LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LES REPRESENTANTS D'ISR'L, DES ETATS-UNIS, DE LA ROUMANIE, DE L'IRAQ ET DE MYANMAR
Communiqué de Presse
CD/G/465
LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LES REPRESENTANTS D'ISRAEL, DES ETATS-UNIS, DE LA ROUMANIE, DE L'IRAQ ET DE MYANMAR
20000831GeNEve, 31 août 2000 -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations des représentants d'Israël, des États-Unis, de la Roumanie, de l'Iraq et de Myanmar.
L'Ambassadeur Petko Draganov de Bulgarie, qui assume la présidence de la Conférence à partir de cette semaine, a souligné que la Bulgarie considère le désarmement comme une priorité nationale et a assuré la Conférence de sa ferme volonté d'oeuvrer à faire avancer les travaux. Le cadre politique et stratégique dans lequel évolue la Conférence a changé et les deux dernières années témoignent de la nécessité d'encore plus de détermination dans les efforts politiques et diplomatiques afin de parvenir à un accord pour progresser sur la voie du désarmement multilatéral et de la limitation des armements. Il a dit ne pas partager l'opinion de ceux qui estiment que la Conférence du désarmement est en crise, voire qu'elle est agonisante. Il a souligné que c'est justement lorsqu'il y a un problème dans les relations internationales et la sécurité mondiale que les diplomates, et en particulier la Conférence, ont un travail à accomplir.
Le Président, dont le mandat se prolongera pendant l'intersession, jusqu'au début de 2001, a indiqué qu'il poursuivra ses efforts pour essayer d'harmoniser les positions des membres de la Conférence. Il a également rappelé que la Conférence doit maintenant s'atteler à la tâche de préparer son rapport annuel à l'Assemblée générale.
À cet égard, le Myanmar a souligné qu'il y a de fortes chances pour que la session de 2000 de la Conférence se termine sans programme de travail et qu'il faut donc préparer le terrain pour la session de 2001. Il a suggéré que le rapport annuel devrait affirmer la ferme volonté des membres de la Conférence de parvenir à un programme de travail et de commencer les travaux de fond dès le début de la session de 2001.
Israël a déclaré qu'il oeuvre activement à promouvoir la paix avec ses voisins mais que certains États du Moyen-Orient continuent de menacer sa sécurité, tel l'Iraq, qui met au point des armes de destruction massive, y compris des armes nucléaires. C'est dans ce contexte qu'Israël a élaboré sa politique en matière de limitation des armements. Israël envisage le contrôle des armements d'un point de vue essentiellement régional, incorporant, lorsque cela est possible, les dispositions des instruments internationaux.
En réponse à la déclaration d'Israël, l'Iraq a déclaré qu'une telle attaque contre l'Iraq n'a pas sa place à la Conférence du désarmement, dont tous les membres appellent de leurs voeux l'élimination des armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires, que détient d'ailleurs l'État au nom duquel l'orateur a attaqué l'Iraq. L'Iraq estime que la Conférence ne doit pas subir les pressions de certains États comme c'est le cas dans d'autres instances des Nations Unies.
Les États-Unis, intervenant sur la question de la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, ont souligné qu'il existe déjà un système de limitation à des fins pacifiques des utilisations de l'espace, qui offre un cadre pour les utilisations militaires légitimes de l'espace extra- atmosphérique. Les États-Unis jugent sans fondement les appels en faveur de négociations immédiates pour prévenir ce qui a été appelé les graves conséquences pouvant découler des projets des États-Unis pour un système de défense nationale anti-missiles. Ce système n'est pas dirigé contre la Chine ou la Russie. En outre, les armes envisagées dans le cadre de ce programme sont terrestres et non stationnées dans l'espace.
La Roumanie a estimé, à l'instar des États-Unis, que le commencement de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires est la prochaine étape logique pour consolider le processus de désarmement nucléaire. La Roumanie accorde un rang prioritaire à la création d'un comité spécial sur la question.
La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 5 septembre à 10 heures.
Déclarations
M. DAVID PELEG (Israël) a souligné l'importance accordée par son pays aux travaux de la Conférence du désarmement, seule instance à même de négocier librement de questions relatives au désarmement à la limitation de l'armement sur la base du consensus. Il a ajouté qu'en tant qu'instance multilatérale mondiale, la Conférence doit éviter d'assumer des tâches qui relèvent d'autres instances, bilatérales ou régionales.
Israël oeuvre activement à promouvoir la paix avec ses voisins. Toutefois, en dépit d'efforts incessants visant à étendre le processus de paix à l'ensemble de la région, certains États du Moyen-Orient continuent de menacer la sécurité d'Israël et de lui nier même le droit d'exister. Un de ces États, l'Iraq, a consacré une partie importante de ses revenus du pétrole pour mettre au point des armes de destruction massive, y compris des armes nucléaires. Ce pays est en train de mettre au point de telles armes bien qu'il ait ratifié le Traité sur la non-prolifération nucléaire. Il a également mis au point des armes chimiques et biologiques et même utilisé des gaz toxiques contre sa propre population et contre l'Iran. D'autres États de la région ont également mis au point des armes chimiques et des missiles dotés d'ogives chimiques et poursuivent ces efforts.
M. Peleg a souligné que c'est dans ce contexte que son pays a mis au point sa politique en matière de limitation des armements. Israël estime que la paix ne saurait être durable qu'à condition de garantir la sécurité des deux parties concernées. Il envisage le contrôle des armements d'un point de vue essentiellement régional, incorporant, lorsque cela est possible, les dispositions des instruments internationaux. Israël est fermement engagé en faveur de la non- prolifération et a signé, mais pas ratifié, la Convention sur les armes chimiques. Le pays appuie pleinement le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, il est partie à la Convention sur l'interdiction de certaines armes classiques et appuie le principe de la tenue d'un registre pour favoriser la confiance et transparence dans le domaine de l'armement.
M. ROBERT GREY (États-Unis) a attiré l'attention de la Conférence sur la coopération croissante dans le domaine de l'exploration scientifique de l'espace. Il a souligné que la liberté d'accès à l'espace et l'utilisation par tous de l'espace extra-atmosphérique sont essentiels à la sauvegarde de la paix et à la protection de la sécurité de chaque État et de ses intérêts civils et commerciaux. Pour leur part, les États-Unis ont adopté une politique favorisant l'exploration et l'utilisation de l'espace par tous les pays à des fins pacifiques et dans l'intérêt de l'humanité tout entière. M. Grey a ajouté que les utilisations militaires de l'espace dans le respect du droit peuvent aussi renforcer la paix et la sécurité internationales de façon significative et apporte d'importants dividendes à la communauté internationale. Il a souligné qu'il existe déjà un système de limitation des utilisations de l'espace à l'exploitation pacifique, qui offre un cadre pour les utilisations militaires légitimes de l'espace extra- atmosphérique.
Le représentant des États-Unis a noté que certaines délégations soutiennent que la Conférence ne doit et ne peut pas reprendre des négociations sur un traité d'interdiction de la production future de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires à moins de mener des négociations également sur les questions relatives à l'espace extra-atmosphérique. Cette approche est inopportune, a estimé M. Grey: faire du traité "cut-off" l'otage des négociations sur l'espace extra-atmosphérique n'est en fait qu'une façon déguisée de bloquer les négociations sur le traité. D'autres délégations estiment que la décision de commencer les négociations sur le traité sur les matières fissiles doit s'accompagner de décisions parallèles sur la création d'organes subsidiaires chargés des questions du désarmement nucléaire et de l'espace extra-atmosphérique. M. Grey a souligné que les États-Unis ont fait d'importants efforts pour trouver un compromis permettant de commencer les négociations sur le traité. Les États- Unis ont indiqué qu'ils étaient disposés à appuyer la création simultanée de tels organes subsidiaires investis des mandats adéquats. Malheureusement, le principe de discussions sur l'espace extra-atmosphérique n'a pas encore été accepté.
Le représentant des États-Unis a par ailleurs jugé sans fondement les appels en faveur de négociations immédiates pour prévenir ce qui a été appelé les graves conséquences pouvant découler des projets des États-Unis pour un système de défense nationale anti-missiles. Il a souligné que ce système n'est pas dirigé contre la Chine ou la Russie, mais vise à défendre le pays contre une attaque limitée de missiles en provenance de certains pays suscitant des préoccupations. Il a ajouté que les États-Unis respectent ses obligations internationales dans ce domaine puisque les armes envisagées dans le cadre de ce programme sont terrestres et non stationnées dans l'espace. Les États-Unis demeurent attachés au processus de limitations des armements et de désarmement; il n'y a pas de contradiction entre ce processus et la mise au point d'un système limité de défense anti- missile. Selon M. Grey, un tel système ne fera que favoriser de nouvelles réductions des armements et ne menace pas la force dissuasive russe.
Mme ANDA-CRISTINA FILIP (Roumanie) a noté, au sein de la Conférence, que la volonté ne s'est pas tarie de faire en sorte que la Conférence s'acquitte de ses responsabilités en tant que seule instance multilatérale de négociation sur le désarmement et la non-prolifération. Pour sa part, la Roumanie accorde une grande importance aux accords internationaux dans le domaine du désarmement, de la non- prolifération d'armes de destruction massive et de limitation des armements, qui font partie de sa politique en matière de sécurité nationale.
L'adoption en 1996 du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est une preuve tangible que la Conférence peut continuer de contribuer à la sécurité et à la paix internationales. À cet égard, le commencement de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires serait la prochaine étape logique pour consolider le processus de désarmement nucléaire. La Roumanie accorde un rang prioritaire à la création d'un comité spécial sur la question.
Mme Filip a rappelé que le document final de la Conférence d'examen de 2000 du Traité sur la non-prolifération nucléaire a donné une orientation claire sur les efforts à mener dans le domaine du désarmement nucléaire et de leur aboutissement. La Roumanie accorde également une grande importance à la contribution apportée à ce processus par les réductions dans les arsenaux nucléaires des et les discussions stratégiques entre les États-Unis et la Fédération de Russie. La Roumanie souhaite en outre participer au débat sur la question de la transparence dans les armements. La représentante a souligné que la Conférence doit commencer ses travaux sur les questions de fond, au moins sur celles qui font l'objet d'un accord au sein de la Conférence.
M. MOHAMMED AL-DOURI (Iraq) a déclaré qu'il souhaitait répondre à l'attaque lancée ce matin contre l'Iraq par le représentant d'un État qui chercher des justifications à ses actes et à dénigrer l'Iraq. La Conférence du désarmement est le forum unique de négociation multilatérale en matière de désarmement et tous ses membres aspirent à ce qu'elle accomplisse sa mission pour prendre les mesures que tous appellent de leurs voeux, notamment l'élimination des armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires, que détient d'ailleurs l'État au nom duquel l'orateur a attaqué l'Iraq. Tout accord en matière de désarmement doit signifier la réduction des menaces posées par ces armes et l'État en question est la plus grande menace à la paix et la sécurité dans sa région.
M. Al-Douri a estimé que cet orateur a fait une déclaration qui s'écarte des pratiques de la Conférence et noté qu'il s'en prend à un État qui a subi la plus sévère des opérations de désarmement, qui s'ajoute aux souffrances subies du fait des politiques menées par des membres permanents du Conseil de sécurité et qui subissent des pressions de l'État au nom duquel l'orateur est intervenu, recourant à deux poids deux mesures.
Le représentant iraquien a estimé que la Conférence du désarmement doit rester ce qu'elle est et ne pas subir les pressions de certains États comme c'est le cas dans d'autres instances des Nations Unies. La virulence avec laquelle s'est exprimé l'orateur s'explique par la volonté de dissimuler les raisons du refus de cet État d'accepter les instruments internationaux. Cet État il refuse l'exécution des résolutions du Conseil de sécurité y compris concernant l'occupation du Golan syrien pour justifier la présence coloniale de son pays avec l'appui d'armes nucléaires qui menacent tous les pays de la région y compris l'Iraq. M. MYA THAN (Myanmar) a rappelé que chaque président a passé un mois à la présidence pour essayer de produire un programme de travail. L'Ambassadeur Petko Draganov de Bulgarie étant celui qui sera le plus longtemps à la présidence (puisqu'il assure cette fonction pendant l'intersession), il a espéré qu'il pourra insuffler la vie à la Conférence du désarmement pour qu'elle parvienne à adopter son programme de travail. Il a toutefois souligné qu'il y a de fortes chances pour que la session de 2000 de la Conférence se termine sans programme de travail. C'est pourquoi il faut désormais préparer le terrain pour la session de 2001. Il a salué le travail de ceux qui se sont succédés à la présidence et s'est dit confiant que le nouveau Président pourra poursuivre ces efforts sur la base, en particulier, des propositions du Président sortant, M. Celso Amorim du Brésil. Il a suggéré que ces efforts figurent dans le rapport annuel, qui devrait être simple et factuel. S'agissant du projet de résolution qui sera proposé à la première Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies concernant les travaux de la Conférence du désarmement, M. Mya Than a estimé qu'il devrait refléter l'état des négociations et affirmer la ferme volonté des membres de la Conférence de parvenir à un programme de travail et de commencer ses travaux de fond dès le début de la session de 2001.
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