LES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION SONT L'ELEMENT INDISPENSABLE A UNE INTEGRATION REUSSIE DANS L'ECONOMIE MONDIALISEE
Communiqué de Presse
ECOSOC/459
LES TECHNOLOGIES DE LINFORMATION SONT LELEMENT INDISPENSABLE A UNE INTEGRATION REUSSIE DANS LECONOMIE MONDIALISEE
20000705Le thème de notre débat est des plus appropriés puisque les technologies de linformation et des communications peuvent jouer un rôle important dans laccélération de la croissance, lélimination de la pauvreté, la promotion du développement durable et lintégration des pays en développement dans léconomie mondiale, a déclaré, ce matin, le Président du Conseil économique et social, M. Makarim Wibosono (Indonésie) en ouvrant la session de fond du Conseil dont le débat de haut niveau porte sur le thème Développement et coopération internationale au XXIème siècle : le rôle des technologies de linformation dans le cadre dune économie mondiale à forte intensité de connaissances. La place centrale des nouvelles technologies de linformation dans léconomie mondiale, dont la pierre angulaire est laccès à lInternet, a également été reconnue par la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, qui a qualifié de "formidable", la tâche consistant à assurer un partage équitable des bénéfices de la révolution numérique. Les progrès en la matière supposent, selon elle, la résolution préalable des problèmes liés aux coûts financiers, aux compétences et au contenu des informations rendues disponibles. La question du financement étant cruciale, Mme Fréchette a proposé la création dun Fonds pour combler le fossé numérique.
La place des technologies de linformation dans le développement montre la nécessité dun nouveau consensus, a dit en écho le Secrétaire dEtat au Trésor des Etats-Unis, M. Lawrence Summers. Pour lui, ce nouveau consensus du développement doit sappuyer sur les trois réalités que sont le lien entre développement économique et croissance; limportance des technologies pour rompre lisolement des pays, et la primauté des politiques nationales comme moteur du développement. Au nombre des éléments constitutifs de ce nouveau consensus, M. Summers en a cité dix qui sont la mise en oeuvre de politiques favorables à léconomie de marché; la mise en place dinstitutions nationales efficaces et des règles de droit; lintégration au reste du monde; linvestissement dans léducation et la santé; la mise en place dun système économique mondial basé sur des règles communes; la création dun système financier international fort et stable; ladoption dune approche réaliste sur la question de la dette; le rôle du secteur public, et laccroissement de laide au développement.
Cette approche a été appuyée par le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), M. Rubens Ricupero, qui a expliqué son appui à un changement de mentalité par le fait que les nouvelles technologies, avec tout leur potentiel, ne sont pas un raccourci vers la prospérité économique mais une partie intégrante dune structure économique mondiale qui, à bien des égards, demeure injuste pour les pauvres et les défavorisés. Le Président de la Banque mondiale, M. James Wolfensohn, a dailleurs plaidé pour que les pays en développement saisissent loccasion des nouvelles technologies pour diffuser leurs informations et encourager ainsi un échange de vues qui leur serait plus favorable en lieu et place de la structure actuelle où les pays développés jouent trop souvent les professeurs. A lOrganisation mondiale du commerce (OMC), par exemple, les technologies de linformation sont toutes indiquées pour informer les pays en développement et augmenter leur niveau de participation au mécanisme de fonctionnement et aux processus de négociations de lOMC, a souligné le Directeur général de lOrganisation, M. Mike Moore. Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour lAmérique latine et les Caraïbes et lAdministrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont également donné leur avis sur limportance des technologies de linformation dans le développement.
Le Conseil économique et social poursuivra son débat de haut niveau cet après-midi à 15 heures. OUVERTURE DE LA SESSION
Déclarations liminaires
M. MAKARIM WIBISONO, Président du Conseil économique et social (ECOSOC) a déclaré que le signe de la renaissance du Conseil était évident cette année quand on regarde la composition des délégations présentes à la présente session. Nous avions tous, jusquà ces dernières années, une vision de léconomie et du commerce fort éloignée de la logique des nouvelles technologies de linformation et de la communication. Malheureusement, les pays en développement dans leur grande majorité, nont pas pu profiter, jusquà maintenant, de ces technologies, et cest pourquoi lECOSOC a choisi de centrer son débat de haut niveau cette année sur cette question. La session qui souvre aujourdhui traitera aussi cependant de thèmes entrant dans le mandat du Conseil, qui est de promouvoir de meilleures conditions de vie, le plein emploi, et des conditions de progrès socioéconomique favorables à tous. Le segment de haut niveau cherchera à trouver les moyens de mettre les technologies de linformation et de la communication (TIC) au service du développement. Le segment dédié aux activités opérationnelles, quant à lui, traitera de deux sujets ayant respectivement trait aux ressources et au financement des activités opérationnelles en faveur du développement, et à la simplification et à lharmonisation de la programmation et des procédures opérationnelles et administratives. Le segment de coordination que nous avons prévu, traitera pour sa part de deux importants thèmes relatifs à lévaluation et au progrès accomplis par le système de lONU, et qui ont été examinés par les différentes conférences dévaluation.
La mondialisation et les TIC ont un certain nombre de retombées et de conséquences, notamment du fait des nombreux défis, risques et opportunités quils créent et qui doivent être abordés et mis au service du développement. Certains des chiffres que nous avons devant nous sont étonnants : lindustrie de lInternet a généré selon les dernières données, 7 trillions (7 000 milliards) de dollars, et les économies des pays qui y sont bien connectés ont connu une expansion spectaculaire. Le potentiel des technologies de linformation est clair et évident, et peut projeter des entreprises de petite et de moyenne taille vers des cimes jusqualors inimaginables. Mais dun autre côté, nous sommes aussi conscients que les richesses générées par cette économie digitale se partagent entre pays avancés, et que le fossé informatique se creuse entre riches et pauvres. Aussi faut-il se demander pourquoi ces forces, qui ont projeté les économies développées vers de nouvelles sphères et de plus grandes richesses, ont- elles laissé de côté les pays en développement? Le défi que nous aurons à relever au cours de notre débat de haut niveau, sera de trouver les voies et moyens de surmonter les multiples contraintes qui empêchent les pays en développement de se connecter à lère numérique. Nous devrons explorer les stratégies, aux niveaux national, régional et mondial qui pourraient permettre de mettre cette révolution technologique au service de tous.
Parallèlement à nos débats, a rappelé M. Wibisono, aura lieu une exposition publique sur les technologies de linformation et de la communication. Cette exposition montrera les technologies actuellement disponibles, dont certaines sont accessibles aux nations en développement. Les 41 exposants venus du monde entier et représentant le secteur privé, les gouvernements et les agences internationales visent ainsi à disséminer lusage de ces technologies et à démontrer leurs différentes applications.
Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a estimé que le nombre, la qualité et la diversité des participants à cette session de lan 2000 du Conseil économique et social prouvent que les Nations Unies font des progrès réels dans la création de nouveaux partenariats même temps quils soulignent la place et le rôle d"un Conseil économique et social revitalisé" comme forum universel de discussions sur les questions économiques et sociales actuelles. Mme Fréchette a poursuivi sur une note positive en attirant lattention sur la phase de réhabilitation dans laquelle sest engagée léconomie mondiale après les crises asiatiques. La Vice-Secrétaire générale a cependant appelé les participants à ne pas oublier, que dans de nombreux pays, ces acquis économiques nont pas encore réussi à faire oublier les souffrances des plus pauvres et des plus vulnérables. Parce quils demeurent exclus de la mondialisation, de nombreux pays, en particulier en Afrique, bénéficient toujours pas des avantages dune économie mondialisée, a insisté Mme Fréchette. Elle a donc appelé la communauté internationale à mettre tout en oeuvre pour que la mondialisation profite à tous et que ces coûts inévitables ne soient pas seulement supportés par les pauvres. Cest une tâche, a-t-elle dit, dans laquelle les Nations Unies peuvent jouer le rôle de chef de file. Elle a, à cet égard, rappelé que chaque année, le Conseil économique et social fournit loccasion unique de réfléchir et déchanger des idées sur les questions les plus urgentes auxquelles est confrontée la communauté internationale.
Venant à la "question cruciale" de la technologie de linformation au service du développement, Mme Fréchette a fait part de sa conviction que laccès à Internet peut fournir bien plus que des opportunités économiques. Cet accès peut en effet avoir un impact de poids sur le développement social, a dit Mme Fréchette, en citant les possibilités en matière dapprentissage, de télémédecine, de promotion de la société civile ou de renforcement des institutions démocratiques. La Vice-Secrétaire générale a tenu cependant à souligner que la technologie de linformation nest pas la formule magique qui pourrait résoudre tous les problèmes. "Cest un instrument merveilleux mais ce nest pas une fin en soi", a-t-elle dit en convenant que cela ne rend pas moins préoccupant le fossé grandissant entre pays riches et pays pauvres en la matière.
Faire partager les bénéfices de la révolution technologique au monde en développement est une tâche formidable, a estimé Mme Fréchette. En la matière, le premier problème qui se pose est celui du coût financier. Si laccès universel à la technologie de linformation est un objectif à long terme, le réalisme veut que dans les pays en développement, lon connecte dabord les communautés plutôt que les individus comme le fait au Bangladesh le "Grameen Phone Programme". Le deuxième problème, a estimé Mme Fréchette, est celui des compétences technologiques. A cet égard, léducation traditionnelle demeure une condition préalable, a-t-elle insisté, en exhortant la communauté internationale à rester fermement engagée à réaliser les objectifs fixés en matière déducation de bas pour tous. Dans ce cadre, lassistance technique peut faire la différence, a ajouté Mme Fréchette, qui a attiré lattention sur la suggestion du Secrétaire général tendant à créer un corps de volontaires des Nations Unies dans le domaine de la technologie de linformation. Le troisième problème décelé par Mme Fréchette est celui du contenu. Pour renverser la tendance actuelle, où 80% du matériel disponible actuellement sur Internet est en anglais, une langue que 75% des peuples du monde ne parle pas, elle a souhaité que soit encouragée la création dun contenu local et des techniques de traduction automatique.
La réduction du fossé informatique exige limplication des donateurs, du secteur privé, des organisations de la société civile et des gouvernements surtout ceux des pays en développement, a dit Mme Fréchette. Pour assurer des progrès en la matière, nous devons faire de la technologie de linformation une partie intégrante de tous les programmes de développement, a-t-elle souhaité avant dappeler la communauté internationale à réfléchir à des stratégies concrètes. "Son universalité et sa faculté à être un interlocuteur mondial permettent à lOrganisation des Nations Unies de forger les coalitions nécessaires", a conclu la Vice-Secrétaire générale en indiquant que le Secrétaire général vient de proposer la mise en place dune équipe spéciale dexperts qui serait chargée de fournir des conseils pratiques sur le rôle de la technologie de linformation dans le développement. "Nous avons aussi besoin dapproches novatrices pour mobiliser les ressources. Nous devons réfléchir aux mesures incitatives pour attirer les investissements du secteur privé. Nous devons donc envisager la création dun "Fonds pour combler le fossé informatique", a encore proposé Mme Fréchette.
M. LAWRENCE H. SUMMERS, Secrétaire au Trésor des Etats-Unis, a déclaré que la situation de pauvreté des 1,2 milliard de personne qui vivent aujourdhui avec moins dun dollar par jour constituait la plus grande question morale de notre époque. Parlant des causes de cette pauvreté, il a relevé les différences de perceptions et danalyses entre responsables des pays en développement et ceux des pays développés. Le monde a besoin dun nouveau consensus, rendu nécessaire par limportance de la nécessité du développement et par la révolution des technologies de linformation et de la communication (TIC). Lors dun voyage en Côte dIvoire, a-t-il dit, jai eu loccasion de faire usage dun téléphone mobile pour régler certaines questions relatives aux objectifs de ma visite dans ce pays. La disponibilité de cette technologie dans larrière-pays de cette nation africaine ma beaucoup fait réfléchir et ma rappelé que cétait seulement quelques années auparavant que javais eu à utiliser pour la première fois un téléphone mobile aux Etats-Unis. Les TIC ont radicalement changé la manière dont fonctionne le monde, et leur propagation seffectue de manière irrésistible.
La plupart des conflits que connaît le monde et qui ont leurs origines dans la détresse économique et le désespoir quelle entraîne, constituent autant de questions de sécurité sur la scène internationale. En cette période daprès- guerre froide et en labsence de conflits géopolitiques majeurs, lintégration des pays les plus pauvres à léconomie internationale sera sans aucun doute le plus grand défi à relever au cours des années à venir, et un débat a pris naissance sur ces questions, dont on a pu voir les manifestations les plus visibles lors du Sommet de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, et plus récemment, lors des discussions sur lentrée de la Chine à lOMC.
Le nouveau consensus international à établir sappuiera sur trois réalités. La première est quil ne peut y avoir de développement économique réussi sans croissance, bien que récemment un débat soit né sur cette question. Lhistoire a clairement démontré quil ne peut y avoir damélioration du revenu des populations les plus pauvres sans croissance de léconomie, et la seule question qui devrait se poser, devrait être de savoir comment parvenir le plus rapidement à cette croissance, qui permettrait de lutter contre la pauvreté. La deuxième réalité est que la "nouvelle économie a un énorme potentiel daccélération des convergences au niveau mondial, et que les technologies de linformation peuvent aider à rompre lisolement des nations les moins développées et leur donner les moyens de faire un bond dans lespace et le temps. Mais nous sommes aussi conscients du fait que la moitié de la population mondiale na pas de téléphone et que 40% des adultes en Afrique sont illettrés. La troisième réalité est que le facteur le plus crucial pour parvenir à un développement mondial au cours des années qui viennent, tiendra aux politiques nationales adoptées par les pays en développement eux-mêmes, car dans léconomie mondialisé, les pays seront les propres maîtres de leur devenir, la communauté internationale ne pouvant, même si elle les prêche, imposer les réformes et la croissance aux peuples.
Les éléments de construction du nouveau consensus international, a dit M. Summers, sont au nombre de dix. Le premier est constitué par les politiques favorables à léconomie de marché. Le pouvoir des marchés libres et des encouragements au libre-échange est plus évident que jamais. Le second élément sera celui de la mise en place dinstitutions nationales efficaces et des règles de létat de droit; ensuite viennent lintégration au reste du monde, linvestissement dans léducation et les investissements en matière de santé. Puis vient le besoin dun système économique mondial basé sur des règles communes et reconnues, au sujet duquel le Président des Etats-Unis a dit quun "cadre légal de responsabilités mutuelles et de sécurité sociale nest pas contraire aux intérêts du marché. Au contraire, il est nécessaire au succès". Le septième élément constitutif du nouveau consensus sera celui de la création et de la mise en place dun système financier international fort et stable, dont lobjectif est au centre des efforts de la communauté internationale visant la réforme de larchitecture financière internationale. Ces efforts visent à améliorer la transparence dans les opérations, à améliorer les infrastructures financières domestiques, et à mettre en place des mécanismes de surveillance et de réduction des déséquilibres financiers associés aux balances nationales de paiement. Nous pensons quil sera essentiel dassurer que le Fonds monétaire international (FMI) continue davoir la capacité suffisante lui permettant de répondre de manière agressive aux crises financières internationales tout en devenant beaucoup plus sélectif dans ses opérations de crédit à court terme. La huitième nécessité du nouveau consensus sera celle dune approche réaliste sur la question de la dette. La réalité est que toutes les dettes ne seront pas remboursées, et que des mesures doivent être mises en place pour annuler certaines dentre elles. Cest la raison pour laquelle lInitiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), endossée par les pays du G7, est la bienvenue. Le neuvième élément du nouveau consensus sera celui des actions que doit mener le secteur public. Il nexisterait pas en effet dInternet, de décryptage du génome humain ou déradication de grandes endémies sil ny avait pas daction du secteur public. Aucune de ces questions ne pourrait être traitée au plan national dans un pays comme les Etats-Unis, et à plus forte raison dans des pays moins riches, sans lintervention du secteur public. Cest pourquoi le secteur public doit jouer un rôle plus important dans notre nouvel agenda pour le développement. Enfin, il ny aura pas de nouveau consensus sans une aide au développement plus substantielle et plus efficace. Sur cette question, nous devons reconnaître que les vues antagonistes qui se sont longtemps opposées sur les responsabilités des uns et des autres, sont fondées. Dun côté, il est vrai que trop dassistance sans bonnes politiques nationales a mené à des désastres, et que trop de ressources et de fonds ont fini dans la construction de palais, la corruption et des comptes bancaires en Suisse. Mais, par ailleurs, il faut aussi reconnaître que certains gouvernements de pays pauvres qui ont déployé beaucoup defforts font face à des problèmes qui ne peuvent être résolus sans un important soutien international.
Débat de haut niveau
Développement et coopération internationale au XXIème siècle : le rôle des technologies de l'information dans le cadre d'une économie mondiale à forte intensité de connaissances
Concertation et examen des faits nouveaux importants touchant l'économie mondiale et la coopération économique internationale avec les chefs de secrétariat des institutions financières et commerciales multilatérales du système des Nations Unies :
M. JAMES WOLFENSOHN, Président de la Banque mondiale, a souhaité que lorsque l'on aborde la question de la technologie de linformation, lon noublie pas la question fondamentale de la pauvreté et du développement et le fait que la technologie de linformation nest pas une formule magique qui apportera des solutions à cette question. Aujourdhui, a poursuivi le Président de la Banque mondiale, il est urgent de donner aux pauvres une chance de saider eux-mêmes et de donner à tous la chance de les aider, dune manière plus efficace. La Banque mondiale a, de son côté, essayé de se faire une idée de ce que les institutions financières internationales peuvent faire pour devenir à la fois institution monétaire et institution de connaissances, comme lexige le défi du développement. Donnant des chiffres pour illustrer le fossé numérique, le Président de la Banque mondiale a posé la question de la pertinence quil y a à relever le défi qui consiste à combler ce fossé. Pour lui, il convient surtout de voir comment la technologie de linformation peut aider à faire avancer la méthodologie afin de relever les défis de la pauvreté. Il faut dabord reconnaître, a-t-il dit, quil sagit dun défi et dune opportunité. Il faut surtout convenir de la nécessité de collaborer pour que dici lan 2004, il y ait interconnexion entre toutes les nations du monde. Les paradigmes du passé ne servent à rien en ce quils sont exactement le contraire de ce dont nous avons besoin aujourdhui, a estimé le Président de la Banque mondiale. Il faut donc trouver des approches novatrices et sengager à apprendre les uns des autres ce que les pratiques nouvelles ont apporté. La Banque mondiale na pas de plans mais elle met en place une série dinitiatives pour lesquelles elle souhaite la participation et laide de tous.
Illustrant ses propos en citant lInfodev, le Président de la Banque mondiale a expliqué que ce programme vise à financer les projets en matière de technologie de linformation dans les pays en développement. Ainsi en Inde, un moniteur et un clavier ont été insérés dans le mur dun taudis pour voir comment les populations réagissaient. Une caméra a été placée et a vite montré que les petits garçons sen sont approchés les premiers puis les parents et les femmes seulement au moment où ils ont été en mesure de traduire dans leur propre concept le concept de ces "machines". Quelque temps plus tard, des programmes ont été mis en place par les populations elles-mêmes qui leur a permis de se connecter avec le monde extérieur et dacquérir les informations nécessaires à leur développement. Aujourdhui, 150 ordinateurs ont été placés pour analyser comment ces "machines peuvent faire la différence". Après avoir cité un certain nombre d'exemples, le Président de la Banque mondiale a plaidé pour que tous aient accès à lInternet et que les gouvernements sassocient aux efforts pour assurer un faible coût à laccès à lInternet par des mesures fiscales ou douanières. Le Président de la Banque mondiale a attiré lattention sur la création dun cadre pour relier par
les écoles 35 000 enfants et enrichir ainsi les processus éducatifs. En Afrique, une université virtuelle a été mise en place qui dessert 14 pays. Cette semaine, un réseau de télééducation a été ouvert dans 13 pays. Voilà le type de choses quil est possible de faire, a dit M. Wolfensohn.
Le plus grand défi est de se réunir et de mettre en commun les connaissances pour quen "appuyant sur un bouton" toute linformation soit disponible. Citant encore la mise en place dun "Portail mondial du développement", le Président de la Banque mondiale a indiqué quil sagit dune autre initiative qui permettra à chaque pays davoir un "portail" et de fournir des connaissances pour faciliter léchanges dinformation. Par ce portail, par exemple, des cours de gestion sont déjà donnés à des maires dans 13 pays dans le monde. Concluant, M. Wolfensohn a indiqué que lidée générale pour la Banque mondiale est de travailler avec de grandes organisations internationales pour parvenir à un prototype de développement. Il a plaidé une dernière fois pour légalité daccès à lInternet et devant linformation en arguant quil y a autant à apprendre des pays en développement que des pays développés qui "jouent trop souvent aux professeurs". LInternet nest pas un luxe; il permet dapporter des connaissances et des opportunités pour chacun dentre nous dans le monde. Le moment est venu dengager le secteur privé, la société civile, les organisations internationales et les gouvernements pour que la révolution numérique apporte léquité pour les pauvres dans le monde entier, a dit le Président de la Banque mondiale.
M. MIKE MOORE, Directeur général de lOrganisation internationale du commerce (OMC) a déclaré que lOMC était heureuse de participer à cette session de fond de lECOSOC. Elle est prête à offrir ses services à tous les pays en développement qui le souhaitent, en matière dinformation et de formation à ses mécanismes de négociations commerciales. Il est regrettable que lon ne se soit pas plus tôt soucié des conséquences quallait entraîner la révolution des technologies de linformation sur lintégration des pays en développement au système mondial déchanges. Les coûts des communications ont longtemps été trop élevés et trop prohibitifs pour permettre à de nombreux pays de participer aux échanges dinformation internationaux. Mais de nouvelles technologies, à la fois moins menaçantes pour lenvironnement et plus faciles demploi, et de nouvelles conditions compétitives de marché vont rapidement faire baisser le coût des communications et faciliter lusage des TIC. LInternet met de plus en plus à la portée de groupes de plus en plus nombreux de nouvelles connaissances. Sil y a quelques années les familles rêvaient de mettre à la disposition de leurs enfants des encyclopédies qui leur permettraient de souvrir à la connaissance universelle, mais qui pesaient énormément sur les budgets domestiques, aujourdhui les contenus de ces ouvrages sont gratuitement accessibles sur lInternet. La révolution numérique ne devrait donc pas être perçue comme une menace aux identités, mais plutôt comme un outil douverture et de partage.
Concernant lOMC, nous sommes conscients que de nombreux pays membres nont pas les moyens de participer à ses consultations et à ses processus de négociations. Certains narrivent même pas à entretenir une délégation permanente auprès de lorganisation. Lusage des TIC permettrait à ces pays de se tenir informés de ce qui se passe. Par ailleurs, certains se sont inquiétés que lOMC allait peut être demander à réguler lInternet. Il nen est rien, bien au contraire. Nous pensons plutôt que le commerce électronique doit se faire sans barrières. Nous partageons, dautre part, les recommandations du Secrétaire général visant à mettre à la disposition des pays en développement des mécanismes leur permettant de participer effectivement au fonctionnement de lOMC et leur permettant de sintégrer au système déchanges internationaux grâce à un usage amélioré des TIC. Nous pensons que les pays qui attendent en ce moment leur entrée à lOMC devraient voir leur demande aboutir dans des délais raisonnables, et nous sommes pour des mesures qui faciliteraient la participation des Etats non encore représentés à Genève aux processus de négociation en cours à titre informatif. LOMC est en faveur de légalité de traitement de tous les pays.
M. EDUARDO ANINAT, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a estimé que le thème choisi pour le segment de haut niveau du Conseil économique et social soulève la question cruciale de la "connectivité", à savoir, le fait que certaines personnes, ou segments de la communauté mondiale, soient connectées à léconomie mondiale tandis que dautres ne le sont pas. Il nest pas surprenant, a ajouté M. Aninat, que les "déconnectés" se trouvent majoritairement dans les pays pauvres. De nos jours, la déconnexion a son prix puisquelle implique lisolement et la marginalisation au moment même où le fossé grandit entre les riches et les pauvres, à lintérieur comme entre les nations. Il faut donc se poser trois questions, a dit M. Aninat : faisons-nous suffisamment pour assurer un rééquilibre progressif de la croissance mondiale; les valeurs des monnaies principales sont-elles conformes à leurs cours originels comme celui de leuro par rapport au dollar, et enfin, faisons-nous assez pour assurer les ajustements voulus dans les marchés financiers. Il est plus que jamais important dassurer une transition douce vers un mode équilibré de la croissance mondiale, a dit M. Aninat avant de sarrêter sur la question de la mondialisation.
La mondialisation, a-t-il dit, nest pas un phénomène récent mais sa nouveauté réside dans limpact énorme quont les technologies de linformation sur lintégration des marchés, lefficacité, le monde industriel et le développement des ressources humaines. A la lumière des crises financières découlant, dans un certain sens, du rôle des technologies de linformation sur les marchés des capitaux, il faut se demander ce que les Nations Unies et le FMI peuvent faire pour assurer un environnement économique plus sûr. M. Aninat a donc appelé les décideurs des pays développés comme des pays en développement à satteler aux ajustements structurels nécessaires. De son côté, le FMI doit se concentrer davantage sur ses activités essentielles et les consolider, en collaboration avec ses partenaires du développement, dans le domaine social.
Le FMI a fait des progrès remarquables, a poursuivi M. Aninat en citant, le mécanisme de surveillance des politiques économiques nationales mis en place par le Fonds, la contribution du Fonds à la mise en place de codes internationaux des meilleures pratiques, et lengagement du Fonds à assurer plus de transparence. Le défi aujourdhui est dutiliser au mieux les informations disponibles et dimpliquer davantage le secteur privé dans la prévention et la résolution des crises. Au centre de sa stratégie, le FMI a ainsi créé un groupe consultatif sur les marchés des capitaux qui regroupe des représentants du secteur financier du privé. M. Aninat a aussi plaidé pour lélimination de la pauvreté arguant que sans cela lappui politique nécessaire à la mise en oeuvre des politiques macroéconomiques saines et des réformes structurelles pour lutter contre linflation et augmenter les taux de croissance, viendrait à faire défaut. Ce quil faut en la matière, cest mettre en place un cercle vertueux délimination de la pauvreté, de croissance soutenue, de hausse de lépargne et des investissements et daccroissement de la productivité. Aujourdhui, le nouveau paradigme veut que laccent soit mis sur lappropriation des programmes par les pays eux-mêmes, la transparence, la bonne gouvernance et la responsabilité. Dans ce contexte, les instruments clés du FMI sont sa Facilité de prêts concessionnels et sa Facilité de lutte contre la pauvreté et de croissance. M. Aninat a terminé sur la question de lallègement de la dette en lançant un appel urgent aux pays développés pour quils respectent leurs engagements.
M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), a déclaré que la connaissance technologique ne saurait être la panacée aux problèmes de développement. La maîtrise des technologies ne peut dautre part être perçue de manière autonome par rapport aux autres conditions prévalant au sein dune société donnée. La maîtrise technologique peut être difficile à réaliser, et difficile à adapter, et ses débouchés peuvent être difficiles à trouver, étant donné quils dépendent en grande partie de "capacités sociales" qui souvent nexistent pas. La connaissance et la maîtrise technologique ne sont dautre part pas indépendantes du contexte macroéconomique, et les nouvelles connaissances se traduisent toujours en nouvelles machines et en nouvelles compétences et capacités humaines. Leur diffusion et leur usage exigent aussi des investissements nouveaux, souvent à grande échelle, et demandent un engagement du secteur public. Les seuls efforts de création dentreprise ne peuvent de ce fait amener par eux-mêmes dimportants gains économiques. La révolution des technologies de linformation a profité à certains pays comme les Etats-Unis, et les pays européens et le Japon ont choisi de rattraper leur retard en la matière en acquérant ou en devenant actionnaires de sociétés américaines. Mais les entreprises des pays en développement ont, pour leur part, été exclues du jeu des acquisitions et des fusions, dont elles ne sont que des victimes.
Dautres évolutions de ce changement technologique sont sources de préoccupations. Les activités basées sur la seule maîtrise de connaissances ont tendance à faire usage de moins de ressources naturelles, entraînant de ce fait encore plus de dépréciation dans les cours des matières premières. Dun autre côté, les emplois bien rémunérés de la nouvelle économie numérique provoquent une fuite des plus brillants cerveaux des pays en développement, qui perdent ainsi leurs meilleures ressources humaines. Les pays développés ont, dautre part, imposé une surprotection de la propriété intellectuelle. Cela va jusquà vouloir sapproprier le décryptage du génome humain et du patrimoine génétique végétal. Un meilleur équilibre doit être trouvé sur cette question entre les encouragements à linnovation dune part, et les intérêts des pays défavorisés dautre part. La spéculation touche les pays développés eux-mêmes, où les entreprises et les investisseurs rentiers se battent pour la possession de lâme des nouvelles technologies, nourrissant ainsi une bulle financière mondiale des stocks boursiers liés aux technologies et dont les valeurs grimpent plus vite que la productivité réelle. Ce comportement fait naître la crainte dun effondrement des marchés boursiers, dont les conséquences seraient désastreuses pour les pays en développement. En vérité, il ny a pas de réponses ou de raccourci technologique au problème de développement qui mettraient de côté les questions traditionnelles. La CNUCED estime que, malgré leur potentiel, les nouvelles technologies ne sont pas une voie rapide pour arriver à la prospérité de tous, mais sont simplement partie dune structure globale qui continue à fortement défavoriser les plus pauvres et les plus faibles. La coopération régionale est une des voies qui soffrent aux pays ne développement pour contourner cette injustice, car elle leur permettrait de constituer des marchés suffisamment larges pouvant soutenir leurs efforts dadaptation technologique.
M. JOSE ANTONIO OCAMPO, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour lAmérique latine et les Caraïbes (CESALC), au nom des Commissions économiques pour lEurope (CEE), lAfrique (CEA), lAsie et le Pacifique (CESAP), et lAsie occidentale (CESAO), a présenté les rapports sur les contributions des commissions au thème du débat de haut niveau de la session de fond du Conseil économique et social. Il a mis laccent sur les facteurs dincertitude qui caractérisent toujours léconomie mondiale. Il a aussi attiré lattention sur les différences de niveau du développement mondial. En Afrique par exemple, la croissance économique atteindra les 4,5% cette année, ce qui est en deçà des 7% exigés pour réduire de moitié la pauvreté avant 2015. Dans ce contexte, il faut souligner que la technologie de linformation, pouvant réduire les coûts de production, peut encourager la croissance économique. Toutefois, lorsquelles ne sont pas équitablement diffusées, les technologies de linformation peuvent accentuer les inégalités entre les pays. Partant, il faut plaider pour une répartition équitable de ces technologies, renforcer léducation et les compétences, multiplier les canaux de financement, et créer des informations juridiques pour régler les litiges éventuels.
M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que la propagation des nouvelles technologies de linformation et des politiques de libre marché, avait généré des richesses immenses dans certaines parties du monde. Mais comme la récemment constaté le dernier Sommet sur le développement social tenu à Genève, les changements spectaculaires provoqués par les TIC ont aussi généré dénormes coûts sociaux, ce qui explique la crise de légitimité sur la question de la mondialisation quy se répand aussi bien dans les pays du Nord que dans ceux du Sud. Le PNUD a choisi de se définir comme une institution dédiée à la fourniture de conseils et au plaidoyer en faveur de la meilleure manière daider les pays en développement à renforcer leurs capacités en vue de venir en aide aux pauvres. Un domaine clef dintervention sera celui du soutien à un meilleur usage et une bonne mise en application des technologies de linformation. A cet égard, le PNUD prévoit de créer un fonds daffectation qui lui permettra, en travaillant avec ses partenaires du système de lONU et les autres, de soutenir et dévaluer le niveau de préparation des différents pays à lère numérique.
Le PNUD a des points forts qui lui permettront de réussir dans la mission quil sassigne, dont, entre autres, sa position comme partenaire de confiance et partenaire de long terme des pays en développement, auxquels sajoute sa crédibilité intellectuelle, telle que manifestée dans le dernier Rapport sur le développement humain. Mais la réussite de cette mission ne peut se faire que dans le cadre de la coopération et de la collaboration avec les autres institutions de lONU. Un bon exemple de cette collaboration est démontre dans le travail accompli au sein du Cadre dassistance technique pour le développement du commerce, que nous accomplissons avec la CNUCED, lOMC, la Banque mondiale, le FMI et le CCI, a dit M. Malloch Brown. Nous espérons que ce débat de haut niveau nous permettra de trouver les termes dune initiative en faveur des pays les plus pauvres, qui doivent faire face à des questions de plus en plus complexes concernant les politiques de développement et les accords commerciaux.
Informations de base
Les travaux qui suivront le débat de haut niveau du Conseil économique et social commenceront le lundi 10 juillet par un débat consacré aux questions de coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies. Ce débat portera sur deux points essentiels : le premier aura trait à lévaluation des progrès réalisés au sein du système de lONU dans le cadre de conférences dexamen, en ce qui concerne la promotion de lapplication et du suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous légide de lONU dans les domaines économiques et social et domaines connexes, et le deuxième point du débat sera celui de la mise en oeuvre coordonnée, par le système de lONU, du Programme pour lhabitat. Le Conseil poursuivra ensuite sa session en examinant les activités opérationnelles du système des Nations Unies aux fins de la coopération internationale pour le développement. Il discutera de la suite donnée à ses recommandations de politique générale et à celles de lAssemblée générale, et examinera les rapports des conseils dadministration de diverses agences et institutions de lONU dont le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour lenfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Au cours de la semaine du 17 au 21 juillet, le Conseil poursuivra son débat général en menant des discussions de haut niveau sur les activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement. Les délégués procèderont ensuite, dans ce cadre, à un échange didées générales avec les chefs de Secrétariat du PNUD, de lUNICEF, du FNUAP et du PAM, avant douvrir, le 19 juillet, un débat consacré aux affaires humanitaires dont le thème choisi est : "Le renforcement de la coordination de laction humanitaire et le rôle de la technologie dans la réduction des effets des catastrophes naturelles et dautres urgences humanitaires, y compris les conflits, en ce qui concerne le déplacement des personnes qui en résulte." La dernière semaine de la session sera consacrée à lexamen de questions relatives, entres autres, au programme à long terme daide à Haïti, à la lutte contre le tabac, et à la coopération internationale dans le domaine de linformatique. Les questions relatives à léconomie et à lenvironnement seront aussi examinées par le Conseil. Elles comprennent notamment les questions relatives au développement durable, à lapprovisionnement en eau et à lassainissement, à la population, à la statistique et à ladministration, aux finances publiques, et au fonctionnement de la Commission de la science et de la technique au service du développement. Le 27 juillet, le Conseil examinera des questions sociales et les questions relatives aux droits de lhomme et à la promotion de la femme et discutera de lapplication de la Déclaration sur loctroi de lindépendance aux pays et aux peuples coloniaux, et il débattra des répercussions économiques et sociales de loccupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe du Golan syrien occupé. Il achèvera son débat général le vendredi 28 juillet par un débat sur les droits de lhomme et sur lapplication du Programme daction pour la troisième Décennie de lutte contre le racisme et la discrimination raciale. La clôture des travaux de la session aura lieu le mardi 1er août, après que le Conseil ait décidé des mesures à prendre concernant les projets de propositions en suspens.
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