En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/475

L'UNION EUROPEENNE, PRINCIPAL CONTRIBUTEUR DE L'AIDE AU DEVELOPPEMENT, RECOMMANDE L'ELARGISSEMENT DE LA BASE DES DONATEURS

17 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/475


L’UNION EUROPEENNE, PRINCIPAL CONTRIBUTEUR DE L’AIDE AU DEVELOPPEMENT, RECOMMANDE L’ELARGISSEMENT DE LA BASE DES DONATEURS

20000717

L’Organisation des Nations Unies dépense, chaque année, une moyenne de 5 milliards de dollars dans le cadre de la coopération au développement, a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales devant le Conseil économique et social. Le Conseil, qui a entamé, ce matin, l’examen de la question des ressources et du financement des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement, a entendu une description faite par le Secrétaire général adjoint de la menace que fait peser le déclin de l’Aide publique au développement (APD) – ressources de base des fonds et programmes de l’ONU - sur la réalisation des objectifs fixés par les grandes conférences internationales. Le non-respect de l’engagement visant à octroyer 0,7% du PNB des pays donateurs à l’APD n’est pas seulement un échec de l’esprit mais aussi un échec du cœur, a déclaré la Norvège en ajoutant que l’aide au développement n’est pas seulement un acte de solidarité internationale mais aussi un intérêt personnel bien compris. Au nom de l’Union européenne, la France a rappelé que l’Union européenne, qui ne représentait que 29,4% du PNB mondial, au cours des années 95-98, a fourni 54% de l’APD. Le « Club » des pays ayant versé au moins un dollar par tête d’habitant au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) n’est composé que de pays européens dont 7 membres de l’Union européenne auxquels il faut ajouter la Norvège et la Suisse, a précisé la République tchèque en ajoutant que presque 70% des ressources de base du PNUD proviennent des pays européens.

La France s’est donc déclarée préoccupée par la dépendance excessive des fonds et programmes de l’ONU à l’égard d’une poignée de donateurs en plaidant pour une diversification des sources de financement et en soulignant aussi que les ressources provenant du secteur privé ne peuvent en aucun cas se substituer aux contributions d’origine publique qui doivent être gérées de manière transparente. La question d’une gestion rigoureuse a également été évoquée par le Japon, principal contributeur de l’APD à titre individuel. Malgré les déséquilibres financiers internes qu’a connu le pays, le Japon a continué à honorer tous ses engagements envers le financement du développement, a dit le représentant de ce pays. De manière générale donc, le déclin de l’APD a été attribué à un manque de confiance à l’égard des mandats et de l’efficacité des fonds et programmes de l’ONU. Ces dernières ont donc appuyé la mise en place de budgets basés sur les résultats obtenus et se sont félicitées des cadres de financement pluriannuel mis au point notamment par le PNUD et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). La question ne vient pas d’un problème de confiance mais plutôt d’une absence de volonté politique, a estimé pour sa part, le Nigeria, en parlant au nom

du Groupe des 77 et de la Chine. Il s’est, d’ailleurs, dit convaincu que les ressources de base augmenteraient si une telle volonté existait. A cet égard, le Pakistan a souscrit à la proposition du PNUD d’organiser, le 11 septembre 2000, une réunion ministérielle pour ressusciter la volonté politique nécessaire à une hausse des contributions aux fonds et programmes.

Les représentants des pays suivants ont également pris la parole: Brésil, Cuba, Colombie, Inde, Japon, Fédération de Russie, République tchèque et Chine ainsi que l’Observateur de la Suisse et les représentants de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et du Programme alimentaire mondial (PAM).

Le Conseil poursuivra son débat, cet après-midi, et tiendra une table ronde pour marquer le cinquantième anniversaire de la coopération en matière de développement.

DEBAT CONSACRE AUX ACTIVITES OPERATIONNELLES

Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement

Suite donnée aux recommandations de l’Assemblée générale et du Conseil

Déclaration liminaire

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, présentant les rapports du Secrétaire général dont est saisi le Conseil, a d’abord souligné l’importance des activités opérationnelles du système des Nations Unies en indiquant que dans l’ensemble, les Nations Unies acheminent plus de 5 milliards de dollars d’aide au développement par an; ce qui fait de l’ONU le plus gros contributeur au développement du monde. Les activités opérationnelles ont des caractéristiques comme l’universalité, la neutralité ou encore l’absence de conditions, a dit M.Desai avant de mettre l’accent sur d’autres dimensions “importantes” comme le lien entre les activités opérationnelles et les objectifs fixés lors des grandes conférences, la tendance à un partenariat accru avec les pays bénéficiaires de l’aide et la relation entre efforts de secours, de relèvement et le développement. Ces trois aspects, a dit M. Desai, confortent l’avantage comparatif des fonds et programmes des Nations Unies et constituent la raison principale des efforts de financement. Or, a poursuivi M. Desai, malgré les grandes conférences internationales et les objectifs fixés, l’expérience montre que le flux des ressources de base des fonds et programmes continuent de diminuer ou de stagner. Le Secrétaire général adjoint a expliqué cette situation par la tendance à la baisse de l’Aide publique au développement (APD) qui reste bien inférieur à l’objectif fixé lors des grandes conférences de 0,7% du PNB. Cette situation, a rappelé M. Desai, a fait l’objet d’attention de la part des conseils d’administration des fonds et programmes, comme le montrent les efforts du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) de mis au point d’un cadre de financement multiannuel pour assurer une certaine prévisibilité des ressources essentielles. Il faut avouer que, pour l’instant, les résultats ne sont pas visibles, a constaté M. Desai en appelant le Conseil à débattre soigneusement de la question car, a-t- il dit, comment parler de partenariat sans traduire en acte ses principes mêmes, à savoir l’engagement en faveur des fonds et programmes des Nations Unies. Les recommandations sur le financement contenues dans les rapports du Secrétaire général mettent l’accent sur la question des mécanismes de mobilisation des ressources et l’implication des instances politiques à cette mobilisation, a souligné M. Desai en arguant que l’on ne peut continuer à confier la question de la mobilisation aux seuls secrétariats des fonds et programmes. Sans un engagement ferme des donateurs en ce qui concerne les ressources, il sera difficile de préserver la crédibilité du processus politique des Nations Unies, a prévenu M. Desai avant d’aborder la question de la simplification et de l’harmonisation des règles de procédures.

Soulignant que les appels à la simplification se justifiaient par la nécessité de réduire les coûts des transactions au niveau des fonds et programmes, M. Desai a mis l’accent sur la difficulté à en réaliser les principes compte tenu des procédures différentes des fonds et programmes. Il a donc demandé au Conseil de donner des indications très concrètes et de développer un esprit de partenariat entre lui et les différents directeurs exécutifs des fonds et programmes. L’harmonisation, a-t-il poursuivi, est du ressort du Conseil. M. Desai a alors invité le Conseil à s’écarter des directions générales pour s’engager dans l’élaboration de mesures plus concrètes qui tiennent compte des réalités. M. Desai a d’ailleurs souligné que les mesures d’harmonisation déployées dans le cadre du Comité commun d’administration (CAC) et du Plan cadre des Nations Unies pour le développement devraient bientôt passer à la deuxième phase, celle de la mise en œuvre. M. Desai a enfin invité le Conseil, dans le cadre de l’examen triennal des activités opérationnelles qui doit s’effectuer l’année prochaine, à donner des indications politiques sur le lien qu’il faut établir entre le rôle des nouvelles technologies et le suivi des conférences internationales.

Débat

MME CATHERINE GRAS (France, au nom de l’Union européenne et des pays associés) a déclaré que l’Union européenne (UE) voudrait rappeler son engagement ancien et constant en faveur de la coopération internationale et du développement. L’Union européenne, qui représentait 29,4% du PNB mondial sur la période 1995- 1998, a fourni 54% de l’Aide publique au développement (APD) allouée par les pays donateurs au développement des pays du Sud durant cette période. Elle voudrait souligner que les ressources totales des fonds et programmes de l’ONU ont augmenté en valeur sur la décennie 90, passant de 3,43 milliards de dollars en 1990 à 5,13 milliards en 1999, et l’on observe avec un certain intérêt que les fonds et programmes ont bénéficié du redressement des ressources de l’APD enregistré depuis 2 ans. Cependant, a déclaré la représentante, on observe une évolution différenciée selon les fonds et programmes. La situation financière de certains fonds parait assez saine, y compris au regard des ressources générales: c’est notamment le cas du Programme alimentaire mondial (PAM), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), du Fonds des Nations Unies pour l’environnement (FNUE), et surtout du Fonds des Nations Unies pour la promotion de la femme (UNIFEM, et du programme des Volontaires des Nations Unies. La situation du Fonds pour la population (FNUAP) est plus délicate, les ressources de ce fonds, si elles ont culminé en 1995, ont conservé un niveau moyen de 250 à 270 millions de dollars au cours de la décennie écoulée. L’UE est préoccupée par la dépendance excessive des fonds et programmes à l’égard d’un nombre limité de pays donateurs. Elle veut, d’autre part, souligner la nécessité d’une utilisation transparente des ressources supplémentaires, notamment à l’égard des conseils d’administration, et elle considère qu’il est essentiel que l’utilisation des ressources respecte pleinement les orientations fixées par les conseils d’administration, notamment pour ce qui concerne les cibles et les domaines d’intervention. L’Union européenne invite, entre autres, le Conseil d’administration du Programme des Nations pour le développement (PNUD), à veiller au renforcement de son ciblage sur les pays les moins avancés (PMA), y compris pour la partie des programmes financés sur ressources supplémentaires. Sur un autre chapitre, l’Union européenne se félicite de la capacité des fonds et programmes à attirer des ressources croissantes du secteur privé qui peuvent compléter efficacement les contributions gouvernementales. Mais nous considérons cependant, a dit la représentante, que ces ressources ne sauraient se substituer aux contributions d’origine publique, et qu’il convient d’en assurer une gestion transparente.

L’Union européenne soutient la mise en œuvre des cadres de financements pluriannuels et une approche basée sur les résultats, et elle partage l’analyse positive développée par le Rapport du Secrétaire général sur ce point. L’adhésion et la confiance des Etats Membres dans les mandats et l’efficacité des organisations de l’ONU sont essentielles. C’est pourquoi l’Union européenne appuie la mise en place des budgets basés sur les résultats au sein des fonds et programmes et veut croire que la mise en œuvre des cadres de financement pluriannuels permettra de redresser la situation des ressources générales et d’atteindre les cibles fixées dans les décisions pertinentes des conseils d’administration. En ce qui concerne l’harmonisation des procédures, l’Union européenne partage l’avis émis par le Secrétaire général selon lequel les progrès ne sont pas à la hauteur des attentes, et elle soutient ses recommandations en la matière. Nous proposons à ce sujet que la prochaine revue triennale des activités opérationnelles prévue pour l’an prochain, soit l’occasion de faire une évaluation précise des progrès réalisés et des difficultés rencontrées, et que cette revue triennale permette l’élaboration d’un plan d’action précis définissant les mesures les plus urgentes à mettre en œuvre. L’Union européenne souligne l’importance qu’elle accorde à trois dossiers. Ces dossiers sont ceux relatifs à la procédure d’approbation des programmes de pays par les conseils d’administration; aux revues à mi-parcours et aux évaluations conjointes des programmes de pays, et à la programmation conjointe. Sur ce dernier point, l’Union européenne rappelle la proposition faite vendredi dernier concernant le lancement d’une réflexion sur la mise en place de programmes conjoints aux fonds et programmes, voire aux agences spécialisées, et la nécessité de réaliser une évaluation indépendante du processus du Cadre de développement des Nations Unies (UNDAF).

M. ETANMARE OSIO (Nigeria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a déclaré que le Groupe des 77 et de la Chine soutenait pleinement le besoin de simplification et d’harmonisation des cycles de financement des différents programmes et fonds des Nations Unies. Nous sommes en faveur d’un processus d’harmonisation des procédures qui coïnciderait avec les cycles nationaux de planification budgétaires des gouvernements bénéficiaires des activités opérationnelles. Le Groupe des 77 et de la Chine soutient aussi tous les efforts visant à atteindre un meilleur équilibre dans la désignation des coordonnateurs résidents. Nous pensons d’autre part que la collaboration, la cohérence d’action et la complémentarité que nous souhaitons avec les institutions de Bretton Woods, devraient prendre en considération le rôle pivot et évolutif que peuvent jouer l’UNDAF et l’Evaluation commune des pays du système de l’ONU d’un coté, et le Cadre de développement des pays et le Document cadre de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international de l’autre. Pour une meilleure harmonisation des actions et des politiques nous souhaiterions que l’Organisation mondiale du commerce soit-elle aussi associée à ces réflexions.

Le Groupe des 77 et de la Chine aimerait réitérer l’appel lancé lors du Sommet Sud-Sud tenu à la Havane au mois d d’avril 2000, qui demandait que les unités spécialisées du PNUD reçoivent le soutien dont elles ont besoin en vue de servir de moyens de promotion de la mise en œuvre des projets identifiés dans le Programme d’action de ce Sommet. Nous tenons à réaffirmer, a dit le délégué, que les ressources essentielles des fonds et programmes devraient être augmentées, grâce à une volonté politique renouvelée de la part des pays donateurs. Le Groupe des 77 et de la Chine pense que cette volonté politique peut être trouvée par consensus dans les conclusions qui émergeront de cette session de fond du Conseil économique et social.

M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) s’est dit préoccupé par la tendance au déclin des ressources de base des activités opérationnelles des Nations Unies. Il a donc jugé impératif que davantage de volonté politique et d’engagements puissent être mobilisés afin de renverser cette tendance. S’il faut maintenir les efforts visant à augmenter les ressources de base, a dit le représentant, il faut aussi envisager d’autres mécanismes comme les programmes de partage des coûts, les fonds d’affectation, une plus grande collaboration avec la banque mondiale et les banques régionales de développement et une plus grande participation du secteur privé et de la société civile. Les Nations Unies, a conclu le représentant, ont développé une capacité unique à appuyer les gouvernements nationaux dans leurs efforts de parvenir à des niveaux plus élevés de développement. A cette étape cruciale, a espéré le représentant, l’appel lancé pour un engagement plus fort en vue de renforcer les ressources de base des fonds et programmes des Nations Unies “ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd”.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a indiqué que dès le début, son pays a été un partenaire actif et un bailleur de fonds au sein du système des Nations Unies. Réitérant son engagement en faveur de l’ONU, le représentant a plaidé pour l’obtention d’un niveau adéquat des ressources de base en soulignant que les ressources qui ne tombent pas dans la catégorie des “core ressources” ne sauraient en aucun cas remplacer les ressources de base. Il a également souhaité que les fonds apportés par le secteur privé ne viennent pas remplacer l’Aide publique au développement (APD). Le représentant a appuyé les efforts des fonds et programmes pour élargir leur base de financement en reconnaissant le risque d’une dépendance excessive à l’égard d’un nombre limité de donateurs. Poursuivant, il a estimé que le fait de ne pas réaliser l’objectif 0,7% du PNB est autant un échec de l’esprit qu’un échec du cœur car l’assistance au développement représente la solidarité internationale mais aussi un “intérêt personnel bien compris”. Le représentant s’est, par ailleurs, dit intéressé par la proposition concernant l’élaboration d’une programmation conjointe entre tous les fonds et programmes avant d’appeler ces derniers à accorder l’importance requise à la question de la simplification et de la rationalisation des procédures. Le représentant a estimé, à cet égard, que la décision du Groupe des Nations Unies pour le développement de créer un groupe de travail sur la mise au point d’un processus commun d’approbation de programmes est un fait positif et important.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a associé sa délégation à la déclaration faite par le Nigeria au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a estimé que les objectifs officiellement déclarés du processus de changement dans les activités opérationnelles visaient avant tout à en renforcer l’efficacité au profit des pays bénéficiaires. Le Gouvernement de Cuba pense que les nouveaux concepts introduits ne peuvent être mis en œuvre sans la collaboration et la totale acceptation des gouvernements bénéficiaires, et sans le maintien de la stricte neutralité des actions de l’ONU. Cuba veut mettre l’accent avant toute chose, sur les besoins d’efficacité sur le terrain de l’UNDAF, et non sur son usage comme outil de mesure de l’action politique du pays récipiendaire. Le principal problème que rencontrent les activités opérationnelles, est d’abord celui de la baisse des ressources. Cette baisse de ressources touche le leadership même des Nations Unies et leur crédibilité sur le terrain. Nous constatons avec regret que les donateurs essaient d’imposer des conditionnalités de plus en plus dures pour l’octroi de leur aide déjà en diminution. Cette démarche est totalement inacceptable, et nous regrettons profondément que la crise financière qui frappe certains fonds et notamment le PNUD soit si profonde qu’elle les détourne même de leur mandat d’origine. Nous pensons que les interactions entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods ne doivent pas faire perdre aux activités opérationnelles leur caractère universel, multilatéral, et neutre.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a souligné le rôle essentiel que les activités opérationnelles du système des Nations Unies ont joué dans la promotion de la coopération en matière de développement. Les activités de l’ONU en la matière sont le reflet de son engagement en faveur de la justice, de l’équité et de l’honnêteté, a ajouté le représentant en constatant pourtant que “le rideau de la pauvreté continue d’assombrir l’humanité et de diviser le monde”. Les activités opérationnelles des Nations Unies ont ceci d’important, a dit le représentant, qu’elle se fonde sur les principes d’impartialité et d’universalité, ce qui est en fait l’un des modes les plus efficaces de promotion du développement dans le monde. Le représentant a donc déploré le déclin des ressources de base et s’est dit préoccupé, à cet égard, que le PNUD soit l’un des fonds les plus touchés. Pour répondre à cette situation, a-t-il rappelé, tous les fonds et des programmes ont entrepris des réformes qui n’ont pourtant pas abouti à l’augmentation des ressources de base. Le représentant a donc estimé que la question ce ne sont pas les réformes ne sont pas la question mais bien l’engagement politique. Il a donc appuyé l’idée du PNUD d’organiser une réunion ministérielle le 11 septembre 2000 pour créer la volonté politique nécessaire à la mobilisation des ressources. Avant de conclure, le représentant a annoncé que le PNUD travaille déjà en collaboration avec son pays pour mettre sur pied l’Institut du Sud pour les technologies de l’information dont la création a été annoncée par le Président du Pakistan lors du Sommet de la Havane sur la coopération Sud-Sud. Abordant la question de la simplification et de l’harmonisation, le représentant a souligné que tout changement d’orientation dans la politique des fonds et programmes doit d’abord et avant tout tendre à formuler une réponse plus appropriée aux demandes des pays. Il a donc estimé qu’en la matière, l’approche devrait se diriger vers le niveau national et demeurer souple.

M. JENO C.A. STAEHELIN, Observateur permanent de la Suisse, a déclaré que la Suisse avait soutenu l’introduction des Cadres de financement pluriannuels qui visent simultanément à améliorer la planification stratégique et le contrôle des performances, et à inciter les pays donateurs à annoncer leurs contributions sur une base pluriannuelle. La manière imprévisible dont les Fonds et Programmes des Nations Unies sont actuellement financés, chaque pays donateur fixant en toute indépendance d’une année à l’autre le montant de sa contribution, constitue, estimons nous, un handicap majeur, a dit le représentant. Il convient de changer cette méthode et nous souhaitons vivement que les donateurs de fonds qui ont mis en place des cadres pluriannuels de financement, complètent effectivement leurs annonces annuelles par l’indication de leurs intentions pour les deux années à venir.

Nous souhaitons aussi que la base financière des fonds et programmes de l’ONU soit élargie, a dit le délégué, et c’est pourquoi nous encourageons les initiatives visant à promouvoir des partenariats transparents avec le secteur privé. Mais nous soulignons que les revenus obtenus dans ce cadre doivent être utilisés de manière cohérente et en conformité avec les priorités arrêtées par les conseils d’administration des fonds et programmes.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) s’est déclaré préoccupé par la réduction et la stagnation des ressources de base des activités opérationnelles en la qualifiant d’obstacle à la réalisation des objectifs fixés par les grandes conférences internationales des Nations Unies. Le représentant s’est particulièrement dit préoccupé par l’impact de cette réduction sur les pays à revenu intermédiaire comme son pays. En effet, le représentant a expliqué que les statistiques sur le revenu par habitant ne montre qu’une moyenne qui ne décrit pas les véritables disparités qui existent dans ses pays. Il a donc jugé approprié d’envisager l’adoption de critères plus adéquats pour parvenir à une distribution plus conforme à la réalité des ressources du développement. Parlant de la simplification des procédures des fonds et programmes des Nations Unies, le

représentant a estimé que le Plan cadre des Nations Unies pour le développement et le mécanisme d’évaluation commune des pays devraient modifier les termes de la coopération au développement au sein des Nations Unies. Evoquant aussi le système des coordonnateurs résidents, le représentant a souhaité que l’on fasse de ces coordonnateurs des médiateurs efficaces dans la communication avec les institutions gouvernementales nationales.

MME BIRGITTE MOLLER, Directrice du Bureau des financements extrabudgétaires de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré que les contributions extrabudgétaires au budget de l’UNESCO avaient augmenté au cours de ces dernières années pour atteindre presque 200 millions de dollars en 1999. Le montant de ces contributions approche rapidement le montant de celui de la programmation budgétaire régulière de l’UNESCO. Cette situation nouvelle a amené l’Organisation à mener une réflexion de fond pour la programmation des contributions volontaires et sur les mesures visant à assurer le nécessaire ajustement entre les activités extrabudgétaires et les véritables priorités opérationnelles qui sont définies dans le programme et le budget régulier de l'UNESCO. Concernant la simplification et l’harmonisation de la programmation opérationnelle et des procédures administratives, nous sommes d’avis avec le rapport du Secrétaire général, qu’il y a un trop grand nombre de procédures et qu’elles représentant un poids majeur et coûteux pour les pays en développement. Nous pensons que des efforts pourraient être déployés en vue d’harmoniser les procédures des activités opérationnelles du système de l’ONU. Mais la simplification des procédures doit aussi être étendue aux contributions en provenance des donateurs, dont les méthodes compliquent aussi parfois les procédures de fourniture d’aide et ne facilitent pas les rapports financiers. L’UNESCO pense qu’une grande partie des ressources et du personnel affecté à des tâches purement administratives pourrait être réorientée de manière plus productive et créative.

M. ATUL KHARE (Inde) s’est attaqué au “mythe” selon lequel l’"idéologie de la coopération au développement traverse une crise”. En effet, a dit le représentant, au cours de ces dernières années, nous avons été témoins de diverses tentatives de s’écarter du multilatéralisme avec le danger qu’une telle attitude touche aussi la coopération multilatérale au développement. “Mûs par l’euphorie de la fin de la guerre froide, a ajouté le représentant, beaucoup continuent de croire que les forces du marché, une fois libérées, contribueront à résoudre tous les problèmes. Cette croyance implique bien évidemment que les flux privés finiront par remplacer l’Aide publique au développement même si le déclin de cette Aide a été, d’abord et avant tout, le résultat des pressions budgétaires subies par les pays donateurs Cette évolution, a estimé le représentant, ne fait que témoigner de la volonté des pays donateurs de remettre en question la raison d’être de l’aide extérieure maintenant que les intérêts politiques dictés par la guerre froide n’ont plus lieu d’être.

Donnant quelques éléments qui plaident en faveur de la coopération au développement, le représentant a souligné l’importance pour le système des Nations Unies de disposer de fonds adéquats avant d’arguer que les pays en développement et les Nations Unies ne sauraient se contenter d’un “régime de conseils”. Le représentant s’est ensuite attaqué à un autre mythe selon lequel le financement doit être lié aux résultats des fonds et programmes. Pourtant, a dit le représentant, cette vérité empirique s’est confrontée à la réalité qui montre que les réformes entreprises par les fonds et programmes pour se rendre plus efficaces n’ont pas abouti à une augmentation des ressources. A l’allure où va la diminution de ces ressources, on pourrait presque conclure que moins de réformes égale plus d’argent, a ironisé le représentant. Il a donc plaidé pour un renouvellement de l’engagement politique et le repositionnement de la coopération au développement comme pilier de l’ONU. Venant à la question de la coordination, le représentant s’est demandé ce qu’on entend par ce concept, ce qu’il vise et qui doit en être le responsable. La coordination, a-t-il dit, ne doit pas être placée de façon à dépasser les autres objectifs et être considérée comme un fin en soi. Etant donné que la coordination est surtout utile au niveau des pays, il serait plus judicieux, a dit le représentant, d’en laisser la responsabilité aux gouvernements nationaux. Concluant sur la question de la collaboration avec les institutions de Bretton Woods, le représentant a souhaité qu’une telle collaboration aboutisse à la promotion d’une plus large appropriation par les gouvernements des activités menées sur le terrain. Cette collaboration ne saurait en aucun cas se transformer en un outil servant à imposer des solutions obligatoires aux pays en développement, a insisté le représentant.

M. SATO (Japon) a déclaré que les efforts des Nations Unies en faveur de l’aide au pays en développement à travers les activités opérationnelles de leurs fonds et programmes, sont une indispensable composante de la coopération et de la solidarité internationales. A cet égard, le Japon a continué à versé sa juste quote-part de contributions aux activités de l’ONU et ceci malgré sa difficile situation économique intérieure. Le Gouvernement du Japon a dû faire des emprunts en vue de rétablir ses équilibres financiers intérieurs, et la dette du Japon a atteint la somme de 600 milliards de Yens ces deux dernières années, suscitant des pressions internationales, qui se sont multipliées, pour amener le Japon à limiter ses dépenses. Compte tenu de cette situation nous aimerions que les fonds et programmes de l’ONU soient plus tournés vers l’obtention de résultats concrets sur le terrain et vers une meilleure gestion des ressources disponibles. C’est à cette condition que nous pourrons continuer à mobiliser le soutien de l’opinion publique en faveur des activités de soutien au développement.

M. NIKOLAIL TCHOULKOV (Fédération de Russie) a rejeté l’idée d’une remise en cause du principe des contributions volontaires destinées aux activités opérationnelles. Une remise en cause de ce principe priverait l’ONU de ressources importantes, a dit le représentant. Il a, par ailleurs, jugé prématuré de tirer le bilan du fonctionnement du système MIF, la nouvelle stratégie de financement. L’élargissement de la base de ressources des Nations Unies serait plus efficace, a-t-il dit, si des efforts ciblés étaient déployés pour améliorer la coordination inter institutions et le partenariat avec les institutions de Bretton Woods, les ONG, le secteur privé et les gouvernements des pays récipiendaires et pour simplifier les procédures. Malheureusement, a regretté le représentant, le travail dans cette direction importante de la réforme a été à la traîne. Il s’est montré favorable à la coordination dans les pays en se félicitant du système de l’évaluation commune par pays et du Plan cadre des Nations Unies. Il a d’ailleurs regretté, à cet égard, les difficultés à établir des liens de coordination entre le Plan cadre et le Cadre de développement de la Banque mondiale au niveau des pays. Il a terminé en plaidant pour le renforcement des activités opérationnelles et des activités humanitaires.

M. JEAN-JACQUES GRAISSE, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré qu’en 1999, le fonds de développement du PAM avait reçu 275 millions de dollars. Cette somme était en net recul par rapport à celle de l’année précédente. En vue de renverser cette tendance négative, le PAM a lancé une évaluation participative sur le rôle de l’aide alimentaire dans le développement. Les conclusions de cette évolution ont consisté en une série de recommandations demandant au PAM de mieux orienter et mieux cibler son assistance au développement. Ces recommandations ont aussi défini des domaines d’intervention prioritaires à l’aide alimentaire, et ont demandé qu’un accent particulier soit mis sur les partenariats. Le résultat aujourd’hui est que le PAM joue à fond l’intégration de ses activités à celles des autres fonds et programmes dans le cadre de l’UNDAF et des autres plans d’harmonisation des activités opérationnelles.

En 1999, a poursuivi M. Graisse, 816 millions de dollars ont été versés au PAM pour ses opérations de fourniture d’aide d’urgence. Ce genre d’intervention a souvent permis de sauver des populations entières de la famine, et les donateurs tendent à répondre de façon généreuse aux appels liés à ce genre d’opération. Ceci veut cependant aussi dire que cette aide est très orientée, et le besoin se fait parfois sentir de reprogrammer ce genre d’assistance selon les évolutions que l’on constate sur le terrain. Il serait nécessaire de promouvoir une meilleure prévisibilité du versement des contributions, et en ce qui concerne le PAM, cela pourrait se faire le mieux à travers les Conférences d’engagements de contributions. Ces conférences, pour le PAM, sont organisées conjointement par le Secrétaire général de l’ONU et le Directeur général de la FAO. La somme à atteindre pour l’exercice budgétaire 2001-2002, est de 2,6 milliards de dollars.

M. VLADIMIR GALUSKA (République tchèque) a estimé que la simplification des procédures devrait servir à améliorer les services rendus aux pays récipiendaires et à accroître leurs capacités à gérer les programmes et projets de développement. Le représentant a donc souscrit aux conclusions du Secrétaire général selon lesquelles les progrès en la matière demeurent insuffisants. Il a fait part de sa préoccupation devant le fait que les fonds et programmes des Nations Unies dépendent trop d’un nombre limité de donateurs principalement regroupés au sein de l’Union européenne. Il a convenu, à cet égard, que les flux du secteur privé ne sauraient en aucun cas se substituer à l’Aide publique au développement. Commentant le cas du PNUD, durement touché par la crise de financement, le représentant a estimé que le problème vient de la structure des ressources et de leur destination. Il a ainsi expliqué que 88% des ressources de base du PNUD sont affectés aux programmes destinés aux pays à faible revenus dont 60% vont aux pays les moins avancés. Dans le même temps, le PNUD ne dispose d’aucune règle en ce qui concerne les ressources n’entrant pas dans la catégorie des ressources de base; leur affectation étant décidée par les pays donateurs eux-mêmes. L’expérience a montré que les ressources qui ne sont pas des ressources de base se dirigent surtout vers les pays à revenu intermédiaire et faible et presque pas vers les moins avancés. Compte tenu du déclin des ressources de base chiffrée à 28% pour l’an 2000 et de la croissance de 72% des ressources qui ne sont pas de base, les ressources destinées aux pays les moins avancés devraient donc connaître une chute de 20% cette année et une chute plus sévère encore dans les années à venir. Cette situation n’est pas conforme au mandat du PNUD qui est de s’attacher principalement à l’assistance aux pays les moins avancés, a dit le représentant en plaidant pour plus de contributions aux ressources de base.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a déclaré que malgré le nombre d’années consacrées à l’examen de la question du financement des activités opérationnelles pour le développement, aucune solution n’a pu être trouvée à ce jour. La Chine tient cependant à réitérer que ces activités sont un moyen important par lequel les pays en développement peuvent obtenir l’assistance technique pour laquelle eux-mêmes investissent déjà un montant substantiel de ressources. Mais, à notre grand regret, a dit le représentant, bien que certains pays donateurs attendent beaucoup des activités opérationnelles de l’ONU, et malgré le fait que les fonds et programmes de l’ONU aient fait, à la demande des Etats Membres, beaucoup d’efforts pour améliorer et réformer leurs méthodes de travail, les ressources nécessaires à leurs activités n’ont fait que décroître.

Cette crise financière a fortement miné les capacités d’actions du système de l’ONU et compromis les intérêts de nombreux pays, entre autres ceux d’Afrique. Malgré l’adoption de plans triennaux de financement par les organisations de l’ONU, les ressources n’ont fait que s’amenuiser au fil du temps, la volonté politique au redressement de leur versement étant absente. La Chine pense que les ressources principales devraient venir de l’Aide publique au développement que se sont engagés à verser les pays développés. Nous espérons que ceux d’entre eux qui ont les moyens de le faire et qui n’ont pas rempli leurs obligations auront assez de volonté politique pour tenir leurs engagements et respecter les différentes résolutions pertinentes de l’ONU.

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