AG/1034

A LA SESSION SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL, LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DEMANDENT LE RESPECT DES ENGAGEMENTS EN MATIERES D'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT

30 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1034


A LA SESSION SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL, LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DEMANDENT LE RESPECT DES ENGAGEMENTS EN MATIERES D'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT

20000630

GENEVE, le 30 juin -- La vingt-quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale a poursuivi ce matin l'examen des propositions de nouvelles initiatives de développement social.

De nombreux représentants des pays en développement ont estimé que l'amélioration de leurs capacités à promouvoir le développement social pour tous réside dans l'annulation de la dette et l'accroissement de l'aide publique au développement. Les pays en développement continuent de considérer l'aide publique au développement comme une très importante source de soutien financier dans leurs efforts de développement socioéconomique. À cet égard, nombreux sont ceux qui ont exprimé leur préoccupation devant la baisse des niveaux de l'aide publique au développement de ces dernières années. Les pays donateurs, peu nombreux, qui ont respecté leurs engagements relatifs au versement de 0,7% de leur PIB en faveur de l'aide publique au développement ont été salués et les autres sont appelés à en faire autant. Pour beaucoup, une plus grande solidarité de la communauté internationale à l'égard des pays en voie de développement est essentielle dans la lutte contre la pauvreté et doit se traduire par l'accroissement substantiel de l'aide publique au développement et l'annulation de la dette ou sa reconversion en faveur du développement des secteurs sociaux.

L'Assemblée générale a entendu les allocutions du Vice-Premier Ministre de l'ex-République yougoslave de Macédoine; de la Ministre des affaires sociales du Togo; de l'Assistante du Président de la République du Soudan; de la Ministre des services sociaux du Sri Lanka; du Ministre de la Présidence du Pérou; du Ministre des affaires sociales de l'Estonie; du Ministre du Bureau du Président de la République démocratique populaire lao; de la Ministre de la planification et du développement économique de la Sierra Leone; de la Ministre du développement social, de la promotion de la femme et de la protection de l'enfant du Niger; de la Ministre de la fonction publique, de la réforme administrative et de la promotion de la femme du Congo; du Ministre du développement économique et de la coopération de l'Éthiopie; du Vice-Ministre de la planification et des affaires économiques du Libéria; du Vice-Ministre de la jeunesse, des femmes, de l'enfance et de la famille du Panama; du Vice-Ministre de la santé publique et du bien-être social d'El Salvador; du Chef de la division multilatérale du Ministère des affaires étrangères du Bhoutan; et de l'envoyé spécial du Président du Guyana.

La session extraordinaire de l'Assemblée générale se réunira à nouveau cet après-midi, à 15 heures, pour entendre les derniers orateurs dans le cadre du débat sur les propositions de nouvelles initiatives de développement social. Elle doit par ailleurs adopter un document final sur les résultats de la session, qui contiendra notamment les initiatives nouvelles à mettre en œuvre pour donner suite aux dix engagements qui ont été pris lors du Sommet mondial sur le développement social (Copenhague, 1995).

Déclarations

M. BEDREDIN IBRAIMI, Vice-Premier Ministre et Ministre du travail et de la politique sociale de l'ex-République yougoslave de Macédoine, a souligné que peu de progrès ont été réalisés en ce qui concerne la mise en œuvre des engagements pris lors du Sommet mondial sur le développement social il y a cinq ans. Dans la période qui a suivi le Sommet de Copenhague, l'ex-République yougoslave de Macédoine n'a eu de cesse de poursuivre sa politique de stabilisation des tendances économiques et des réformes structurelles. Le processus d'édification d'un État fondé sur la primauté du droit dans le cadre d'une démocratie parlementaire est sans cesse renforcé.

Le Vice-Premier Ministre a déclaré que son pays, comme d'autres pays en transition, a été confronté, durant la période qui a suivi le Sommet de Copenhague, au problème de l'appauvrissement d'une grande partie de sa population. Afin d'accélérer le développement économique en tant que condition préalable au développement social, le gouvernement a adopté le mois dernier le Programme 2003 pour le développement économique et les réformes. La crise qu'a connue la région et les événements qui se sont produits dans la République fédérale de Yougoslavie l'an dernier se sont répercutés sur l'ex-République yougoslave de Macédoine. Le prix social payé par le pays s'est soldé par une hausse du taux de chômage, un grand nombre de réfugiés accueillis sur son territoire et une augmentation du nombre de familles bénéficiant de l'aide sociale. Avec la fin des activités militaires dans la région, la tendance de la production industrielle est revenue à la hausse. Étant l'un des pays le plus affectés par la crise du Kosovo, l'ex-République yougoslave de Macédoine a conclu un nouvel accord avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. D'ici la fin de l'année, le pays adoptera en outre une stratégie nationale en faveur de l'emploi qui sera le fruit d'un accord entre le gouvernement, les syndicats, les chambres de commerce et autres acteurs. La communauté internationale a le devoir d'apporter une compensation aux dommages subis par l'économie de l'ex-République yougoslave de Macédoine suite à la crise du Kosovo.

Mme TEMBE ASHIRA ASSIH-AISSAH, Ministre des affaires sociales et de la promotion de la femme du Togo, a déclaré que les choix et les objectifs décidés à Copenhague ont conduit le Gouvernement togolais à procéder à des réformes économiques et à prendre des mesures permettant d'assainir la situation macroéconomique. Entre 1995 et 1999, le taux annuel de croissance économique du pays s'est élevé à 4,4%, a fait valoir la Ministre. Elle a déclaré que, grâce aux actions menées par le gouvernement, les principaux indicateurs sociaux se sont améliorés dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Elle a toutefois souligné que les troubles sociopolitiques qui ont marqué le pays n'ont pas permis de créer les meilleures conditions pour renverser la tendance à la dégradation du niveau de vie des populations et à la marginalisation des couches sociales défavorisées. La signature de l'Accord cadre de Lomé entre l'opposition et la majorité présidentielle a toutefois permis d'ancrer la démocratie dans le pays.

Pour la Ministre, la mise en œuvre des recommandations de Copenhague nécessite des ressources financières considérables. Partant, elle a appelé au renforcement des engagements de solidarité et de partenariat entre pays riches et pays pauvres. À cet égard, la Ministre a appelé à l'annulation de la dette des pays les moins avancés, l'ouverture des marchés des pays industrialisés aux produits en provenance des pays en développement, l'instauration de règles commerciales plus justes et équitables, ainsi que le renversement de la tendance au déclin de l'aide publique au développement.

Mme SUAD LE FATIH LE BADAWI, Assistante du Président pour les affaires de la condition féminine et de l'enfance du Soudan, a déclaré que la mondialisation de l'information et le monopole des techniques de l'information risque de conduire à la marginalisation des cultures et à la désintégration de l'identité des communautés. S'il est évident que le développement social relève de la responsabilité nationale, il ne peut être réalisé avec succès sans les engagements et les efforts collectifs de la communauté internationale. À cet égard, Mme Le- Fatih a estimé qu'il est nécessaire de remplir l'engagement internationalement convenu visant à ce que les pays développés consacrent 0,7% du PIB à l'aide publique au développement. Elle a réitéré l'importance de trouver une solution efficace et équitable à la dette extérieure qui pèse sur les pays en développement et qui freine leur développement social. L'initiative en faveur des pays très endettés doit être financée et appliquée, la restructuration du système économique international doit être réalisée dans un souci de transparence et de stabilité du système monétaire international et des institutions de Bretton Woods afin de pouvoir répondre de façon adéquate aux défis du développement dans le cadre de l'intégration monétaire internationale.

Mme Le-Fatih a souligné l'importance d'améliorer les capacités des pays en développement à surmonter les obstacles au développement dans le cadre de la mondialisation économique en favorisant l'industrialisation, en renforçant les infrastructures, en assurant les transferts de technologie et les opportunités d'accès au savoir et à l'information par le biais de l'assistance internationale. Elle a appelé les partenaires du développement à montrer davantage de volonté politique pour assister les pays en développement dans l'amélioration de leur compétitivité sur le marché international, notamment par le biais d'une généreuse assistance financière.

Mme SUMEDHA JAYASENA, Ministre des affaires sociales de Sri Lanka, a déclaré que son pays tire, en toute modestie, une certaine fierté des résultats qu'il a enregistrés en matière de réalisation des engagements pris lors du Sommet mondial sur le développement social, en dépit des contraintes liées à la violence terroriste et à la faiblesse des ressources. Malgré une croissance économique modérée de 4,3% en 1999, le chômage est passé de 14,4% en 1990-94 à 8,8% en 1999. Les programmes mis en œuvre par le Sri Lanka dans le domaine du développement social assurent le « filet de sécurité » socioéconomique nécessaire aux groupes vulnérables et marginalisés (personnes handicapées, femmes vulnérables, enfants, personnes âgées, pauvres) pendant la période de transition vers le développement et vers une croissance économique équitable et durable.

La Ministre sri-lankaise des affaires sociales a souligné que le nouveau système commercial multilatéral n'a pas favorisé l'accès des pays en développement aux marchés internationaux. Le déséquilibre des échanges qui caractérise le système commercial multilatéral est par conséquent toujours de rigueur. C'est préoccupant. Le Sri Lanka estime qu'un meilleur accès aux marchés et la croissance qui en découlerait serait le moyen le plus efficace d'améliorer les conditions sociales des populations concernées. M. EDGARDO MOSQUEIRA, Ministre de la Présidence du Pérou, a indiqué que son pays a mis en œuvre une stratégie de développement national afin de concrétiser les engagements qu'il a souscrits à Copenhague. Il a fait valoir que l'application de cette stratégie a permis de réduire la pauvreté et l'extrême pauvreté, comme en attestent des enquêtes récentes. Des ressources sont consacrées au renforcement des services d'éducation et de santé, ainsi que les services sociaux.

Le Ministre péruvien a insisté sur la participation de la société civile à la mise en œuvre de la stratégie de développement social. Il a également souligné que le succès des politiques de lutte contre la pauvreté, de promotion de l'emploi productif et d'intégration sociale ne dépend pas uniquement des efforts déployés au plan national. La réussite des politiques de développement social dépend, de façon plus générale, de la stabilité du système financier international, de l'ouverture des marchés aux produits des pays en développement et des conditions du service de la dette. Le Ministre a déclaré qu'il appartenait à présent à la communauté internationale de construire un ordre mondial plus juste, fondé sur une économie véritablement libre et des mécanismes de régulation des marchés financiers.

M. EIKI NESTOR, Ministre des affaires sociales d'Estonie, a déclaré que son pays avait au moment du Sommet de Copenhague déjà commencé sa transition vers l'économie de marché. Les profonds changements structurels qui en ont résulté, ont entraîné une baisse en importance de la proportion du secteur agricole et des industries lourdes dans le PNB en même temps qu'une rapide croissance du secteur des services et celui des nouvelles technologies. Les mesures qui ont été prises ont permis au pays de se doter d'une structure économique qui s’apparente à celle des pays développés.

Le Ministre estonien des affaires sociales a souligné que le rapide développement des technologies de l'information a eu un impact considérable sur le marché du travail en créant une forte demande de main-d’œuvre qualifiée. L'impact a été important sur les institutions d'éducation que l'État a commencé à réformer en 1995 afin de permettre aux jeunes et aux adultes d'acquérir les connaissances et les compétences demandées sur le marché du travail. L'équipement des écoles en ordinateurs et l'enseignement des technologies informatiques est une des priorités du système éducatif : 60% des élèves et étudiants du pays utilisent Internet. Grâce à ces efforts, l'économie nationale devrait connaître un remarquable développement des industries de haute technologie.

M. SOUBANH SRITHIRATH, Ministre, Bureau du Président de la République démocratique populaire lao, a notamment fait observer que depuis le Sommet mondial sur le développement social de 1995, le monde a connu un déclin des ressources allouées au développement, un alourdissement du fardeau de la dette ainsi qu'une libéralisation des flux de capitaux. Le monde est également devenu vulnérable aux chocs financiers brusques et tous ces facteurs ont sérieusement entravé la réalisation du développement social. Les inégalités se sont en outre creusées, a rappelé M. Srithirath avant de souligner que la communauté internationale, en particulier les Nations Unies, a un rôle crucial à jouer, notamment en matière de coordination, afin de résoudre ces problèmes, mobiliser les ressources financières et fournir l'assistance technique nécessaire aux pays en développement, tout particulièrement en ce qui concerne les pays moins développés et les pays enclavés.

Depuis 1996, a poursuivi le Ministre lao, la part du budget national consacrée au secteur social est passée de 11% à 19%. Entre 1993 et 1998, a-t-il ajouté, l'incidence de la pauvreté a chuté de 46% à 39%. En dépit des progrès considérables enregistrés par le pays dans les secteurs de l'éducation et de la santé, il continue d'être confronté à d'autres difficultés majeures étroitement liées à la réduction de la pauvreté, à la transition vers une économie de marché et à la construction d'infrastructures, ainsi qu'à la création de capacités. Particulièrement préoccupé par les niveaux de vie des populations des zones rurales, le gouvernement a mis au point des programmes de développement rural et de production alimentaire dont les objectifs sont notamment de promouvoir une production orientée vers le marché et une diversification de l'agriculture. Pour la première, le pays est devenu autosuffisance en riz grâce à sa production de 1999. Les femmes et les groupes minoritaires constituent également des cibles particulières des programmes gouvernementaux et il convient de les traiter équitablement afin d'assurer leur pleine intégration dans la société. En raison de la forte inflation et de la dépréciation de sa monnaie qu'a connues le pays suite à la crise asiatique, la République démocratique populaire du lao a subi les effets néfastes de l'instabilité macroéconomique qui a constitué un sérieux handicap pour les efforts visant à accroître les dépenses sociales et à régler la question du chômage. Désormais, la situation est en voie de stabilisation sur tous les fronts.

Mme KADI SESAY, Ministre de la planification et du développement économique du Sierra Leone, a déclaré que les crises financières internationales et les conflits armés affectent de façon considérable les taux de croissance économique de tous les pays, et en particulier du Sierra Leone. La Ministre a toutefois déclaré que son pays est fier d'être animé d'une indéfectible volonté de se battre contre les forces maléfiques qui s'abattent sur lui depuis près de neuf ans maintenant. À cet égard, la Ministre a appuyé le projet de résolution présenté par le Royaume-Uni, visant à condamner le trafic de diamants auquel se livrent les rebelles du Front uni révolutionnaire. Elle a émis l'espoir que le Conseil de sécurité adoptera une telle résolution. La Ministre a également appuyé le projet de résolution visant la mise en place d'un Tribunal spécial pour que les auteurs de crimes de guerre en Sierra Leone ne bénéficient pas de l'impunité.

La situation en Sierra Leone ne permet pas de créer un environnement favorable au développement social, a souligné la Ministre. Il ne saurait y avoir de développement socio-économique sans liberté et sans sécurité. Il ne peut pas y avoir de réduction de la pauvreté dans un État en guerre. Pour la Ministre, la lutte contre la pauvreté est essentielle dans la mesure où elle est bien souvent à l'origine des conflits. Le fait que les rebelles aient fait main basse sur les terres fertiles du pays entrave la capacité du gouvernement à développer l'accès de la population aux services sociaux. La Ministre a insisté sur le fait que les procédures d'allégement de la dette sont trop compliquées et trop lentes. Elle a estimé qu'aussi longtemps qu'on n'annulera pas la dette des pays les plus pauvres, ces derniers continueront de stagner.

Le Sierra Leone se dotera d'ici à la fin de l'année d'une stratégie de réduction de la pauvreté et de stimulation de la croissance, a indiqué Mme Sesay. Le gouvernement se concentre sur le développement des services au bénéfice des victimes de la guerre. Des programmes sont par ailleurs mis en œuvre pour améliorer les systèmes de santé, d'éducation et permettre un accès à l'eau potable sur l'ensemble du territoire. La Ministre a enfin précisé que son gouvernement met en place un mécanisme de coordination pour optimiser l'utilisation de l'ensemble des aides en provenance de l'étranger.

Mme NANA AICHA FOUMAKOYE, Ministre du développement social de la population, de la promotion de la femme et de la protection de l'enfant du Niger, a déclaré que des propositions et suggestions en vue de nouvelles initiatives relatives au suivi des engagements issus du Sommet de Copenhague pourraient être faites tant au niveau national qu'international. Au niveau national, la Ministre préconise un meilleur suivi de la mise en œuvre de l'initiative 20-20 en vue de la mobilisation de ressources nécessaires au financement des secteurs sociaux; l'harmonisation de la stratégie de réduction de la pauvreté dans le cadre macroéconomique pour un développement durable; la responsabilisation des populations avec la mise en œuvre d'un processus de décentralisation; une plus grande concertation entre les différents acteurs du développement social pour une meilleure coordination des actions et une utilisation plus rationnelle des ressources; et enfin un soutien décisif au secteur privé à travers l'amélioration des capacités des promoteurs.

Au niveau international, la Ministre nigérienne a insisté sur l'importance d'une plus grande solidarité de la communauté internationale à l'égard des pays en voie de développement dans la lutte contre la pauvreté, de l'annulation de la dette et/ou sa reconversion en aide pour le développement des secteurs sociaux, et l'accroissement substantiel de l'aide publique au développement.

Mme JEANNE DAMBENDZET, Ministre de la fonction publique, des réformes administratives et de la promotion de la femme du Congo, a déclaré que beaucoup trop de facteurs exogènes annihilent les efforts déployés par de nombreux pays pauvres afin de réaliser les dix engagements pris à Copenhague et d'œuvrer en faveur d'un développement social durable. La mise en œuvre de plans nationaux porteurs d'espoirs en matière de santé, d'éducation, d'emploi et d'intégration sociale demeure compromise par de nombreuses pesanteurs, a souligné la Ministre. Ces pesanteurs sont inhérentes à la gestion de la dette, à la baisse constante de l'aide publique au développement, au protectionnisme et à la création de fausses valeurs agissant comme des appâts vis-à-vis de la jeunesse fragilisée en l'absence d'une véritable culture. Le Congo demande à la communauté internationale d'œuvrer à l'annulation pure et simple de la dette des pays pauvres très endettés, car les conditionnalités qui accompagnent l'initiative prise en la matière à Cologne en 1999 rendent cette initiative illusoire et suscitent des interrogations.

La mise en œuvre de la mondialisation appelle plus que jamais la mise en place de mécanismes appropriés pour en faire une entreprise capable de répondre aux espoirs de développement solidaire et interdépendant des peuples, afin que ce choix ne se mue pas en cauchemar pour les plus faibles. Pour sa part, le Gouvernement du Congo s'est doté d'un programme intérimaire postconflit 2000-2002 destiné à amorcer la transition effective entre la phase de crises que le pays a connues et celle de la reprise de la croissance et du développement durable.

M. GIRMA BIRRU, Ministre du développement économique et de la coopération de l'Éthiopie, a déclaré que la dette constitue un obstacle au développement social. Il est donc évident que sans un effort substantiel destiné à alléger le poids de la dette, il sera impossible pour de nombreux pays de renforcer leurs capacités dans ce domaine. Des mesures concrètes doivent donc être adoptées par les pays donateurs et les institutions financières internationales pour permettre aux pays en développement de mener avec succès leurs réformes économiques. Pour le Ministre, la persistance des problèmes de pauvreté est susceptible de porter atteinte à la stabilité économique, à la paix et à la sécurité mondiales.

Partant, il a appelé de ses vœux l'octroi de ressources additionnelles, tant aux niveau multilatéral que bilatéral, afin d'améliorer la situation de millions de personnes qui vivent dans les pays en développement.

Pour sa part, l'Éthiopie a fait de la stabilisation de son économie et de l'amélioration des conditions de vie de ses citoyens les axes prioritaires de sa politique. Les efforts déployés par le gouvernement, qui se sont traduits notamment par une réduction substantielle du budget de la défense, ont produit des résultats tangibles, notamment en matière de scolarisation et d'accès aux soins de santé. Il reste encore beaucoup à faire, a néanmoins reconnu le Ministre. L'application des programmes de développement en matière de santé et d'éducation nécessitera des ressources supplémentaires.

Le Ministre a déclaré qu'en dépit de grandes potentialités de développement, 45,5% de sa population éthiopienne se trouve en situation d'extrême pauvreté. Par ailleurs, 10 millions de personnes sont actuellement menacées par la famine et la situation des centaines de milliers de personnes déplacées en raison du conflit avec l'Érythrée est très préoccupante. En outre, le poids de la dette remet en cause la mise en œuvre des stratégies de développement social et les possibilités de réponses aux situations d'urgence. Le déclin de l'aide publique au développement et l'absence d'ouvertures pour les produits éthiopiens sur les marchés internationaux réduisent à néant les capacités de développement du pays.

M. NORWOOD LANGLEY, Vice-Ministre de la planification et des affaires économiques du Libéria, a souligné que les pays en développement ne peuvent toujours pas répondre aux problèmes de la pauvreté, du chômage, des conflits, du manque d'aide publique au développement, alors que nombre de possibilités existent. Le Libéria, a-t-il précisé, n'a de son côté pas pu obtenir de bons résultats et respecter les calendriers à cause des troubles civils que connaît le pays depuis le début des années 90. Son gouvernement doit réhabiliter les services de santé et les institutions d'enseignement, notamment, afin de retrouver les niveaux socioéconomiques qui existaient avant la guerre.

M. Langley a déclaré que le Gouvernement libérien s'efforce de créer un environnement favorable à un développement durable mais reconnaît avoir besoin d'une assistance internationale qui n'arrive pas toujours. Son gouvernement a lancé de multiples appels à de nombreuses institutions internationales et notamment au Haut Commissariat aux droits de l'homme et aux donateurs afin de mettre en œuvre un ordre du jour qui réponde aux engagements pris à Copenhague. Pour les pays en développement, a-t-il encore déclaré, l'amélioration de leurs capacités réside dans l'annulation de la dette et de l'accroissement de l'aide publique au développement. Notant que 2015 est la date fixée pour la réduction de la pauvreté, le Vice-Ministre libérien a souligné que la réalisation de cet objectif dépendra de la volonté de la communauté internationale. Si les îlots de bien-être du Nord continuent de s'opposer à la misère du Sud, la grande famille mondiale restera désunie.

Mme ESTELABEL PIAD HERBRUGER, Vice-ministre de la jeunesse, des femmes, de l'enfance et de la famille du Panama, a indiqué que le mois de novembre prochain, le Panama accueillera le Xe Sommet des chefs d'États et de gouvernements ibéro- américains dont le thème est : « Ensemble pour l'enfance et l'adolescence, fondement de la justice et de l'équité pour le nouveau millénaire ». Cet événement revêt une importance particulière pour le développement futur des générations ibéro-américaines. La Vice-Ministre a par ailleurs indiqué qu'environ 37,3% de la population panaméenne vit dans des conditions de pauvreté et que 77% de la population pauvre se concentre dans les zones rurales et autochtones. Engagé en faveur du développement social, le Gouvernement du Panama a consenti d'importants efforts pour réduire la pauvreté, promouvoir l'emploi et assurer l'intégration sociale. Le Panama figure au nombre des pays d'Amérique latine qui dépensent le plus de ressources à l'amélioration des conditions de vie de sa population, consacrant près de 20% du PIB aux dépenses sociales de l'État. Toutefois, la capacité du gouvernement à investir dans le développement social se voit restreinte par le niveau d'endettement élevé du pays qui l'oblige à allouer 21,8% du budget global de l'État au paiement du service de la dette publique. Parmi les principaux objectifs du gouvernement, figurent la réduction de la malnutrition infantile, l'amélioration de la qualité et de la couverture des services de santé et la création d'opportunités d'emplois productifs.

Le Panama est confronté aux mêmes problèmes de développement que les autres pays de la région mais est classé par les organismes internationaux parmi les pays à revenu intermédiaire élevé, ce qui limite sa capacité à bénéficier de l'aide des donateurs internationaux. Cette situation est due au fait que la classification du pays dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire élevé a pris en compte le revenu par habitant ainsi que les indicateurs à l'échelle nationale, ce qui occulte les disparités et inégalités existantes entre certaines régions du pays, voire entre certains groupes de populations.

M. GERBERT BETANCOURT, Vice-Ministre de la santé d'El Salvador, a déclaré que les difficultés rencontrées dans le domaine des finances internationales, la nature des échanges commerciaux internationaux, l'impact des catastrophes naturelles qui se sont produites ces cinq dernières années, ont entravé la réalisation des objectifs de Copenhague. Le Salvador a néanmoins mis en œuvre des réformes en matière d'éducation et de santé. Le taux de scolarisation a ainsi progressé de 14% et le taux d'analphabétisme est passé à 17% de la population âgée de 15 à 60 ans. Le nombre de personnes vivant dans la pauvreté est quant à lui passé de 59,7% en 1991 à 44,6% en 1998. Le Ministre a également souligné les efforts déployés par son gouvernement en vue d'améliorer l'accès en eau potable.

Le Vice-Ministre salvadorien de la santé a souligné que le développement social est une question mondiale qui requiert par conséquent un renforcement de la coopération internationale. Les pays qui sont réunis ici à Genève, doivent s'unir et former une « alliance internationale » pour donner une impulsion nouvelle au développement social, a-t-il conclu.

Mme KUNZANG NAMGYEL, Chef de la division multilatérale du Ministère des affaires étrangères du Bhoutan, a fait remarquer qu'au cours du débat de ces derniers jours, de nombreux intervenants ont souligné les obstacles que rencontrent les pays en développement dans l'élimination de la pauvreté, du chômage et de la désintégration sociale, y compris l'impact de la mondialisation sur le développement social, les conséquences sociales des crises financières, le fardeau de la dette extérieure sur les nations pauvres et les barrières commerciales. Sa délégation se joint à ces pays pour appeler la communauté internationale à produire des efforts concertés afin de réaffirmer une volonté politique et la traduire en actions concrètes se traduisant par des ressources et de mesures adéquates.

La représentante bhoutanaise a déclaré que les pays en développement continuent de considérer l'aide publique au développement comme une très importante source de soutien financier dans leurs efforts de développement socioéconomique. À cet égard, elle a souligné que la baisse des niveaux de l'aide ces dernières années ne laisse rien présager de bon pour les pays en développement, notamment pour les pays les moins développés. Saluant les pays donateurs qui ont respecté leurs engagements relatifs au versement de 0,7% de leur PIB à l'aide publique au développement, Mme Namgyel a exhorté les autres pays donateurs à en faire autant.

M. NAVIN CHANDARPAL, Envoyé spécial du Président du Guyana, a déclaré que le contrat social conclu en 1995 à Copenhague reste tout aussi pertinent aujourd'hui qu'il l'était il y a cinq ans. L'expérience du Guyana, petit pays en développement, témoigne de l'importance de la volonté politique pour la promotion du développement social. Au fil des ans, le budget social du pays n'a cessé de s'accroître pour mettre l'accent, entre autres, sur la santé et l'éducation et sur la mise en œuvre de programmes d'atténuation de la pauvreté. Le gouvernement a élaboré un document stratégique visant l'éradication de la pauvreté qui se fonde notamment sur l'amélioration de la situation économique mais aussi sur l'amélioration de l'accès des pauvres aux services sociaux. Le Guyana est confronté à un véritable exode des cerveaux vers des pays offrant de meilleurs salaires. L'Envoyé spécial du Président guyanien a mis l'accent sur les problèmes sociaux que rencontre son pays en matière de violence et d'abus de stupéfiants. À cet égard, a-t-il poursuivi, la déportation en masse de criminels vers le Guyana, à laquelle ont procédé nombre de pays développés sous prétexte que ces criminels étaient nés au Guyana, n'a pas aidé à résoudre ces problèmes sociaux.

Le représentant guyanien a souligné que, contrairement aux engagements qu'ils ont pris en ce qui concerne les transferts de technologies, les pays développés continuent de considérer la technologie comme un vulgaire produit sur le marché. Il convient par ailleurs d'assurer au niveau mondial des termes de l'échange qui soient plus équitables et justes. Des mesures d'allégement et d'annulation de la dette s'avèrent en outre indispensables pour assurer la promotion du développement social. Certes, chaque pays peut et doit prendre des mesures internes pour assurer le progrès social, a rappelé le représentant avant de souligner que les principales entraves au progrès social sont structurelles et profondément enracinées dans le système injuste qui régit les relations entre États. Pays pauvres et riches doivent agir ensemble pour promouvoir le développement durable, a-t-il conclu.

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