégration représente pour nous une source d'espoir faute de quoi, la ligne de démarcation de notre région s’accentuera qui constituera une source interminable de problèmes. L'accession de la Bosnie-Herzégovine à ces institutions dépend de la mise en place d'un gouvernement central efficace, d'un seul système judiciaire et juridique et, dans un futur éloigné, de la constitution d'une armée. Ces conditions sont exactement ce dont nous avons besoin pour faire de l'Accord de Dayton un accord plus juste. A Dayton, en effet, notre priorité était de mettre un terme au massacre et nous pensions qu'une paix imparfaite était préférable à la poursuite de la guerre.

Le futur de la Bosnie-Herzégovine dépend également de l’évolution sur le plan régional et vice versa. Les évènements récents en Croatie ont montré à quelle vitesse les choses pouvaient changer dans la bonne direction. Nous aimerions que des développements positifs se produisent chez nos voisins de l'Est. Au Monténégro, la reconnaissance de la démocratie et des erreurs passées vont de pair. Les relations entre nos deux pays reflètent une nouvelle bonne volonté et des intérêts communs.

Permettez-moi de conclure sur une note plus personnelle. Mes fonctions au sein de la Présidence collégiale s'achèvent en octobre prochain après 10 années de service. Je voudrais saisir cette occasion pour exprimer ma sincère gratitude à tous les amis sincères de la Bosnie-Herzégovine qui étaient avec nous en temps de guerre comme en temps de paix.

M. FRANCISCO GUILLERMO FLORES PEREZ, Président de El Salvador : Les pays développés doivent prendre les mesures appropriées en vue d'apporter des solutions au problème de la pauvreté. Il ne faut cependant pas que les pays pauvres considèrent que les pays riches sont responsables de la pauvreté. Raisonner de cette façon reviendrait pour les pays pauvres à abdiquer leurs responsabilités. Or c’est précisément en assumant leurs responsabilités que ces pays pourront sortir de cette situation. Pour surmonter les problèmes il faut les assumer totalement.

El Salvador connaît actuellement des transformations profondes et s'est doté d'une orientation nouvelle grâce au retour de la paix. La possibilité de participer au processus de développement dans des conditions d’égalité doit nous être offerte. Ainsi, les pays industrialisés ne doivent pas fermer leurs marchés aux produits des pays en développement. Il est intolérable que le monde industrialisé ferme l’accès de leurs marchés aux produits des pays en développement qui constituent leur seul moyen de lutter contre la pauvreté. Nous devons utiliser tout le potentiel dont nous disposons pour surmonter le phénomène de la pauvreté, en faisant preuve d’ouverture.

M. GLAFCOS CLERIDES, Président de la République de Chypre : L'Assemblée du millénaire qui réunit ici un nombre considérable de chefs d'Etat et de gouvernement constitue un événement historique et un effort manifeste du Secrétaire Général des Nations Unies et de la communauté internationale d'œuvrer pour la consolidation d'un monde plus juste et plus sûr. Un monde qui garantisse la survie, le développement et la prospérité des populations de la planète. Car, malgré les progrès réalisés sur plusieurs fronts, les conflits impitoyables, les inégalités et la pauvreté sont encore présents sur la planète. Nous devons nous mobiliser tous pour faire face à l’avancée des maladies endémiques. Lorsque des conflits émergent, les principes du droit international devraient prévaloir et le respect de la dignité humaine et des droits fondamentaux qui incombent à toute personne ne doit jamais être remis en cause.

La globalisation a certes accru la productivité et contribué au décollage économique et technologique, notamment en générant des investissements, mais elle a aussi accru les inégalités entre les pays privilégiés et les autres. Elle a par ailleurs favorisé l'émergence de circuits criminels internationaux impliqués dans les trafics de drogue et d'armes. Les inégalités générant le plus souvent des conflits, les victimes de cette mondialisation devraient être prises en compte et il nous faut imaginer des politiques visant à redistribuer équitablement les bénéfices de la mondialisation, par exemple en reconsidérant la question de la dette, en développant des programmes adaptés pour la promotion des femmes dans la société ou encore en favorisant l'emploi des jeunes.

Nous ressentons profondément l’angoisse des familles des personnes disparues, où qu’elles soient dans le monde et dans mon propre pays, nous attendons des informations convaincantes sur leur sort. Une persistance de ce problème est un affront à la conscience internationale. Aussi, cette Assemblée doit être l'occasion d'envoyer un message de fermeté à tous ceux qui sont à l'origine de ces conflits et des violations des principes du droit international. Elle doit également être l'occasion de réaffirmer que les résolutions du Conseil de Sécurité doivent être respectées contrairement à ce que l'on peut constater depuis vingt-cinq ans avec le cas de Chypre. Je participerai aux prochaines négociations sur le problème de Chypre avec la ferme volonté de parvenir à une solution juste et équitable conforme aux résolutions du Conseil et qui protège les droits de l’homme de tous les Chypriotes sans discrimination. L'Organisation des Nations Unies est le cadre unique pour construire un monde juste et équitable que nous appelons tous de nos vœux. Espérons que cette Assemblée du millénaire soit l'occasion de renforcer cette détermination à œuvrer tous ensemble pour atteindre la prospérité et la paix sur la planète Terre.

M. HIPOLITO MEJIA DOMINGUEZ, Président constitutionnel de la République dominicaine : L'équilibre macroéconomique dont d'aucuns se font les hérauts ne portera vraiment tous ses fruits et ne sera équitable qu’avec des institutions étatiques efficaces, une gestion transparente des affaires publiques, le respect des droits de l'homme, la participation de tous aux décisions qui concernent tout le monde, la mise en place d'une infrastructure matérielle solide, et aussi et avant tout, une volonté résolue et généreuse d'investir dans l'éducation, la santé, l'emploi, l'alimentation, la lutte contre la pauvreté et la protection et l'enrichissement de l'environnement. Il est donc indispensable que les dépenses publiques soient consacrées en priorité à résoudre les graves problèmes sociaux auxquels nos populations doivent faire face. Pour réaliser ces objectifs, il nous faut être à même de prendre notre place dans l'économie mondiale et y jouer notre rôle dans des conditions de concurrence et d'égalité. C'est à nous, gouvernants, de faire le serment que les Etats Membres des Nations Unies sauront, face aux aléas du processus de mondialisation, se porter garants d'un développement matériel et spirituel équilibré de tous les peuples et sévir implacablement contre la violence, l'insécurité, les préjugés et la dégradation de l'environnement. C'est à ce prix seulement qu'unis en vue de la réalisation solidaire de nos objectifs et de nos aspirations, nous atteindrons la paix.

La volonté de réforme et de démocratisation inscrite dans le rapport du Secrétaire général est pertinente car les structures de pouvoir mises en place au sein de l'Organisation en 1945 ne répondent plus aux exigences du développement des relations internationales telles qu'elles résultent du processus de mondialisation. Plus qu'hier, l'ONU doit nous permettre aujourd'hui d'instaurer un juste équilibre entre tous les Etats du monde. Par ailleurs, la réforme qu'appelle la Charte des Nations Unies doit tendre à ce que la mondialisation profite à tous, de sorte que la solidarité devienne une norme de comportement internationale qui contribue à l'épanouissement de tous et de chacun.

Concernant l'état des relations entre la République d'Haïti et la République dominicaine, il existe entre nos deux pays un mariage sans échappatoire dans le divorce. Nous n'ignorons pas qu'à la base de l'immigration clandestine qui a lieu chaque jour d'Haïti vers notre pays, il y a la situation économique que connaît Haïti. Encore faut-il que la communauté internationale comprenne que la République dominicaine n'est pas en mesure de supporter le fardeau social que constitue la présence sur son territoire de centaines de milliers de nos voisins. Notre Gouvernement fait tout pour faire face à cette situation avec beaucoup de compréhension et dans le respect absolu des droits de l'homme. Les incidents qui peuvent se produire dans la zone frontalière ne correspondent nullement à une ligne de conduite des autorités. Le Gouvernement de la République dominicaine ne demande qu'à réaliser de concert avec Haïti des projets de développement qui permettent d'élever le niveau de vie des habitants des zones frontalières. La République dominicaine va se doter d'une législation en matière d’immigration fondée sur des critères rationnels, applicables à tous les étrangers, sans aucune distinction, qu'ils soient ou non en situation régulière sur le territoire. Il reste que seule une décision et une participation de la communauté internationale peuvent contribuer à régler de manière définitive le problème.

M. PAUL KAGAME, Président de la République Rwandaise : Pour ce qui est du rôle des Nations Unies au XXIème siècle, nous sommes d’avis que cette noble institution devrait subir des réformes qui lui confèrerait une plus grande légitimité. Nous devrions cependant porter toute notre attention sur la question de la menace de la paix. Il est évident que nous sommes moins menacés par les guerres mondiales, mais plutôt confrontés à des conflits régionaux et locaux. Pourquoi les efforts de prévention et de maintien de la paix n’ont ils apporté les résultats attendus au cours de la décennie écoulée ?

De nombreuses raisons ont été à cet égard invoquées. Elles sont peut être toutes vraies mais je veux en ajouter une : chaque conflit est unique par sa génèse et sa sociologie, aspects qui ne reçoivent pas toujours l’attention qu’ils méritent. Si l’on ne comprend pas la nature d’un conflit, il devient impossible de le résoudre. Les institutions internationales semblent plus aptes à réagir aux crises humanitaires, mais elles s’avèrent inadaptées pour aider les pays affectés par un conflit. Et pourtant, les phases de reconstruction après les conflits renferment des défis tout aussi importants, notamment les domaines économique et social pour parvenir à un développement durable, ce qui permettrait d’éviter de nouveaux cycles de violence.

Jusqu’à son indépendance, le Rwanda a été administré comme territoire sous tutelle des Nations Unies. Depuis, l’Organisation a été plus ou moins associée aux événements politiques qui se sont produits dans mon pays. Le génocide de 1994 au Rwanda demeure l’une des heures les plus sombres des cinquante ans d’histoire des Nations Unies. Suite à cet événement, le Tribunal international pour le Rwanda a été créé et nous soutenons ses démarches remarquables. Le peuple du Rwanda a tenté, depuis 1994, de reconstruire sa société dans des conditions difficiles et périlleuses. Nous avons fait des progrès, grâce au peuple rwandais et à notre partenariat avec les institutions bilatérales et multilatérales.

M. FIDEL CASTRO RUZ, Président de Cuba : Une trentaine de nations riches et développées, qui monopolisent le pouvoir économique, politique et technologique, se sont réunies ici avec nous, pour nous vanter les mêmes recettes qui n’ont servi qu’à nous rendre plus pauvres, plus exploités et plus dépendants. Il n’est même pas question de discuter d’une réforme radicale de cette Organisation vétuste pour la rendre véritablement représentative des intérêts de tous les peuples de la terre et n’accorder à personne le droit révoltant et antidémocratique qu’est le droit de veto. Il n’est pas question non plus d’amorcer un processus sain visant à augmenter le nombre des membres du Conseil, accroître sa représentativité et en faire un organe exécutif subordonné à l’Assemblée générale à laquelle devrait revenir la responsabilité de la prise de décisions sur des thèmes aussi vitaux que l’intervention et le recours à la force. Le principe de souveraineté ne saurait être sacrifié à un ordre injuste d’exploitation qui fait croire à une superpuissance hégémonique qu’elle peut tout régenter. Cet ordre économique et politique ne contient rien qui serve les intérêts de l’humanité. Il ne peut durer et il faut le changer surtout lorsque l’on réalise que 80% des 6 milliards d’habitants de la planète vivent dans la pauvreté et que la malaria, la tuberculose et d’autres maladies auxquelles s’ajoute le VIH/sida menacent d’exterminer la population de nations entières. On voit pourtant que les pays riches continuent d’investir des sommes considérables dans les dépenses militaires et qu’un groupe de spéculateurs voraces dépensent des milliers de milliards de dollars en échanges de devises, en produits de luxe et dans d’autres valeurs

réelles ou fictives. Dans ce contexte, chacun réalise que le rôle fondamental des Nations Unies, dans le nouveau millénaire, est non seulement de préserver le monde de la guerre mais aussi du sous-développement, de la faim, des maladies, de la pauvreté et de la dégradation des ressources naturelles indispensables à la vie. Le rêve d’une destinée humaine guidée par des règles justes et raisonnables semble impossible. Mais nous sommes convaincus que la lutte pour l’impossible doit être le mot d’ordre de cette Organisation qui nous réunit aujourd’hui.

M. EL HADJ OMAR BONGO, Président de la République gabonaise : La coopération internationale, guidée par les idéaux de paix, de solidarité et de bien-être pour tous, est indispensable. Les propositions pertinentes du Secrétaire général de l’ONU nous rappellent les grands problèmes du monde aujourd’hui, tels que les conflits armés. L’Afrique en connaît depuis tant d'années qu’on peut parler d’un état de guerre permanent. Or, en Afrique, l’action humanitaire en est seulement à ses balbutiements et nous devons la développer, avec l’appui des Nations Unies, des Etats membres et des ONG internationales, pour aboutir rapidement à renforcer la capacité des pays africains à participer progressivement aux missions humanitaires. De grandes lignes de travail doivent être définies à cet effet, comme c’est le cas en Afrique Centrale où les pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale ont décidé d’établir une force multinationale à vocation humanitaire. Les Nations Unies doivent contribuer à la mise en oeuvre de cette initiative afin de faciliter la consolidation de la paix. A cet égard, l’accent devrait être mis sur l’éradication des causes profondes des conflits armés et sur leur prévention. Dans ce domaine, le Gabon aura l’honneur d’abriter le siège du mécanisme d’alerte rapide, à l’initiative des États de l’Afrique Centrale.

Un autre problème menace aussi la stabilité du continent. Il s’agit du sida qui atteint la structure même de nos sociétés. La lutte contre le sida nécessite une coopération internationale plus intense et, dans l’immédiat, le Gabon lance un appel pressant visant à faciliter l’accès aux soins. Le Gabon participe à cet effort par la recherche fondamentale menée par le Centre International de Recherches Médicales de Franceville (C.I.R.M.F.) créé en 1978.

Vaincre la pauvreté sous toutes ses formes doit devenir l’objectif majeur des Nations Unies à l’orée du troisième millénaire. Un autre défi qui doit être relevé est celui du développement et de l’accès à la science et aux nouvelles technologies. L’Afrique aura besoin d’un soutien particulier. Le Président de la République gabonaise a d’ailleurs accepté de parrainer le Sommet africain sur la science et les nouvelles technologies tenu à Libreville en novembre 1999. Il importe alors que les Nations Unies apportent leur appui au projet SASNET et à bien d’autres ayant les mêmes objectifs. De même le Gabon est attentif à l’exploitation du commerce électronique et soutient l’organisation d’un sommet mondial sur la société de l’information, conformément à la résolution adoptée par les plénipotentiaires de l’Union Internationale des Télécommunications en 1998. Enfin la réforme de notre Organisation s’inscrit pleinement dans le contexte mondial actuel marqué, au plan économique, par la globalisation et la mondialisation et, au plan politique, par une progression des valeurs et de la pratique démocratiques. En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, le Président de la République gabonaise, qui avait demandé dès 1977 que l’Afrique puisse avoir une représentation permanente au Conseil de sécurité avec les mêmes privilèges et devoirs que les cinq membres permanents actuels, se réjouit que cette revendication recueille aujourd’hui l’adhésion de tous et appelle à sa concrétisation.

M. ANTONIO GUTERRES, Président de la République du Portugal : Il est important de réformer l’architecture des institutions internationales et de réglementer la mondialisation afin de rétablir la primauté de l’éthique politique. Un ordre du jour international de réformes concrètes doit être adopté. Les institutions financières internationales doivent être réformées afin qu’elles prennent davantage en compte les exigences sociales et humanitaires. Il est également nécessaire de prendre les mesures permettant de stabiliser les flux économiques internationaux. Par ailleurs, il conviendrait d’introduire dans les préoccupations de l’Organisation mondiale du commerce les questions d’ordre social et environnemental. Les mesures doivent être identifiées et appliquées pour réduire le fossé numérique. Le Portugal souhaite par ailleurs que les orientations adoptées en matière de développement durable soient traduites en actions.

L’Organisation des Nations Unies et l’ensemble de ses institutions spécialisées ont un rôle fondamental à jouer dans l’application de cet ordre du jour. La question de leur réforme est une question clé pour notre avenir collectif. Dans ce cadre, la réorganisation du Conseil de sécurité et la création d’un Conseil de sécurité économique sont souhaitables. Les Etats Membres doivent absolument respecter leurs obligations financières.

Mme SHEIKH HASINA, Premier Ministre de la république populaire du Bangladesh : Certains des assassins du fondateur de notre nation ont trouvé refuge dans d’autres pays qui devraient les extrader pour qu’ils répondent de leur crime devant la justice.

Le Secrétaire général a fait des propositions pour l’éradication de la pauvreté, la prévention des conflits, la protection de l’environnement et le renouvellement des Nations Unies. Nous avons besoin de la démocratie pour que les fruits du développement puissent être partagés de manière équitable. Nous devons travailler ensemble pour que tous les pays membres puissent bénéficier du processus de mondialisation. Le Bangladesh considère la paix comme un droit fondamental de l’homme qui doit être reconnu et constamment promu. Les menaces à la paix en un seul endroit sont une menace à la paix dans le monde entier. Nous demandons donc qu’une culture de la paix soit encouragée par tous les moyens. Au Bangladesh, nous avons pris des mesures novatrices afin d’éliminer la pauvreté. Le succès du microcrédit a été énorme et il en a été de même pour l’éducation.

Nous devons déployer des efforts concertés pour faire en sorte que les populations ne connaissent plus la faim, la pauvreté et la maladie. Je voudrais nous voir tous contribuer à une Organisation forte et efficace, qui puisse prendre en compte les préoccupations de tous.

M. PERVEZ MUSHARRAF, Chef exécutif de la République islamique du Pakistan : La plus remarquable réussite de ce siècle dernier a été la formation des Nations Unies. Cette Organisation a résolu de nombreux conflits et querelles. Et partout où l’on s’est écarté de la Charte des Nations Unies et de ses décisions, les querelles se sont multipliées. La Palestine et le Cachemire en sont deux exemples, malgré leur différence. En effet, alors que la communauté internationale s’est engagée à trouver une solution à la question de la Palestine, le Cachemire attend la justice depuis plus de 52 ans. Les conséquences de cette injustice sont quatre

guerres et une région lourdement militarisée, voire nucléarisée. Cette situation n’est certainement pas le fait du Pakistan et nous avons été obligés d’agir par auto-défense. Dix millions de personnes ne peuvent se voir renier le droit à l’auto-détermination. Ils attendent que les Nations Unies honorent les promesses qu’elles leur ont faites. Si le peuple du Timor oriental a pu recevoir son indépendance, pourquoi pas le peuple du Cachemire ? Le problème ne vient pas de la Charte mais du manque de volonté politique et tant que cette volonté nous fera défaut, toutes les discussions sur la prévention des crises resteront lettres mortes.

Le Pakistan défend la paix et est prêt à prendre de larges initiatives pour changer le statu quo par un dialogue avec l’Inde, à n’importe quel niveau, n’importe où et à n’importe quel moment. Nous sommes prêts pour une réduction mutuelle des forces. Le peuple du Pakistan n’a jamais perdu foi en la démocratie. Mais l’autocratie, sous couvert de démocratie, a conduit à une gouvernance malhonnête et à un effondrement des institutions. Nous nous engageons sincèrement à reconstruire et à renforcer les institutions de l’Etat pour offrir au pays une démocratie véritable et durable.

La meilleure garantie de la consolidation de la paix est le développement et la prospérité économique. Le monde en développement a besoin de la compréhension et de la coopération des pays créditeurs et des institutions financières internationales pour se sortir du poids énorme de la dette.

M. WIM KOK, Premier Ministre des Pays-Bas : Il est nécessaire de renforcer la gouvernance mondiale pour relever les défis majeurs découlant de la mondialisation. Les Nations Unies, les autres organisations multilatérales et leurs Etats Membres, ont une tâche importante à accomplir pour relever les défis mondiaux tels que la propagation des maladies infectieuses comme le VIH-sida. Combler le fossé entre les riches et les pauvres est une autre tâche qui ne peut être laissée au marché seul ou aux pays individuellement. La mondialisation doit aller de pair avec la solidarité et la sécurité pour tous. La persistance de la pauvreté absolue est un affront fait à l’humanité. Le deuxième Forum mondial sur l’eau, qui s’est tenu à La Haye en mars dernier, a convenu d’objectifs réalistes pour améliorer la disponibilité de l’eau potable et des services d’assainissement d’ici à l’an 2015. Les Pays-Bas continueront à déployer tous les efforts pour réaliser ces objectifs ainsi que ceux fixés par les grandes conférences des Nations Unies. Les Nations Unies doivent être en position de répondre aux crises de manière rapide. Il est donc essentiel d’améliorer les capacités de maintien de la paix de l’ONU et de renforcer la règle internationale du droit. Nos efforts en faveur d’un monde sans peur et sans besoin doivent être guidés par les idées contenues dans le rapport du Secrétaire général lequel s’est inspiré de la Charte des Nations Unies. Mettre en place une Organisation forte exige les efforts conjugués de tous les Etats Membres car après tout, les Nations Unies ne sont que des nations unies.

Mme HELEN CLARK, Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande : Au moment de la création de l’Organisation des Nations Unies, notre Premier Ministre d’alors, Peter Fraser, avait joué un rôle déterminant dans les travaux d’adoption de la Charte, véritable cadre pour les relations entre les Etats et pour la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

La Nouvelle-Zélande, qui participe activement au développement du droit international, a répondu cette année à la demande du Secrétaire Général de ratifier ou d’adopter le plus possible des 25 traités fondamentaux soumis aux pays membres. Elle continuera sur cette voie en ratifiant, cette semaine, le Statut de Rome relatif à la Cour Criminelle Internationale, en devenant partie à la Convention contre la Désertification, en signant et en ratifiant le Protocole à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes, en signant les deux Protocoles à la Convention sur les Droits de l’enfant et en signant la Convention internationale pour la suppression du financement du terrorisme. Par ailleurs, la Nouvelle-Zélande souhaite devenir membre du Protocole de Kyoto relatif à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques et de la Convention Internationale pour la suppression des attentats terroristes. Par ces mesures, nous entendons faire la preuve que les traités peuvent faire évoluer la justice internationale.

Dans les prochaines années, la Nouvelle-Zélande fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire avancer les questions du désarmement, de la sécurité, des droits de l’homme, de l’environnement et du développement. La Nouvelle-Zélande est connue pour son opposition aux armes nucléaires et nous poursuivrons la lutte pour l’élimination totale de ces armes. Nous souhaitons que les capacités de maintien de la paix soient renforcées, que les droits de la personne humaine soient respectés, en particulier ceux des femmes et des populations autochtones. En matière de développement, la priorité doit être accordée à l’Afrique. Affecté par les guerres et la pandémie du VIH/sida, le continent africain devrait pouvoir bénéficier aujourd’hui de programmes et de facilités d’allègement de sa dette, de débouchés pour ses produits et de bonne gouvernance.

M. JOSE MARIA AZNAR, Président de l'Espagne : L'objectif originel des Nations Unies était de préserver le monde du fléau de la guerre et cet objectif est toujours d'actualité aujourd'hui. Le Conseil de sécurité est la pierre angulaire de ce système. La réforme du Conseil, sur la base d'un large consensus et en évitant les dissensions qui saperaient sa légitimité, est une priorité. Les méthodes de travail du Conseil et l'exercice du droit de veto doivent également faire l'objet d'un examen attentif. Le principe de la souveraineté des Etats est le pilier de la communauté internationale et personne ne remet en question ce principe. Mais en même temps, ce principe ne devrait pas servir de bouclier derrière lequel s'abriteraient les responsables d'atrocités. Nous devons définir les situations pour lesquelles la réaction de la communauté internationale ne pourrait pas être contrecarrée par l'exercice du droit de veto.

En dehors du maintien de la paix et de la sécurité internationales, les Nations Unies se sont fixé pour objectif le développement économique et la prospérité pour tous. Pour cela, il nous faut vaincre la pauvreté. Les récentes avancées technologiques et la croissance économique nous donnent la meilleure occasion de réaliser cet objectif. Il serait impardonnable de ne pas mettre en oeuvre les moyens de le faire. Nous soutenons de tout coeur les objectifs présentés par le Secrétaire général dans son Rapport du millénaire. Ensemble nous partageons le même fardeau: les pays développés doivent fournir d'importantes ressources tandis que les pays en développement doivent mettre en place le cadre politique, juridique et économique qui permettront une utilisation adéquate de ces fonds. Laissez-moi souligner l'engagement que nous avons pris lors du Sommet mondial sur le développement social de redistribuer 20% de notre aide au développement aux secteurs de base comme l'éducation, les soins de santé, le logement et l'emploi.

Le dernier défi et le plus actuel que doivent relever les Nations Unies est lié à la tendance inéluctable vers l'intégration mondiale via le développement et l'emploi des nouvelles technologies. Les Nations Unies devraient valoriser les nombreux aspects positifs de la mondialisation pour faire en sorte que les plus faibles d'entre nous ne soient pas laissés pour compte. La mondialisation a créé de nouveaux défis comme la nécessité de protéger l'environnement, de lutter contre la criminalité transnationale, d'établir un système pénal international et de trouver un traitement pour les pandémies. Seules les Nations Unies ont la possibilité et la vision pour accomplir cette tâche. Inutile de dire que l'Espagne soutient vigoureusement tout effort en vue de trouver des solutions de consensus et d'assurer le respect des accords conclus. Plus spécifiquement, l'Espagne se propose de ratifier très prochainement le Traité de Rome établissant la Cour pénale internationale.

M. GUY VERHOFSTADT, Premier Ministre du Royaume de Belgique : Mon pays s'engage ici et dans les instances internationales dont il fait partie, à soutenir toutes les actions à même de concrétiser les recommandations inscrites dans le rapport du Secrétaire général. Les missions de maintien de la paix de notre Organisation sont la vocation naturelle de notre Organisation. Malheureusement dans de nombreux cas, et notamment au Rwanda, elles se sont terminées en véritable débâcle. A cet égard, je tiens à épingler certaines recommandations du rapport Brahimi qui reprend bon nombre des leçons tirées de ces tragédies, notamment : garantir la qualité et la quantité suffisante des troupes et du matériel mis à disposition, instaurer des mandats clairs, crédibles et flexibles, rapidement adaptables aux circonstances sur le terrain, associer les pays fournisseurs de troupes à la détermination des mandats, assurer une bonne préparation, information et entraînement des troupes pour les opérations de paix, renforcer les moyens d'organisation, d'information et de la planification, et débureaucratiser les chaînes de commandement et les relations entre le théâtre d'opérations et le Secrétariat.

Malgré la pertinence de toutes ces recommandations, la mise en œuvre complète du Rapport Brahimi n'empêchera pas que nous serons toujours confrontés à la difficulté du recrutement des troupes et à un déploiement tardif sur le terrain. Il faut donc un nouveau concept pour le maintien de la paix, concept qui implique la constitution de capacités régionales d'opérations de paix prêtes à intervenir en permanence. Ces capacités, de la taille d'une brigade, seraient établies par les Etats d'une région et soutenues matériellement et financièrement par les Nations Unies. En fait, ce nouveau concept revient à essayer de généraliser l'initiative de l'Union européenne - qui sera opérationnelle en 2003 - en mettant sur pied une force de réaction rapide dans chaque région du monde. Ceci n'implique nullement le désengagement des pays occidentaux qui devraient participer au financement de l'équipement et à l'entraînement de ces capacités régionales, sous le contrôle et la responsabilité, évidemment, des Nations Unies.

La propagation incontrôlée du sida est renforcée par la pauvreté, l'ignorance, le dogmatisme, l'exclusion sociale, la non-reconnaissance des droits des femmes et par le refus de certains responsables de regarder la réalité en face. La seule possibilité de réaliser les objectifs et les échéances avancées dans le rapport est que les pays riches augmentent de manière substantielle les ressources destinées à la prévention et à la distribution des médicaments ainsi qu'au

développement d'un vaccin. La Belgique a en tout cas décidé de livrer à quatre pays d'Afrique, en coopération avec ONUSIDA, un ensemble de médicaments de 250 millions de Francs belges. Dans le même esprit, la Belgique a décidé d'allouer un budget supplémentaire de 150 millions de FB à la recherche dans le domaine du sida.

Je m'associe avec force à l'appel du Secrétaire général aux Etats membres pour réformer le Conseil de sécurité, sans délai. La Belgique coordonne un groupe de pays membres qui a introduit des propositions réalistes et opérationnelles qui élargissent de 5 le nombre de permanents et de 5 les non permanents, avec une répartition géographique équitable. La Belgique est ouverte à des propositions en ce sens.

M. MARCO MACIEL, Vice-Président du Brésil : Le Sommet du millénaire offre une occasion propice pour réaffirmer notre engagement collectif en faveur de la paix et de la sécurité internationales, du respect des droits de l’homme et du droit international, de la protection de l’environnement, de l’éradication de la pauvreté, ainsi que du bien-être de tous. Ce sont des objectifs qui ne peuvent être atteints sans un développement économique et social préalables. Les Nations Unies ont un rôle clef à jouer pour la réalisation de ces objectifs, si l’on veut encourager les idéaux de liberté, d’égalité, de solidarité et de tolérance entre les peuples. Les Nations Unies constituent désormais un instrument indispensable à nos efforts collectifs visant à faire face aux défis du monde moderne. La création des Nations Unies est l’un des grands legs du XXème siècle. Le temps est venu de les revitaliser, de s’assurer qu’elles reflètent les nouvelles réalités et la tendance en faveur du renforcement de la démocratie dans les relations internationales. Il faut réformer le Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif, efficace et légitime. On ne peut plus tolérer les mécanismes de prise de décision anachroniques qui ne sont pas seulement sélectifs mais également inaptes à refléter la dynamique des transformations mondiales intervenues au cours de ces dernières décennies. Il est impératif d’empêcher la création d’un climat propice aux actions unilatérales hors du cadre de la Charte des Nations Unies et du droit international. Il est également impératif de renouveler au sein des Nations Unies le débat sur la question cruciale du développement économique, social et culturel.

L’éradication de la pauvreté, l’accès à l’éducation, les services de santé de base et le développement durable exigent un effort concerté de la part de la communauté internationale tout entière. La mondialisation devrait permettre d’instaurer un monde marqué par une plus grande solidarité et moins d’asymétrie. Le Brésil appelle les pays développés à lancer des initiatives en vue de la réduction de la dette des pays les plus pauvres. Ces mesures contribueront de toute évidence à développer des programmes répondant aux besoins des plus indigents, en particulier en élargissant l’accès des enfants pauvres au système scolaire. En même temps, les Nations Unies ne peuvent rester insensibles aux questions liées à la technologie et aux restrictions qui empêchent les pays en développement de jouer un rôle plus actif dans l’économie mondiale. L’accès à la science et à la technologie doit devenir plus démocratique afin qu’il permette à toutes les populations du monde de profiter de l’ère de l’information. Le succès du Sommet des Présidents d’Amérique du Sud – tenu à Brasilia, la semaine dernière – renforce les perspectives de consolidation d’une zone régionale de prospérité

permettant aux pays de la région de relever les défis et mettre à profit les possibilités communes. Les résultats de ce sommet constituent une contribution importante à la dynamique de l’intégration régionale, essentielle dans cette ère de mondialisation. Le Sommet a convenu de la création d’une zone de paix en Amérique du Sud.

Mme BILLIE MILLER, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade : Au cours des 34 années qui se sont écoulées depuis notre accession à l’indépendance, nous avons lutté pour affirmer notre identité. Nous formons à présent une nation dont les niveaux de prospérité, d’éducation et de bien-être n’ont pu être obtenus qu’en payant le prix fort. Nous n’en sommes pas arrivés là par hasard mais en consentant des efforts importants et des sacrifices. En devenant membre de l’ONU nous espérions devenir partie intégrante d’un ensemble qui protègerait notre intégrité territoriale, soutiendrait notre souveraineté et nous assisterait dans la pleine réalisation du potentiel de notre population. Notre adhésion aux Nations Unies revêtait pour nous à la fois une dimension pratique et symbolique. Nous nous faisions du multilatéralisme l’idée d’une interdépendance dans la gestion du développement durable de notre planète et des peuples qui la composent. Il semblerait que désormais, ces idées ne soient plus communes à l’ensemble de la communauté internationale.

On ne saurait nier que la capacité des Nations Unies à s’acquitter de ses différents mandats est à l’heure actuelle trop souvent mise en doute. Ce manque de confiance dans le système conduit à l’apathie et tend à saper l’autorité morale de l’Organisation. Par ailleurs nous notons une tendance de certains membres de la communauté internationale à exploiter les fondements louables sur lesquels reposent les Nations Unies pour maintenir un statu quo injuste. Nous souhaiterions que les Nations Unies assument leurs responsabilités en intégrant dans le système multilatéral mondial les petits Etats qui aspirent à être des acteurs efficaces des processus du gouvernement mondial. Echouer dans cette tâche serait nous refuser le droit à un futur prospère.

M. TUILOMA NERONI SLADE Chef de la délégation du Samoa : Les promesses de la Charte des Nations Unies n’ont pour beaucoup pas été tenues au cours du demi siècle passé. Le monde reste un monde qui doit encore devenir meilleur et ce Sommet doit, par conséquent, être l'occasion d'un nouvel engagement de mieux répondre aux des besoins des hommes. Il s’agit également d’une occasion de renouveler notre engagement à la Charte, dont les principes sont toujours valables aujourd’hui. C’est l’énergie politique qui fait défaut, de même que la détermination pour les mettre en oeuvre. Toutefois, l’ONU reste unique, dans la mesure où elle est spécialement conçue pour la recherche de valeurs et d’objectifs humains et la coordination des activités internationales. Des réformes sont, cependant, nécessaires pour poursuivre ce que nous avons commencé en vue de renforcer notre Organisation et pour la préparer aux années à venir. Le Conseil de sécurité doit, en particulier, être à même de répondre aux exigences d’un ordre mondial fondamentalement différent. Pour cela, il faut procéder à un élargissement de la composition du Conseil, afin que celui-ci reflète les réalités actuelles et voit son rôle et son efficacité renforcés.

Le Samoa continue de soutenir l’appel lancé en faveur d’un désarmement réel et de l’élimination complète des armes de destruction massive. Il est essentiel pour la sécurité et l’avenir de l’humanité que nous fassions de l’élimination des armes nucléaires au niveau international une priorité. Le Samoa apporte son soutien à la proposition du Secrétaire général visant à réunir une conférence internationale d’importance en vue d’identifier les moyens d’éliminer les dangers nucléaires.

L’environnement mondial subit aujourd’hui de fortes pressions, les catastrophes naturelles de grande ampleur sont de plus en plus fréquentes et leurs effets sur les petits Etats vulnérables, tel que le Samoa, sont dévastateurs et durables. Les petits Etats insulaires font ce qui est en leur mesure pour contribuer aux négociations internationales sur les changements climatiques, pour essayer de combattre ce problème et pour façonner des mécanismes de réponse. Nous avons joué un rôle dans la négociation du Protocole de Kyoto et nous nous engageons à le faire entrer en vigueur le plus rapidement possible. Le développement durable des petits Etats insulaires était le thème de la 22ème session extraordinaire de l’Assemblée générale l’an dernier. Cette session a produit des mesures spécifiques et très pratiques pour répondre aux besoins particuliers de ces Etats et pour la mise en oeuvre effective du Programme d’Action de la Barbade. Un accès réel aux technologies modernes et aux réseaux d’information, par le biais du système SIDS/Net est d’une importance vitale. Nous appelons la communauté internationale à porter son attention à toutes ces questions.

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