ECOSOC/482

LA COORDINATION ENTRE LES ORGANISATIONS HUMANITAIRES ET LES GOUVERNEMENTS VUE COMME CONDITION PREALABLE DU SUCCES DES OPERATIONS

20 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/482


LA COORDINATION ENTRE LES ORGANISATIONS HUMANITAIRES ET LES GOUVERNEMENTS VUE COMME CONDITION PREALABLE DU SUCCES DES OPERATIONS

20000720

Le Conseil économique et social a poursuivi, cet après-midi, son débat sur l’aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe, au cours duquel les appels à une meilleure coordination des efforts internationaux ont été lancés. Les délégations se sont donc félicitées des initiatives de coordination entrepris au sein du Comité permanent regroupant les institutions concernées des Nations Unies notamment celles concernant les mécanismes d’appels de fonds consolidés. Des délégations ont aussi tenu à rappeler la validité des principes directeurs de l’assistance humanitaire consacrés par la résolution 46/182 de l’Assemblée générale qui met l’accent sur les principes d’humanité, de neutralité et d’impartialité de l’assistance des Nations Unies. L’importance qu’il y a à préserver le caractère indépendant et impartial des activités humanitaires de l’ONU a été particulièrement soulignée par le Pakistan qui a averti qu’associées à des processus politiques ou à des activités autres qu’humanitaires, ces activités seraient remises en question. Pour les délégations, les efforts de coordination ne doivent pas seulement concerner les institutions des Nations Unies mais s’élargir aux gouvernements qui sont les seuls à même de déterminer les besoins des populations sinistrées. Comme l’a dit la Chine, il est important que l’assistance humanitaire continue d’être considérée comme un complément des efforts nationaux. La question de la primauté des gouvernements a surtout resurgi autour de la question des personnes déplacées et de la protection internationale qu’il convient ou non de leur offrir. Là, les principes de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale ont été invoqués pour confirmer la responsabilité des gouvernements vis-à-vis de ces personnes. Pour certaines délégations, la protection internationale ne doit intervenir qu’à la demande expresse des gouvernements et en plein respect des principes du droit international et du droit interne des pays concernés. Ces observations ont fait naître, aux yeux des délégations, la nécessité d’encourager une coopération entre les pays concernés et les organisations internationales d’assistance humanitaire. Le Comité permanent interinstitutions ayant édicté des principes directeurs sur la protection internationale des personnes déplacées, des délégations comme l’Egypte, ont souhaité qu’ils fassent d’abord l’objet d’un examen approfondi au sein des organes intergouvernementaux de l’ONU.

Outre les délégations citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Bulgarie, Japon, Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Canada, Mozambique, Equateur, Viet Nam, Fédération de Russie, Bélarus, République de Corée, Australie, et Venezuela, ainsi que les représentants de la Banque mondiale, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant- Rouge et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

Le Conseil économique et social a, par ailleurs, autorité le Comité des organisations non gouvernementales à procéder à la reprise de sa session de fond de l’an 2000, le 21 juillet afin d’examiner les réponses reçues des ONG dont le Comité avait recommandé la suspension du statut consultatif.

Le Conseil économique et social poursuivra son débat demain vendredi 21 juillet à 10 heures.

DÉBAT CONSACRÉ AUX ACTIVITÉS HUMANITAIRES

Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe

Présentation et débat général

M. ALEXANDER PRAMATARSKI, Ministre pour la protection de la population contre les catastrophes naturelles et celles dues à l’action humaine de la République de Bulgarie, a estimé que la sécurité du personnel humanitaire était une condition indispensable à la conduite efficace des opérations humanitaires. A l’automne dernier, a-t-il rappelé, la Bulgarie a perdu l’un de ses ressortissants, tué au Kosovo alors qu’il travaillait dans cette province pour le compte de la mission de l’ONU. La Bulgarie demande que, pour éviter la répétition de ce genre d’accident, les propositions et recommandations avancées par le Secrétaire général dans certains des rapports soumis au Conseil, et qui s’appuient sur la Convention de 1994 relative à la sécurité du personnel de l’ONU et des personnels associés, soient pleinement mises en oeuvre. Concernant la coopération régionale en matière de secours d’urgence dans ses aspects bilatéraux, a poursuivi le Ministre, la Bulgarie a conclu l’an dernier des accords avec certains de ses voisins. Joints aux protocoles et autres instruments existants, ces accords constituent une solide base de coopération, qui peut répondre au niveau régional aux besoins de coordination entre les aspects politiques, humanitaires et de respects des droits de l’homme, de la réponse que la communauté internationale apporte aux crises.

La Bulgarie attache beaucoup d’importance à l’initiative du Programme de coordination européen, lancée à la demande des pays de la région avec l’assistance du Bureau du Coordonnateur des affaires humanitaires (OCHA). Le but de ce Programme est d’améliorer les capacités de réponse et de fournir la coordination nécessaire à la résolution des situations d’urgence qui peuvent se poser à l’Europe et aux pays de la Communauté des Etats indépendants. Concernant les aspects multilatéraux de la coopération régionale, la Bulgarie a proposé la création d’un Conseil régional des chefs d’institutions en charge de la protection civile dans les pays d’Europe du Sud-Est. Nous souhaiterions, a dit le Ministre, que l’ECOSOC développe un système électronique d’échanges d’informations et de coopération avec ce genre d’organismes, pour améliorer la capacité des pays à répondre aux crises et catastrophes.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a rappelé que son pays n’a cessé de préconiser que la priorité soit accordée à la coordination des efforts internationaux. Reconnaissant le rôle de la science et de la technologie dans l’atténuation des effets des catastrophes, le représentant a souhaité qu’une attention particulière soit accordée à la question. Les pays en développement, a-t-il expliqué, manquent souvent des capacités de préparation et de secours d’urgence alors même que la plupart des catastrophes ont lieu dans ces pays. Le temps est donc venu pour la communauté internationale, a estimé le représentant, d’examiner les modalités de la coopération internationale afin d’augmenter les échanges technologiques. La coopération internationale et régionale doit se concentrer sur le renforcement des capacités des pays touchés en matière de planification et des mécanismes d’alerte rapide, a insisté le représentant. Ces pays pourront ainsi compter sur leurs propres efforts et l’assistance extérieure sera reléguée à sa place naturelle, à savoir un complément aux efforts nationaux. Le représentant a poursuivi en soulignant l’importance des processus d’appels de fonds consolidés qui jouent,

a-t-il estimé, un rôle important en matière de coordination. Parlant de la question des personnes déplacées, le représentant a estimé qu’elle relève essentiellement des affaires intérieures d’un Etat et a appelé les Nations Unies et la communauté internationale à aborder cette question avec “prudence”. Tout cadre d’assistance à ces personnes doit se faire à la demande expresse du Gouvernement concerné et se fonder sur le respect du droit international, du droit interne, des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale et des dispositions de la Charte des Nations Unies. Le représentant a terminé sur la question des ressources en plaidant pour que le Bureau de la coordination des secours humanitaires bénéficient des fonds requis.

M. KIYOTAKA AKASAKA (Japon) a déclaré que la technologie est un héritage positif du siècle passé mais que les êtres humains ne doivent pas en souffrir. Il a jugé naturel que la communauté internationale élabore des moyens lui permettant d’avoir recours à la technologie sans porter atteinte aux êtres humains. S’exprimant ensuite au sujet des stratégies d’assistance en cas de catastrophe naturelle, le représentant a souligné la nécessité de coordonner efficacement les mesures de prévention et de secours.

S’agissant de la question des déplacements internes, il a rappelé qu'elle pose des problèmes humanitaires mais aussi de développement, car la paix, la réconciliation et la reconstruction des communautés déchirées pas la guerre dépendent, en partie, de la réintégration effective des personnes déplacées. Le Japon considère que la protection et l’assistance aux populations déplacées relève de la responsabilité du Gouvernement du territoire sur lequel se trouve la population. Toutefois, lorsqu’un gouvernement n’est pas en mesure de faire face à cette responsabilité, la communauté internationale, à la demande du pays ou avec son consentement, doit venir en aide à ces populations. Et lorsque les circonstances ne permettent pas au gouvernement concerné d’émettre une telle demande ou de donner son consentement, la communauté internationale devrait, dans le cadre des Nations Unies, examiner quelles voies lui sont offertes pour fournir une aide. Le représentant du Japon a estimé que la réaction internationale aux situations de déplacements internes devrait être déterminée au cas par cas.

Par ailleurs, pour porter assistance aux personnes déplacées, il faut les localiser, pouvoir accéder à l’endroit où elles se trouvent et pouvoir protéger les personnels chargés de l’assistance. A cet égard, le Japon soutient les efforts de M. Deng, Représentant spécial du Secrétaire général pour les personnes déplacées, pour diffuser des principes directeurs dans ce domaine. Chaque cas d’exode ayant un contexte différent, il conviendrait de confier la direction des opérations à l’organisation humanitaire la plus expérimentée dans le pays.

Mme O. OLOWU, Directrice générale de l’Agence nationale de gestion des secours d’urgence du Nigéria, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a constaté que les opérations humanitaires sont généralement effectuées dans le contexte d’une coopération étroite entre les Gouvernements, les institutions du système des Nations Unies et les autres organisations internationales et non gouvernementales. Elle a donc jugé essentiel que cette coopération se fasse dans le plein respect du droit international et des lois nationales. De cette façon, a-t-elle expliqué, la réponse internationale contribuera non seulement à aider les Gouvernements nationaux à traiter des symptômes mais aussi des causes du conflit. Le Groupe des 77 et la Chine a dit Mme Olowu, croit fermement qu’une bonne coordination des réponses humanitaires est essentielle pour les pays touchés qui

doivent pouvoir bénéficier d’une assistance humanitaire à temps et sans coûts supplémentaires. Elle a donc demandé la création d’un réseau de points focaux pour les personnes déplacées afin de rendre plus efficace l’acheminement des ressources collectées grâce aux appels de fonds consolidés et l’assistance offerte par le Bureau de la coordination des secours humanitaires de l’ONU. Concluant sur la question des nouvelles technologies pour atténuer les effets des catastrophes humanitaires, Mme Olowu a estimé que le temps est venu de mettre sur pied des modalités appropriées pour permettre le transfert de ces technologies et renforcer la faculté des pays en développement à répondre au mieux aux situations d’urgence.

M. HUNTER MCGILL (Canada) a estimé que le volet humanitaire du Conseil économique et social offre aux Etats membres et aux agences humanitaires, l’importante occasion de discuter des dossiers qui suscitent un intérêt commun et, aux Etats membres, de donner une orientation politique aux questions à facettes multiples. Il a toutefois jugé que ce volet doit rester axé sur les questions politiques informelles et relativement informel. Un examen consciencieux de la valeur des conclusions approuvées est de mise, a-t-il ajouté, surtout en ce qui a trait à la Troisième Commission de l’Assemblée générale, indiquant qu’il serait bon d’évaluer leur utilité pour les diverses agences humanitaires onusiennes.

En dépit des améliorations et en raison du nombre croissant des situations d’urgence complexes, a-t-il continué, les programmes souffrent d’une insuffisance de fonds. A cet égard, le Canada continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir pour s’assurer que son soutien financier soit prévisible, uniforme et maintenu à des niveaux acceptables, a-t-il déclaré. M. Mc Gill a également encouragé le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires (BCAH) et ses partenaires à poursuivre leurs efforts en vue de renforcer les programmes, en établissant des priorités d’une clarté accrue, en améliorant la transparence des états financiers, en effectuant une surveillance stratégique ainsi qu’en évaluant les résultats et établissant des rapports à leur sujet.

Concernant la question de la protection des civils en situation de conflits armés, qui figure au nombre des principales priorités canadiennes, le représentant a indiqué que son pays est très satisfait des progrès réalisés par le Conseil en ce domaine. Il a estimé que la mise en oeuvre des résolutions 1265 et 1296 qui fournissent un cadre précieux d’orientation pour les interventions face à de futurs conflits, doit impérativement constituer une priorité. Il en va de même du suivi, à l’Assemblée générale, des recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport, en septembre dernier.

M. McGill a, par ailleurs, estimé qu’il faut intensifier la coopération entre tous les intervenants, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des gouvernements, pour faire face au nombre croissant et aux proportions grandissantes des catastrophes naturelles et répondre de manière efficace aux besoins des populations vulnérables. Il faut également, a-t-il continué, axer les efforts en misant sur les points forts des partenaires multilatéraux, régionaux et locaux oeuvrant dans le domaine de la planification préalable des catastrophes naturelles et de l’intervention. Selon le représentant, le perfectionnement des dispositifs d’alerte rapide et les activités de planification devraient occuper une place centrale au sein des stratégies de développement durable, y compris au sein des plans de développement national. Il a rappelé que souvent le refus de l’Etat touché à fournir un accès sécuritaire aux populations limite les capacités d’action et que la responsabilité des personnes dans le besoin incombe avant tout

à l’Etat concerné. Réaffirmant qu’il revient aux pays touchés d’assumer la responsabilité principale pour s’assurer que les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre frontière jouissent des mêmes droits qu’avant leur déplacement et de satisfaire leurs besoins, il a estimé que les interventions de la communauté internationale devraient chercher à étayer et compléter les efforts nationaux.

Le représentant a salué la récente adoption par le Système des Activités opérationnelles des Nations Unies d’un document de politique générale sur la protection des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et d’un document d’orientation complémentaire à l’intention des coordonnateurs humanitaires et résidents. Il a estimé que ces documents apportent des précisions indispensables en matière d’attribution des responsabilités. Il faut donc les mettre en oeuvre et en évaluer les résultats.

Affirmant que le Coordonnateur des Secours d’urgence et le BCAH devraient continuer d’agir à titre de coordonnateurs onusiens des opérations d’assistance et de protection interinstitutions pour les personnes déplacées, il a appuyé la décision du Coordonnateur des Secours d’urgence de créer un nouveau réseau interinstitutions d’experts pour renforcer les interventions opérationnelles face aux déplacements internes. Bien qu’il faille cibler les besoins spéciaux des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre frontière, a-t-il précisé, les institutions devraient s’assurer que leurs efforts s’insèrent dans un cadre d’intervention plus global qui tienne compte de toutes les populations touchées.

M. NAT J. COLLETTA, Représentant de la Banque mondiale, a déclaré qu’en 1999, les catastrophes naturelles et d’origine humaine ont provoqué 105 000 morts dans le monde et ont coûté environ 100 milliards de dollars. Le nombre des personnes déplacées a augmenté à un rythme beaucoup plus soutenu que celui des personnes réfugiées. Ces événements font obstacle à la lutte contre la pauvreté dans le monde en développement. Pour réagir rapidement aux situations d’urgence, il faut adopter une approche humanitaire coordonnée, faciliter la transition des pays touchés par des conflits vers une paix durable et les aider à faire face aux catastrophes naturelles.

Dans ce contexte, la Banque mondiale a redéfini son rôle afin de réagir plus rapidement et de fournir des solutions durables. Elle considère que son rôle est d’établir une transition financière entre le sauvetage de vies humaines et la mise en place, sur le long terme, de modes de vie durables. La Banque mondiale a renforcé ses partenariats avec les parties prenantes, en particulier les Nations Unies, le Haut Commissariat aux réfugiés et le Programme des Nations Unies pour le développement et les autres membres de la communauté humanitaire.

S’agissant des problèmes particuliers des personnes déplacées internes, la Banque mondiale axe son assistance au développement sur les communautés dont les populations souffrent de la guerre. La reconstruction post conflit et la réconciliation nationale sont possibles si des efforts spéciaux sont déployés auprès des communautés et des groupes sociaux touchés par les conflits pour construire un environnement de compréhension et de confiance mutuelles.

La Banque mondiale met à jour ses stratégies et ses approches afin de promouvoir une prévention proactive et une atténuation des effets des catastrophes naturelles dans le cadre de ses travaux de développement. Il y a deux ans, la Banque a mis en place un service de gestion des désastres. Par ailleurs, pour guider ses projets dans les pays frappés par des conflits, la Banque mondiale a formulé un projet de “politique opérationnelle sur les conflits et le développement” qui fait état de l’impact des conflits sur l’assistance au développement et dans lequel la Banque adopte une approche plus vigoureuse en faveur des pays menacés par un conflit, des pays en conflit et de ceux qui sont en phase post-conflit.

Dans les pays où la Banque n’a pas de programme pour des raisons de sécurité, une procédure de veille a été mise en place afin d’observer leur situation politique et économique, de rassembler des informations de base et de développer des stratégies et des partenariats qui permettront à la Banque de se réengager rapidement dès que la situation le permet. Une stratégie d’appui est à l’étude pour soutenir la transition vers la paix et préparer les fondations d’un développement durable dans les pays en développement ou les régions émergeant de conflits.

En outre, la Banque mondiale a mené des recherches sur les liens entre les facteurs économiques et la guerre civile qui ont révélé que les pays qui dépendent fortement des exportations de matières premières non transformées sont quatre fois plus menacés par la guerre que les pays dont l’économie est diversifiée. Il revient à présent aux spécialistes de tirer les conclusions qui s’imposent et de formuler des actions appropriées pour atténuer ce risque.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a déclaré que les sévères inondations qui se sont produites au Mozambique ont causé la perte de nombreuses vies humaines, la destruction de l’infrastructure socioéconomique du pays, et le déplacement de milliers de personnes dont il a fallu ensuite assurer le logement, l'alimentation, les soins de santé et l’approvisionnement en eau potable. Les cultures agricoles, les lignes de transport d’énergie, et le bétail ont également été touchés et les inondations ont causé le déclenchement d’épidémies de paludisme et de choléra en même qu’elles mettaient à nu des champs de mines antipersonnel. Les opérations de secours n’auraient pas eu de succès sans la participation et le soutien de la communauté internationale et de nos voisins qui sont l’Afrique du Sud et du Malawi. Le système des Nations Unies a ensuite été au premier rang de l’aide au Mozambique, et a contribué à attirer l’attention internationale sur les catastrophes dont le pays était victime.

C’est en effet pour le Mozambique qu’a eu lieu la première nomination d’un Envoyé spécial du Secrétaire général pour les questions humanitaires: Après cette nomination les déclarations du Président de l’Assemblée générale, de la Présidence du Conseil de sécurité, puis la résolution du Conseil de sécurité sur le Mozambique et la réunion spéciale de l’ECOSOC sur la même question, ont contribué à mobiliser la solidarité internationale et à créer un environnement favorable aux secours dont a bénéficié notre pays, a dit le représentant. Les actions de l’ONU ont été couronnées de succès non seulement grâce à leur parfaite coordination, mais aussi parce que les fonds et programmes ont été capables de travailler comme une seule entité, en tirant le maximum de profit des ressources disponibles.

L’appel pour la reconstruction du Mozambique, dont le montant s’élève à 449,5 millions de dollars, a reçu des engagements de l’ordre de 452,9 millions de dollars, a dit le représentant. Mais nous sommes concernés par le rythme des versements, qui ne s’élèvent à ce jour qu’à 50 millions de dollars. Cette situation est un obstacle sérieux à nos efforts de reconstruction, et nous appelons la communauté des donateurs à honorer à temps les engagements pris lors de la conférence de Rome.

M. MARIO ALEMAN (Equateur) a indiqué que son pays, extrêmement vulnérable face aux catastrophes naturelles, accorde une importance capitale au rôle des Nations nies s’agissant de la prévention, de la réduction et de l’atténuation de leurs effets. La communauté internationale, a dit le représentant, doit disposer d’un mécanisme efficace afin de pouvoir intervenir de façon rapide et coordonnée. Ce système doit, pour le représentant, être multisectoriel, interinstitutionnel et lié aux thèmes de l’environnement et du développement durable. La prévention, a insisté le représentant, constitue la pierre angulaire des efforts de réduction des catastrophes et doit devenir l’un des éléments fondamentaux des stratégies. Un système efficace de prévention reste tributaire d’une collaboration interinstitutions et multisectorielle, a dit le représentant avant d’établir un lien de complémentarité entre les activités de prévention et d’intervention. Il est indispensable, en conséquence, d’assurer la coordination au sein du système des Nations Unies afin d’éviter les double-emplois et la dispersion des ressources.

Mme NGUYEN THI THANH HA (Viet Nam) a lancé un appel pour que les technologies et la formation nécessaires au renforcement de leur capacité à prévenir, atténuer et affronter les catastrophes naturelles soient mis à la disposition des pays souvent frappés par des catastrophes naturelles, en particulier des pays en développement.

La représentante a exprimé sa préoccupation concernant la répartition inéquitable, par zone géographique et par secteur, des ressources allouées par les donateurs à tel point que, dans certains cas, les dégâts causés par une catastrophe naturelle n’ont même pas pu recevoir de réponse humanitaire.

M. NIKOLAI TCHOULKOV (Fédération de Russie) a déclaré qu’il y avait une nette amélioration de la qualité des informations, analyses et recommandations spécifiques contenues dans le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l’assistance humanitaire d’urgence des Nations Unies. Le représentant a estimé que les instruments et les mécanismes utilisés pour atténuer et éliminer les conséquences des situations d’urgence doivent, certes, être adaptés aux situations nouvelles mais que les principes selon lesquels l’assistance humanitaire est fournie doivent absolument rester inchangés. A cet égard, il a mis l’accent sur la nécessité de respecter les principes de neutralité, d’humanité, d’impartialité, de respect de la souveraineté et de l’intégrité nationales des Etats et de ne pas avoir recours à des considérations d’ordre politique. Il a également estimé que l’assistance doit être fournie après le consentement de l’Etat concerné et en conformité avec les lois nationales et internationales.

M. Tchoulkov a noté l’amélioration de la structure, de la préparation et du format d’émission des appels de fonds consolidés. Suivant les vues exprimées dans le rapport, il a reconnu l’importance du renforcement de l’assistance humanitaire multilatérale mais il a estimé qu’elle ne doit pas entrer en concurrence avec l’assistance bilatérale. Il a ajouté que la Russie considère que les autorités nationales ont la responsabilité première de protéger et de fournir une assistance aux personnes déplacées internes. Les efforts internationaux devraient seulement compléter les mesures prises par les gouvernements et devraient renforcer la compétence des gouvernements dans ce domaine.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a d’abord réaffirmé la validité des principes directeurs de l’assistance humanitaires adoptés par l’Assemblée générale en 1991 avant de constater que la coordination des activités humanitaires s’est vue compliquée par l’émergence d’un grand nombre d’acteurs sur la scène des catastrophes naturelles et des situations complexes. Si, a poursuivi le représentant, l’augmentation globale des ressources aux fins de l’assistance humanitaire est une chose dont il faut se féliciter, il faut toutefois constater que ces ressources sont principalement acheminées par des canaux bilatéraux. Après avoir appelé à un retour au multilatéralisme en la matière, le représentant a souligné l’importance qu’il y a à préserver à l’assistance humanitaire sa nature apolitique. Il a dit craindre, en effet, que l’on remette en question l’indépendance et l’impartialité de l’ONU si elle s’associe de plus en plus à un processus politique ou si elle met en oeuvre des mesures autres que des activités humanitaires.

Evoquant aussi la question de la technologie, le représentant a estimé que la proposition du Secrétaire général concernant une convention sur le la création et l’utilisation d’une équipe internationale de recherche et de secours devrait être étudiée davantage. S’agissant de la question des personnes déplacées, le représentant a souligné que leur sort relève de la responsabilité des gouvernements et que l’assistance internationale ne peut leur être fournie qu’à la demande des gouvernements. Terminant sur la question des ressources, le représentant a regretté que les réponses aux appels de fonds consolidés aient été largement déterminées par des considérations politiques ou par l’attention des médias. Le représentant a, dans ce cadre, lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle réponde aux appels lancés en faveur d’une assistance humanitaire aux 2,6 millions de réfugiés afghans que le Pakistan abrite.

M: ALYAKSANDR SYCHOV (Bélarus) a dit que les pays frontaliers étant généralement ceux qui offrent le plus rapidement une aide à un Etat affecté par une catastrophe naturelle, le Bélarus a activement travaillé avec ses voisins pour signer des accords sur la prévention, l’alerte avancée et les réactions face aux désastres. Des textes de traités, certains non encore signés, ont été négociés avec la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, La République de Moldova et la République fédérale de Yougoslavie. D’autres accords du même genre sont prévus avec l’Ukraine et le Kirghizistan, et le Bélarus négocie avec les Nations Unies un texte sur l’assistance dans le domaine du transport et du transit de l’aide humanitaire et de ses personnels durant les situations de catastrophes. Notre délégation partage le sentiment que le Bureau du Coordonnateur des affaires humanitaires doit être le point focal de la coordination de l’aide humanitaire en devenant une sorte de catalyseur pouvant renforcer les partenariats pertinents entre les gouvernements des pays affectés par les catastrophes, les institutions humanitaires et les compagnies spécialisées. Ceci permettrait de répandre l’usage des technologies avancées dans les opérations humanitaires.

Bien que le Bélarus n’ait jamais possédé de centrales nucléaires sur son territoire, notre pays a profondément souffert de la pire catastrophe technologique de notre temps. 1.350.000 personnes ont dû être déplacées après la catastrophe de Tchernobyl, soit 13% de la population du Bélarus. Ces gens ont besoin de logements, de travail, de traitements médicaux spéciaux et d’accès à des services sociaux. Beaucoup d’entre eux ont aussi besoin de traitements psychologiques appropriés et de réhabilitation mentale. Seule une assistance internationale soutenue peut permettre à notre gouvernement de faire face à toutes ces demandes. D’autre part, aucune des approches et des procédures et classifications actuelles du système de l’ONU ne peut permettre de faire face à une catastrophe de la nature et de la taille de celle de Tchernobyl. Mais nous tenons à rappeler que cette catastrophe et ses conséquences à long terme, qui se manifesteront de façon visible pendant trois siècles, ne peuvent être simplement ignorées et passées sous silence.

M. IHAB GAMALELDIN (Egypte) a souligné que l’assistance humanitaire devrait être uniquement fournie sur la base de considérations humanitaires. Il a estimé que les Nations Unies devraient réagir de façon prompte et coordonnée aux situations d’urgence. Le représentant a exhorté la communauté internationale à renforcer ses contributions. L’assistance humanitaire ne doit pas se faire au détriment de l’aide au développement, a-t-il toutefois précisé. Le personnel humanitaire doit respecter les lois nationales du pays hôte ainsi que les principes de souveraineté et d’intégrité nationales. Les pays confrontés à des déplacements de population internes devraient recevoir une aide de la part de la communauté internationale afin de pouvoir venir en aide aux populations concernées.

M. NILS KASTBERG, Directeur du Bureau des programmes d'urgence du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a déclaré que le renforcement de la coordination de l’assistance humanitaire est nécessaire pour tirer parti efficacement des ressources limitées qui sont disponibles pour s’attaquer aux problèmes des femmes et des enfants se trouvant dans une situation de crise. Au cours de l’année qui vient de s’écouler, plus de 48 millions d’enfants et de femmes ont été affectés par des situations d’urgence humanitaire et par des situations d’urgence humanitaire complexes. L’UNICEF, avec ses partenaires des Nations Unies et des organisations non gouvernementales, s’est employé à leur fournir une protection et une aide humanitaire. Le Comité de coordination inter- agences a permis d’améliorer considérablement la division des rôles et des responsabilités entre les institutions des Nations Unies. Dans un nouvel exemple de coordination, l’UNICEF, le Département du maintien de la paix des Nations Unies (DPKO) et le Bureau du Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés ont formulé des lignes directrices pour les Conseillers sur la protection des enfants dans les missions de maintien de la paix.

M. Kastberg a indiqué que l’UNICEF poursuit également ses efforts de mise en oeuvre du Programme mondial de paix et de sécurité pour les enfants, lancé l’année dernière pour guider les efforts internationaux en faveur des femmes et des enfants dans les conflits armés. L’un des objectifs de ce programme est d’assurer la reprise et le renforcement de l’éducation dans le cadre des efforts de reconstruction. Avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Rotary International et la communauté humanitaire dans son ensemble, l’UNICEF se concentre sur l’élimination de la poliomyélite dans les pays en proie aux conflits armés et à l’instabilité.

L’UNICEF lance un appel aux donateurs afin qu’ils allouent des ressources à ce que l’on appelle les “urgences oubliées” dans des pays tels que la République populaire démocratique de Corée, la République démocratique du Congo et l’Angola. Les donateurs sont également encouragés à éviter d’être absents pendant les périodes de transition, qui doivent recevoir une attention accrue au cours de la période pendant laquelle leur situation se normalise.

M. MBULI BOLIKO, Représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a indiqué que pour l’Organisation, les problèmes de déplacements sont une question qui nécessite une approche systématique. Partant, la FAO est prête à coopérer à tout mécanisme de coordination interinstitutions. L’Organisation participe d’ailleurs de plus en plus directement aux activités d’assistance humanitaire, facilitant ainsi le lien entre assistance et reconstruction. Le rôle de la FAO est défini dans les documents finaux du Sommet sur l’alimentation qui s’est tenu en 1996 au plus niveau politique, a rappelé le représentant. Pour réaliser ses objectifs, la FAO a lancé un programme spécial de sécurité alimentaire. Ayant dit cela, le représentant s’est tourné vers le rôle de la technologie de l’information dans les catastrophes en jugeant ce rôle particulièrement important pour la canalisation des efforts internationaux. La FAO, a-t-il encore annoncé, a créé un système d’alerte rapide pour prévenir les crises alimentaires. Dans ce cadre, a souligné le représentant, le renforcement des capacités et des institutions est d’une importance capitale. Toutefois, le système d’alerte rapide n’est qu’un système qui ne peut prévenir les catastrophes. Il faut donc développer aux côtés de ce système, la capacité de reconstruction rapide des infrastructures productives.

M. XAVIER LEUS (Organisation mondiale de la santé - OMS) fait part de la préoccupation de son organisation face aux problèmes sanitaires et aux maladies qui sont liés à l’instabilité, aux catastrophes naturelles et aux urgences complexes dans les Etats membres vulnérables. La technologie permet une évaluation plus exacte de la situation, une meilleure compréhension et une plus grande vigilance. Elle permettra également de passer à un stade plus avancé dans la gestion des situations de crise. Pour l’OMS, la mauvaise gestion reste la principale cause des pertes en vies humaines dans les situations d’urgence. Toutefois, la technologie seule ne suffit pas. Les alertes précoces ne suffisent pas à sauver des vies lorsqu’elles ne sont pas suivies d’action. Tous les moyens technologies peuvent être inutiles lorsqu’ils sont imposés à des communautés ou à des institutions qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour les utiliser ou qui ne mesurent pas l’ampleur des risques qu’on leur signale. Comme le démontre les menaces de guerre biologique et chimique, l’innovation technologique est à double tranchant.

Une enquête effectuée récemment à l’est de la République démocratique du Congo par une grande organisation non gouvernementale a remarqué que la violence combinée avec le manque de services, la vulnérabilité extrême et les maladies “courantes” avaient fait plus d’un million de morts. Ce n’est que dans 13 % des cas que “l’agent de mort était un homme muni d’une arme”. En effet, pour les acteurs mondiaux dans le domaine de la santé, “guerre égale maladies”. Un tiers du million de personnes qui meurent chaque année de la malaria en Afrique vivent dans un pays frappé par un conflit, une guerre ou une catastrophe naturelle graves. Où trouver les moyens d’éradiquer la polio ou de juguler la tuberculose dans un pays ravagé par un conflit ? L’Afrique sub-saharienne, région où se

trouve le plus grand nombre de personnes déplacées, est également celle où se trouvent 70 % des personnes séropositives et 83 % des morts par le VIH/sida. Sur presque 2 millions de personnes déplacées en Colombie, seuls 22,1% auraient accès aux soins médicaux.

La santé publique est inséparable de la sécurité humaine. Les principes de santé publique sont la base de la coopération entre l’OMS et ses pays membres ainsi que ses partenaires au sein du Comité interinstitutions. Pouvoir accéder aux populations déplacées et posséder des informations sur leurs besoins est indispensable à leur survie. Le représentant a ajouté que si la responsabilité première de l’assistance aux personnes déplacées repose sur les gouvernements, l’OMS estime alors que le besoin le plus important est d’instaurer un dialogue entre les acteurs nationaux et leurs partenaires internationaux. Le représentant a également souligné qu’il vaut mieux prévenir les déplacements de population en promouvant un développement durable. Il s’est également préoccupé de la tendance qui semble émerger en faveur de la concentration sur des arrangements institutionnels internes au détriment d’une réflexion approfondie sur la manière d’accroître la participation des acteurs locaux et nationaux.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a dit que le rôle du Bureau des affaires humanitaires (OCHA) et du Coordonnateur des secours d’urgence était devenu de plus en plus important dans la conduite des interventions d’assistance humanitaire. L’OCHA est désormais l’institution chef de file de ces opérations, à travers son processus d’appels d’urgence en faveur des pays affectés par des catastrophes et des conflits internes. Mais pour que l’OCHA remplisse réellement les tâches qui lui sont assignées, il faut qu’il dispose des finances et des personnels dont il a besoin. Sur le terrain, la République de Corée attend une interaction structurelle améliorée entre les Coordonnateurs résidents, les équipes de pays, le Coordonnateur des secours d’urgence et le Comité interinstitutions, le Bureau du Coordonnateur des affaires humanitaires jouant le principal rôle de coordination. Nous encourageons d’autre part un partenariat stratégique entre les agences de l’ONU, les ONG et le secteur privé. Par ailleurs, le second point sur lequel nous aimerions insister est celui de donner aux organisations humanitaires un accès sans obstacle aux réfugiés et personnes en besoin d’assistance. Nous demandons aux Etats de prendre des mesures spéciales à cet égard, et des mesures favorisant le retour des personnes déplacées selon les termes du droit international. Enfin, nous pensons que les technologies de l’information peuvent être d’un apport utile dans la réponse aux catastrophes naturelles, et nous demandons à tous les Etats de collaborer en vue de faciliter l’usage commun des satellites et autres technologies pour permettre aux Etats de développer des capacités nationales de réaction aux catastrophes.

Mme KERSTIN TRONE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a attiré l’attention sur le fait que les situations d’urgence représente un danger, particulièrement pour les femmes puisqu’elles les exposent à un risque plus élevé de violence. Ces problèmes, a dit la représentante, méritent la même attention que les autres aspects de l’assistance humanitaire. Depuis quelques années, a-t-elle indiqué, le FNUAP participe avec les autres organisations aux secours en cas de situations d’urgence. En juin dernier, l’Organe directeur du FNUAP a formalisé le rôle du Fonds dans l’assistance humanitaire. Le FNUAP est ainsi devenu membre de plein droit du Comité permanent

interinstitutions. Au cours de cette année, le FNUAP entend organiser un certain nombre de séminaires sur la condition des femmes dans les situations d’urgence; pour ces situations d’urgence complexes, le FNUAP a mis au point un programme régional qui est déjà appliqué en Tanzanie. En Angola, un projet novateur destiné à sensibiliser les jeunes à la santé reproductive et aux maladies sexuellement transmissibles a été lancé. Au Kosovo, un projet sur les femmes et les problèmes de la violence sexuelle est en cours.

Mme JACQUI DE LACY (Australie) a exprimé le soutien de sa délégation au rôle joué par le Bureau du Coordonnateur des affaires humanitaires (OCHA) durant la crise du Timor oriental. Les efforts du Coordonnateur et de son personnel ont contribué à la réussite de l’une des opérations de crise les plus complexes jamais montées par les Nations Unies. L’expérience du Timor oriental a amplement montré l’avantage de la coordination des efforts, mais nous pensons qu’il est encore possible de perfectionner les procédures de coopération interinstitutions, et à cet égard, il est essentiel que les agences d’aide de l’ONU et les donateurs aient une compréhension commune du rôle de l’OCHA et des autres agences chefs de file. L’allocation des ressources entre les secours humanitaires immédiats et les efforts de reconstruction à long terme doit être revue de manière plus rationnelle, de façon à permettre de faire face aux besoins des flots incessants de réfugiés. L’Australie est engagée dans les efforts de reconstruction et de prévention des conflits dans le cadre du réseau créé à cet effet, qui est un forum permettant de réunir les donateurs bilatéraux et les agences d’aide multilatérales durant les périodes de transition. L’initiative Brookings, lancée par la Banque mondiale, le PNUD et le Haut Commissariat pour les réfugiés, essaie de combler le fossé existant entre l’assistance humanitaire d’urgence et le développement durable, en mettant l’accent sur la nécessité d’avoir des donateurs neutres. L’Australie appuie tous les efforts allant dans cette direction.

M. MARIO AGUZZI (Venezuela) a évoqué la catastrophe naturelle qui a frappé sa population et son territoire le 15 décembre 1999. A la suite de cette catastrophe, le Venezuela a pris conscience de la nécessité de renforcer son système de gestion et d’intervention face aux désastres. Le Gouvernement a pris des mesures pour incorporer les facteurs de vulnérabilité sociale en tant qu’éléments essentiels dans l’évaluation des risques et de leur localisation. Il faut trouver des moyens scientifiques et technologiques qui permettent de mettre en oeuvre des solutions efficaces et conformes aux capacités du pays afin de faire participer les communautés concernées. Il faut également renforcer la culture de prévention dans les instances nationales, régionales et municipales de décision politique ainsi qu’au niveau de la communauté.

M. ENCHO GOSPODINOV (Fédération internationale des sociétés de la Croix- Rouge et du Croissant-Rouge) a évoqué la publication par la Fédération, il y a trois semaines, à Londres, du rapport annuel 2000 sur les catastrophes naturelles mondiales. L'année dernière seulement, les 623 catastrophes naturelles qui ont été reportées ont provoqué la mort de plus de 80 000 personnes et touchées plus de 212 millions de personnes à travers le monde. 13 millions de personnes supplémentaires ont, pour leur part, été victimes de maladies que l'on aurait pu éviter, a-t-il ajouté en citant les maladies infectieuses telles que le VIH/sida, la malaria, les maladies respiratoires et les diarrhées. A cet égard, M. Gospodinov a exprimé la préoccupation que lui inspirent les coupes budgétaires qui deviennent traditionnelles dans le domaine de la santé. Il a par ailleurs

évoqué la catastrophe de Tchernobyl et indiqué que si 5% seulement de l'argent consacré au sarcophage était alloué aux soins consacrés aux personnes affectées par la catastrophe, cela permettrait d'en sauver un bon nombre. Il a ainsi lancé un appel pour que les acteurs humanitaires et les gouvernements joignent leurs forces pour combattre ces tendances. Il a en outre indiqué qu'une attention plus grande devait être accordée aux catastrophes qui ne sont pas sous le feu des projecteurs et a souligné qu'à cette fin, la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a besoin de plus de soutien de la part des gouvernements respectifs. Il a également déclaré qu'il convient de combiner l'expérience des acteurs humanitaires à la force économique et scientifique du secteur privé. Il a d'ailleurs cité l'exemple de la coopération entre Ericsson, le Bureau de coordination des affaires humanitaires et la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Il a en outre déclaré qu'il est temps pour les gouvernements et les acteurs humanitaires de commencer les discussions sur le vide juridique que représente l'absence de protection juridique internationalement reconnue des victimes des catastrophes naturelles et technologiques et des maladies prévisibles. Nous avons maintenant besoin d'un instrument juridique institutionnel permettant de répondre efficacement aux catastrophes naturelles, a-t-il déclaré ajoutant que dans cette perspective la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pourrait faire profiter de son expérience unique pour explorer le cadre juridique et les instruments permettant de renforcer la capacité de réaction aux catastrophes naturelles.

M. G.O.P. OBASI, Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a déclaré que l’impact des catastrophes naturelles devrait être atténué, dans la mesure du possible, en mettant à profit les avancées effectuées dans le domaine des sciences et technologies grâce auxquels on peut désormais prédire un nombre important de dangers météorologiques, notamment les cyclones. Nous devons examiner toutes les possibilités en matière de prévention, y compris les solutions les moins coûteuses. La coopération interinstitution est également indispensable. L’OMM est prête à offrir son expertise aux acteurs de l’assistance humanitaire.

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