En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/463

LES NOUVELLES TECHNOLOGIES NE SONT PAS LA PANACEE DES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT SOULIGNENT DES DELEGATIONS

6 juillet 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/463


LES NOUVELLES TECHNOLOGIES NE SONT PAS LA PANACEE DES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT SOULIGNENT DES DELEGATIONS

20000706

Elles appellent l’ONU à faire valoir les préoccupations du Sud en la matière

Si les technologies de l’information et des communications peuvent être un instrument puissant au service du développement, elles ne sauraient en aucun cas être présentées comme la panacée à tous les problèmes liés au développement ont déclaré certaines délégations dans le cadre du débat de haut niveau que le Conseil économique et social a poursuivi cet après-midi sur le thème “Développement et coopération internationale au XXIe siècle: le rôle des technologies de l’information dans le cadre d’une économie à forte intensité de connaissances”. Le Ministre de la science et de la technologie du Pakistan a ainsi eu l’occasion de rappeler les préalables du développement qui sont l’investissement dans l’éducation de base, dans les infrastructures et dans le renforcement des ressources humaines. Dans les pays en développement où 40% de la population n’a jamais vu le téléphone, il serait vain de présenter les nouvelles technologies comme la panacée, a encore dit le Ministre qui a souhaité aussi que le rétrécissement du fossé numérique ne repose pas sur la vision de “l’élite de l’informatique” mais sur la réalité du plus grand nombre. Le Ministre a ainsi traduit le sentiment de nombreuses délégations qui en vu en l’ONU, l’instance appropriée pour rechercher les moyens de faire de la technologie de l’information un instrument au service du développement, conforme aux intérêts des populations des pays concernés. Ces délégations ont appuyé l’idée d’une équipe spéciale au sein de l’Organisation pour combler le fossé numérique.

Dans le même ordre d’idées, l’UNESCO - Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture – représentée par son Directeur général a fait valoir que les Nations Unies dans leur ensemble ont un rôle essentiel à jouer dans la création d’un cadre de gouvernance mondiale de la société de l’information et qu’elle peut y apporter ses “compétences exceptionnelles”. L’UNESCO a fait valoir que la meilleure manière de promouvoir le partage des connaissances, de l’éducation et du savoir serait de lier toutes les sources actuelles de la connaissance au portail mondial de l’éducation – site Web de référence au niveau international - qu’elle se propose de créer en coopération avec des partenaires nationaux et internationaux. Le concept de société de l’information a également été évoqué par le Président du Conseil d’Etat du canton de Genève qui, en écho à la déclaration faite ce matin par le Président du Mali, a donné le détail du projet ANAIS qui regroupe la société de 10 pays africains.

Plaidant pour un accès accru des pays en développement des pays du Sud aux nouvelles technologies, il a réitéré l’idée d’un Sommet en 2003 sur la société de l’information qui devrait, selon lui être, axé sur deux questions simples: Comment ça marche, question technologique, et à quoi ça sert, question du contenu.

Les Ministres, Vice-Ministres, Secrétaires d’Etat, Sous-Secrétaires d’Etat et Représentants des pays suivants ont pris la parole : Mexique, Maroc, Pakistan, ex-République yougoslave de Macédoine, Colombie, Pologne, Iran, Bulgarie, Japon, Chine, Nouvelle-Zélande, Bangladesh et Viet Nam. Ont également pris la parole le Directeur général de l’Agence helvétique de la coopération pour le développement, le Directeur général de l’UNESCO, le Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Président du Conseil d’Etat du Canton de Genève et un professeur de l’Université Seikei et Teikoyo de Tokyo.

Le Conseil économique et social poursuivra son débat de haut niveau demain vendredi 7 juillet à 10 heures.

Débat de haut niveau sur le développement et la coopération internationale au XXIe siècle: le rôle des technologies de l'information dans le cadre d'une économie mondiale à forte intensité de connaissances

M. WALTER FUST, Directeur général de l’Agence helvétique de la coopération pour le développement, a déclaré que les technologies de l'information et de la communication constituent l'un des facteurs déterminants de la mondialisation. Le représentant a évoqué le potentiel de ces technologies mais également les risques de marginalisation qu'elles comportent pour les pays en développement. Il a indiqué que la Suisse fait partie du "Partenariat global pour le savoir" et qu'elle a fait des technologies de l'information une de ses priorités de ses activités de coopération. La constitution et la promotion de réseaux de communication mondiaux sont des facteurs de développement importants en ce qu'ils ouvrent de nouveaux marchés et constituent un moteur de la croissance économique. Les gouvernements, avec l'appui des Nations Unies, devraient mettre l'accent sur l'instauration d'une politique adéquate, promouvoir un cadre régulateur propre à stimuler les investissements privés et assurer l'accès, la sécurité et la protection des systèmes impliquant les nouvelles technologies de l'information.

Le représentant a également appelé les Nations Unies, le secteur privé, la société civile et les institutions de développement à coopérer étroitement dans la recherche de solutions en faveur des régions et groupes marginalisés. Dans le cadre du développement, a-t-il précisé, il faut donner la préférence à la mise en réseaux des communautés. Mais disposer simplement de l'information ne suffit pas. Il est essentiel de transformer l'information en savoir utile. Les réseaux d'information doivent véhiculer des contenus informatifs d'origine locale et refléter les besoins des populations, des groupes défavorisés et vulnérables comme les femmes et les handicapés.

M. ROGELIO MARTINEZ, Conseiller principal auprès du Vice-Ministre des affaires étrangères du Mexique, a dit que les TIC sont devenus l’élément clef d’accès à la nouvelle économie. Les pays qui ne les maîtrisent pas courent de plus en plus le risque d’être marginalisés. Pour exploiter les opportunités de cette économie, les pays doivent relever certains défis, dont ceux de la maîtrise des politiques de développement. Ensuite se pose la maîtrise de la technologie elle-même, qui demande une certaine adaptation. Puis il y a le problème de l’éducation et du développement des ressources humaines. Le Mexique est prêt à relever tous ces défis. Ceci passera par la mobilisation de ressources financières et par la transformation de son appareil industriel. Les TIC participeront pleinement au processus de développement quand l’usage de la révolution technologique sera guidé vers l’objectif d’un développement partagé. La mise en place de collaborations et de partenariats rendra plus réalisable celle de réseaux destinés à la télémédecine ou aux interventions d’après catastrophes naturelles, et ce ne sont là que quelques exemples de l’usage qui peut être fait des TIC.

M. LARBI AJJOUL, Secrétaire d'Etat chargé des postes et des nouvelles technologies de l'information du Maroc, a déclaré que son pays s'associe à la déclaration faite par le Nigeria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, dans laquelle sont exposées les principales préoccupations des pays en développement quant aux défis imposés par la mondialisation. Il s'est félicité du thème du débat de haut niveau qui implique non seulement toutes les parties concernées par le développement économique et social - gouvernements, secteur privé, organisations internationales et société civile - mais situe également la problématique de la démocratie numérique au centre des discussions et consacre ainsi le rôle du système des Nations Unies comme élément moteur dans la promotion d'un partenariat global pour affronter le fossé numérique. Il a fait remarquer que l'ensemble des intervenants ont souligné que les technologies de l'information et de la communication (TIC)font partie intégrante d'une structure économique mondiale qui demeure injuste pour les pauvres et les défavorisés. Par conséquent, il considère que le débat se doit avant tout de trouver les voies et moyens à même de permettre de surmonter les multiples contraintes qui empêchent les pays en développement de se connecter à l'ère numérique. Le débat se doit également d'explorer les stratégies aux niveaux national, régional et mondial pour garantir à tous les bénéfices générés par les nouvelles technologies.

Il faut faire de la technologie de l'information, une partie intégrante de tous les programmes de développement, a déclaré M. Ajjoul, qui a salué la proposition du Secrétaire général de mettre en place une équipe spécialisée d'experts, qui serait chargée de fournir des conseils pratiques sur le rôle des TIC dans le développement. Il a également salué la proposition de la Vice- Secrétaire générale visant à créer un "Fonds pour combler le fossé informatique". Il a en outre fait observer que l'assistance technique, l'aide publique au développement et surtout l'allègement du fardeau de la dette sont des facteurs aussi importants que décisifs pour pouvoir envisager une intégration des pays pauvres à l'ère numérique. A cet égard, il a souligné que le Fonds d'affectation que le Programme des Nations unies (PNUD) pour le développement prévoit de créer est une initiative qui mérite le soutien et la collaboration de toutes les autres institutions de l'ONU. De même, a-t-il ajouté, l'initiative en faveur des pays très endettés (PTTE) constitue une action bienvenue pour une mondialisation réellement solidaire et une libéralisation maîtrisée.

M. Ajjoul a par ailleurs indiqué que son pays a mis en œuvre, en concertation avec les composantes de la société marocaine, une stratégie nationale capable d'assurer et de faciliter l'arrimage du Maroc à la société de l'information et du savoir. Cette stratégie assure la mise en place d'un cadre réglementaire adéquat favorisant la concurrence loyale au profit des utilisateurs des réseaux et services de télécommunications ainsi que le développement des infrastructures pour favoriser l'accès de toutes les couches de la population aux technologies de l'information. Au niveau régional, le Maroc contribue de manière active au processus du développement de l'Afrique. Lors de la Conférence Afrique- Europe tenue récemment au Caire, le Maroc a notamment pris l'initiative d'annuler des dettes des pays africains les moins avancés, vis-à-vis du Maroc, et de lever toutes les barrières douanières sur les produits en provenance de ces pays. Il continue en outre d'apporter son appui et son expertise aux pays africains, notamment en matière de réforme des télécommunications, de la libéralisation et de la réglementation. Il a ainsi pris part aux différents travaux organisés notamment à l'Union internationale des télécommunications (UIT), l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). M. Ajjoul a signalé par ailleurs que le Maroc abritera en l'an 2002 la Conférence des plénipotentiaires de l'Union internationale des télécommunications, et qu'il compte organiser en 2001 l'exposition "Africa telecom". Le Maroc s'est également fixé comme objectif de mettre en pace un réseau interadministrations qui vise la création d'une inforoute gouvernementale et s'est fixé pour priorité de son plan d'action, la valorisation des ressources humaines, le développement des infrastructures et la généralisation de l'utilisation des TIC.

M. ATTA-UR-RAHMAN, Ministre de la science et de la technologie du Pakistan, a mis l’accent sur le rythme accéléré d’une économie mondiale fondée sur les technologies de l’information et des communications pour rappeler qu’un grand nombre de pays en développement restent complètement marginalisés et continuent de payer le coût de la mondialisation sans en tirer les avantages. “L’existence d’un petit havre de gratte-ciel tutoyant le paradis multinational et entouré d’une mer de pauvres dont la misère atteint une dimension biblique est la plus grande menace systémique de la mondialisation”, a dit le Ministre. Arguant que le marché seul ne peut relever les défis de la mondialisation, il a estimé que la coopération au développement est plus importante encore au XXIe siècle qu’au siècle passé. Le Pakistan, a poursuivi le Ministre, est en train de mettre en place un institut des technologies de l’information pour le Sud conformément à la promesse faite lors du Sommet sur la coopération Sud-Sud qui s’est tenu en avril dernier à La Havane. Donnant ensuite le détail de l’action nationale en matière d’accès aux nouvelles technologies, le Ministre a souligné qu’il n’existe pas de formule magique pour le développement. L’investissement dans l’alphabétisation, dans les infrastructures et dans les ressources humaines demeure, pour lui, les bases du développement. Le Ministre a donc souhaité que les efforts tendant à combler le fossé numérique ne soient pas guidés par ”l'élite du monde numérique” mais qu’ils soient ancrés dans la réalité et implantés dans des bases solides. La connectivité, la mise à disposition d’ordinateurs et l’installation d’infrastructures de communications n’ont aucune valeur tant que les besoins des populations ne sont pas satisfaits. Dans un monde où 40% de la population des pays en développement n’a jamais formé un numéro de téléphone, la technologie de l’information ne peut être présentée comme la panacée. Aux côtés du manque de connectivité à des prix accessibles et de capacités humaines et institutionnelles, le Ministre a placé le manque de contenu diversifié comme obstacle à l’accès aux nouvelles technologies. Citant les chiffres de l’OCDE, il a indiqué qu’en 1999, 78,3% des pages Web étaient en anglais alors que seuls 10% de la population mondiale maîtrise cette langue. Le Ministre a donc estimé que les Nations Unies sont bien placées pour prendre le rôle de chef de file et faire des nouvelles technologies un instrument au service du développement. Le Ministre a ainsi appuyé la création, au sein des Nations Unies, d’une équipe spéciale de travail sur la question et la création d’une université virtuelle qui servirait de point focal de partage des ressources intellectuelles et de formation à l’intention des millions de professionnels de l’informatique des pays en développement. Le Ministre a aussi appuyé la proposition visant à mettre en place un “Plan Marshall technologique” pour, a-t-il dit, assurer un flux constant de ressources financières vers les pays en développement.

M. TRAJKO SLAVESKI, Ministre du développement de l’ex-République de Macédoine, s’est déclaré d’avis que les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont essentielles à la promotion du développement et contribuent à tirer profit de la mondialisation. Comme le soulignait le Secrétaire général dans son rapport sur la question, si les pays souhaitent intégrer avec succès l’économie mondiale émergeante basée sur le savoir et en tirer pleinement profit, ils ne doivent pas ignorer le fait que les TIC offre la clé de cette nouvelle économie. Aujourd’hui, l’information et le savoir ont émergé comme un facteur stratégique des progrès économiques et sociaux. Le secteur des TIC et de l’Internet crée de nombreuses opportunités pour le développement. Ces technologies créent de nouvelles formes d’activités, réduisent le chômage, augmentent le PNB et le niveau de développement technologique. La soi-disant ”économie mondiale basée sur le savoir” a en effet un impact considérable sur l’évolution économique mondiale. Pour pleinement participer à cette évolution, il est important que les pays en développement et les pays à économie en transition créent les conditions appropriées pour promouvoir les TIC. Il est même encore plus important que la communauté internationale redouble d’efforts pour les intégrer à l’économie mondiale basée sur le savoir. A cet égard, a estimé le Ministre, les Nations Unies devraient jouer un rôle de leadership.

Pour permettre aux pays en développement et aux pays à économie en transition de tirer parti des TIC dans les processus de mondialisation en cours, il faut que des mesures appropriées soient prises aux niveaux national et international, ainsi qu’au sein du système des Nations Unies. Au niveau national, chaque pays devrait élaborer et mettre en œuvre une stratégie de développement des TIC en tant que partie intégrante de sa stratégie nationale de développement. Chaque gouvernement devrait mobiliser les ressources nécessaires pour le développement des TIC en utilisant des moyens tels que l’éducation, la santé, la gouvernance et le commerce électronique. Il est essentiel de procéder aux investissements appropriés pour le développement des ressources humaines, l’infrastructure de base et les institutions indispensables. Chaque Etat devrait essayer de créer des marchés stables et en expansion pour les TIC et faciliter la concurrence. Dans la mesure où l’accès à l’information et au savoir est principalement déterminé par la connectivité, les capacités et le contenu, les gouvernements devraient veiller à ce qu’il y ait un accès matériel et physique à l’infrastructure et aux services mondiaux de l’information, y compris les systèmes d’application informatique et les logiciels, pour l’ensemble du pays même dans les régions les plus reculées. Pour ce qui est des capacités, il faudrait des investissements appropriés dans les ressources humaines et les institutions. Les gouvernements doivent poursuivre l’application des technologies de l’information dans les institutions publiques telles que les écoles, les hôpitaux et les bibliothèques. Du fait que l’accès à Internet est principalement en anglais, et que peu de personnes s’y sont familiarisées, les gouvernements devraient encourager la production d’un contenu local. Pour sa part, l’ex-République yougoslave de Macédoine procède actuellement à l’élaboration d’une stratégie appropriée en matière de technologies de l’information et de la communication, qui sera intégrée dans la stratégie nationale de développement.

Soucieux de renforcer le niveau des TIC dans tous les domaines, le gouvernement a créé au sein du Ministère des sciences un département de l’informatique ayant pour objectif principal d’accroître le niveau d’informatisation des ministères et autres institutions nationales, et de créer en même temps les conditions propices à une présentation plus élevée des TIC dans le domaine de l’éducation et, en particulier, dans le secteur privé. Un des objectifs est d’augmenter le nombre des sociétés privées spécialisées dans l’information et les communications afin de créer des emplois et de réduire le taux élevé de chômage auquel fait face le pays. Le gouvernement a institué “MARnet” qui a accompli des résultats remarquables en développant la simple diffusion des connaissances, plus connue sur sous les termes de “gestion des connaissances” et d’”enseignement à distance”. La communauté internationale devrait, quant à elle, assurer un leadership mondial au niveau le plus élevé. Elle devrait promouvoir le besoin d’accès et de connectivité de tous, en particulier, dans les pays en développement et les pays à économie en transition. Il est absolument nécessaire d’encourager la diversité culturelle et linguistique et le contenu local dans l’espace cybernétique, a conclu M. Slaveski.

Mme MARTHA RODRIGUEZ, Directrice de haut niveau pour la conjonction de la Colombie, a dit que la Colombie reconnaît que les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont des outils permettant le développement de la nouvelle économie, la mise en place d’un gouvernement et d’une gouvernance modernes et efficaces, et permettant l’accès universel à l’information et à l’acquisition des connaissances et du savoir. La Colombie a intégré les TIC dans son modèle de développement, et comme beaucoup de pays en développement, elle a pris des mesures en vue de faciliter leur usage et leur développement, dont notamment celui de l’Internet. Nous sommes aussi fiers, a dit Mme Rodriguez, de faire partie du groupe de pays d’Amérique latine qui ont pris le ferme engagement dans la Déclaration de Florianópolis, d’accroître les “opportunités digitales” par le développement de stratégies concrètes d’activités TIC au niveau régional. Dans ce contexte, la “connectivité et le grand bond en avant vers l’Internet” sont une politique d’Etat, qui reprend toutes les actions orientées vers l’impulsion à donner au développement du pays.

Nous pensons qu’il faut porter notre attention sur les objectifs suivants: les communautés humaines, en vue d’utiliser les TIC dans la promotion de meilleures conditions de vie, en offrant une égalité d’accès aux chances d’éducation, de santé et d’accès à la justice et aux manifestations culturelles. Ensuite il faut viser le secteur productif, en promouvant l’usage des TIC comme outils de soutien à la croissance, d’incitation à la compétitivité et d’amélioration de l’accès aux marchés. Les TIC, à notre avis, devraient devenir un facteur clef de mise en application des politiques de l’emploi. Ensuite nous estimons qu’il faut renforcer les structures de l’Etat, en mettant ces technologies au service de la promotion du rôle des agences gouvernementales qui sont au service des citoyens. Le soutien de la communauté internationale et des organismes bilatéraux et multilatéraux en particulier, est, à travers une coopération active dans le domaine des transferts de technologie, d’une importance cruciale. Ce soutien peut se manifester par l’exploration de nouvelles options et de possibilités d’appui financier, par une assistance économique, ou par la conversion de la dette publique en investissements dans les TIC.

M. JERZY KRANZ, Sous-Secrétaire d’Etat au Ministère des affaires étrangères de la Pologne, a indiqué que son pays avance rapidement vers l’intégration à l’économie mondialisée actuelle fondée sur la technologie de l’information et des communications. Il a toutefois indiqué que le problème qui se pose consiste à trouver les moyens d’assurer à tous les pays une répartition équitable des bénéfices de cette mondialisation. Le Sous-Secrétaire d’Etat a aussi souligné la nécessité de réaffecter les ressources nationales tirées d’une économie plus productive vers la formation pour réaliser une croissance exempte de tensions sociales. En ce qui concerne la mise en place des infrastructures, le Sous-Secrétaire d’Etat a reconnu la responsabilité de l’Etat et en l’occurrence, l’importance d’une bonne gouvernance. De manière générale, le Sous-Secrétaire d’Etat a souhaité que les efforts de l’Etat en matière de développement économique et social soient facilités par une prise en compte des questions sociales par les “nouveaux acteurs” de la scène mondialisée et informatisée. Il a ainsi mentionné la société civile, les sociétés multinationales et les institutions supranationales. A propos de la question de l’assistance technique, le Sous-Secrétaire d’Etat a estimé que les Nations Unies sont en position de répondre aux attentes des Etats Membres.

M. MOHAMMAD JAVAD ZARIF, Vice-Ministre des affaires étrangères pour les affaires juridiques et internationales de la République islamique d'Iran, a déclaré que la valeur des technologies de l'information ne fait aucun doute et que le débat porte plutôt sur la manière d'exploiter leur immense potentiel en vue d'optimiser les bénéfices du processus de mondialisation et de parvenir à un véritable développement du Sud. Le monde dans son ensemble se débat encore dans les "convulsions" du processus de mondialisation et la plupart des pays en développement n’y trouvent pas leur compte. A présent, les pays en développement doivent en outre s'attaquer à un autre processus qui les garde à distance de l'heureux petit groupe des pays prospères, à savoir l'aggravation du retard dans le domaine numérique.

Le Vice-Ministre a été d'avis que les possibilités que représentent les TIC pour le monde en développement ne peuvent être mises à profit que par un développement complet et son intégration cohérente dans l'économie mondiale, à travers une action concertée aux niveaux national et international. A l'instar du Secrétaire général, il a recommandé l'élaboration d'un plan d'action complet de partenariats mondiaux dans le domaine des TIC ainsi que la mobilisation des ressources nécessaires. Au niveau international, la communauté internationale, et particulièrement le système des Nations Unies, devrait aider le monde en développement à s'intégrer dans le réseau basé sur le savoir de l'économie mondiale.

M. VASILII TAKEV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, s’est dit préoccupé par le fait que le potentiel des nouvelles technologies pour le développement suit le mode de division entre les riches et les pauvres que l’on observe déjà dans les domaines économique et social. Sans un effort concerté de la communauté internationale et des efforts coordonnés du Conseil économique et social, le fossé entre pays et régions développés et en développement continuera de s’accroître, a estimé le Vice-Ministre avant de dire son attente d’un cadre d’action pour la prochaine Assemblée du Millénaire qui tiendrait compte des conclusions et des approches novatrices contenues dans le rapport du Secrétaire général. Parlant des initiatives de son pays au niveau national, le Vice-Ministre a, par ailleurs, indiqué qu’au niveau régional, la Bulgarie, en sa qualité de coordonnateur pour l’Asie centrale et l’Europe centrale et orientale, a contribué au renforcement des efforts régionaux pour surmonter les problèmes liés au bogue de l’an 2000. Le Vice-Ministre a expliqué que ces efforts ont été couronnés par l’organisation, il y a moins d’un mois, d’une conférence régionale sur les leçons tirées du bogue de l’an 2000 et le développement d’une société de l’information.

M. KOÏCHIRO MATSURA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a rappelé que le mandat de l’UNESCO est de “ promouvoir le libre échange des idées et du savoir” et de “maintenir, accroître et diffuser le savoir”. En créant l’UNESCO, ses Etats Membres ont dit que l’organisation devait “développer et accroître les moyens de communication entre les peuples”. La révolution des technologies de l’information et d’une économie mondiale basée sur les connaissances, inimaginables il y a 50 ans, rend la mission fondamentale de l’UNESCO plus pertinente que jamais. Les extraordinaires possibilités techniques des TIC, ne peuvent en effet mettre sous le boisseau la volonté politique des fondateurs de l’UNESCO, à qui ils ont confié la responsabilité de veiller aux développements des communications entre les peuples. Les TIC ouvrent aujourd’hui des possibilités insoupçonnées de soutien aux idéaux de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont notamment la liberté d’expression et d’accès à l’information. Mais la question qui se pose le plus avec acuité est celle de connaître la finalité de “l’économie basée sur les connaissances”. Le but final de nos débats doit être de bâtir une “société de la connaissance”, et nous sommes tous profondément perturbés par le fossé numérique qui divise riches et pauvres et sommes conscients du besoin de mettre les TIC au service de la lutte contre la pauvreté.

A ce sujet, les Nations Unies dans leur ensemble ont un rôle essentiel à jouer dans la création d’un cadre de gouvernance mondiale de la société de l’information, et l’UNESCO peut offrir ici ses compétences exceptionnelles. Ses partenaires naturels sont en effet les communautés professionnelles qui produisent, distribuent, revoient et conservent l’information et la connaissance: enseignants, scientifiques, journalistes, chercheurs, archivistes, bibliothécaires et artistes. L’UNESCO peut aussi avoir accès à tous ceux qui sont menacés d’exclusion par la situation actuelle: populations rurales, pauvres urbains, personnes illettrées et marginales. Car il s’agit en fait de promouvoir l’éducation qui permettra aux individus de s’adapter à la société de l’information. La communauté internationale et surtout le système de l’ONU devraient promouvoir le partage des connaissances, de l’éducation et du savoir. Une approche efficace serait de lier toutes les sources existant actuelles à un “Portail mondial de l’éducation”, que l’UNESCO se propose de créer en coopération avec des partenaires nationaux et internationaux. Ce portail sera un site Web de référence au plan international. Dans l’esprit de l’après-Forum mondial sur l’éducation tenu récemment à Dakar, l’UNESCO compte rendre les TIC accessibles à tous.

M. YUKIO SATOH (Japon)a jugé essentiel pour la communauté internationale de déployer des efforts concertés pour appuyer l’accès des pays en développement aux technologies de l’information et des communications. Il va sans dire que le rôle du secteur privé des pays développés est vital en la matière, a dit le représentant tout en mettant l’accent sur la nécessité pour les pays en développement de s’approprier les stratégies d’accès aux nouvelles technologies. Faisant part des initiatives de son pays en matière de coopération internationale, le représentant a indiqué qu’au début de cette semaine, le Gouvernement japonais, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale ont convoqué à Tokyo un symposium international sur la technologie de l’information et la coopération au développement. De plus, en sa qualité de Président du G-8 pour l’an 2000, le Japon a fait de la technologie de l’information un point central de l’ordre du jour du Sommet de Kyushu-Okinawa qui se tiendra à la fin de ce mois. Il y sera question de mesures concrètes pour aider les pays en développement à faire des progrès rapides en matière de développement grâce aux nouvelles technologies.

Poursuivant, le représentant a indiqué qu’en avril dernier, son pays a promis la somme d’1 million de dollars pour mettre en œuvre le projet du PNUD visant à promouvoir les nouvelles technologies dans le Pacifique. Le Gouvernement japonais a également décidé d’appuyer plus fermement l’initiative “e-ASEAN” visant à la mise en place d’infrastructures plus sophistiquées à travers la région d’Asie de l’Est, a encore indiqué le représentant avant d’aborder la question de l’Afrique. Il a ainsi dit qu’en mai dernier, son pays a exprimé son intention de lancer des projets d’une valeur d’1,5 million de dollars pour la promotion des nouvelles technologies sur le continent. Au Sommet du G-8, le Japon se prépare aussi à proposer un train de mesures relatives à la coopération internationale en matière de nouvelles technologiques qui met un accent particulier sur quatre dimensions, à savoir l’assistance intellectuelle à l’élaboration des politiques et des systèmes requis; le renforcement des capacités par le biais de la formation et de l’éducation; la mise en place d’infrastructures et de réseaux; et le recours aux nouvelles technologies dans l’assistance au développement.

Constatant avec regret que les avancées technologiques et scientifiques n’ont pas permis de combler le fossé qui sépare les pays du Nord de ceux du Sud, M. WANG YINGFAN (Chine) a souligné la nécessité, pour l’ONU et ses Etats Membres, de recourir aux technologies de l’information et de la communication (TIC) pour éliminer la pauvreté et promouvoir le développement. A cet égard, il a observé qu’il importe que chaque pays prenne des mesures efficaces pour tirer le meilleur parti de l’informatisation. A cette fin, les pays en développement doivent donner la priorité à l’éducation et au progrès technique, formuler des stratégies de développement fondées sur l’information et adaptées à leur contexte national, et choisir la science et la technologie comme voies privilégiées vers la prospérité. Pour sa part, la communauté internationale doit s’efforcer de créer un environnement favorable facilitant l’accès à l’informatique des pays en développement. Pour ce faire, le représentant s’est déclaré favorable à la création de partenariats internationaux dans le domaine des TIC. Les pays développés doivent rassembler la volonté politique de combler le fossé numérique, apporter un appui financier et faciliter les transferts de technologies. Dans ce domaine, le représentant a mis l’accent sur le fait qu’il importe que les pays en développement s’approprient ces technologies et qu’ils n’en soient pas de simples utilisateurs. Pour leur part, les pays en développement doivent également explorer de nouvelles initiatives pour promouvoir la coopération Sud-Sud dans les domaines comme les TIC.

Le représentant a ensuite souligné le rôle fondamental de l’ONU qui peut guider et coordonner efficacement l’utilisation des TIC pour le développement. L’ONU se doit de devenir un forum intergouvernemental pour la promotion de la coopération internationale dans le domaine des TIC et l’institution multilatérale chargée de formuler la législation appropriée et les normes techniques, a-t-il déclaré en se félicitant du fait que l’Organisation a commencé à travailler dans cette voie. Il a espéré que l’ONU saura mobiliser les ressources et les appuis disponibles et aidera les pays en développement à tirer le meilleur parti de la révolution de l’information afin que les TIC contribuent à l’élimination de la pauvreté, à la croissance économique et au développement durable. Poursuivant, le représentant a attiré l’attention sur le fait qu’en juin dernier, la ville de Shanghai, le Ministère de l’information et de l’industrie de la Chine et le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU ont organisé conjointement la première rencontre de haut niveau sur l’informatisation des villes de la région Asie-Pacifique. Il a fait valoir que cette rencontre avait été très utile aux dirigeants locaux et avait permis de renforcer la coopération dans ce domaine.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a souligné la puissance de la révolution des technologies de l'information (TIC) aux Etats-Unis, en particulier chez les enfants. Il a cependant ajouté que ce changement ne s'est pas encore opéré à l'échelle mondiale puisque la moitié de la population mondiale n'a jamais passé ni reçu d'appel téléphonique et que quasiment 90% des utilisateurs d'Internet vivent dans des pays industrialisés. Il faut donc s'assurer que toutes les personnes, et pas seulement les riches des pays développés, pourront participer à cette révolution et bénéficier de ses retombées positives, notamment en matière de croissance économique, d'emploi, d'éducation, de promotion des droits de l'homme.

Les TIC ne sont pas pour autant la clef de tous les problèmes du monde, a poursuivi M. Powles. Il ne faut pas perdre de vue les besoins humains fondamentaux en matière de développement tels que l'éradication de la pauvreté, l'accès à une éducation de base, aux services de santé et à un logement. Les TIC peuvent néanmoins permettre de satisfaire plus rapidement ces besoins, notamment dans les petits Etats insulaires en développement de la région du Pacifique Sud. Dans ces Etats insulaires, le développement a été freiné par l'isolement et la petite taille des marchés internes. Ils sont très éloignés des marchés sur lesquels leur production est écoulée et manquent des moyens de se faire connaître dans le monde. L'utilisation des TIC a permis de développer de nouveaux marchés et d'accroître les revenus issus de l'industrie touristique. Les TIC ont également permis de développer des programmes d'éducation à distance.

Pour combler le "fossé numérique", a estimé M. Powles, il faut continuer à augmenter l'aide publique au développement (APD) ou, en ce qui concerne certains pays, en enrayer le déclin, et en faire un usage efficace et ciblé. A ce propos, le représentant a préconisé que les TIC soient "intégrées" de la même manière que les questions sexospécifiques et environnementales. L'accès des pays en développement aux TIC dépend également de l'instauration de partenariats entre les secteurs public et privé. Le secteur privé est à l'origine des avancées dans le domaine des TIC et il en sera encore ainsi à l'avenir. Le secteur public peut appuyer ces initiatives en créant un environnement favorisant la croissance du secteur des TIC. Au niveau international, M. Powles a appelé à une prolongation du moratoire sur les droits de douane frappant les transactions commerciales électroniques. Dans le domaine de l'aide au développement, il convient d'accorder une attention accrue aux partenariats entre acteurs publics et privés ainsi que de développer les liens entre les sociétés du secteur des TIC et les pays en développement. Il serait également important que les travailleurs du Sud actuellement employés par des sociétés technologiques basées dans des pays du Nord aient la possibilité de faire bénéficier leur pays d'origine de leur expérience.

M. ANRAWUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh), a constaté que le manque d’infrastructures et de capitaux, joint aux coûts élevés des technologies et au manque de capacité d’absorption, avaient tenu à l’écart de la révolution des TIC la plupart des pays en développement. Un certain nombre de conditions doit être réuni pour développer l’usage des TIC. Le secteur privé doit joindre ses efforts à ceux des gouvernements pour atteindre cet objectif, et ces efforts doivent être soutenus par des mesures internationales appuyés par les donateurs bilatéraux et multilatéraux. Bien qu’il soit du coté démuni de la fracture numérique, le Bangladesh a connu une augmentation notable de son niveau de connectivité. Les téléphones mobiles sont d’un usage aujourd’hui courant dans notre pays, et ils participent à l’amélioration du bien-être des classes les plus défavorisées. Beaucoup de gens ont obtenu des microcrédits et se sont lancés dans la fourniture de services téléphoniques cellulaires. Le système leur permet aussi de se connecter au reste du monde.

Pour que les pays en développement bénéficient des TIC, certaines conditions doivent être réunies. Les gouvernements doivent créer des cadres légaux et régulatoires favorables au développement de ces technologies. Ces mesures doivent inclure la participation du secteur privé au domaine des télécommunications. Ensuite, les pays en développement doivent identifier les secteurs dans lesquels les TIC seraient d’un usage prioritaire. Les Nations Unies, pour leur part, ont un rôle spécial à jouer dans cette stratégie. Elles doivent coordonner les efforts mondiaux visant à réduire la fracture numérique, en se posant comme champions de l’accès universel aux informations et aux connaissances, qui sont des biens publics. Un certain degré d’éducation est d’autre part indispensable, si l’on veut bénéficier des retombées des TIC. Aussi des investissements doivent-ils être réalisés dans les programmes éducatifs, aussi bien au niveau primaire qu’universitaire. Enfin, dernière condition, des ressources adéquates doivent être mobilisées pour étendre les avantages dont jouissent les pays développés aux nations en développement. M. NGUYEN THANH CHAU (Viet Nam)a jugé important de combler le fossé numérique au risque de voir l’accès différencié aux connaissances et à l’information exacerber les inégalités et les déséquilibres existant dans le monde actuel. Le représentant a donc souscrit au programme d’action visant à combler le fossé numérique avant de faire part des initiatives de son pays pour assurer l’accès de la population vietnamienne aux nouvelles technologies. Le représentant a poursuivi sur la question de la coopération internationale pour dire que l’accès de tous aux nouvelles technologies est une mission sacrée et un élément clé pour qu’elles contribuent au développement de tous. Il a donc demandé des mesures concrètes qui iraient dans le sens d’une augmentation de l’aide publique au développement; de la promotion du transfert des technologies; du renforcement des capacités et du développement des ressources humaines; de l’établissement d’un lien fort entre le développement des nouvelles technologies et l’objectif commun de lutte contre la pauvreté.

M.YOSHIO UTSUMI, Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications, a déclaré que la révolution des TIC pourrait permettre de réduire le fossé existant entre pays riches et pauvres dans le domaine des communications. Malheureusement, les pays à faible revenu ne possèdent que 4% des lignes de téléphone mondiales et 1% du parc d’ordinateurs. Il faudrait en fait multiplier par cent le nombre de lignes de téléphones mobiles dans ces pays. La majorité des habitants de la planète n’ont jamais eu accès à un poste ou un appel téléphonique. L’UIT a fourni au cours des 50 dernières années un appui aux pays qui souhaitaient améliorer leurs systèmes de télécommunications, et nous comptons au cours des années à venir, fournir des conseils à ces pays, en vue de les aider à s’intégrer au nouveau monde de l’Internet. Mais les Gouvernements eux-mêmes doivent d’abord mettre en place un cadre qui attirerait vers leurs pays les investissements nécessaires, et le secteur privé semble être le meilleur partenaire pour atteindre cet objectif. Le Népal et l’Egypte sont deux exemples de pays qui ont créé des cadres attractifs aux investisseurs pour le développement du secteur des TIC.

Mais au-delà des responsabilités des pays du Sud, il y a un domaine où les pays du Nord sont seuls à avoir les moyens de prendre les mesures indispensables qui doivent être prises sur la question de la connectivité. Les coûts de connectivité devraient baisser pour rendre l’Internet plus accessible aux peuples du Sud. Jusqu’à maintenant tous les réseaux de connectivité passent par l’Amérique du Nord. Il revient au secteur privé de développer de nouveaux réseaux de connectivité en vue de faire baisser les coûts d’accès pour les pays en développement. Il appartient aux gouvernements des pays riches de faire respecter l’impératif de la compétition. En ce moment en effet, seules deux sociétés contrôlent les instruments internationaux de connectivité. La seule loi du marché ne peut résoudre ce problème, et il appartient aux gouvernements d’agir pour imposer une solution juste et équitable. Nous attendons qu’un dialogue en profondeur s’ouvre sur cette question importante.

M. HARTWIG DE HAEN, Directeur général assistant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a fait remarquer que les technologies de la communication et de l'information ne devraient pas entraîner la création d’un autre “fossé” séparant les pauvres de ceux qui sont déjà avantagés et utilisent cette technologie pour accélérer leurs propres progrès. Selon lui, il est nécessaire d’adopter une approche équilibrée qui allie l’extension de la connectivité, l’amélioration de la gestion de l’information et la réalisation de contenus. Les forces du marché ne suffiront pas à améliorer la situation actuelle où 90% des utilisateurs d’Internet vivent dans des pays industrialisés. Si on se contente de laisser les solutions dépendre du marché, la vaste majorité des pauvres continuera de se voir refuser l’accès aux progrès futurs parce que leur communauté ne peut pas investir dans les infrastructures nécessaires ou n’ont ni le pouvoir d’achat ni l’éducation pour les utiliser. M. de Haen a donc suggéré qu’une attention plus soutenue soit accordée au développement des capacités en vue d’une gestion efficace de l’information ainsi qu’à la mise en place de contenus Web appropriés. Beaucoup peut-être fait pour combler le fossé numérique, a-t-il alors déclaré. D’après l’expérience de la FAO, il faut en premier lieu comprendre les besoins des pauvres et de ceux dans une situation alimentaire précaire pour adapter les contenus d’information. Ensuite, il faut s’assurer que cette information est accessible à tous ceux qui peuvent au mieux en tirer profit. Pour la FAO, il s’agit de concentrer ses efforts sur les populations en milieu rural qui représentent la majorité des pauvres et des personnes souffrant de la faim. M. de Haen a expliqué que la FAO vise certains groupes d’utilisateurs par le biais de son programme sur la gestion de l’information, le Centre d’information sur l’agriculture mondiale. La FAO a également adopté une approche proactive pour garantir que les pays en développement sont des partenaires égalitaires et bien informés. Le mois dernier, a signalé M. de Haen, la FAO a organisé la Première Consultation sur la gestion de l’information pour l’agriculture qui a rassemblé plus de 160 représentants de 88 Etats Membres. Au sein des Nations Unies, a-t-il ajouté, nous devons nous efforcer d’harmoniser nos bases de données et nos indicateurs lorsqu’ils concernent les mêmes questions telles la pauvreté, la malnutrition ou la précarité alimentaire. Les gouvernements ont un rôle important à jouer pour aider à aboutir à des accords relatifs aux technologies de la communication et de l’information pour faciliter la participation des pays en développement. Les pauvres ne pourront pas bénéficier de ces technologies que si leurs gouvernements sont en mesure de participer au processus d’évolution sur un pied d’égalité et en étant tout aussi informé que les pays les plus avancés technologiquement.

M. GUY-OLIVIER SEGOND, Président du Conseil d’Etat du Canton de Genève, a rappelé que la grande majorité des pays du Sud continuent de rencontrer des problèmes pour se connecter au Net qui reste, à bien des égards, une affaire du Nord. Le Président a donc énuméré les questions qui, selon lui, devraient être posées : Comment aider le Sud, comment le sensibiliser aux nouvelles technologies ou encore comment mettre en place les infrastructures nécessaires. C’est pour répondre à ces questions, a-t-il dit, que le Mali et Genève ont organisé deux rencontres centrées sur l’Afrique dont la première, qui s’est tenue à Genève, visait à lancer une démarche tendant à intégrer la société civile au débat sur la société de l’information. La deuxième, qui s’est, elle, tenue à Bamako, a forcé le rapprochement entre le secteur privé et le secteur public. Plus de 15 000 personnes représentant 50 pays différents étaient présents à Bamako, a dit le Président avant de tirer les leçons de cette rencontre. La première d’entre elles consistent à reconnaître, a-t-il dit, que la société de l’information ne peut se mettre en place du haut vers le bas et qu’elle est l’affaire de la société civile. La deuxième leçon concerne l’implication du Sud dans la définition de règles et la protection de la diversité des approches et des différentes culturelles. La troisième leçon porte sur la nécessité de reconnaître la place qu’il faut donner aux femmes, piliers de la communauté, de l’économie et relais de la santé, de l’alimentation et des valeurs culturelles.

La réunion de Bamako, a poursuivi le Président, a conduit à la création du réseau ANAIS qui réunit la société civile de 10 pays différents. Pour le Président, la Déclaration et le Programme d’action de Bamako constituent des jalons avec lesquels la communauté internationale doit désormais compter; les recommandations qu’ils contiennent permettant d’approfondir la concertation internationale. Rappelant que les gouvernements ont demandé à l’Union internationale des télécommunications (UIT) d’organiser en l’an 2003, un Sommet mondial sur la société de l’information, le Président a souhaité qu’un tel sommet réponde à la question technologique – comment ça marche – et à celle du contenu – à quoi ça sert -. Dans l’idéal, a-t-il ajouté, ce Sommet doit poser les règles du jeu garantissant le libre accès au savoir et à la liberté d’expression ou encore le respect de l’ordre public international. Il doit aussi s’assurer de la participation de la société civile, a dit le Président avant d’ajouter l’intention de sa ville de créer en prévision du sommet, un Secrétariat international sur la société de l’information. Le Président a également proposé la ville de Genève comme hôte du Sommet.

M.RYOKICHI HIRONO, Université de Seikei et Teikyo à Tokyo, a dit que la révolution des TIC génératrice de richesses et d’emplois est devenue si importante que très rapidement la nouvelle économie à laquelle elles s’appliquent va bientôt dépasser en richesses l’économie traditionnelle à la fois dans les pays les plus riches et dans les pays en développement les plus avancés. Lors d’un colloque du PNUD tenu à Tokyo les 3 et 4 juillet dernier, tous les participants ont reconnu l’importance de ces développements. Un constat qui a été fait est que si les utilisateurs d’Internet sont de tous les âges et de tous les sexes dans les pays développés, dans les pays en développement, ils sont essentiellement jeunes et de sexe masculin. Le Brésil, la Malaisie et Singapour par exemple, ont fait des énormes remarquables pour connecter leurs économies aux TIC. La mise en place d’un cadre régulateur et d’une bonne gouvernance est nécessaire pour un développement harmonieux des TIC, et les pays cités plus haut ont mis en œuvre des politiques avisées qui leur ont permis de créer les cadres les plus adéquats pour les investissements dans les TIC. Au cours des deux jours de réflexions du colloque, les participants ont fait un certain nombre de recommandations sur la manière de promouvoir le développement et la coopération. Un appel particulier a été lancé par le Ministère japonais des affaires étrangères qui voudrait que le prochain Sommet du G8 à Okinawa mette la question des TIC au centre de son agenda.

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