AG/1033

SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE : LA REALISATION DES OBJECTIFS DE COPENHAGUE SUPPOSE DES REFORMES A L'ECHELLE INTERNATIONALE

29 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1033


SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE : LA REALISATION DES OBJECTIFS DE COPENHAGUE SUPPOSE DES REFORMES A L'ECHELLE INTERNATIONALE

20000629

GENEVE, le 29 juin -- La session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies intitulée « Sommet social pour le développement social et au-delà : le développement social pour tous à l'heure de la mondialisation », a poursuivi, cet après-midi, son débat sur le renouveau de l'action en faveur du développement social dans le monde.

De nombreux intervenants ont évoqué la mise en oeuvre de plans nationaux de lutte contre la pauvreté. Tout en se disant conscients de la responsabilité première des États dans la mise en oeuvre des objectifs de Copenhague, ils ont évoqué les difficultés rencontrées dans cette entreprise, découlant notamment des effets pervers de la mondialisation de l'économie. Ayant souligné la vulnérabilité des politiques de développement social aux effets de la mondialisation, ils ont appelé de leurs voeux l'adoption de nouvelles mesures de solidarité à l'échelle internationale.

Le Vice-Premier Ministre de la Belgique, M. Johan Vande Notte, a ainsi affirmé que la mission de la communauté internationale doit être de réformer ses institutions pour promouvoir une « mondialisation à visage humain ». À cet égard, il a indiqué que son pays réfléchit à la possibilité d'instituer une taxe sur les transactions financières internationales. Mme Zeljka Antunovic, Vice-Premier Ministre de la Croatie, a plaidé en faveur d'une meilleure intégration des politiques économiques et sociales au niveau national et international. Elle a appelé de ses voeux le renforcement de la collaboration entre les institutions financières internationales et les organisations investies d'un mandat social. Intervenant dans le même sens, la Secrétaire d'État à l'enfance et à la jeunesse du Canada a encouragé la promotion d'une culture de partenariat entre l'ONU, les institutions spécialisées du système des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce.

Ont également pris la parole de hauts responsables gouvernementaux de l'Azerbaïdjan, de la Jamahiriya arabe libyenne, du Paraguay, de Djibouti, de la Slovaquie, des Émirats arabes unis, de la Mauritanie, de l'Espagne, de la Slovénie, de la République de Moldova, de l'Afghanistan, du Guatemala, de la Bolivie et de l'Ouganda. Le représentant du Myanmar est également intervenu.

Les représentants de l'Éthiopie, de l'Arménie et de l'Érythrée ont exercé le droit de réponse.

La vingt-quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale poursuit ses travaux demain matin à 10 heures. Elle doit conclure ses travaux dans l'après-midi, en adoptant un document final en trois parties : une déclaration politique; un examen et évaluation d'ensemble de la suite donnée au Sommet de Copenhague et l'examen d'interventions et d'initiatives nouvelles visant à donner suite aux engagements pris lors du Sommet.

Déclarations

M. JOHAN VANDE LANOTTE, Vice-Premier Ministre, Ministre du budget, de l'intégration sociale et de l'économie sociale de la Belgique, a rappelé que le concept fondamental de Copenhague reste l'idée que la croissance économique et le développement doivent aller de pair avec une politique sociale adaptée et des préoccupations écologiques. Une base économique saine ne garantit pas par elle-même la disparition de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Le progrès économique n'est pas acquis ni équilibré sans un développement social qui favorise la participation active des individus aux programmes qui les concernent, a souligné M. Vande Lanotte. Il a ensuite fait remarquer que les effets de la mondialisation se sont faits davantage sentir au cours des cinq dernières années, mettant en évidence les carences en matière de discipline et d'autorégulation des événements économiques mondiaux. Les flux financiers internationaux ont eu des conséquences sur l'emploi et le développement social de nombreux pays. Le Vice-Premier Ministre a déclaré que le présent Sommet doit marquer le point de départ d'une réforme des institutions de la communauté internationale afin de promouvoir la « mondialisation à visage humain ».

Pour la Belgique, il est clair que les objectifs de Copenhague doivent être soutenus par un dialogue et une collaboration à l'échelle internationale. À cet égard, le Vice-Premier Ministre a indiqué que son pays examine comment il peut réaliser, dans le cadre de son budget, une mise en oeuvre complète et rapide de l'initiative en faveur des pays pauvres les plus endettés. La Belgique souhaite que les conventions de l'Organisation internationale du travail fassent l'objet d'une ratification universelle. Elles garantissent en effet un modèle social équilibré sur le plan mondial. Le Vice-Premier Ministre belge a enfin affirmé que son pays est prêt à examiner la faisabilité et les modalités éventuelles d'une taxe sur les transactions financières internationales. Il a signalé que la troisième Conférence sur les pays les moins avancés aura lieu à Bruxelles au mois de mai de l'année prochaine. Il a émis l'espoir que les propositions européennes qui seront faites lors de cet événement permettront un meilleur accès au marché des produits des pays en développement.

Mme Z’ELJKA ANTUNOVIC, Vice-Premier Ministre de la Croatie, a déclaré que le sommet mondial sur le développement social a confirmé que les aspirations et les espoirs des défenseurs des droits de l'homme du milieu du siècle, contrairement à leurs prédécesseurs du XVIIIe siècle qui ont acquis leurs droits civils et ceux du XIXe siècle qui ont obtenu leurs droits politiques, n'ont pas encore gagné la bataille des droits sociaux. La Vice-Ministre a également indiqué que les conclusions du Sommet ont clairement montré que la communauté internationale est loin d'avoir atteint ses objectifs en réaffirmant la nécessité de mettre en place des actions pour y parvenir. Le Sommet a reconnu l'inséparabilité des droits civils et politiques d'une part et des droits sociaux d'autre part, a-t-elle ajouté, en soulignant qu'une importante avancée

avait toutefois marqué le Sommet dans la reconnaissance de trois fléaux à combattre la pauvreté, le chômage et l'exclusion sociale, en identifiant de nouveaux défis à relever et en affirmant l'élément social comme composante essentielle du développement économique global.

Mme Antunovi : a déclaré qu'avec la mondialisation, le progrès technologique et la modernisation représentent de nouveaux défis à relever dans la réalisation des engagements et objectifs fixés par le sommet. La croissance économique est impressionnante dans certains pays, a-t-elle dit, mais décevante dans de nombreux autres. Elle a fait observer que la situation socio-économique mondiale actuelle révèle un fossé croissant entre différents groupes d'un même pays. Les avantages de la mondialisation ne sont pas partagés équitablement et ses bénéfices ne touchent pas suffisamment de personnes.

Selon la Vice-Premier Ministre croate, si la libéralisation commerciale était mieux structurée et partagée, elle pourrait être un moteur favorable au développement et à l'éradication de la pauvreté, elle stimulerait les exportations et la concurrence entre les produits importés. Elle a également estimé qu'il est aujourd'hui essentiel de travailler en faveur d'une meilleure intégration des politiques économiques et sociales, tant au niveau national qu'international, d'une plus grande collaboration entre les organisations financières et monétaires internationales qui ont un mandat social. Enfin, il est nécessaire de fixer un calendrier des réalisations et d'assumer pleinement la responsabilité des actions menées au niveau mondial et international en vue d'atteindre l'objectif commun qu'est le développement durable pour tous.

M. ALI NAGIYEV, Ministre du travail et de la sécurité sociale de l'Azerbaïdjan, a souligné que la crise économique qui a ébranlé son pays dans les années 90 a pris fin et que depuis le Sommet de Copenhague, l'Azerbaïdjan a pris conscience du fait qu'il faut tenir compte des problèmes sociaux dans le cadre du processus de réforme. Aujourd'hui, la promotion des réformes sociales se trouve au centre de la stratégie suivie par l'Azerbaïdjan en matière de lutte contre la pauvreté. Ces réformes intéressent particulièrement la création d'emploi en faveur des groupes socialement vulnérables, la promotion des secteurs de l'éducation et de la santé, ainsi que la mise en oeuvre de mesures concrètes en faveur de l'intégration des groupes de population socialement vulnérables.

Le Ministre azerbaïdjanais a souligné que les organisations internationales telles que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'Organisation internationale du travail (OIT), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), participent de plus en plus activement à la résolution des problèmes sociaux en Azerbaïdjan. Le gouvernement envisage de prendre de nouvelles mesures visant à assurer l'accès de tous aux services médicaux de base, en particulier en ce qui concerne les personnes handicapées, les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur du pays, les groupes les plus pauvres de la population. Il convient de relever que l'agression perpétrée par l'Arménie, qui continue d'occuper plus de 20% du territoire de l'Azerbaïdjan, limite la capacité de l'Azerbaïdjan de prendre les mesures adéquates en vue de respecter les engagements pris lors du Sommet de Copenhague en 1995.

M. ABDURAHMAN MOHAMED SHALGEM, Ministre des affaires étrangères de la Jamahiriya arabe libyenne, a déclaré que depuis le Sommet de Copenhague, l'idée que la personne humaine doit être au coeur de toute politique de développement s'est imposée dans les consciences. Le succès de Copenhague n'en reste pas moins très relatif. En effet, plus d'un milliard d'êtres humains vivent encore dans la pauvreté. De nombreux pays se sont acquittés de leur devoir en vue de parvenir au développement social. Les efforts importants qui ont été consentis n'ont pas pu porter leurs fruits car toutes les conditions favorables à la réussite de ces pays ne sont pas réunies. Le poids de la dette, le déclin de l'aide publique au développement, la fermeture des marchés sont autant de facteurs qui ruinent les efforts déployés par les pays en développement. Si la responsabilité de la mise en oeuvre des objectifs de Copenhague incombe au premier chef aux États, un engagement total de la communauté internationale est nécessaire à la réalisation effective de ces objectifs. Des mesures pratiques doivent donc être prises en matière de dette extérieure. Il conviendrait également de réformer les institutions financières internationales afin de les rendre plus démocratiques et transparentes.

La pauvreté reste enracinée dans la plupart des pays du continent africain, a constaté le Ministre. Partant, il a demandé un engagement particulier de la communauté internationale en faveur de l'Afrique. Il a lancé un appel aux institutions financières internationales pour qu'elles retirent les conditions abusives attachées à l'aide qu'elles fournissent. Il a également demandé aux pays riches qui ont largement profité par le passé des richesses de ce continent, de prendre des mesures pour assurer l'accès des produits des pays africains aux marchés internationaux.

Le Ministre libyen des affaires étrangères a enfin affirmé que son pays a pris toute une série de mesures pour assurer la promotion de l'emploi et de l'accès au logement. Des mesures ont par ailleurs été prises pour assurer à la population de bons niveaux d'éducation et de santé.

M. AURELIO VARELA, Ministre de l'action sociale du Paraguay, a déclaré qu'à la suite du Sommet de Copenhague, les espoirs suscités par les engagements contractés par les pays développés et en développement étaient grands car ils ouvraient la possibilité de tirer des bénéfices immédiats et de voir la mondialisation apporter des solutions sans accentuer les problèmes existants. Le Ministre a estimé que, tous ensemble, les pays développés et en développement doivent travailler étroitement et harmonieusement pour venir en aide aux plus démunis, pour favoriser les chances de croissance économique, élément fondamental pour générer, maintenir et consolider un développement social équitable en faveur des plus nécessiteux.

Cependant, le Ministre paraguayen a souligné qu'en dépit des accords du GATT et aujourd'hui la création de l'Organisation mondiale du commerce, les mêmes problèmes et difficultés d'accès aux marchés de la production agricole des pays en développement subsistent. Cette production ne peut être compétitive face à la production des pays développés excessivement subventionnée et qui déforme la nature des marchés agricoles sous couvert d'idées étranges telles que la « multifonctionnalité » de l'agriculture.

Mme HAWA AHMED YOUSSOUF, Ministre déléguée responsable de la promotion de la femme, du bien-être de la famille et des affaires sociales de Djibouti, a rappelé que la pauvreté n'est pas une fatalité, elle résulte de facteurs multiples de nature tant sociopolitique qu'économique et environnementale.

Il faut accorder la plus haute priorité à la valorisation du capital humain, a-t-elle affirmé. Elle a souligné qu'à Djibouti, plus de la moitié des ménages ne disposent pas du minimum nécessaire pour vivre. Les relatives avancées enregistrées dans certains domaines, notamment en ce qui concerne l'éducation de base, l'accès à l'eau potable et la promotion de la femme, ont été minorées par le déficit enregistré en matière d'emploi. Le taux de chômage est de l'ordre de 60% et la situation est encore plus dramatique pour les jeunes et surtout les femmes, a ajouté la Ministre.

La croissance économique, fut-elle élevée, ne peut, en elle-même, suffire à réduire la pauvreté si elle n'apporte pas aux pauvres des avantages par l'accroissement des sources de revenus et d'emplois et par l'élargissement de l'accès aux services sociaux de base, a poursuivi Mme Youssouf. Elle a rappelé que dès 1996, le Gouvernement de Djibouti a lancé un programme d'ajustement structurel comportant un important volet social. Ainsi, et malgré les restrictions en matière de dépenses publiques, les budgets sociaux sont maintenus et les licenciements massifs ont pu être évités en recourant à la solidarité des travailleurs.

Il est évident que sans la démocratie, les efforts déployés en faveur du développement social resteront vains si l'instabilité politique et les guerres fratricides persistent un peu partout en Afrique. Face à ces fléaux, qui touchent particulièrement ces derniers temps la région de la Corne de l'Afrique et dont les conséquences (notamment en ce qui concerne les flux massifs de réfugiés) continuent d'affecter Djibouti, le Président de Djibouti ne ménage aucun effort pour la recherche de la paix entre les pays de la région qui sont en conflit, comme en témoigne l'initiative du plan de paix pour la Somalie qu'il a mise en oeuvre dès son accession au pouvoir.

M. PETER MAGVASI, Ministre du travail, des affaires sociales et de la famille de la Slovaquie, a déclaré que les objectifs de Copenhague ont été intégrés dans la politique de transformation sociale mise en oeuvre par son gouvernement. Le Ministre a expliqué que son gouvernement a le souci de construire une société juste, fondée sur la participation des citoyens. Il a par ailleurs attiré l'attention sur les programmes et politiques mis en oeuvre dans son pays afin de promouvoir la participation des femmes à la vie économique, sociale et culturelle. Le Ministre a également fait part de la collaboration accrue de son pays avec l'Organisation internationale du travail (OIT). À cet égard, il a indiqué que son pays a ratifié la Convention sur l'élimination des pires formes de travail des enfants ainsi que les principales Conventions de l'OIT.

Le Ministre slovaque a déclaré que la cohésion sociale d'un pays passe par la confiance et la participation. Toutes les réformes en matière économique et sociale doivent donc renforcer la confiance entre les citoyens et la confiance des citoyens dans leur administration. En conclusion, le Ministre a assuré que son pays fera de son mieux pour mettre en oeuvre les conclusions de la présente session extraordinaire de l'Assemblée générale.

M. MATAR HUMAID AL-TAYER, Ministre du travail, des affaires sociales, de la famille des Émirats arabes unis, a estimé que cette réunion se tient dans le but de trouver les moyens d'instaurer un monde nouveau, dans lequel le développement pour tous serait devenu réalité, malgré la pauvreté et les guerres. Le Ministre a estimé que c'est sur ces axes principaux que la communauté internationale doit réfléchir pour dépasser tous les obstacles qui entravent le développement. Toute la politique des Émirats arabes unis est fondée sur l'homme. Il est le fondement de tout développement et de toutes les ressources du pays. Le Gouvernement des Émirats arabes unis s’efforce d'atteindre les niveaux les plus élevés de développement dans le respect des engagements pris à Copenhague.

Le Ministre a également déclaré que son gouvernement est conscient que nombre de pays souffrent de graves difficultés économiques. Il participe à l'aide internationale en faveur de ces pays, soit par le biais d'institutions internationales soit de façon directe. À cet égard, certaines aides accordées par les Émirats arabes unis sont accordées dans des conditions favorables et certaines dettes vont être prochainement annulées afin de continuer de réaliser le programme de Copenhague.

Mme ETHEL BLONDIN-ANDREW, Secrétaire d'État à l'enfance et à la jeunesse du Canada, a souligné que le contexte du développement social a changé depuis 1995. Il y a eu des percées sans précédent dans le domaine de la technologie, de l'information et de la communication et la société civile joue maintenant un rôle plus actif dans l'élaboration des réponses et des politiques gouvernementales. Toutefois, les retombées positives de la croissance économique ne se sont pas automatiquement réparties de façon équitable à l'intérieur des pays et entre les pays. Dans certains cas, la mondialisation a exacerbé la marginalisation des groupes défavorisés. Au cours de la dernière décennie, le Canada a dû procéder à un difficile ajustement structurel. Le pays a dû appliquer des mesures financières rigoureuses pendant la période de transition pour rétablir la santé de l'économie. Aujourd'hui, le Canada est fier de ses réalisations : son économie s'est affermie, son taux de chômage a considérablement diminué et, ces dernières années, le pays s'est classé au premier rang pour ce qui est de l'indice de développement humain des Nations Unies, qui mesure la qualité de vie.

La Secrétaire d'État canadienne a souligné que la rapidité des progrès technologiques et l'accroissement des échanges commerciaux à l'échelle internationale créent des opportunités mais présentent également des risques, comme le creusement des inégalités et la marginalisation des pays pauvres ou les pressions environnementales, la hausse du chômage et les nouveaux défis en matière de santé. À cet égard, il convient de souligner que le fléau du VIH/sida vient balayer les gains réalisés pendant deux décennies dans un certain nombre de pays en voie de développement, notamment en Afrique. C'est pourquoi il faut définir une action internationale qui repose sur des valeurs et des objectifs communs incluant l'équité, le respect des droits fondamentaux, l'inclusion, la protection des groupes vulnérables et la protection à long terme de l'environnement. Le programme d'action qui sera adopté par la session extraordinaire fournira le cadre dont a besoin la communauté internationale, a estimé Mme Blondin-Andrew. Il faut également adapter les institutions et systèmes internationaux pour mettre en oeuvre ce programme d'action. Un système multilatéral au sein duquel les institutions économiques, sociales et financières sont indépendantes les unes des autres n'est plus viable, a déclaré la Secrétaire d'État avant de plaider en faveur de la promotion d'une culture de partenariat entre l'ONU, les institutions spécialisées, les institutions de Bretton Woods, et l'Organisation mondiale du commerce. À défaut d'une telle culture, ce sont les institutions elles-mêmes qui ne pourront remplir leur mandat.

M. MOHAMED OULD MANY, Ministre des affaires économiques et du développement de la Mauritanie, a déclaré qu'en dépit de ressources limitées de son pays, il a consenti d'importants efforts pour promouvoir le développement social. Ainsi, 37% du budget national a été consacré au développement social, ce qui dépasse de loin les objectifs fixés à Copenhague. Le Ministre a évoqué les progrès réalisés dans des domaines aussi divers que ceux de l'éducation, de la santé, de l'accès à l'eau potable, ou encore de la promotion de la femme. Il a affirmé que la lutte contre la pauvreté reste la priorité pour son gouvernement. La stratégie nationale de lutte contre la pauvreté devrait permettre de réduire considérablement le nombre des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté d'ici à 2015, a-t-il affirmé.

Le Ministre mauritanien des affaires économiques et du développement a attiré l'attention sur les obstacles qui s'opposent au développement social des pays en développement, à savoir, l'écart technologique entre pays riches et pauvres, la marginalisation des pays les plus pauvres du fait de la mondialisation, le manque de flux financiers vers les pays en développement, la détérioration des termes de l'échange. Le Ministre a demandé à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités face à la mondialisation. Des mesures doivent être prises pour faire de ce processus un bienfait pour tous.

M. JUAN CARLOS APARICIO, Ministre du travail et des affaires sociales de l'Espagne, a déclaré qu'en 1995 le Sommet de Copenhague a établi les fondements sur lesquels doit être édifié le développement social. Ces dernières années, si de nombreux progrès ont été accomplis, il subsiste encore d'importants foyers de pauvreté et d'exclusion sociale sur lesquels il est impératif d'agir. L'Union européenne a pris conscience de cette réalité et le dernier sommet de Lisbonne a permis une importante avancée dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion et a montré que la mondialisation doit être étroitement liée à la solidarité.

Le Ministre a déclaré que la présente session extraordinaire de l'Assemblée générale offre une exceptionnelle occasion de redéfinir les engagements du Sommet de Copenhague et d'affirmer une approche plus forte et multidimensionnelle du développement humain et du renforcement de ses composants sociaux. Le Ministre a indiqué que 92 projets sont en cours d'exécution au titre de la coopération bilatérale espagnole à destination des secteurs les moins accessibles aux populations. Le Gouvernement espagnol subventionne en outre les organisations non gouvernementales qui travaillent sur des projets et programmes de développement.

M. MIHA BREJC, Ministre du travail, de la famille et des affaires sociales de la Slovénie, a rappelé qu'au début de la décennie 1990, la transition vers une économie de marché avait provoqué en Slovénie une perte de marchés et des tendances négatives en matière de croissance économique, le chômage enregistrant une hausse marquée. Depuis 1993, le pays connaît un retour de la croissance économique et une amélioration substantielle du niveau de vie de la grande majorité de sa population. Dans les domaines d'importance pour la réduction de l'exclusion sociale - à savoir en particulier l'éducation, l'emploi, la santé, le logement et l'assistance sociale - de nombreux programmes ont d'ores et déjà été élaborés ou sont en cours d'exécution. Le Gouvernement slovène a par ailleurs adopté, au début de cette année, un programme spécial de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale qui met notamment l'accent sur les groupes vulnérables et sur l'importance de l'éducation pour tous les secteurs de la population.

Le Ministre slovène a souligné la nécessité de prendre de toute urgence des mesures visant à rectifier la situation qui prévaut actuellement en matière d'exclusion sociale tant d'un point de vue national que mondial. Le monde contemporain est en effet de plus en plus caractérisé par un antagonisme entre le bien-être de certains et la pauvreté silencieuse d'un nombre de plus en plus important d'individus.

M. NICOLAE TABACARU, Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova, a déclaré que la mondialisation de l'économie pose de nouveaux défis en ce qui concerne la réalisation des objectifs de Copenhague. Au-delà des opportunités économiques et sociales qu'elle engendre, la mondialisation représente un véritable danger d'accroissement des inégalités entre les États. Les économies en transition sont particulièrement vulnérables à ce phénomène. Le Ministre a déclaré que le processus de transition économique de son pays a entraîné une grave instabilité économique, politique et sociale.

L'élimination de la pauvreté est un des problèmes principaux posés à son pays, a souligné le Ministre moldove. Faisant part de l'augmentation importante du taux de chômage dans son pays, le Ministre a assuré que son gouvernement faisait tout ce qui est en son pouvoir pour faire face à la situation. La République de Moldova a besoin de l'assistance de la communauté internationale pour réaliser les objectifs fixés lors du Sommet de Copenhague. En dépit de la coopération multilatérale, les résultats obtenus en matière de développement social et d'augmentation du niveau de vie sont tels que l'aide humanitaire revêt une importance particulière, particulièrement lorsqu'il s'agit de faire face aux conséquences de catastrophes naturelles. Le Ministre a enfin déclaré que l'on ne parviendra à une croissance durable à l'échelle internationale que par une action commune.

M. A. ABDULLAH, Ministre en exercice des affaires étrangères de l'Afghanistan, a déclaré que le fossé entre les riches et les pauvres se transforme en gouffre, tant au niveau national qu'international. Trop de personnes sont encore piégées par la pauvreté et l'exclusion. Le processus de mondialisation est irréversible et, à mesure qu'il avance, il s'accompagne d'un phénomène croissant de marginalisation. L'humanité ne peut et ne doit pas être vouée à la seule loi du marché, a-t-il déclaré. Un certain nombre de conflits dans le monde aujourd'hui sont soutenus voire stimulés par les intérêts financiers et économiques générant un gain immédiat. Or, une condition préalable incontournable au développement durable est la stabilité. Si on ne prête pas attention à la marginalisation, le monde risque de se voir confronté à des difficultés irréversibles et à l'émergence des groupes extrémistes et fanatiques qui ne constituent évidemment pas des solutions aux problèmes de pauvreté mais bien des menaces à la sécurité et à la stabilité internationales.

Le Ministre afghan a souligné que le développement social ne peut se faire isolément : il doit être envisagé dans un cadre global de développement économique, politique et culturel dont toute la structure serait soutenue par deux piliers que sont la santé et l'éducation, accessibles pour tous. Les femmes bien sûr ont un rôle prépondérant à y jouer. Le Ministre a estimé que, pour assurer un environnement favorable à la réalisation des objectifs du développement social. Il est nécessaire d'agir à trois niveaux. Tout d'abord au niveau national, le cadre essentiel est un cadre démocratique et une politique volontariste en faveur des femmes, des jeunes filles et des groupes les plus vulnérables. Le niveau régional requiert le respect de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans les affaires internes, conditions essentielles à la coopération régionale et aux complémentarités économiques qui doivent être prises en compte. Au niveau international, les pays riches doivent honorer leurs engagements contractés en faveur des pays en développement et en particulier envers les pays les moins développés. Le Ministre a lancé un appel à la communauté internationale, aux institutions d'aide internationale concernées, y compris aux organisations non gouvernementales, pour que démarre ou s'amplifie leur assistance en vue du développement social de toute la population afghane.

M. FRANCISCO MORALES LÓPEZ, Sous-Secrétaire au Secrétariat de planification et de programmation de la présidence du Guatemala, a souligné que l'évaluation du processus de mise en oeuvre des Accords de paix conclu au Guatemala en décembre 1996, qui a été effectuée par la Mission de vérification des Nations Unies pour le Guatemala (MINUGUA), fait état de progrès importants dans certains secteurs, notamment ceux qui relèvent de la politique sociale. C'est cependant dans le domaine économique, en particulier pour ce qui est de la charge fiscale et du renforcement de l'activité productive du pays, que l'on observe les principales limitations, a-t-il précisé.

M. Morales López a rappelé que le gouvernement du Président Alfonso Portillo Cabrera, qui est entré en fonction le 14 janvier dernier, a proposé la conclusion d'un pacte de gestion démocratique du gouvernement fondé sur les accords de paix et dont l'axe central repose sur une stratégie nationale de réduction de la pauvreté. Le Sous-Secrétaire d'État a par ailleurs mis l'accent sur la conclusion récente d'un pacte fiscal entre le gouvernement et les secteurs les plus représentatifs de l'entreprise privée et de la société civile. Sur la base de cet engagement historique, a précisé Mme Morales, la société guatémaltèque sollicitera par tous les moyens la plus grande collaboration financière possible afin d'obtenir les ressources nécessaires pour assurer le financement du processus de développement social des grandes masses de la population.

Mme BARBARA CANEDO PATIÑO, Ministre Conseiller, Directrice générale pour les affaires multilatérales de la Bolivie, a déclaré que son pays s'efforce en premier lieu de réduire la pauvreté et les inégalités sociales. Le Gouvernement de la Bolivie est conscient que la lutte contre la pauvreté nécessite la mise en oeuvre de politiques publiques destinées à améliorer la distribution des produits, et à offrir aux groupes de personnes exclus du processus économique des moyens efficaces de modifier leur situation. Décrivant les différentes mesures prises par son pays pour assurer le développement social, Mme Canedo Patiño a souligné les mesures de libéralisation de l'économie, d'ouverture aux marchés étrangers, de discipline fiscale et de stabilité monétaire qui ont été adoptées par son gouvernement. Elle a par ailleurs évoqué les réformes intervenues dans le domaine social et politique qui ont pour but de renforcer la participation citoyenne.

La représentante bolivienne a déclaré que son gouvernement a rencontré de nombreux obstacles dans les efforts consentis en faveur du développement social. Elle a précisé qu'en raison de crises financières internationales, il n'a pas été possible pour son pays de parvenir à des résultats substantiels dans les domaines de la lutte contre la pauvreté et la marginalisation. Finalement, elle a estimé que l'éradication de la pauvreté est une obligation qui incombe tant aux pays pauvres qu'aux pays riches.

M. KAKIMA NTAMBI, Ministre du travail et du développement social de l'Ouganda, a déclaré que son pays a entrepris la mise en oeuvre des engagements contenus dans la Déclaration de Copenhague et s'est attaché à mettre en place des mesures destinées à réduire la pauvreté de masse, notamment le taux de personnes vivant dans une pauvreté extrême. La présente session doit tirer le bilan de l'application de la Déclaration et, à cet égard, l'Ouganda a pris très au sérieux les questions liées au développement social et économique de ces dix dernières années. Des programmes spécifiques ont été mis en oeuvre pour éradiquer la pauvreté, une commission nationale a vu le jour pour faire respecter les droits de l'homme et le bureau de l'inspecteur général du gouvernement enquête sur la corruption et les abus des fonctionnaires en entreprenant des actions correctives le cas échéant, a-t-il déclaré.

Sur le plan de la santé, le gouvernement ougandais a mis l'accent sur les services de santé liés au VIH/sida, à la tuberculose, à la vaccination et la nutrition des enfants et aux soins maternels, sans oublier l'accès des populations à de l'eau saine et propre. Afin de favoriser la croissance économique en Ouganda, et parallèlement aux mesures visant à traiter les problèmes de pauvreté, d'intégration sociale, de chômage et de services sociaux de base, le pays doit continuer à mettre en place des politiques économiques cohérentes. Mais il a également besoin du soutien et de la bonne volonté des partenaires du développement, à savoir la communauté des donateurs, les organisations non gouvernementales, le secteur privé, le système des Nations Unies et les Ougandais eux-mêmes. La mondialisation génère un fossé entre les riches et les pauvres qui se creuse davantage non seulement au sein des nations mais entre les nations. Le Ministre s'est dit préoccupé par le manque de filets de sécurité garantissant que les coûts sociaux inhérents au processus de mondialisation ne vont pas s'abattre injustement sur les pauvres et les groupes marginalisés.

M. U MYA THAN (Myanmar) a indiqué que le projet de texte de déclaration politique et de nouvelles initiatives que l'Assemblée générale examine actuellement peut se résumer à trois propositions : nous devrions parvenir au développement économique durable et à l'éradication de la pauvreté; nous devrions accélérer le développement social, avec l'appui du développement économique durable; nous devrions faire en sorte que l'individu et son bien-être (y compris en ce qui concerne la sécurité alimentaire, les soins de santé primaire et l'éducation de base) soient placés au centre du développement économique et social. Dans le but de réaliser ces objectifs, des actions s'imposent tant au niveau national qu'international.

Au Myanmar, le plan quadriennal à court terme pour les années 1992-1993/1995-1996 s'est soldé par un succès, le PIB ayant enregistré un taux de croissance annuel de 7,5% durant cette période. Pour asseoir le développement économique du pays, le gouvernement a entrepris la construction d'infrastructures à une échelle sans précédent. La stratégie de développement économique suivie par le gouvernement est axée sur l'être humain et vise la réduction voire l'élimination de la pauvreté dans les zones rurales, en particulier dans les zones frontalières les moins développées. Le Myanmar se trouve en outre aux avant postes de la lutte contre les stupéfiants. Le gouvernement a par ailleurs lancé un plan visant l'éradication totale, d'ici 2014, de la culture du pavot et de la menace de la drogue dans le pays. Dans un monde globalisé tel que le nôtre, a poursuivi le représentant, la pauvreté dans un seul endroit peut porter préjudice à la prospérité partout.

Si des mesures préventives s'imposent pour neutraliser les effets néfastes de la mondialisation, il convient néanmoins de tirer parti des vastes opportunités qu'elle offre en matière de développement économique et social. Au niveau international, il faut s'efforcer de traiter les questions cruciales telles que l'allégement de la dette, l'amélioration de l'accès des pays en développement aux marchés mondiaux et l'aide internationale en faveur du développement économique et de l'éradication de la pauvreté.

Droit de réponse

La représentante de l'Éthiopie a rappelé que l'Éthiopie est victime de l'agression érythréenne. En fait, cette agression flagrante de l'Érythrée contre l'Éthiopie perpétue l'attitude agressive de ce pays contre ses voisins. L'Éthiopie est entraînée dans cette guerre malgré elle, afin d'exercer son droit le plus strict de se défendre. L'Érythrée doit être tenue responsable non seulement pour ce conflit mais aussi pour le retard que cette agression provoque dans le développement de l'Éthiopie. La représentante a appelé la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour sauver les innocents civils de souffrances atroces qui les menacent avant de se trouver confrontée à une tragédie humanitaire dans la Corne de l'Afrique.

Le représentant de l'Arménie est intervenu au sujet de l'intervention de l'Azerbaïdjan, qui a parlé à plusieurs reprises d'agression et d'occupation de 20 % de territoire. Ces termes sont inacceptables, a déclaré le représentant arménien. L'Arménie essaie de faire de son mieux pour intégrer les populations déplacées et si l'Azerbaïdjan souhaite en discuter, l'Arménie est prête à discuter de cette question mais dans d'autres instances.

Le représentant de l'Érythrée a indiqué qu'il ne souhaitait pas s'attarder sur les mensonges flagrants contenus dans la déclaration de l'Éthiopie. L'Érythrée a attiré l'attention sur un rapport indépendant de la BBC, datant du 21 juin dernier, qui mettait l'accent sur la cruauté des agissements de l'Éthiopie et des pillages perpétrés par ce pays.

Le représentant de l'Éthiopie a déclaré que l'Éthiopie n'acceptera jamais qu'une partie de son territoire soit occupée suite à une agression de l'Érythrée. Des milliers d'Éthiopiens vivant en Érythrée sont victimes de mesures hostiles de la part de cet État. Un accord de cessez-le-feu a été conclu sous les auspices de l'Organisation de l'unité africaine et d'autres pays. Les événements mentionnés par l'Érythrée sont une pure invention de journalistes inféodés à l'une des parties en présence.

Le représentant de l'Érythrée a déclaré que sa délégation n'a pas à rappeler la crédibilité de la BBC. Ce qui a été lu était issu d'un rapport de la BBC et n?est pas le fait de son gouvernement ou d'un journaliste érythréen. En conclusion, le représentant a déclaré préférer s'en tenir à la déclaration faite par son ministre ce matin.

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