ECOSOC/467

LE CONSEIL TIENT DEUX TABLES RONDES SUR LA MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS DES CONFERENCES DE L'ONU ET L'AMELIORATION DES PROCESSUS DE SUIVI

10 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/467


LE CONSEIL TIENT DEUX TABLES RONDES SUR LA MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS DES CONFERENCES DE L’ONU ET L’AMELIORATION DES PROCESSUS DE SUIVI

20000710

Poursuivant cet après-midi son débat consacré aux questions de coordination, et notamment au suivi des grandes conférences internationales organisées par l’ONU dans les domaines économique et social et connexes, le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu deux tables rondes sur le thème "Examens quinquennaux des conférences dans les années 90: leçons apprises", et sur celui intitulé : "Le système des Nations Unies face aux défis principaux de la mise en oeuvre des conférences et comment renforcer l’appui fourni par le système des Nations Unies à l’application des résultats de ces conférences et s’assurer que ce soutien est mieux coordonné et intégré pour réaliser les objectifs des conférences".

Introduisant ces tables rondes, le Président, M. Gerhard Pfanzelter (Autriche) a fait remarquer que les grandes conférences organisées par l’ONU au cours des années 90 avaient permis d’attirer l’attention du monde entier sur les questions économiques et sociales. L’ECOSOC, a dit M. Pfanzelter, a joué un rôle central dans la préparation et la coordination des actions liées à la préparation et au suivi des conférences organisées au cours de la décennie écoulée. S’il peut exister un certain sentiment de déception au vu des résultats jusqu’à maintenant obtenus en ce qui concerne la mise en application des recommandations des différentes conférences, il faut cependant reconnaître que malgré des insuffisances, les conférences quinquennales de suivi ont pu atteindre le but qui leur était assigné, qui est de relancer l’intérêt de la communauté internationale à la poursuite des objectifs à atteindre, et de réfléchir sur la manière de mieux préparer les grandes conférences à venir.

La première table ronde sur les leçons apprises concernant les examens des conférences dans les années 90, a donné à ses différents membres l'occasion de présenter les points forts et les faiblesses des procédures de préparation des examens quinquennaux de suivi des grandes conférences des Nations Unies. Ces exercices pourraient devenir plus efficaces, ont estimé la plupart des orateurs, si les thèmes communs à différentes conférences pouvaient être regroupés lors des conférences de suivi, et si la périodicité de ces dernières pouvait être étendue, une période de 10 ans semblant plus indiquée que la période quinquennale actuelle. Concernant le processus préparatoire de la Conférence nationale sur la population et le développement, le représentant du Bengladesh, qui s’exprimait au nom du Président du Comité préparatoire de cette conférence, a relevé les difficultés qu’avaient connu les travaux du Comité. Il s’est avéré, a-t-il dit, qu’il était important de mettre l’accent aussi bien sur les aspects techniques de cette préparation que sur ses aspects purement politiques, mêmes si ceux-ci étaient très sensibles. A cet égard, il a fait remarquer qu’il serait judicieux, dans

l’avenir, d’associer pleinement les ONG, le secteur privé, et la société civile à toutes les étapes des processus préparatoires des conférences de suivi. La souplesse de ces entités et leur capacité à refléter l’opinion et les besoins du grand public les rendent, a estimé le délégué souvent plus à même d’apporter des solutions innovatrices aux questions à l’ordre du jour que ne le peuvent souvent les Etats. La question de la participation des ONG, du privé et de la société civile a été abordée par plusieurs panélistes et délégués, le sentiment général étant que l’amélioration des conditions de leur participation pouvait conditionner la réussite des conférences de suivi.

Au cours de la deuxième table ronde, M. Nitin Desaï, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a estimé que le niveau de la participation politique des Etats lors de la tenue des grandes conférences de la décennie écoulée avait été notablement plus élevé que celui que l’on a observé lors des conférences de suivi "Beijing+5" et "Copenhague+5". Cette tendance semble refléter la baisse de l’implication politique de nombreux gouvernements dans la mise en oeuvre effective, au plan national, des plans d’action issus des conférences, a-t-il dit. Il a confirmé, répondant aux questions de certaines délégations, que la coordination interinstitutions, semblait aussi pâtir de la baisse d’intérêt de certaines capitales envers certains processus de suivi, dont le monde aura encore certainement besoin pendant longtemps, a-t-il dit.

Ont pris part, en tant que panélistes, aux tables rondes de cet après-midi: Mme Christine Kapalata (Tanzanie) Présidente du Comité préparatoire de l’examen quinquennal de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes; Mme Patricia Durrant (Jamaïque) Présidente du Comité préparatoire du Sommet mondial pour les enfants; M. Bagher Asadi (Iran) Vice-Président du Comité préparatoire de l’examen quinquennal du Sommet mondial pour le développement social; M. Zidek Kedzia (Pologne) du Haut Commissariat aux droits de l’homme, et M. Sorcar, délégué du Bengladesh, au nom de M. Anrawul Karim Chowdhury (Bengladesh) Président du Comité préparatoire de l’examen quinquennal de la Conférence internationale sur la population et le développement. M. Nitin Desaï, Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires économiques et sociales; Mme Angela King, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour la parité des sexes et la condition de la femme, et Mme Nafis Sadik, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population, ont pris part aux débats.

Le Conseil économique et social poursuivra son débat sur les questions de coordination demain matin à 10 heures.

TABLE RONDE sur le thème "Examens quinquennaux des conférences dans les années 90 : leçons apprises"

Ouvrant la table ronde, Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) Présidente du Comité préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le suivi du Sommet mondial pour les enfants qui doit se tenir en 2001, a d’abord rappelé que le Sommet, qui s’est tenu en 1990, a été, de son temps, la réunion qui a rassemblé le plus grand nombre de Chefs d’Etats. A l’issue du Sommet, les 71 chefs d’Etat ont entériné une Déclaration et un Plan d’action qui ont réaffirmé le fait que le bien-être des enfants est une question bien plus consensuelle que d’autres questions. Les textes adoptés, a expliqué Mme Durrant, se sont concentrés sur des initiatives concrètes et efficaces comme en atteste la concision du Plan d’action. De plus, le Plan d’action contient des dispositions très claires en matière de suivi et invite l’UNICEF à soutenir les efforts nationaux de mise en oeuvre et de suivi des mesures convenues. Le Sommet a donné lieu à un instrument international contraignant, la Convention sur les droits de l’enfant, le traité international ratifié le plus rapidement et le plus généralement. C’est dans ce contexte, a poursuivi Mme Durrant, que le Comité préparatoire assume la responsabilité d’organiser la session extraordinaire de l’an 2001. L’approche adoptée jusqu’ici permet de penser que le consensus est toujours vivace. La session de fond que le Comité a organisée a donné l’occasion aux participants de confirmer leur engagement à l’égard des enfants. Le Comité préparatoire a également organisé des tables rondes pour faire l’inventaire de la mise en oeuvre des objectifs du Sommet et a tenu des discussions sur les problèmes nouveaux comme les répercussions des conflits sur les enfants, l’impact du VIH/sida, la pauvreté, la dette, l’aide publique au développement, les inégalités, la discrimination et la participation de la société civile et de la jeunesse dans la lutte contre le sida. Le Comité, a dit Mme Durrant, a confié à l’UNICEF le soin de préparer un document sur la suite à donner à la session extraordinaire, lequel sera concis, prospectif, centré sur l’action et fait d’objectifs quantifiables. Pour s’assurer de la participation de tous, le Comité a invité les experts gouvernementaux, ceux des Nations Unies et ceux de la société civile à se réunir pendant l’an 2000. Les ONG devraient également participer aux sessions de janvier et de juin 2001. Les réunions régionales sont d’une importance capitale, a souligné Mme Durrant avant d’estimer que l’un des succès du Comité a été la décision d’inviter les ONG accréditées auprès du Conseil économique et social mais aussi celle qui ont collaboré au niveau national avec l’UNICEF à participer à ses travaux. Les objectifs des années 1990 n’ont pas toujours été réalisés, a reconnu Mme Durrant en exprimant l’espoir que la session de 2001 apportera sa contribution à l’amélioration du sort des enfants.

M. SORCAR (Bangladesh) s’exprimant au nom de M. Anwarul Karim Chowdhury, Président du Comité préparatoire de l’examen quinquennal de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD+5), empêché, a estimé que le processus préparatoire de la CIPD+5 avait été difficile. Nous avons cependant été encouragés, vue l’importance des questions à examiner, à faire face aux grandes difficultés que connaît la majorité de la population mondiale en cette période de mondialisation et de grande pauvreté dans certaines régions du monde, a-t-il dit, et nous avons proposé des mesures que les Etats devraient prendre en vue de mettre fin aux discriminations diverses dont sont encore trop souvent victimes les femmes et les filles. Sur beaucoup de questions le Comité est resté fidèle à l’esprit et aux recommandations du Caire.

Nous pensons que chaque session d’examen "+5" doit avoir ses propres questions sectorielles et quelques thèmes généraux spécifiques. En ce qui concerne la CIPD+5, ceci comprend entre autres, le renforcement des capacités humaines, les transferts de technologies, le soutien effectif de l’environnement international aux objectifs à atteindre, la résolution des questions liées à la pauvreté et à l’emploi, et celles relatives aux droits de l’homme et à la lutte contre les discriminations entre les sexes. Chaque conférence d’examen devrait pensons-nous, profiter des avancées et des résultats positifs obtenus par les conférences de suivi précédentes. Ensuite, a dit le représentant du Bengladesh, nous avons examiné les procédures des réunions et celles des consultations techniques visant la préparation de la Conférence de suivi de la Conférence sur la population et le développement. Nous avons, dans ce cadre, tenu trois tables rondes sur des questions purement techniques, qui ont été suivies de quatre symposiums eux aussi techniques. Un forum international s’est tenu ensuite à la Haye, visant le suivi opérationnel et l’évaluation de la mise en application des recommandations du Caire. Ces réunions techniques préparatoires et ce forum ont contribué à la formulation de propositions allant dans le sens d’une mise en application plus approfondie et plus efficace du Programme d’action du Caire. Ensuite, a dit le délégué, nous nous sommes penchés sur la coordination interinstitution, et sommes arrivés à la conclusion qu’il y aurait un avantage certain à avoir une agence qui jouerait un rôle central dans la préparation et l’organisation des conférences de suivi. Dans le cas de celle du "Caire+5", nous avons pensé que le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), assisté par la Division de la population du Secrétariat de l’ONU étaient les organes les plus appropriés pour jouer ce rôle. Ensuite, le Comité CIPD+5 a examiné la question de l’implication de la société civile au processus préparatoire, qui est, pensons-nous, cruciale. Nous avons pensé à ce sujet que les ONG, le secteur privé, les institutions communautaires, les médias et le reste des institutions de la société civile avaient une souplesse qui leur permet parfois de pouvoir agir sur des questions qui sont politiquement délicates. Ayant plus de flexibilité et moins de contraintes que les Etats, leur action peut être plus innovatrice et fructueuse. Il faudrait donc beaucoup plus les encourager et les impliquer, de manière systématique, dans les travaux préparatoires des conférences de suivi.

Intervenant après le délégué du Bangladesh, le Président de séance a voulu savoir quelle avait été le processus de préparation au niveau régional, en ce qui concerne la préparation de la conférence de suivi du Sommet mondial pour les enfants. Répondant à cette question, la représentante de la Jamaïque a dit que plusieurs réunions régionales s’étaient tenues au niveau ministériel. En ce qui concerne la région d’Amérique latine et des Caraïbes, elle a fait parvenir à l’UNICEF, dans ce cadre, un rapport annuel sur la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence. Ceci a permis de suivre l’évolution des problèmes qui se posaient sur le terrain comme par exemple ceux de la pandémie du VIH/sida, et celle de la question des enfants dans les conflits armés. Il nous est alors clairement apparu qu’une périodicité décennale était préférable à une revue quinquennale de l’application des recommandations et des plans d’actions des grandes conférences, a dit la représentante.

Posant une question supplémentaire, le représentant de la Belgique a souhaité savoir dans quelle mesure il est possible d’intégrer les acquis des Conférences de Beijing et de Copenhague dans le document final de la session extraordinaire sur les enfants pour, a-t-il dit, "éviter de renégocier les mêmes termes dans les mêmes circonstances". Répondant à cela, Mme Durrant n’a pas caché

sa déception devant le fait que les processus de cette année n’aient pas sur tirer parti des documents cités par le représentant belge. Elle a indiqué que le Comité préparatoire s’est, pour sa part, fait fort de tenir compte de ce qui s’est passé durant les autres conférences de suivi. Rappelant le mot d’ordre de "concision" adopté par le Comité préparatoire en ce qui concerne les textes qu’il entend recommander, Mme Durrant a souligné que le Comité s’emploiera plus que jamais à ne pas s’écarter de ce mot d’ordre et a aussi souligné l’intention du Comité de s’inspirer des recommandations des réunions régionales par souci de "partir de la base vers le haut" et pas le contraire.

Prenant à son tour la parole, M. BAGHER ASSADI (Iran), Vice-Président du Comité préparatoire de l’examen quinquennal du Sommet mondial pour le développement social, a estimé que le processus de Copenhague + 5, qui s’est tenu récemment à Genève, a été “bon et positif”. Le document principal concernant les nouvelles initiatives prie ainsi les gouvernements d'adopter une approche intégrée pour que les objectifs de développement soient incorporées dans les politiques générales. Dans ce contexte, un rôle est assigné à chaque acteur de la société. Aujourd’hui, a poursuivi M. Assadi, les gouvernements, l’ONU, les ONG et la société civile sont invités à tout mettre en oeuvre pour que les engagements de Copenhague, confirmés par Genève, soient appliqués de bonne foi. Il a tout de même signalé que lors des négociations sur les textes finaux, les questions des ressources aux fins du développement, celle de la création d’un environnement favorable au développement social, et celle du respect des engagements pris ont été la pierre d’achoppement entre les pays développés et les pays en développement. M. Assadi a donc appelé à un consensus urgent dans ces domaine, au moins en ce qui concerne un cadre global.

Intervenant aussi, Mme CHRISTINE KAPALATA (Tanzanie), Présidente du Comité préparatoire de l’examen quinquennal de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, a indiqué que le Programme d’action de Beijing est un document complexe qui recoupe la plupart des recommandations des réunions au Sommet des Nations Unies. Ce caractère pluraliste implique donc l’adoption d’une approche intégrée, a dit Mme Kapalata, en estimant qu’à l’avenir, il serait utile de procéder aux examens de suivi par segment thématique de manière à aller vers un tout plus cohérent. Il est indispensable, a-t-elle dit, d’examiner la périodicité et les modalités des processus de révisions en arguant qu’une période de cinq ans est un bon laps temps s’il n’est pas automatique. Mme Kapalata a suggéré d’examiner d’autres modalités de révision en défendant l’idée d’une révision au sein du Conseil économique et social.

M. Zidek Kedzia (Pologne), Représentant le Haut Commissariat aux droits de l’homme, a expliqué le processus préparatoire de Vienne+5 et a indiqué qu’étant donné que la Commission des droits de l’homme couvre déjà tous les domaines, la Conférence Vienne n’a pas été un processus d’évaluation mais a offert la possibilité de combler les lacunes et de définir la route à suivre pour les années à venir. Pour lui, la nouveauté apportée par Vienne a été le fait que les droits de l’homme n’y ont plus été vus comme domaine distinct mais comme une partie intégrante du développement et de démocratie. Faisant part de l’évolution institutionnelle et autres depuis la tenue de la Conférence, M. Kedzia a tenu à souligner que les acquis de Vienne ont été possible grâce à la coopération interinstitutions et à l’adoption d’une approche coordonnée. A cet égard, il a souhaité la même coopération pour la réunion à venir sur la lutte contre le racisme qui doit se tenir à Durban, en Afrique du Sud, en 2001.

Le représentant de la France a pris la parole pour faire mention des options que présente le rapport du Secrétaire général sur les possibilités de procéder à un examen de suivi groupé des recommandations et programmes d’action des conférences lorsque leurs thèmes se recoupent. Il existe, d’autre part, la possibilité de procéder à un examen de suivi aux niveaux technique et politique, a-t-il dit, le second niveau d’examen, politique, ne s’imposant que lorsque de nouveaux engagements politiques sont absolument nécessaires. La France aimerait savoir ce qu’en pense la table ronde.

Répondant à cette intervention, M. Bagher Asadi a dit que son sujet méritait d’être discuté et examiné de manière approfondie.

Concluant le débat, le Président de séance, a fait part du sentiment commun des délégués, qui semble se dégager en faveur d’une période d’examen de suivi de 10 ans, au lieu de 5 ans, et a estimé que les proposions françaises méritaient d’être examinées. Le Conseil examinera aussi certainement toutes les suggestions allant en faveur d’un renforcement de son rôle dans la coordination des activités liées aux processus préparatoires des conférences de suivi.

Table ronde sur le thème “Le système des Nations Unies face aux défis principaux de la mise en oeuvre des conférences et comment renforcer l’appui fourni par le système des Nations Unies à l’application des résultats de ces conférences et s’assurer que ce soutien est mieux coordonné et intégré pour réaliser les objectifs de la conférence”

Introduisant la deuxième table ronde, M. Nitin Desaï, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a centré ses remarques sur les processus de mise en application des plans d’action des grandes conférences au niveau national. Le premier impératif à relever, a-t-il estimé, est celui du niveau de la représentation et de la participation des Etats Membres aux conférences et leur implication au niveau du suivi de l’application des recommandations. Lors des conférences de suivi, la plupart des pays se sont fait représenter au niveau ministériel, alors que lors des conférences elles-mêmes, la plupart des Etats étaient représentés au niveau politique le plus élevé: celui des chef d’Etats, a fait remarquer M. Desaï. En observant ce phénomène, qui était très visible lors du Sommet social de Genève, nous faisons donc face à une espèce de défi au niveau du suivi et de la mise en oeuvre, a-t-il estimé. Cependant, sur un autre plan, a-t-il dit, on a constaté un niveau très élevé de collaboration interinstitutions lors de la préparation des conférences de suivi, et c’est un esprit qu’il faudrait veiller à préserver. Des institutions spécifiques ont été mises en place lors des processus préparatoires, et il faudrait veiller à les conserver. Le niveau de participation politique élevé des Etats lors des grandes conférences, comme celles de Rio et de Copenhague, avait sans doute incité les institutions internationales à s’engager, de leur côté, à fond, lors de ces évènements. Et le relâchement sensible que l’on a semblé observer de leur part en ce qui concerne le processus interinstitutions des conférences de suivi, semble suivre la baisse du niveau de participation politique des Etats Membres eux-mêmes. Comment donc veiller à ce que les engagements politiques qui se manifestent lors des grandes conférences de la part des Etats soient toujours reflétées, sans aucun relâchement, quelles que soient les circonstances, dans les travaux interinstitutions de l’ONU? C’est une des questions auxquelles nous devrons répondre.

Concernant le rôle et les conditions de participation des ONG, on constate qu’il y a eu un déclin sensible du soutien des donateurs à leur égard au cours des périodes d’après conférences. La coalition des ONG existe vraiment et défend bien leurs intérêts, il n’y a certes pas de risque de voir les ONG complètement disparaître des différents processus, a dit M. Desaï. Mais il faut quand même veiller à améliorer constamment le cadre de leur collaboration. Quant aux organisations d’experts et de scientifiques, on se rend compte de la haute qualité de leurs analyses lors des processus préparatoires aux conférences de suivi. Concernant enfin la participation des médias, nous relevons le bon niveau de l’intérêt qu’ils portent aux conférences de suivi et qui semble égal à celui qui a existé lors des grandes conférences elles-mêmes.

A son tour, Mme NAFIS SADIK, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a estimé qu’au cours des 90, certains progrès ont été réalisés dans la mise en oeuvre des objectifs des grandes conférences des Nations Unies. Toutefois, l’Afrique sub-saharienne et une partie de l’Asie du Sud sont toujours en retard. Partant maintenir l’élan de ces conférences reste un défi auxquels s’ajoutent d’autres problèmes nouveaux. Aider les pays à réaliser les objectifs des conférences représente un défi opérationnel pour le système des Nations Unies, a souligné Mme Sadik en décrivant les efforts de coordination que le système déploie avant de s’attarder sur les problèmes qui subsistent et au premier rang desquels elle a cité la question de la mobilisation des ressources. La mondialisation, a-t-elle dit, a tendu à réduire les dépenses sociales des pays. La nécessité d’accroître l’APD est donc décisive, a estimé Mme Sadik en invitant les donateurs à renouveler leurs engagements en faveur du Fonds d’affectation pour les activités opérationnelles du système des Nations Unies. Evoquant les processus de révision à venir, Mme Sadik s’est dit favorable à un processus qui permettrait l’examen des questions de développement émergentes. Elle a cité, à titre d’exemple, la tenue de processus de révision thématique sur des questions communes aux institutions du système des Nations Unies. Pour elle, le terrain de plus en plus commun entre le système des Nations Unies et les autres partenaires de développement, comme les institutions de Bretton Woods, donne l’occasion de renforcer la coopération dans un contexte de ressources limitées.

Dernière oratrice, Mme ANGELA KING, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la condition de la femme, a souligné l’importance des processus de révision en ce qu’ils renouvèlent l’attention du monde autour d’un thème donné. Par ailleurs, ces processus fournissent des informations valables et objectives, a dit Mme King en indiquant que le résultat de Beijing + 5 s’est fondé sur la somme des réponses apportées par les Etats à un questionnaire. Au niveau du système des Nations Unies, la création, en 1996, d’un Comité pour la parité des sexes au sein du Comité administratif de coordination (CAC) a été un élément important de l’approche intégrée, a expliqué Mme King en mettant également l’accent sur le Comité interinstitutions. L’un des principaux défis est de s’assurer que la question sur l’égalité des sexes reste au coeur des préoccupations de toutes les institutions. Cette question doit, par exemple, être abordée par l’Assemblée du millénaire mais aussi dans tout examen de questions nouvelles comme les négociations sur la nouvelle architecture financière mondiale. Evoquant la question de la participation des ONG, Mme King a fait part d’une certaine frustration imputable à l’incapacité de ces ONG d’avoir un impact sur les textes finaux des conférences, en particulier celui de Beijing + 5. Mme King a donc appelé à l’amélioration des relations avec ces organisations. Dans le même

ordre d’idées, Mme King a fait part des initiatives nouvelles pour assurer une couverture mondiale de la Conférence Beijing + 5 mais aussi des activités des Nations Unies en la matière. Elle a conclu sur la question des processus de révision en général en proposant au Conseil de se concentrer sur tout les niveaux national et régional avec l’organe intergouvernemental pertinent et en l’occurrence, la Commission de la condition de la femme. Elle a aussi souhaité que les processus de révision se fassent un an avant l’adoption des actions futures pour donner le temps d’étudier avec soin les documents analytiques mis à disposition. De manière générale, Mme King s’est prononcée sur un examen à mi- parcours cinq ou six ans après la conférence avec un accent particulier sur les niveaux national et régional; le niveau international devant être examiné au tous les douze ans. Mme King s’est également prononcée sur des processus thématiques de révision.

Après les exposés des différentes personnalités de la table ronde, la représentante des Etats-Unis a demandé des précisions à M. Desaï, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, sur le lien entre le niveau de participation des Etats et celui de la coordination interinstitutions lors du suivi des conférences. De plus, les Etats-Unis aimeraient savoir si les examens de suivi sont un processus "ad infinitam".

Répondant à ces questions, M. Desaï a dit que le niveau de participation des Etats semblait fluctuer selon l’importance que présente à leurs yeux chaque conférence ou son suivi. Tout dépend de leurs intérêts. La participation aux conférences de suivi semble s’être stabilisée au niveau ministériel. Le monde, a dit M. Desaï, semble attendre des conférences de suivi qu’elles servent de lieu d’expression aux sans voix, et il aura certainement besoin de ce genre de processus pendant un certain temps. Pour donner un exemple précis, l’ONUSIDA a constaté par exemple que la cohérence et la coordination de ses programmes avaient besoin d’être renforcées. Vu l’acuité de la question du VIH/sida, les Etats semblent positivement répondre à cet appel. Mais sur d’autres sujets, comme ceux dont a traité le Sommet de Rio, on observe une baisse de l’attention que leur accordent certaines capitales.

Répondant à son tour, Mme Sadik s’est prononcée pour un “examen normal” au sein du Conseil économique et social pour, a-t-elle dit, en faire un processus plus technique que politique. La promotion des objectifs des conférences sous un angle politique, n’aide pas forcément, a insisté Mme Sadik en exprimant sa volonté d’éviter les répétitions sur les mêmes thèmes. Elle est également revenue sur la nécessité de regrouper les questions communes aux grandes conférences dans le cadre d’un examen thématique. Au bout de dix ans, il serait possible de voir si l’on est en mesure d’atteindre les buts fixés et éventuellement décider du lancement un processus politique. Mme King a repris la parole pour souligner l’importance de l’idée des processus de révision et de la nécessité de continuer de mobiliser les consciences.

Reprenant la série de questions, le représentant de l’Inde a estimé qu’avec le processus de la mondialisation et de la numérisation, une périodicité de dix ans ne serait pas conforme au rythme avec lequel le monde change. Parlant des processus préparatoires en tant que tel, il a argué que l’examen des choses sous l’angle technique ne facilite pas forcément les choses. La nécessité, pour le représentant, est de peaufiner ce type de processus. Il faut un examen au moins un an avant le processus d’examen. Répondant à cela, Mme Sadik a souligné qu'il faut envisager la manière d’éviter une renégociation des choses agrées. Un plus grand effort doit être fait pour que les pays tiennent compte au mieux des résultats des autres conférences et évitent de considérer les questions déjà agrées, lors d’autres processus préparatoires, comme des questions nouvelles.

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