CONFERENCE DU DESARMEMENT : LE JAPON EST FAVORABLE A UN MORATOIRE INTERIMAIRE SUR LA PRODUCTION DE MATIERES FISSILES DESTINEES AUX ARMES NUCLEAIRES
Communiqué de Presse
CD/G/459
CONFERENCE DU DESARMEMENT : LE JAPON EST FAVORABLE A UN MORATOIRE INTERIMAIRE SUR LA PRODUCTION DE MATIERES FISSILES DESTINEES AUX ARMES NUCLEAIRES
20000615La Conférence observe une minute de silence en mémoire du Président Hafiz Al Assad
Genève, le 15 juin -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, une déclaration du Japon qui a rappelé que la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires constitue l'une de ses priorités. Ayant à l'esprit le temps que prendront ces négociations ainsi que le temps qu'il faudra au traité pour entrer en vigueur, le Japon a jugé utile qu'en tant que mesure intérimaire, ceux qui produisent ou ont produit des matières fissiles destinées à des armes nucléaires déclarent un moratoire sur cette production.
La Conférence a par ailleurs observé une minute de silence en mémoire du Président Hafiz Al Assad, décédé samedi dernier. Le Président de la Conférence, M. Jean Lint, Ambassadeur de la Belgique, ainsi que le Pakistan, au nom du Groupe des 21, ont rendu un hommage appuyé à la mémoire du Président défunt.
En fin de séance, le Président de la Conférence, M. Jean Lint, Ambassadeur de la Belgique, a fait une brève déclaration dans laquelle il a indiqué qu'il poursuit ses consultations visant à promouvoir un consensus sur le programme de travail de la Conférence. Il a précisé qu'au cours des consultations du Président qu'il a tenues hier, il a demandé aux coordonnateurs des groupes de transmettre à leurs groupes respectifs une proposition contenant les principaux éléments d'un programme de travail. Les coordonnateurs devront faire part au Président des réactions de leurs groupes à cette proposition à l'occasion des consultations présidentielles de mercredi prochain, a ajouté M. Lint.
La prochaine séance publique de la Conférence du désarmement aura lieu jeudi prochain, 22 juin, à 10 heures.
Déclarations
M. JEAN LINT, Président de la Conférence, a fait une déclaration dans laquelle il a souligné que le décès du Président Hafiz Al Assad constitue une grande perte pour le peuple syrien, pour le monde arabe et pour l'ensemble de la région. Au nom de la Conférence, il a exprimé ses condoléances et son sentiment de sympathie au gouvernement et au peuple syriens.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan, au nom du Groupe des 21) a exprimé ses condoléances au gouvernement et au peuple syriens suite à la disparition du Président Hafiz Al Assad. Il a rappelé que le Président Assad a servi son pays pendant trois décennies, lui permettant d'émerger en tant que membre important des Nations Unies, du Mouvement des non alignés et d'autres organisations. Le sens politique et les qualités d'homme d'Etat du Président Hafiz Al Assad ont été reconnus par l'ensemble de la communauté internationale et sa contribution fut considérée comme essentielle pour la réalisation d'une paix durable au Moyen- Orient, a déclaré M. Akram. Les membres du Groupe des 21, auquel appartient la Syrien, partagent la douleur du peuple syrien en cette triste occasion et lui souhaitent tout le courage nécessaire pour surmonter la perte irréparable du Président Hafiz Al Assad.
M. TAHER AL HUSSAMI (Syrie) a fait part de sa reconnaissance au Président de la Conférence et à l'ensemble des membres de cette instance pour l'initiative qu'ils ont prise d'observer une minute de silence en mémoire du Président Hafiz Al Assad.
M. SEIICHIRO NOBORU (Japon) a jugé remarquable qu'à l'occasion de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), qui s'est tenue le mois dernier à New York, les États parties soient parvenus à un consensus sur un document couvrant tous les aspects de la mise en oeuvre de ce Traité alors même que l'environnement sécuritaire n'était guère, au niveau mondial, favorable à la tenue d'une telle Conférence. Le document final adopté à l'issue de cette Conférence d'examen a clairement démontré que tous les États parties au TNP sont sérieusement engagés en faveur de la réalisation du désarmement et de la non- prolifération nucléaires. Les États parties ont également rappelé que pour atteindre l'objectif fixé en la matière, il faudrait renforcer le régime de non- prolifération. En outre, le processus grâce auquel un accord a pu aboutir a prouvé que les divergences de vues et de positions peuvent être surmontées en faisant preuve d'une réelle volonté politique d'avancer. Le gouvernement japonais se réjouit de ce résultat et espère qu'il apportera une contribution aux efforts de désarmement déployés ailleurs, en particulier au sein de la Conférence du désarmement.
S'agissant précisément de la Conférence du désarmement, M. Noboru a rappelé l'existence d'un consensus sur deux questions d'importance intéressant les mesures futures de désarmement nucléaire. D'une part, un accord a pu être dégagé quant à la nécessité d'entamer immédiatement des négociations sur l'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. D'autre part, a été reconnue la nécessité de créer au sein de la Conférence un organe subsidiaire approprié ayant pour mandat de traiter du désarmement nucléaire. L'écrasante majorité de la communauté internationale a fermement encouragé la Conférence à mener à bien ces deux tâches. La Conférence se doit donc désormais de donner suite à cet appel. Pour y parvenir, il est impératif de se mettre immédiatement d'accord sur un programme de travail, a déclaré M. Noboru. A cet égard, a-t-il poursuivi, le programme de travail devrait se fonder sur les propositions avancées lors des précédentes sessions - qui bénéficient déjà d'un large soutien - et quelques petites modifications devraient y être apportées afin de tenir compte des événements les plus récents comme le résultat de la Conférence d'examen du TNP.
La négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires est l'une des priorités du Japon, a souligné M. Noboru. Lors des négociations qui s'étaient déroulées en 1998 suite à la création - cette année-là - d'un comité ad hoc sur la question, il était apparu que les négociations sur un tel traité demanderaient que soient abordés un grand nombre de sujets, tant politiques que techniques, étroitement imbriqués. C'est pourquoi le lancement immédiat d'intenses négociations s'avère indispensable si nous voulons achever nos travaux dans un délai de cinq ans, a déclaré M. Noboru. Ayant à l'esprit le temps que prendront ces négociations ainsi que le temps qu'il faudra au traité pour entrer en vigueur, il serait grandement utile qu'en tant que mesure intérimaire, ceux qui produisent ou ont produit des matières fissiles destinées à des armes nucléaires déclarent un moratoire sur cette production. A cet égard, le Japon se félicite du moratoire déjà annoncé par certains Etats et encourage les Etats qui ne l'ont pas encore fait à suivre cet exemple.
Le Japon est d'avis que le futur traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires devrait être globalement applicable et non-discriminatoire. Il estime par ailleurs que les mesures de vérification (de la mise en oeuvre du traité) devraient être rentables. En outre, le traité ne devrait en aucun cas affecter l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. La question des stocks existants devrait être abordée soit parallèlement aux négociations sur le traité, soit lors de négociations ultérieures.
M. Noboru a par ailleurs souligné que le consensus qui s'est dégagé à New York en vue d'établir un organe subsidiaire ayant pour mandat de traiter du désarmement nucléaire constitue une avancée considérable. A cet égard, il a formulé l'espoir que les membres de la Conférence, en particulier les Etats dotés de l'arme nucléaire, sauront faire preuve de la flexibilité et de l'esprit de coopération adéquats pour traduire ce consensus dans les faits.
D'autre part, le Japon ne reconnaît pas qu'il existe actuellement une quelconque course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, pas plus qu'il ne reconnaît l'existence d'une quelconque menace imminente en la matière. D'un autre côté, il est vrai que les instruments juridiques internationaux sur ces questions ont été élaborés il y a maintenant de nombreuses années. Aussi, tenant compte des progrès technologiques, on ne peut nier qu'il pourrait s'avérer nécessaire de tenir compte de la possibilité d'éventuelles mesures futures visant à prévenir une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. Reste que le moment n'est pas venu de lancer des négociations sur cette question et qu'il faudrait plutôt entamer des délibérations visant à déterminer une ou plusieurs mesures futures susceptibles d'être examinées de manière approfondie par la Conférence.
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