LE PRESIDENT DE LA CONFERENCE DU DESARMEMENT INDIQUE QUE SON PROJET DE PROGRAMME DE TRAVAIL N'A PAS PU OBTENIR LE CONSENSUS
Communiqué de Presse
CD/G/461
LE PRESIDENT DE LA CONFERENCE DU DESARMEMENT INDIQUE QUE SON PROJET DE PROGRAMME DE TRAVAIL N'A PAS PU OBTENIR LE CONSENSUS
20000629GENEVE, le 29 juin -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, son Président, l'Ambassadeur Jean Lint de Belgique, qui a rendu compte de ses consultations alors que la présidence belge de la Conférence se termine cette semaine. Il a présenté le « projet informel du Président de programme de travail de la session de 2000 de la Conférence du désarmement » qui a été discuté lors de ces consultations.
Le Président a estimé avoir fait des pas concrets dans la bonne direction mais a indiqué que le temps et les circonstances politiques ne lui ont pas permis de mener son entreprise à bon port. Selon M. Lint, il suffirait d'un certain dosage dans la manière d'établir la liaison entre le traitement du désarmement nucléaire et l'échange de vues et d'informations pour arriver à un compromis. Toutefois, le compromis sur le point du désarmement nucléaire passait par un compromis sur le point de la prévention d'une course aux armements dans l'espace.
L'Allemagne a indiqué qu'elle appuyait pleinement la proposition du Président et a regretté qu'elle n'ait pas été retenue. Elle a réitéré que, en attendant un accord sur les deux questions en suspens, à savoir le désarmement nucléaire et la prévention d'une course aux armements dans l'espace, la Conférence devrait commencer ses travaux de fond sur les questions au sujet desquelles il existe un consensus. La Conférence doit accorder la priorité à la sortie de cette impasse si elle veut maintenir sa crédibilité.
L'Ambassadeur d'Indonésie a fait une déclaration d'adieu exprimant l'espoir que la Conférence ne sera pas enfermée trop longtemps dans l'impasse et qu'elle pourra bientôt commencer ses travaux quant au fond.
La Conférence du désarmement sera présidée, à partir de la semaine prochaine, par l'Ambassadeur du Brésil, M. Celso Amorim. La présidence de la Conférence est assurée à tour de rôle par ses membres selon l'ordre alphabétique anglais, pour une période de quatre semaines.
La prochaine séance publique de la Conférence du désarmement aura lieu le jeudi 6 juillet 2000, à 10 heures.
Déclarations
M. HASSAN WIRAJUDA (Indonésie), dans une déclaration d'adieu à la Conférence, a dit sa déception de ce que, depuis son arrivée à Genève, la Conférence n'ait pas été en mesure d'avancer dans ses débats de fond. Si la situation actuelle qui prévaut au sein de la Conférence se poursuit, elle risque de tuer dans l'uf toute nouvelle idée et réflexion créative. L'absence de consensus continue de paralyser les travaux de la Conférence, et entame par conséquent sa crédibilité.
M. Wirajuda a jugé que la Conférence vivait une période de réorientation et d'ajustement aux intérêts parfois contraires de ses membres. Il a estimé essentielle une transformation radicale des liens entre les acteurs, à savoir les détenteurs de l'arme nucléaire et ceux qui ne la possèdent pas. L'ambassadeur indonésien a exprimé l'espoir que la Conférence ne sera pas enfermée trop longtemps dans l'impasse dans laquelle elle se trouve aujourd'hui et qu'elle pourra bientôt commencer ses travaux quant au fond.
Le Président de la Conférence du désarmement, M. JEAN LINT (Belgique), qui termine cette semaine son mandat de quatre semaines, a rappelé que tous ont reconnu l'urgence de trouver une solution à la paralysie de la Conférence avant la fin de la deuxième partie de sa session, au risque de ne pas pouvoir s'entendre pour une deuxième année consécutive sur un programme de travail.
Il a également rappelé la proposition qu'il a présentée lors de ses consultations avec les délégations, qui pouvait constituer une base de compromis pour les deux points du programme de travail encore en suspens, à savoir le désarmement nucléaire et la prévention d'une course aux armements dans l'espace.
Ce « projet informel du Président de programme de travail de la session de 2000 de la Conférence du désarmement » proposait que la Conférence décide de créer un comité spécial chargé de négocier un traité non discriminatoire, multilatéral et internationalement et effectivement vérifiable interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Elle aurait également décidé de créer un comité spécial/groupe de travail spécial chargé des questions relatives au désarmement nucléaire par un échange d'information et de vues sur les mesures pratiques en vue d'efforts progressifs et systématiques pour atteindre cet objectif. S'agissant de la prévention de la course aux armements dans l'espace, la Conférence aurait décidé d'établir un comité spécial/groupe de travail spécial chargé d'examiner et d'identifier des thèmes et propositions pouvant servir de base à un examen en profondeur pouvant inclure des mesures de renforcement de la confiance et de transparence, des principes généraux, des engagements conventionnels et l'élaboration d'un régime susceptible de prévenir une course aux armements dans l'espace extra- atmosphérique.
S'agissant du désarmement nucléaire, M. Lint a estimé qu'il suffirait d'un certain dosage dans la manière d'établir la liaison entre le traitement du désarmement nucléaire et l'échange de vues et d'informations pour arriver à un compromis. Toutefois, le compromis sur le point du désarmement nucléaire passait par un compromis sur le point de la prévention d'une course aux armements dans l'espace. À cet égard, le Président a souligné que son projet prend en considération le souhait de certaines délégations au sujet d'éventuelles négociations sur cette question et tenait compte de la constatation que pour d'autres ce problème n'était pas mûr pour la véritable négociation d'un instrument juridique. Au cas où un compromis était intervenu, ce qui malheureusement n'est pas le cas, le programme aurait également inclus l'établissement d'un comité spécial sur des arrangements internationaux efficaces pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi et la menace de ces armes; la nomination d'un coordonnateur spécial sur les questions se rapportant aux mines terrestres antipersonnel; la nomination d'un coordonnateur spécial sur la transparence dans le domaine des armements; et la nomination de coordonnateurs spéciaux pour les questions du réexamen de l'ordre du jour de la Conférence, de l'élargissement de sa composition, ainsi que de l'amélioration et de l'efficacité de son fonctionnement.
M. Lint a estimé avoir fait des pas concrets dans la bonne direction mais le temps et les circonstances politiques ne lui ont pas permis de mener son entreprise à bon port.
M. GÜNTER SEIBERT (Allemagne) a salué les efforts menés par le Président. Il l'a remercié en particulier pour la proposition qu'il vient de présenter, qui est un texte de compromis tenant compte des positions de tous les membres de la Conférence. Il a exprimé tout son appui à ce texte et a regretté qu'un accord n'ait pu être trouvé concernant les deux questions encore en suspens. Il a estimé que la raison de l'échec doit venir de facteurs externes à la Conférence.
M. Seibert a rappelé qu'il existe un accord au sein de la Conférence pour examiner la question de l'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires et d'autres questions telles que les garanties négatives de sécurité, la question des mines terrestres antipersonnel, la question de la transparence dans les armements, les questions relatives aux réformes de la Conférence. Le représentant allemand a réitéré qu'il faudrait commencer les travaux sur les questions au sujet desquelles il existe un consensus.
La Conférence se trouve depuis l'an dernier dans une phase préoccupante d'impasse. Elle doit accorder la priorité à la sortie de cette impasse si elle veut maintenir sa crédibilité. À cette fin, il faudrait commencer par nommer des coordonnateurs spéciaux sur les questions en suspens. Or, la nomination de coordonnateurs spéciaux a été liée à un consensus sur les questions les plus difficiles dont est saisie la Conférence. Il s'agit là clairement d'une situation absurde qui continuera de bloquer toute activité si l'on ne parvient pas à sortir du cercle vicieux, a estimé le représentant allemand.
Le désarmement nucléaire demeure une préoccupation centrale du Gouvernement allemand, a souligné M. Seibert, mais l'absence d'un accord sur cette question ne doit pas empêcher d'avancer dans les domaines de consensus. Il a appelé à des efforts pour créer, avant la fin de la session de cette année, de bonnes conditions pour le début des travaux de la prochaine session. Parallèlement, les efforts doivent se poursuivre pour parvenir à un accord sur les deux questions en suspens.
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