ECOSOC/466

LE CONSEIL OUVRE SON DEBAT CONSACRE AUX QUESTIONS DE COORDINATION EN EXAMINANT LES PROCEDURES DES CONFERENCES QUINQUENNALES DE SUIVI DES GRANDES CONFERENCES DE L'ONU

10 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/466


LE CONSEIL OUVRE SON DEBAT CONSACRE AUX QUESTIONS DE COORDINATION EN EXAMINANT LES PROCEDURES DES CONFERENCES QUINQUENNALES DE SUIVI DES GRANDES CONFERENCES DE L’ONU

20000710

Poursuivant ce matin les travaux de sa session de fond sous la présidence de M. Gerhard Pfanzelter (Autriche), le Conseil économique et social a ouvert son débat consacré aux questions de coordination en examinant la question de la “Coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies se rapportant à l’évaluation des progrès réalisés au sein du système des Nations Unies, dans le cadre de conférences d’examen, en ce qui concerne la promotion de l’application et du suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU dans les domaines économique et social et les domaines connexes”.

Au cours du débat, les délégations ont fait l’examen et le bilan des mesures prises pour assurer ou promouvoir un meilleur suivi des grandes conférences de l’ONU à travers le processus des conférences quinquennales de revue de type Beijing+5 ou Copenhague+5. De nombreuses propositions ont été faites en vue d’améliorer les progrès réalisés vers l’élaboration d’une approche intégrée de la mise en œuvre des résultats des conférences. S’exprimant nom de l’Union européenne et des pays associés, la France a estimé qu’il était nécessaire, après la tenue de deux conférences quinquennales d’évaluation cette année, celles de Beijing+5 et de Copenhague+5, de dresser un premier bilan de leurs procédures. A ce sujet, le représentant de la France a proposé que soient distingués deux niveaux d’examen au cours de ces conférences, qui auraient trait en premier lieu aux aspects techniques et d’évaluation, et en second lieu à l’aspect politique des questions débattues durant les travaux. L’Union européenne, a-t-il dit, estime que le contenu technique des examens de suivi et de la cohérence des efforts de suivi nationaux et internationaux devraient être renforcés, et elle propose que soient renforcés le contenu technique des examens de suivi et la cohérence des efforts de suivi. A ce sujet il serait louable que soient accrues l’utilisation de groupes d’experts, des nouvelles technologies de l’information, et que les institutions de Bretton Woods, les Commissions économiques régionales et les institutions spécialisées soient beaucoup plus impliquées dans les efforts déployés.

Parlant de la cohérence des conférences quinquennales d’examen, l’Observateur de la Suisse a quant à lui suggéré qu’une partie du débat tenu durant les conférences d’examen, des questions transversales relatives aux conditions cadres pour le développement, à la bonne gestion des affaires publiques, à la macroéconomie, y compris les questions de la dette et du commerce, soit recentrée au niveau du Conseil, ce qui permettrait de faire un examen et une revue annuelle de ces questions. Il a exprimé, sur la question de la périodicité, l’appui de sa délégation à un examen décennal plutôt que quinquennal des résultats

des grandes conférences de l’ONU. Concernant la mise en œuvre des recommandations des grandes conférences, la délégation du Nigeria au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et celle de la Chine, ont insisté que le manque de soutien des pays développés était l’une des causes principales du peu de résultats concrets obtenus. Si les gouvernements ont la responsabilité première de la mise en œuvre des recommandations des conférences, ils ne peuvent cependant le faire dans un cadre international caractérisé par la chute drastique de l’aide publique au développement et le non-respect par les pays riches des engagements pris envers les différentes agences et institutions du système de l’ONU sur le plan des ressources. De plus, le manque de données statistiques et d’indices justes et fiables semble fausser la substance des débats et le résultat même des conférences, ont estimé ces délégations, rejointes en cela par celle du Brésil.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole au cours du débat de ce matin : Nigeria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine; Brésil; France, au nom de l’Union européenne; Mexique; Chine; Norvège; Cuba; Etats-Unis; Croatie et Japon. L’Observateur de la Suisse et la représentante de l’organisation non gouvernementale “International Fédération of Neighborhood Center” ont également pris la parole.

Le Conseil économique et social tiendra, cet après-midi, à partir de 15 heures, une table ronde sur le thème : “Examens quinquennaux des conférences dans les années 90 : leçons apprises”. Une autre table ronde aura lieu, de 16h30 à 18 heures, sur le thème : “Le système des Nations Unies face aux défis principaux de la mise en œuvre des conférences et comment renforcer l’appui fourni par le système des Nations Unies à l’application des résultats de ces conférences et s’assurer que ce soutien est mieux coordonné et intégré pour réaliser les objectifs de conférence”.

Pour l’examen du thème de son débat, le Conseil était saisi ce matin de deux rapports.

DEBAT CONSACRE AUX QUESTIONS DE COORDINATION

Coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies se rapportant aux thèmes ci-après : évaluation des progrès réalisés au sein du système des Nations Unies, dans le cadre de conférences d’examen en ce qui concerne la promotion de l’application et du suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU dans les domaines économique et social et domaines connexes

Présentation de rapport et débat général

M. PATRIZIO CIVILI, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires inter organisations, a déclaré en présentant le rapport du Secrétaire général que le segment de coordination doit être placé sous le signe des solutions et des stratégies à adopter pour répondre aux questions les plus urgentes qui se posent dans le cadre du développement. Le rapport parle d’un effort visant à aider le Conseil à participer au renforcement du processus des conférences quinquennales d’évaluation. Ensuite, sur le plan institutionnel, on pourrait commencer à s’appuyer sur les bilans des deux conférences quinquennales qui viennent de se tenir cette année. Nous savons que les négociations ont parfois été très longues pour aboutir aux documents finaux de ces conférences. Toute évaluation doit considérer un examen de tous les processus qui ont été mis en œuvre durant Beijing+5 et Copenhague+5. Certains pourront estimer que leur tenue est trop récente pour commencer à en tirer des conclusions, mais nous pensons que le moment actuel est au contraire propice, vu l’urgence des problèmes qui se posent en matière socioéconomique. Il n’y a pas de solution parfaite, mais on pourrait trouver des dispositions pouvant donner plus de chances de réussite aux conférences quinquennales d’évaluation tout en préservant leur esprit, qui est d’y faire participer tous les acteurs de la vie internationale. Quant au rôle du Conseil, dans le processus même des Conférences, on a pu observer qu’il s’était posé comme le point de coordination majeur des actions inter organisations. L’intégration des femmes au développement, la dimension des droits de l’homme dans le développement et l’aide à l’Afrique et aux pays en développement sont des exemples des actions dont le Conseil a été l’élément moteur et coordinateur. On observe aussi que la participation de la société civile et des ONG s’intensifie, et nous espérons que ce processus sera renforcé par le Conseil dans le cadre du suivi des conférences.

M. OSITADINMA ANAEDU (Nigeria) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qu’il regrette la parution tardive du rapport sur l’évaluation des progrès réalisés au sein du système des Nations Unies, dans le cadre de conférences d’examen, en ce qui concerne la promotion de l’application et du suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU dans les domaines économique et social et domaines connexes. Il a également estimé que les grandes conférences et réunions au sommet des Nations Unies des années 1990 ont contribué au développement d’un cadre d’action intégré et d’un partenariat mondial pour le développement. Les pays en développement sont particulièrement préoccupés par le manque d’application des objectifs des conférences et par l’incapacité des pays développés à remplir leurs engagements formulés lors des différentes réunions. Le représentant a admis que les gouvernements sont responsables de l’application des objectifs fixés par les conférences mais il a souligné que, dans les pays en développement, cette application repose sur l’aide de la communauté internationale. Les pays en développement ont déployé des efforts pour mobiliser les ressources nationales en dépit du fait qu’elles soient insuffisantes, a souligné le représentant. Il a regretté la baisse de l’aide publique au développement ainsi que des ressources attribuées aux organes et agences des Nations Unies qui participent à l’application des objectifs des conférences, notamment le PNUD, la FAO, l’UNICEF, l’UNESCO et l’OMS.

En ce qui concerne la future évaluation des conférences, le Groupe des 77 et de la Chine estiment qu’il est nécessaire de faire preuve de flexibilité. Il est important que les principaux organes des conférences puissent déterminer la date de cet examen ainsi que sa nature, au cas par cas. Le Groupe des 77 et de la Chine souscrivent à l’opinion exprimée par le Secrétaire général selon lequel les examens devraient s’appuyer sur des rapports nationaux et régionaux ainsi que sur des évaluations techniques. Il est également important que cette évaluation générale utilise des données statistiques fiables.

Le représentant a appelé le Conseil à déployer des efforts pour encourager les partenariats entre le système des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods, le secteur privé ainsi que les acteurs importants dans le cadre de l’adoption de mesures et d’initiatives d’application des engagements, accords et décisions pris lors des grandes conférences et réunions au sommet.

M. GELSON FONSECA JR. (Brésil), observant que l’année prochaine marquera la fin du cycle d’évaluation à cinq ans des résultats produits par les grandes conférences internationales des années 1990, a insisté sur le rôle de l’ECOSOC dans ce processus. Ainsi, il importe que la Commission des statistiques poursuive son examen du travail d’harmonisation des indices au niveau international afin de permettre à l’ECOSOC d’évaluer efficacement le suivi des grandes conférences internationales. Dans ce contexte, la Division de statistique de l’ONU a un rôle important à jouer dans la promotion des échanges d’informations sur les donnés et les indices présentés par les diverses institutions nationales et internationales. Se fondant sur les travaux de sa Commission des statistiques et de ses autres commissions, l’ECOSOC devrait être en mesure non seulement d’évaluer le suivi des grandes conférences internationales, mais aussi d’identifier les nouveaux obstacles à leur réalisation et d’en informer l’Assemblée générale. Pour sa part, la communauté internationale devrait se fixer des objectifs quant au financement des engagements pris au niveau international. Il importe également que les commissions régionales participent à ce processus d’évaluation et que l’on encourage la participation d’experts des pays en développement dans toutes les commissions de l’ECOSOC. En outre, il faut apporter un appui technique et logistique aux pays en développement afin de les aider dans la collecte des données.

Se fondant sur l’expérience de son pays, le représentant a souligné l’importance du rôle du coordonnateur résident qui, au-delà de l’aide qu’il apporte aux gouvernements des pays en développement, assure la coordination des actions entreprises par les institutions du système des Nations Unies. Par ailleurs, le renforcement des capacités nationales en vue de réaliser les objectifs dégagés au cours des grandes conférences internationales devrait clairement figurer comme objectif dans les programmes et les projets de l’ONU. En effet, il faut soutenir les efforts nationaux par un environnement international favorable. Pour ce faire, il convient de favoriser les transferts de technologies vers les pays en développement, d’imaginer des solutions durables au problème de la dette, d’assurer la stabilité des flux financiers, y compris l’investissement étranger direct et l’aide publique au développement, ainsi qu’un accès libre aux marchés pour les produits des pays en développement. En dernier lieu, le représentant a mis l’accent sur le fait que la communauté internationale devrait soutenir la coopération Sud-Sud qui a un rôle important à jouer dans la réalisation des objectifs dégagés par les grandes conférences des Nations Unies.

M. JEAN-DAVID LEVITTE, (France, au nom de l’Union européenne et des pays associés), a rappelé que le thème du segment de coordination avait été proposé l’année dernière par l’Union européenne (UE) pour une raison simple: après que plusieurs examens quinquennaux de suivi des Conférences de l’ONU aient déjà eu lieu, il est nécessaire de dresser un premier bilan et d’examiner si les procédures de suivi adoptées jusqu’à présent ont permis d’atteindre les objectifs qui leur étaient assignés. L’Union européenne estime que dans certains cas, les résultats des examens de suivi ont été bien modestes par rapport à la mobilisation des ressources administratives et au coût financier qu’elles ont entraîné pour les Etats, notamment les pays en développement, et pour les Nations Unies. D’après le rapport du Secrétaire général, la période de 5 ans choisie pour procéder à une évaluation des grandes conférences de l’ONU est trop courte pour procéder à une évaluation significative des politiques de mise en œuvre. La longueur du processus de négociation des documents finaux s’explique partiellement par des tentatives de renégociation des résultats des Conférences elles-mêmes, dit le rapport, et on constate aussi une absence de cohérence entre les textes des examens “+5” sur certains sujets transversaux. L’Union européenne rejoint très largement ce constat sur le caractère insuffisant de la procédure de suivi des Conférences. Nous souhaitons que ce segment de coordination puisse permettre au Conseil d’engager un dialogue constructif sur les moyens de remédier aux insuffisances actuelles.

L’Union européenne estime qu’il serait souhaitable de distinguer deux niveaux dans les examens de suivi des Conférences: un niveau technique et d’évaluation et un niveau politique. En second lieu, nous estimons que le contenu technique des examens de suivi devrait être renforcé, de même que la cohérence des efforts de suivi aux niveaux national et régional. L’utilisation accrue des travaux des groupes d’experts et des nouvelles technologies de l’information et une implication plus étroite des institutions spécialisées, des commissions économiques régionales et des institutions de Bretton Woods pourraient y contribuer. En troisième lieu, l’Union européenne souhaite rappeler son attachement aux travaux menés par plusieurs organisations internationales, en étroite liaison avec les Etats, en vue de développer un ensemble cohérent d’indicateurs communs. La surveillance de l’évolution d’un nombre limité d’indicateurs sélectionnés sur la base des objectifs des Conférences serait très utile aux commissions techniques pour évaluer les progrès réalisés. L’Union européenne appuie, d’autre part, la proposition qui figure au rapport du Secrétaire général, visant à éviter la même année la concomitance de deux ou plus examens de suivi. Dans cette optique, l’idée d’organiser un suivi groupé des Conférences dont les thèmes sont intimement liés mérite d’être étudiée de façon approfondie.

M. ROGELIO MARTINEZ-AGUILAR (Mexique) a déclaré que les grandes conférences et réunions au sommet des Nations Unies ont été une contribution importante au processus de recherche de solutions créatives aux grands défis posés par la mondialisation et le développement, les déséquilibres régionaux, les problèmes de l’environnement, les inégalités entre les sexes ainsi que d’autres problèmes du monde moderne. Ces réunions sont des assemblées dans lesquelles la communauté internationale est parvenue à faire converger ses efforts nationaux, régionaux et internationaux en faveur d’un développement partagé et enraciné dans les principes d’équité et de responsabilité commune. On ne peut parler de développement durable sans évoquer le Sommet de Rio de Janeiro ou d’éradication de la pauvreté sans parler de Copenhague, a souligné le représentant.

M. Martinez-Aguilar a ajouté qu’il est important d’assurer un suivi adéquat des consensus politiques qui s’étaient manifestés lors de ces manifestations en matière de coopération internationale à l’échelle mondiale. C’est pour cette raison que le rôle de coordination du Conseil économique et social dans le traitement des thèmes communs aux conférences et réunions au sommet des Nations Unies a été renforcé, sans porter atteinte au rôle prédominant de l’Assemblée générale. La communauté internationale doit persévérer dans l’application des objectifs et des engagements qu’elle s’est fixés, partager ses expériences et identifier et surmonter les obstacles à cette application en organisant des consultations régionales et mondiales.

Pour obtenir de meilleurs résultats, a estimé le représentant, il convient d’améliorer les méthodes de travail et, entre autres, de renforcer les travaux préparatoires, notamment lors des consultations régionales préalables. M. Martinez-Aguilar a également déclaré qu’il faut éviter les chevauchements en échelonnant les périodes d’examen et en améliorant la coordination entre les organes de suivi. Une autre option serait de rationaliser les cycles d’examen en espaçant les sessions extraordinaires de l’Assemblée générale de dix ans.

M. LU JINGTAO (Chine) a associé sa délégation à la déclaration faite par le Nigeria au nom du Groupe des 77. Le but de l’examen des “Conférences +5” est de faciliter l’application des résultats de ces conférences. Mais le chemin reste encore long, si l’on veut obtenir des résultats satisfaisants. L’application des recommandations est rendue très difficile, notamment par l’attitude des pays développés qui ne respectent pas les engagements qu’ils prennent. Ainsi, leur soutien au développement va décroissant, et à ce sujet il n’y a qu’à observer l’évolution de la question de l’aide publique au développement. Il ne faudrait donc pas seulement mettre l’accent sur l’application des résultats de Conférences au niveau national en blâmant les seules nations en développement, mais aussi au niveau international. Il revient aux pays développés de soutenir les pays en développement à travers des transferts réels de technologies et des financements adéquats. La Chine soutient l’action du Conseil en ce qui concerne la coordination des actions à mener pour rendre plus efficace le résultat du suivi des grandes conférences. Le Comité administratif de coordination, a à ce sujet, fait beaucoup d’efforts, mais nous espérons que la transparence ira croissante dans ses travaux. Concernant la périodicité et la tenue des Conférences d’examen, nous sommes pour la tenue d’une seule conférence par an. Nous pensons que l’évaluation d’une conférence pourrait aussi se faire 10 ans après sa tenue. Mais nous ne pensons pas que l’on puisse regrouper les thèmes de plusieurs conférences en une seule conférence d’examen.

M. AGE B. GRUTLE, Directeur général au Ministère des affaires étrangères de la Norvège, a estimé que les conférences mondiales des Nations Unies ont permis d’établir un cadre intégré et un partenariat mondial pour le développement. Leur suivi a quant à lui permis de placer plus haut dans l’ordre du jour politique mondial un certain nombre de problèmes sociaux et économiques. De manière générale, ce processus a permis d’énoncer les différents défis posés à l’humanité en ce passage à un nouveau siècle. A l’heure actuelle, il ne reste plus à effectuer qu’une réunion d’examen à mi-parcours, celle d’Habitat II +5. Les discussions de la présente session de l’ECOSOC peuvent à cet égard orienter le contenu de ce processus de suivi. De l’avis de la Norvège, l’aspect fondamental de ces sessions d’examen est l’évaluation des progrès et l’identification des obstacles concernant les questions de fond. Elles doivent pour cela s’appuyer sur une série d’indicateurs et être tournées à la fois vers l’avenir et vers l’action. Ainsi que l’indique le rapport du Secrétaire général, l’un des éléments essentiels du succès des conférences de suivi est l’implication croissante de la société civile. Une plus grande participation des populations dans la mise en œuvre des politiques, tant au niveau national qu’au niveau mondial, a ainsi été possible. Le “Comité de dialogue” mis en place lors de la conférence Habitat II fournit un exemple des approches plus novatrices nécessaires pour augmenter encore la participation de la société civile. Il est important de maintenir l’élan de ce nouveau partenariat ainsi établi, a insisté M. Grutle, qui s’est également félicité de la collaboration accrue entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods.

Parmi les obstacles rencontrés lors des processus de suivi des grandes conférences, M. Grutle a notamment cité le peu de temps prévu pour ces réunions d’examen, la tentation de réouvrir la négociation sur les questions de fond ainsi que la période assez rapprochée séparant la tenue de la conférence mondiale elle- même et la première étape d’évaluation. La nature du processus d’élaboration des rapports nationaux et le format de ces rapports constituent également un autre problème. A cet égard, M. Grutle a estimé qu’un processus d’élaboration standard, dans lequel un même rapport pourrait être utilisé pour plusieurs conférences d’examen, allié à un contenu plus précis et ciblé, les rapports pouvant par exemple se concentrer sur une vingtaine de questions clefs, permettraient de tirer davantage parti du processus de suivi, qui, selon lui, ne s’est jusqu’alors pas révélé très utile. Le suivi des questions de fond devrait, de l’avis de la Norvège, être contrôlé et coordonné par l’ECOSOC. Il devrait également faire partie intégrante de ses différents organes subsidiaires. En outre, il faudrait demeurer souple quant à la manière dont les processus d’évaluation à venir doivent se dérouler. Dans cette perspective, M. Grutle a proposé que le suivi de fond soit intégré au travail régulier des commissions de l’ECOSOC et que l’on organise, sous un format différent, davantage de réunions d’examen plus générales. Il a aussi jugé nécessaire de se demander si ce suivi doit avoir lieu tous les 5 ans ou bien simplement lorsque cela paraît opportun. Le Conseil économique et social pourrait donc demander à ses commissions d’envisager les différents modes et modalités des processus de suivi à venir.

MME HORMILLA CASTRO (Cuba) a regretté la parution tardive des documents sur le point à l’ordre du jour qui aurait un effet sur le progrès des négociations et des délibérations. Les priorités restent les mêmes, les obstacles subsistent et un effort conjoint de tous les acteurs s’impose pour atteindre les objectifs que les conférences se sont fixés. Elle a déclaré que la question des indicateurs est très importante. Il faut mettre en place des infrastructures dans les pays en développement afin de permettre la collecte de données dans le cadre du suivi. La représentante a regretté que l’on place davantage l’accent sur les engagements des pays en développement que sur les responsabilités des pays développés, notamment en matière d’aide financière et de transfert de technologies. Il est important que les décisions du CAC fassent l’objet de consultations avec le Conseil économique et social.

M. PIERRE HELG (Suisse) a déclaré que le Conseil devrait, dans le sens de ses conclusions de 1995, recommander que les Conférences de revue, comme les Commissions fonctionnelles, se concentrent sur les questions centrales relevant de leur mandat, et que les questions connexes ou générales, souvent fondamentales, soient traitées dans un cadre approprié. A ce titre, la Suisse se demande si le débat d’une partie des questions transversales – conditions cadres pour le développement, bonne gestion des affaires publiques et macroéconomie, y compris les questions de la dette ou du commerce - ne pourrait pas être recentré, par exemple au niveau du Conseil. Ce pourrait être l’occasion annuelle de faire la revue des conditions cadres pour le développement, conditions qui seraient ensuite reprises directement ou référencées par les autres institutions onusiennes. Concernant la question de l’amélioration du processus, nous croyons, a dit le représentant, que les conférences de revue ne devraient se dérouler qu’à des intervalles d’en moyenne 10 ans, et que les Commissions fonctionnelles devraient en assurer le suivi intérimaire, selon leur mandat. Nous voyons du mérite à placer les revues décennales sous la responsabilité, dans la mesure du possible, d’un organe spécifique des Nations Unies, tels que les Fonds et Programmes ou les agences spécialisées, qui en seraient les maîtres d’oeuvre.

MME BETTY KING (Etats-Unis) a estimé que le rapport sur l’évaluation des progrès réalisés au sein du système des Nations Unies, dans le cadre de conférences d’examen, en ce qui concerne la promotion de l’application et du suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU dans les domaines économique et social et domaines connexes, donne une bonne idée de ce qui se passe sur le terrain. Ce rapport fournit également des recommandations intéressantes. La représentante a estimé que, dans le cadre du processus d’évaluation, il conviendrait d’identifier les enseignements découlant de l’application des objectifs et les obstacles à cette application. Les initiatives prometteuses devraient également être mises à profit.

Mme King a estimé que, dans certains cas, un examen technique est plus approprié qu’un examen général de caractère plus politique. Elle a été d’avis que l’examen de l’application des objectifs au bout de cinq ans est une procédure trop rapide qui ne tient pas compte des contraintes rencontrées par les pays examinés. La représentante a estimé qu’on avait trop mis l’accent sur la question du financement du développement. Au cours des trois jours pendant lesquels le Conseil se penchera sur ces questions, il faudra insister sur les questions de coordination et sur l’élaboration d’un mécanisme de suivi thématique.

M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a souhaité que, dans le cadre de l’examen des différentes options pour l’évaluation prochaine de la mise intégrée des conférences des Nations Unies, les commissions techniques du Conseil économique et social se penchent sur l’impact de chacune des options aux niveaux national, régional et international. Il a aussi souhaité que le Conseil envisage favorablement les modalités consistant à organiser des réunions spéciales en son sein. Le représentant a également estimé que les commissions techniques doivent continuer à assumer la responsabilité première en ce qui concerne le suivi et le processus d’évaluation des grandes conférences arguant que le travail de coordination du Conseil économique et social pourrait bénéficier d’une plus grande coopération entre ces commissions. Soulignant le caractère unique de chaque conférence, le représentant a mis l’accent sur le fait que le concept de suivi coordonné implique que les conférences soient évaluées sous l’angle de leur interdépendance et de la contribution que chacune d’elles peut faire à la mise en place d’un cadre intégré de partenariat global pour le développement. En ce qui concerne le moyen terme, le représentant a suggéré au Conseil de faire une évaluation des progrès effectués dans la mise en œuvre de toutes les conférences avec pour but ultime d’en faire un examen global.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a fait observer que dans la mesure où la mise en œuvre des plans d’action est d’une importance cruciale, les sessions d’examen - telles que “Beijing plus 5” et le “Sommet social plus 5”, qui se sont récemment tenus –visent à assurer une mise en œuvre effective et efficace. De l’avis de la délégation japonaise, la tenue de ces réunions sous forme de sessions extraordinaires de l’Assemblée générale ou de réunions à grande échelle sont utiles lorsqu’elles sont organisées de manière appropriée, car elles peuvent renforcer l’élan politique en faveur de l’accomplissement des engagements pris dans le cadre des grandes conférences, et sensibiliser la population aux questions examinées. Toutefois, a noté M. Kobayashi, on a tendance à convoquer des sessions extraordinaires presque automatiquement et trop fréquemment. En outre, l’impact des documents finaux a été souvent atténué par leur brièveté et le caractère vague de leur contenu. Leur impact est également affecté par la répétition des mêmes questions, réunion après réunion, sans tenir compte du thème choisi. En outre, les efforts visant à produire ces documents tendent à être excessifs.

Dans ce contexte, le Japon propose de ne tenir de sessions d’examen - plus 5 ou plus 10 - qu’après avoir examiné de manière approfondie les progrès réalisés dans la mise en œuvre des plans d’action ou lorsqu’on est confronté à de nouveaux défis. Il faut en premier lieu essayer de procéder aux examens et aux évaluations au cours des sessions ordinaires des commissions principales de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC, et de ses commissions techniques en rationalisant davantage leur ordre du jour. Lorsque la nécessité de convoquer une réunion indépendante est confirmée, il faudrait examiner la possibilité de tenir une session extraordinaire de l’ECOSOC ou d’un de ses organes subsidiaires avant de convoquer une session extraordinaire de l’Assemblée générale ou une réunion mondiale. Des précautions devraient être prises avant de décider de la tenue d’une telle session pour l’évaluation quinquennale. Des efforts devraient être déployés afin que ce type de sessions soient limitées à une par an. Lorsqu’il semble absolument nécessaire d’en convoquer davantage, il faudrait prévoir un intervalle suffisant entre deux sessions extraordinaires afin que le calendrier ne soit pas surchargé et qu’il n’y ait pas d’incidences négatives sur d’autres réunions. En outre, dans tous les cas, il faudrait envisager la possibilité de regrouper les thèmes étroitement liés et les examiner en même temps.

Les documents finaux de ces sessions devraient être aussi ciblés et concis que possible. Les discussions sur des questions qui exigent une expertise particulière devraient être confiées à d’autres organes compétents, notamment les commissions techniques de l’ECOSOC. A cet égard, la délégation japonaise estime que l’ECOSOC pourrait, à sa présente session de fond, se prononcer sur les propositions concernant l’organisation des prochaines sessions d’évaluation et poursuivre l’examen de la question, peut-être en formant un petit groupe de délégations intéressées, à sa prochaine session de fond. L’ECOSOC devrait être alors en mesure d’adopter une décision finale.

MME LUBIN(International Fédération of Neighborhood Centers) a exprimé son accord avec les opinions exprimées par les orateurs qui ont pris part au débat sur l’évaluation des progrès réalisés au sein du système des Nations Unies, dans le cadre de conférences d’examen, en ce qui concerne la promotion de l’application et du suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU dans les domaines économique et social et domaines connexes. Elle a estimé que l’idée que toute décision doit être adoptée par consensus freine l’évolution des textes adoptés dans le cadre des conférences d’examen et oblige les participants à s’adapter au plus petit dénominateur commun. La façon dont de questions telles que l’éradication de la pauvreté ont été traitée a parfois été contradictoire et fragmentée. La représentante a estimé qu’il faut mettre l’accent sur la création d’emploi. La question des services sociaux de base n’a pas non plus été traitée comme un problème prioritaire et n’a pas reçu le soutien financier adéquat. En outre, le domaine d’action sur cette question est resté trop restrictif. Pour ce qui est du logement, le Programme d’action d’Action 21 est différent de celui de la conférence de Rio et de un Habitat, a relevé la représentante. Il est important que des réunions régulières se tiennent entre les commissions techniques pour mettre en place une démarche coordonnée, notamment dans les domaines du logement, de la parité, de la jeunesse et du développement social. La représentante a appuyé la proposition d’une annulation des dettes des pays en développement mais a estimé que cette question doit être traitée par une autre instance.

Documentation

Rapport du Secrétaire général sur l’évaluation des progrès réalisés au sein du système des Nations Unies, dans le cadre de conférences d’examen, en ce qui concerne la promotion de l’application et du suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU dans les domaines économique et social et les domaines connexes (E/2000/57)

Le Secrétaire général consacre son premier chapitre aux enseignements tirés des conférences chargées d’en examiner les résultats cinq ans plus tard et y décrit les difficultés liées aux processus de suivi de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, du Sommet mondial pour le développement social, de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, de la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires, de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains, de la Conférence internationale sur la population et le développement, de la Conférence mondiale sur les droits ou encore de la Conférence mondiale sur l’éducation pour tous. Compte de la difficulté qu’il y a à maintenir une cohérence entre les suivis de ces conférences, le Secrétaire général propose quatre options au Conseil économique et social. La première option serait de tenir une seule manifestation décennale pour faire le bilan des conférences d’une manière séquentielle. La deuxième option serait de regrouper l’examen de la mise en œuvre de plusieurs programmes d’action qui sont liés au cours d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale. La troisième option serait d’échelonner le processus de suivi de façon à ce qu’il n’y ait qu’une conférence d’examen dans une année donnée et la quatrième option serait que les évaluations et bilans quinquennaux des conférences soient effectués par les commissions techniques elles-mêmes, le Conseil économique et social et l’Assemblée générale; des sessions extraordinaires n’étant organisées que pour les bilans décennaux. Le Secrétaire général s’attarde ensuite sur les progrès réalisés vers l’élaboration d’une approche intégrée de la mise en œuvre des résultats des conférences.

Dans ce chapitre, il explique les problèmes liés à l’intégration et à la cohérence des politiques en constatant notamment qu’au niveau national, l’intégration des aspects économiques, sociaux et autres dans des stratégies nationales de développement durable reste relativement limitée. Le Secrétaire général recommande donc au Conseil économique et social d’inviter les gouvernements à veiller, lorsqu’ils élaboreront d’ici à 2002 des stratégies de développement durable, à tenir compte des objectifs généraux des différentes conférences tels que l’élimination de la pauvreté, l’égalité entre hommes et femmes et le développement des pays les plus pauvres.

Au niveau du système des Nations Unies, le Secrétaire souligne que la nécessité d’adopter une approche intégrée apparaît clairement dans les différentes stratégies mises en œuvre, tels le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, le Cadre général de développement de la Banque mondiale, la Stratégie de réduction de la pauvreté de la Banque mondiale et du FMI, les exposés de missions du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la nouvelle approche adoptée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’égard de la santé et de la pauvreté. Dans ses recommandations, le Secrétaire général invite le Conseil économique et social à réaffirmer qu’il abordera, selon qu’il convient, lors de ses réunions avec les institutions de Bretton Woods, des questions en rapport avec le suivi des conférences et les examens quinquennaux de l’application des recommandations de ces conférences. Le Secrétaire général recommande aussi au Conseil d’envisager d’organiser avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une réunion consacrée aux progrès réalisés en vue d’atteindre les objectifs convenus lors des conférences et des examens quinquennaux. Le Secrétaire général recommande enfin que le Conseil envisage d’organiser avec des organisations du système des Nations Unies, des sessions consacrées à un dialogue sur différents thèmes liés au suivi des conférences.

Au titre de la documentation, le Conseil économique et social est également saisi d’une lettre datée du 27 avril 2000, adressée au Secrétaire général par les Représentants permanents de l’Algérie, de l’Egypte et du Portugal et transmettant le texte de la Déclaration et du Plan d’action du Caire adoptée par le Sommet Afrique-Europe qui s’est tenu au Caire les 3 et 4 avril 2000 sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine et l’Union européenne (A/54/855-E/2000/44)

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.