LA CHINE, LA FINLANDE ET LA COLOMBIE S'ADRESSENT A LA CONFERENCE DU DESARMEMENT
Communiqué de Presse
CD/G/460
LA CHINE, LA FINLANDE ET LA COLOMBIE S'ADRESSENT A LA CONFERENCE DU DESARMEMENT
20000622Le Président de la Conférence fait part de la poursuite d'un intense processus de consultations visant à dégager un consensus sur un programme de travail
Genève, le 22 juin - - La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de la Chine, de la Finlande et de la Colombie. Les deux premiers pays ont fait part de leurs priorités en matière de désarmement - à savoir la prévention d'une course aux armements dans l'espace pour ce qui est de la Chine et l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armements pour la Finlande.
La Colombie est intervenue pour demander que soient distribués en tant que document officiel de la Conférence les trois paragraphes portant sur des questions de désarmement qui figurent dans la Déclaration de Carthagène adoptée à l'issue du 14ème Sommet des chefs d'État ou de gouvernement du Groupe de Rio, réuni les 15 et 16 juin dernier à Carthagène des Indes.
Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur de la Belgique Jean Lint, a indiqué que le processus de consultation visant à dégager un consensus sur un programme de travail de la Conférence se poursuit avec intensité.
Dans sa déclaration, la Chine a souligné que si l'on ne parvient pas à lancer dès maintenant des négociations portant sur un instrument juridique de prévention de la course aux armements dans l'espace, il faudra bientôt négocier le désarmement ou la prévention de la prolifération des armements dans cet espace. La Chine estime que la Conférence devrait rétablir un comité spécial qui serait chargé de négocier et de conclure un instrument juridique international interdisant l'essai, le déploiement et l'utilisation, dans l'espace extra-atmosphérique, de toute arme, de tout système d'armement et des composants y afférents.
Pour la Finlande, dont la priorité est de voir s'engager les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires, la Conférence devrait se résoudre à accepter qu'elle ne peut surmonter d'un seul coup toutes les divergences qui se manifestent en son sein.
La Conférence a par ailleurs approuvé la demande de participation à ses travaux en qualité d'observateur présentée par la Côte d'Ivoire. Elle tiendra sa prochaine séance publique jeudi 29 juin 2000, à 10 heures.
Déclarations
M. HU XIAODI (Chine) a rappelé que lors de sa 54ème session, l'Assemblée générale avait une fois de plus, à une écrasante majorité adopté une résolution portant sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra- atmosphérique dans laquelle elle mettait de nouveau l'accent sur le rôle crucial de la Conférence en matière de négociation d'un ou de plusieurs accords multilatéraux sur la prévention d'une telle course aux armements. Aujourd'hui, avec l'appui d'une force politique, économique, scientifique, technologique et militaire écrasante, un programme ayant pour objectif la domination de l'espace extra-atmosphérique a été mis sur pied et se trouve en voie d'exécution; ce programme cherche à établir une supériorité militaire et stratégique unilatérale. En témoignent de manière éloquente le développement et le déploiement prévu de prétendus systèmes de défense antimissiles nationaux et de théâtre. En vertu de ce programme, certains systèmes d'armes de pointe seront déployés dans l'espace ou prendront pour cible des objets se trouvant dans l'espace extra-atmosphérique. D'autres systèmes, en utilisant cet espace comme plate-forme, permettront de fournir des informations bien ciblées à des systèmes d'armements basés au sol et de les guider. Il ne fait donc aucun doute que ce programme introduira dans l'espace des systèmes d'armements, ce qui ne manquera pas de transformer l'espace en nouveau champ de bataille. Une telle démarche va à l'encontre des sincères aspirations de la communauté internationale d'utiliser l'espace à des fins pacifiques.
Le développement et le déploiement d'un système de défense antimissile national constituera une violation du Traité de limitation des systèmes de missiles antimissiles balistiques (ABM), a affirmé M. Hu. Attirant l'attention sur les tentatives tenaces qui ont été menées pour amender ce Traité, il a déclaré qu'une fois ouverte la porte permettant d'amender le Traité, on en viendrait inévitablement à un déploiement à plus grande échelle des systèmes antimissiles susmentionnés. Le Traité ABM serait alors de plus en plus affaibli jusqu'à entraîner son abolition totale. De tels événements négatifs entraîneraient non seulement le déclenchement d'une course aux armements dans l'espace extra- atmosphérique mais détruiraient en outre la stabilité et l'équilibre stratégique au niveau mondial, sapant la base même du processus de désarmement nucléaire international. Tous les progrès déjà réalisés dans le domaine du contrôle des armements et du désarmement au niveau international sont donc menacés d'être réduits à néant.
La capacité de l'humanité d'explorer et d'utiliser l'espace extra- atmosphérique se renforce au fur et à mesure que des progrès sont réalisés dans le domaine scientifique et technologique. Malheureusement, comme le montre l'expérience de l'Histoire, les progrès scientifiques et technologiques sont souvent utilisés avant tout à des fins militaires et sont aisément mis au service du développement de capacités et de technologies d'armements, ce qui entraîne la formulation de nouvelles théories militaires. Il ne dépend que de nous de commencer dès maintenant à élaborer et établir les *ðrègles du jeu+ð afin de prévenir une course aux armements dans l'espace, en tenant compte de tous les événements et progrès pertinents intervenus au cours de la décennie écoulée. Si nous ne parvenons pas à lancer dès maintenant des négociations portant sur un instrument juridique de prévention de la course aux armements dans l'espace, nous aurons bientôt à négocier le désarmement ou la prévention de la prolifération des armements dans cet espace. C'est pourquoi toutes les mesures doivent être prises afin de stopper définitivement la dangereuse évolution du cours des événements et afin de prévenir l'armement et la course aux armements dans l'espace extra- atmosphérique.
Il existe déjà, à l'heure actuelle, plusieurs instruments juridiques internationaux portant sur l'espace extra-atmosphérique, tels que le Traité ABM de 1972, a rappelé M. Hu. Certains estiment que nous pourrions nous contenter de renforcer ces traités. Mais le fait est que ces instruments ne peuvent pas résoudre de manière efficace les nouveaux problèmes soulevés par les événements récents. Par conséquent, ces traités ne sont pas de nature à pouvoir prévenir efficacement une course aux armements dans l'espace. La Chine estime donc qu'il est grandement nécessaire de négocier et de conclure de nouveaux instruments juridiques portant sur la prévention de la course aux armements dans l'espace. A cet égard, la Conférence devrait rétablir, au titre du point de l'ordre du jour intitulé *ðprévention d'une course aux armements dans l'espace extra- atmosphérique+ð, un comité spécial qui serait chargé de négocier et de conclure un instrument juridique international interdisant l'essai, le déploiement et l'utilisation de toute arme, de tout système d'armement et des composants y afférents, dans l'espace extra-atmosphérique.
M. CAMILO REYES RODRIGUEZ (Colombie) a rappelé qu'au cours du 14ème Sommet des chefs d'État ou de gouvernement du Groupe de Rio, qui s'est tenue les 15 et 16 juin dernier à Carthagène des Indes, a été approuvée la Déclaration de Carthagène qui contient trois paragraphes dont les thèmes intéressent la Conférence. Dans le premier de ces paragraphes, il est notamment affirmé que le désarmement nucléaire relève de la responsabilité de tous les États - en particulier de ceux qui sont dotés de l'arme nucléaire - et qu'il appartient à la communauté internationale de prendre des mesures concrètes pour assurer la non-prolifération et l'élimination des armes nucléaires. Un deuxième paragraphe traite des engagements pris au niveau régional en faveur de la lutte contre le trafic illicite d'armes et contre le crime organisé transnational. Dans le troisième paragraphe, un appel est lancé à tous les États qui ne l'ont pas encore fait pour qu'ils ratifient la Convention d'Ottawa; un appel est également lancé en faveur de l'interdiction de l'utilisation d'armes excessivement cruelles et inhumaines. La Colombie a demandé que ces trois paragraphes de cette Déclaration de Carthagène soient distribués en tant que documents officiels de la Conférence.
M. MARKKU REIMAA (Finlande) a souligné qu'il ne reste que quelques jours à la Conférence pour parvenir à un accord sur un programme de travail et pouvoir ainsi entamer ses travaux de fond durant la troisième partie de sa session de 2000. Si nous laissons filer cette chance, nous prenons le risque de voir la Conférence perdre, une fois de plus, une année de travail, a-t-il rappelé. Il a