ECOSOC/473

CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : LES NATIONS UNIES CONTRIBUENT A L'AMELIORATION SOCIOECONOMIQUE DE MADAGASCAR, CONFIRMENT LES REPRESENTANTS DE CE PAYS

13 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/473


CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : LES NATIONS UNIES CONTRIBUENT A L’AMELIORATION SOCIOECONOMIQUE DE MADAGASCAR, CONFIRMENT LES REPRESENTANTS DE CE PAYS

20000713

Les actions menées par le Gouvernement de Madagascar et ses partenaires, dont les Nations Unies, commencent à porter leurs fruits et contribuent à l’amélioration de la situation socio-économique du pays, a affirmé cet après-midi, le Directeur du Cabinet du Ministre des finances devant le Conseil économique et social qui poursuivait l’examen des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement. Présentant ensuite la situation sociale et économique du pays, la Directrice de Cabinet du Premier Ministre a souligné que, parmi les nombreuses menaces qui pèsent sur les ressources naturelles du pays, certaines ont un caractère récurrent, notamment les cyclones, les inondations et la sécheresse, et d’autres, tels que les invasions de criquets et les épidémies de choléra, représentent des menaces épisodiques. Les représentants des différentes organisations du système des Nations Unies présentes à Madagascar ont ensuite exposé les actions entreprises pour lutter contre la dégradation de la situation socio-économique de la population malgache, dont 54 pour cent sont âgés de moins de 19 ans.

“A Madagascar, les Nations Unies ont pour mission de promouvoir et de contribuer à un développement humain durable, notamment par la réduction de la pauvreté” a expliqué le Coordonnateur résident et Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Les autres objectifs des organisations des Nations Unies sont l’amélioration de l’accès de toutes les couches de la population à une nourriture adéquate par une forte augmentation de la production vivrière; et l’amélioration de la qualité de la vie de la population par l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base. Les Nations Unies s’emploient également à renforcer les capacités institutionnelles par le biais du développement des ressources humaines et de la responsabilisation des bénéficiaires à tous les niveaux.

Les deux domaines d’intervention du système des Nations Unies que sont la lutte contre la pauvreté et l’appui à la gestion des catastrophes naturelles ont été explicités par le représentant de la Banque mondiale et celui du Programme alimentaire mondial (PAM). Le premier a expliqué que le Gouvernement malgache, avec l’appui des Nations Unies, est en train de travailler sur une stratégie participative de lutte contre la pauvreté. visant à la réduire de moitié d’ici l’an 2015, stratégie qui devrait être finalisée en l’an 2001. De leur côté, les différents groupes constitués par le système des Nations Unies mettent au point pour la fin de cette année, un document opérationnel pour les trois prochaines années, qui sera présenté au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale et qui pourrait couvrir la question de la réduction de la dette, dans le cadre de l’Initiative HIPC pour les pays pauvres les plus fortement endettés. Déplorant les retombées de la pauvreté sur la situation sanitaire, le Représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), responsable des actions du “groupe thématique ONUSIDA”, a comparé la situation à une poudrière étant donné la prévalence des maladies sexuellement transmissibles, en particulier de la syphilis, qui favorise la propagation du VIH/sida. Il faut agir le plus rapidement possible, faute de quoi on risque d’assister à une propagation foudroyante de l’épidémie de sida. Le représentant a toutefois salué la participation active des responsables politiques et religieux ainsi que des femmes malgaches à la lutte contre le VIH/sida.

Pour ce qui est de l’avenir des activités des Nations Unies sur le terrain, la représentante du Bureau international du travail (BIT),présentant les recommandations des organisations des Nations Unies, a préconisé l’établissement d’un cadre d’interventions harmonisé, renforcé et décentralisé; la création d’un mécanisme permettant aux agences de financer le budget du Coordonnateur résident; l’instauration d’une plus grande décentralisation et autonomie des bureaux sur le terrain; la promotion d’une politique de renforcement de la capacité du personnel des bureaux sur le terrain; et celle des échanges d’expériences entre les bureaux de pays.

Les représentants du Programme alimentaire mondial (PAM), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) ont également pris la parole. Au cours du dialogue qui s’est ensuivi avec l’équipe de pays des organismes des Nations Unies en poste à Madagascar, le représentant de la Belgique et la représentante de l’organisation non gouvernementale “International Federation of Settlements and Neighbourhood Centers” ont posé des questions.

Demain vendredi 14 juillet, le Conseil économique et social poursuivra son examen des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement.

ACTIVITES OPERATIONNELLES DU SYSTEME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPERATION INTERNATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT

Présentations de l’équipe de pays des organismes des Nations Unies à Madagascar

Mme RAKOTOHARISEHENO RAMISANDRAZANA, Directrice de Cabinet du Premier ministre, a procédé à un bref exposé de la situation économique et géographique de Madagascar ainsi que des nombreuses ressources naturelles que possède ce pays, sur lesquelles pèsent des menaces diverses, en particulier des dangers d’origine anthropique. La représentante a donné plusieurs exemples de modes d’exploitation inappropriés des ressources tels que le défrichement, les incendies de forêt et les feux de brousse, les exploitations minières ou industrielles sauvages ayant des impacts irréversibles sur l’environnement, l’ensablement des rizières et des points d’eau, l’envasement des infrastructures de production portuaires, hydrauliques et routières ainsi que la disparition de la faune et de la flore dont une partie reste non inventoriée. La Directrice de Cabinet a également mis l’accent sur le handicap que représentent les catastrophes naturelles pour le processus de développement. Les cyclones, les inondations et la sécheresse ont un caractère récurrent tandis que les criquets et les épidémies représentent des menaces épisodiques. Ces cataclysmes et fléaux et les pertes en vies humaines ainsi que les dégâts qu’ils provoquent dans les infrastructures engendrent une dégradation des conditions socioéconomiques de la population malgache. La représentante a ensuite précisé que la population malgache est jeune, avec 54% de Malgaches âgés de moins de 19 ans. Si le taux de sous-emploi est élevé (54%), la population active est essentiellement agricole.

A Madagascar, le Représentant résident et Coordonnateur résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné le représentant, les Nations Unies ont pour mission de promouvoir et de contribuer à un développement humain durable, notamment par la réduction de la pauvreté. Les autres objectifs des organisations des Nations Unies sont l’accroissement de l’accès de toutes les couches de la population à une nourriture adéquate par une forte augmentation de la production vivrière; l’amélioration de la qualité de la vie de la population par l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base. Les objectifs communs spécifiques sont également de développer les activités génératrices d’emploi et de revenus, d’appuyer le secteur privé, de développer l’accès aux services des structures d’appui et au micro-crédit ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles par le biais du développement des ressources humaines et de la responsabilisation des bénéficiaires à tous les niveaux.

Le représentant de l’UNICEF a ensuite pris la parole sur le thème de la synergie et de la coordination des interventions. Il a expliqué qu’un cycle de programmation harmonisé est en cours d’installation pour le FNUAP, le PAM, le PNUD et sera mis en place de 2001 à 2003 pour l’UNICEF. Le cycle de programmation sera complètement harmonisé d’ici à 2008. Le représentant a souligné que l’UNDAF (Cadre d’assistance au développement des Nations Unies) est une référence effective pour les programmes de coopération et que les programmes de toutes les organisations du système des Nations Unies sont en harmonie avec les objectifs communs établis par l’UNDAF. Ainsi, une cartographie des interventions des Nations Unies a été établie pour une plus grande synergie des actions.

Les investissements dans le domaine de l’éducation ont été importants et ont permis d’améliorer le système. Cependant, beaucoup reste à faire. En matière d’éducation, les grands axes du cadre d’assistance au développement sont l’apport d’une valeur ajoutée au système d’éducation existant, le développement du niveau de connaissances de la population, l’amélioration de la coordination et de la synergie dans ce domaine et la mobilisation des programmes du système des Nations Unies, des autres bailleurs et probablement de la Banque africaine de développement. Une opération très importante qui sera réalisée à mi-parcours, a ajouté le représentant, est la revue conjointe des programmes. A l’issue de la revue conjointe, l’équipe de pays utilisera les recommandations comme une liste de contrôle pour évaluer les progrès réalisés par le système des Nations Unies. Elle servira également à orienter les futurs programmes de pays et le cadre d’assistance au développement (UNDAF) en fonction des besoins actuels.

Le représentant du Fonds des Nations Unies sur la population (FNUAP), a détaillé le fonctionnement du “groupe thématique genre” que préside le FNUAP et qui a été mis en place pour lutter contre les disparités socio-politiques et économiques entre les femmes et les hommes. Les objectifs du groupe thématique sont de fournir un appui à la coordination du Plan d’action de Beijing et à la formulation de politiques de promotion de la femme. Les résultats et les observations du Groupe thématiques devront être intégrés aux futurs programmes de développement qui seront mis en place. Nous sommes sur la bonne voie pour répondre aux priorités du Gouvernement malgache en matière de parité, a estimé le représentant.

Prenant à son tour la parole, le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a présenté les activités du “groupe thématique ONUSIDA”·en soulignant qu’il s’agit essentiellement d’agir le plus rapidement possible pour réduire le taux d’infection par le VIH/sida et par d’autres maladies sexuellement transmissibles (MST) car, a-t-il estimé, “nous sommes assis sur une poudrière”. En effet, la dissémination est favorisée par l’existence de MST et, à Madagascar, la syphilis a un taux de prévalence de 12% chez les femmes enceintes. Il est donc très important de mener à bien les opérations de prévention, faute de quoi on risque d’assister à une propagation foudroyante de l’épidémie de sida. Outre la constitution du groupe thématique, les actions entreprises ont consisté à sensibiliser les parlementaires, les chefs religieux et les décideurs malgaches. Un plan d’action national a également été mis en place et il a été accompagné d’un “marketing social” des préservatifs et une prise en charge des MST. En outre, les organisations non gouvernementales oeuvrant dans ce domaine ont été formées à la prévention des MST, une surveillance épidémiologique est assurée et les transfusions sanguines sont actuellement entièrement sûres, a assuré le représentant. Cependant, les conditions de pauvreté rendent difficile l’éradication des infections sexuellement transmissibles et font que des femmes sont en contact avec des personnes porteuses du virus. Heureusement, les programmes d’alphabétisation et d’information en malgache permettent des progrès dans ce domaine. Dans la lutte contre le sida, le groupe thématique ONUSIDA compte sur une forte mobilisation sociale, une plus grande implication de la société civile et une mobilisation accrue des ressources.

Expliquant les deux domaines d’interventions des Nations Unies à Madagascar, à savoir la lutte contre la pauvreté et l’appui à la gestion des catastrophes naturelles, le représentant de la Banque mondiale, a indiqué qu’en 1997, le taux de la pauvreté s’élevait à 75%. Il a invité toutefois l’auditoire à relativiser ces chiffres étant donné que Madagascar s’est maintenant engagé dans un cycle de croissance économique qui a donné à l’Etat des moyens d’améliorer les services dans les secteurs sociaux. Mais beaucoup reste à faire, a dit le représentant, en indiquant que le Gouvernement avec l’appui des Nations Unies est en train de travailler sur une stratégie participative de lutte contre la pauvreté. Ainsi six groupes de travail ont été créés qui couvrent le développement institutionnel, le développement rural et l’environnement, la croissance économique, les infrastructures, la santé et l’éducation. Chacun de ces groupes est géré par le Gouvernement avec la participation de la société civile, les Nations Unies, l’Union européenne, la Banque africaine de développement, les organisations bilatéraux et les institutions de Bretton Woods. Le Gouvernement a pu ainsi élaboré un projet de stratégie de lutte contre la pauvreté avec pour objectif de réduire la pauvreté de moitié d’ici l’an 2015. Ce projet est toujours en discussion au niveau du Gouvernement et des régions. Dans le même temps, les différents groupes de travail ont travaillé sur un document opérationnel pour les prochains trois ans avec pour objectif de mettre au point un document provisoire d’ici la fin de l’année. Le document sera présenté au FMI et à la Banque mondiale et pourrait aider à régler les problèmes de réduction de la dette, dans le cadre de l’Initiative HIPC. Le document final devrait lui paraître d’ici juin 2001. Décrivant le programme “sécurité et nutrition”, le représentant a expliqué que ce programme vise à réduire le taux de malnutrition chez les enfants en fournissant aux parents des services d’éducation et d’appui dans ce cadre.

A son tour, le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM), a expliqué les activités d’appui à la gestion des catastrophes naturelles en mettant l’accent sur un cas typique de partenariat entre le Gouvernement, la société civile, les ONG et les institutions des Nations Unies. A partir du mois de janvier et en moins de six semaines, Madagascar a connu trois cyclones et une vague de sécheresse qui a sévi dans l’extrême sud du pays, a expliqué le représentant. Le bilan des cyclones est lourd : 245 morts et 123 000 personnes nécessitant une assistance immédiate multiforme. D’après les différentes évaluations faites par le système des Nations Unies, le pays a besoin de 108 millions de dollars pour la réhabilitation de ses infrastructures. Dans ce contexte, la Commission du système des Nations Unies a été mise en place pour renforcer la coordination des efforts qui travaille sous la direction du Conseil national de secours. La Commission a aussi créé des sous-commissions sur les questions de la logistique, la santé et l’agriculture. Le succès de l’entreprise a été possible grâce à une mise en commun des ressources disponibles et une bonne distribution des rôles entre les organisations du système des Nations Unies. En plus de l’aide humanitaire, le système des Nations Unies a permis de rendre effective sur le terrain la présence du Conseil national de secours par la mise à disposition de ressources financières, humaines et logistiques. De plus, deux unités de coordination des activités ont été créées. Après la mise en place de ces structures, chaque organisation des Nations Unies a évalué les besoins dans chaque secteur le concernant. Le représentant a terminé en mettant l’accent sur les actions nécessaires à venir, à savoir, la mise à disposition de ressources destinées aux besoins d’urgence, une meilleure définition des concepts pour faciliter une appréciation précise des besoins, et une amélioration dans le domaine institutionnel.

Parlant des contraintes opérationnelles du système des Nations Unies, le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a cité les cinq contraintes que sont la baisse des ressources, le manque d’homogénéité dans le concept de programmation conjointe, la rigidité et l’hétérogénéité des réglementations et des procédures, l’insuffisance des moyens de communications et la non-capitalisation des informations; ainsi que la différence de niveaux de décentralisation des activités.

Présentant certaines recommandations, la représentante du Bureau international du Travail (BIT), a suggéré l’établissement d’un cadre d’interventions harmonisé, renforcé et décentralisé; la création d’un mécanisme permettant aux agences de financer le budget du Coordonnateur résident; l’instauration d’une plus grande décentralisation et autonomie des bureaux sur le terrain; la promotion d’une politique claire de renforcement de la capacité du personnel des bureaux sur le terrain; et la promotion des échanges d’expériences entre les bureaux de pays.

Concluant, le Directeur de Cabinet du Ministre des finances de Madagascar a indiqué que de la présentation faite de son pays, deux axes pour des perspectives de coopération entre le Gouvernement de Madagascar et le système des Nations Unies se dégagent. Le premier axe concerne une coopération renforcée avec plus de ressources mobilisées, privilégiant le transfert de compétence, favorisant la participation des partenaires et permettant l’appropriation. Le deuxième axe concerne lui la gestion efficace des ressources pour les actions qui profitent directement aux bénéficiaires, avec des procédures simplifiées et harmonisées et des interventions coordonnées et complémentaires. La Directrice de Cabinet a souligné que les actions menées par son Gouvernement et ses partenaires, y compris le système des Nations Unies, commencent à porter leurs fruits et contribuent à l’amélioration de la situation socioéconomique du pays. Des résultats fort encourageants sont enregistrés au niveau local et communautaire notamment dans le domaine du développement social, a dit la Directrice de Cabinet avant d’estimer que les efforts de redressement et de relance économiques en cours méritent d’être soutenus et amplifiés.

S’exprimant au sujet de l’aggravation de la pauvreté, le représentant de la Belgique, a rappelé les objectifs du Sommet mondial pour le développement social de réduire la pauvreté de 50% d’ici à 2015, et demandé aux représentants de Madagascar si cet objectif pourra être réalisé dans ce pays. Un représentant du Gouvernement malgache a répondu que l’amorce de reprise de croissance économique observée récemment n’a pas permis un recul de la pauvreté car cette croissance ne s’accompagne pas d’une répartition des revenus. Cependant, les effets communs des programmes de lutte contre la pauvreté combinés à l’assainissement des finances publiques permet une croissance positive. Actuellement, la croissance est due à la qualité de la main d’oeuvre, a-t-il précisé. Nous pouvons être raisonnablement confiants en l’avenir, a estimé le représentant.

Répondant à la représentante d’une organisation non gouvernementale qui demandait quel type d’ONG intervient à Madagascar, un membre de la délégation malgache a indiqué qu’il existe des organisations de toutes les tailles, locales, régionales et nationales. Les ONG actives en matière de création d’emploi sont généralement locales et confessionnelles, l’influence des églises n’étant pas négligeable à Madagascar.

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