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AG/1023

BEIJING E 5: LES GOUVERNEMENTS S'ENGAGENT A ACCELERER LA REALISATION DE L'EGALITE ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES

10 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1023


BEIJING + 5: LES GOUVERNEMENTS S’ENGAGENT A ACCELERER LA REALISATION DE L’EGALITE ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES

20000610

L’élimination de la pauvreté, l’éducation et la santé représentent des domaines critiques dans lesquels des mesures prioritaires sont recommandées

Les gouvernements réunis en session extraordinaire de l’Assemblée générale “Beijing + 5” ont décidé cet après-midi de mesures et initiatives nouvelles pour accélérer la réalisation de l’égalité entre les sexes, le développement et la paix, ainsi que le renforcement du pouvoir d’action des femmes. De nouveaux objectifs ont notamment été fixés en matière d’éducation, l’un des domaines critiques prioritaires identifiés à Beijing, en particulier la nécessité d’assurer l’accès à tous et à toutes à l’éducation primaire d’ici à 2015. Une date butoir est également fixée pour l’élimination des lois discriminatoires qui devront être supprimées des législations nationales d’ici à 2005. Les gouvernements s’engagent en outre à accroître les investissements dans le secteur social en tant que stratégie centrale pour favoriser l’élimination de la pauvreté et à s’efforcer de réduire la proportion très élevée de femmes vivant dans le dénuement. Dans le document qu’ils ont adopté à l’issue de cinq jours de débat et de négociations difficiles, les gouvernements reconnaissent que les engagements en matière d’égalité entre homme et femme, pris lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, tenue à Beijing en 1995, n’ont pas été pleinement respectés et appliqués. Ce document en quatre parties, intitulé “Nouvelles mesures et initiatives pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing” a été adopté sans vote, mais plusieurs Etats ont émis des réserves à la formulation de certaines parties du texte. Quelque 200 orateurs se sont succédé à la tribune de l’Assemblée générale au cours de cette session extraordinaire intitulée “Femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix au XXIe siècle” qui a rassemblé des milliers de délégués, dont une vaste majorité de femmes, à New York du 5 au 9 juin 2000.

En fixant des objectifs précis, le document final reconnaît implicitement, comme l’avait fait le Secrétaire général dans son discours d’ouverture le 5 juin dernier, que l’éducation est la clé de l’émancipation des femmes. C’est l’absence d’éducation qui maintient les femmes dans la pauvreté, limite leur accès à la santé et les expose à la violence et aux abus, avaient dit les délégations. Par l’éducation, les femmes se donnent les moyens d’acquérir le pouvoir économique et de pénétrer plus facilement les processus de prise de décision.

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Eduquées et intégrées dans la population active, elles sont moins vulnérables et mieux en mesure de jouer le rôle qui leur revient dans le progrès des sociétés. Seule l’éducation leur permettra de réaliser et d’exercer pleinement les droits qui leur sont reconnus dans la plupart des législations. C’est d’ailleurs ce dont ont convenu les gouvernements, dans le document final, en reconnaissant que “pour surmonter les obstacles et relever les défis qui subsistent en matière d’égalité entre les sexes, le plein exercice par les femmes et les filles de leurs libertés et droits fondamentaux est une condition essentielle”.

A l’échelon national, les gouvernements sont invités à élaborer des politiques qui garantissent aux femmes un accès égal à l’éducation et l’élimination dans l’éducation des discriminations fondées sur le sexe. Les gouvernements doivent accélérer les mesures visant à porter le taux de scolarisation des filles dans les cycles primaire et secondaire au niveau de celui des garçons d’ici à 2005, et à garantir l’accès universel des garçons et des filles à l’enseignement primaire d’ici à 2015. Les gouvernements doivent aussi appuyer la mise en œuvre de programmes qui garantissent la qualité de l’éducation et de meilleurs taux de poursuite des études. Des mesures visant à faciliter la formation et l’accès des femmes aux nouvelles technologies de l’information et de la communication sont également encouragées.

En matière de santé, autre domaine critique identifié à Beijing, les gouvernements sont plus particulièrement appelés à faire en sorte que la réduction des taux de mortalité et de morbidité maternelles soit considérée comme une priorité par le secteur de la santé et que les femmes bénéficient de services de planification familiale afin de promouvoir la maternité sans risque. Dans un paragraphe longuement négocié, les gouvernements conviennent que les droits en matière de procréation reposent sur la reconnaissance du droit fondamental de tous les couples et de toutes les personnes de décider, librement et de façon responsable, du nombre de leurs enfants et de l’espacement des naissances et d’être informés des moyens de le faire. Ils conviennent que les politiques et programmes de santé en matière de procréation et de planification familiale doivent fournir aux adolescents l’éducation et les services nécessaires pour qu’ils apprennent à assumer leur sexualité dans un esprit positif et responsable. Le texte souligne encore que les droits fondamentaux des femmes comprennent le droit d’être maîtresses de leur sexualité et de prendre librement des décisions dans ce domaine.

En ce qui concerne l’avortement, les gouvernements rappellent qu’aux termes du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994), “l’avortement ne devrait, en aucun cas, être promu en tant que méthode de planification familiale”. Reprenant les termes du texte adopté au Caire, le document invite les gouvernements et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales intéressées à “renforcer leur engagement en faveur de la santé des femmes, à traiter les conséquences des avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité en tant que problème majeur de santé publique et à réduire le recours à l’avortement en étendant et en améliorant les services de planification familiale.

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La plus haute priorité doit toujours être accordée à la prévention des grossesses non désirées et tout devrait être fait pour éliminer la nécessité de recourir à l’avortement”.

Toujours en matière de santé, les gouvernements s’engagent à adopter des politiques visant à régler, par ordre de priorité, les aspects sexospécifiques des problèmes de santé nouveaux et anciens comme le paludisme et le VIH/sida et conviennent qu’il faudrait permettre aux personnes contaminées par le VIH/sida de bénéficier d’un traitement adéquat à un coût abordable. Ils conviennent également qu’il faudrait encourager les hommes à adopter un comportement sexuel et procréateur sûr et responsable, et à utiliser effectivement des méthodes de prévention des grossesses non désirées et des infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida.

Dans le domaine juridique, les gouvernements sont encouragés à instaurer un contexte non discriminatoire en révisant la législation en vue de supprimer les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes d’ici à 2005 et de combler les lacunes juridiques qui font que certains des droits des femmes ne sont pas protégés et que celles-ci ne disposent d’aucun recours contre la discrimination fondée sur le sexe. Des mesures sont plus particulièrement encouragées pour faire en sorte que la maternité, la qualité de parent ou le rôle procréatif des femmes ne soit pas utilisé comme un motif de discrimination à leur égard et n’ait pas non plus pour effet de limiter leur participation à la société. Les gouvernements sont aussi appelés à réformer leur législation en ce qui concerne le contrôle des ressources, les biens fonciers, les droits de propriété, le droit à l’héritage, l’accès au crédit, et les systèmes traditionnels d’épargne. Toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles devraient être traitées comme des atteintes à l’ordre public punies par la loi, affirme le texte. Dans ce contexte, des législations renforcées sont encouragées en ce qui concerne la violence au foyer, les mutilations génitales, les mariages forcés et les prétendus crimes d’honneur. Des mesures renforcées sont en outre recommandées en vue d’éliminer la traite des femmes et des filles.

Reconnaissant la contribution que peuvent apporter les femmes au progrès des sociétés, les gouvernements s’engagent par ailleurs à définir des objectifs précis et assortis de délais à court et à long terme afin de permettre aux femmes d’avoir accès sur un pied d’égalité avec les hommes et de participer pleinement à tous les domaines de la vie publique, et en particulier aux postes de décision.

Mais, comme l’ont souligné plusieurs délégations au cours du débat, outre une volonté politique sans faille, la mise en œuvre de ces engagements exige des moyens financiers dont ne disposent pas tous les pays. Dans ce contexte, le fardeau de la dette, l’impact des programmes d’ajustement structurel, la détérioration des termes de l’échange et le déclin de l’aide publique au développement ont été dénoncés par nombre de pays comme autant de facteurs affectant leur capacité à mobiliser les ressources financières nécessaires pour l’exécution de programmes sociaux. En outre, la mondialisation de l’économie, en bénéficiant qu’aux pays très compétitifs, a marginalisé davantage les économies les plus faibles et creusé l’écart entre les riches et les pauvres tant dans les pays qu’entre les pays, au détriment des groupes de population les plus vulnérables.

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C’est ainsi que plusieurs délégations ont expliqué la féminisation croissante de la pauvreté. Reflétant ces préoccupations, le document final invite les gouvernements à créer des régimes de protection sociale tenant compte des besoins des femmes pauvres afin d’offrir des filets de sécurité contre les incertitudes et l’évolution des conditions de travail liées à la mondialisation.

Sont aussi encouragées des mesures d’allègement de la dette, la création de fonds pour le développement social afin de réduire les effets indésirables des programmes d’ajustement structurel et de la libéralisation du commerce sur les femmes, et des mesures visant à l’intégration des pays en développement dans l’économie mondialisée. Dans ce contexte, la nécessité de faciliter le transfert des technologies vers les pays en développement et les pays à économie en transition, ainsi que l’importance de la maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication sont soulignées. Les pays développés sont plus particulièrement incités à atteindre l’objectif de 0,7% de leur produit national brut (PNB) pour l’aide publique au développement. L’accélération de la mise en œuvre de l’Initiative 20/20 est également encouragée. De leur côté, les pays en développement devraient notamment créer des formules de crédit assorties de formalités simplifiées et reposant sur des garanties en matière d’épargne et de crédit adaptées aux besoins des femmes.

Les autres priorités pour lesquelles des mesures sont recommandées concernent la place des femmes dans les conflits armés, leur place dans les médias, leur rôle dans la préservation de l’environnement, les mécanismes institutionnels permettant leur promotion, et les petites filles. Pour l’application de toutes ces mesures, les gouvernements sont encouragés à collaborer avec les organisations non gouvernementales, le secteur privé, les collectivités locales et les chefs traditionnels et communautaires, ainsi que tous les acteurs de la société civile. Les organisations internationales sont elles aussi invitées à soutenir les gouvernements et leurs partenaires dans leurs actions.

Les représentants des pays suivants ont expliqué leur position dans le cadre de l’adoption du document final : Honduras, Qatar, Pologne, Afrique du Sud, Suriname (au nom de la CARICOM), Nicaragua, Nigéria (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Malte, Argentine (au nom du MERCOSUR), Rwanda, Etats-Unis, Gabon (au nom du Groupe africain), Sénégal, Colombie (au nom de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Chili, du Paraguay et de l’Uruguay), Arabie saoudite, Koweït, Emirats arabes unis, Pakistan, Libye, Bahreïn, El Salvador, Kenya, Soudan, Indonésie, Cuba, Algérie (au nom du Groupe arabe), Maroc, Tunisie, Egypte, Philippines, Portugal (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Canada, Nouvelle-Zélande, Oman, Mauritanie, Iraq, Norvège, Iran, Jordanie, Syrie, Saint-Siège et Fédération de Russie.

Le Ministre des affaires étrangères de la Namibie et Président de l’Assemblée générale et de la session extraordinaire, M. Théo-Ben Gurirab, s’est félicité de ce que le texte adopté réaffirme et renforce le Programme d’action de Beijing dans plusieurs domaines dont la violence à l’égard des femmes, la santé, y compris la santé reproductive et génésique, et l’éducation.

(à suivre – 1D)

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Si les gouvernements font preuve de volonté politique et dégagent les ressources nécessaires, les objectifs de parité entre les sexes, de paix et de développement deviendront réalité au XXIè siècle, a affirmé le Président. Il s’est félicité de ce que le texte reconnaisse le rôle crucial des ONG en tant que partenaires actifs des gouvernements et de l’ONU dans la promotion de l’égalité entre les sexes.

En début de réunion, l’Assemblée a observé une minute de silence à la mémoire du Président syrien, Hafez Al-Hassad, décédé dans la nuit de vendredi à samedi. M. Gurirab a transmis les condoléances de l’Assemblée générale au Gouvernement et au peuple syriens et à la famille du Président Al-Hassad. Le représentant de la République arabe syrienne a remercié les délégations et rappelé l’engagement du Président Al-Hassad à défendre les intérêts de son pays et de son peuple, ainsi qu’envers la cause des femmes.

Vendredi après-midi, la session extraordinaire avait entendu les derniers orateurs de son débat général. Les Ministres, Vice-Ministres, personnalités, et les représentants des pays suivants se sont exprimés dans ce cadre: Maurice, Niger, Indonésie, Sierra Leone, République centrafricaine, Pérou, Cameroun, Maroc, Sao-Tomé-et-Principe, Tchad, Venezuela, République démocratique du Congo, Bahreïn, Yémen, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Seychelles, Vanuatu, Afghanistan, Bosnie-Herzégovine, Samoa et Nauru. Les observateurs et Chefs des programmes, institutions et autres entités du système des Nations Unies suivants se sont également exprimés: Saint-Siège, Suisse, îles Cook, Organisation internationale de la francophonie (OIF), Secrétariat du Commonwealth, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Communauté européenne, au nom de la Commission européenne, Conseil de l’Europe, Organisation de la Conférence islamique, Organisation internationale des migrations (OMI), Ordre souverain de Malte, Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Organisation pour la coopération économique et le développement en Europe (OCDE), Ligue des Etats arabes, Organisation de l’unité africaine (OUA), Union internationale pour la préservation de la nature et des ressources naturelles, Banque africaine de développement (BAD), Commission sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). Les organisations non gouvernementales (ONG) suivantes ont aussi pris la parole : le Caucus des ONG des femmes africaines, Mahila Dakshata Samiti, Institut canadien pour la promotion de la femme, Centre pour la femme péruvienne “Flora Tristan” et Alliance des femmes arabes.

Documentation

La version française du document final de la session paraîtra à une date ultérieure sous la cote A/S-23/10. Il est actuellement disponible sous les cotes A/S-23/2/Add.2 (Parties I à IV) et A/S-23/AC.1/L.1/Add.1 à 42. La version anglaise est disponible sur Internet.

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Explications de position sur le document final de la session extraordinaire

La représentante du Honduras a exprimé des réserves sur des parties du texte final en indiquant que si son pays accepte le concept de la planification familiale du droit sexuel ou encore du droit à la reproduction, il ne peut l’accepter que si ce principe n’incluait pas le droit à l’avortement ou à l’interruption volontaire de grossesse. Elle a ajouté que la terminologie utilisée dans le texte final ne peut être acceptée que s’il ne va pas à l’encontre de la législation nationale du Honduras. Les recommandations du texte final ne sauraient être mises en œuvre au détriment de la protection de la famille, de la maternité et du droit des parents à éduquer leurs enfants, a ajouté la représentante.

La représentante du Qatar a fait part de la détermination de son pays à mettre en œuvre les recommandations du document final de cette session extraordinaire.

La représentante de la Pologne s’est jointe au consensus en émettant des réserves. Elle a expliqué que son pays reconnaît l’égalité entre les sexes et se fait fort de respecter la vie de la conception à la mort. Le pays respecte le droit de conscience, la liberté des religions et le droit des parents d’éduquer leurs enfants. En conséquence, aucune terminologie nouvelle ne saurait être acceptée, notamment, pour ce qui est des termes non définis dans les documents consensuels de l’ONU.

La représentante de l’Afrique du Sud a réitéré le respect de son pays de tous les droits humains. L’émancipation des femmes et des filles est une priorité constitutionnelle dans le pays, a-t-elle dit, avant de prendre acte des domaines de recul dans le texte final et se féliciter des nouveaux progrès, notamment, en ce qui concerne les défis de la mondialisation et son impact négatif. La représentante a pris note du courage qu’ont montré les femmes pour défendre leurs droits et appelé à la protection de ces droits. Elle a déclaré que pour son pays, le document final est considéré comme un complément du Programme d’action de Beijing. Elle en a donc entériné les parties qui constituent un progrès mais qui lancent un défi au niveau national.

La représentante du Suriname, s’exprimant au nom de la Communauté des Etats des Caraïbes (CARICOM), a fait part des sacrifices consentis par les Etats de la CARICOM pour participer à la préparation de cette session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les femmes. Les gouvernements des Etats de la CARICOM ont donné la priorité à six domaines critiques – la pauvreté, la santé, la violence à l’égard des femmes, les mécanismes institutionnels et la participation des femmes aux prises de décision – ce qui a permis d’enregistrer des progrès considérables dans l’application des recommandations du Programme d’action de Beijing. Elle a signalé que la mondialisation, les programmes d’ajustement structurel et la dette extérieure ont fait peser de lourdes contraintes sur les pays de la région. Le coût de la mondialisation pour les femmes et les enfants des Etats de la CARICOM a été exorbitant et la perte des accords préférentiels ainsi que le service de la dette ont limité la capacité des Etats de la région à résorber le chômage. Elle s’est félicitée du fait que la lutte contre la violence à l’égard des femmes figure en bonne place dans le document final soumis

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à la session extraordinaire. Elle a ajouté que pour les petits Etats, il est impossible d’ignorer la contribution des femmes au développement durable et a réaffirmé l’engagement de la CARICOM à l’application du Programme d’action de Beijing.

La représentante du Nicaragua a souligné que le document final ne contient que des recommandations dont la mise en œuvre relève de l’adhésion des Etats souverains. La représentante a déclaré que pour son pays le mot “gender” ne peut se comprendre que dans le sens généralement accepté par la Conférence de Beijing et de l’annexe 4 de la session extraordinaire, à savoir, une identité propre aux hommes et aux femmes. Le Nicaragua respecte le droit à la vie depuis la conception et, par conséquent, l’avortement ne peut être respecté comme étant un moyen de planification familiale. La législation régissant ce domaine relève de la souveraineté des Etats. Lorsque l’on parle de contraception, cela ne saurait concerner en aucun cas les substances abortives. Le Nicaragua reconnaît le droit reproductif et le droit à la santé mais émet quelques réserves sur le concept de droit sexuel. La liberté de penser et de réflexion sont des libertés inaliénables, y compris pour le travailleur de la santé. Par ailleurs, le Nicaragua ne reconnaît que les unions entre homme et femme et est déterminé à protéger la famille.

La représentante du Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que le document final comporte de nouvelles initiatives qu’il faut mettre en œuvre le plus rapidement possible. Pour ce faire, a ajouté la représentante, l’appui des institutions multilatérales sera nécessaire. Il revient à la communauté internationale de démontrer son engagement et aux partenaires de développement d’apporter l’assistance nécessaire.

Le représentant de Malte a réaffirmé ses réserves concernant les termes de santé reproductive, de droit sexuel, d’avortement sûr et de l’avortement provoqué. A Malte, a-t-il dit, l’interruption de la grossesse est illégale. Le pays, a ajouté le représentant, ne peut qu’émettre d’autres réserves sur les références faites aux documents de certaines conférences.

Le représentant de l’Argentine, au nom du MERCOSUR, a souhaité qu’une déclaration qu’il entend présenter au Bureau de la session extraordinaire figure en bonne place dans le procès-verbal de la session extraordinaire.

Le représentant du Rwanda a déploré que le paragraphe 51 du document final ait été adopté sans aucune référence au génocide et aux autres crimes contre l’humanité. Aucun argument autre que technique n’a été évoqué pour expliquer ce fait, a dit la représentante avant d’émettre les réserves les plus fermes à la suite de cette omission. Cette commission traduit le fait que certains membres de l’ONU n’ont pas pris au sérieux les crimes de génocide, a estimé le représentant en rappelant que la Convention contre le génocide est un instrument contraignant que tous ses signataires devraient respecter.

(à suivre – 1G)

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La représentante des Etats-Unis a dit comprendre que comme pour le Programme d’action de Beijing, les engagements mentionnés dans le document final de la session extraordinaire ne sont pas juridiquement contraignants. Il s’agit d’engagements généraux et non d’engagements spécifiques. Les Etats-Unis soulignent aussi que seuls les Etats parties aux textes cités sont tenus de mettre en œuvre les dispositions pertinentes. La représentante a émis des réserves sur les dispositions du texte qui attestent que l’occupation étrangère représente en tant que telle une violation des droits de l’homme. Les Etats-Unis se dissocient des dispositions traitant de la mondialisation et des questions économiques. Les réserves touchent les paragraphes concernant le désarmement et l’augmentation du financement des recommandations.

La représentante du Gabon, au nom du Groupe africain, a souhaité que dans la mise en œuvre des recommandations, la souveraineté des pays reste souveraine. Il faut faire en sorte que toutes les composantes de la société, les hommes, les femmes et les enfants, apportent leur contribution à l’édification des nations. La femme étant détentrice des valeurs morales de la société, elle ne peut exercer ce rôle qu’en parfaite symbiose avec l’homme, a dit la représentante avant de souligner l’importance de l’appui de la communauté internationale pour la mise en œuvre des recommandations du document final. Elle a regretté, en terminant, que ce document n’ait pu paraître à temps dans toutes les langues de travail reconnues par l’ONU.

La représentante du Sénégal a dit avoir souhaité que le document final serait plus en faveur de la promotion de la femme. Elle a aussi appelé au renforcement de la coopération internationale pour, a-t-elle dit, trouver des solutions novatrices aux contraintes économiques et financières des pays en développement et les rendre ainsi à même de mettre en œuvre les engagements communs en matière de protection et de promotion des droits fondamentaux de la femme.

La représentante de la Colombie, au nom de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Chili, du Paraguay et de l’Uruguay, a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes dont la promotion doit se faire dans le plein respect du droit à la vie.

Le représentant de l’Arabie saoudite, a dit l’intention de son pays d’appliquer les recommandations du document si tant est qu’elles ne sont pas contradictoires avec la législation de son pays. Les représentants du Koweït, des Emirats arabes unis, du Pakistan, de la Libye et du Bahreïn en ont dit de même.

Le représentant de El Salvador a rappelé que, conformément à la Constitution, l’avortement est interdit dans son pays. Il a donc interprété les dispositions du document final faisant référence aux soins de santé reproductive apportés aux enfants comme devant se dérouler avec l’assentiment des parents, étant entendu qu’ils n’aboutiront pas à l’avortement.

(à suivre – 1H)

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La représentante du Kenya a souhaité que la session “Beijing +5” devienne un moment historique pour les femmes du monde entier. Le Kenya se joint au consensus sur le texte. Au Kenya, les questions de l’avortement sont couvertes par le droit pénal national qui le considère illégal, a précisé la représentante, rappelant que cette question sensible sera traitée dans le cadre du Programme d’action de Beijing.

Le représentant du Soudan, faisant référence au paragraphe 2bis du document, a rappelé l’attachement de son pays au principe de la pleine souveraineté nationale.

Le représentant de l’Indonésie s’est félicité des résultats de la session extraordinaire en ce qui concerne la promotion des femmes. Il a souligné la volonté de son pays de travailler avec la communauté internationale pour mettre en œuvre les engagements pris.

La représentante de Cuba s’est félicitée du travail accompli au cours de la semaine écoulée. Elle s’est déclarée convaincue que le bilan dressé contribuerait à l’amélioration de la situation des femmes et des filles sur tous les continents. La représentante a souligné la difficulté d’obtenir un consensus dans le cadre des négociations officieuses, parfois entourées de nombreuses irrégularités. Dans de telles circonstances, le libellé de certains paragraphes reflète la flexibilité de Cuba et son engagement en faveur de la promotion des femmes mais ne devra toutefois pas être considéré comme un précédent pour d’autres négociations et autres conférences futures.

Le représentant de l’Algérie, au nom du Groupe arabe, s’est félicité de l’issue des travaux de la session extraordinaire en se disant convaincu que les recommandations du document final constitueront une nouvelle base pour améliorer la condition de la femme. Les Etats arabes, qui ont fait montre de souplesse pendant les négociations, réaffirment leurs engagements à défendre les droits de la femme et les acquis obtenus au cours des dernières années.

La représentante du Maroc a indiqué que la mise en œuvre des recommandations du document final s’effectuera conformément à la Constitution, aux lois et aux traditions nationales. Le Plan d’action national pour la promotion nationale actuellement à l’étude témoigne de la place donnée à la femme marocaine dans les efforts de développement, a souligné la représentante.

Le représentant de la Tunisie a souligné que la prise en compte des particularités de chaque pays dans les recommandations du document final ne signifie pas un recul par rapport aux principes adoptés à Beijing. Il a réaffirmé la disposition à promouvoir la condition de la femme dans le contexte des spécificités nationales.

La représentante de l’Egypte a déclaré que son pays ne saurait accepter les tentatives portant atteinte aux réunions des Nations Unies dans le domaine social et celui de la promotion de la femme. Faisant part de la disposition de son pays de mettre en œuvre les recommandations du document final à la lumière des lois nationales, le représentant a déploré que le paragraphe concernant les ressources

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financières ne soit pas à la hauteur des problèmes que connaît la femme dans les pays en développement. Elle s’est félicitée des réunions organisées par les programmes et les institutions, au cours de la session extraordinaire, qui ont permis un échange de vues fructueux entre les gouvernements et les ONG et la prise en compte des expériences réelles au niveau national. Elle a demandé que les prochaines conférences des Nations Unies encouragent l’organisation de réunions parallèles des ONG comme cela a été le cas lors de la Conférence du Caire sur le développement et la population.

Le représentant des Philippines a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing et les initiatives adoptées au cours de la session extraordinaire. Il a souligné l’importance pour son pays de la question des femmes migrantes et s’est félicité des engagements pris sur cette question. Le Gouvernement des Philippines adoptera un plan d’action mis à jour pour mettre en œuvre ses engagements, a-t-il dit. Le représentant a souhaité que la coopération Sud-Sud s’épanouisse dans l’application de ces engagements.

Le représentant du Portugal, prenant la parole au nom de l’Union européenne et des pays associés, a rappelé l’importance des préparatifs qu’a nécessité l’organisation de la session en vue de la session extraordinaire. Le document final constitue un grand pas en avant pour promouvoir les droits fondamentaux des femmes. L’Union européenne s’est engagée à lutter contre toutes les formes de discriminations, dont celles fondées sur le sexe. Elle déplore que le document final ne fasse pas explicitement mention des droits sexuels des femmes et des questions liées à l’avortement.

La représentante du Canada a estimé que le document final représentait de nouveaux acquis par rapport à Beijing. Le Canada se joint au consensus, estimant que les engagements pris contribueront à améliorer la situation des femmes dans le monde. La représentante a cependant déploré l’absence de progrès sur la question du droit des personnes à décider de leur vie sexuelle. Le Canada se félicite par contre de ce que le document renforce les droits fondamentaux des femmes, la lutte contre la traite des femmes, et reconnaisse le rôle des nouvelles technologies de l’information, ainsi que de l’appui accru au rôle des ONG. Elle a déploré qu’il ne soit pas fait mention de l’orientation sexuelle. La discrimination fondée sur l’orientation sexuelle est une violation des droits de l’homme et considérée comme telle au Canada. Cette position a été défendue par la Commission des droits de l’homme et d’autres institutions de l’ONU. Le Canada estime que les termes du paragraphe 2 du document constituent une condamnation de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Le Canada est surpris qu’il ne soit pas non plus fait mention des mines terrestres dans ce document destiné à améliorer la protection des femmes et des enfants.

La représentante de la Nouvelle-Zélande a indiqué que son pays interdisait la discrimination fondée sur la préférence sexuelle et interprète le paragraphe 2bis du document comme incluant ce type de discrimination, en conformité avec le Pacte relatif aux droits civils et politiques.

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La représentante d’Oman a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’amélioration de la situation des femmes et a indiqué qu’Oman appliquerait les engagements pris conformément à la Charia islamique et à sa loi interne.

La représentante de la Mauritanie a demandé qu’il y ait une plus grande équité dans la traduction des documents de l’ONU, notamment en ce qui concerne les traductions en arabe et en français. Elle a rappelé la détermination de son pays à faire en sorte que soient appliquées les décisions prises au titre du document final à condition qu’elles ne soient pas contraires à la religion et à la loi de son pays.

Le représentant de l’Iraq a souligné que sa délégation avait fait preuve de la plus grande souplesse pour parvenir à un texte accepté et équilibré. L’Iraq appliquera les dispositions prises conformément aux lois en vigueur en Iraq. Toutefois, l’Iraq a des réserves en ce qui concerne les dispositions contraires à la Charia et aux traditions et valeurs arabes.

Le représentant de la Norvège a indiqué que sa délégation aurait souhaité l’inclusion dans le document de la discrimination fondée sur la préférence sexuelle, la reconnaissance des droits sexuels des femmes, le droit à des avortements dans des conditions de sécurité et la dépénalisation de l’avortement. La Norvège est aussi déçue par l’absence d’accord sur les mesures à prendre sur la question des mines terrestres qui affectent de manière disproportionnée les femmes et les filles.

Le représentant de la République islamique d’Iran s’est joint au consensus sur le texte et a appuyé l’application des mesures décidées. Il a toutefois émis des réserves quant à la notion d’égalité. L’homme et la femme sont des composantes précieuses de l’humanité, chacun présentant des caractéristiques qui se renforcent mutuellement. L’Iran interprète la notion d’égalité entre les sexes selon les valeurs islamiques. La famille en tant qu’unité centrale de la société doit se voir accorder une place centrale. De l’avis de l’Iran, une démarche plus constructive sur cette question aurait dû figurer dans le document. Le représentant a dissocié sa délégation des termes utilisés dans le paragraphe 8 et de toute disposition encourageant des rapports sexuels en dehors du cadre du mariage et de la famille en tant qu’union légitime entre un homme et une femme. En ce qui concerne l’héritage, l’Iran interprète le texte conformément à l’Islam. En outre, toute nouvelle idée ou terme ne figurant pas dans le Programme de Beijing seront interprétés selon les coutumes et les préceptes de l’Islam.

Le représentant de la Jordanie a indiqué que son pays mettrait en œuvre les dispositions du document conformément à sa constitution.

Le représentant de la République arabe syrienne s’est félicité des résultats positifs de la session extraordinaire. Il s’est joint au consensus sur le document dans la mesure où ses dispositions sont conformes aux coutumes, à la religion et aux lois syriennes. Il a souligné que son pays appliquerait les dispositions du document dans le respect la souveraineté nationale et du droit syrien, mentionnant ne particulier le paragraphe 2 du document.

(à suivre – 1K) - 1K - AG/1023 10 juin 2000

L’Observatrice du Saint-Siège a pris note des progrès accomplis au cours des derniers mois et a salué les efforts de la communauté internationale visant à améliorer la situation des femmes. Le Saint-Siège se félicite d’un grand nombre des dispositions du document. Toutefois, il est préoccupé du non-respect de la résolution 54/142 qui soulignait que l’objectif de la session extraordinaire n’était pas de renégocier les accords existants. Un grand nombre de délégations n’ont, en effet, pas du tout suivi ces directives. Le Saint-Siège se dissocie des termes nouveaux et mal définis, comme les “droits sexuels” qui pourraient être interprétés comme incluant la pédophilie. Le Saint-Siège qui a pu s’associer avec de grandes réserves au Programme d’action adopté à Beijing, maintient ces mêmes réserves. Son adhésion au consensus ne doit pas être interprétée comme une acceptation de termes allant à l’encontre des convictions qu’il défend, comme une approbation de l’avortement ou un changement de sa position sur la contraception. Le document reste marqué par une compréhension individualiste de la sexualité. Pour le Saint-Siège, la question de la santé sexuelle doit être abordée de manière holistique et viser à encourager la maturité de la personne et des relations responsables. Le Saint-Siège ne considère pas que l’avortement soit une dimension de la santé sexuelle et rejette toute reconnaissance juridique de l’avortement. Son adhésion au consensus n’implique pas de changement en ce qui concerne sa position sur les termes à la planification familiale et de la fécondité. En ce qui concerne les accords internationaux, le Saint-Siège réserve sa position conformément à l’acceptation ou non par le Saint-Siège de ces documents. Il interprète le terme “genre” ou “sexe”, comme reposant sur la définition biologique, mâle et femelle. Le Saint-Siège estime que l’éducation sexuelle est essentiellement et fondamentalement le devoir et la responsabilité des parents. En ce qui concerne l’accès des jeunes à des services de planification familiale et des services de santé, il considère que ces termes s’appliquent à des couples mariés. Le Saint-Siège maintient que rien dans le document ne doit être interprété comme impliquant que le personnel de santé ne soit obligé d’agir contrairement à ses croyances. Pour le Saint-Siège, la vie humaine commence au moment de sa conception et elle doit être protégée dès ce moment. Le Saint-Siège rejette donc l’avortement.

Le représentant de la Fédération de Russie s’est félicité de l’issue de la session extraordinaire en souhaitant l’application la plus rapide de ce document.

Fin du débat général

Mme INDIRA THACOOR SIDAYA, Ministre de la condition de la femme, du Bien-être de la famille et du développement de l’enfant de Maurice, a rappelé que son pays avait signé la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et intégré les questions de parité à sa législation nationale. De même, les mécanismes institutionnels ont été renforcés pour fournir un service et un soutien plus efficace aux femmes, a-t-elle ajouté. On note également l’existence d’un Ministère pour les femmes et d’un Bureau pour la parité établi dans le but de garantir la mise en place du Système de gestion des questions de parité. Un mécanisme consultatif connu sous le nom de Comité consultatif national sur le statut des femmes et qui comprend des ONG, des ministres, le Programme des Nations Unies pour le développement, le secteur privé, fournit un avis critique sur les politiques de parité, a expliqué la représentante. L’attribution de pleins pouvoirs économiques aux femmes est l’un des fers de lance de l’action de Maurice qui estime que sans moyen de survie, aucune femme ne peut profiter pleinement de ses droits. La maîtrise du marketing posant souvent problème aux femmes, a précisé la représentante, un Centre de marketing fournit des conseils gratuits dans ce domaine, a précisé la représentante. Maurice a introduit, en 1997, la loi sur la violence domestique qui a permis à des milliers de femmes de bénéficier d’une protection légale. Maurice offre également des opportunités et un accès à l’éducation égal pour les garçons et les filles. Toutefois, a signalé Mme Sidaya, les problèmes de l’exploitation sexuelle qui affectent surtout les filles ont retenu notre attention. L’accès des femmes à l’information et à la technologie a été amélioré. En ce qui concerne la participation politique des femmes, malgré des progrès depuis 1995, celle-ci reste globalement faible. La représentante a expliqué que des programmes de formation à la direction étaient conduits pour encourager les femmes à prendre confiance en elles. Défendre la parité ne va pas sans difficultés, a-t-elle estimé. En plus du manque de ressources, des problèmes de manque de qualifications pour l’analyse des questions de parité comme le manque de données, de recherches et parfois d’intérêts ont ralenti les actions entreprises.

Mme NANA AICHA FOUMAKOYE, Ministre du développement social, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant du Niger, a déclaré que son pays s’est résolument engagé à mettre en œuvre les 12 objectifs critiques de Beijing, notamment en adoptant une Politique nationale de promotion de la femme en 1996. En outre, un Comité national chargé du suivi de la mise en œuvre des recommandations de Beijing a été mis en place. La politique nigérienne de promotion de la femme n’est pas du seul ressort de l’action gouvernementale mais suscite aussi l’intérêt de tous les partenaires, publics comme privés. Plusieurs associations et organisations non gouvernementales ont d’ailleurs été créées au Niger. Au plan juridique, la Constitution de la Ve République assure à tous l’égalité devant la loi sans distinction de sexe, d’origine sociale, raciale, ethnique ou religieuse. Cependant, les femmes nigériennes subissent encore les effets persistants de pesanteurs sociales dues essentiellement au poids de la tradition et à une mauvaise interprétation de certains préceptes de l’Islam, la principale religion du pays. Face à ces phénomènes, les autorités de la Ve République ont adopté plusieurs textes devant permettre l’amélioration du statut de la femme.

La représentante a regretté que la grande majorité des Nigériens pauvres et très pauvres soit composée de femmes. Elle a également évoqué le problème de l’analphabétisme, qui touche 80% de la population, dont 91% de femmes. Pour y faire face, le Gouvernement a opté pour l’alphabétisation fonctionnelle, une approche qui relie l’alphabétisation à des activités génératrices de revenus. La violence à l’égard des femmes et des fillettes est également source de préoccupation. C’est pourquoi un vaste élan national s’est créé pour l’éradication de toute forme d’atteinte à l’intégrité physique et morale de la femme. Les associations religieuses ainsi que l’Association nationale des chefs traditionnels se sont mobilisées pour lutter contre la sous-éducation et les violences qui touchent les femmes et les fillettes. Quant au problème de la sous-représentation des femmes dans les instances de décision et dans l’administration, il a suscité l’adoption d’une loi instituant un système de quota au profit des femmes, selon laquelle chaque liste électorale doit comporter au moins 24% de femmes et 10% des postes acquis doivent revenir à des femmes. De plus, 25% des postes aux niveaux gouvernemental, administratif et des autres instances supérieures non électives doivent être “acquis aux femmes”. La représentante a conclu en se demandant comment son pays pourrait faire de l’accès universel aux services sociaux de base et de l’égalité entre les sexes une “réalité vivante” si les pays pauvres lourdement endettés comme le sien ne bénéficient pas de conditions plus souples d’allégement de leur dette extérieure.

Mme KHOFIFAH INDAR PARAWANSA, Ministre d’Etat à l’émancipation de la femme de l’Indonésie, a indiqué que l’Assemblée populaire indonésienne a adopté en 1999 de nouvelles directives en matière de politique nationale, entre autres, l’égalité des sexes au centre des priorités. En outre, le Ministère chargé de la question des femmes a récemment mis en place et procédé à la restructuration interne qui a permis de déterminer la mission dont le ministère doit s’acquitter. Le Ministère prend actuellement une série de mesures visant à appuyer d’autres départements et institutions nationales à élaborer des politiques et programmes visant à réduire les disparités entre les sexes dans le cadre de leur mandat respectif. L’intégration de stratégies en faveur des femmes pour réaliser les objectifs nationaux de développement en matière d’égalité des sexes. En vue de réaffirmer les rôles et les responsabilités communes pour l’intégration des femmes, le Gouvernement prend actuellement un certain nombre de mesures législatives et institutionnelles. Pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes, l’Indonésie a établi un partenariat avec les organisations non gouvernementales. En février dernier, il a signé le Protocole facultatif à la Convention sur toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Des réformes législatives sont en cours pour éliminer les lois discriminatoires. La Ministre a fait observer que la récente crise financière qui a frappé l’Asie a eu un impact négatif sur la situation des femmes. La crise a également contribué à l’augmentation du taux de mortalité et a eu des incidences négatives sur la pauvreté. Pour répondre à ces nouveaux défis, l’Indonésie a mis en œuvre des programmes appropriés. Elle a dénoncé les mariages précoces qui sont fréquents dans de nombreuses régions du pays et exposent les fillettes à des risques importants en matière de santé. Il est donc indispensable de lutter de manière vigoureuse contre ce problème. Soucieux de protéger les enfants contre l’exploitation, le Gouvernement indonésien a adhéré à la Convention 182 de l’OIT contre toutes les formes du travail des enfants.

Mme SHIRLEY Y. GBUJAMA, Ministre du bien-être social et des affaires des enfants de la Sierra Leone, a rappelé que son pays s’est engagé à mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing et qu’à cet effet il a créé en 1996 le Ministère dont elle a la charge. Ce Ministère a pour mandat de veiller à une distribution équitable des ressources publiques, de coordonner et de développer des stratégies permettant de cimenter les relations entre le Gouvernement, les institutions privées et les institutions internationales. Outre certains organes comme l’Unité de recherche sur la femme et le Centre de recherche et de documentation sur les sexospécificités, les femmes elles-mêmes ont mis en place des structures non gouvernementales afin de faciliter la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. La Ministre a plus particulièrement évoqué la situation des femmes et des fillettes qui, au cours de la guerre qu’a connue le pays, ont été prises en otages, violées et utilisées comme des esclaves sexuelles.

Malgré cela, les femmes ont participé au processus de règlement des différends par la médiation, le dialogue, l’arbitrage et la réconciliation. L’une des contributions majeures des femmes à la consolidation de la paix depuis l’Accord de Lomé s’est concrétisée par leur participation massive à une marche de protestation contre la détention illégale de 500 Casques bleus. Deux jours plus tard, elles ont manifesté en faveur de la paix. Cette initiative s’est soldée par la mort de 21 personnes tuées de la main des rebelles. Abordant plus particulièrement la question des petites filles, la Ministre a reconnu que les pratiques traditionnelles continuent de poser de sérieux obstacles à la promotion de leurs droits. L’augmentation du nombre de fillettes mères à la suite de viols et des prises d’otage par les rebelles constitue un problème nouveau. Nombreuses sont ces filles à avoir ainsi eu un enfant. Nous avons fait bon usage de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et de la Convention relative aux droits des enfants pour condamner les atrocités, violences et amputations commises à leur égard. Les organisations non gouvernementales de femmes et le Ministère du bien-être social travaillent ensemble à la mise en place d’un centre pour les femmes victimes de violence.

La Ministre a rendu hommage aux organisations non gouvernementales, aux gouvernements et aux institutions spécialisées du système des Nations Unies pour l’aide importante qu’ils ont fournie dans la mise en œuvre du Programme d’action. Elle a rappelé que des milliers d’enfants et de femmes sont toujours entre les mains des rebelles. Pour nous aider à remplir nos engagements, nous demandons à la communauté internationale de prendre une action à l’encontre de ceux qui ont contribué directement ou indirectement à alimenter le conflit en Sierra Leone; d’intervenir à l’encontre du trafic illégal de diamants dont la vente a permis de financer le conflit; de soutenir les efforts visant le renforcement des mécanismes gouvernementaux pour parvenir à une meilleure coordination des questions féminines; de fournir une aide à la nation la plus pauvre parmi les pauvres afin d’accorder une pension aux veuves de guerre et aux nombreuses femmes qui sont à la tête de leur foyer et de fournir des ressources permettant de mettre en place des réseaux de communication accessibles aux femmes des zones rurales en particulier.

Mme RACHEL DEA, Ministre des affaires sociales, de la promotion de la famille et des personnes handicapées de la République centrafricaine, a observé que c’est dans un contexte sociopolitique marqué par trois mutineries d’une partie de l’armée en 1996/7, des difficultés de signature d’accord avec les institutions de Bretton Woods et une généralisation de la pauvreté que le Programme d’action a été mis en œuvre en République centraficaine. Toutefois, depuis Beijing, on observe une prise de conscience accrue des femmes centraficaines en ce qui concerne leur statut et leur apport considérable dans la lutte contre la pauvreté qui s’est traduite par la création de plus de 200 ONG. Ces ONG sont confrontées à des énormes difficultés de financement auxquelles le Gouvernement ne peut répondre compte tenu de ses propres difficultés de trésorerie. Face à cette situation, la Ministre a demandé aux partenaires de développement de son pays et plus particulièrement aux ONG féminines des pays du Nord de prêter main forte à leurs sœurs centrafricaines, car il s’avère partout dans le monde que les femmes sont les acteurs et les promoteurs d’un développement humain durable.

Détaillant la situation des femmes dans son pays, elle a reconnu que l’accès des femmes aux postes de prises de décision est encore faible, malgré une nette progression dans la sphère politique nationale. Sur la question de la paix, la Ministre a attiré l’attention sur l’implication des femmes, à travers leurs structures associatives, dans le règlement des conflits nés des mutineries. Sur le plan, la Ministre a souligné que les femmes de son pays sont quotidiennement victimes de pratiques traditionnelles néfastes à leur santé, les mutilations génitales féminines touchant 43% des femmes. Un Comité de lutte contre ces pratiques, mis en place en 1996, mène des actions dans les zones à forte prévalence, mais celui-ci est limité dans ses activités par un manque de moyens.

En matière d’éducation, la Ministre a regretté que le système éducatif reproduise les stéréotypes discriminatoires, manque d’infrastructures et de personnel enseignant qualifié, ce qui a de lourdes conséquences pour les filles. Le taux net de scolarisation est de 42% pour l’ensemble du pays, soit 51% pour les garçons et 27% pour les filles. La Ministre a insisté sur le fait que les efforts de son Gouvernement ont souffert de la conjoncture économique et des troubles sociopolitiques qui ont ébranlé le tissu socioéconomique du pays. Au vu de cette situation, elle a estimé que la poursuite effective de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing dépend du soutien inconditionnel de la communauté internationale. Elle a donc lancé un appel pressant pour que des mesures concrètes soient prises pour soutenir les efforts de son pays.

Mme LUISA MARIA CUCULIZA TORRE, Ministre de la promotion de la femme et du développement humain du Pérou, a déclaré que son Ministère intègre les perspectives sexospécifiques aux priorités nationales par l’intermédiaire d’un Plan national de l’égalité des chances pour les hommes et les femmes au cours de la période 2000-2005. Elle a rappelé que les attentats terroristes connus par la population péruvienne par le passé ont fait de nombreuses victimes parmi les femmes. Elle a cité plusieurs mesures législatives favorables à l’avancement des femmes, et notamment dans le domaine du droit du travail, en pénalisant les entreprises dont les procédures de recrutement sont discriminatoires à l’égard des femmes. Les femmes ont également été encouragées à entreprendre leurs propres activités économiques. Des lois instituant des quotas dans le domaine politique ont été adoptées afin d’accroître la participation des femmes à la vie politique. Quant à la violence domestique, elle est combattue par une législation sur la violence familiale adoptée en 1997. La représentante a indiqué que le Gouvernement lutte également pour protéger l’accès à l’éducation et aux soins de santé des femmes péruviennes.

Mme JULIENNE NGO SOM, Ministre des affaires féminines du Cameroun, a rappelé que les femmes camerounaises participent activement aux activités en particulier dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de l’environnement et du commerce. En 1998, une déclaration en faveur d’une stratégie nationale a été rendue publique, en établissant un plan d’action spécifique pour lutter contre la pauvreté des femmes. En outre, une étude nationale axée sur l’approche participative a été menée. Elle avait pour objectif de déterminer les causes principales de la pauvreté au Cameroun, en insistant davantage sur la situation des femmes. Le Gouvernement camerounais a augmenté et renforcé les institutions techniques chargées de la promotion des femmes dans les secteurs socioéconomiques. En conséquence, les femmes participent plus activement à des activités génératrices de revenus. Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, le Cameroun a mis au point des politiques et stratégies visant à sensibiliser à la nécessité de s’attaquer aux problèmes de santé des femmes. Les questions liées à l’égalité des sexes sont prises en compte dans l’élaboration des politiques et programmes nationaux, notamment en matière de prévention du VIH/sida et en matière de santé génésique.

La démocratisation de la vie publique a attiré un grand nombre de femmes prêtes à jouer un rôle politique. De nombreuses femmes sont membres de partis politiques. Au sein du parti majoritaire, elles occupent 23% des postes à responsabilité. Le Gouvernement camerounais a montré son engagement en faveur des femmes en créant des institutions administratives et techniques efficaces à tous les niveaux du pays. Outre ce cadre institutionnel, il existe tout un réseau d’organisations et associations de défense des droits des femmes. Des efforts considérables ont été déployés pour intégrer les questions des femmes dans les secteurs importants de développement tels que l’agriculture, la santé, l’éducation et l’environnement. Ayant ratifié la Convention sur toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Cameroun a formulé des politiques pertinentes pour promouvoir les droits des femmes. A cet égard, un Comité national a été mis en place pour réviser les lois discriminatoires. En dépit de certains progrès, le Gouvernement du Cameroun s’est heurté à d’importants obstacles liés en particulier au problème de la dette.

Mme NEZHA CHEKROUNI, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre du développement social, de la solidarité de l’emploi et de la formation professionnelle, chargée des handicapés du Maroc, a rappelé que la Constitution de son pays consacre l’égalité des deux sexes en ce qui concerne les droits et obligations. Cette Constitution s’est trouvée renforcée par une révision qui a ancré l’Etat de droit en incorporant dans son préambule l’engagement du Maroc à respecter les droits de l’homme tels qu’ils sont universellement reconnus. Considérant que les droits de l’homme font partie des droits humains, le Maroc a effectué des réformes et des amendements législatifs qui ont eu des incidences sur le Code du Statut personnel et les Codes civils, pénal, du commerce, de la fonction publique et du travail. La volonté politique des autorités marocaines s’est manifestée par la participation des femmes aux processus de prise de décisions. Sa Majesté feu le Roi Hassan II a nommé pour la première fois dans l’histoire du Maroc des femmes ministres au Gouvernement le 13 août 1997, au Gouvernement actuel et au sein du Conseil consultatif des droits de l’homme, du Conseil constitutionnel et des institutions judiciaires.

Le Roi Mohammed VI de son côté a mis l’accent dans son premier discours sur la promotion de la femme dans les domaines juridique, social, économique et politique. Ainsi, a expliqué la Ministre, le Roi a insisté sur l’émancipation de la femme et du rôle qui lui revient au sein d’un projet social moderniste puisant dans les valeurs de la religion islamiste. Le Souverain a également mis en exergue le fait que la réussite de tout projet de développement demeure tributaire de la reconnaissance totale de la citoyenneté de la femme. C’est dans cette optique que le Roi a nommé pour la première fois une femme en tant que Conseiller. L’intégration active de la femme rurale et la lutte contre sa marginalisation ont constitué un thème de la deuxième campagne nationale de solidarité contre la pauvreté. La Ministre a également évoqué la création de la Fondation Mohammed V de solidarité qui octroie entre autres des microcrédits aux femmes au chômage. Convaincu que les mécanismes de toutes conventions resteront sans effet si le respect des droits de la femme ne devient pas une culture commune, le Maroc a intégré l’enseignement des droits de l’homme dans les programmes d’éducation et de formation. Il a créé des chaires des droits de l’homme et de culture de la paix dans ses universités.

La Ministre a indiqué que la promotion de la femme occupe une place de choix dans les priorités du Plan quinquennal du développement économique et social pour 1999-2003 qui insiste sur la création de conditions permettant de traduire la présence participative et active des femmes. Par ailleurs, le Gouvernement a organisé des campagnes d’information et de sensibilisation à la violence à l’égard des femmes. Afin de relever le taux de scolarisation des filles, le Maroc a augmenté le budget consacré à l’éducation. Le Parlement a adopté des lois visant l’application de dispositions législatives visant l’application de la Charte nationale pour l’éducation et la formation qui prévoit entre autres l’enseignement obligatoire entre 6 et 15 ans. La Ministre a également évoqué les progrès réalisés dans le domaine de la santé et la participation de plus en plus active de la société civile. De façon plus générale, elle a convenu que la persistance de certaines traditions et de coutumes négatives, le phénomène de mondialisation, l’avènement des nouvelles technologies et l’interférence des cultures ont un impact considérable sur la femme.

M. ALBERTO PAULINO, Ministre de la justice et des affaires parlementaires et Vice-Ministre, Bureau du Premier Ministre de Sao-Tomé-et-Principe, a indiqué que, bien que la Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes n'ait été ratifiée qu'en 1999 par son pays, son esprit et ses principes ont toujours été intégrés dans la Constitution et pris en compte dans les programmes gouvernementaux. Il a ajouté que les femmes du pays participent de plus en plus activement à la conception et à la mise en œuvre de solutions qui leur permettent d'intervenir dans le développement national, notamment au niveau de l'agriculture, de l'élevage, du commerce et de l'artisanat. Elle a cependant indiqué que la société saotoméenne demeure marquée par de grandes inégalités basées sur le genre, notamment en raison des mentalités. Sur le plan institutionnel, elle a fait mention de la création d'une Direction générale de la promotion de la femme et de la famille, ainsi que de la formulation, en coopération avec la société civile, d'une plate-forme d'action nationale. Elle a notamment cité la mise en œuvre de projets tendant à améliorer la situation des femmes en milieu rural ou urbain, notamment le programme de lutte contre la pauvreté. Des centres professionnels ont également été créés afin d'introduire dans les communautés rurales les technologies appropriées pour faciliter la vie des habitants, notamment celles des femmes. Elle a ajouté que les femmes ont la possibilité d'effectuer des formations techniques, supérieures et autres leur facilitant l'accès au marché du travail. Elle a indiqué que 40% des postes de fonctionnaires sont occupés par des femmes, en particulier dans les domaines de la santé et de l'éducation.

Dans le domaine de la santé, le Gouvernement a mis en œuvre des programmes dont l'impact retombe essentiellement sur les femmes et les enfants, tels que les programmes de santé reproductive, la lutte contre le sida et les autres maladies sexuellement transmissibles, et la lutte contre le paludisme. Elle a indiqué que de nombreuses associations et ONG de promotion de la femme ont vu le jour et se sont regroupées dans une fédération dénommée "Forum de la femme saotoméenne", permettant ainsi une meilleure organisation et plus d'efficacité. Elle a conclut en rappelant, qu'en tant qu'archipel composé de 2 petites îles, classée parmi les pays les moins avancés (PMA), Sao-Tomé-et-Principe est confrontée à une très difficile situation économique.

Mme FATIME KIMTO, Ministre de l’action sociale et de la famille du Tchad, a déclaré que, dès son accession à la magistrature suprême en 1990, le Président Idriss Deby a tout mis en œuvre pour que le Tchad redevienne un Etat de droit, notamment en œuvrant pour l’adoption d’une constitution consacrant le principe de l’égalité des sexes. Regrettant que persiste encore “certaine forme d’opposition armée” dans son pays, la représentante a déclaré que cette “absence de paix” handicape sérieusement les conditions de vie des populations et les maintient dans une extrême pauvreté. Les femmes, qui constituent 52% de la population, sont les principales victimes de cette situation. A la pauvreté, s’ajoutent l’ignorance, l’analphabétisme et le faible taux de scolarisation des filles.

Le Gouvernement du Tchad a mis en place un Programme d’action national multisectoriel et a adopté une politique nationale d’intégration de la femme et du développement promulguée par une loi qui vise la valorisation du statut juridique de la femme et sa promotion économique. Dans le cadre de ce programme, le Gouvernement a notamment créé une cellule technique de Promotion de la scolarisation des filles. Il a également mis en place un important projet pilote de réduction de la pauvreté et d’action en faveur des femmes. Pour développer l’éducation et la formation des femmes et favoriser leur accès au pouvoir économique, un fonds national de solidarité a été mis en place. La société civile a été étroitement associée à la résolution des conflits.

Mme ANA ELISA OSORIO GRANADO, Vice-Ministre de la santé du Venezuela, réaffirmant que la Constitution garantit la protection des familles, la paternité et la maternité, indiquant que le Gouvernement vénézuélien a créé un Institut national de la femme chargé de la défense des femmes. Les dispositions constitutionnelles reconnaissent des droits égaux aux filles et aux garçons. Par une loi sur la protection des enfants et des adolescents, le Venezuela encourage l’information et l’éducation en matière de sexualité et de santé génésique afin qu’ils soient en mesure d’avoir une paternité et une maternité responsables. D’autres mesures ont été prises pour garantir une meilleure santé à la mère, notamment le programme national de santé génésique et reproductive qui prévoit la mise en place de commissions nationales de prévention et de promotion de l’allaitement maternel. Une des priorités du Gouvernement est la prévention des grossesses des adolescentes, situation qui constitue un véritable problème de santé publique. On compte 20% de mères de moins de 19 ans. Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a élaboré en 1999 un Plan national pour la prévention des grossesses précoces. Le Président Hugo Chavez a placé au centre de ses priorités la santé et l’éducation pour lutter contre l’impact négatif de la mondialisation qui affecte en particulier les femmes. Le Venezuela a établi une nouvelle forme de gestion dans le secteur de la santé axée sur la prévention. Par ailleurs, pour faire face à la violence à l’égard des femmes, le Gouvernement vénézuélien a promulgué une loi qui réprime toutes les formes de violence et institue des mécanismes d’assistance aux victimes.

Soucieux de s’acquitter de son engagement en faveur de la réduction de la pauvreté, le Venezuela a lancé un plan pour l’emploi des femmes, le renforcement de leurs capacités pour créer et diriger de petites entreprises, ainsi qu’une alliance avec la Banque populaire pour le développement en vue d’encourager les microcrédits aux femmes.

Mme ISABELLE MACHIK RUTH TSHOMBE, Vice-Ministre des affaires sociales et de la famille de la République démocratique du Congo, a indiqué que la Conférence régionale africaine d’Addis-Abeba en septembre 1999 a déjà donné l’occasion d’évaluer la mise en œuvre des programmes d’action de Dakar et de Beijing. Elle a également permis de définir les priorités suivantes dans le programme triennal pour 1997-2000: la promotion économique de la femme, la promotion juridique et culturelle de la femme par l’information sur ses droits, l’amélioration de la situation nutritionnelle des femmes et des enfants par le développement de programmes de soins de santé primaires et par l’allégement des travaux journaliers des femmes, la fourniture d’une aide technique, matérielle et financière des femmes dans les milieux ruraux. La Vice-Ministre a rappelé que son pays a mis en place un Conseil national et des Conseils provinciaux de la femme pour servir d’organes de consultations, un mécanisme national de concertation de suivi et de concertation et d’évaluation des politiques relatives à la promotion de l’égalité des sexes ainsi qu’à la mise en conformité des textes législatifs nationaux avec les instruments internationaux ratifiés.

Il reste cependant un travail important à accomplir eu égard à la conjoncture économique difficile aggravée par la guerre. Les efforts déployés par son Gouvernement pour la mise en application des divers programmes pour les femmes n’évoluent pas de manière souhaitée, a souligné la Ministre. Elle a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle accroisse son aide financière aux pays en développement afin de créer les conditions nécessaires pour que les hommes et les femmes puissent s’impliquer davantage dans la promotion de l’égalité des chances. Il ne saurait avoir ni d’égalité ni de développement sans paix et justice, a ajouté la Vice-Ministre qui a évoqué l’agression dont est victime son pays du fait de la coalition des forces armées du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. Elle a également dénoncé le silence singulier de certains face aux graves violations des droits de l’homme à l’encontre des femmes et des enfants et notamment l’absence de condamnations explicites au sujet de la mort barbare infligée à 15 congolaises enterrées vivantes. Y aurait-il un chiffre fétiche à atteindre avant que de telles atrocités soient considérées comme des violations flagrantes des droits de l’homme ? a-t-elle demandé. Nous avons toujours reconnu l’apport précieux des femmes dans la promotion des idéaux de paix et nous estimons nécessaire d’intégrer les femmes dans les mécanismes de prévention et de règlement des conflits. Nous estimons également nécessaire de renforcer leur participation dans les opérations de maintien de la paix afin qu’elles puissent mettre à la disposition de l’humanité leur capacité de créer le consensus de résolution des conflits et de construction de la paix. La paix est une condition sine qua none pour l’application du Programme d’action de Beijing, a souligné la Vice-Ministre.

Mme SHAIKHA HIND BINT SULMAN AL-KHALIFA, Sous-Secrétaire et Assistante au Ministère du travail et des affaires sociales de Bahreïn, a déclaré qu’on ne parviendra à mettre en place des conditions de développement durable qu’en améliorant le statut économique et social des femmes. Il faut reconnaître que les problèmes des femmes ont une répercussion sur le reste de la société. Cinq ans après la Conférence de Beijing, l’avancement des femmes est confronté aux nouveaux phénomènes que sont la mondialisation, la libéralisation des échanges et l’apparition des nouvelles technologies.

La Représentante a jugé urgent que les gouvernements, les organisations non gouvernementales et la société civile dans son ensemble unissent leurs efforts pour former les nouvelles générations et les préparent à affronter ces phénomènes sans pour autant renoncer à leur héritage culturel. Elle a souligné l’engagement de Bahreïn en faveur de l’amélioration de la situation socioéconomique des femmes.

Mme RASHIDA ALI AL-HAMADANI, Présidente du Comité national des femmes du Yémen, a rappelé que les questions concernant les femmes ont beaucoup plus d’importance au Yémen depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing. Le Gouvernement yéménite a pris une série de mesures concrètes à cet égard. Les femmes peuvent briguer des postes importants dans les services publics et participer activement à la vie politique du pays, tant en qualité d’électrices que de candidates. Le Yémen compte notamment une femme ambassadeur en poste aux Pays-Bas. Les femmes sont représentées aujourd’hui dans tous les secteurs. Le Gouvernement a redoublé d’efforts pour atténuer les conséquences négatives de la pauvreté sur la situation des femmes. Des mesures sont prises, avec la coopération de l’UNICEF, en vue d’encourager la scolarisation des fillettes. Le Gouvernement entend garantir une formation aux femmes qui leur permette de mieux répondre aux exigences du marché du travail. En dépit des progrès accomplis, le pays se heurte encore à de nombreux obstacles. Les infrastructures existantes ne permettent pas de garantir une promotion efficace des filles et des femmes. Grâce à l’assistance des Nations Unies et des institutions spécialisées, ainsi que des Pays-Bas, le Gouvernement du Yémen œuvre à une amélioration de leur situation.

Mme DENNIE WILSON, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, a insisté plus sur la féminisation de la pauvreté des femmes, notamment des zones rurales en raison du déclin de l’industrie de banane causé, entre autres, par les dispositions prises par l’Organisation mondiale du commerce. Notre Gouvernement s’est alors employé à faciliter l’octroi de microcrédits aux femmes en plus d’allocations publiques et d’une aide à l’emploi en collaboration avec le secteur privé. Nous sommes encouragés par les nouvelles politiques du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale en faveur de la réduction de la pauvreté. Pour notre part, nous avons introduit la perspective sexospécifique dans les programmes de réduction de la pauvreté. Pour ce qui est de la violence à l’encontre des femmes, la Représentante a indiqué que son Gouvernement a adopté une législation permettant de traiter de cette question. Cette tendance a trouvé une continuité dans l’adoption du modèle législatif de la CARICOM. Nous avons été les premiers dans les Caraïbes à établir une Cour de justice pour la famille. Notre pays s’est joint à 16 autres pour mettre en œuvre des ateliers de formation visant les interventions dans les situations de violence sexuelle. Nous avons également reconnu le rôle des femmes dans le développement du pays et nous cherchons à créer un environnement favorable visant à favoriser la participation des femmes au Parlement. Dans le domaine de l’éducation, le Gouvernement s’efforce d’éliminer les stéréotypes dans les manuels scolaires, de lancer des programmes de formation touchant des stratégies d’enseignement qui reposent sur l’égalité entre les sexes.

Mme JANICK BRU, Directrice générale, Ministère des affaires sociales et du perfectionnement de la main-d'œuvre des Seychelles, a indiqué que les Seychelles ont mené, en matière de promotion de la femme, une politique quelque peu différente de la majorité des Etats. Elle a notamment cité l'établissement, il y a plus de dix ans, du Comité national de pilotage de la parité, qui est composé de représentants du Gouvernement, du secteur privé et des ONG et qui assure que les besoins des deux sexes sont pris en compte dans la formulation des politiques nationales. Il a ajouté que la Charte constitutionnelle des droits de l'homme et les libertés fondamentales s'applique à tous les citoyens, sans discrimination, notamment sur le sexe. Des lois spécifiques assurent également aux femmes le droit de transmettre leur nationalité à leur enfant même si le père est de nationalité étrangère, le droit à la propriété et le droit de demander une pension alimentaire. Les Seychelles reconnaissent que l'éducation joue un rôle primordial dans l'autonomisation de la femme. Elles assurent notamment l'école gratuite et obligatoire pendant dix ans aussi bien aux garçons qu'aux fillettes. Des campagnes ont été lancées pour lutter contre les stéréotypes qui se posent en obstacles à la participation égale des femmes sur le marché du travail. Elle a ajouté que le Gouvernement a pris des mesures pour fournir des services de santé gratuits et améliorer les soins prénataux.

La Représentante a ajouté que les femmes seychelloises sont d’ores et déjà impliquées dans le processus de décision national et sont actives autant politiquement que sur le marché du travail. Elle a cependant exprimé ses préoccupations quant à la persistance de stéréotypes et au niveau plus bas des salaires des femmes pour le même travail. Elle a expliqué qu'une attention particulière a été accordée à la violence domestique à l'égard des femmes, et a notamment fait mention de la création du Tribunal national de la famille. Elle a ajouté qu'afin de mettre en œuvre de manière efficiente le processus de promotion de la femme, il conviendrait que les hommes apportent leur soutien actif et ne donnent pas seulement leur accord tacite. Enfin, elle a souligné l'importance d'appréhender la question de la sexospécificité non pas comme une question isolée au plan national mais en l'intégrant dans la globalité des questions relatives aux droits de l'homme.

Mme ROSELYN TOR, Directrice des affaires féminines de Vanuatu, a déclaré que la première action de son pays après Beijing avait été de traduire le Programme d’action dans les langues locales et d’établir des priorités dans son application en tenant compte des besoins et des ressources du pays. Bien que la clé du développement soit l’éducation, elle a expliqué qu’à cause du manque de ressources humaines et financières, l’éducation n’est ni gratuite ni obligatoire dans son pays qui est avant-dernier sur la liste des pays les moins avancés. Face à la pauvreté et dans le but d’assurer l’émancipation économique des femmes, le Gouvernement a lancé un programme de microcrédit en 1996. Les demandes de financement sont malheureusement trop nombreuses par rapport aux ressources disponibles, a-t-elle observé.

Mme Tor a indiqué qu’en résultat des efforts du Gouvernement et des ONG, les taux de mortalité maternelle et infantile ont baissé et que l’espérance de vie s’est allongée. Si le pays n’est pas touché par le VIH/sida, des investissements humains et financiers considérables sont néanmoins nécessaires pour venir à bout des maladies comme le paludisme. Faisant état d’un projet de loi de 1998 sur la protection de la famille, qui prévoit des mesures pour lutter contre la violence domestique, elle s’est demandée si le Parlement composé uniquement d’hommes, adopterait le texte lorsqu’il sera présenté en août prochain. Elle a présenté les progrès de son pays dans la participation des femmes à la vie politique, mais a pourtant indiqué qu’aucune femme ne siège au Parlement, ou membre du Gouvernement. Si la Constitution prévoit l’égalité entre les sexes, il n’en va pas toujours de même dans les faits et des recommandations ont été faites au Gouvernement afin de réviser les lois qui comportent des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes.

M. RAVAN FARHADI, Afghanistan, a déclaré que la guerre imposée au peuple afghan par son voisin du sud a eu un impact tragique sur les populations civiles, en particulier sur les femmes et les enfants. Il a dénoncé la situation des femmes dans la partie du territoire afghan occupée par des mercenaires appelés “Taliban”, recrutés et envoyés en Afghanistan par le service secret d’espionnage du Pakistan, connu sous le nom d’ISI.

Depuis l’avènement des Taliban et de leurs alliés extrémistes et obscurantistes dans les territoires afghans, les femmes qui y vivent sont privées de leur droit au travail. Une pauvreté de plus en plus profonde sévit dans un nombre croissant de familles urbaines, et surtout à Kaboul où, depuis septembre 1996, plus de 40 000 veuves ont perdu leur travail alors qu’elles faisaient vivre leur famille. Sous l’occupation des mercenaires extrémistes taliban, des violences font rage à l’encontre des femmes. Par le biais du Ministère de la promotion du vice et de la promotion de la vertu, des politiques promulguées par édit imposent de façon systématique et courante des mesures discriminatoires aux femmes et aux jeunes filles des zones qu’ils occupent. D’après de nombreux témoignages, les femmes continuent de subir des châtiments cruels, dégradants et inhumains, y compris en étant battues dans des lieux publics par des gardes des Taliban.

L’interdiction pour les femmes et les fillettes afghanes de recevoir une éducation, qui s’est accompagnée de la fermeture de dizaines d’écoles, alors que l’éducation des filles avait commencé en Afghanistan dès le début du siècle dernier. Par ailleurs, les familles afghanes ont été séparées au cours des déplacements forcés et des jeunes filles ont été victimes de “mariages forcés” tandis que d’autres femmes étaient séparées des hommes de leur famille.

Le représentant s’est dit fermement convaincu que la crise actuelle en Afghanistan imposée à des fins hégémoniques par le Pakistan devrait être condamnée par la communauté internationale.

Mme LIDIJA TOPIC, Bosnie-Herzégovine, a rappelé que l’Accord de paix de Dayton a été conclu quelques mois après l’adoption du Programme d’action de Beijing. Comme c’est fréquemment le cas, a regretté la représentante, aucune femme ne siégeait à la table des négociations. Pourtant, a-t-elle expliqué, ce sont les femmes qui ont nourri leur famille quand il n’y avait pas de nourriture. Ce sont les femmes qui ont quitté leurs abris souterrains pour faire vacciner leurs enfants. Ce sont encore les femmes qui ont fourni une éducation à leurs enfants quand ils ne pouvaient pas aller à l’école. Les femmes de Srebrenica recherchent toujours près de 10 000 pères, frères, époux et autres membres de leur famille. Les femmes sont les vrais héros de notre société qu’elles soient musulmanes, orthodoxes, catholiques, juives ou autres. Plus jamais nous ne devrons permettre que le viol comme arme de guerre reste impuni. La Représentante a rappelé que le Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie a fait du viol un crime contre l’humanité et que les statuts de la Cour pénale internationale ont fait de l’abus physique à l’encontre des femmes un crime contre l’humanité. Elle a indiqué que le Conseil de l’Europe en coopération avec le Haut Commissariat aux droits de l’homme, a organisé dans le pays une Conférence sur la traite des êtres humains. Nous, gouvernements, devons, en priorité, identifier les victimes de cette forme d’exploitation afin de leur venir en aide et poursuivre les trafiquants plutôt que les victimes. Nous devons également nous engager à comprendre les causes d’un tel phénomène qui puise ses racines dans la pauvreté et le bouleversement des normes sociales. Nous soutenons à cet égard le travail mené par le Comité had hoc visant l’élaboration de deux protocoles à la Convention sur toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Mme MARY NOTE, Îles Marshall, a déclaré qu’à l’aube du XXIe siècle, son petit pays insulaire, comme les autres pays en développement, est confronté aux lacunes des infrastructures institutionnelles et économiques. La représentation inéquitable des femmes dans le Gouvernement, les faibles opportunités pour les femmes en matière d’emploi, l’alcoolisme, la désintégration de la famille et la détérioration des traditions figurent parmi les défis auxquels le pays fait face aujourd’hui. Les Îles Marshall reconnaissent le rôle important des femmes en tant que partie intégrante de l’ensemble du développement du pays. La participation active et égale des femmes au développement national n’a jamais été étrangère au peuple et au Gouvernement des Îles Marshall. Toutefois, les programmes mis en place pour offrir aux femmes davantage d’opportunités en matière d’éducation, une plus grande participation au processus politique et de croissance économique ainsi que la sensibilisation culturelle sont encore très limités et inappropriés. En outre, le Gouvernement reconnaît que la participation plus active des femmes dans la vie économique, politique et sociale du pays est essentielle et profitable à la nation tout entière.

La Constitution des Îles Marshall proclame que les femmes et les hommes sont égaux devant la loi. Ils peuvent exercer leur droit de vote et participer à la vie politique et publique. Les femmes occupent désormais plus de postes politiques tant au niveau national qu’au niveau local, et assument des fonctions de direction dans le secteur privé. Le Gouvernement a pris des mesures importantes visant à intégrer les questions liées aux femmes dans les politiques nationales et à renforcer leur formation en vue de leur offrir de meilleures opportunités sur le marché du travail. A cet égard, il organise une conférence nationale qui se tiendra en septembre 2000 pour réexaminer la politique nationale en faveur des femmes.

Mme PALANITINA TOELUPE, Sous-Secrétaire du Ministère des affaires féminines du Samoa, a dit que son Gouvernement de Samoa pense que c’est dans le contexte de la culture et des traditions du pays que les droits de l’homme et les libertés sont les mieux nourris. La Constitution du Samoa, inspirée par les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, constitue un engagement fort envers ce texte, et notamment envers le principe de l’égalité d’opportunités au profit des citoyens, quel que soit leur sexe. Dans sa Déclaration de stratégie économique 2000-2001, notre Gouvernement a mis en relief sa vision d’un partenariat pour une société prospère, qui reconnaît les femmes comme partenaires égales des hommes dans tous les domaines. La création du Ministère des affaires féminines par un acte du Parlement en 1990 démontre la haute considération que le Gouvernement du Samoa porte aux femmes et à leur contribution au développement des Samoa sur les plans économique, social, politique et spirituel. Notre pays est l’un des rares au monde à célébrer une journée nationale de la femme, qui a lieu chaque année le lundi suivant le dimanche de la Fête des mères, a dit la Secrétaire d’Etat.

Une stratégie de politique nationale en faveur des femmes du Samoa, qui couvre la période 2000-2004 a été préparée et attend l’approbation du Gouvernement. La vision de cette politique est claire: elle est de permettre à toutes les Samoanes d’être des contributrices productives et des bénéficiaires du processus national de développement pour que chacun ait une bonne qualité de vie. Bien que nous ne prétendions pas avoir pleinement mis en œuvre les aspects les plus critiques du Plan d’action de la Conférence de Beijing, nous avons cependant donné une priorité de réalisation à des domaines d’intérêt compatibles avec nos réalités nationales. Nous pensons que la priorité accordée par notre Gouvernement à la santé et à l’éducation permettra aux femmes et aux hommes de mieux traduire le Programme d’action de Beijing en résultats tangibles.

M. VINCI NEIL CLODUMAR, Nauru, s’exprimant au nom de la Communauté des Etats du Pacifique Sud (SOPAC), a mis l’accent sur la vulnérabilité des Etats insulaires de la région du Pacifique Sud qui a des conséquences sur les stratégies d’émancipation de la femme. En effet, répondre aux besoins des femmes et des filles vivant dans des communautés très diverses et souvent isolées nécessite des politiques et des programmes très novateurs. Le lien entre la santé des femmes et le développement a été depuis longtemps reconnu dans la région, a-t-il observé, expliquant que les services de santé génésique et la participation des femmes à l’amélioration de la santé de la famille constituent des priorités dans la région. Face à la pandémie du VIH/sida, le Représentant a estimé qu’il était urgent de renforcer la coopération internationale et d’inscrire l’éducation au cœur des stratégies internationales. Si des progrès ont été enregistrés à ce niveau au cours des 5 dernières années, les petits Etats insulaires ont des difficultés à subvenir aux demandes des filles concernant l’éducation secondaire et universitaire. Pour le représentant, du fait de l’instabilité environnementale des petits états insulaires en développement, il est indispensable d’accroître la participation des femmes aux prises de décisions et à l’application des politiques concernant l’environnement.

Le Représentant a également attiré l’attention sur le manque d’accès de la région aux nouvelles technologies de la communication et de l’information, qui ont été identifiées comme des éléments importants pouvant contribuer à l’émancipation des femmes, par exemple en favorisant, par le biais d’Internet, l’accès des femmes entrepreneurs isolées aux marchés. Le Représentant a spécifié que les Etats de la région du Pacifique Sud reconnaissent l’importance de la coopération régionale pour la mise en œuvre et l’évaluation de leurs efforts nationaux. Il a également insisté sur la nécessité de renforcer les capacités, notamment par des partenariats avec les ONG, pour appliquer le Programme d’action de Beijing. Il a en outre suggéré un renforcement de la coopération technique, notamment en ce qui concerne la collecte de données ventilées par sexe.

Mme KATHRYN HAUWA HOOMKWAP, s’exprimant au nom du Saint-Siège, a déclaré que le cœur des initiatives prônées par le Programme d’action de Beijing correspond à la multiplicité des services de l’Eglise catholique a toujours fourni aux femmes. Les parties du Programme consacrées aux femmes et à la pauvreté, à l’élimination de la violence contre les femmes, à l’éducation, à l’emploi, à leur accès à la terre, aux capitaux et aux technologies coïncident avec la mission même de l’Eglise. Aujourd’hui, la délégation du Saint-Siège a peur pour la santé et le bien-être des enfants en Afrique où continuent de sévir des maladies infectieuses, telles que la malaria, et alors que l’épidémie de VIH/sida ne cesse de se répandre. Le Saint-Siège est préoccupé également par le nombre d’individus, principalement des enfants, qui souffrent de malnutrition. Il est extrêmement inquiet par la multiplication des conflits et par la persistance de l’analphabétisme qui rend les gens esclaves de l’ignorance. C’est pourquoi, il soutient les dispositions du document final relatives à la condamnation de toutes les formes de violence contre les femmes, au respect de tous leurs droits économiques et politiques, à la lutte contre la pauvreté et aux maladies, même si sur ce point la référence est trop brève.

Le Saint-Siège se réjouit tout particulièrement de la reconnaissance sans équivoque de la nécessité d’assurer aux femmes l’accès aux services sociaux de base, que sont l’éducation, l’eau potable, la nutrition et l’hygiène. Il regrette toutefois que le document tente de mettre une nouvelle fois et à répétition l’accent sur la sexualité et la santé génésique. C’est pourquoi, il tient à préciser que sa participation à l’élaboration des “Femmes 2000” ne doit pas être comprise comme un soutien apporté à des concepts auxquels il n’adhère pas pour des raisons morales. Il ne faut pas y voir ainsi que le Saint-Siège appuie l’avortement ou que sa position a changé concernant les moyens de contraception. Il réaffirme que la vie humaine doit être protégée de la conception au dernier soupir.

Mme PATRICIA SCHULZ, Secrétaire d'Etat, Directrice du Bureau fédéral de l'égalité entre les femmes et les hommes de la Suisse, a exprimé sa tristesse face à la contestation renouvelée par certaines délégations sur certains points qui touchent à l'autonomie de décision des femmes et au respect de leurs droits humains. Elle a exprimé sa préoccupation quant aux tentatives de certaines délégations de rouvrir le Programme d'action et de revenir en arrière par rapport aux engagements pris à Beijing, cela alors que des problèmes anciens demeurent et que de nouveaux problèmes sont apparus. Elle a exprimé sa perplexité devant les efforts considérables qui ont été investis dans ce processus de Beijing +5 et devant les réponses reçues ainsi que ses doutes quant à la suffisance de la réponse apportée dans la déclaration politique et le document final. Toutefois, elle a exprimé sa joie concernant les actions entreprises par les délégations depuis 5 ans, actions qui ont notamment mis l'accent sur la lutte contre la violence, la formation des femmes et des filles et leur participation politique ou professionnelle. Elle a rendu hommage à l'action des organisations non gouvernementales et a réaffirmé la nécessité de renforcer la coopération entre les gouvernements et celles-ci. Elle a également exprimé l'espoir que l'engagement pris à Beijing sera réaffirmé et a précisé qu'une véritable politique de l'égalité, loin de s'improviser, exige des compétences précises, des instruments permettant de mesurer si les actions entreprises sont efficaces, et avant tout, une volonté politique claire afin de passer des paroles aux actes.

M. NGAMAU MUNOKOA, Ministre de l’intérieur des îles Cook, a rappelé que son pays a, dès 1985, mis en œuvre une stratégie nationale en faveur des femmes, guidé par les Stratégies de Nairobi. L’égalité des sexes dans les îles Cook commence à s’affirmer dans tous les domaines de la société, à la fois au niveau local et au niveau national. Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, le Gouvernement a adopté sa première politique nationale concernant les femmes. Cette politique prévoit un plan d’action local adapté à chacune des neuf îles du territoire. Elle reconnaît que les femmes constituent une partie intégrante de la société et que leur participation dans la communauté et au processus de développement doit être plus importante. En matière d’éducation, le taux d’alphabétisation de la population adulte et des fillettes est de 99%, comme le montrent des rapports publiés par le PNUD et l’UNICEF, respectivement en 1995 et en 1999. Partie à la Convention sur toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et de la Convention sur les droits de l’enfant, le Gouvernement des îles Cook procède à l’intégration des ces deux instruments dans la législation nationale. Des mesures sont prises pour faire face aux inégalités et à la discrimination dans l’accès à la justice. La participation des femmes dans la vie publique et politique remonte à 1899, où sous le régime colonial britannique, la première femme a été nommée au parlement fédéral. Aujourd’hui, les femmes sont davantage représentées dans les institutions nationales et locales. C’est une jeune femme qui se trouve notamment à la tête du ministère de la justice. Par ailleurs, le Gouvernement a établi un processus qui permet aux organisations non gouvernementales de l’assister à coordonner, à faciliter, à contrôler et à évaluer tous les programmes de développement concernant les femmes.

Mme ALIMATA SALAMBERE, Chargée de Mission pour la promotion de la femme de l’Organisation internationale de la Francophonie, au nom de M. Boutros Boutros-Ghali, Secrétaire général de l’Organisation, a estimé essentiel d’assurer une participation complète et plus active des femmes aux processus de formulation des politiques et de prises de décisions des gouvernements. Depuis des années déjà, l’Organisation internationale de la Francophonie s’est largement impliquée pour favoriser l’engagement des femmes à tous les niveaux de décision, tant local et régional qu’international, que ce soit dans le cadre de l’assemblée parlementaire de la Francophonie ou dans celui de l’Association internationale des maires francophones. Ainsi la représentante a rappelé la première Conférence de femmes de la Francophonie qui s’est tenue à Luxembourg en février dernier et qui était consacrée au “pouvoir” et au “développement”. La déclaration adoptée invite l’Organisation internationale de la Francophonie à renforcer son action dans les deux domaines, a-t-elle expliqué. La discrimination à l’égard des femmes sous- tend le troisième et dernier thème assigné à cette Conférence, l’égalité entre les sexes.

Ne nous laissons donc pas emporter par trop de doutes devant les échecs ou tout du moins la stagnation de nos actions passées en faveur de la promotion de la femme, a déclaré Mme Salambere. Aujourd’hui, il est clair que seul le respect des diversités est viable. La Francophonie qui se veut solidaire, s’entend également comme une communauté d’essence plurielle. Et cet élément aussi est primordial pour la femme : la différence est toujours, selon le cas, une force ou une faiblesse. C’est aux femmes elles-mêmes qu’il revient d’en faire une force: pour que les femmes accèdent, dans la dignité et la tolérance, à tous les niveaux de décision, elles devront abandonner leur comportement de minorité dès lors qu’elles sont la majorité.

Mme VALENCIA MOGEGEH, Chef des affaires sexospécifiques du Secrétariat du Commonwealth, au nom du Secrétaire général, M. Don McKinnon, a déclaré que les inégalités entre les sexes subsistent dans les pays du Commonwealth. Ceci peut être attribué au fait que l’inégalité du rapport de force entre les hommes et les femmes prend racine dans les valeurs et attitudes traditionnelles, dans les croyances religieuses et dans les normes sociales. Donnant suite au Programme d’action de Beijing, le Programme d’action du Commonwealth favorise l’intégration sexospécifique, l’inclusion de la problématique hommes/femmes dans les politiques nationales, la promotion des droits des femmes en tant que droits de l’homme et le renforcement de la participation des femmes à la prise de décisions en matière de politiques publiques. Le Secrétariat du Commonwealth déploie également des efforts dans le cadre de l’élimination de la pauvreté féminine et de la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Le Commonwealth s’attache également à renforcer les structures nationales d’avancement de la femme en développant des outils novateurs, par le biais de publications et en disséminant les résultats des actions dans ce domaine.

M. JACQUES FORSTER, Vice-Président du Comité international de la Croix-Rouge, a évoqué la situation des femmes dans les conflits armés. Il a expliqué que les effets qu’ils ont sur les femmes prennent des formes multiples, dont l’une des plus terribles est la disparition de parents et membres de leur famille. Bien qu’elles soient moins souvent faites prisonnières de guerre que les hommes, lorsqu’elles le sont, les conditions de leur détention sont bien pires que celles des hommes. En outre, les femmes sont souvent déplacées et victimes de violences sexuelles. Ces dernières constituent une violation du droit humanitaire international. Il a rappelé avec insistance que les parties à un conflit armé ont le devoir d’assurer protection et respect à tous les civils et personnes qui ne prennent pas part aux hostilités. Cette obligation doit devenir une réalité, a-t-il ajouté.

Pour faire comprendre à la communauté internationale la réalité de la situation des personnes qui subissent un conflit sans y prendre part, le Comité international de la Croix-Rouge a entamé, il y a deux ans, une vaste étude sur les effets des conflits armés sur les femmes. Cette étude sera achevée d’ici un an et constituera une base pour l’élaboration de directives en vue de la protection et l’assistance aux femmes et aux fillettes victimes de conflits armés. Le Comité estime que la caractérisation des violences sexuelles en tant que crime de guerre faite par les Tribunaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda et le Statut de la Cour criminelle internationale constitue une évolution positive. Il rappelle que la responsabilité première du respect des règles de la guerre repose sur les parties au conflit. IL lance un appel pour que des mesures soient prises en faveur de la mise en œuvre véritable du droit humanitaire par les États afin de garantir la protection des femmes.

Mme ANNA DIAMANTOPOLOU, Commissaire européen à l’emploi et aux affaires sociales, a déclaré que l’Union européenne (UE) soutient fermement les trois principes qui sous-tendent le Programme d’action de Beijing et qui sont: la reconnaissance des droits de la femme comme des droits de l’homme à part entière; l’autonomisation sociale des femmes, et l’approche sexospécifique. La lutte pour l’égalité est permanente et exige des efforts politiques soutenus pendant plusieurs décennies. C’est pourquoi l’égalité des sexes a maintenant été inscrite dans le Traité de l’Union européenne comme un objectif fondamental. L’élargissement de la composition de l’UE sur les principes de la démocratie, et à l’ère de la mondialisation, a accéléré les échanges de bons procédés entre les États membres et la coopération et les liens entre les Gouvernements et la société civile. L’égalité entre les sexes fait partie des programmes de coopération pour le développement et les droits de l’homme menés par l’UE. Il y a quelques jours, la Commission européenne a adopté un cadre stratégique en faveur de l’égalité entre les sexes, et elle soutiendra la mise en œuvre, sur une période quinquennale, d’un programme de dissémination des politiques de sexospécificité, a déclaré la Commissaire. Le processus de Beijing a énormément contribué au développement de notre stratégie, dont le succès à long terme dépendra de l’engagement de tous les partenaires, dont les gouvernements, les partenaires sociaux et la société civile.

Toutes les régions du monde, l’Europe incluse, sentent les effets positifs ou négatifs de la mondialisation et des nouvelles technologies qui l’accompagnent, et qui nous offrent de nouvelles potentialités d’amélioration de notre bien-être économique, social et physique. Mais en même temps, beaucoup plus de femmes que dans le passé par rapport aux hommes, sentent que ces bien-êtres sont de plus en plus hors de portée. A l’aube du 21ème siècle, des millions de femmes vivent des situations qui n’étaient que trop familières il y a deux siècles. En ce moment même, toute une génération de femmes afghanes est privée de la jouissance de ses droits fondamentaux par le fondamentalisme religieux des Taliban. Ailleurs, des femmes continuent d’être l’objet de trafics, une activité en forte croissance dans l’Union européenne, et qui est ironiquement favorisée par les nouvelles technologies de la communication. Concernant la bonne gouvernance, elle doit aller plus loin que de simples bonnes politiques: elle doit être perçue comme la base des relations entre les gouvernements et leurs citoyens, et veiller à la manière dont les structures de gouvernement affectent cette relation. Dans ce cadre, la représentativité est un problème clef, car la participation des femmes à la vie politique et civile est fondamentale à la bonne gouvernance. La voix des femmes est encore trop absente de domaines politiques majeurs, et la mise en place de nouvelles institutions en vue de faire face aux défis de la mondialisation doit s’accompagner d’une participation équitable des femmes à tous les processus politiques. Certaines voix ont critiqué le principe d’évaluation quinquennale des programmes d’action des conférences et notamment de celle de Beijing.

Nous pensons que ce processus est essentiel à l’autonomisation des femmes, et nous pensons aussi que le résultat de l’actuelle Session extraordinaire ne doit pas être en dessous de ce qui avait été atteint à Beijing, et qu’il doit aider à canaliser les énergies en faveur du soutien aux femmes qui souffrent le plus. Nous devons, d’autre part, nous assurer que la jeune génération de femmes pourra récolter les bénéfices de la mondialisation.

Mme OLOF OLAFSDOTTIR, Directrice de la Division pour l’égalité, DG II-Droits de l’homme du Conseil de l’Europe, a indiqué que la Charte sociale européenne a été amendée pour inclure le droit à la dignité sur le lieu du travail, qui porte sur la prévention du harcèlement sexuel et tous les types d’actes récurrents répréhensibles, ainsi que la protection contre ce type de comportement. En outre, une innovation importante a été introduite dans le mécanisme de contrôle mis en place en vertu de la Charte sociale, par l’entrée en vigueur en 1998 d’un protocole prévoyant un régime de plaintes collectives. Cette procédure permet à des syndicats, à des organisations d’employeurs et à des organisations non gouvernementales de soumettre des plaintes contre l’application insatisfaisante de la Charte. Le nouveau Protocole garantira une protection plus efficace des droits des femmes en cas de recours. En relation avec la Convention européenne sur les droits de l’homme, dont le cinquantième anniversaire sera célébré cette année, un projet de protocole additionnel a été élaboré pour introduire une interdiction générale de discrimination, supérieure et au-delà des droits et libertés fondamentales énoncés dans la Convention. Son adoption devrait se faire dans les prochains mois, a espéré Mme Olafsdottir. Toutefois, la mesure la plus importante a été prise il y a trois semaines lorsque le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a adopté la Recommandation (2000) 11 sur la lutte contre le trafic des personnes à des fins d’exploitation sexuelle. A la fin de ce mois, l’adoption de ce texte sera suivie par un séminaire à l’intention des pays de l’Europe du sud-est, qui se tiendra à Athènes. A l’issue de ce séminaire, les participants adopteront un plan d’action régional de lutte contre le trafic des personnes. Une autre recommandation visant à protéger les femmes et les fillettes contre toutes les formes de violence, à la fois sur les plans privé et public est en cours d’élaboration.

Concernant les instruments juridiques, le Conseil de l’Europe s’engagera bientôt à élaborer une recommandation du Comité des ministres sur la participation égale de la participation des hommes et des femmes au processus de prise de décision politique et public. A l’avenir, le Comité sur l’égalité du Conseil de l’Europe œuvrera en étroite coopération avec le Comité sur l’éducation pour examiner la question de l’égalité des sexes en matière d’éducation.

M. MOKHTAR LAMANI, Organisation de la Conférence islamique (OCI), a indiqué que l’islam promeut paix, tolérance et coopération entre tous les êtres humains. Il assigne un rôle important, un rôle pivot, à la femme au sein de la société et aussi, au sein de la famille, cellule fondamentale de la société. L'observateur a fait remarquer que l’histoire de l’islam est pleine d’exemples de femmes qui ont tenu des postes de leaders. Dans tout le monde islamique, les gouvernements, soutenus par les institutions sociales émergentes, font tout leur possible pour soutenir, dans la limite de leurs moyens, les programmes de développement. Pour protéger et améliorer le statut des femmes, les Etats Membres de l’OCI ont pleinement participé à la Conférence de Beijing ainsi qu’à l'élaboration et l'adoption du Programme d’action. L'observateur a ensuite présenté les actions entreprises par l’OCI pour la promotion de la femme. Il a également souligné l’active participation de ses membres à l’organisation de cette session et le fait que les délégations de 40 Etats de l’OCI étaient menées par des femmes. De même, les ONG de femmes des pays islamiques ont activement contribué à cet événement. M. ROBERT PAIVA, Observateur permanent de l’Organisation pour les migrations internationales (OMI), a rappelé que l’Organisation a déployé des efforts considérables pour lutter contre le trafic des femmes pendant près de dix ans, en engageant des recherches dans les pays d’origine, de transit et de destination en vue de mieux comprendre comment les femmes intègrent les réseaux de trafic ainsi que leur situation avant, pendant et après le trafic. Sur la base des recherches menées notamment en Hongrie, en Pologne et en Hongrie, l’OMI a insisté sur trois domaines d’activités, à savoir l’assistance des victimes du trafic, le renforcement des capacités nationales en matière de prévention et de lutte contre le trafic des personnes, et les campagnes de sensibilisation. L’OMI mène actuellement des campagnes d’information en Bulgarie, en République tchèque, en Hongrie, au Kosovo et en Thaïlande, sur la base des succès remportés au Viet Nam et en Ukraine. A cet égard, des partenariats étroits ont été établis avec les organisations non gouvernementales. Le succès de la lutte contre le trafic des femmes exige une coopération internationale ferme et durable.

Mme MARY REINER BARNES, Observatrice de l’Ordre militaire souverain de Malte, a réitéré l’engagement de l’Ordre en faveur du droit à la vie, qui doit être partout et toujours défendu, depuis le droit de naître, en passant par le droit aux soins de santé et à l’éducation, et jusqu’au droit à une mort digne. Les femmes sont parties intégrantes des programmes de l’Ordre. C’est le cas par exemple de la maternité de la sainte famille de Bethléem qui répond spécifiquement aux besoins des femmes de cette municipalité, y compris celles qui vivent dans des camps de réfugiés, en garantissant des traitements obstétriques, prénataux, gynécologiques et pédiatriques. Un programme de formation aux métiers de la santé, y compris celui de médecin, y est aussi offert aux femmes. Il ne s’agit que d’un exemple parmi les nombreux projets que l’Ordre déploie de par le monde. Mme Barnes a précisé que la participation des femmes au sein même de l’Ordre ne cesse de croître.

L’Ordre militaire souverain de Malte ne se concentre pas uniquement sur le rôle de la femme en tant que mère, il développe aussi des activités traitant de la pauvreté, des conflits armés, de l’économie, de la prise de décisions, des droits de l’homme ainsi que des besoins spécifiques des petites filles. Il enjoint tous les Etats Membres, les observateurs, les Nations Unies, les organisations non gouvernementales et toutes les autres parties concernées, à soutenir les efforts en vue d’éliminer l’injustice sociale, la pauvreté par le biais de la promotion du rôle des femmes, de la maternité et de l’éducation. Et cela, que la femme soit au foyer ou qu’elle occupe un emploi.

Mme MARIAPIA GARAVAGLIA, Vice-Présidente de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a déclaré que la présente session a démontré qu'une volonté politique plus grande de mettre en pratique la parité entre les sexes est nécessaire. A cet égard, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge apporte son plein soutien à la proposition de Cadre pour des actions et des initiatives supplémentaires, présentée par la Commission de la condition de la femme, notamment en ce qui concerne l'engagement de créer un environnement permettant la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing. Elle a indiqué que la Fédération a adopté une politique spéciale sur les questions de parité dont l'objectif est d'assurer que les programmes de la Fédération bénéficient aux hommes et aux femmes de manière égale.

La Fédération a également entrepris l'évaluation, à la lumière de la problématique de la sexospécificité, de l'impact de ses différents programmes sur les femmes et les hommes. La représentante a déclaré que le cadre pour des actions supplémentaires résultant de cette session devrait notamment accorder une attention particulière au renforcement des mécanismes de coopération et de coordination entre les Etats, les institutions de l'ONU, les organisations internationales, la Croix-Rouge, le Croissant-Rouge et les organisations internationales afin d'éliminer les discriminations à l'égard des femmes et les violences au sein du foyer et de la communauté. Ce cadre devrait également viser à assurer la grande qualité de l'aide humanitaire qui offre une réponse aux femmes et aux hommes souffrant des conséquences des catastrophes naturelles. A cet égard, la Fédération a porté l'attention sur la nécessité d'assurer des normes pratiques minimum pour la mise en œuvre de l'aide humanitaire. Enfin, ce cadre, a ajouté la représentante, devrait permettre que soient développés et largement partagés les instruments opérationnels, les compétences et les connaissances nécessaires au renforcement des capacités pour la promotion des femmes et l'intégration de la parité.

Mme FRANCESCA COOK, Directorat pour la coopération dans le développement, a indiqué que l’OCDE s’emploie actuellement à revitaliser ses efforts pour assurer l’égalité des chances et renforcer l’intégration d’une perspective sexospécifique dans le travail de l’Organisation. L’OCDE, dont les Membres produisent 60% du produit économique mondial, a un rôle crucial à jouer dans la promotion de l’égalité entre les sexes. L’OCDE a conscience qu’il ne sera pas possible d’instaurer le développement et des sociétés dynamiques sans l’égalité entre les sexes et la contribution des hommes et des femmes. Citant l’exemple de l’Afrique du Sud et de l’Argentine qui figurent parmi les six pays du monde à compter 30% de femmes au parlement, elle a remarqué que les réalisations d’un pays dans le domaine de la promotion de la femme ne sont pas nécessairement liées à sa richesse.

Les inégalités entre les sexes représentent une déperdition de potentiel économique et humain de telle ampleur qu’elle constitue l’un des grands défis du XXIe siècle, a fait observer la Représentante. C’est pourquoi il importe de mener des actions en faveur de l’égalité que ce soit dans les pays eux-mêmes ou dans les politiques multilatérales de développement. A ce propos, elle a détaillé plusieurs initiatives de l’OCDE visant à encourager la participation des femmes à l’économie mondiale, à renforcer les réseaux économiques de femmes et à faire tomber les obstacles aux financements des activités économiques des femmes. Elle a ensuite annoncé l’organisation d’une conférence ministérielle en novembre prochain qui portera sur l’intégration des questions sexospécifiques en relation avec la croissance économique. Elle a également présenté le rapport du Comité d’aide au développement (DAC) de l’OCDE, institué à l’occasion de la Conférence de Beijing en 1995, et la publication de l’OCDE qui sera présentée lors du Sommet Copenhague +5 qui se tiendra à Genève du 26 au 30 juin.

Mme HELLE DEGN, Présidente de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a insisté sur le fait que les femmes sont des citoyens à part entière en dépit du statut de deuxième ordre auquel la culture masculine les relègue. Elle a regretté que la violence à l’égard des femmes, la traite des femmes et des enfants aient augmenté, ainsi que le nombre de femmes pauvres. Depuis la Conférence de Beijing, a fait observer la représentante, la communauté internationale a reconnu que droits de l’homme et démocratie sont indissociablement liés. Dans le cadre du Programme d’action de Beijing, l’OSCE promeut l’intégration sexospécifique au sein de ses Etats membres. En tant qu’organisation, elle s’efforce de fournir un environnement de travail dans lequel tous les collaborateurs reçoivent un traitement équitable et respectueux. L’OSCE met l’accent sur les processus politiques car l’une des conditions préalables à la réalisation du principe d’égalité entre les sexes est la transparence dans l'élaboration des politiques. L’Organisation est particulièrement active dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes, en matière de protection des femmes dans les conflits armés, en ce qui concerne les femmes dans le processus de décision ainsi que les droits de l’homme des femmes.

M. HUSSEIN HASSOUANA, Chef de la délégation de la Ligue des Etats arabes, a souligné l’importance de cette session extraordinaire, compte tenu de l’urgence avec laquelle il faut reconnaître la pleine participation des femmes au développement. Il s’est félicité des nombreuses propositions avancées par les Etats arabes au cours de cette session. Il a fait état des progrès réalisés par les femmes arabes dans leur marche vers l’émancipation, notamment, grâce aux mesures adoptées en collaboration avec les institutions des Nations Unies. Il a rappelé que la Ligue des Etats arabes avait institué un Comité pour la promotion de la femme dès 1971. Toutes les nations arabes ont affirmé l’égalité en droit et s’efforcent de réduire l’écart entre la femme et l’homme aux niveaux économique, social, politique et culturel. Parmi les obstacles à la réalisation de ces objectifs, il a identifié notamment l’analphabétisme, les conditions économiques, les conflits armés et la mondialisation. Il importe de créer es mécanismes pour lutter contre la pauvreté et parvenir à des solutions équitables pour réaliser la paix au Moyen-Orient. Il importe de créer un environnement propice à la promotion de la femme. Il a espéré que cette session permettra de faire des progrès vers l’adoption de mesures concrètes en vue de réaliser les sensibilités culturelles. Il a estimé que le succès de cette session dépendra, en dernier lieu, de la volonté des participants à appliquer les dispositions du document final.

M. MAHAMAT DOUTOUM, Secrétaire général adjoint de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), a estimé qu’il fallait se poser la question de savoir comment s’assurer de pouvoir atteindre les objectifs définis dans les délais impartis. Rappelant que le développement est lié de façon inextricable à la question de l’intégration de la femme, il a souligné le paradoxe selon lequel les sociétés ont besoin de l’avancement des femmes indispensable au développement, mais qu’elles continuent à poser des obstacles aux femmes, s’agissant de leur accès aux outils de changement. Rappelant l’engagement de l’OUA dans la résolution des conflits, il a signalé la création en 1998, en collaboration avec la Commission économique pour l’Afrique, du Comité des femmes africaines pour la paix qui a pour mandat de veiller à la participation des femmes aux processus de paix et de développement sur le continent. Il a mis l’accent sur la vulnérabilité des femmes à la pandémie du VIH/sida, il a estimé qu’il convient maintenant d’appliquer les nombreuses déclarations adoptées par l’OUA à ce propos dans le cadre du Nouveau Partenariat international pour la lutte contre le VIH/sida. En matière d’éducation et d’alphabétisation, M. Doutoum a annoncé que les Membres de l’OUA ont proclamé une Décennie de l’éducation en Afrique pour la période 1997-2006 et que dans ce contexte général, l’OUA assure le suivi de la Déclaration de Kampala et de son Cadre d’action. Il a mentionné que la Commission africaine des droits de l’homme est en train de finaliser un protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples portant sur les droits de la femme.

Mme AKIKO DOMOTO, Présidente de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles, a rappelé que plusieurs études ont démontré qu’améliorer l’éducation, les revenus et le statut des femmes aussi bien qu’accroître leurs opportunités dans le processus de prise de décisions, accroît la sécurité alimentaire des familles, leur santé et leur bien-être. L’égalité des sexes dans la gestion des ressources naturelles permet une meilleure répartition de leurs coûts et de leurs bénéfices. Le savoir traditionnel des femmes en matière de gestion de la biodiversité et des écosystèmes peut être reconnu, valorisé et utilisé pour protéger durablement l’environnement, a expliqué la représentante. L’UICN s’est toujours préoccupée des questions d’égalité sociale et de sexes. Elle reconnaît que traiter des questions de parité signifie aussi bien prendre en compte les relations entre les hommes et les femmes que leurs traitements des ressources naturelles. Cela signifie aussi acquérir une meilleure analyse des modes d’utilisation, des connaissances et des compétences relatives aux ressources naturelles. Conscient de son rôle et de ses capacités, l’UICN a développé des outils et des protocoles pour intégrer la parité dans les politiques environnementales.

Mme AMABEL ORRACA-NDYIAYE, Banque africaine de développement (BAD), a déclaré que la “Déclaration pour une nouvelle vision” de la Banque africaine de développement (BAD) identifie clairement la pauvreté comme le premier défi au développement que doit relever l’Afrique, cette pauvreté étant aussi un des domaines prioritaires de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. L’utilisation des ressources financières de la BAD est centrée autour de quatre questions qui sont essentielles à l’autonomisation des femmes et qui sont: le développement agricole et rural; le développement du capital humain; celui du secteur privé, et la bonne gouvernance. En plus, la politique d’octroi des prêts et les directives adoptées en vue de rendre opérationnelle la Déclaration, insistent sur la dissémination de perspectives sexospécifiques dans toutes les politiques et tous les projets en vue de faciliter l’éclosion d’une dynamique et un rôle central pour les femmes. Conformément à la Plate-forme et au Programme d’action de Beijing, la BAD a réévalué sa stratégie de réduction de la pauvreté et ses politiques de développement agricole, de santé, d’éducation, de démographie, de coopération avec la société civile, et de gouvernance, qui doivent désormais tenir compte de la sexospécifité.

Depuis 1997, une nouvelle génération de projets de réduction de la pauvreté menés entre autres en Gambie, au Ghana, au Malawi, au Mozambique, au Mali, en Tanzanie et en Ouganda, ont été conçus en mettant l’accent sur leurs aspects participatifs et en fonction des besoins, tout en mettant un accent spécial sur leur capacité à réduire la pauvreté chez les femmes. Une autre initiative de la BAD qui mérite d’être citée est l’Initiative de microcrédit pour l’Afrique du Fonds africain de développement, plus connue sous le nom “AMINA” et créée en 1998, et dont l’objectif est de renforcer la capacité des institutions africaines de microcrédit à pourvoir des services financiers aux microentreprises africaines. Au niveau institutionnel, la BAD est d’autre part en train de mettre en œuvre un certain nombre de mesures de recrutement et de promotion pour favoriser la présence des femmes dans ses échelons supérieurs de gestion et de prises de décisions.

Mme AIDA GONZALEZ MARTINEZ, Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, a indiqué que le 17 juillet prochain est la date anniversaire des vingt ans de l'ouverture à la signature de la Convention des Nations Unies pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Elle a rappelé que la Convention est, à l'heure actuelle, ratifiée par 165 Etats et que le Programme d'action de Beijing appelait de ses vœux la ratification universelle de celle-ci. Elle a déclaré, qu'au cours des 8 sessions tenues par le Comité depuis la Conférence de Beijing, 65 rapports des Etats parties ont été examinés, ce qui a permis au Comité d'avoir une vue d'ensemble de la situation des femmes à travers le monde et des progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme de Beijing. Le Comité, dans son rapport sur les progrès faits dans la mise en œuvre du Programme, a d'ailleurs fait des recommandations spécifiques visant à accélérer celle-ci.

La représentante a indiqué que 35 Etats ont signé le Protocole facultatif à la Convention et que 2 l'ont ratifié. Afin d'accentuer l'importance de la perspective des droits de l'homme auprès des femmes, le Comité a décidé, en février dernier, d'adopter une déclaration sur le cadre légal de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing et sur le lien entre la Convention et ce Programme d'action. Elle a conclu en déclarant que la session Beijing +5 offre l'occasion de renforcer ce lien et que le Comité encourage l'Assemblée générale à reconnaître l'interdépendance entre le Programme d'action de Beijing et la Convention. Elle a également souligné la force du processus de contrôle que représente la Convention et le soutien qu'elle apporte à la Commission de la condition de la femme.

Mme NAFIS SADIK, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré qu’elle aurait souhaité se joindre aux félicitations adressées à tous les participants qui se sont engagés dans un processus visant à consolider le mouvement vers l’égalité et la justice de tous les peuples du monde. Or, il semble, a dit Mme Sadik, que la session extraordinaire est encore incapable de se mettre d’accord sur le libellé relatif aux droits les plus fondamentaux qui touchent les femmes, à savoir le droit à la santé et le droit à la protection contre la violence. Dans certains cas, le libellé a déjà été débattu et agréé, pas une fois mais à plusieurs reprises. Dans d’autres cas, un nouveau libellé existe et il est difficile de comprendre aujourd’hui pourquoi il faut tant de temps pour parvenir à un accord. Illustrant ses propos, Mme Sadik a cité la question des avortements dangereux qui figure en bonne place dans le Programme d’action du Caire et qui a été réaffirmé lors du processus Caire + 5. Pourtant, le paragraphe 107 du document final de cette session extraordinaire demeure entre crochets, a-t-elle regretté. Si aucune délégation ne cautionne les avortements dangereux et les souffrances qu’ils supposent, alors il revient aux délégations concernées d’expliquer la nature de leur réticence sur la question. Abordant le paragraphe 115 qui appelle à une approche holistique en matière de santé de la femme, Mme Sadik s’est demandée si le fait qu'il demeure entre crochets signifie que certaines délégations préfèrent une approche segmentée de la santé.

L’opposition au sous-paragraphe 115h traduirait-il une opposition à ce que les femmes aient accès à des méthodes contraceptives, s’est interrogée Mme Sadik. Lorsque l’on sait que les femmes contractent les infections du VIH/Sida par leur mari, qui pourrait s’opposer au développement de microbicides afin de permettre aux femmes de se protéger. Y a-t-il une délégation qui s’oppose à ce que l’on trouve de meilleurs moyens de diagnostiquer les maladies sexuellement transmissibles, a-t-elle dit. Les crochets au sous-paragraphe 119a, a poursuivi Mme Sadik, traduiraient-ils une opposition à ce que l’on donne une signification sociale à la maternité, au rôle de mère et au rôle des parents. Mme Sadik a continué en exprimant sa perplexité devant les crochets des paragraphes 130 et 130c qui voudraient dire que certaines délégations s’opposent aux mesures contre la violence à l’égard des femmes et des filles. Ces négociations, a conclu Mme Sadik, sont fondées sur la souveraineté des Etats, et leur reconnaissance des droits de l’homme. Rien dans le document final ne viendra limiter le droit souverain des Etats à élaborer leurs propres lois, dans le cadre international des droits de l’homme qu’ils ont eux-mêmes défini. Un désir commun de moralité nous unit, ne laissons personne recourir à l’idéologie pour nous diviser, a déclaré Mme Sadik.

Mme CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), s’est félicitée du fait que 10 000 représentants venant de toutes les parties du monde se soient réunis pour cette session extraordinaire, ce qui est en soi la plus forte déclaration d’émancipation qui puisse être écrite. Toutefois, a-t-elle rappelé, seule l’action concrète permettra d’améliorer la vie quotidienne des femmes et leur statut. Elle a dressé le bilan sévère de la situation réelle des femmes et des enfants dans le monde et a insisté sur le fait qu’il faut mobiliser une volonté politique et des ressources pour réaliser les engagements pris. A cet égard, elle a attiré l’attention sur l’efficacité des partenariats avec les organisations non gouvernementales et les organisations de femmes. Elle a insisté sur la nécessité de privilégier l’éducation des filles qui est le meilleur investissement pour le développement économique, social et humain et le seul moyen de briser le cycle de la discrimination à l’égard des femmes. Elle a recommandé que l’on implique également les pères dans les soins donnés aux enfants.

M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que si en son temps la Conférence de Beijing s’était soldée par la prise d’engagements, Beijing+5 devait quant à elle, répondre à la question de savoir comment ces engagements devaient être tenus. Beijing + 5 doit avoir trait à la manière dont les gouvernements doivent être responsables et rendre des comptes, et à celle dont le monde des affaires et la société civile peuvent atteindre les buts et les objectifs qu’ils se sont fixés. Le propos de Beijing +5 doit aussi être de sortir de la marginalisation les questions d’équité sexuelle et de sexospécificité, et de les placer au centre des idées et des débats de la vie de tous les jours, de la réalité du terrain aux bureaux des penseurs politiques, au niveau des organisations internationales ou à celui des budgets nationaux et de la gouvernance locale. En tant qu’organisation, a dit M. Malloch Brown, le PNUD s’est engagé à trouver des réponses à ces questions difficiles en se servant de sa présence à travers le monde entier et de son bilan extrêmement positif comme partenaire de confiance dans le renforcement des ressources humaines et la mise en place d’institutions solides qui aident à promouvoir le développement tout en étant sensibles à la question de l’égalité des sexes. Le PNUD s’attèle en ce moment à disséminer les politiques sexospécifiques à travers ses politiques et programmes, dans son fonctionnement interne, et à travers le travail de ses bureaux au niveau des pays.

Mme NOELEEN HEYZER, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a estimé que si les différences d’opinion et de perspectives ont été difficiles à concilier pendant les négociations sur les textes finaux de la session, la ferveur avec laquelle les négociateurs ont travaillé témoigne de la place centrale qu’occupe la question de l’égalité entre les sexes. L’UNIFEM a, en la matière, un rôle particulier à jouer et jouit déjà d’une relation privilégiée avec les gouvernements et les ONG. Le travail de l’UNIFEM ne s’effectue pas à New York ni à l’Assemblée générale mais sur le terrain où vivent les femmes et les filles. L’UNIFEM a déjà commencé à définir les mesures de mise en œuvre des recommandations de Beijing + 5 qui sont contenues dans sa nouvelle stratégie pour la période 2000-2003. La stratégie, conformément aux préoccupations de l’UNIFEM, se concentre sur le renforcement des capacités dans le domaine économique, l’intégration d’une dimension sexospécifique dans le processus décisionnel et la promotion des droits de la femme et de l’élimination de la violence. Le défi consiste à capitaliser sur les meilleures pratiques et sur les progrès effectués dans divers pays, en se concentrant sur les progrès qui ont fait avancer la promotion de la femme. Les leçons tirées de ces stratégies permettront de transformer les innovations en pratique constante. Attirant l’attention sur une publication de l’UNIFEM intitulée “Progress des femmes dans le monde", la Directrice exécutive a mis l’accent sur les progrès réalisés dans le domaine de la violence contre les femmes. Grâce au Fonds d’affectation spéciale créé par l’Assemblée générale, l’UNIFEM a, depuis 1997, consacré cinq millions de dollars au financement de 80 initiatives à travers le monde.

Pour remplir le rôle de plaidoyer qui est le sien, le PNUD a besoin d’outils pertinents pouvant être utilisés pour surveiller, évaluer et défendre les politiques et processus qui permettent aux femmes de pleinement contrôler leur existence et les décisions qui pourraient les affecter. Nous avons besoin d’outils pour mesurer les progrès accomplis, et c’est pourquoi, en 1995, le PNUD a consacré son Rapport annuel sur le développement humain aux thèmes de la Conférence de Beijing, et a introduit dans ce Rapport une série d’indicateurs spécifiques sur l’équité sexuelle et le développement et la responsabilisation sociale des femmes. Ces indicateurs reconnus sont aujourd’hui devenus la norme par laquelle sont mesurés les impacts humains des initiatives de développement. Je suis particulièrement intéressé à aider les Gouvernements à trouver les bonnes réponses à la révolution des technologies de l’information, de telle manière qu’à travers les partenariats entre public et privé, ils puissent en utiliser le pouvoir de transformation en faveur de l’enseignement, de l’accès aux marchés et du crédit à accorder aux femmes. Le résultat final de nos actions sera jugé par les femmes elles-mêmes, a dit M. Malloch Brown. Elles jugeront si nous avons aidé à fournir des opportunités à celles qui n’en avaient jamais eu; si nous avons pu soutenir l’éducation en faveur des filles qui n’en bénéficiaient pas; si nous avons pu aider à mobiliser une protection, à la maison et au lieu travail, en faveur des épouses et des mères longtemps victimes d’abus; et si nous avons pu promouvoir un véritable accès au pouvoir économique et politique à toutes les femmes de la planète.

Mme GLADYS MUTUKWA, Caucus des femmes africaines, a mis en garde contre un recul par rapport aux acquis de Beijing. A l’aube du nouveau millénaire, il faut rechercher des engagements plus fermes et une meilleure mise en œuvre des recommandations. Elle a appelé les gouvernements et les partenaires du développement à renforcer leurs engagements et à collaborer avec les ONG locales, régionales et internationales des femmes africaines afin de promouvoir un ordre du jour du développement qui révolutionne véritablement les choses. La représentante a ensuite cité ce qui, pour elle, doit constituer la prioritaire des priorités. Il s’agit de la présence des femmes dans le processus de prise de décisions, de la protection des droits des femmes, de la prise en compte de la situation des femmes dans le processus de mondialisation, de l’impact du VIH/sida sur les femmes, et du sort des femmes dans les conflits armés et de leur participation au processus de paix.

Mme PAM PAJPUT, Présidente Asian Pacific Women’s Watch (APWW) et s’exprimant au nom de Mahila Dakshata Samiti (MDS), a souligné, parmi les obstacles à la réalisation des engagements pris à Beijing, la mondialisation, la crise financière et l’intensification des conflits armés. Elle a indiqué que le nombre de femmes vivant dans la pauvreté est en augmentation dans la région Asie-Pacifique du fait notamment de la mondialisation et des politiques pratiquées par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. C’est pour elle le constat d’un échec de la communauté internationale à développer des mécanismes de régulation. Soulignant l’importance de la révolution qui s’opère dans les communications, elle a estimé essentiel que les femmes aient accès à tous les moyens de communication et qu’un code de déontologie soit élaboré pour garantir le respect du pluralisme, des droits de l’homme et de la parité entre les sexes. Elle a appelé tous les gouvernements, l’ONU et les institutions spécialisées, ainsi que tous les acteurs de la société civile à avoir le courage de traduire les engagements pris en actions concrètes.

Mme FRANCOISE DAVID, Caucus des ONG d’Europe et d’Amérique du Nord, a déclaré que les femmes n’avaient pas besoin de promesses creuses ni de discours frappants. Elles demandent des actions concrètes, des indicateurs et des calendriers de mise en œuvre. Elles demandent l’organisation d’une autre réunion en 2005, une cinquième conférence sur les femmes, au cours de laquelle elles demanderont des explications à tous les dirigeants du monde. Les femmes sont déterminées à se battre jusqu’à ce que les droits de toutes leurs congénères soient reconnus. L’automne prochain, des dizaines de milliers de femmes défileront dans les villes et les villages pour demander que cessent la pauvreté et la violence contre les femmes. Cette marche mondiale de l’an 2000 se terminera le 17 octobre devant les Nations Unies. Nous espérons vous y rencontrer, vous les délégations, et travailler avec vous à l’émergence d’un monde fondé sur l’égalité entre les sexes, la justice sociale et la redistribution de la richesse.

Mme VIRGINIA VARGAS, Présidente du Centre de la femme péruvienne Flora Tristan, s’est demandé quel est le pouvoir des paroles face à la peur des femmes dans des situations de conflit, face aux femmes migrantes qui travaillent sans bénéficier d’aucun droit, face aux femmes qui souffrent de la traite. Existe-t-il des mots assez puissants pour éliminer la discrimination? Elle s’est également demandé comment exprimer en trois minutes les espoirs et les réalisations de ces cinq dernières années et comment après l’inefficacité démontrée des élites politiques est-il encore possible de croire ces mêmes gouvernements? Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour qu’une femme astronaute ne fasse de l’ombre à personne, pour que les mesures de discrimination positive paraissent d’une autre époque, pour que donner la vie ne fasse par courir le risque de la mort? Peut-on prétendre changer l’histoire au cours du nouveau millénaire, a-t-elle demandé avant de rappeler que les femmes d’Amérique latine et des Caraïbes demandent la justice, la démocratie et les droits fondamentaux.

Mme HODA BADRAN, Présidente de l’Alliance pour les femmes arabes, a estimé que des avancées significatives avaient eu lieu depuis Beijing dans tous les pays de la région arabe, notamment dans les domaines d’action critique définis par le Programme d’action. Toutefois des efforts doivent encore être réalisés pour atteindre l’égalité des hommes et des femmes, a-t-elle relevé, notamment en garantissant la liberté des ONG, en examinant et modifiant la législation sur la famille et les messages délivrés par les médias, en ratifiant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, en protégeant les femmes militantes et les intellectuelles contre la violence, les campagnes réactionnaires et l’intimidation, en considérant davantage les besoins des femmes en milieu rural, des groupes désavantagés et des handicapées, en augmentant les ressources attribuées aux niveaux national et international, et en soulageant les souffrances des femmes palestiniennes, libanaises, iraquiennes, soudanaises et libyennes. Si nous tous, a déclaré Mme Badran, ONG, gouvernements et secteur privé, assumons nos responsabilités, si les médias deviennent le messager plutôt que le message, si nous restaurons la croyance en la démocratie, alors nous serons peut-être capables de vivre, hommes et femmes, et de laisser vivre.

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