En cours au Siège de l'ONU

AG/1035

LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE CONSACREE AU SUIVI DU SOMMET MONDIAL SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL TERMINE SON DEBAT GENERAL

30 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1035


LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE CONSACREE AU SUIVI DU SOMMET MONDIAL SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL TERMINE SON DEBAT GENERAL

20000630

La session reprendra ses travaux demain, samedi 1er juillet, afin d'adopter un document final

GENEVE, le 30 juin -- La vingt-quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies a entendu, cet après-midi, les dernières interventions dans le cadre de son débat de haut niveau sur les propositions de nouvelles initiatives de développement social. La clôture de la session aura lieu demain, autour de 11h30, avec l'adoption d'un document final comportant une déclaration politique visant à assurer l'application intégrale de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et du Programme d'action du Sommet mondial pour le développement social, qui s'est tenu à Copenhague en 1995.

Au cours de la séance de cet après-midi, le Premier Ministre de la Guinée- Bissau, Caetano N'chama, a notamment souligné que l'exercice démocratique du pouvoir, la lutte contre la corruption, la promotion des droits de l'homme, les mesures d'allégement de la dette et la bonne gestion des affaires publiques constituent quelques-uns des principaux facteurs susceptibles de contribuer sensiblement à la réduction de la pauvreté dans le monde.

L'Assemblée générale a également entendu des déclarations de Ministres du Kenya, de l'Algérie, du Zimbabwe et de la Suisse. Sont également intervenus des vices-ministres, secrétaires d'État, personnalités de haut rang et représentants des pays suivants : Kirghizistan, Liban, Antigua-et-Barbuda, Thaïlande, Seychelles, Saint-Siège et Tuvalu, ainsi que des Îles Vierges américaines en tant que membre associé des commissions régionales. Ont aussi pris la parole les observateurs de l'Organisation internationale de la Francophonie, de la Communauté européenne, du Conseil de l'Europe, de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et de la Ligue des États arabes et de l'Ordre souverain de Malte, de même que la représentante de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

À l'instar du représentant de l'Organisation internationale de la Francophonie, plusieurs intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de renforcer la solidarité internationale pour relever les défis de la mondialisation. À également été maintes fois soulignée la nécessité d'ouvrir les marchés des pays développés aux produits des pays en développement.

Les neuf organisations non gouvernementales suivantes ont par ailleurs fait des déclarations :Third World Network, Chambre de commerce internationale et des organisations internationales d'employeurs, Service and Research Foundation of Asia on Family and Culture, Confédération internationale des syndicats libres, Azerbaijan Wowen and Development Centre, Alliance Cooperative Internationale, Social Watch, Conseil international de l'action sociale et Lobby européen des femmes.

Le Président de la session extraordinaire de l'Assemblée générale a indiqué que l'Assemblée générale suspendait les travaux de la session extraordinaire afin de permettre au Comité spécial plénier de conclure ses travaux de rédaction du document final de la session. La session reprendra ses travaux demain matin, samedi 1er juillet, après la réunion du Comité spécial plénier, qui tient sa séance à 10h30.

Déclarations

M. CAETANO N'CHAMA, Premier Ministre de la Guinée-Bissau, a souligné que les problèmes sociaux frappent et préoccupent de plus en plus les pays en développement. Aujourd'hui, la lutte contre la pauvreté est une tâche qui incombe à l'ensemble de la communauté internationale. La pauvreté est un fléau pour l'humanité, a-t-il poursuivi. La présente session extraordinaire est l'occasion de réfléchir et d'aborder de plein pied ce problème. Le Premier Ministre a déclaré que le conflit dans son pays a eu des conséquences néfastes pour la population et le processus de développement économique et social qui était en cours. Le PIB de la Guinée-Bissau a chuté de 28 % en 1998, ce qui a considérablement aggravé la pauvreté. Le développement du pays est donc une tâche difficile qui a besoin du concours de la communauté internationale, a-t-il déclaré. Il a par ailleurs déploré qu'une aide promise l'an dernier à son pays, qui a porté la Guinée-Bissau à se plier aux exigences des donateurs, n'est jamais parvenue.

Le Premier Ministre bissau-guinéen a rappelé qu'un nouveau gouvernement de coalition a été formé dans son pays, constitué par le PRS, parti vainqueur, le RGB et quatre autres partis et personnalités indépendantes. Le gouvernement jouit maintenant d'une stabilité parlementaire. Aujourd'hui, il incombe au nouveau gouvernement de poursuivre le processus économique et social et de restaurer la crédibilité du pays. Dans ce cadre, son attention prioritaire est consacrée aux secteurs sociaux en encourageant notamment l'emploi et un programme de réinsertion et de démobilisation des combattants, d'ailleurs approuvé par la Banque mondiale. Le partenariat à trois, constitué par le gouvernement, le secteur privé et la société civile, sont les piliers qui soutiendront tous les efforts. Plus d'un milliard d'êtres humains vivent dans la plus extrême pauvreté en Asie et en Afrique, l'exercice démocratique du pouvoir, la lutte contre la corruption, la promotion des droits de l'homme, l'allégement de la dette publique, la bonne gestion des affaires publiques sont autant de facteurs qui peuvent contribuer sensiblement à la réduction de la pauvreté.

M. CHRIS OKEMO, Ministre des finances du Kenya, a souligné que dans les pays qui auraient dû tirer parti des résultats du Sommet de Copenhague, le développement social a, dans le meilleur des cas, stagné lorsqu'il n'a pas régressé. Le Kenya est d'avis que ce n'est que grâce à une action ferme et à une coopération étroite au niveau international que la pauvreté pourra éventuellement être réduite. Il faut continuer à insister sur le fait que les programmes d'ajustement structurel convenus doivent comporter une dimension et un visage humains. L'éducation est le seul moyen de sortir de la pauvreté, a ajouté à cet égard M. Okemo. Le Ministre kényan des finances a par ailleurs plaidé en faveur de l'effacement de la dette bilatérale et multilatérale des pays qui répondent aux critères fixés en la matière. À cet égard, il a affirmé que l'initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés n'a bénéficié à ce jour qu'à trop peu de pays et que le seuil à partir duquel les pays peuvent en bénéficier devrait être abaissé afin d'inclure des pays comme le Kenya. Le Ministre a par ailleurs mis l'accent sur l'importance de résoudre les problèmes liés au chômage et à la corruption pour assurer une promotion adéquate du développement social.

M. NOUREDDINE BOUKROUH, Ministre aux petites et moyennes entreprises de l'Algérie a déclaré que si l'on peut se réjouir de la prise de conscience quant à l'urgence que revêtent les grands problèmes sociaux, il n'en demeure pas moins que les résultats des évaluations à mi-parcours des différentes conférences et sommets mondiaux sont loin d'être satisfaisants. En effet, si cette prise de conscience a permis une amélioration de certains indicateurs sociaux s'est opérée, elle est insuffisante et demeure en deçà des objectifs du Sommet de Copenhague. Le Ministre a déclaré que la mondialisation et la libéralisation du commerce et des flux de capitaux conçues et organisées par les pays développés en tenant compte de leurs intérêts, ont davantage handicapé les économies du Sud. À cela vient s'ajouter une baisse constante de l'aide publique au développement. Par ailleurs, le fardeau de la dette s'est alourdi, amenuisant davantage les ressources pouvant être consacrées au développement. Cette évolution du contexte économique mondial a touché de façon particulière le continent africain et notamment l'Afrique subsaharienne.

Ayant souligné que son pays vient de traverser la période la plus difficile de son histoire, qui a entraîné une dégradation des conditions de vie de la population, le Ministre algérien a indiqué qu'une Conférence nationale consacrée à la politique sociale sera convoquée en octobre 2000 afin de définir une stratégie de développement conforme aux exigences de la Déclaration et du Programme d'action de Copenhague. Il a toutefois précisé que l'action sociale de l'État s'est renforcée, conduisant au rétablissement et à l'équilibre du système de sécurité sociale qui concerne plus de 80% de la population.

MME UKTOMKHAN ABDOULAEVA, Premier Vice-Ministre du travail et des affaires sociales du Kirghizistan, a rappelé qu'il n'existe pas une voie unique permettant d'atteindre le développement social. Elle a rappelé que le processus de transition que traverse son pays a abouti à une dégradation des niveaux de vie de la population. Au Kirghizistan, 55% de la population se trouve en dessous du seuil de la pauvreté. Pour les pays en transition, les dépenses liées au fardeau de la dette grèvent lourdement les budgets susceptibles d'être alloués aux dépenses sociales.

Mme Abdoulaeva a mis l'accent sur l'importance capitale que son pays accorde à la promotion de la route de la soie, qui va du Portugal au Japon, pour assurer le développement de son pays et de toute la région. Elle a donc plaidé en faveur d'un partenariat renforcé entre tous les pays traversés par cette route.

M. WALID NASR (Liban) a déclaré que la mondialisation appelle la création de nouvelles institutions et structures économiques. Il faut faire en sorte que la majorité des États puisse retirer les bénéfices de la croissance mondiale. Le Liban considère que la société civile peut apporter une contribution significative à la promotion du développement social. Le représentant a souligné qu'on assiste au Liban à une fuite des cerveaux qui a eu des conséquences négatives sur le pays. Le représentant libanais a décrit les mesures prises par son pays pour promouvoir le développement social, indiquant notamment que le gouvernement prend des mesures destinées à réformer son système monétaire et à lutter contre le chômage. Le Liban espère que les accords de coopération bilatérale et multilatérale tiendront davantage compte, à l'avenir, des besoins des pays en développement. M. Nasr a par ailleurs évoqué la situation au Sud-Liban, rendant hommage au courage de la population qui a subi ne situation difficile pendant si longtemps. Pour le Liban, le retour à la normale passe par l'application d'un train de mesures économiques et sociales.

MME PATRICIA BIRD, Commissaire de l'amélioration sociale d'Antigua-et- Barbuda, a déclaré que depuis Copenhague, le terrain d'opérations a changé et le mot mondialisation contient toute l'essence des changements radicaux du monde d'aujourd'hui. Ce phénomène a entraîné de rapides changements sur le plan de la technologie de l'information et provoqué de grandes avancées dans le domaine de l'informatique. Mme Bird a recommandé que les chances offertes par la mondialisation soient distribuées à tous et particulièrement aux pays en voie de développement.

La délégation d'Antigua-et-Barbuda estime que la mondialisation et les transformations qu'elle entraîne devraient être abordées de façon à ce qu'elles favorisent l'assistance et l'amélioration des conditions de vie des moins nantis. Il faut encore consentir des efforts concrets afin de garantir des services sociaux de base et d'atteindre les objectifs fixés par le Sommet de Copenhague.

M. PRASONG RANANAND, Secrétaire permanent au Ministère du travail et des affaires sociales de Thaïlande, a déclaré que les effets ravageurs des guerres et conflits civils, des violations massives des droits de l'homme, des crises financières, des crimes transnationaux, de la pauvreté grandissante à travers le monde et des catastrophes naturelles ont entravé le développement social. Il a cependant fait observer que la mondialisation a aussi entraîné des changements positifs dans la mesure où elle permet aux peuples d'entrer en contact et de s'entraider grâce à un processus neutre qui ne tient compte d'aucune considération de race ou de couleur. Pour transformer la planète en un meilleur lieu de vie pour les générations futures, il faudra faire preuve d'une ferme volonté politique et s'efforcer d'appliquer vigoureusement les initiatives convenues. M. Rananand a insisté sur la nécessité de remédier de toute urgence à la tendance au déclin de l'aide publique au développement et d'appliquer effectivement l'initiative 20/20.

La Thaïlande demande que soient renforcés les mécanismes du Conseil économique et social afin que cet organe puisse s'acquitter de son mandat de manière efficace. Elle considère en outre comme des signes très encourageants, pour la mobilisation des ressources et la coordination des efforts au niveau politique, les accords de travail entre les Nations Unies, l'Organisation internationale du travail et les institutions de Bretton Woods. La Thaïlande estime par ailleurs qu'il est essentiel de disposer de garanties assurant que les économies peuvent s'intégrer dans l'économie mondiale sans mettre en péril la stabilité macroéconomique. À cet égard, des mécanismes internationaux de contrôle et de régulation des flux de capitaux doivent être créés dans le but de fournir une base plus propice au développement social. La crise financière qui a touché la Thaïlande a mis en lumière un certain nombre de dysfonctionnements des filets de sécurité dans le domaine social et a fait prendre conscience au pays que

l'industrialisation moderne ne saurait être durable si l'on néglige le développement social. Le Huitième plan national de développement économique et social élaboré par la Thaïlande insiste sur l'importance d'assurer le bien-être social des groupes marginalisés.

MME MARIE-PIERRE LLOYD, Conseillère spéciale du Ministre des affaires sociales et du développement des Seychelles, a rappelé que son pays a été l'un des premiers à ratifier la Déclaration de Copenhague, témoignant ainsi de la ferme volonté des Seychelles de promouvoir le développement social. Aujourd'hui, le pays doit faire face à de nouveaux défis, tels que l'épidémie de sida, les conséquences des bouleversements climatiques et la mondialisation. La nouvelle stratégie de développement social des Seychelles vise à soutenir la croissance économique et accorde la priorité à l'intégration sociale des personnes vulnérables. Les trois objectifs fondamentaux de cette stratégie sont l'allégement de la pauvreté, la justice sociale et le renforcement de la participation populaire.

Mme Lloyd a souligné que la pleine participation de la population à la mise en oeuvre des politiques de développement est essentielle. C'est pourquoi un accent particulier est placé sur le soutien aux familles. Elle a également précisé que le plan d'action pour la promotion du développement social aux Seychelles accorde un rôle important aux organisations non gouvernementales et aux organisations du secteur privé. Tout en reconnaissant que seule une ferme détermination des dirigeants des pays en développement peut conduire à des évolutions durables, la représentante seychelloise a plaidé en faveur d'un renforcement de la solidarité internationale pour assurer la promotion du développement social.

MME FLORENCE CHITAURO, Ministre du service public, du travail et du bien- être social du Zimbabwe, s'est dite préoccupée que les pays en développement n'aient pu bénéficier du partage des fruits de la mondialisation de façon équitable avec les pays développés. Elle a demandé instamment aux pays développés de tenir compte de l'impact négatif de leurs politiques intérieures économiques, monétaires et fiscales sur les pays en développement et d'appliquer des mesures sensibles aux besoins et intérêts des pays en développement. Les termes de l'échange se sont aggravés et les ressources financières ont décliné dans la plupart des pays en développement, y compris le Zimbabwe. La Ministre a souligné la nécessité de contrôler les déséquilibres dans les accords actuels de l'Organisation mondiale du commerce et en particulier à l'égard du droit des pays en développement de promouvoir leurs exportations, dont l'accès aux marchés mondiaux est actuellement entravé par l'abus de mesures protectionnistes. Elle a également appelé les pays développés à appliquer pleinement les principes du traitement spécial et différentiel aux pays en développement afin de renforcer le système de préférences et d'accorder aux produits et service d'intérêt particulier pour les pays en développement un accès libre et juste aux marchés.

La Ministre zimbabwéenne a souligné que, pendant trop longtemps, les pauvres ont été considérés comme des victimes des circonstances qui méritaient sympathie et compassion. Mais la pauvreté n'est autre qu'un déni des droits humains fondamentaux. Les gouvernements, la communauté internationale et les institutions devraient être tenus pour responsables pour l'absence de mesures visant à enrayer la progression de la pauvreté. Il faut trouver un nouveau modèle de développement qui appuierait une participation équitable à la croissance et à la distribution de ses bénéfices. Les crédits concédés par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale aux pays en développement se sont souvent accompagnés de conditions inacceptables issues de la manipulation politique de ces institutions par les pays puissants. Elle s'est également dite préoccupée par le déclin de l'aide publique au développement qui a eu un impact sur les activités de développement social dans les pays en développement et a exhorté les pays développés à honorer les engagements relatifs au versement de 0,7 % du PIB à l'aide publique au développement.

M. PASCAL COUCHEPIN, Conseiller fédéral et Chef du Département de l'économie de la Suisse, a déclaré qu'en accordant son soutien au dialogue entre les États, les organisations internationales et la société civile, l'Assemblée générale améliorera la compréhension des retombées sociales de la mondialisation en abordant les liens entre le commerce, le développement et le travail. La Suisse croit que la communauté internationale disposerait ainsi du moyen de contribuer à éloigner le danger du protectionnisme et, par une politique intégrée, à encourager la coopération entre les organisations internationales pour indiquer les pistes d'actions concrètes sur le terrain. Il appartient aux Nations Unies et à ses institutions spécialisées d'assurer un volet social global qui accompagne les règles du jeu économique mondial. Ceci doit être fait dans une approche positive et intégrée pour que le respect et la mise en oeuvre des normes sociales deviennent un véritable avantage comparatif sur les marchés.

M. Couchepin a estimé qu'il faut fixer les contours d'un véritable contrat social mondial avec tous les acteurs de la société, à savoir un État fort et recentré sur ses tâches prioritaires, les organisations internationales, les entreprises, les syndicats et les organisations non gouvernementales. La solidarité entre les nations et au sein des nations, la coopération entre tous les acteurs de la société, telles sont les nouvelles orientations pour réussir la mondialisation, a-t-il conclut.

M. DIARMUID MARTIN (Saint-Siège) a rappelé que le Sommet de Copenhague avait dégagé une vision du développement social qui avait permis de mettre l'accent sur le caractère pluridimensionnel de la pauvreté. Or, il ne peut être répondu à un phénomène pluridimensionnel qu'en apportant une réponse pluridimensionnelle. Depuis la tenue du Sommet de Copenhague, nous avons appris qu'il n'existe pas de réponse unique aux défis soulevés par la pauvreté et l'exclusion: aucune idéologie, aucun modèle économique unique ne recèle une réponse totalement adéquate.

Le fait que les nations n'aient pas respecté leurs engagements solennellement proclamés à Copenhague affaiblit la confiance qu'inspirent aux peuples les normes et instruments internationaux, au moment même ou croît chaque jour davantage l'importance de ces normes et instruments pour la coopération pacifique dans le monde. Dans un monde où les ressources en faveur du développement sont limitées, nous devons rechercher les moyens d'utiliser au mieux l'aide publique au développement, l'allégement de la dette et les investissements privés, sans exclure la recherche de nouvelles formes de financement adaptées à la nouvelle structure financière internationale. Les pays les plus pauvres doivent pouvoir accéder librement et équitablement aux marchés des pays développés. Étant donné que l'individu est la première ressource de l'économie moderne, ses droits et sa dignité doivent se voir accorder la priorité. Aussi, les investissements dans l'éducation et dans la formation s'avèrent-ils particulièrement importants. Attirant l'attention de l'Assemblée générale sur les guerres et conflits qui engendrent la pauvreté dans de trop nombreuses régions du monde, l'observateur du Saint-Siège a déclaré que le monde ne peut plus s'offrir le luxe de vivre dans l'illusion en pensant que les questions de sécurité et les questions sociales peuvent être considérées séparément.

M. RIDHA BOUABID, Chef de la délégation d'observation de l'Organisation internationale de la francophonie, a estimé que des progrès, dont les fruits ne sont pas toujours répartis de façon équitable, ont été enregistrés depuis le Sommet de Copenhague. Des objectifs, comme l'alphabétisation, l'espérance de vie, la scolarisation, l'accès aux services sociaux de base ou encore, l'égalité entre les hommes et les femmes ont ainsi connu des développements encourageants. Ceci étant, de nombreux engagements sont encore loin d'avoir été réalisés. L'être humain, a déploré M. Bouabid, n'est toujours pas au centre du développement. Et l'objectif premier de Copenhague, l'élimination de la pauvreté, a malheureusement conservé toute son actualité. Dans un monde plus riche globalement, le maintien de pareilles distorsions, a déclaré M. Bouabid, n'en est que plus injuste et plus choquant.

C'est pourquoi, il convient aujourd'hui de réaffirmer la volonté de parvenir à la réalisation des objectifs de Copenhague, à travers le dialogue et la coopération. Des stratégies de coopération plus actives avec les donateurs doivent être mises en place pour éliminer la pauvreté et permettre l'accès de tous aux services sociaux de base. Face aux défis de la mondialisation, dont l'élément moteur est l'économie de marché, la solidarité doit s'exprimer avec force.

M. Bouabid pense que l'État reste le principal garant des stratégies de développement et doit exercer ses responsabilités dans la transparence et la responsabilité. Ceci étant, des mesures devraient être prises au plan international en vue d'alléger la dette des pays les plus pauvres, de renverser la tendance au déclin de l'Aide publique au développement, d'ouvrir les marchés aux produits des pays en développement. Il conviendrait également de réformer l'architecture des institutions financières internationales afin de la rendre plus cohérente et plus transparente.

M. Bouabid a déclaré que les décisions d'annulation de la dette prise par le G8 doivent être effectivement appliquées. Il a parlé de l'ampleur de l'épidémie de SIDA qui, à ses yeux, requiert une mobilisation des pouvoirs publics et de la Communauté internationale dans son ensemble. Il a relevé que l'aide publique au développement, solennellement réaffirmé à Copenhague mais qui est en recul au cours des dernières années, doit demeurer un pilier essentiel du soutien de la Communauté internationale aux pays les plus pauvres. M. Bouabid a également plaidé en faveur de l'accès aux marchés des produits à l'exportation des pays les moins avancés. M. Bouabid a enfin affirmé que la mondialisation nécessite un accompagnement social crédible et soutenu. Partant, il a déclaré que la mise en oeuvre de l'Organisation internationale du travail de 1998 sur les principes et les droits fondamentaux du travail doit faire l'objet d'une coopération renforcée.

M. POUL NIELSON, Commissaire pour le développement et l'aide humanitaire de la Communauté européenne, a déclaré que les engagements du Sommet de Copenhague ont été inclus dans le récent accord de partenariat signé entre l'Union européenne et le Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et que cet accord est fondé sur la notion de lutte contre la pauvreté et le développement centré sur l'humain. Ils sont essentiels au développement durable et à l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale. Au niveau multilatéral, le Commissaire européen a indiqué que la Communauté européenne promeut activement le lancement de nouvelles négociations commerciales au sein de l'Organisation mondiale du commerce où les défis du développement peuvent être efficacement relevés afin que les bénéfices et les opportunités de croissance

générés par le système commercial multilatéral soient disponibles pour tous les pays. La responsabilité politique des gouvernements est un facteur clé, a-t-il ajouté, et les stratégies nationales appartiennent totalement aux gouvernements nationaux et à la société civile.

Le consensus international semble avancer dans la bonne direction, a estimé le Commissaire européen, mais il reste à constater son impact sur la réalité des pays en développement. La mondialisation implique des risques croissants de marginalisation, a-t-il dit, en particulier celle des pays pauvres. La politique est en place, a-t-il déclaré, les institutions sont là également mais il faut injecter davantage d'énergie politique dans l'application de leurs politiques. Les donateurs doivent être beaucoup plus généreux; il n'y a aucune excuse pour réduire les budgets en faveur de l'assistance. L'allégement de la dette est un des quelques domaines où un progrès semble se matérialiser avec la signature la semaine prochaine d'un accord portant sur un milliard d'euros de contribution de la Communauté européenne destinée à couvrir les coûts de cette dette de plus en plus rapide, profonde et étendue.

M. CONSTANTINOS N. PILAVACHI (Conseil de l'Europe) a souligné que depuis la tenue du Sommet social à Copenhague, les 41 membres du Conseil de l'Europe ont renforcé leur engagement en faveur du développement social. La promotion du développement social en Europe à laquelle procède le Conseil de l'Europe s'appuie sur la Charte sociale européenne et sur la Stratégie en faveur de la cohésion sociale, a-t-il précisé. Au titre des domaines de politique sociale dans lesquels le Conseil de l'Europe est particulièrement actif, figurent la protection sociale, l'accès des exclus ou des personnes menacées d'exclusion aux droits sociaux (protection sociale, logement, emploi); l'amélioration de la situation et de la protection des enfants en Europe; l'intégration sociale des migrants et des minorités ethniques défavorisées. Pour l'avenir, le Conseil de l'Europe envisage de traiter directement la question de la pauvreté et de l'exclusion sociale en offrant par exemple aux gouvernements de les aider à mettre au point des stratégies intégrées nationales de lutte contre la pauvreté.

MME PILAR NORZA (Organisation internationale des migrations) a souligné que les migrants sont souvent des personnes vulnérables, considérées comme différentes et donc victimes de discriminations de toutes sortes. Alors que l'on considérait autrefois l'immigration comme un élément positif du point de vue du développement social, ce n'est plus le cas aujourd'hui. À Copenhague, la communauté internationale a formulé toute une série de promesses concernant les migrants. Elle vise notamment la promotion du plein emploi et de leur intégration sociale. Cinq ans après Copenhague, force est de constater que la mise en oeuvre des engagements s'est avérée inégale. Parmi les 150 millions de migrants dans le monde, certains ont pu tirer parti de la mondialisation alors que d'autres en ont subi les effets néfastes. Les migrants affrontent une situation de plus en plus difficile s'agissant du respect de leurs droits et de leur intégration sociale. Pourtant, la communauté internationale dispose de nombreux instruments juridiques permettant de protéger les migrants, et il faut se concentrer sur leur application.

Mme Norza a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale pour lutter contre le trafic de migrants. La tragédie de Douvres, dans laquelle 58 personnes ont trouvé la mort, illustre le lien entre le phénomène de l'immigration clandestine et les thèmes qui ont été débattu tout au long de la

présente session de l'Assemblée générale. Il faut donc lutter contre les criminels qui, à des fins lucratives, abusent de l'aspiration à une vie meilleure de certaines personnes.

M. MAHAMAT HABIB DOUTOUM, Secrétaire adjoint de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a déclaré que des progrès très significatifs ont été réalisés ces dernières années dans les domaines du respect des droits de l'homme, de la démocratisation, de la liberté de la presse, des libertés en général et de la bonne gouvernance, mais il reste encore des réajustements à faire du fait que les débuts de telles expériences n'ont pas toujours été très heureuses dans certaines régions. Il a également estimé que ces quelques progrès dans certains secteurs essentiels du développement social sont malheureusement souvent contrecarrés, voire annihilés, par les mauvaises performances économiques, le chômage endémique, le sous-emploi chronique qui perpétuent la misère et la pauvreté dont les femmes, les enfants et les autres catégories de personnes les plus vulnérables sont les principales victimes. D'autres handicaps majeurs à l'action de l'OUA sont notamment la prolifération des conflits politiques et sociaux qui ravagent l'Afrique et la persistance des maladies infectieuses comme le sida. Ces conflits sont générateurs de situations désastreuses pour les réfugiés, les personnes déplacées ou regroupées et qui vivent dans les conditions les plus atroces avec toutes les conséquences sur leur santé physique et mentale.

Pour réagir à la recrudescence de ces conflits, l'OUA a créé en 1993 un mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits qui consacre d'importants efforts à ces graves problèmes. Il serait vain de penser qu'il peut y avoir la paix, tant que les populations souffrent de la misère, de la pauvreté et en l'absence de conditions adéquates d'alimentation de santé, d'éducation, de logement et sans un minimum d'épanouissement personnel et collectif. Pour toutes ces raisons, le Secrétaire général de l'ONU a demandé à la communauté internationale de soutenir davantage, par voies bilatérale et multilatérale, les efforts de l'OUA et de ses États membres pour assurer la paix en Afrique et créer les conditions nécessaires à un développement social durable et harmonieux.

M. PIERRE-YVES SIMONIN (Ordre souverain de Malte) a rappelé que servir les plus déshérités, travailler à l'éradication de la pauvreté et des maladies, oeuvrer pour la justice sociale et défendre la dignité et les droits de l'homme sont les tâches que l'Ordre a en partage avec les Nations Unies. Sans doute le processus de Copenhague n'a pas entraîné tous les effets escomptés - les inégalités se sont aggravées, le front de l'exclusion n'a pas régressé, le respect des droits de l'homme a trop souvent marqué le pas et la dignité de la femme, de l'homme et de l'enfant a trop souvent été bafouée - mais des acquis sont également à porter à l'actif de Copenhague. Le Sommet qui s'est tenu en 1995 dans la capitale danoise a en effet surtout suscité un esprit qui s'est non seulement maintenu mais aussi renforcé ici, à Genève, au vu des textes qui devraient être adoptés en conclusion de cette session extraordinaire de l'Assemblée générale, renouvelant les engagements pris et scellant de nouvelles initiatives. L'Ordre souverain de Malte mène notamment des activités concrètes en matière de lutte contre la lèpre, de lutte contre le sida et de fourniture de médicaments, a souligné M. Simonin.

M. CARLYLE CORBIN, Ministre des affaires étrangères des Îles vierges américaines, a déclaré que la plupart des pays du Sud n'ont pas encore pu tirer parti des effets positifs de la mondialisation. Bien au contraire, les petits États insulaires en développement en subissent les effets néfastes. Le Ministre a déclaré que l'absence de diversification économique, la petite taille, l'exposition aux catastrophes naturelles rend les petits États insulaires en développement particulièrement vulnérables. L'évolution des règles du commerce mondial, notamment en ce qui concerne le commerce des bananes, sont douloureuses pour les petits États insulaires en développement. Nous devons recycler notre force de travail en développant le secteur tertiaire. Comment affronter les nouveaux processus économiques mondiaux pour en limiter les effets néfastes sur le développement social et accroître leurs bénéfices, s'est demandé le Ministre. Il a affirmé que les petits États insulaires en développement luttent pour surmonter leurs difficultés et trouver leur place dans le nouvel ordre économique mondial. Pour cela, nous avons besoin de transfert de technologie et de ressources, a-t-il souligné. Le Ministre a enfin rappelé qu'au début du siècle, les pays les plus riches l'étaient 9 fois plus nombreux les pays les plus pauvres. Aujourd'hui, ils sont 69 fois plus riches que les pays les plus pauvres. Pour le Ministre, cette vérité brutale devrait inciter la communauté internationale à créer un nouvel environnement économique mondial permettant aux pays en développement de prendre toute leur part à la mondialisation.

M. DAW ALI SWEDAN (Ligue des États arabes) a déclaré que la plupart des sociétés arabes souffrent de la pauvreté et que l'occupation israélienne de certains territoires a un impact sur le développement social durable, tout comme l'embargo imposé à certains États, et ne favorise pas l'épanouissement des générations futures. Il a appelé à oeuvrer en vue de créer un climat international propice fondé sur l'égalité de tous et le respect des droits de l'homme fondamentaux. Il faut éliminer les difficultés et les obstacles, intégrer les politiques de lutte contre la pauvreté, favoriser l'intégration sociale et lutter contre les dislocations des sociétés entraînant l'extrémisme et les violences. Le représentant a appelé les pays donateurs à respecter leurs engagements, notamment en ce qui concerne l'allégement de la dette multilatérale et bilatérale des pays les plus endettés, et de consacrer les ressources libérées au développement humain. Il est important de reconnaître la diversité des cultures et des civilisations et garantir leur respect et de ne pas imposer de sanctions économiques qui pèsent sur les catégories de personnes les plus vulnérables. Il faut garder sous surveillance les conflits et veiller à leur règlement pacifique, à l'élimination des armes de destructions massives dans tous les États, refuser la politique de colonisation, d'expansion et d'hégémonie d'Israël. Il a invité les délégations à étudier le projet proposé par la Tunisie concernant la création d'un fonds mondial pour lutter contre la pauvreté.

MME MISALAIMA NELESONE, Secrétaire à la santé, aux femmes et aux affaires communautaires de Tuvalu, a souligné que son pays, comme bon nombre d'autres pays du Pacifique, est très éloigné des marchés mondiaux et reste particulièrement vulnérable aux bouleversements environnementaux, en particulier pour ce qui est de l'élévation du niveau de la mer. Le pays ne dispose pas des ressources nécessaires pour répondre aux besoins de sa population; c'est la population qui est la seule ressource dont dispose le pays pour assurer son développement économique. Aussi, l'éducation est-elle considérée comme essentielle pour le pays. L'éducation primaire est gratuite à Tuvalu et, d'ici 2001, cette gratuité sera étendue au niveau de l'éducation secondaire.

Mme Nelesone a affirmé que la population de son pays vit dans un monde dont les caractéristiques entrent en conflit avec son mode de vie traditionnel. Là réside la cause des principaux dilemmes sociaux auxquels sont confrontés le peuple de Tuvalu et les autres peuples du Pacifique. Les gouvernements du Pacifique, à travers leur forum régional, se sont engagés en faveur de l'intégration du développement social dans leurs programmes de réforme économique. Le Gouvernement de Tuvalu pense avoir besoin de beaucoup d'assistance financière et technique pour être à même de mettre en oeuvre et de consolider les résolutions qu'il a prises en matière de développement social et de promotion du bien-être social.

Déclarations d'organisations non gouvernementales

M. YAO GRAHAM (Third World Network) a affirmé que depuis le Sommet de Copenhague, les conditions sociales des pays en développement n'ont pas cessé de se détériorer. Le représentant a affirmé que le fardeau de la dette étouffe le développement en Afrique. Le service de la dette fait que les gouvernements ne peuvent consacrer que des sommes minimes aux politiques de développement social. Partant, le représentant a regretté que les grandes puissances continuent de résister aux demandes d'annulation de la dette. Le représentant a par ailleurs souligné que l'épidémie de sida fera plus de victimes en Afrique dans les prochaines années que toutes les guerres et toutes les catastrophes naturelles intervenues ces 20 dernières années sur le continent. Il est donc impératif que toutes les stratégies de développement tiennent compte de ce fléau. Le représentant a enfin déclaré que les règles du commerce mondial sont dictées par un petit nombre de grandes puissances. Il s'est élevé contre l'application de politiques économiques néolibérales qui ont eu de graves répercussions sur les populations des pays en développement.

M ASHRAF TABANI (Chambre de commerce internationale et des organisations internationales d'employeurs) a déclaré que depuis Copenhague, un débat a eu lieu sur la mondialisation et son impact : force motrice ou obstacle au développement social ? Selon M. Tabani, la mondialisation a ouvert de nouvelles voies à l'économie des pays développés mais aussi de certains pays en développement. De nombreux pays n'ont pas réussi à en tirer parti : la pression de la concurrence peut entraîner des poches de pauvreté considérables. Pourtant il ne s'agit pas de freiner le processus de mondialisation. Les pays qui ont choisi de faire partie de l'économie mondiale depuis Copenhague ont connu des taux de croissance de 4% mais les autres qui ne se sont pas ralliés à l'économie mondiale n'ont pas atteint 1 % de croissance. Il faut considérer d'autres raisons que la mondialisation à leurs échecs, comme les conflits endémiques, la mauvaise gestion des affaires publiques, des populations actives qui souffrent de maladies, qui font que les peuples de ces pays n'ont pas accès à cette nouvelle économie. Le monde des affaires est prêt à prendre des risques en faveur de la création d'emplois mais à condition qu'ils jouissent de garanties minimum sur les marchés telles que la stabilité monétaire et fiscale et la primauté du droit. Les États doivent lui garantir la libre circulation des investissements et des capitaux et le respect de la propriété intellectuelle entre autres.

MME CATHERINE BERNARD (Service and Research Foundation of Asia on Family and Culture) a rappelé que les organisations représentant la société civile de la région du Pacifique se sont dit déçues que les engagements pris à Copenhague en 1995 n'aient pas été mis en oeuvre en raison, notamment, de l'insuffisance des investissements financiers consentis à cette fin. Elle a donc demandé à la communauté internationale d'annuler la dette de tous les pays en développement, de lever les objections à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières, de promouvoir la responsabilité sociale des entreprises, de mettre tous les médicaments disponibles à disposition des pays qui en ont besoin et de renforcer l'obligation redditionnelle des institutions de Bretton Woods.

M. FACKSON SHAMENDA (Confédération internationale des syndicats libres) a déclaré que trop peu a été fait pour mettre en oeuvre les 10 engagements de Copenhague, particulièrement en matière de promotion de l'emploi. À présent il faut redéfinir et modifier la mondialisation pour la mettre au service des populations. Le représentant a par ailleurs plaidé en faveur d'une annulation de la dette. Il a également appelé de ses voeux une ratification universelle de la Déclaration de l'Organisation internationale du travail sur les principes et droits fondamentaux au travail, qui peut constituer le fondement d'une économie mondiale plus humaine. Le représentant a enfin affirmé qu'il faudra traduire en actes concrets les engagements pris à Genève. Si les organisations non gouvernementales et les Nations Unies travaillent ensemble, il est possible de relever le défi.

MME ELMIRA TEYMUR SULEYMANOVA (Azerbaijan Wowen and Development Centre) a déclaré que les principaux défis à relever aujourd'hui sont liées à l'impact négatif de la mondialisation, responsable en Europe orientale de taux de chômage élevé, des faibles revenus, du manque de sécurité, des différentes formes de marginalisation, des disparités entre pauvres et riches accrues, de la traite des êtres humains, des guerres et conflits armés. Nous demandons que la violation des droits de l'homme découlant de ces problèmes soit jugulée, nous demandons une plus grande volonté politique et la prise d'engagements en matière de responsabilité au niveau national, afin de favoriser la création d'emplois, mettre en place des programmes de protection sociale pour les groupes les plus vulnérables, reconnaître la pauvreté et les inégalités croissantes et le rôle des dépenses publiques, reconnaître le rôle et le partenariat avec les organisations non gouvernementales, fournir les moyens nécessaires à la promotion du droit au logement et pour vivre en paix et en sécurité.

M. BRUCE THORDARSON (Alliance Cooperative Internationale) a rappelé que mettre l'être humain au service du développement reste l'objectif central des nombreuses coopératives existantes à travers le monde. C'est pourquoi son organisation, qui représente 750 millions d'individus dans le monde, rejoint la communauté internationale dans sa volonté de lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Le représentant a souligné que les coopératives créent et maintiennent de nombreux emplois dans les zones rurales et qu'elles fournissent près de 100 millions d'emplois dans le monde, constituant parfois le principal employeur national, comme cela est le cas dans nombre de pays d'Afrique. La justice sociale ne saurait être réalisée dans des sociétés qui n'offrent pas des opportunités égales aux hommes et aux femmes, a rappelé M. Thordarson.

M. HECTOR BEJAR (Social Watch) a déclaré que depuis Copenhague, on n'a pas plus su créer un environnement favorable au développement social. Les gouvernements d'Amérique latine, les pays du Nord doivent apporter des ressources supplémentaires pour réaliser le développement social, a affirmé le représentant. Il a par ailleurs regretté que ces cinq dernières années, le développement social n'ait pas constitué la priorité pour les gouvernements d'Amérique latine. Il a enfin plaidé en faveur d'une démocratisation des institutions financières internationales afin de les rendre plus justes, démocratiques et dignes. Pour conclure, il a informé les délégations de la rédaction par un collectif d'organisations non gouvernementales d'une Déclaration alternative sur le développement social.

M. QAZI FARUQUE AHMED (Conseil international de l'action sociale) a suggéré la création d'un pacte antipauvreté international impliquant les pays développés et en développement ainsi que les institutions financières internationales qui engagerait la mobilisation de ressources anti-pauvreté et comprendrait sept actions clés, à savoir l'accroissement des clauses et le renforcement de l'application de l'aide publique au développement, l'amélioration et l'accélération d'arrangements en faveur de l'annulation de la dette, la réduction de la volatilité des capitaux, la réduction de l'injustice des arrangements commerciaux internationaux pour les pays en développement, la cessation des dépenses et exportations militaires excessives, le lancement d'une initiative vigoureuse pour renforcer les systèmes anti-corruption au niveau national et international et l'amélioration de l'équité et la productivité durable en matière de propriété et d'utilisation de la terre et des ressources naturelles.

MME ALIDA SMEEHES (Lobby européen des femmes) a déclaré que les principaux défis rencontrés par les pays occidentaux et ceux rencontrés par les pays de la Communauté d'États indépendants ne sont pas aussi différents que l'on pourrait le penser à premier abord. En Europe occidentale, les systèmes de protection sociale mis en place au cours des cinquante dernières années sont progressivement 'grignotés'. Apparaît une classe sociale nouvelle composée de travailleurs pauvres. À cet égard, les femmes et les enfants constituent des groupes de population particulièrement vulnérables à ces tendances nouvelles. Mme Smeehes a recommandé aux gouvernements de réaffirmer le rôle essentiel des dépenses publiques qui devraient être considérées comme un investissement plutôt que comme un coût. Il convient en outre de faire face au problème de la féminisation de la pauvreté en tenant compte de la spécificité des besoins des femmes dans toutes les initiatives engagées. Des partenariats entre les différents acteurs du développement social devraient être promus et renforcés. La mobilisation des ressources nationales et internationales aux fins du développement social devrait être sérieusement considérée. Il faudrait en outre mener une étude sur de nouvelles formes de taxation envisageables, comme la taxation sur les transactions financières.

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