LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE CONSACREE AU DEVELOPPEMENT SOCIAL OUVRE SES TRAVAUX
Communiqué de Presse
AG/1026
LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE CONSACREE AU DEVELOPPEMENT SOCIAL OUVRE SES TRAVAUX
20000626Elle entend des déclarations du Secrétaire général des Nations Unies ainsi que de chefs d'État et de gouvernement et d'autres personnalités de haut rang.
Genève 26 juin -- La session extraordinaire de l'Assemblée générale intitulée "Sommet mondial pour le développement social et au-delà : le développement social pour tous à l'heure de la mondialisation" a ouvert ses travaux ce matin, à Genève, en entendant une déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, et du Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, M. Théo-Ben Gurirab, ainsi que les interventions de plusieurs chefs d'État et de gouvernement, et d'autres personnalités de haut rang.
Le Secrétaire général des Nations Unies a notamment souligné que si les problèmes sociaux ne sont pas surmontés, la société dans son ensemble ne pourra pas fonctionner convenablement - et la pauvreté ne pourra être vaincue. Aucun pays riche ne peut rester indifférent face aux conditions sociales dans lesquelles vivent tant d'habitants des pays pauvres. Les pays riches ont un rôle indispensable à jouer - en ouvrant davantage leurs marchés, en accordant un allégement de la dette plus important et plus rapide, et en apportant une aide au développement accrue et mieux ciblée.
Le Président de la cinquante-quatrième session de l'Assemblée générale, M. Theo-Ben Gurirab (Namibie), a été élu par acclamation Président de la session extraordinaire. Il a notamment déclaré que le monde a besoin d'une mondialisation à visage humain. Il a lancé un appel aux participants à la session extraordinaire afin qu'ils mettent en oeuvre les engagements sociaux pris à Copenhague il y a cinq ans et a insisté, à cet égard, sur les mesures d'annulation de la dette, l'investissement productif et les réformes douanières.
Entamant son débat sur les propositions de nouvelles initiatives de développement social, l'Assemblée générale a entendu des déclarations des Présidents de la Guinée équatoriale, de l'Albanie et du Ghana, ainsi que les Premiers ministres du Maroc, du Cambodge, de la Namibie et du Lesotho. Sont également intervenus les Vice-Présidents de l'Afrique du Sud et de la République dominicaine et le Vice-Premier ministre du Liechtenstein.
La session extraordinaire doit procéder à un examen de suivi des dix objectifs qui avaient été fixés il y a cinq ans à Copenhague en 1995 en vue de promouvoir le développement social. Ce matin, la plupart des intervenants ont fait part des mesures prises par leurs pays respectifs pour donner suite aux engagements pris à Copenhague. Ils ont identifié un certain nombre de facteurs souvent liés les uns aux autres, tels la pauvreté, l'épidémie de sida, les conflits et le fardeau de la dette, qui entravent la réalisation des objectifs qui avaient été fixés il y a cinq ans en matière de développement social.
Certains intervenants ont mis l'accent sur la nécessité d'intégrer les préoccupations de développement humain dans les négociations commerciales et de mettre en place des règles commerciales multilatérales plus justes et équitables. Certains ont estimé insuffisantes les initiatives de la communauté internationale en faveur des pays les moins avancés.
En début de séance, l'Assemblée générale a adopté l'ordre du jour provisoire de sa vingt-quatrième session extraordinaire. Le Président du Comité préparatoire de la vingt-quatrième session de l'Assemblée générale, M. Cristián Maquieira, a présenté le rapport du Comité préparatoire.
La prochaine séance plénière de la session extraordinaire de l'Assemblée générale se tiendra cet après-midi, à 15 heures.
Déclarations liminaires
M. THEO-BEN GURIBAB (Namibie), Président de l'Assemblée générale des Nations Unies et Président élu de la vingt-quatrième session extraordinaire, a souligné que la personne humaine doit être placée au coeur des préoccupations de la communauté internationale en matière de développement et de démocratie. Nous devons nous efforcer d'apporter des solutions réalistes aux problèmes concrets des personnes. La recherche de telles solutions passe par une évaluation des actions entreprises par le passé, mais il convient également de s'entendre sur un plan d'action pour le futur qui devrait permettre aux gouvernements, aux milieux des affaires, aux organisations non gouvernementales et à la société civile d'agir de concert.
Mais la volonté politique doit être au rendez-vous si l'on veut que des questions telles que l'éradication de la pauvreté, le plein emploi et la prospérité pour tous soient placées au coeur du processus de mondialisation. Notre monde a besoin d'une mondialisation à visage humain, a-t-il ajouté, appelant les participants à mettre en oeuvre les engagements sociaux pris lors du sommet de Copenhague il y a cinq ans. Dans ce contexte, il a insisté sur les mesures d'annulation de la dette, sur l'investissement productif et sur les réformes douanières. Il a par ailleurs souligné l'importance d'un renforcement de la coopération Nord-Sud en matière économique et commerciale. Il a invité les pays membres du G8 à tenir compte, lors de leur prochaine rencontre, des conclusions et recommandations qui seront adoptées à l'issue de la présente session.
M. Guribab a émis l'espoir que les pays qui ne respectent pas leurs engagements en matière d'aide au développement changeront d'attitude à cet égard, faisant part de sa grave préoccupation s'agissant de la question de la dette des pays du tiers-monde.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que le Sommet mondial pour le développement social, était, en 1995, en avance sur son temps et que, depuis lors, les événements en ont confirmé l'idée centrale, qui peut être résumée en deux points. Premièrement, pour que la croissance économique soit durable et bénéficie au plus grand nombre, il faut investir dans les êtres humains - leur santé, leur éducation et leur sécurité; et
deuxièmement, si elle est essentielle, la croissance ne garantit pas par elle-même à la plupart des habitants d'un pays une vie de dignité et d'épanouissement. Une société saine est une société qui prend soin de tous ses membres et qui leur donne la possibilité de participer à la prise des décisions qui influent sur leur vie, a ajouté le Secrétaire général.
Personne ne doit être obligé de se conformer à une culture officielle, ou être privé du droit de s'associer à d'autres pour défendre une identité ou des intérêts particuliers. Le bien-être social et le bien-être économique ne sont pas des notions distinctes. Sans la prospérité économique, aucun pays ne peut satisfaire tous les besoins sociaux de ses citoyens. Mais aucun pays ne peut être considéré comme réellement prospère quand un grand nombre de ses citoyens sont abandonnés à leur sort et doivent lutter par leurs propres moyens contre l'ignorance, le dénuement et la maladie. De même, aucun pays ne peut atteindre à la prospérité en subordonnant toutes les préoccupations sociales à la réalisation de quelques objectifs quantitatifs.
M. Annan a indiqué qu'il présenterait cet après-midi un nouveau rapport intitulé 'Un monde meilleur pour tous', cosigné par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l'Organisation de coopération et de développement économiques et l'Organisation des Nations Unies. Si l'esprit de Copenhague peut être maintenu à Genève, il y a bon espoir qu'il soit encore renforcé à New York à l'occasion du Sommet du millénaire, a estimé M. Annan. Si les problèmes sociaux ne sont pas surmontés, la société dans son ensemble ne pourra pas fonctionner convenablement - et la pauvreté ne pourra être vaincue. Aucun pays riche ne peut rester indifférent face aux conditions sociales dans lesquelles vivent tant d'habitants des pays pauvres. La misère fait insulte à l'humanité. Les pays riches ont un rôle indispensable à jouer - en ouvrant davantage leurs marchés, en accordant un allégement de la dette plus important et plus rapide, et en apportant une aide au développement accrue et mieux ciblée.
Mais il est peu probable que ces changements se produisent si les dirigeants et les peuples des pays en développement ne sont pas vraiment déterminés à mobiliser leurs propres ressources - en particulier leurs propres ressources humaines - pour surmonter leurs propres problèmes sociaux. Il est difficile d'avancer des arguments convaincants lorsqu'il y a des raisons de penser que les ressources supplémentaires pourraient être utilisées pour acheter des armes ou pour améliorer le niveau de vie d'une élite déjà privilégiée. De même, l'ouverture des marchés ne peut bénéficier qu'aux pays capables de commercialiser à des prix compétitifs, des biens que d'autres veulent acheter alors que ceux qui sont ravagés par des conflits, freinés par des règlements inutiles ou pillés par des fonctionnaires qui ne doivent pas rendre de comptes, ne bénéficieront pas beaucoup de l'assistance économique, quelle qu'elle soit.
M. CRISTIÁN MAQUIEIRA (Chili), Président du Comité préparatoire de la vingt- quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale, présentant le rapport du Comité préparatoire (A/S-24/2 et Add.1 et 2), a souligné qu'il reste désormais à la session extraordinaire à parvenir à l'accord définitif sur la base des travaux du Comité préparatoire. Il s'agit d'adopter une déclaration politique d'un texte sur le réexamen des accords de Copenhague et de nouvelles initiatives destinées à compléter ce qui a été décidé à Copenhague.
M. Maquieira a constaté que beaucoup ont perdu confiance dans les institutions mondiales en raison des inégalités qui persistent dans le monde. Il a souligné la responsabilité particulière qui incombe à la session extraordinaire. Il convient en effet de donner une voix à ceux qui n'en ont pas, notamment aux deux milliards de personnes qui ne disposent d'aucune autre aide que celle qui leur vient des Nations Unies. À cet égard, M. Maquieira a souligné que les Nations Unies bénéficient d'une légitimité particulière qui leur vient du caractère universel du mandat de l'Organisation ainsi que de l'universalité de sa représentation. Il est indispensable d'introduire des règles sociales dans la mondialisation, a insisté M. Maquieira.
M. ABDERRAHMAN YOUSSOUFI, Premier ministre du Maroc, a déclaré que son gouvernement a mis en oeuvre une stratégie de développement social globale dans le cadre des objectifs fixés par le Sommet de Copenhague. Afin d'être en conformité avec l'initiative 20-20, le Gouvernement du Maroc s'est attaché à augmenter les ressources budgétaires dévolues aux secteurs sociaux, ainsi passées de 38,6 % du budget général de l'État en 1995 à 42% en 1998-1999, pour atteindre 47 % au titre de la loi de finance en cours. Ces ressources additionnelles ont été mises au service d'une politique sociale intégrée, axée sur l'extension de l'accès des populations démunies aux services sociaux de base, à la lutte contre le chômage et l'exclusion sociale, à la résorption des inégalités, à la réforme du système marocain de protection sociale et à l'extension des mécanismes de solidarité.
Le Premier ministre a déclaré que le Gouvernement marocain a identifié les besoins, défini les objectifs et arrêté un échéancier pour tous ces domaines. Ainsi, le programme d'alimentation générale en eau potable en milieu rural, entamé en 1995, devra permettre d'atteindre en 2010 un taux de desserte de 80% au profit de 7,3 millions de bénéficiaires. Le programme d'électrification rurale générale bénéficiera à près de 1,5 million de familles en l'an 2010 tandis que le programme national de réalisation des pistes rurales devra assurer le désenclavement de 6 millions de personnes dès 2004. S'agissant de la lutte contre le chômage, le Premier ministre marocain a attiré l'attention sur la mise en oeuvre d'une politique pour la promotion de l'investissement productif générateur d'emplois, à travers la réforme du système de formation-insertion, la création de l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences et la mise en place d'un programme d'auto-emploi au profit des jeunes diplômés. Il a ajouté que, dans ce contexte, un système de micro-crédit a été développé et qu'une réforme du système de protection sociale vient d'être entamé.
Le Premier ministre a également lancé un appel au système des Nations Unies, aux institutions de Bretton Woods et de l'Organisation mondiale du Commerce sur l'urgence à agir pour l'instauration de règles commerciales multilatérales plus justes et équitables, pour la mise en place de nouvelles modalités de régulation financières et monétaires capables d'atténuer les effets pervers des mouvements financiers à caractère spéculatifs et de prévenir les crises économiques et financières internationales.
M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la République de Guinée équatoriale a affirmé que depuis la tenue, il y a cinq ans, du Sommet de Copenhague, la pauvreté mondiale s'est davantage accrue. La communauté internationale doit donc renouveler son engagement à adopter des mécanismes efficaces de lutte contre ce phénomène. Les objectifs qui avaient définis à Copenhague afin d'accélérer le développement durable sont loin d'être atteints,
a souligné le Président. Si certains pays ont réalisé des progrès, l'avenir reste plus que jamais incertain pour de nombreux autres. Le Président a estimé que l'évaluation de l'oeuvre accomplie depuis le Sommet de Copenhague est négative.
Le Président équato-guinéen a rappelé que le développement durable doit s'appuyer sur la paix, un ordre social stable et des ressources économiques suffisantes. La promotion du développement durable ne peut pas être assurée par les États de façon isolée. La solidarité internationale est nécessaire, a affirmé le Président, qui a regretté que son pays n'a malheureusement pas pu en bénéficier de façon suffisante.
L'aide au pays en développement ne doit pas être soumise à des critères politiques, a poursuivi M. Obiang. Aucun pays ne souhaite rester dans un état de misère, aucun gouvernement ne souhaite l'instabilité politique. M. Mbasogo a évoqué les mesures prises par son pays depuis le sommet de Copenhague pour mettre un terme à la pauvreté et créer des emplois rémunérateurs. La Guinée équatoriale a ainsi conclu des accords de coopération au niveau régional et avec des institutions internationales. Elle a également pris des mesures permettant d'assurer la stabilité sociale. Dans ce cadre, M. Obiang a de nouveau souligné la nécessité d'un appui de la communauté internationale et regretté que son pays ne puisse pas bénéficier de crédits à des taux préférentiels.
En dépit des efforts déployés par de nombreux pays pour assurer le développement durable, la situation mondiale est plus dramatique encore aujourd'hui qu'en 1995, a constaté le Président équato-guinéen. Les initiatives prises par la communauté internationale en faveur des pays les moins avancés sont trop timorées. Il faut des mesures fermes, notamment en ce qui concerne la question de la dette des pays en développement. Le Président a appelé de ses voeux l'annulation de la dette des pays en développement à la condition que les ressources libérées soient affectées au développement social. Il a souhaité une réforme du système économique international afin que l'exigence de solidarité soit davantage prise en compte.
M. JACOB ZUMA, Vice-Président de l'Afrique du Sud, a souligné que son pays a déployé d'importants efforts dans le domaine social, mais a reconnu que le pays est encore confronté à de nombreux défis, en particulier en ce qui concerne l'épidémie de sida, laquelle risque de réduire à néant tous les progrès réalisés jusqu'à présent. Il est clair qu'il existe un lien direct entre VIH/sida et pauvreté, dans la mesure où l'existence de la pauvreté est un terrain favorable au développement de l'épidémie, a insisté M. Zuma. Le Vice-Président sud-africain a souligné que son pays est profondément préoccupé par le fait que les soins de santé et les traitements essentiels restent hors de portée des populations qui en ont le plus besoin, principalement dans le Sud et, plus particulièrement, en Afrique. Il a exhorté la communauté internationale à intégrer la problématique et les préoccupations de développement humain dans les négociations commerciales et à faire en sorte que les régimes commerciaux actuels ne se développent pas au seul bénéfice du secteur de l'entreprise et au détriment des groupes les plus vulnérables de la population.
M. Zuma a plaidé en faveur d'un renforcement des liens qui doivent être établis entre la Déclaration de Beijing sur les femmes et les engagements pris lors du Sommet mondial sur le développement social de Copenhague, tant il est vrai que les femmes, les enfants et les personnes âgées continuent d'être les principales victimes de la pauvreté et de l'exclusion économique et sociale. Le Vice-Président sud-africain a souligné l'importance de disposer d'un environnement régional et mondial favorable pour être en mesure de traduire les objectifs en programmes concrets et viables. La capacité des pays à respecter les engagements qu'ils ont pris dans le domaine social afin d'améliorer la vie de leurs populations est gravement entravée par le fardeau du service et du paiement de la dette. À cet égard, l'Afrique du Sud tient à réitérer son soutien à des mesures d'allégement de la dette pour les pays pauvres les plus lourdement endettés, dont la plupart se trouvent en Afrique. Les contraintes financières ont gravement limité la capacité de la région à promouvoir la création d'emplois en dépit de programmes de travaux publics à fort potentiel d'emplois, a poursuivi M. Zuma.
Depuis la convocation du Sommet social de Copenhague, le niveau de l'aide publique au développement a diminué à travers le monde, a par ailleurs fait observer le Vice-Président de l'Afrique du Sud. La plupart des pays donateurs ne respectent pas les engagements qu'ils avaient pris dans la capitale danoise, a-t- il insisté. M. Zuma a exhorté chacun à mettre en oeuvre les engagements pris à Copenhague, à Beijing et, maintenant, à Genève.
M. SAMDECH HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a déclaré que la Déclaration de Copenhague a réuni un nouveau consensus afin de mettre les peuples au centre du développement durable et de l'éradication de la pauvreté, de promouvoir le plein emploi et de favoriser un environnement juste et stable pour tous. Pourtant, les réponses nationales et internationales n'ont pas été égales, et malgré quelques progrès importants, certains secteurs-clés sont touchés par un recul évident. Jamais dans l'histoire de l'humanité, n'a-t-on connu autant de progrès scientifiques et technologiques qui offrent de multiples opportunités capables de créer tant de richesses, mais aussi qui menacent le développement social et économique en creusant un fossé de plus en plus important entre la richesse et la pauvreté, entre le développement et le sous-développement.
Près de 30% d'Asiatiques n'ont pas accès à une eau potable, environ 50% des adultes d'Asie sont analphabètes. Ces statistiques et de nombreuses autres traduisent les effets de la mondialisation. Le Premier ministre cambodgien a souligné l'importance de créer des institutions sociales qui doivent jouer un rôle crucial dans le processus de développement. Il est essentiel que les croyances traditionnelles et les valeurs propres à chaque groupe de population soient renforcées et ne soient pas vouées à disparaître avec la mondialisation.
Le capital social doit être reconnu comme un élément vital du progrès, a déclaré le Premier ministre cambodgien, il faut restaurer le sentiment du partage qui se dilue dans la course économique, c'est une nécessité. Il faut réduire rapidement la pauvreté qui s'accroît ou qui accentue la ligne de partage économique du monde global d'aujourd'hui. Les pays pauvres doivent pouvoir tirer suffisamment parti de la mondialisation. Une étape importante a déjà été atteinte pour réduire le fardeau de l'endettement de certains pays pauvres, mais ces mesures doivent être approfondies et accordées à davantage de pays par le biais d'une stratégie internationale, en augmentant les fonds plutôt que des prêts. Le Cambodge est préoccupé par la diminution croissante de l'aide publique au développement dans le monde.
M. REXHEP MEIDANI, Président de l'Albanie, a déclaré que son pays a déployé des efforts importants pour atteindre les objectifs fixés lors du Sommet de Copenhague. Il a également attiré l'attention sur les avancées réalisées par son pays en matière de promotion des institutions démocratiques, de la société civile, des libertés individuelles et des droits de l'homme et, enfin, de l'état de droit. M. Meidani a affirmé qu'en tant que jeune démocratie, son pays déploie des efforts incessants en vue de consolider l'économie de marché, l'ordre public et les structures démocratiques. Le Gouvernement albanais fait du développement économique du pays une priorité. Des mesures concrètes ont ainsi été prises afin de promouvoir les privatisations dans les secteurs stratégiques de l'économie. M. Meidani s'est par ailleurs félicité de la coopération fructueuse établie entre l'Albanie et la Banque mondiale qui a permis la mise en oeuvre d'une série de projets importants du point de vue économique. Il a déclaré que son pays reste néanmoins confronté à de multiples problèmes sociaux qui sont le produit direct de la période difficile de transition, mais également des crises répétées qui ont frappé le pays et la région. L'Albanie étudie toutefois les voies et les moyens appropriés pour mettre en place une action intégrée visant à atténuer la pauvreté. Dans ce contexte, le Président albanais a souligné que la stratégie de lutte contre la pauvreté mise en oeuvre dans son pays aura pour objectif central de favoriser une juste répartition des fruits de la croissance économique.
M. Meidani a affirmé que l'initiative du 'Pacte de Stabilité pour l'Europe du Sud-est' ouvrira à tous les pays de la région qui y participeront, de nouvelles voies de développement. Dans ce cadre, a-t-il souligné, le Gouvernement et l'État albanais s'engagent à contribuer à la stabilisation et au développement à long terme de la région, en soutenant les processus de paix, de tolérance, de coexistence et de mise en place d'institutions démocratiques au Kosovo.
Le Président de l'Albanie a déclaré qu'il convient de se mettre immédiatement à l'oeuvre afin de passer des rencontres et des conférences répétées à des réalisations concrète. Dans ce contexte, il a fait part de l'attachement de son pays à la libre circulation des capitaux et des marchandises comme fondement du développement économique. Il a par ailleurs affirmé que la création d'un espace économique commun dans les Balkans stimulerait vigoureusement le développement de la région. Le Gouvernement albanais s'engage fermement à réaliser les objectifs visés par le Pacte de stabilité. Il a dans cet esprit présenté des propositions concrètes pour le développement des relations économiques entre pays de la région, pour la réalisation de projets communs, la création d'institutions interbalkaniques appelées à contrôler et accroître le respect des droits de l'homme.
M. JAIME DAVID FERNÁNDEZ MIRABAL, Vice-Président de la République dominicaine, a déploré que nombre de pays n'ont pas d'institutions qui oeuvrent à la réalisation des engagements sociaux pris lors de réunions telles que le Sommet social qui s'est tenu à Copenhague en 1995. La raison principale en est le manque de connaissance des objectifs fixés dans le cadre de ces conférences au sommet. C'est pourquoi la République dominicaine s'est efforcée, pour sa part, de mettre en oeuvre un plan social fondé sur une stratégie combinant participation de l'ensemble de la population et décentralisation.
La République dominicaine a déployé d'importants efforts en matière de renforcement de ses institutions destinées à garantir les droits des femmes, des enfants et des personnes handicapées. Le pays s'est également efforcé d'assurer un équilibre entre les droits et les devoirs de chacun. Il a déployé d'importants efforts pour lutter contre le chômage et maintenir une croissance de 8% du PIB tout en réduisant de moitié la mortalité infantile et maternelle ainsi que l'absentéisme scolaire et l'analphabétisme. Le Vice-Président a souligné le fossé 'numérique' qui s'est creusé entre les pays. En effet, si certains ont accès à internet, la grande majorité des populations du monde est encore privée d'un tel accès. La République dominicaine estime qu'il est nécessaire de parvenir à élaborer un ordre du jour commun afin de susciter un engagement mutuel des diverses parties prenantes au développement.
M. JERRY JOHN RAWLINGS, Président du Ghana, a déclaré que cinq ans après Copenhague, même si les conséquences des politiques d'ajustement des structures sont douloureuses à court terme, bon nombre de pays les ont mises en place dans l'espoir de voir des avantages en découler à long terme. Malheureusement, les espoirs n'ont pas été satisfaits.
Le Président ghanéen a déclaré que la transparence en matière de gestion des affaires publiques est une condition nécessaire à un environnement favorable au développement social et économique, mais il faut que cette transparence soit opérationnelle tant dans les pays en développement que dans les pays développés. M. Rawlings a rappelé qu'en 1995, à Copenhague, il avait demandé des mesures concernant le secret bancaire afin de savoir qui sont les bénéficiaires de cet argent corrompu en Afrique. Nombreux ont été ceux qui ont alors pensé que cette idée n'était pas encore réalisable. Mais le moment est venu maintenant pour les pays développés et leurs institutions bancaires et financières de coopérer avec les pays en développement et adopter des législations dans ce sens. Dans le monde occidental, une règle tacite semble imposer qu'afin de permettre la démocratie dans un pays en développement, il faut en changer le gouvernement, même s'il est efficace. L'opposition doit obtenir un soutien matériel, moral et financier afin d'atteindre cet objectif. Étant donné l'importance de la mauvaise information et de la désinformation véhiculées par les partis d'oppositions dans les pays en développement et l'efficacité avec laquelle elles sont communiquées par le biais des technologies modernes comme internet, il est compréhensible que des étrangers se laissent tromper par cette propagande. Mais cette situation n'est pas acceptable, a déclaré M. Rawlings.
Le Président a souligné que lorsque son pays demande une assistance au développement, ce n'est pas seulement dans le but de satisfaire les besoins fondamentaux de la population : si le pays ne l'obtient pas, la population migrera vers les pays développés où ils s'ajouteront aux problèmes sociaux et raciaux. Pour ceux qui tentent de faire face à ces besoins fondamentaux, ces maigres ressources sont aussi en compétition avec d'autres préoccupations telles la prévention ou la résolution des conflits, lesquels sont étroitement liés au contrôle des ressources, dont les diamants viennent de grossir la longue liste, alimentant les conflits en Afrique. Sans la résolution de ces conflits, il n'est pas possible de parler de développement social pour nos populations. Il faut adopter des politiques et programmes qui favoriseront la mobilisation de ressources dans les pays en développement, y compris l'allégement de la dette, des relations commerciales internationales équitables, et le relèvement des niveaux d'assistance au développement et l'investissement étranger direct. Le Président Rawlings a également lancé un appel aux pays producteurs de pétrole pour agir sur les prix du pétrole afin que les pays pauvres du monde survivent et en tirent des ressources pour la promotion de leur développement social.
M. HAGE G. GEINGOB, Premier Ministre de Namibie, a affirmé que la réalisation des objectifs définis à Copenhague, en raison de leur multiplicité et de leur ampleur nécessite une action globale, l'existence d'une volonté politique et l'affectation de ressources appropriées. Pour sa part, la Namibie a fait de l'éradication de la pauvreté, de la création d'emplois et de l'intégration sociale des terrains d'action privilégiés. M. Geingob a précisé que dans son pays, la pauvreté frappe plus particulièrement les populations rurales. La Namibie met en oeuvre une stratégie intégrée de réduction de la pauvreté et concentre son action sur trois domaines clés : décentralisation, agriculture, développement du secteur informel. M. Geingob a déclaré que la classification de son pays parmi les pays à 'revenu moyen' menace ses chances d'accéder aux financements nécessaires pour mener à bien son action. Il a par ailleurs souligné les dangers que fait peser l'épidémie de sida sur les avancées réalisées dans son pays. Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité d'assurer l'accès aux médicaments à des prix abordables.
M. Geingob a également demandé à la communauté internationale de se joindre à ses efforts pour venir en aide au continent africain dans sa lutte contre la m alaria. Le Premier Ministre a ensuite évoqué les mesures prises par son pays en matière d'emploi et de sécurité sociale. Il a toutefois précisé que le défi consiste à assurer une meilleure protection sociale dans les régions qui présentaient un déficit à cet égard et d'assurer également la pérennité financière des services créés.
Le Premier ministre namibien a déclaré que si la mondialisation a permis de stimuler la croissance économique et d'accroître la prospérité de millions de personnes dans le monde, elle a également accentué les inégalités entre États et compromis les perspectives d'avenir des pays les plus pauvres. En tant que pays en développement, la Namibie est confrontée à des défis importants pour lutter contre les inégalités sociales, a déclaré M. Geingob. Si la mise en oeuvre de politiques économiques saines, la promotion de la bonne gouvernance sont essentiels, il convient de permettre aux pays en développement de conclure des partenariats de nature bilatérale et multilatérale afin de promouvoir le développement durable. Dans ce contexte, le Premier Ministre de la Namibie a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts visant à renforcer les infrastructures dans les pays en développement. Une attention particulière devrait être accordée aux inégalités dans le commerce international qui sont autant de limitations aux possibilités de croissance des pays pauvres. Il a par ailleurs appelé de ses voeux une annulation de la dette des pays en développement.
M. PAKALITHA MOSISILI, Premier ministre du Lesotho, a indiqué que la stratégie suivie par son pays pour respecter les engagements pris à Copenhague s'est appuyée sur un plan de réduction de la pauvreté dont les grands axes ont trait à la bonne gestion des affaires publiques, à la réduction de la pauvreté elle-même, à l'amélioration des services sociaux en faveur des pauvres, à la création d'opportunités d'emploi et de revenu pour les pauvres et à la résolution des problèmes de dégradation de l'environnement ayant une influence sur la pauvreté. Bien que des progrès considérables aient pu être enregistrés dans un certain nombre de domaines, notamment en ce qui concerne la santé (80% de la population ayant désormais accès à des services de santé), la pauvreté reste la principale entrave au développement humain au Lesotho. C'est pourquoi la stratégie du pays pour les années à venir continuera de se concentrer sur la promotion d'un développement humain durable. En dépit des efforts déployés pour accroître l'accès à l'éducation, la tendance globale en matière de scolarisation continue d'être un sujet de préoccupation pour le Gouvernement du Lesotho. En effet, les dernières données disponibles indiquent que 69% des enfants âgés de 6 à 12 ans étaient scolarisés en 1997 contre 75% en 1990. En matière de santé, c'est l'épidémie de sida qui aura des conséquences désastreuses sur les engagements pris par le pays en matière de développement.
Le Premier ministre du Lesotho a par ailleurs rappelé que les élections de 1998 avaient été contestées par trois des partis politiques défaits et que cette contestation s'était soldée par des actes de violence qui avaient eu un impact négatif sur l'économie du pays. L'économie nationale est en effet entrée en
récession, le taux de croissance passant de 8% en 1997 à 5,5% en 1998. Tous les partis politiques ont décidé de se rassembler pour constituer un organe baptisé Autorité politique intérimaire, qui est chargé de préparer de nouvelles élections. Ces élections devraient se tenir dans les six premiers mois de l'année prochaine.
La mondialisation est véhiculée par les forces du marché, dont l'un des moteurs essentiels est le secteur privé, a rappelé M. Mosisili avant de faire observer que les secteurs de l'éducation et de la santé, qui sont à la base du programme de développement social du Lesotho, ne se prêtent guère à un financement par le secteur privé. Si l'on veut gagner le combat contre la pauvreté, il ne faut pas attendre des pays en développement qu'ils mènent la lutte seuls, avec leurs ressources financières restreintes : une aide publique au développement accrue et une réduction de la dette s'avèrent indispensables.
M. MICHAEL RITTER, Vice-Premier ministre du Liechtenstein, a déclaré que cinq ans après le Sommet de Copenhague, cette réunion révèle l'engagement de la communauté à éliminer la pauvreté, promouvoir le plein emploi, l'intégration sociale afin de permettre une société stable, juste et sûre pour tous. Même si des programmes et politiques ont été mis en place dans cet esprit, ces dernières années, force est de reconnaître que la situation mondiale n'a pas progressé substantiellement dans le sens de nos attentes a-t-il déclaré. Certains secteurs- clés ont même enregistré de très nets reculs. M. Ritter a indiqué que l'éradication de la pauvreté conserve sa place prépondérante dans les calendriers des politiques nationales et internationales alors que l'écart entre les pays riches et pauvres ont tendance à se creuser encore davantage malgré les plans, programmes et mesures prises depuis le Sommet. M. Ritter a également déclaré que les droits de l'homme et les libertés fondamentales, les institutions démocratiques et l'économie de marché favorisent le développement économique et social.
M. Ritter a également affirmé que l'intégration sociale est une autre question centrale dans un monde hanté par les conflits de violence ethnique, le racisme et autres formes de discrimination raciale. Il a insisté sur le fait que la prospérité et le bien-être social n'ont pas suffit à prévenir les souffrances psychologiques, le suicide et le divorce, au contraire la prospérité semble conduire à une insatisfaction et une incertitude toujours plus grandes, à l'égoïsme et au manque de solidarité.
M. Ritter a estimé que l'assistance financière pure aux individus sans en attendre un retour accroît l'attente des populations et, parallèlement, la volonté et la capacité des gens à se prendre en charge décroissent. Les gens ne devraient pas être réduits à de simples objets passifs du bien-être public, a-t-il déclaré, même si bien sûr les personnes dans le besoin ont droit à une aide psychologique et matérielle, il n'en va pas moins que le principe d'obtenir un retour est un élément clé de la politique sociale en vue de l'intégration et de la participation. Un système socialement global ne peut être appliqué sans que des actions ne soient prises au niveau international et dans ce cadre les Nations Unies jouent un rôle vital.
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