AG/1032

SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE : APPELS EN FAVEUR DE MESURES COORDONNEES DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE ET LA MARGINALISATION

29 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1032


SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE : APPELS EN FAVEUR DE MESURES COORDONNEES DANS LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE ET LA MARGINALISATION

20000629

Il faut ouvrir davantage les marches mondiaux aux produits des pays en développement

Genève, 29 juin 2000 --La session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au développement social, qui se tient à Genève jusqu'à demain, a poursuivi ce matin l'examen des progrès accomplis depuis le Sommet mondial sur le développement social qui s'était tenu à Copenhague en 1995, ainsi que des propositions de nouvelles initiatives de développement social.

Le Président du Nigéria et le Premier Ministre du Sénégal ont fait des déclarations. Plusieurs ministres, secrétaires d'État et autres personnalités de haut rang des pays suivants sont également intervenus : Royaume-Uni, Nouvelle- Zélande, Iraq, Jamaïque, Tunisie, Chili, Hongrie, Ukraine, Kazakhstan, Bosnie- Herzégovine, Belize et Érythrée. Ont également pris la parole les représentants de l'Australie, du Honduras et de la Mongolie.

Examinant de nouvelles initiatives susceptibles de promouvoir davantage l'application intégrale de la Déclaration de Copenhague et du Programme d'action adoptés il y a cinq ans à l'occasion du Sommet mondial sur le développement social, de nombreux intervenants ont souligné l'importance d'assurer la coordination des mesures de lutte contre la pauvreté et la marginalisation. La coopération et la solidarité internationale sont indispensables pour le développement social. Les orateurs ont appelé au respect, par les pays développés, de l'objectif visant à ce qu'ils consacrent 0,7% de leur PIB à l'aide publique au développement.

La plupart des intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de promouvoir un ordre économique international plus juste et équitable qui soit exempt de toute barrière, tarifaire ou non, susceptible d'entraver la pénétration des produits des pays en développement sur les marchés des pays développés. Comme l'a rappelé le Président nigérian, M. Olusegun Obasanjo, les nations riches dépensent collectivement 300 milliards de dollars pour subventionner et protéger leurs agriculteurs contre la concurrence étrangère.

À l'instar du Premier Ministre sénégalais, qui a souligné que la croissance économique ne se mange pas, plusieurs orateurs ont plaidé en faveur de la promotion d'une mondialisation à visage humain.

L'importance de la création d'emplois productifs pour réduire la pauvreté a été maintes fois soulignée. À cet égard, le Président nigérian a rappelé que le chômage est la mère de presque tous les autres maux sociaux.

La prochaine séance plénière de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au suivi du Sommet mondial sur le développement social se tiendra cet après-midi, à 15 heures.

Déclarations

Mme TESSA JOWELL, Ministre de l'emploi du Royaume Uni, a déclaré qu'avec la mondialisation, beaucoup de choses ont changé depuis 1995. Par ailleurs, la crise financière de 1997 a mis en évidence la vulnérabilité des économies en développement face aux flux de capitaux. Pour la Ministre, le temps est venu pour les Nations Unies de définir les principes directeurs des politiques sociales qui doivent être mises en oeuvre par tous les pays. Il faut s'accorder sur un cadre opérationnel, utile pour tous les pays. À cet égard, les Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer dans l'examen des aspects fondamentaux de la politique sociale. Il ne s'agit pas d'imposer tel ou tel modèle de développement social, a souligné la Ministre, mais de permettre à chaque pays de préciser sa propre politique en la matière.

Aujourd'hui, le principal défi qui doit être relevé par la communauté internationale consiste à s'assurer que les avantages liés à la mondialisation servent à réduire les inégalités dans le monde, a souligné Mme Jowell. Elle a affirmé qu'il n'y a pas de cause unique et donc pas de traitement unique de l'exclusion sociale et de la pauvreté. Par conséquent, seule une politique s'attaquant aux causes de ces phénomènes dans leur diversité et fondée sur une réflexion menée aux niveaux national et international peut permettre de résoudre les problèmes posés. La Ministre britannique de l'emploi a insisté sur la nécessité de favoriser la création du plus grand nombre d'emplois. Cela signifie qu'il faut abattre les obstacles à l'emploi des femmes, des minorités ethniques, des jeunes, des personnes âgées et des personnes handicapées. La Ministre s'est félicitée de la convocation de la présente session extraordinaire de l'Assemblée générale. Il est opportun de s'interroger sur une stratégie internationale nouvelle en matière d'emploi, qui soit cohérente et coordonnée. À cet égard, le Royaume Uni appuie la convocation d'un Forum mondial de l'emploi sous l'égide de l'Organisation internationale du travail en 2001.

M. STEVE MAHAREY, Ministre des services sociaux et de l'emploi de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que la longue tradition de son pays en matière de mise en place de politiques sociales progressistes et que, plus récemment, la Nouvelle- Zélande est parvenue à passer d'une économie protectionniste à une économie ouverte. Il est prévu pour chacune des trois années à venir que la croissance économique du pays atteigne une moyenne de 3%. Les prévisions laissent par ailleurs entrevoir que le chômage devrait tomber à environ 5 % d'ici mars 2002. Le processus de réforme et les pressions exercées par la mondialisation n'ont pas été indolores, a toutefois précisé le Ministre. Les changements intervenus sur le marché du travail ont eu un impact sur la capacité de participation de certains secteurs de la population, en particulier les personnes peu qualifiées ou exerçant des emplois non qualifiés. La population autochtone maori et les insulaires ont été particulièrement touchés par ces changements, a ajouté M. Maharey.

Aussi, a poursuivi le Ministre néo-zélandais des services sociaux et de l'emploi, le gouvernement social-démocrate nouvellement élu s'est notamment fixé comme objectif de promouvoir une économie novatrice et créatrice d'emplois; de favoriser l'éducation et le développement des compétences de chacun; de combler les fossés économiques et sociaux qui subsistent dans le pays; de restaurer la confiance dans le gouvernement et de promouvoir des services sociaux et publics forts; et de protéger l'environnement. M. Maharey a par ailleurs indiqué que son pays a l'intention d'accroître progressivement le pourcentage de son PIB consacré à l'aide publique au développement afin d'atteindre l'objectif de 0,7% du PIB.

M SADOUN HUMADI, Président du Conseil national de l'Iraq, a déclaré que les problèmes dont souffre le monde aujourd'hui sont plus graves qu'ils ne l'étaient en 1995. Il a estimé qu'au moment où les pays développés réalisent des niveaux élevés de croissance durable, la plupart des pays du Sud, eux, doivent faire face à de multiples crises économiques, à l'augmentation de la pauvreté, à la disparité des revenus et à la dette extérieure.

M. Humadi a ajouté que les sanctions économiques imposées aux pays en développement sapent leur capacité à se développer. Or, les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité imposant des sanctions contre les pays du tiers monde se sont multipliées. En dépit des énormes dommages qu'elles provoquent au sein des populations civiles, les restrictions stipulées par la Charte des Nations Unies concernant l'action du Conseil de sécurité sont ignorées. Depuis dix ans, a poursuivi M. Hamadi, le Conseil de sécurité maintient des sanctions contre l'Iraq alors que le pays s'est acquitté de ses engagements conformément aux résolutions du Conseil. M. Humadi a jugé inacceptable que les pays affectés par les mesures du Conseil n'aient aucun recours juridique ou judiciaire, par exemple la Cour internationale de justice, pour juger de la conformité des résolutions adoptées par le Conseil avec les dispositions de la Charte et du droit international. L'Iraq condamne le recours à l'embargo économique, qu'il juge contraire aux principes fondamentaux des droits de l'homme.

M. BURCHELL WHITEMAN, Ministre de l'éducation et de la culture de la Jamaïque, a déclaré que son pays a lancé plusieurs initiatives destinées à mettre en oeuvre les engagements de Copenhague, et qui visent l'éradication de la pauvreté, la promotion de l'emploi productif et l'intégration sociale. Le Gouvernement jamaïquain a systématiquement renouvelé son engagement à créer un environnement favorable au développement social. Grâce à ces efforts, des progrès sensibles ont été réalisés. Le seuil de pauvreté est ainsi passé de 30% en 1995 à 20% aujourd'hui, a souligné le Ministre, estimant qu'il faut en conclure que les politiques économiques et sociales doivent être intégrées. En effet, la promotion sociale ne passe pas uniquement par des ressources financières importantes. Quant à la croissance économique, elle ne suffit pas à elle seule à promouvoir les droits sociaux. Le Ministre a souligné l'importance fondamentale de l'éducation et de la formation. Des réformes ont été initiées dans ces domaines en Jamaïque, où l'accès des plus pauvres à l'éducation a été amélioré au moyen de programmes de bourses. Pour la Jamaïque, il convient à présent d'harmoniser les stratégies élaborées par les différentes conférences des Nations Unies.

M. Whiteman par ailleurs a souligné que les pays en développement doivent se soutenir davantage les uns les autres, de façon plus directe. Ils peuvent s'inspirer à cet égard des échanges qui s'effectuent dans le cadre de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). La Jamaïque est favorable à l'initiative en faveur des pays pauvres les plus endettés. Elle plaide également en faveur du respect par les pays industrialisés de leurs engagements au titre de l'aide publique au développement. Le Ministre a affirmé que les politiques de croissance économique doivent être harmonisées et prendre en compte le besoin fondamental de créer des emplois. Il convient par ailleurs de renforcer l'accès des pays les plus pauvres aux nouvelles technologies.

M. MOUSTAPHA NIASSE, Premier Ministre du Sénégal, a rappelé que les problèmes sociaux - notamment la pauvreté et sa féminisation, le chômage et le sous-emploi - touchent aujourd'hui tout les pays du monde sans exception. Il a également rappelé qu'à Copenhague, la décision avait été prise de placer l'homme au centre du développement. Aujourd'hui, à l'heure du bilan, on peut affirmer que les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des dix engagements de Copenhague n'ont pas répondu aux attentes légitimes. Les inégalités sociales n'ont cessé de s'accroître, tant à l'intérieur des pays qu'entre eux, et le champ de la pauvreté s'est élargi, alors que la famine et la malnutrition touchent encore de nombreuses régions du monde. On peut ajouter à ce tableau l'extension des maladies endémiques comme le paludisme, la tuberculose et le sida dont la progression exponentielle, ces dernières années, particulièrement en Afrique, constitue une menace sérieuse à la paix et au développement ainsi qu'un défi majeur lancé à l'humanité. Ces cinq dernières années, les progrès réalisés ont été lents et mitigés en ce qui concerne l'accès aux services sociaux de base, notamment pour ce qui est de l'accès à l'éducation, à la santé et à l'alimentation en eau potable.

Le Premier Ministre sénégalais a souligné que nombre d'acquis réalisés en matière de développement économique et social se trouvent compromis voire anéantis par les conflits armés et par la pandémie du sida. La baisse de l'aide publique au développement, le fardeau de la dette et les barrières tarifaires et non tarifaires qui limitent l'accès des produits d'exportation primaires africains sur le marché mondial sont aussi des facteurs entravant la sortie des pays du Sud du sous-développement. Les défis du développement restent des défis universels dans ce monde globalisé où l'interdépendance et la solidarité entre les nations devraient être la règle. Le combat pour le développement nécessite non pas la mise en place de systèmes d'assistanat mais l'instauration d'un partenariat responsable et mutuellement avantageux. Il faut accepter de reconnaître que la croissance économique ne se mange pas, a souligné le Premier Ministre. La croissance économique ne garantit pas à elle seule et par elle-même une vie de dignité et d'épanouissement, à laquelle aspirent tous les peuples du monde, a-t-il poursuivi. Il faut donc aujourd'hui jeter les bases nouvelles d'une mondialisation à visage humain. L'ère de l'internet et de la mondialisation des échanges doit permettre à l'homme, plein d'espoirs, de rêves et de capacités, de mener à bien avec intelligence les changements qu'induit sa mission dans l'histoire et dans l'évolution de l'humanité.

M. CHEDLI NEFFATI, Ministre des affaires sociales de la Tunisie, a déclaré que ces dernières années se sont caractérisées par l'instauration d'un nouvel ordre mondial fondé sur l'économie de marché et la libéralisation, qui a permis un important saut en matière de croissance pour certains pays. Cependant, nombre de pays n'ont pas bénéficié de ce phénomène et, en fait, la réduction des ressources octroyées dans le cadre de l'aide publique au développement, qui s'élève à seulement 0,2% du PIB des pays industrialisés, est contraire aux engagements pris à Copenhague, seuls les pays d'Europe du Nord semblent respecter cet engagement. Les pays du Sud souffrent de la montée du chômage, de l'extrême pauvreté, de conflits armés qui accroissent la marginalisation de nombreux pays. La pauvreté est l'un des plus grands fléaux qui menacent toutes les sociétés, a déclaré le Ministre, et certains pessimistes estiment que plus de 3 milliards de personnes vivront avec moins de 1 dollar par jour en l'an 2004.

Le Ministre tunisien des affaires sociales a souligné que de nombreux pays ont fourni des efforts considérables au niveau national, en particulier dans le domaine de l'intégration sociale et de l'emploi, et c'est aussi le cas de la Tunisie où de nombreuses réformes économiques placent l'homme au centre des préoccupations liées au développement. Le Ministre a déclaré que des mécanismes et programmes ont été mis en oeuvre dans son pays en faveur de l'emploi, et notamment ciblant les jeunes.

La Tunisie a accordé la priorité à la lutte contre la pauvreté grâce à un fonds national de solidarité à destination de plus de 71 000 familles. Le Ministre a rappelé que le Président tunisien Zine El Abidine BEN ALI a appelé à la création d'un fonds mondial de solidarité qui viendrait compléter les mécanismes existants et qui permettrait de contribuer à l'éradication de la pauvreté et la promotion des régions les plus défavorisées du monde et en particulier dans les pays les plus pauvres. Ce fonds serait alimenté par les contributions des pays donateurs. Le Ministre a souhaité que cette proposition humanitaire soit incluse dans le document final en tant qu'initiative nouvelle.

Mme ALEJANDRA KRAUSS, Ministre de la planification et de la coopération du Chili, a déclaré que, grâce aux résultats obtenus au cours des six dernières années en matière de développement social, son pays peut désormais se fixer des objectifs encore plus ambitieux. Il s'agit pour le Chili d'aller plus avant dans la voie de la croissance économique tout en avançant sur le terrain de l'égalité citoyenne. La lutte contre la pauvreté concerne en premier lieu les États et les organisations qui composent la société civile de chaque nation.

La Ministre chilienne de la planification et de la coopération a ajouté que la lutte contre la pauvreté concerne également le système international, qui doit veiller à la destruction de toute barrière empêchant ou entravant le développement social de chaque pays. Cinq ans après Copenhague, la mondialisation économique et le rôle du marché ont permis le progrès et le développement dans bon nombre de pays. La mondialisation génère toutefois des inquiétudes pour un nombre important d'États qui n'arrivent pas à s'intégrer, risquant ainsi la marginalisation. Aussi, la communauté internationale doit mener des transformations qui permettent l'intégration des groupes les plus faibles ou démunis. S'il ne faut pas laisser le soin aux marchés d'orienter de telles transformations, il ne serait pas non plus opportun de les imposer. Pour la Ministre, les changements nécessaires doivent être opérés de façon responsable, en renforçant notamment la solidarité entre les nations et en stimulant la créativité.

M. GYULA PULAY, Secrétaire d'État permanent au Ministère des affaires sociales et familiales de la Hongrie, a rappelé que la discrimination, la pauvreté, le chômage et l'exclusion sociale se rencontrent dans tous les pays. Bien que la manière dont ces phénomènes se manifestent puisse différer selon les pays, les mécanismes socioéconomiques qui se trouvent à leur origine sont souvent les mêmes. La communauté internationale doit donc unir ses efforts et entreprendre une action concertée pour atténuer et surmonter ces problèmes. M. Pulay a rappelé qu'en janvier 1999, la Hongrie a accueilli la consultation régionale tripartite sur le suivi à donner au Sommet social de Copenhague lors de laquelle furent notamment évalués les effets du Sommet sur la politique d'emploi.

M. Pulay a par ailleurs souligné que le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales constitue une condition préalable indispensable pour le progrès social. C'est dans cet esprit que la Hongrie a pris part à la rédaction de la Déclaration de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur les principes et droits fondamentaux au travail et qu'elle approuve la proposition de l'Union européenne visant à ce que la déclaration politique de la présente session extraordinaire précise que les principes énoncés dans cet instrument doivent être respectés. En ratifiant la Convention no 138 de l'OIT sur l'âge minimum de l'emploi, la Hongrie a achevé le processus de ratification des conventions fondamentales de l'OIT. La Hongrie figure en outre parmi les premiers pays à avoir ratifié la Convention no 182 sur les pires formes de travail des enfants. M. Pulay a souligné que l'instauration d'un monde meilleur et plus équitable qui assure l'égalité des chances pour tous requiert la mise en oeuvre de politiques économiques stables, la mise en place de programmes sociaux à long terme ainsi qu'une action internationale concertée.

M. PETRO OVTCHARENK, Premier adjoint au Ministre du travail et des affaires sociales de l'Ukraine, a déclaré que la sécurité est le meilleur moyen de garantir un État démocratique, l'économie de marché et une société civile où l'homme est libre de préparer son propre destin. Les efforts de l'Ukraine sont axés sur un programme d'action intitulé "les réformes au nom du bien-être de l'homme", qui prévoit la restructuration de l'économie et des structures agraires, de l'aide sociale, des mesures en faveur de l'emploi. Selon les indicateurs, il semble que le pays dispose des conditions voulues pour parvenir à un niveau de développement acceptable. Cependant, le Gouvernement ukrainien se heurte encore à des difficultés telles que la baisse du niveau de vie de la population et le manque de moyens de surmonter les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. M. Ovtcharenko a déclaré que l'élimination de la pauvreté est une des priorités de son gouvernement, qui porte aussi une attention particulière à la situation des populations vulnérables comme les enfants, les femmes et les personnes handicapées. Afin de résoudre tous ces problèmes, l'Ukraine cherche des méthodes plus adéquates. Le gouvernement assure une surveillance de la situation en ce qui concerne le travail des enfants et de leurs conditions de vie dans le cadre d'un programme d'évaluation de la pauvreté réalisé en coopération avec la Banque mondiale.

M. Ovtcharenko a estimé que l'aide des pays industrialisés est importante pour trouver de nouvelles sources de financement. Il a indiqué que son pays appuie l'initiative de la Fédération de Russie en vue d'organiser une conférence régionale d'envergure pour recueillir de nouvelles ressources financières. L'Ukraine doit réaliser une privatisation à grande échelle pour faire jouer la concurrence au bénéfice du consommateur. Mais les résultats obtenus ne sont pas encore satisfaisants, a-t-il reconnu. C'est en ouvrant davantage les marchés internationaux aux produits ukrainiens, en éliminant les barrières tarifaires, avec la mise en oeuvre des engagements pris au Sommet de Copenhague, que des progrès en faveur du développement social pourront être réalisés. L'Ukraine est disposée à s'engager dans des projets de coopération mutuelle pour favoriser un développement social harmonieux.

M. VICTOR IVANOV, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale du Kazakhstan, a déclaré que l'homme doit être placé au coeur des politiques de développement social. Parvenu à la stabilité macroéconomique, le Kazakhstan met en oeuvre une politique économique qui prend en compte les exigences de développement social. Le programme d'action à moyen terme actuellement en vigueur vise à créer un système productif favorisant l'emploi et à renforcer le réseau des petites et moyennes entreprises. Ce programme prévoit également le développement du système de micro-crédits et des mesures de protection sociale. Le gouvernement déploie également d'importants efforts dans le domaine de l'éducation.

Le Vice-Ministre kazakh du travail et de la protection sociale a attiré l'attention des investisseurs internationaux sur l'importance de la formation professionnelle des populations locales. De telles mesures permettraient de lutter efficacement contre la pauvreté. M. Ivanov a enfin évoqué le problème du trafic des stupéfiants, qui touche de près son pays. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle lutte de façon plus efficace contre ce fléau.

M. NUDZEIM RECICA, Sous-Ministre des affaires civiles et des communications de la Bosnie-Herzégovine, a déclaré que cinq ans après le Sommet social de Copenhague, on peut affirmer que la Bosnie-Herzégovine jouit aujourd'hui de la paix à laquelle elle aspirait alors. Il s'est dit persuadé que l'intégration internationale est la seule voie possible vers l'instauration d'un développement social durable. Parmi les raisons expliquant la lenteur et l'insuffisance du redressement économique et social du pays, figurent la guerre qui a ravagé la Bosnie-Herzégovine; la transition de l'économie nationale vers une économie de marché; et le processus de privatisation. Après avoir mis l'accent sur la situation à laquelle la Bosnie-Herzégovine doit faire face en raison du grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur du pays, le Sous- Ministre a souligné que c'est la situation en matière d'emploi qui constitue le principal frein au développement économique et social du pays. Il a précisé que le nombre de chômeurs a été multiplié par 2,5 depuis 1991, pour atteindre 750 000 aujourd'hui. Le Sous-Ministre a par ailleurs mis l'accent sur la situation déplorable que connaissent dans son pays les fonds de pension et d'invalidité, dans la mesure où ces fonds ont été épuisés suite à la guerre qui a ravagé la Bosnie-Herzégovine, ce qui nuit considérablement à l'image sociale du pays.

M. Recica a indiqué que son pays estime indispensable d'élaborer de nouveaux concepts de rééchelonnement de la dette, d'effacement de la dette et d'allégement des conditions d'octroi de crédits pour les pays en développement et les pays en transition, en particulier ceux qui sortent d'une guerre. La Bosnie-Herzégovine considère que l'initiative prise en faveur des pays d'Europe du Sud-Est dans le cadre du Pacte de stabilité constitue sa meilleure chance de parvenir à un développement social durable.

M. LESLIE RICHARD LUCK (Australie) a déclaré que ce sommet doit créer et soutenir un cadre pour un partenariat entre la communauté internationale, les institutions internationales, les Nations Unies, les institutions financières multilatérales, les organisations régionales, les autorités locales, les milieux d'affaires, les organisations non gouvernementales, les communautés et les particuliers, en reconnaissant à chacun leurs droits et responsabilités. Ces partenariats sont essentiels pour développer des stratégies, pour assumer les changements et garantir que les bénéfices de la mondialisation sont bien assimilés et aussi étendus que possible, a-t-il affirmé. Un bon exemple d'un tel partenariat est l'initiative en faveur des pays les plus lourdement endettés, que l'Australie appuie fermement, a déclaré M. Luck. Il a rappelé que, parallèlement aux contributions multilatérales existantes, son gouvernement a annoncé en avril dernier qu'il annulerait 100% de la dette des pays désignés par l'initiative en faveur des pays pauvres les plus endettés.

L'Australie considère que la bonne gestion des affaires publiques est l'une des conditions préalables et essentielles au développement durable à l'efficacité des partenariats nationaux et internationaux pour la réalisation des objectifs de Copenhague. Le représentant a rappelé que la corruption, l'absence de contrôle des fonds publics, le manque de transparence et le non-respect des droits de l'homme sont autant d'entraves au développement et que les efforts d'assistance pour éliminer la pauvreté et promouvoir le développement durable s'en trouvent gravement compromis. L'Australie souhaite donc que ce sommet créera un cadre pour le partenariat à tous les niveaux afin de mettre en oeuvre les engagements de la Déclaration de Copenhague.

M. MARCO ANTONIO SUAZO (Honduras) a déclaré que le Honduras s'efforce de protéger les secteurs les plus vulnérables de la société et a pour cela promulgué de nombreuses lois. Cet arsenal législatif a pour but de mettre en oeuvre les engagements de Copenhague. Mais la réalisation de ces objectifs souffre des conséquences de la mondialisation. Par ailleurs, les catastrophes naturelles ont limité l'efficacité des politiques mises en oeuvre. Le représentant a souligné les efforts importants déployés par son pays pour s'acquitter de ses obligations sociales. Le Honduras est favorable à un renforcement de la coopération internationale qui devrait notamment se traduire par des mesures destinées à résoudre le problème de la dette. Il invite par ailleurs les pays qui ne l'ont pas encore fait à respecter leurs engagements au titre de l'aide publique au développement. Il est nécessaire, a souligné le représentant, que les promesses d'atténuation de la dette soient honorées, afin que les pays les plus endettés puissent consacrer davantage de ressources au développement social.

Le représentant hondurien a décrit l'ensemble des mesures prises par son pays pour promouvoir le développement social. Dans ce contexte, il a souligné que les engagements de Copenhague ne doivent pas être appliqués avec une rigidité absolue. Pour mesurer les progrès accomplis, il faut tenir compte des difficultés financières propres à chaque pays ou de facteurs tels que les catastrophes naturelles. Le représentant a appelé la communauté internationale a réagir pour aller plus avant dans la voie du développement social. À cet égard, il s'est prononcé en faveur d'une réforme des institutions financières internationales. Il a également plaidé en faveur d'une solidarité internationale renouvelée. Les pays les plus riches doivent venir en aide aux plus pauvres, a-t-il déclaré. Il en va de la réalisation de la justice sociale à l'échelle mondiale.

M. CARLOS SANTOS, Secrétaire permanent au Ministère du développement humain, des affaires féminines et des sociétés civiles du Belize, a souligné que son gouvernement considère l'équité sociale comme l'un des principaux éléments du développement durable et n'a cessé, depuis le Sommet de Copenhague, de prendre des mesures qui traduisent cette nouvelle approche du développement. Ces cinq dernières années, le Belize a concentré ses efforts sur la réduction de la pauvreté, la promotion des emplois productifs et le renforcement de l'intégration sociale. Le Belize a mis au point un plan d'action et une stratégie en faveur de l'élimination de la pauvreté nationale. Il reste cependant encore au pays à mettre davantage la planification macroéconomique en conformité avec ce plan d'action et cette stratégie; à s'attaquer au problème de la féminisation de la pauvreté; et à mettre au point des indicateurs permettant de surveiller et d'évaluer efficacement la mise en oeuvre du plan d'action. Pour ce qui est de la promotion de l'emploi productif, le Gouvernement du Belize s'est engagé à créer 15 000 nouveaux emplois entre 1998 et 2003. Les statistiques indiquent que le taux de chômage est en légère baisse et s'établit en 1999 à 12,8%. En ce qui concerne l'intégration sociale, le Belize a vu ses efforts en faveur de l'assimilation des immigrés couronnés d'un succès relatif. En outre, il y a environ un an, le gouvernement a mis en oeuvre un programme d'amnistie qui visait à légaliser tous les immigrés illégaux et déplacés.

Éliminer la pauvreté, assurer l'intégration sociale et accroître l'emploi productif sont des tâches qui requièrent la coopération et la collaboration de toutes les parties prenantes au sein de la société ainsi que tous les partenaires internationaux du développement. La "main invisible" qui décide des politiques économiques mondiales semble être la même que celle qui produit la pauvreté et les soulèvements dans des pays comme le Belize, a déclaré M. Santos. Lorsque les systèmes de quotas concernant nos bananes sont abandonnés, la pauvreté s'abat sur notre population, a-t-il rappelé. Lorsque nous sommes obligés de vendre nos matières premières à des prix inférieurs aux coûts de production et d'importer des produits à des prix exorbitants, nous aggravons le sort de nos populations.

Mme HIWET ZEMICHAEL, Ministre du travail et du bien-être humain de l'Érythrée, a déclaré que l'un des obstacles majeurs au développement dans son pays est le conflit qui l'oppose depuis 1998 à son voisin, l'Éthiopie. Les forces armées éthiopiennes, a-t-elle dit, ont détruit les infrastructures de développement social et économique qui avaient été édifiées depuis huit ans, elles ont détruit tous les biens publics, ont causé la mort de milliers de civils et ont entraîné le déplacement de plus de 1,6 million de personnes, soit un tiers de la population nationale. L'invasion éthiopienne a provoqué une crise humanitaire majeure qui aurait dû éveiller l'attention de la communauté internationale, a-t- elle souligné, avant d'indiquer que parmi les injustices commises par les troupes éthiopiennes figure la déportation de plus de 70 000 Érythréens et Éthiopiens d'origine érythréenne dans des conditions inhumaines.

Selon la Ministre érythréenne du travail, cette expérience traumatisante, la deuxième perpétrée par l'Éthiopie contre l'Érythrée en dix ans, a délibérément visé non seulement les ressources humaines érythréennes mais aussi tous les acquis du développement depuis son indépendance en 1993. En outre, la Ministre a qualifié de troublante l'apparente indifférence de la communauté internationale face à ces crimes et estimé que les conflits sont de graves obstacles au développement social dont la durabilité demeure impossible dans un contexte de guerre, les objectifs et politiques ambitieux que vise cette session extraordinaire demeureront des voeux pieux pour nombre de pays s'ils ne s'accompagnent pas de mesures concrètes en faveur d'une action collective et de solidarité contre l'injustice, la guerre et l'agression. La Ministre a conclut en lançant un appel à la communauté internationale pour qu'elle accorde une attention spéciale aux garanties de justice sociale, à la prévention et à la résolution pacifique des conflits au cours de cette session.

M. DANZANNAROV BOLDBAATAR (Mongolie) a déclaré que le monde n'est plus aujourd'hui en mesure d'assurer la promotion d'un développement social durable pour tous. La pauvreté, le poids de la dette, le fossé technologique croissant entre pays riches et pauvres, la faim et la malnutrition généralisée, sont autant de problèmes qui appellent une action urgente de la part de la communauté internationale. La réalisation des objectifs de Copenhague passe par une action globale, fondée sur une véritable volonté politique et l'octroi de ressources suffisantes.

Après avoir énuméré l'ensemble des mesures prises par son pays pour promouvoir le développement social, le représentant mongol a affirmé que les enquêtes effectuées par le Programme des Nations Unies pour le développement en 1995 et 1998 dans son pays ont montré qu'en dépit d'un accroissement de la force

de travail, explicable par la croissance démographique, le taux de chômage s'est accru, provoquant une augmentation corrélative de la pauvreté. C'est pourquoi, a affirmé le représentant, la Mongolie a besoin de l'assistance internationale.

M. OLUSEGUN OBASANJO, Président du Nigéria, a affirmé que personne ne peut nier que des progrès économiques et sociaux considérables ont été réalisés ces dernières décennies, l'espérance de vie dans les pays en développement étant passée de 46 à 64 ans, les taux de mortalité infantile ayant été réduits de moitié et la scolarisation des enfants dans le primaire ayant augmenté de plus de 80%. Pour autant, ce progrès n'est pas du tout universel et, à maints égards, les choses ont empiré, a ajouté le Président nigérian. Cette session extraordinaire se tient à un moment où le processus de mondialisation connaît une crise de légitimité en raison de l'insuffisante attention accordée aux implications sociales de ce processus - en particulier du point de vue du creusement des inégalités et de la marginalisation croissante d'une grande partie du monde en développement.

L'éradication de la pauvreté reste donc le principal défi auquel soient confrontés la plupart des pays en développement, a rappelé le Président Obasanjo. À cet égard, la question de l'emploi se trouve au centre du problème de la réduction de la pauvreté. Les gouvernements subissent en effet des contraintes dues aux politiques d'austérité budgétaire et fiscale qui leur ont été imposées par les institutions financières internationales et qui leur laissent peu de ressources pour lancer des programmes de création d'emplois. Or, a poursuivi M. Obasanjo, le chômage est la mère de presque tous les autres maux sociaux, qu'il s'agisse de la prostitution, du trafic de stupéfiants ou de la traite des êtres humains.

Le Président nigérian a par ailleurs mis l'accent sur la nécessité d'une action internationale concertée visant à lutter contre l'extension des maladies telles que le VIH/sida, la malaria et la tuberculose. Soulignant que certains pays utilisent plus d'un quart de leurs revenus d'exportation au paiement du service de la dette, il a déclaré que le fardeau de la dette extérieure continue de peser lourdement sur de nombreux pays du Groupe des 77, entravant sérieusement les efforts qu'ils déploient pour réaliser les objectifs sociaux du développement. La communauté internationale doit entendre l'appel lancé aux pays riches par la Banque mondiale afin qu'ils ouvrent leurs marchés aux importations en provenance d'Afrique. La Banque mondiale a en effet relevé dans son rapport que les nations riches dépensent collectivement 300 milliards de dollars pour subventionner et protéger leurs agriculteurs contre la concurrence étrangère.

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