En cours au Siège de l'ONU

AG/1029

LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE POURSUIT L'EXAMEN DES MOYENS DE FAVORISER LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

27 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1029


LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE POURSUIT L'EXAMEN DES MOYENS DE FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL

20000627

Les orateurs soulignent la nécessité d'un renforcement de la coopération internationale pour assurer la réalisation des objectifs Copenhague

GENEVE, le 27 juin -- La session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au suivi du Sommet mondial pour le développement social de Copenhague a poursuivi, cet après-midi, son débat sur les propositions de nouvelles initiatives de développement social.

Dans le cadre de cette discussion, le Premier Ministre de la Norvège ainsi que les vice-premiers ministres de Malte, de la République tchèque et du Népal ont fait des déclarations. Sont également intervenus des ministres, secrétaires d'État et vice-ministres de la Lituanie, de la Gambie, de Chypre, de la République-Unie de Tanzanie, de la Finlande, de la Grèce, du Rwanda, de la Roumanie, du Brunéi Darussalam, de l'Arabie saoudite, de la Barbade, du Botswana et de l'Uruguay, ainsi que le chef de la délégation de l'Ouzbékistan.

Plusieurs orateurs ont souligné que les stratégies de promotion de l'emploi constituent l'un des moyens les plus efficaces de lutte contre la pauvreté. Certains ont également insisté sur l'importance d'améliorer les systèmes de protection et d'aide sociale pour assurer la réalisation de cet objectif central de la déclaration de Copenhague qu'est la réduction de la pauvreté. D'autres ont mis l'accent sur les conséquences néfastes qu'ont les conflits sur le développement social des pays. L'accent a été mis également sur la nécessité de mettre en place un partenariat social intégrant tous les acteurs de la société civile.

Au niveau national comme au niveau international, il s'avère nécessaire de promouvoir les notions de responsabilité, de solidarité et de transparence pour assurer la réalisation des objectifs fixés il y a cinq ans à Copenhague, ont estimé certains orateurs. Nombre d'intervenants ont souligné que la coopération internationale s'avère indispensable pour assurer la réalisation de ces objectifs et ont préconisé la mise en place d'un ordre économique international plus juste et équitable. Certains ont préconisé une annulation pure et simple de la dette extérieure des pays pauvres lourdement endettés.

Depuis l'inauguration de cette session extraordinaire hier matin, nombre d'intervenants ont dressé un bilan mitigé des résultats enregistrés depuis cinq ans en matière de réalisation des objectifs de développement social fixés lors du Sommet social de Copenhague, en 1995. Il a été maintes fois souligné que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté n'a cessé d'augmenter alors que l'écart entre riches et pauvres continuait de se creuser.

La prochaine séance plénière de la session extraordinaire de l'Assemblée générale intitulée ‘Sommet mondial pour le développement social et au-delà : le développement social pour tous à l'heure de la mondialisation’ se tiendra demain matin, à 10 heures.

Déclarations

M. JENS STOLTENBERG, Premier Ministre de la Norvège, a déclaré que l'objectif d'élimination de la pauvreté dans le monde d'ici 2015 est certes ambitieux mais possible. Il a souligné que la pauvreté est une violation directe de la dignité de l'homme, et son éradication est la tâche la plus vitale pour faire respecter les droits de l'homme. Le Premier Ministre a rappelé que la communauté internationale doit lutter contre le chômage et respecter les droits des travailleurs sur la base des Conventions de l'Organisation internationale du travail.

Le Premier Ministre norvégien a indiqué que la Norvège a décidé d'annuler 100% de la dette des pays les plus endettés, précisant que l'annulation totale de la dette de la Tanzanie et du Sénégal, ainsi que celle d'autres pays devrait suivre. Il a exhorté les autres pays créditeurs à faire de même. La réunion du G8 du mois prochain devra donner un nouvel élan à ce processus, a estimé le Premier Ministre, qui a rappelé qu'à Lisbonne au début de ce mois, les pays donateurs se sont mis d'accord sur le financement à long terme de l'allégement de la dette. Le processus de l'allégement de la dette est en marche, a-t-il dit, mais il reste encore un long chemin à parcourir, les pays pauvres étant confrontés à d’énormes difficultés lorsqu’ils doivent assurer le service d’une dette dont les pays riches et les institutions financières peuvent se passer. Les pays pauvres devraient être libérés de ce fardeau pour qu’ils puissent consacrer les ressources dont ils disposent à lutter contre les maladies, à construire de nouvelles écoles et à investir dans le développement.

Les pays riches ne doivent pas tourner le dos au développement, car l'éradication de la pauvreté est l'affaire de tous; il n'y a pas de justification au déclin de l'aide publique au développement. Les pays riches se sont engagés à y consacrer 0,7% de leur PIB, mais la moyenne n’est aujourd'hui que de 0,2%. C'est honteux, a lancé le Premier Ministre, rappelant que la Norvège, elle, consacre 0,9 % de son PIB à l'aide au développement et espère même pouvoir contribuer 1%. Par ailleurs, le Premier Ministre a regretté que la semaine dernière quelques pays ont bloqué l'initiative de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) visant à interdire cette pratique qui consiste à lier l'aide au développement à l'achat de biens et de service aux pays donateurs.

M. LAWRENCE GONZI, Vice-Premier Ministre et Ministre de la politique sociale de Malte, a affirmé que depuis le Sommet mondial sur le développement social de 1995, des améliorations considérables ont été apportées à la qualité de vie des citoyens du monde. Mais la question se pose de savoir comment le développement économique continuera de se traduire par un véritable développement social pour tous nos citoyens. Pour sa part, Malte a concentré ses efforts sur la promotion de services durables et efficaces qui puissent répondre aux besoins concrets de la population et assurer une utilisation efficace des ressources. Il convient de souligner que le programme mis en place par le Gouvernement maltais au titre du suivi du Sommet de Copenhague se fonde sur une approche qui place la personne humaine et la famille au centre du développement social et s'efforce notamment d'accorder une attention particulière aux membres les plus vulnérables de la société et de restructurer les services sociaux de manière à ce qu'ils se concentrent davantage sur l'individu et la famille. Des mesures législatives ont ainsi été prises ces dernières années en vue de renforcer la sécurité sociale, l'emploi sans discrimination, l'égalité pour les femmes ainsi que l'accès gratuit, universel et égal à l'éducation et aux soins de santé. L'abus de stupéfiants, l'exclusion sociale, les nouveaux problèmes médicaux et psychologiques, le matérialisme et l'individualisme extrême sont quelques-uns des autres problèmes fondamentaux auxquels sont confrontées nos sociétés, a déclaré M. Gonzi. Ces problèmes intéressent l'ensemble de la société, et non pas seulement l'État, et constituent un véritable défi parce qu'ils trouvent leur origine dans les modes de vie et les structures sociales. En matière de développement social, la solidarité et la coopération sont les maîtres mots pour traduire les paroles en actions concrètes, a par ailleurs affirmé le Ministre. Le système de bien-être social est l'une des principales caractéristiques de la société européenne et il est indispensable d'en préserver les nobles objectifs d'équité et d'égalité des chances. Il faut toutefois admettre que même ce système ne constitue pas une garantie contre la pauvreté et que des millions de personnes en Europe continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté. Promouvoir la responsabilité et la citoyenneté des entreprises relève de la responsabilité des gouvernements lorsque le secteur privé, à lui seul, ne parvient pas à s'autoréguler.

M. VLADIMIR ŠPIDLA, Vice-Premier Ministre, Ministre du travail et des affaires sociales de la République tchèque, a fait valoir que, depuis cinq ans, l'idée s'impose que l'insertion sociale véritable et le bien-être de la population sont garants d'une croissance durable. Il serait heureux que les institutions financières internationales fassent leur cette idée et l'applique dans leurs stratégies de développement. Le Ministre a insisté sur la nécessité pour les États de favoriser le développement intellectuel de la population pour des raisons qui étaient hier d'ordre démocratique et qui sont aujourd'hui des raisons d'ordre économique. À cet égard, le Ministre a souligné les avantages de la formation, de l'apprentissage, qui sont autant de moyens de permettre aux entreprises de rester compétitives.

Le Ministre tchèque du travail et des affaires sociales a décrit le Plan national pour l'emploi mis en oeuvre dans son pays, qui met notamment l'accent sur la lutte contre l'exclusion et la prévention du chômage. Il s'agit également de coordonner les actions visant à réduire les inégalités qui frappent certains groupes de citoyens. Si les politiques sociales ne sont plus marginales, a affirmé le Ministre, si elles conditionnent les résultats des activités économiques, alors peut naître un immense espoir de paix et de prospérité sur les bases solides qui faisaient défaut hier.

M. RAM CHANDRA PAUDEL, Vice-Premier Ministre du Népal, a déclaré que cinq ans ont passé depuis les engagements pris à Copenhague et le monde reste confronté à encore trop de paradoxes : d'une part, les progrès scientifiques et technologiques sans précédent offrent la possibilité de se débarrasser des souffrances humaines et, de l'autre, le monde est en butte à un fossé qui ne cesse de se creuser entre riches et pauvres. Un trop grand nombre de personnes souffre encore de la faim, a ajouté le Vice-Premier Ministre rappelant que dans la charte des Nations Unies, la communauté internationale s'est également engagée à s’investir pour le respect des droits de l’homme et la fin des injustices. Tel est le bilan de ces engagements non tenus, a-t-il ajouté.

Le Vice-Premier Ministre népalais a souligné que chaque situation est unique et les solutions proposées doivent être cohérentes et correspondre aux besoins et priorités de chaque pays. L'objectif de la coopération est de répondre aux besoins et priorités des pays bénéficiaires dans l'intérêt de l'humanité et de la justice sociale internationale. À cet égard, le Vice-Premier Ministre a lancé un appel à la liberté du choix des politiques des populations ‘qui ont le droit d'apprendre de leurs erreurs’.

Les besoins en matière de développement des pays en développement sont considérables, et l'engagement de la contribution de 0,7 % du PIB à l'aide au développement doit enfin être satisfait, a-t-il affirmé. Il faut améliorer l'efficacité de l'assistance et garantir la transparence à tous les niveaux. Compte tenu de la gravité du fardeau de la dette et le montant des ressources consacrées par ces pays pour rembourser leurs dettes, la communauté internationale devrait étendre ses initiatives en faveur des pays les plus endettés afin de leur permettre de consacrer davantage de moyens aux services sociaux de base et au terrassement de la pauvreté, et de garantir la justice sociale, la solidarité et la paix mondiale.

Mme IRENA DEGUTIENE, Ministre des affaires sociales de la Lituanie, a souligné que le rapport national sur la mise en oeuvre de la déclaration de Copenhague - préparé en 1999 par un comité social inter-institutions mis sur pied par le Président de la République - met l'accent sur les problèmes sociaux les plus urgents auxquels est confronté le pays, à savoir le bien-être de la population rurale, le soutien aux familles nombreuses et l'intégration dans la société des groupes de population socialement vulnérables.

La Ministre lituanienne a indiqué que la stratégie de réduction de la pauvreté présentée par le Président est fondée sur les principes de complémentarité et de solidarité et met l'accent sur le rôle particulier des organisations non gouvernementales et des partenaires sociaux pour ce qui est de traiter des questions de pauvreté. Le principal objectif de cette stratégie est d'accroître l'emploi et de créer des conditions favorables à l'acquisition, par les membres de la société, d'une éducation adéquate et au développement de la capacité des individus à créer et à faire prospérer une entreprise. La promotion de l'emploi est ainsi considérée comme une méthode permettant de réduire efficacement la pauvreté. Des ‘entreprises sociales’ seront créées à l'intention des personnes ayant un faible niveau d'éducation professionnelle ainsi qu'à l'intention des chômeurs et des personnes confrontées à des problèmes sociaux. Dans ces entreprises, la réinsertion sociale et le développement personnel seront aussi importants que le travail dans la mesure où l'objectif final n'est pas de créer des emplois mais de favoriser la réinsertion sociale d'individus.

Mme Degutiene a par ailleurs souligné que l'amélioration des systèmes d'aide sociale constitue l'une des conditions préalables à la réussite des stratégies de réduction de la pauvreté.

Mme ANN THÉRÈSE NDONG-JATTA, Secrétaire d'État à l'éducation de la Gambie, a déclaré que, conformément aux engagements pris lors du Sommet de Copenhague en 1995, la Gambie a pris des mesures en vue de créer un environnement favorable au développement social. Un plan national d'allégement de la pauvreté a également été mis en oeuvre dans le pays. En dépit de certains progrès, la tâche qui reste à accomplir est très lourde. Cinq ans après Copenhague, les défis demeurent et la nécessité de les relever est dans une certaine mesure devenue plus urgente encore que par le passé. Aussi, la Secrétaire d'État à l'éducation a-t-elle renouvelé l'appel de son pays en faveur d'une annulation de la dette des pays pauvres les plus lourdement endettés. Elle a également suggéré que les budgets du service de la dette soient réinvestis dans les domaines de l'éducation, de la santé ou de l'agriculture. Une telle démarche, a-t-elle souligné, marquerait le point de départ d'un effort international concerté pour lutter contre la pauvreté.

Mme Ndong-Jatta a souligné que la question des conflits armés est un défi important qui doit être relevé si l'on veut parvenir au développement social sur le continent africain. À cet égard, elle a souligné l'utilité du rapport annuel de 1998 du Secrétaire général qui invite à s'intéresser aux causes mêmes des conflits. Elle a également rappelé l'existence de multiples résolutions inspirées de ce rapport et a lancé un appel en faveur de leur mise en oeuvre. La Secrétaire d'État à l'éducation de la Gambie a demandé à la communauté internationale, à tous les acteurs concernés par les conflits en Afrique aux niveaux national et régional, de renouveler leurs efforts en vue de traiter de causes complexes et des problèmes qui dégénèrent en conflits. Elle a enfin dit l'importance attachée par son pays à la promotion de la femme. Elle a souligné que les ressources nécessaires devraient être affectées à la mise en oeuvre des politiques sexospécifiques et assurer la pleine participation des femmes au développement.

M. ANDREAS MOUSHOUTTAS, Ministre du travail et de l'assurance sociale de Chypre, a déclaré que son gouvernement reconnaît le besoin d'anticiper et d'atténuer les conséquences économiques et sociales négatives ou potentiellement négatives issues du processus de mondialisation. Il est indispensable d'en renforcer et d'en étendre les bénéfices à tous les membres de la société. Le Gouvernement de Chypre attache une grande importance à la déclaration sur les droits fondamentaux du travail de l'Organisation internationale du travail et à la promotion de l'objectif du plein emploi.

Le Ministre chypriote s'est félicité des propositions d'actions et d'initiatives pour l'application des engagements pris au Sommet, dont l'adoption devrait permettre des progrès dans la mise en oeuvre du développement social. Le Ministre a souligné en particulier l'importance de la proposition d'établir un groupe de travail d'experts pour mettre au point des garanties sur les principes et pratiques de politique sociale afin de promouvoir les grands objectifs du Sommet. Il a estimé que cette proposition peut être d'une valeur considérable pour les gouvernements et les organisations internationales.

M. EDWARD LOWASSA, Ministre d'État auprès du Bureau du Vice-Président de la République-Unie de Tanzanie, a souligné qu'en dépit de la persistance d'énormes problèmes, son pays a enregistré, depuis 1995, des progrès significatifs en matière de développement social. Il a indiqué que l'adoption de politiques macroéconomiques et sectorielles ainsi que la restructuration des institutions du service public se répercutent d'ores et déjà de manière positive sur la fourniture de services, sur la croissance économique et sur la création d'opportunités d'emplois. La stratégie

nationale d'éradication de la pauvreté mise en place en Tanzanie vise une réduction de moitié de la pauvreté extrême d'ici 2015 et à une éradication totale de la pauvreté d'ici 2025.

M. Lowassa a déclaré que la situation conflictuelle dans la région des Grands Lacs engendre des problèmes notamment de sécurité pour la Tanzanie qui doit faire face à un afflux constant de réfugiés en provenance des pays voisins. Le Ministre a attiré l’attention sur le fardeau de la dette qui entrave le développement social du pays. Les mesures d’allégement de la dette ont été insuffisantes, a regretté le Ministre qui a estimé qu’il faudrait annuler purement et simplement la dette bilatérale et multilatérale des pays pauvres lourdement endettés. En matière de développement social, les efforts nationaux doivent être appuyés par une coopération internationale. Il convient également de mettre en place un ordre économique international juste, équitable et non discriminatoire.

Mme MAIJA PERHO, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a souligné l'importance des questions de l'universalité et de l'égalité des chances, de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la santé et de l'éducation, qui sont les pierres angulaires du développement social. À Copenhague, les chefs d'État et de gouvernement avaient souligné l'urgente nécessité pour la communauté internationale de se saisir des questions de la pauvreté, de l'exclusion sociale et du chômage, qui concernent tous les pays. Loin d'avoir perdu leur actualité, de tels engagements conservent toute leur valeur dans le contexte de la mondialisation, a affirmé la Ministre. À cet égard, elle a déclaré que la communauté internationale doit à présent relever le défi de la mondialisation en faisant en sorte que ce processus bénéficie à tous, y compris aux plus vulnérables.

La Ministre finlandaise a rappelé que la création d'un environnement favorable au développement social suppose le plein respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, la démocratie et la bonne gouvernance. Il incombe à chaque État de promouvoir ces droits, a-t-elle souligné. Mais les États sont également les premiers responsables de la promotion des droits à la santé et à l'éducation. À cet égard, la Ministre a encouragé les pays en développement à accorder toute leur attention à la mise en oeuvre de l'initiative 20/20. Dans ce contexte, elle a invité la communauté internationale, et particulièrement les institutions du système des Nations Unies, à apporter tout leur soutien aux pays en développement ou en voie de transition économique. La Ministre a enfin insisté sur la nécessité d'assurer un niveau élevé d'intégration économique, afin de maintenir la cohésion sociale, d'une part, et de relever les défis de la mondialisation, d'autre part. Elle a par ailleurs souligné que les technologies de l'information et de la communication devraient être accessibles à tous. Il faudrait utiliser le potentiel de ces technologies pour généraliser l'accès à l'éducation de base.

M. ANASTASIOS GLANNITSIS, Ministre du travail de la Grèce, a déclaré que la Grèce reste attachée aux engagements et objectifs pris lors du Sommet de Copenhague il y a cinq ans. Les nouveaux défis et tendances doivent être accompagnées de nouvelles initiatives et d'engagements plus déterminés en faveur du développement social. Car il ne s'agit pas d'une progression linéaire, les progrès sur certaines questions sont souvent accompagnés de retours en arrière dans d'autres domaines, et ces phénomènes contrastés sont observés à l'intérieur des sociétés et entre les pays. Dans le nouveau contexte international de mondialisation, les développements sociaux et les nouvelles technologies ont créé de nouvelles inégalités. Le chômage, la pauvreté, l'immigration, l'exploitation des femmes et des enfants ont revêtu des formes nouvelles. Le tournant que représente la nouvelle économie nécessite la mise en oeuvre d'un mécanisme compensatoire pour faciliter l'adaptation et le consensus social.

La Grèce estime que l'inclusion sociale et la stabilité sociale dans la nouvelle économie sont étroitement liées aux politiques qui ont pour objectif d'étendre les bénéfices du développement au sein de la société et l'accès aux services sociaux fondamentaux doivent être une constante préoccupation des politiques des États.

Le Ministre a également rappelé que la Grèce soutient pleinement la pleine mise en oeuvre des déclarations et conventions internationales sur les droits de l'homme et a ajouté qu'il est impératif que soient garantis les principes de Copenhague, que la communauté internationale leur renouvelle son ferme engagement et en particulier qu'elle s'attache à la mise en oeuvre du programmes d'action. Enfin, au regard des nouveaux défis auxquels l'humanité est confrontée, il est également essentiel d'atteindre ces objectifs dans l'esprit d'une coopération constructive et dans le respect mutuel et de compréhension des besoins et intérêts des uns et des autres. À cet égard, le Ministre a souhaité que le document final soit adopté par consensus.

M. CÉLESTIN KABANDA, Secrétaire d'État à la planification économique du Rwanda, a déclaré que l'expérience des trente dernières années montre que les stratégies de développement adoptées par la plupart des pays africains n'ont pas eu l'impact escompté en matière de développement social. Sur le plan intérieur, a-t-il expliqué, ces mauvaises performances s'expliquent essentiellement par l'adoption de politiques macroéconomiques et d'endettement inadéquates; par la poursuite des conflits et par la mauvaise gestion des biens publics. Sur le plan extérieur, la fixation des prix des matières premières par les pays industrialisés n'a pas permis aux pays en voie de développement de tirer parti des échanges commerciaux, provoquant ainsi un déséquilibre perpétuel de la balance des paiements ainsi qu'un recours de plus en plus fréquent à la dette extérieure. Force est de constater que les programmes d'ajustement structurel, qui visaient à corriger les erreurs du passé, à renforcer les capacités humaines et institutionnelles et à promouvoir la bonne gouvernance, n'ont pas permis d'induire une croissance économique importante.

L'annulation de la dette extérieure permettrait aux pays pauvres de disposer de davantage de ressources financières susceptibles d'être allouées aux actions sociales, en particulier au bénéfice des couches les plus défavorisées de la population, a déclaré le Secrétaire d'État. Il a par ailleurs souligné que les conflits qui opposent les peuples des pays africains de la région des Grands lacs constituent actuellement un handicap majeur pour le développement de ces pays. Sur le plan social, le génocide qu'a connu le Rwanda est venu aggraver le niveau de pauvreté globale du pays qui est passé de 53% en 1993 à plus de 70% en 1996. Le Rwanda reste confronté à des problèmes de taille en matière de développement social. L'espérance de vie dans le pays est passée à 49 ans alors qu'elle était de 53 ans en 1990. Cette diminution brutale de l'espérance de vie est en partie due au doublement du taux de prévalence du sida dans le pays. Face à cette situation sociale globale, le Gouvernement rwandais a mis au point une vision du développement d'ici l'an 2000 et vient de mettre en place des structures chargées de la formulation et du suivi de la stratégie de réduction de la pauvreté.

Mme SMARANDA DOBRESCU, Ministre du travail et de la protection sociale de la Roumanie, a déclaré que la transition d'un système totalitaire vers une économie de marché se déroule sur fond de crise économique et s'accompagne d'une aggravation de la réduction du niveau de vie. Les revenus de la population roumaine ont diminué de plus de 40% par rapport à l'année 1989. La pauvreté est ainsi devenue un des problèmes majeurs de la société roumaine et la lutte contre ce phénomène un impératif. Pour prévenir l'accentuation de la pauvreté, des mesures de protection sociale ont été adoptées, telles que la garantie du paiement du salaire minimum, l'aide sociale pour les familles avec enfants, le développement des services sociaux. Mme Dobrescu a souligné que l'efficacité de ces mesures a malheureusement été réduite en raison de la situation générale de l'économie. En 1998, le taux de pauvreté a atteint les 33,8%.

Consciente que les moyens de vaincre la pauvreté sont le travail et le développement économique, la Roumanie observe avec inquiétude le phénomène de la mondialisation. Les forces et les règles du marché ne peuvent pas résoudre la multitude de problèmes auxquels le monde est confronté. Il importe dès lors de fonder l'économie mondiale sur des règles d'équité et de démocratie.

M. PEHIN DATO HAJI HUSSAIN, Ministre de la culture, de la jeunesse et des sports du Brunéi Darussalam, a déclaré que de nombreux pays ont libéralisé leurs économies et ouvert leurs marchés comme un moyen de générer la croissance économique. Mais l'exposition au marché mondial a également posé de nouveaux défis économiques et politiques. Des ajustements dans ce nouveau climat économique sont nécessaires, a-t-il estimé, mais de tels changements ont besoin de temps. Le Ministre a également déclaré que la communauté internationale ne doit pas oublier que chaque pays connaît un niveau de développement qui lui est propre et que chacun doit être libre de déterminer la façon d'instaurer ces changements en fonction de ses besoins, priorités et circonstances. Néanmoins, les initiatives internationales visant à faciliter le processus d'intégration du développement social et économique devraient être le point de mire de ce Sommet, a-t-il déclaré, avant d'ajouter que les crises économiques et financières dans certaines parties du monde ont eu pour résultat une grave dégradation sociale, qu'il conviendrait également d'évoquer.

Il est important que la communauté internationale continue à jouer un rôle crucial pour favoriser la coopération et placer le développement social au centre de son engagement. Selon le Ministre, le défi des années à venir sera de débloquer le potentiel de la promotion du développement social dans de nombreux secteurs de la société, au sein des communautés locales et des familles. Il existe un besoin net de rompre les frontières traditionnelles qui existent entre les secteurs gouvernementaux, entre les organisations internationales et non internationales et entre les secteurs publics et privés. La coopération est essentielle et nécessite la création d'un nouveau partenariat pour le programme de développement social entre les différents secteurs à tous les niveaux de la société.

M. ALI AL-NAMLA, Ministre du travail et des affaires sociales de l'Arabie saoudite, a rappelé que l'éradication de la pauvreté, le plein emploi et l'instauration de sociétés pacifiques figurent parmi les objectifs centraux du développement social tels que fixés à l'issue du Sommet de Copenhague. Le véritable défi, en matière de développement social, consiste à mobiliser les politiques et à préparer les stratégies qui permettraient de mettre en oeuvre les engagements pris à Copenhague, a-t-il affirmé.

L'Arabie saoudite a pour sa part pris les mesures nécessaires pour promouvoir le développement social et parvenir à l'éradication de la pauvreté. Les dépenses de sécurité sociale ont été accrues et le pays assure l'éducation gratuite jusqu'à l'université.

M. HAMILTON LASHLEY, Ministre de la transformation sociale de la Barbarde, a déclaré que cinq ans après son adoption, le Plan d'action de Copenhague conserve toute son actualité. Si, depuis 1995, les questions relatives à l'éradication de la pauvreté, à l'intégration sociale, à l'emploi productif figurent en bonne place dans les priorités gouvernementales, force est de constater que des contraintes mondiales ont entravé les efforts déployés par de nombreux pays en développement. Si la mondialisation de l'économie crée de nouvelles opportunités pour de nombreux pays, de grandes disparités continuent d'exister entre les États en matière de commerce, de nouvelles technologies et de capacité d'attirer des investissements. Un nombre important d'États frappés par la pauvreté reste en marge du processus de mondialisation. Ses effets, a souligné le Ministre, peuvent s'accompagner de conséquences dévastatrices sur la stabilité sociale et économique des petits États insulaires en développement.

Après avoir rappelé les chiffres de la pauvreté qui attestent d'une amplification de ce phénomène, M. Lashley a déclaré que la question de l'épidémie de sida, du trafic et de l'usage de drogues comptent parmi les nouveaux défis à relever sur le terrain du développement social, notamment dans son propre pays. En dépit de tels fléaux, la Barbade a pu maintenir sa politique de transformation sociale. M. Lashley a par ailleurs déclaré que l'éradication de la pauvreté est un terrain d'action prioritaire pour la Barbade. La politique en la matière vise notamment à réduire le chômage des femmes et des jeunes. Le Gouvernement de la Barbade s'efforce également de favoriser l'intégration sociale des personnes handicapées et met en oeuvre un programme de promotion de l'emploi productif. Un comité national a été institué pour s'attaquer au phénomène du sida dans toutes ses dimensions.

Mme GLADYS KOKORWE, Vice-Ministre du gouvernement local du Botswana, a rappelé que le Sommet de Copenhague a constaté que la question de la pauvreté est l'un des problèmes les plus graves auquel le monde est confronté, et auquel le monde doit s’attaquer avec vigueur. Au Botswana, la cause immédiate de pauvreté est le manque de revenus lié à la pénurie d'emplois. Le Botswana, a déclaré la Vice-Ministre, pour faire face à ce problème, a pris plusieurs initiatives visant à favoriser la diversification économique et le renforcement du pouvoir économique du citoyen, et a entrepris des réformes du secteur public et adopté des mesures de discipline financière.

Mme Kokorwe a reconnu que le Botswana doit encore développer d'autres stratégies pour mieux cibler de tels programmes et promouvoir la participation de la communauté aux activités de développement. La stratégie du gouvernement est de faire chuter le taux de chômage grâce à une croissance économique diversifiée. À cette fin, le gouvernement est en train d'identifier les industries et les produits susceptibles d'attirer des investissements étrangers directs en tenant compte des exigences de la mondialisation. La Vice-Ministre a déclaré que son pays est fermement engagé dans la mise en oeuvre de la Déclaration de Copenhague et de son programme d'action et que des progrès substantiels dans certains domaines ont été réalisés, reconnaissant toutefois qu'il reste encore beaucoup à faire.

M. JUAN FEDERICO BOSCH, Vice-Ministre du travail et de la sécurité sociale de l'Uruguay, a indiqué que son pays dispose de ressources naturelles concurrentielles et de qualité mais a souligné que le protectionnisme élevé dont font preuve les ‘blocs industrialisés’ limite fortement la capacité d'expansion des exportations de l'Uruguay, réduisant d'autant les possibilités de générer

de véritables emplois. Il est impossible de demander à un pays comme l'Uruguay de maintenir un niveau acceptable de développement humain s'il n'est pas en mesure de créer des emplois dignes pour sa population. L'Uruguay se demande donc si cette session extraordinaire ne devrait pas se pencher sur les conséquences, pour l'économie nationale de nombreux pays, des subventions et protections élevées mises en place dans les pays développés, qui rendent difficile toute progression du développement social.

Ces dernières années, l'objectif central de la politique économique de l'Uruguay a été la baisse de l'inflation, l'ouverture sur l'extérieur, l'intégration dans le Mercosur et une politique fiscale équilibrant les comptes de la nation. Le nombre des foyers vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 12% en 1990 à 6% en 1997, a fait valoir le Vice-Ministre uruguayen du travail et de la sécurité sociale.

M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a déclaré que depuis 1991, son pays a fait de l'édification d'institutions démocratiques, de la promotion de la société civile et du bien-être de la population les pierres angulaires de sa politique. L'Ouzbékistan met en oeuvre ses propres réformes qui visent la création d'un modèle de développement économique répondant à la fois aux exigences du marché et à celle de justice sociale. Les réformes politiques, économiques et sociales visent à créer des conditions de vie décentes pour la population. Conformément aux engagements de Copenhague, l'Ouzbékistan a fait de la lutte contre la pauvreté une de ses priorités en matière sociale. L'Ouzbékistan est convaincu que l'intégration sociale est garante de la paix et de la stabilité du pays. M. Vohidov a par ailleurs indiqué que la politique économique et sociale conduite par son gouvernement est fondée sur la reconnaissance de l'égalité de droits entre les hommes et les femmes

Le représentant a déclaré que les institutions spécialisées du système des Nations Unies telles que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international devraient aider les pays en phase de transition économique à maintenir leur taux de croissance économique et donc à renforcer leur développement social. Cette assistance devrait être fournie en premier lieu aux États qui ont atteint un degré suffisant de stabilité politique et sociale. Un fonds spécial des Nations Unies devrait être créé à cette fin, a suggéré le représentant. Ce fonds permettrait d'appuyer la mise en oeuvre des programmes de protection sociale dans tous les pays engagés de façon résolue dans la voie des réformes politiques, économiques et sociales sur la base du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

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