En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/476

POUR LE PNUD, L'AVENIR DE L'ONU DANS LA COOPERATION POUR LE DEVELOPPEMENT TIENDRA A SA FACULTE D'ETRE L'AVOCAT DE L'INTEGRATION DES PAYS DU SUD DANS L'ECONOMIE MONDIALE

17 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/476


POUR LE PNUD, L’AVENIR DE L’ONU DANS LA COOPERATION POUR LE DEVELOPPEMENT TIENDRA A SA FACULTE D'ETRE L’AVOCAT DE L’INTEGRATION DES PAYS DU SUD DANS L’ECONOMIE MONDIALE

20000717

Poursuivant cet après-midi ses travaux, le Conseil économique et social a tenu une réunion-débat consacrée au bilan de la coopération internationale en matière de développement pour en marquer le cinquantième anniversaire. Les succès de ces cinquante ans de coopération ont été particulièrement mis en exergue par l’ancienne Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale du travail, qui a souhaité qu’on en fasse la publicité requise pour mobiliser l’opinion publique des pays donateurs autour des Nations Unies et de la convaincre de la pertinence de l’Aide publique au développement (APD). Ce bilan dressé, les orateurs se sont penchés sur les défis à venir, qui ont été notamment décrits par l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement. Ce dernier s’est d’abord félicité de la “grande paix” qui vient de s’instaurer entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, qui se sont ralliées à l’idée de l’Organisation selon laquelle un bon modèle de développement doit avoir comme pilier la lutte contre la pauvreté. C’est dans ce genre de plaidoyer pour les idées et les partenariats nouveaux que les Nations Unies doivent se spécialiser, a estimé l’Administrateur du PNUD en souhaitant que l’ONU fasse office de médiateur et d’avocat plutôt que de financier dans la coopération au développement. Nous n’aurons jamais les mêmes ressources que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale, mais nous avons un rôle essentiel à jouer dans l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale, a dit l’Administrateur du PNUD en citant comme exemple le plaidoyer des Nations Unies pour l’élargissement de l’accès aux nouvelles technologies dont l’importance pour le développement a été explicitée par le représentant du Ministère de la science et de la technologie de la Chine.

L’avenir de la coopération pour le développement a été placé par M. Dan Glickman, Secrétaire à l’agriculture du gouvernement des Etats-Unis, sous le signe de la sécurité alimentaire comme composante essentielle de toute politique et activité de développement. Après avoir rappelé que son pays était le premier fournisseur d’aide alimentaire au monde, M. Glickman a dit que les Etats-Unis comptaient placer les questions agricoles et la sécurité alimentaire au centre du prochain cycle de négociations de l’Organisation mondiale du commerce. L’avenir alimentaire du monde, a dit le Secrétaire à l’agriculture, se jouera sur la libéralisation des échanges agricoles et sur la capacité des producteurs mondiaux à satisfaire la demande mondiale croissante à des coûts raisonnables. Seules, a estimé M. Glickman, les biotechnologies agricoles et les organismes génétiquement modifiés pourront permettre de répondre aux besoins mondiaux et en particulier à ceux des pays en développement et notamment ceux qui font face à des déficits alimentaires flagrants.

Le Conseil économique et social continuera ses travaux demain matin, mardi 18 juillet, à 10 heures.

Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement

Suite donnée aux recommandations de l'Assemblée générale et du Conseil

Suite et fin du débat

M. DAE-WON SUH (République de Corée) a exprimé la satisfaction que sa délégation a éprouvé lors du dialogue tenu jeudi dernier avec les équipes de pays du système des Nations Unies opérant au Ghana et à Madagascar. L’interdépendance et le renforcement des activités opérationnelles des Nations Unies ont suivi celles des politiques opérées par les différents partenaires de la scène économique internationale, a estimé M. Dae-Won Suh. Dans la foulée de la célébration du cinquantenaire des activités opérationnelles des Nations Unies en faveur du développement, la délégation de la République de Corée pense que la prochaine revue triennale des opérations qui aura lieu l’an prochain, devrait être l’occasion de réexaminer les activités opérationnelles de l’ONU en vue de les adapter à un monde rapidement changeant. A cet égard, nous pensons que le segment opérationnel de cette année fera une importante contribution à cette évaluation triennale.

Il faut que les activités opérationnelles obtiennent des résultats tangibles, et nous soutenons à cet égard une facilitation et une simplification de leur financement à travers des plans budgétaires pluriannuels. Et avant la mise en oeuvre des différents projets dans les zones et domaines qui leur ont été assignés, la République de Corée demande aux fonds et programmes de l’ONU de tenir compte des besoins réels et des demandes des pays récipiendaires. Et vue de la baisse actuelle du niveau de ressources disponibles, nous demandons au PNUD et aux pays donateurs de trouver des mécanismes plus souples pour utiliser les ressources parallèles de manière à en faire beaucoup plus profiter les pays les moins avancés.

Mme GINETTE SAINT-CYR (Canada) a émis l’espoir que les efforts en cours pour, d’une part, renforcer l’orientation stratégique des fonds et programmes et, d’autre part, augmenter l’engagement politique des pays contributeurs vis-à-vis du système des Nations Unies en faveur du développement pourront se traduire rapidement par une augmentation importante des ressources de base allouées aux activités opérationnelles de développement. La représentante a expliqué la baisse des ressources de base par le fait que les ressources pour le développement sont de plus en plus dirigées vers des causes telles que le VIH/sida, la lutte contre la malaria, l’éducation des filles, les enfants ou encore la nutrition, lesquelles font une concurrence difficile aux contributions aux ressources de base. Une telle compartimentalisation du financement du développement, a-t-elle poursuivi, ne favorise pas la mobilisation des ressources de base car ces actions sont habituellement financées au moyen de contributions spécifiques. Dénonçant, d’un côté, la dépendance excessive des fonds et programmes vis-à-vis d’un nombre limité de donateurs, la représentante a, d’un autre côté, appelé au réalisme et argué qu’aussi valables et bienvenues que soient les contributions du secteur privé, elles ne contribueront pas à une augmentation des ressources de bases car elles sont bien souvent dirigées vers des activités ou secteurs précis. Pour la représentante, les pays de l’OCDE vont donc continuer à être la source principale des ressources de base des fonds et programmes des Nations Unies. "Et l’on connaît bien les limites de ce côté", a-t-elle souligné.

Qualifiant de signes encourageants l’adoption des cadres de financement pluriannuels qui établissent un lien direct entre les ressources et les résultats, la représentante a fait part de sa conviction que ces cadres offrent la meilleure voie pour améliorer la programmation tout en augmentant les ressources. Ils n’offrent toutefois pas, a-t-elle convenu, de solution instantanée. Enfin, sur la question de la simplification et de l’harmonisation des procédures, la représentante a rappelé la décision, entérinée par le Conseil d’administration du PNUD, de demander au Groupe des Nations Unies pour le développement d’établir un groupe de travail pour développer une procédure d’approbation des programmes communs à tous les membres du Groupe.

M. AHMED AMAZIANE (Maroc) a déclaré que le rapport présenté par le Secrétaire général sur l’harmonisation des procédures et du financement des activités opérationnelles de l’ONU était très positif en ce qu’il était fait une démonstration très claire des problèmes qui se posent au financement des activités en faveur du développement. Le Maroc s’associe d’autre part à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine, faite par le Nigéria. Les Nations Unies ont d’abord été créées pour libérer le monde de la peur, et c’est là le rôle premier du Conseil de Sécurité. Ensuite l’ONU a été créée en vue de libérer le monde du besoin, et il convient que l’ECOSOC veille à ce mandat. Le Maroc, qui est un pays modèle dans ses relations avec l’Organisation prouve son engagement envers les objectifs de la Charte. Son plan d’action pour le développement, qui appui le soutien des activités opérationnelles de l’ONU, met d’abord l’accent sur le respect des droits de l’homme. M. Amaziane a rappelé que la simplification des procédures est un problème que l’Assemblée générale a traité depuis 15 ans pour permettre aux pays bénéficiaires des activités en faveur du développement d’en faire pleinement usage et d’en profiter totalement.

La complexité et l’hétérogénéité des activités de l’ONU imposent aux pays bénéficiaires des charges énormes qui devraient être levées par la simplification des procédures. Tout en se félicitant de l’augmentation des ressources d’affectation spéciale, le Maroc tient à dire que cela ne devrait pas se faire aux dépens des ressources de base, car il y a dans cette méthode des risques de perte de la neutralité des activités du système et une remise en cause du multilatéralisme. Les activités des programmes et fonds doivent être dotées de ressources adéquates pour leur permettre de réellement libérer le monde du besoin. Concernant le PNUD, nous partageons la proposition du Canada que la réunion qui se tiendra au mois de septembre sur son financement se tienne au niveau ministériel.

Mme SYLVIA CORADO (Guatemala) s’est déclarée préoccupée par la chute constante des ressources de base des activités opérationnelles du développement. Elle s’est dite également préoccupée par la nécessité de simplifier les procédures et surtout par la nécessité d’harmoniser les cycles de programmation. Revenant sur la question des ressources de base, elle a rappelé le principe selon lequel ces ressources doivent être affectées proportionnellement au degré de développement des pays. L’application de ce principe, a souligné la représentante, implique que les pays qui ont dépassé le seuil minimum de développement se retrouvent exclus de la coopération internationale au

développement. Partant, ces pays à revenu intermédiaire n’ont d’autres choix que de recourir à d’autres ressources qui ne sont pas de base, comme c’est le cas du Guatemala. La structure de financement du PNUD, a poursuivi la représentante, reflète une augmentation des ressources multilatérale, bilatérale et budgétaire nationales. Commentant les propos de la représentante de la France qui arguait, ce matin, selon lesquels l’affectation des ressources qui ne sont pas de base doivent être décidées aussi par les conseils d’administration des fonds et programmes des Nations Unies, la représentante a indiqué que cela se produit déjà et s’applique aussi aux ressources données par les pays eux-mêmes.

Réunion-débat sur les activités opérationnelles de développement pour marquer le cinquantième anniversaire de la coopération en matière de développement

Ouvrant la table ronde, M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé qu’il y a 50 ans, l’Assemblée générale a adopté une résolution lançant le programme élargi d’assistance technique. Les débuts, a-t-il dit, ont été assez simples. Les activités visaient d’abord l’assistance et la formation pour ensuite évoluer vers des programmes de vaccination à destination des enfants, l’aide dans le domaine de l’agriculture, le renforcement des capacités, la coopération Sud-Sud ou le renforcement des institutions. Aujourd’hui, a souligné M. Desai, l’ONU est le plus gros contributeur à l’assistance au développement. Elle ne dispose pourtant pas, a-t-il insisté des fonds nécessaires à un bon fonctionnement de ses activités. M. Desai a donc espéré que les 50 ans célébrés aujourd’hui seront l’occasion de se tourner vers l’avenir et de trouver une solution efficace au problème urgent du financement.

M. DAN GLICKMAN, Secrétaire à l’agriculture du Gouvernement des Etats-Unis, a déclaré que son pays se réjouissait de la création prochaine du Forum des Nations Unies sur les forêts, qui pourra faire des contributions exceptionnelles aux stratégies internationales en faveur du développement. En tant que Secrétaire à l’agriculture des Etats-Unis et citoyen américain, a dit M. Glickman, je crois au rôle que notre pays doit jouer en matière d’efforts internationaux en faveur du développement, et je crois fermement, de par mes fonctions, que le développement doit commencer par la promotion de la sécurité alimentaire. L’an dernier, les Etats-Unis ont livré outre-mer plus de 9,6 millions de tonnes métriques d’aide alimentaire, soit plus de trois fois la quantité livrée en 1998. Environ 80 pays ont bénéficié de cette aide, et parmi eux, des pays comme la République démocratique de Corée et le Viet Nam. D’autres récipiendaires de cette aide ont été les pays d’Amérique latine victimes d’ouragans et les réfugiés du Kosovo. Je saisis l’opportunité qui m’est offerte aujourd’hui de m’exprimer à cette tribune pour annoncer que le Département de l’agriculture des Etats-Unis fera don de 350 000 tonnes-métriques de nourriture aux pays affectés par les conséquences de conflits, dont l’Afghanistan, le Kenya et les nations de la Corne de l’Afrique. La valeur de cette donation s’élève à 145 millions de dollars et nous répondons à une demande de l’ONU qui la fera distribuer par le Programme alimentaire mondial.

Il est important de savoir, a dit M. Glickman, que la sécurité alimentaire ne se limite pas à la fourniture d’aide alimentaire. Encourager l’économie de marché et la libéralisation des échanges fait aussi partie de la sécurité alimentaire. C’est une des raisons pour lesquelles l’administration Clinton-Gore a déployé tous les efforts qu’elle a pu pour faciliter l’accession de la Chine à

l’Organisation mondiale du commerce (OMC). C’est aussi dans le même but que nous nous sommes battus pour créer un cadre juridique d’échanges avec les pays d’Afrique sub-saharienne et les nations des Caraïbes. C’est avec la sécurité alimentaire comme trame de réflexion que les Etats-Unis ont énoncé leurs propositions pour le prochain cycle de négociations de l’OMC. Concernant les organismes génétiquement modifiés (OGM) et la biotechnologie, les Etats-Unis sont conscients qu’elles augmentent les quantités de nourriture dont peut disposer le monde entier, mais nous avons aussi qu’elles peuvent en améliorer la qualité, étant donné qu’elles permettent de rendre les produits plus nourrissants et plus sains et leur permettent de mieux se conserver. Les dissensions transatlantiques sur les OGM se sont focalisées sur le manque de sûreté qui, semble-t-il, serait créé par les nouvelles variétés alimentaires créées par la recherche scientifique, et sur leur soi-disant impact négatif sur l’environnement. Nous savons que ce sont des questions qui ne doivent pas être prises à la légère, et notre pays a toutes les expertises scientifiques nécessaires aux contrôles dans ce domaine. Mais je pense que les adversaires des OGM perdent totalement de vue leur intérêt et leur potentiel humanitaire. Nous ne prétendons pas que les grandes compagnies et les transnationales qui ont investi dans le développement des technologies alimentaires n’ont pas fait d’erreurs. Nous savons par exemple qu’elles ont mis trop d’accent sur le seul profit. Mais à long terme, nous pensons qu’une refocalisation sur les besoins des pays ne développement ne pourra qu’être bénéfique à ceux-ci. Pourquoi la sécurité alimentaire est-elle un élément critique du développement? La réponse est simple: l’alimentation est le premier besoin en matière de survie humaine. C’est le premier besoin qui, s’il est satisfait, assure à l’être humain son autonomie et son autosubsistance, et rien n’est possible si ce besoin n’est pas assouvi. Aussi devons nous travailler ensemble pour que ceux qui sont dans le besoin en la matière soient satisfaits.

Pouvons-nous dire que les efforts importants qui ont été déployés au cours des cinq dernières décennies ont tellement changé la vie des milliers de personnes qu’ils visaient qu’il faille célébrer aujourd’hui le cinquantième anniversaire de la coopération au développement, a demandé Mme MARY CHINERY-HESSE, Ancienne Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale du travail (OIT). La réponse est oui, a-t-elle dit, et malgré les revers, la vie de beaucoup d’entre nous a changé. Nous venons de loin et il ne fait aucun doute que les succès sont à mettre au crédit des programmes de coopération au développement du système des Nations Unies. Il faut faire de la publicité à ces succès, a-t-elle dit, en particulier auprès des contribuables des pays donateurs. Les fonds et programmes des Nations Unies doivent, à bien des égards, se sentir frustrés devant l’image négative que les médias continuent de véhiculer sur eux comme tout remerciement à leurs efforts. Cette ambiance d’euphorie, a dit Mme Chinery-Hesse, ne doit pas faire oublier que des problèmes subsistent. Il faut donc saisir l’occasion de cette célébration pour réfléchir aux faiblesses du système et aux domaines qui exigent des améliorations. La meilleure façon de compromettre et d’effacer les gains de la coopération au développement, a d’abord dit Mme Chinery-Hesse, est de poursuivre les guerres inutiles, l’oppression de la société et la corruption sous toutes ses formes. Ayant dit cela, elle a souligné l’importance du renforcement des capacités en mettant, dans ce cadre, l’accent sur les problèmes liés à la fuite des cerveaux qu’elle a expliquée par la faible qualité du secteur des services et le manque d’opportunités d’emplois. Le défi est donc de trouver une solution à cette question pour que les compétences, les connaissances et l’expérience de ces filles et garçons profitent d’abord à leur peuple.

Il est évident, a poursuivi Mme Chinery-Hesse, que les gouvernements eux-mêmes doivent s’approprier le processus de développement pour éviter de compromettre la pérennité de la coopération technique. Les autorités nationales, a-t-elle expliqué, sont les seules en mesure d’assurer une harmonisation entre les programmes du système des Nations Unies et les programmes nationaux de développement. Elles peuvent faire en sorte que les Nations Unies fournissent une assistance fondée sur les besoins et priorités véritables du pays. Elles peuvent aussi faire en sorte que les programmes perdurent au-delà du système des Nations Unies. Elles peuvent enfin contribuer à éliminer les problèmes bureaucratiques et les luttes intestines entre les organisations des Nations Unies et les autres partenaires extérieurs du développement. Il faut admettre, a convenu Mme Chinery-Hesse, qu’en termes de volume, l’assistance offerte par les Nations Unies est bien moindre que l’assistance extérieure. Mais, utilisée intelligemment, cette assistance peut être déterminante. Elle a, en effet, l’avantage de ne pas être assujettie à certains matériels ou compétences, de ne pas être mue par des intérêts particuliers et d’être, en fait, neutre et altruiste. De plus, l’assistance des Nations Unies tend à mieux cibler les plus pauvres des pauvres. Pour lui assurer un impact réel, il faut, a dit Mme Chinery-Hesse, lui imprimer un caractère plus souple afin que les ajustements puissent se faire en temps voulu. Il est important aussi que les programmes de coopération des Nations Unies respectent la diversité de leurs “clients” et évitent une approche "taille unique".

La simplification et l’harmonisation des politiques des fonds et programmes des Nations Unies est d’une importance capitale, a encore dit Mme Chinery-Hesse. Il faut comprendre, a-t-elle dit, que la coordination des programmes et des activités opérationnelles, en particulier dans les pays, est une question de survie pour le système. Elle s’est ainsi félicitée de l’évolution des équipes par pays qui se sont transformées en un regroupement de programmes spécifiques. Les équipes sont devenues de vraies équipes dirigées par le coordonnateur résident, a dit Mme Chinery-Hesse en se félicitant aussi de la désignation de certaines institutions comme "chef de file" de différents projets qui travaillent étroitement avec les ministères et autres acteurs de développement nationaux. Ces groupes dits groupes thématiques ont d’ailleurs contribué à l’établissement de meilleurs liens entre les institutions des Nations Unies et la Banque mondiale, d’une part, et entre les Nations Unies et les autres acteurs internationaux, d’autre part. Devant ces succès, Mme Chinery-Hesse a déploré les contraintes financières auxquelles fait face l’Organisation. Dans un monde aussi interdépendant, a-t-elle dit, il faut se rendre compte des dangers inhérents à une situation dans laquelle alors que le monde a atteint un niveau extraordinaire de richesses, des milliards de personnes continuent de souffrir de la misère dans les pays en développement. Une situation aussi paradoxale ne peut que susciter des tensions, a prévenu Mme Chinery-Hesse. Nous avons mené le bon combat. Nous venons de loin. Ayons le courage et la foi d’achever la tâche triomphalement, a-t-elle conclu.

M. WANG QIMING, Directeur de la Division des réseaux d’information au Centre "Agenda 21" de la République populaire de Chine, a rappelé que la Chine a commencé, il y a 20 ans, à bénéficier des programmes de développement du système de l’ONU. Depuis lors, la Chine a bénéficié de plusieurs programmes d’assistance du PNUD et d’autres organisations du système de l’ONU, qui lui ont fourni un soutien pragmatique en appuyant ses efforts nationaux de développement et de modernisation. Mais nous nous sommes rapidement rendus compte, a dit M. Qiming, que le développement durable était une question complexe. Les problèmes de dégradation accélérée de son environnement qu’a connus la Chine doivent être

compris dans le contexte de ses efforts de développement. Pendant de nombreuses années, en poursuivant l’objectif de la modernisation, la Chine a adopté une approche quantitative et non pas qualitative. Il était alors perçu comme impossible d’améliorer le niveau et les conditions de vie de la population sans une économie forte et un développement poussé des sciences et des technologies. Malheureusement, l’expérience nous a montré que si l’environnement n’était pas conservé et si les ressources naturelles étaient gaspillées, la croissance même de l’économie finissait par être mise en danger et le développement durable remis en question. La Chine a choisi le développement durable comme faisant partie des “deux transitions fondamentales”, qui consistent en la mutation de l’économie planifiée en une économie de marché, et en un passage de conceptions basées sur des politiques quantitatives à de nouvelles politiques basées sur des objectifs qualitatifs.

Les technologies de l’information et des communications sont nées dans les pays développés et plus précisément aux Etats-Unis. Mais au cours des dernières années, elles se sont étendues aux pays en développement, qui n’ont pas d’autre choix que de les adopter s’ils ne veulent pas être totalement marginalisés. Pendant longtemps la Chine ne s’est pas souciée de développer elle-même ces technologies; elle se contentait d’en acheter les produits et souvent de se procurer des composants pour ensuite faire de l’assemblage d’ordinateurs. Ce genre de démarche ne pouvait placer la Chine au rang des pays de producteurs de produits électroniques et ne pouvait lui permettre d’être présente dans ce secteur sur un marché international florissant. D’autre part se posait le problème des langues employées sur l’Internet, et ce n’est qu’en 1996 que des logiciels en Mandarin ont été disponibles sur le marché international. Ensuite, des questions de sécurité se sont posées lors de l’usage de certains produits informatiques importés. Par exemple, on a découvert qu’une puce cachée dans le logiciel “Pentium III” de la marque américaine Windows, permettait à des tierces personnes d’avoir accès aux informations transmises par les machines qui l’utilisaient. C’est pourquoi le gouvernement de la Chine a ordonné à toutes ses agences gouvernementales de ne plus utiliser ce logiciel et de mettre de coté toutes les machines qui l’avaient comme principal composant. Notre Gouvernement a alors décidé d’utiliser la technologie développée par la société finlandaise Linux. Cet exemple pose la question du contrôle des technologies de l’Internet et de leur usage. Malgré ces difficultés, la Chine fait aujourd’hui des progrès rapides dans le développement de ses technologies de l’information, et l’Internet est devenu un instrument de choix et d’usage courant pour notre Gouvernement. Et si, en 1997, on comptait seulement 300 000 ordinateurs reliés au Web dans notre pays, à la mi-2000, le nombre de machines connectées de façon permanente s’élève à plus de 4 millions, 12 autres millions de machines se liant au réseau de manière intermittente. Nous pensons que les Nations Unies peuvent jouer un rôle amélioré pour une assistance technique accrue aux pays en développement en matière de technologies de l’information. L’ONU peut aider à promouvoir une meilleure répartition des avantages de ces technologies, elle peut aussi aider à une meilleure coordination des actions de soutien au développement dans ce domaine, et elle peut participer à mettre en place une véritable gouvernance de l’usage de l’Internet. L’ONU peut résoudre les problèmes qui se posent en matière de commerce électronique et de droits de propriété intellectuelle.

A son tour, M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement et Président du Groupe des Nations Unies pour le développement, a regretté l’absence de données positives pour décrire les résultats remarquables enregistrés par le système des Nations Unies au cours des 50 dernières années. Il est ironique, a-t-il dit, de constater que ces grands succès continuent d’être ignorés par un certain nombre de pays du Nord où l’Aide publique au développement (APD) continue de traîner sa mauvaise réputation. La fin de la guerre froide et les espoirs d’un détournement des fonds destinés à l’armement vers l’APD ne se sont pas réalisés, a dit M. Malloch-Brown en indiquant aussi que dans les pays du Sud, l’APD ne trouve plus sa place dans les budgets nationaux surtout dans les pays mêmes qui ont connu une croissance extraordinaire et qui fonde leur financement sur les fonds privés. A la fin de la guerre froide, a poursuivi M. Malloch-Brown, la communauté internationale ne se caractérisait pas vraiment par une grande harmonie. Une “guerre civile” opposait en effet les Nations Unies aux institutions de Bretton Woods sur le “bon” modèle de développement. Aujourd’hui, un nouveau lien est né avec ces institutions grâce, a souligné M. Malloch-Brown au PNUD qui a fini par persuader ces institutions qu’un bon modèle de développement doit avoir en son centre la lutte contre la pauvreté. Le système des Nations Unies s’est montré le “défenseur de nouvelles idées” sur le développement et c’est la tâche que doit poursuivre l’ONU: dire ce qui n’est pas à la mode parce qu’on est sûr de la pertinence de ses idées. Aujourd’hui, il faut donc célébrer “la grande paix” puisque les institutions de Bretton Woods ont accepté le postulat des Nations Unies qui s’est elle-même laissé convaincre de l’importance des facteurs macroéconomiques pour le développement. Cette “grande paix” doit être un objet de fierté, a dit M. Malloch-Brown.

Le premier défi aujourd’hui reste la bonne gestion des affaires publiques en l’absence de laquelle l’assistance publique s’amenuisera au profit des flux privés et des dangers qu’ils comportent. Le deuxième défi est l’intégration, seule manière de répondre à la mondialisation et à cet égard, les Nations Unies doivent fixer le bon cap, défendre un modèle d’intégration qui inclut tout le monde, y compris les pauvres. Enfin le troisième défi est celui de la stabilité et donc de la fin des conflits. Les Nations Unies, a conclu M. Malloch-Brown, sont “petits” par rapport aux institutions de Bretton Woods. Elles doivent néanmoins être les premières pour ce qui est de la préconisation d’approches nouvelles et de la constitution de partenariats novateurs. Les Nations Unies peuvent jouer un rôle de catalyseur. Les possibilités n’ont jamais été aussi grandes mais les craintes aussi, a dit M. Malloch-Brown en appelant les Nations Unies à devenir le carrefour entre public et privé pour s’attaquer à un ordre du jour dont la mise en oeuvre n’est possible que par un effort collectif. Le rôle des Nations Unies sera modeste mais essentiel.

Intervenant après la présentation de M. March Malloch-Brown, le délégué de la Pologne, citant le proverbe chinois qui dit qu’il ne faut pas donner un poisson à un pauvre mais plutôt lui apprendre à pêcher, a dit que, malgré la pertinence de cet adage, il y avait cependant des réalités et des chiffres effrayants sur le niveau de la pauvreté dans le monde. La production agricole mondiale est inéquitablement répartie, et on sait même que certains pays poussent à la réduction de la production agricole pour préserver le niveau des prix au niveau mondial. C’est la raison de nombreuses subventions au secteur agricole et du gel de certains domaines fermiers. Après la chute du Mur de Berlin des changements se

sont produits en Europe, la course aux armements a pris fin, et des ressources financières énormes, autrefois orientées vers la production militaire, ont été censées avoir été économisées. Mais où est donc passé cet argent? Il est vrai que l’on a brusquement vu l’émergence de capitaux faramineux, à court terme, sur les marchés boursiers. La situation dramatique que vit en ce moment le monde ne vient- elle pas essentiellement d’un manque total de volonté politique et d’une absence de véritable gouvernance mondiale qui permettrait de réorienter ces ressources là où on en a vraiment besoin? a demandé le délégué de la Pologne.

Prenant la parole à sa suite, le Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés) a déclaré que la création d’un programme élargi pour le développement aux Nations Unies répondait, dans les années 50, aux exigences et à l’esprit de la Charte de l’ONU dont certains termes visent l’amélioration des conditions de vie des populations de la planète. L’Union européenne pense, comme l’Administrateur du PNUD, que l’on a trop tendance à oublier les succès des activités opérationnelles de l’ONU, qui ont permis au cours des 50 dernières années, d’éradiquer des maladies, et de construire un environnement international de paix. Les pays membres de l’Union européenne considèrent que la coopération en faveur du développement, dans laquelle s’inscrit celle que mènent les Nations Unies, est aujourd’hui plus indispensable que jamais. Des centaines de millions de personnes vivent en ce début de siècle avec moins d’un dollar par jour. Les technologies de l’information et des communications constituent aujourd’hui un moyen d’accès au savoir et à la prospérité. Mais les réalités de la fracture numérique sont là, qui nous montrent que si un Américain sur quatre a accès à l’Internet, seul un africain sur mille peut jouir du même avantage. La nécessité d’une meilleure distribution des ressources, des opportunités et de la richesse, et une meilleure gouvernance mondiale sont aujourd’hui ressenties comme nécessaires.

L’Union européenne verse aujourd’hui plus de la moitié des ressources publiques d’aide au développement. Nous avons soutenu les propositions du Secrétaire général en faveur du renforcement de la coordination des activités opérationnelles de l’ONU. Et les pays bénéficiaires doivent, pensons-nous, être pleinement parties prenantes à la définition des politiques des opérations de l’ONU. L’Union européenne milite aussi pour une plus grande concertation avec les institutions de Bretton Woods. Nous sommes d’autre part très attachés à la question des droits de l’homme, à laquelle le PNUD a consacré son dernier rapport sur le développement, rapport pour la présentation duquel M. Jacques Chirac, Président de La République française, a d’ailleurs reçu à Paris M Mark Malloch-Brown, Administrateur du PNUD. Les Européens ont du développement une vision qui ne se limite pas seulement à l’accumulation de richesses. Nous mettons un accent particulier sur le développement et la jouissance des droits humains dans le développement. La pauvreté et les conflits sont, pensons-nous, étroitement liés. C’est pourquoi l’Union européenne pense que l’ONU est bien placée quand elle conduit des actions de développement sur le terrain et que ces actions participent à la prévention et d’une certaine manière à la résolution de conflits latents. Il ne faut donc pas disséquer l’histoire des sociétés et continuer à poser des conditionnalités difficiles à remplir au soutien au développement et aux actions de la communauté internationale. L’Union européenne forme le voeu que les liens entre l’ONU et la Communauté européenne se développement au bénéfice des pays en développement, et notamment les plus défavorisés et ceux qui sont dans le besoin.

Intervenant à son tour, le représentant de la Norvège a estimé que pour augmenter l’APD, il faut de meilleures nouvelles et faire connaître ces meilleures nouvelles aux gouvernements donateurs et aux médias. Il faut les convaincre de la nécessité de faire davantage et d’appuyer le secteur public parce que “le courant privé ne suffira pas”. Il faut, a encore dit le représentant, faire comprendre aux populations des pays donateurs que le monde est interdépendant et qu’auparavant c’était eux les pauvres qui immigraient ailleurs pour survivre. Ces populations doivent comprendre, grâce à des campagnes d’information musclées, qu’elles ont tout intérêt à aider les populations en développement pour qu’elles restent chez elles et qu’elles ne risquent pas de venir engorger leur marché du travail. C’est le genre d’exemples concrets qu’il convient de donner tenir, a estimé le représentant. Le représentant du Brésil a lui mis l’accent sur les défis qui subsistent en matière de coopération au développement.

Commentant ces observations, l’Administrateur du PNUD a salué la “foi de la Norvège“ dans la coopération au développement en indiquant que les pays scandinaves ont décidé de lier l’augmentation de l’APD à celle de leur PNB, trouvant ainsi une manière juridique d’assurer la pérennité de l’APD. A ce stade, a-t-il poursuivi, il faut rester prudent quant à une augmentation rapide de l’APD. L’urgence est plutôt de mobiliser l’opinion publique, les ONG en particulier, sur la pertinence de l’APD. L’approche centrée sur la base influence d’ailleurs de plus en plus la manière dont les appels de fonds sont menés, a indiqué l’Administrateur. Parlant du rôle futur des Nations Unies, l’orateur a souhaité que l’ONU mise sur la confiance qu’elle inspire dans les pays en développement pour jouer les intermédiaires plutôt que les financiers, en particulier en ce qui concerne, l’accès aux nouvelles technologies. Admettant que l’Europe fournit 54% de l’APD, l’Administrateur a tempéré l’aspect positif de ces données en montrant du doigt les politiques que l’Europe prend, par ailleurs, et qui ont un effet négatif sur le développement des pays. L’Administrateur du PNUD a cité en exemple les subsides de l’Union européenne à son secteur agricole. Là encore, a-t-il dit, les Nations Unies ont un rôle de plaidoyer à jouer. Avant de terminer, l’Administrateur du PNUD a mis l’accent sur l’importance de la coopération Sud-Sud.

L’ancienne Directrice générale adjointe de l’OIT a lancé un défi aux Nations Unies en l’appelant à faire en sorte que les donateurs se rendent dans les pays- programmes pour constater les succès. Abordant aussi la question du financement, elle a souhaité que l’on ne se focalise pas seulement sur l’APD mais que l’on trouve aussi les moyens de forger des modalités qui permettent de faire appel au secteur privé. Il y a une masse critique minimum dont doit disposer le système des Nations Unies. A son tour, le représentant du Ministère de la science et des technologies de la Chine a mis l’accent sur les nouvelles technologies dans le développement.

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