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CD/201

COMMISSION DU DESARMEMENT : LA NECESSITE DE TRADUIRE DANS LES FAITS LES RESULTATS DE LA CONFERENCE D'EXAMEN DU TNP

27 juin 2000


Communiqué de Presse
CD/201


COMMISSION DU DESARMEMENT : LA NECESSITE DE TRADUIRE DANS LES FAITS LES RESULTATS DE LA CONFERENCE D’EXAMEN DU TNP

20000627

La Commission du désarmement a poursuivi, ce matin, son débat général consacré au désarmement nucléaire et aux mesures de confiance dans le domaine des armes classiques. La nécessité de renforcer et de traduire dans les faits les résultats obtenus lors de la sixième Conférence d'examen des parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires a été soulignée. Des propositions ont été faites dans ce sens qui visent la relance des négociations à la Conférence du désarmement sur la conclusion d'un traité d’interdiction des matières fissiles, la création d’un comité ad hoc sur le désarmement nucléaire ou la conclusion d’une convention sur l’interdiction de l’emploi ou de la menace du recours à l’arme nucléaire. La proposition du Secrétaire général de convoquer une conférence internationale sur les moyens d’éliminer le danger de l’arme nucléaire a obtenu un large appui. Le représentant des Etats-Unis a informé la Commission de la volonté de son Gouvernement d’oeuvrer en faveur de la ratification du Traité d’interdiction complète des armes nucléaires.

Il a été souligné que la dynamique du processus de désarmement ne saurait être complète si elle n’englobait pas les armes classiques. Au rang des mesures de confiance préconisées dans ce domaine figurent, entre autres, l’élargissement du Registre des armes classiques des Nations Unies, une plus grande transparence des transactions commerciales, une plus grande coopération frontalières, l’exercice d’une responsabilité accrue de la part des fournisseurs et fabricants d’armes ainsi que l’universalisation du Traité d’Ottawa sur les mines antipersonnel. La tenue en 2001 de la Conférence sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects a bénéficié du soutien de la Commission.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Inde, Mexique, Guatemala, Egypte, Afrique du Sud, Uruguay, Pérou, République de Corée, Costa Rica, Etats-Unis, Malaisie et Algérie.

La Commission poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures.

M. SATY ABRATA PAL (Inde) a indiqué que son pays est engagé en faveur du désarmement nucléaire et il soutient l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice sur l’obligation de poursuivre de bonne foi des négociations menant au désarmement nucléaire. L’Inde est le seul État doté de l’arme nucléaire à avoir demandé la conclusion d’une convention sur les armes nucléaires interdisant, le développement, la production, les essais, le stockage ou la menace de l’utilisation de l’arme nucléaire ainsi que leur élimination. Le représentant a souligné que l’Inde continuera de soutenir les initiatives individuelles ou collectives entreprises au sein des non-alignés. Il a fait part de son soutien à l’établissement en 2000 au sein de la Conférence du désarmement d’un Comité ad hoc sur le désarmement nucléaire chargé de négocier une convention sur les armes nucléaires qui serait assortie d’un calendrier. Il est décevant de constater que la Conférence du désarmement n’a pas été en mesure de lancer des négociations sur le désarmement nucléaire. Pour préparer l’élaboration d’une Convention sur les armes nucléaires, a précisé le représentant, l’Inde est disposée à participer à des initiatives concertées, multilatérales et non discriminatoires.

Au rang de ces initiatives, le représentant a évoqué la nécessité de mettre en oeuvre un accord de non-recours à l’arme nucléaire, en premier, qui serait en conformité avec les exigences d’un instrument juridiquement contraignant sur les garanties négatives de sécurité et les garanties en faveur des zones exemptes d’armes nucléaires. Le représentant a indiqué que son pays respecte le choix souverain exercé par les États non nucléaires dans le cadre de la création de zones exemptes d’armes nucléaires et elle est prête à faire de cet engagement une obligation juridique. Le représentant a appelé à des négociations à la Conférence du désarmement qui portent sur une convention relative à l’interdiction de l’emploi ou de la menace de l’arme nucléaire. Avec la fin de la guerre froide, il n’existe plus de justification au maintien en état d’alerte de milliers d’armes. Il faudrait que les États nucléaires réduisent le risque que comporte l’utilisation accidentelle ou non intentionnelle de l’arme nucléaire. Rappelant la responsabilité première qui incombe aux pays possédant les arsenaux nucléaires les plus importants, le représentant a jugé important de revitaliser les processus bilatéraux qui doivent être complétés par des réductions des arsenaux dans un cadre multilatéral. L’établissement d’un Comité ad hoc sur le désarmement nucléaire, le lancement de négociations pour la conclusion d’un traité d’interdiction des matières fissiles et a également été souhaité par le représentant. Il s’est opposé à la militarisation de l’espace extra- atmosphérique.

Dans le domaine des armes classiques, le représentant a fait part de son soutien à des mesures visant une plus grande transparence dans les transactions commerciales. Nous estimons que la consolidation du Registre des armes classiques des Nations Unies est un pas dans cette direction. Il a soutenu la convocation en 2000 d’une réunion du Groupe d’experts gouvernementaux mis en place par le Secrétaire général. Le représentant a classé en deux catégories les transferts d’armes, à savoir les transferts illicites et les transferts licites entre États pour des raisons de légitimes défense. L’Inde soutient la convocation d’une Conférence en l’an 2001 sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. L’Inde est également en faveur d’une interdiction totale, universelle et non discriminatoire des mines antipersonnel dans le cadre d’un processus soumis à échéancier et dans le respect des besoins de légitime défense des États. L’élimination totale des mines antipersonnel sera grandement facilitée si l’on tenait compte du rôle de légitime défense qu’elles jouent et si l’on fournissait

des technologies alternatives rentables. Le représentant a estimé que l’universalisation de la Convention d’Ottawa grâce à la ratification de tous ses protocoles constituerait une mesure de confiance majeure.

M. GUSTAVO ALBIN (Mexique) a déclaré que pour réaliser le désarmement nucléaire, la Commission devra prendre en compte les derniers événements survenus dans ce domaine et, en particulier, le document final adopté par consensus par la Sixième Conférence d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Ce document contient une série de mesures, entre autres, l’engagement sans équivoque des États nucléaires en faveur de l’élimination totale de leurs arsenaux. Cet engagement ainsi que les autres mesures contenues dans le document final devraient inspirer les travaux de la Commission, a insisté le représentant, ajoutant qu’à la fin du cycle de discussion de trois ans sur ce thème, la Commission devrait être en mesure de donner un élan décisif aux autres organes également chargés du désarmement.

S’agissant des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, la délégation mexicaine estime que l’expérience bilatérale, sous- régionale et régionale en la matière devra servir de référence aux discussions. M. Albin a cité en exemple l’adoption en 1999 de la Convention interaméricaine sur la transparence en matière d’achat d’armes classiques, dont les dispositions reprennent pour une large part celles du Registre des Nations Unies sur les armes classiques. La Commission du désarmement devra centrer son attention sur les nouvelles mesures d’instauration de la confiance. Le représentant a également estimé que la situation qui prévaut à la Conférence du désarmement, dont les négociations infructueuses n’ont pas permis de s’accorder sur le programme de travail, souligne la nécessité de redoubler d’efforts pour surmonter les obstacles au dialogue politique sur le désarmement. Dans ce contexte, le Mexique estime que la proposition du Secrétaire général de convoquer une conférence internationale sur les moyens d’éliminer la menace nucléaire pourra constituer l’occasion privilégiée de discuter des actions qui doivent être entreprises à cette fin. Il espère que cette proposition sera examinée la session actuelle de la Commission.

M. LUIS RAUL ESTEVEZ LOPEZ (Guatemala) a déclaré qu’en dépit des nombreux efforts déployés depuis plusieurs décennies, l’humanité aborde un nouveau siècle sans être débarrassée de la menace nucléaire, la prolifération nucléaire n’ayant guère ralenti et le désarmement encore moins commencé. A cet égard, le document final adopté à la Sixième Conférence d’examen du TNP ne représente pas une avancée significative; le seul développement positif étant en fait la réaffirmation par les États nucléaires de leur volonté de parvenir à l’élimination de cette arme. Les débats tenus lors de cette Conférence ont permis de mettre clairement en lumière les désaccords qui continuent de nuire au désarmement nucléaire ou à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires au Moyen-Orient ou en Asie du Sud. C’est pourquoi le Guatemala ne peut se sentir que satisfait du fait que la région de l’Amérique latine et les Caraïbes ait été une véritable pionnière en matière de zone exempte d’armes nucléaires dont elle apprécie chaque jour les bénéfices.

S’agissant des mesures d’établissement de la confiance dans le domaine des armes classiques, le Guatemala estime que la priorité principale doit être de mettre fin à la course aux armements. C’est pourquoi, il soutient fermement le Registre des Nations Unies sur les armes classiques et a co-parrainé plusieurs résolutions en la matière, notamment celle relative à la transparence dans le domaine des dépenses militaires ainsi que celle sur la consolidation de la paix au moyen de mesures concrètes de désarmement, ayant vu la naissance d’un groupe menant des activités concrètes auquel participent désormais plus de 70 États Membres. Ayant souffert pendant de longues années des effets tragiques des conflits armés et aujourd’hui encore de la violence criminelle liée aux armes légères, le Guatemala demande instamment à tous les Etats membres de la Commission de joindre leurs efforts pour arrêter la progression et réduite autant que possible la course aux armements dans tous ses aspects.

M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte)a plaidé en faveur d’efforts régionaux sérieux. Au Moyen-Orient, tous les pays de la région se sont engagés en faveur de cet objectif noble en adhérant au TNP comme signe du rejet de l’option nucléaire. Seule Israël refuse d’adhérer au TNP et de placer ses installations nucléaires sous le régime de contrôle de l’AIEA malgré la résolution sur le Moyen-Orient. La question de la prolifération nucléaire revêt un caractère urgent, a souligné le représentant, qui a rappelé que son pays est à l’origine de la résolution portant sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et qui a été adoptée par l’Assemblée générale. Le représentant s’est dit en faveur d’une conférence internationale sur le désarmement nucléaire.

Pour ce qui est des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, le représentant a regretté que le Registre n’ait pas réussi à inclure de nouvelles catégories d’armes. Le Registre dans sa forme actuelle a échoué. La transparence dans le domaine des armes classiques et tout autant importante que la transparence dans le domaine des armes nucléaires car la sécurité est indivisible, a ajouté le représentant. Il a souhaité que le Groupe d’experts mandaté par le Secrétaire général permette l’élargissement du Registre pour qu’il devienne réellement une mesure de confiance.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré qu’un souci d’honnêteté force à reconnaître l’incapacité des instances multilatérales et de la communauté internationale à régler efficacement les questions de la non-prolifération, du désarmement et du contrôle des armes. L’incapacité de la Conférence du désarmement à entamer ses travaux, le fait que la plupart des résolutions de la Première Commission ne recueillent pas l’assentiment de tous les Etats Membres et que les travaux de la présente Commission sont largement ignorés en sont autant de preuves et de sujets de préoccupation, a estimé M. Kumala. Selon lui, le problème tient pour une large part au fait que tous ces mécanismes ont été établis il y a de nombreuses années et qu’ils ne reflètent plus la réalité dans ces domaines. En matière de désarmement nucléaire, l’Afrique du Sud continue d’être préoccupée par le refus de reconnaître que cette question est en fait l’affaire de toute la communauté internationale dans son ensemble et il existe véritablement un manque d’engagement dans ce domaine, ainsi qu’en témoignent les difficultés à élaborer le programme de travail de cette Commission. L’Afrique du Sud se réjouit des résultats significatifs de la Sixième Conférence d’examen du TNP, ceux-ci avec l’éventuelle création d’un organe subsidiaire de la Conférence sur le désarmement chargé du désarmement nucléaire ainsi que l’élaboration d’un Traité d’interdiction des matières fissiles permettraient d’insuffler l’élan faisant défaut actuellement. C’est pourquoi, les discussions de la présente session ne devraient en aucun cas diminuer les résultats de la Conférence du TNP et devraient avoir pour ambition d’identifier les facteurs permettant de faciliter les actions en matière de désarmement nucléaire.

Si les armes nucléaires constituent la plus grande menace à la survie de l’humanité, l’accumulation d’armes classiques au-delà d’un seuil raisonnable contribue, quant à elle, à une très grande instabilité menant à des confits régionaux, a poursuivi le représentant. De plus, une telle accumulation nuit à l’établissement de la confiance mutuelle entre les Etats. L’instauration de la confiance passe par la transparence, a insisté le représentant, estimant également que la tenue en 2001 d’une Conférence sur les armes légères permettre également de réaliser des progrès dans ce domaine. En revanche, l’Afrique du Sud estime que le champ d'action actuel du Registre des Nations Unies sur les armes classiques est trop étroit, d’autant qu’il n’inclut pas les petites armes et les armes légères. Cette lacune explique, selon le représentant, la faible participation des petits pays et notamment de ceux d’Afrique. La destruction des surplus, ainsi que des armes confisquées ou non utilisées par les forces gouvernementales représente également une autre mesure concrète d’établissement de la confiance, a poursuivi M. Kumalo, ajoutant que son pays a décidé de détruire tous ses surplus en petites armes plutôt que de les revendre. De telles mesures permettent non seulement de construire la confiance, mais aussi de lutter contre le trafic illicite des armes et c’est pourquoi l’Afrique du Sud présentera, lors de la présente session, des propositions concrètes sur ce point.

M. JULIO BENITEZ SAENZ (Uruguay) a rappelé que la présente session intervient dans des circonstances particulières puisque cela fait un peu plus d'un mois qu’a été adopté le document final de la Sixième Conférence d’examen du TNP qui ouvre véritablement la voie au désarmement nucléaire dans les prochaines années. Dans ce débat, la Commission du désarmement a la responsabilité de lancer un appel à la réflexion à la Conférence sur le désarmement afin qu’elle prenne l’initiative d’une Convention interdisant l’usage des armes nucléaires. L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) est aussi une nécessité pressante. Pour sa part, l’Uruguay a ratifié ce traité le 20 juin dernier. Il espère également que le prochain Sommet du millénaire permettra de voir surgir un engagement irrévocable en faveur de l’élimination des armes de destruction massive. "Mon pays appuie la proposition du Secrétaire général de convoquer une conférence internationale sur la question", a ajouté M. Saenz.

Pour ce qui est des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, la délégation de l’Uruguay souhaite que les discussions de la Commission s’appuient sur les exemples régionaux et de coopération bilatérale en la matière à l'instar des échanges qui ont lieu sur la question depuis 1995 entre le Groupe de Rio et l’Union européenne ou encore l’initiative allemande en faveur de la consolidation de la paix grâce à des mesures pratiques d’établissement de la confiance. Évoquant les préparatifs de la Conférence sur les armes légères qui aura lieu l’an prochain, le représentant a estimé que la Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illicite des armes à feu, des munitions, des explosifs et autres matériaux connexes constitue, avec la Convention interaméricaine sur la transparence en matière d’achats d’armes classiques, un véritable pilier qui a permis de renforcer sensiblement la coopération entre les pays de la région.

M. MANUEL PICASSO (Pérou) a estimé que la présente session de la Commission est placée à la fois sous le signe de l’optimisme et de l’incertitude. L’optimisme et l’espoir sont liés aux résultats importants de la récente Conférence d’examen du TNP au cours de laquelle les Etats nucléaires se sont engagés à éliminer les armes nucléaires. Toutefois l’incertitude subsiste car parallèlement les doctrines nucléaires ont été réaffirmées et renforcées. En outre, l’absence de mesures concrètes en vue de diminuer le risque d’une guerre nucléaire, les remises en cause de l’application du Traité ABM ainsi que l’absence de compromis pour débloquer les négociations de la Conférence du désarmement sont autant d’éléments de préoccupation. Pourtant il n’existe aucune raison valable au maintien indéfini des armes nucléaires, a insisté le représentant. C’est pourquoi, le Pérou appuie la proposition du Secrétaire général de convoquer une Conférence internationale sur les moyens d’éliminer les dangers liés au nucléaire. Il estime aussi que la prompte ratification du Traité d’interdiction des essais nucléaires, ainsi que le renforcement des zones exemptes d’armes nucléaires et la création de nouvelles zones sont autant de moyens de contribuer au désarmement nucléaire.

De l’avis du Pérou, la question des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques dépasse largement les seuls aspects militaires et il faudrait davantage explorer les capacités de mesures non militaires mais politiques, économiques, sociales et culturelles. C’est en se fondant sur ce concept large que la région d’Amérique latine a adopté divers mécanismes de coopération et d’intégration parmi lesquels la Convention interaméricaine sur la transparence dans l’acquisition des armes est un véritable pilier. Le Pérou privilégie les relations bilatérales dans ce domaine. Au niveau mondial, il insiste sur l’importance du Registre des Nations Unies sur les armes classiques, même s’il pourrait encore être perfectionné.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a déclaré que son pays attache une importance particulière à l’adoption par consensus du document final de la Conférence d’examen du TNP qui contient l’engagement sans équivoque pris par les Etats nucléaires de prendre toutes les mesures en vue d’éliminer leurs arsenaux. Toutefois, ces Etats devraient déployer de plus grands efforts et traduire leurs intentions dans les faits. Une approche graduelle et pratique est nécessaire. Elle devrait passer par la relance du processus START, par des mesures de promotion de la transparence, par un rôle moins important accordé à l’arme nucléaire dans les politiques de sécurité des Etats, par l’entrée en vigueur le plus rapidement possible du CTBT, par la conclusion d’un Traité sur l’interdiction des matières fissiles et en attendant par la conclusion d’un moratoire sur les matières fissiles.

Pour ce qui est des mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, le représentant a estimé que les directives de 1996 sur le transferts d’armes et celles de 1999 sur le contrôle et la limitation des armes classiques ont contribué à accroître la transparence. Nous appuyons ces directives et nous attachons une importance particulière à leur respect. Le Registre des Nations Unies sur les armes classiques est un outil de promotion de la confiance et nous souhaitons qu’il soit élargi. Le représentant a souhaité qu’un plan d’action soit élaboré pour lutter contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. Deux caractéristiques universelles doivent caractériser les mesures de confiance, à savoir la transparence et l’ouverture. Les visites d’experts, l’échange d’informations militaires peuvent constituer des mesures de confiance. Le représentant a expliqué que le Forum régional de l’ANASE a fourni un cadre utile pour un dialogue régional et réalisé d’importants progrès dans l’édification de mesures de confiance. Le Gouvernement de la République de Corée accueillera une réunion régionale sur les mesures de confiance prévue à Séoul en novembre 2000.

M. BERND NIEHAUS (Costa Rica) a estimé que la prompte ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires devrait être l’un des moyens prioritaires de réaliser le désarmement nucléaire, de même que la tenue de négociations en vue de créer un instrument international d’interdiction des matières fissiles. Parallèlement, il est essentiel que les Etats nucléaires s’engagent réellement en faveur des négociations sur le désarmement. Il est notamment indispensable qu’ils désactivent leurs systèmes offensifs et arrêtent leurs programmes de modernisation de l’arsenal nucléaire. Ces Etats doivent interdire le transfert des technologies et des matériaux permettant de produire des armes nucléaires. De telles initiatives sont d’autant plus importantes que l’on assiste aujourd’hui à la résurgence d’une certaine course à l’armement. Etaqnt membre de la zone exempte d’arme nucléaire de l’Amérique latine et des Caraïbes, le Costa Rica appuie la création et la consolidation de telles zones. C’est pourquoi il demande instamment à la communauté internationale de satisfaire à la volonté des Etats qui désirent créer de nouvelles zones.

En matière de mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, le Costa Rica estime que le premier pas à faire est de limiter les transferts d'armes et de promouvoir la transparence. L’histoire de l’Amérique centrale a permis de prouver que l’accumulation des armes et des munitions constitue un obstacle réel à la paix et une menace directe à la sécurité et à la stabilité de toute une région. Il faudrait donc lancer une campagne internationale contre le trafic illicite des petites armes et de munitions. Des efforts supplémentaires doivent notamment être réalisés en matière de contrôle des douanes et des frontières, de coopération politique et d’identification des armes. Les pays producteurs et exportateurs doivent exercer un contrôle efficace de leurs armes et prendre des mesures pour lutter contre la fabrication et la vente illégale d’armes, a insisté le représentant, avant de juger également nécessaire la destruction des excédents d’armes légères. Mais au-delà, M. Niehaus a appelé à la réduction de la production d’armements et au lancement d’un processus de reconversion de cette industrie, ce que chaque Etat, au sein de sa juridiction peut mettre en oeuvre. Pour améliorer la confiance entre les Etats et promouvoir la paix, le représentant a proposé d’interdire la fourniture de matériel et de personnel militaire ou d’appui logistique et financier aux pays dont les troupes militaires, paramilitaires ou les forces de sécurité commettent des violations des droits de l’homme ou ne respectent pas les principes civils et démocratiques de base. M. Niehaus a rappelé, en conclusion, que son pays a fait du désarmement une question dépassant largement la politique extérieure puisque depuis 50 ans, il n’a aucune dépense militaire. Cette expérience montre que l’absence d’investissement dans l’armement est la seule alternative viable des pays qui recherchent réellement le bien-être de leur population. La promotion de la paix et de la sécurité demande des mesures fermes de réduction des dépenses militaires et de renforcement du pouvoir civil.

M. PIERCE CORDEN, Directeur du Bureau chargé des négociations internationales sur les questions de sécurité des Etats-Unis, a déclaré que son pays continue d'oeuvrer dans l’optique d’une ratification éventuelle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Il a précisé que les Etats-Unis respectent le moratoire sur les essais nucléaires qu’il s’était imposé en 1992. Evoquant la déclaration du représentant de la Chine, il a indiqué que son pays avait une interprétation différente des raisons ayant immobilisé les négociations au sein de la Conférence du désarmement sur un traité d’interdiction des matières fissiles. Nous ne comprenons pas pourquoi il est nécessaire d’entraver des progrès sur une question aussi importante qui jouit d’un consensus en la liant à un autre point où le consensus n’existe pas. Nous avons toujours fait preuve de flexibilité pour ce qui est du programme de travail de la Conférence et nous attendons que les autres Etats en fassent de même.

Le représentant a réagi contre les allégations selon lesquelles les Etats-Unis cherchaient pour leur projet de système de défense antimissiles, à développer unilatéralement leurs arsenaux nucléaires. Le représentant a précisé que ce programme vise à contrer certaines attaques limitées. Ces menaces peuvent très bien être nucléaires et seraient le résultat d’un phénomène de prolifération dans un monde qui est bien différent de celui de 1972 quand le traité ABM a été signé.

M. MOHAMMAD KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie) a déclaré que l’objectif de l’élimination complète des armes nucléaires demeure l’une des tâches prioritaires de la communauté internationale. Malheureusement les promesses faites à cet égard font que l’avenir du désarmement nucléaire paraît peu brillant. Les Etats nucléaires continuent de s’accrocher à leur doctrine convaincus que l’arme nucléaire demeure essentielle à leur sécurité nationale. Cette situation incite les autres Etats à posséder eux aussi ce type d’armement. Le représentant a estimé que l’actuelle controverse sur les systèmes de défense antimissile constitue un autre revers pour le désarmement nucléaire. En fait, les actes des Etats nucléaires n’ont pas été à la hauteur de leurs paroles et ils ridiculisent la signature et la ratification par les Etats non nucléaires des traités et protocoles limitant et contrôlant une capacité nucléaire qu’ils n’ont même pas. Il existe toutefois certains développements positifs, a reconnu le représentant. La ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires par la Douma en Fédération de Russie en est un. En revanche, le refus du Sénat américain d’en faire de même est une déception véritable alors que la communauté internationale recherchait précisément le leadership des Etats-Unis dans ce domaine. La Malaisie salue également les multiples initiatives régionales établissant notamment des zones exemptes d’armes nucléaires couvrant désormais plus de 100 pays.

En matière de mesures de confiance dans le domaine des armes classiques, la Malaisie estime que des progrès sensibles sont possibles, notamment en matière de transparence et de coopération entre pays voisins. Les principes de transparence devraient être étendus aux transferts internationaux d’armes classiques et de technologies militaires. C’est parce qu’il constitue une étape dans cette voie que la Malaisie soutient le Registre des Nations Unies. Tous les pays devraient éviter de transférer ou accumuler des armes à un niveau exacerbant les tensions. Un tel plaidoyer ne contrevient nullement au droit à la légitime défense qui revient à chaque Etat, a estimé le représentant, bien au contraire, il participe pleinement de la paix et du développement mondial. Le vrai problème à résoudre n’est pas le manque d’idées, mais plutôt un manque de volonté politique, ce dont les Etats nucléaires doivent en premier lieu faire preuve.

M ABDELKADER MESDOUA (Algérie) a estimé que le processus de désarmement nucléaire doit se faire à tous les niveaux, à savoir unilatéral, bilatéral et multilatéral. En même temps que sont convenues des réductions substantielles des arsenaux et en attendant leur élimination totale, des mesures doivent être envisagées pour interdire en toute circonstance le recours ou la menace de recours à l’emploi des armes nucléaires contre les Etats qui n’en sont pas dotés. La théorie selon laquelle le désarmement nucléaire relève du domaine exclusif de négociations bilatérales entre Etats nucléaires est inacceptable ou défendable sur le plan politique ou moral. La sécurité ne peut être envisagée qu’en termes de sécurité collective. Le représentant s’est félicité que les cinq Etats nucléaires se soient engagés lors de la sixième Conférence de révision du TNP à éliminer totalement leurs arsenaux nucléaires. Le représentant a rappelé que son pays avait le 30 juillet dernier fait une proposition visant la création d’un comité spécial sur le désarmement et d’un Comité spécial sur l’interdiction de la production de matières fissiles. A ce titre, la proposition du Secrétaire général d’organiser une conférence internationale sur les dangers nucléaires bénéficie du soutien de l’Algérie.

La dynamique du désarmement reste incomplète si elle n’englobe pas la question des armes classiques, a souligné le représentant. Cette question n’est ni mineure ni accessoire et c’est la raison pour laquelle l’Algérie avait soutenu l’idée de convoquer une Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects. Relevant que la mutation des relations internationales a eu pour conséquence la libération d’énormes surplus de matériel et d’équipement militaire, le représentant a fait part de l’intérêt que porte son pays à la proposition du Secrétaire général de ramener les dépenses de d’armement et de munition à 1,5%. Il a toutefois demandé des clarifications. Il a également précisé que la proposition visant la compilation, la recherche et la publication d’informations sur le trafic d’armes devraient s’inscrire dans le cadre d’une coopération internationale large visant à démanteler les réseaux de soutien logistique et de fourniture d’armes aux groupes terroristes.

Les mesures de confiance n’auront alors de sens que si elles sont établies de manière volontaire au niveau bilatéral, sous-régional, régional et au-delà. Elles doivent tenir compte des spécificités des régions et de l’expérience concluante. Elles ne peuvent pas être imposées selon un modèle unique et ne doivent pas remettre en cause le besoin de légitime défense des Etats. Le représentant a établi un lien entre désarmement et développement économique et social. Que valent les mesures de confiance et de désarmement si elles ne sont pas confortées par des mesures incitatives économiques en faveur du développement durable? s'est-il demandé.

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