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AG/1020

POUR QUE LA MONDIALISATION NE SOIT PAS UNE MENACE POUR LES FEMMES DES PAYS PAUVRES, SES BENEFICES DOIVENT ETRE MIEUX REPARTIS, DISENT LES DELEGATIONS

8 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1020


POUR QUE LA MONDIALISATION NE SOIT PAS UNE MENACE POUR LES FEMMES DES PAYS PAUVRES, SES BENEFICES DOIVENT ETRE MIEUX REPARTIS, DISENT LES DELEGATIONS

20000608

Plusieurs pays soulignent les effets néfastes des sanctions sur la réalisation des objectifs définis à Beijing

“Il n’est plus possible de concevoir le développement comme une entité distincte de l’autonomisation des femmes” a déclaré, ce matin, Mme Madeleine Albright, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis à la tribune de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale, intitulée “Les Femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle. A son instar, plusieurs délégations ont jugé indispensable de donner aux femmes les moyens de se faire de véritables agents de développement. Mme Albright a également appelé la communauté internationale à se battre pour que les bénéfices de la mondialisation profitent à tous et à redoubler d’efforts pour promouvoir l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle afin de faire reculer la pauvreté et fleurir les opportunités à chaque coin de la planète. Plusieurs délégations ont elles aussi insisté sur la nécessité de relever les défis de la mondialisation et d’en tirer parti pour faire avancer la cause des femmes. La Vice-Ministre de la parité entre les sexes et des affaires de la famille de la Bolivie a, pour sa part, demandé que l’on mobilise une plus grande volonté politique et des ressources plus importantes pour que la mondialisation ne pèse plus comme une menace sur les femmes des pays pauvres.

Plusieurs délégations ont dressé des bilans de santé alarmants des femmes dans leurs pays. Selon la Présidente de la Commission nationale des affaires féminines et de la famille du Kazakhstan, les deux tiers des femmes de son pays souffrent d’anémie et les cancers du sein sont en augmentation. Plaidant en faveur de la levée de l’embargo imposé à son pays, le Ministre du travail et des affaires sociales de l’Iraq, a expliqué qu’en conséquence des sanctions et de l’échec du programme «pétrole contre nourriture», l’anémie a augmenté et on constate une prolifération des maladies de la glande tyroïde et des naissances prématurées. La pollution environnementale provoquée par l’utilisation de bombes à uranium irradié a provoqué l’émergence de maladies incurables parmi les femmes, a-t-il dit, y compris des cas de fausses couches, de stérilité, de déformités embryonnaires congénitales et de maladies cancéreuses. La Ministre de l’action sociale et de la promotion de la femme du Burundi a expliqué que son pays n’avait pu mettre en œuvre tous les domaines critiques identifiés à Beijing en raison des difficultés économiques qui résultent de l’embargo imposé à son pays du 31 juillet 1996 au 23 janvier 1999.

(à suivre – 1a) - 1a - AG/1020 8 juin 2000

Le Ministre de la santé et des services sociaux de la Finlande qui préside actuellement le Bureau de coordination du Programme ONUSIDA a, pour sa part, rappelé que l’un des plus grands dangers pour la santé et l’une des menaces les plus graves au développement est le VIH/sida auquel les femmes sont particulièrement vulnérables. Le Ministre a encouragé le développement de programmes nationaux d’éducation sur les questions relatives à la santé des jeunes filles et des garçons.

Les vice-présidents, ministres, secrétaires d’Etat, vice-ministres et personnalités des pays suivants ont pris la parole: Honduras, Iraq, Hongrie, Kazakhstan, Finlande, Mongolie, Etats-Unis, Iles Salomon, Burundi, Oman, Bolivie, Turkménistan, Saint-Kitts-et-Nevis, Kirghizistan, Equateur, Brunéi Darussalam, Nouvelle-Zélande. La Ministre des affaires sociales de l’Autorité palestinienne a également fait une déclaration.

La session extraordinaire se poursuivra cet après-midi à 15 heures.

Examen et évaluation des progrès accomplis dans l’application des 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing; nouvelles mesures et initiatives visant à surmonter les obstacles à l’application du Programme d’action (8 et 9)

Déclarations

Mme GLADIS CABALLERO DE AREVALO, Vice-Présidente du Honduras, a présenté les progrès réalisés par son pays au cours des 5 dernières années, notamment grâce à la réforme du système juridique, de l’adoption de nombre de lois favorables aux femmes et de la création de l’Institut national des femmes. Elle a toutefois mis l’accent sur un certain nombre d’obstacles qui freinent la promotion de la femme. Elle a notamment insisté sur la mondialisation qui affecte négativement les pays en développement comme le Honduras. Les programmes d’ajustement structurel ont également eu des répercussions négatives sur la situation des femmes. Elle a ensuite rappelé les conséquences du cyclone Mitch qui a fait 5 600 morts, 8 000 disparus, 12 000 blessés et a touché 70% de la production agricole. La Vice-Présidente a reconnu que son Gouvernement avait encore de nombreux défis à relever, notamment dans le domaine de la santé des femmes. A cet égard, elle s’est déclarée préoccupée par la hausse du taux de mortalité maternelle liée aux maladies sexuellement transmissibles, particulièrement le VIH/sida, et a reconnu que les politiques de santé ciblant les adolescents doivent être renforcées.

La Vice-Présidente a réaffirmé l’attachement de son Gouvernement aux engagements pris à Beijing et a mis l’accent sur le fait qu’il faut progresser dans la lutte contre la pauvreté et placer les besoins des femmes en tant qu’agents de développement au cœur des préoccupations. La santé reproductive est une priorité pour le développement des sociétés afin, notamment, de réduire la mortalité maternelle. Au Honduras, il faut aussi renforcer les politiques et les mécanismes qui combattent la violence à l’égard des femmes, ainsi que les politiques en vue d’assurer une éducation non sexiste. La Vice-Présidente a indiqué que son pays, en vue de l’application du Programme d’action de Beijing, s’attacherait aussi à joindre ses efforts à ceux des organisations de femmes et de la société civile.

M. SAIDIE TOHMA ABBAS, Ministre du travail et des affaires sociales de l’Iraq, a déclaré que la condition de la femme et l’amélioration de son statut devaient être considérées dans le cadre d’une vision globale des droits de l’homme et de la mesure dans laquelle ces droits sont affectés par les conditions économiques, sociales et politiques. Malgré les circonstances anormales dans lesquelles l’Iraq vit depuis l’embargo injuste qui lui est imposé depuis 10 ans, ainsi que l’agression militaire continue par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, le Gouvernement iraquien a mis en place un Haut Comité national pour la promotion des femmes iraquiennes chargé de formuler les politiques et d’établir les mécanismes qui assureront la mise en œuvre de ces politiques. En outre, le Gouvernement a renforcé le rôle des organisations non gouvernementales.

De l’avis de l’Iraq, l’amélioration de la situation des femmes dépend à la fois de la volonté politique de l’Etat, des ressources disponibles et de la coopération internationale. Pourtant, en raison des sanctions, ces deux dernières conditions ne peuvent être remplies. C’est pourquoi, la mise en œuvre des droits de l’homme s’est avérée impossible. La seule solution au problème est donc de lever toutes les restrictions ainsi que l’embargo afin de faciliter les flux financiers nécessaires pour que l’Iraq puisse mettre en œuvre tous les programmes nationaux ainsi que ses obligations internationales.

Dans ce contexte, le Ministre a rappelé que le Programme d’action de Beijing appelait les Gouvernements à veiller à alléger l’impact négatif des sanctions économiques sur les femmes et les enfants. Malheureusement, faute de mécanisme de mise en œuvre, cet appel est resté lettre morte. Le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des résultats du Sommet social souligne le déclin de vie et l’avancement de la pauvreté en Iraq. Le programme pétrole contre nourriture n’a pas mis fin à la détérioration de la situation humanitaire des femmes et des enfants, a affirmé le Ministre, soulignant que l’embargo constitue une violation des droits de la population civile. Les progrès de la société iraquienne ont été sapés par l’embargo qui a provoqué des dommages incalculables pour toute la société, en particulier les femmes et les enfants. Ainsi, la dernière étude de l’UNICEF indique notamment que les taux de mortalité maternelle s’élèvent actuellement à 294 pour 10.000 naissances vivantes; l’anémie a augmenté et on constate une prolifération des maladies de la glande tyroïde et des naissances prématurées. La pollution environnementale provoquée par l’utilisation de bombes à uranium irradié a provoqué l’émergence de maladies incurables parmi les femmes, y compris des cas de fausses couches, de stérilité, de déformité embryonnaires congénitales et de maladies cancéreuses. Le Ministre a appelé les Etats Membres à mettre fin à la souffrance de la population iraquienne et à sauver la vie des femmes iraquiennes et leur permettre de reprendre leur vrai rôle au sein de la famille et de la société.

Mme JUDIT SZEMKEO SZILAGYI, Secrétaire d’Etat, Ministère des affaires sociales et de la famille de la Hongrie, a rappelé que son pays est fermement attaché à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Elle a regretté que cet instrument n’ait pas été ratifié universellement avant l’an 2000. La Représentante a indiqué que la Hongrie a soumis le Protocole facultatif à la Convention au Parlement pour adoption. Elle a ensuite évoqué certains faits historiques touchant à l’égalité des sexes en Hongrie. Ainsi, la scolarisation des filles remonte au XVIIIe siècle et l’école est devenue obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 12 ans en 1868. Dès la fin du XIXe siècle, les universités de Hongrie comptaient plusieurs femmes. En 1920, la première femme a été élue au Parlement hongrois. Dans les années cinquante, l’emploi des femmes à temps plein a constitué un objectif important du pays. Avec les changements démocratiques que nous avons connus, les problèmes suivants sont apparus: le chômage des femmes, en particulier de celles âgées de plus de 40 ans, leur faible taux de participation à la vie politique et à la vie publique.

Pour garantir une égalité des chances dans la pratique, la Hongrie a cherché à promouvoir l’emploi des femmes et à mieux planifier et encourager les offres d’emploi à temps partiel, à aider les hommes et les femmes à concilier leurs tâches familiales et leur vie professionnelle, à accroître les allocations familiales, à mettre en place les institutions visant la protection des victimes de la violence domestique, à améliorer l’éducation et la formation professionnelle, ainsi que les recours juridiques. Le renforcement du rôle de la société civile constitue une des pierres angulaires sur laquelle repose la démocratie et l’égalité entre les sexes. Le Conseil de représentation des femmes qui a été créé en 1999 compte parmi ses membres des représentants de la société civile, des ministères et universités. Cette coopération avec la société civile est très prometteuse. La Représentante a souligné que son pays attache une importance particulière aux efforts internationaux visant à inscrire l’esclavage sexuel et la prostitution forcée au rang des crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Nous adhérons en particulier à l’objectif visant à améliorer les connaissances qu’ont les femmes de leurs propres droits.

Mme AITKUL B. SAMAKOVA, Ministre, Présidente de la Commission nationale sur la famille et les affaires féminines du Kazakhstan, a rappelé que la Conférence préparatoire à cette session extraordinaire qui s’est tenue au Kazakhstan et a réuni les Etats de la Communauté des Etats indépendants, la Mongolie et la Turquie a révélé que les pays en transition font souvent face à des problèmes similaires auxquels ils devraient chercher ensemble des solutions. La création d’un groupe régional intergouvernemental avait alors été évoquée, ainsi que la possibilité d’établir une Commission interparlementaire sur le genre. Ces projets sont toujours en cours de discussion, a-t-elle ajouté. Présentant les progrès réalisés par son pays dans l’application du Programme d’action de Beijing, elle a observé que les femmes sont toujours sous-représentées au niveau des prises de décisions en précisant qu’elle était la seule femme ministre du Kazakhstan. De la même manière, les femmes n’ont pas les mêmes chances face à l’emploi. Dans ce domaine, elle a indiqué que son pays avait lancé un programme de microcrédit en 1999 qui a joué un rôle important dans le développement d’entreprises féminines. A cet égard, elle a demandé aux Nations Unies d’attirer l’attention des institutions financières internationales sur la nécessité de donner des opportunités économiques aux femmes.

La Ministre a également dressé le bilan de la santé des femmes dans son pays, signalant que les deux tiers d’entre elles souffrent d’anémie, que les cancers du sein sont en augmentation. Pour elle, cette situation est la conséquence des effets des essais nucléaires sur le site de Semipalatinsk et de la catastrophe écologique de la Mer d’Aral. Remerciant les institutions des Nations Unies pour leur aide et réaffirmant que parmi les 12 domaines critiques celui de la santé est prioritaire au Kazakhstan, elle s’est félicitée que les Nations Unies aient recommandé aux organisations internationales de financer les programmes nationaux d’application du Programme d’action de Beijing.

M. OSMO SOININVAARA, Ministre de la santé et des services sociaux de la Finlande, a déclaré que l’égalité complète entre les sexes, le développement et la paix ne pouvaient être atteints sans la pleine réalisation de tous les droits humains des femmes et des filles. Le processus de ratification du Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes sera prochainement parachevé en Finlande. Il y a presque cent ans, la Finlande a été le premier pays du monde à donner aux femmes leurs droits politiques complets. Aujourd’hui, le pays a une femme à sa présidence et à la présidence du Parlement. Les femmes sont représentées à tous les niveaux politiques. En Finlande, l’égalité entre les femmes et les hommes est fondée sur la pleine réalisation de tous les droits humains, en particulier le droit au travail, le droit à la sécurité sociale universelle et individuelle et le droit à la santé, y compris les droits sexuels et de la reproduction, ainsi que la santé mentale. Le droit à l’éducation est un élément crucial de la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes. Les femmes sont particulièrement actives dans le développement de l’Etat providence. La sécurité sociale et les services sociaux et de santé, en particulier les crèches et les congés parentaux, permettent aux mères et aux pères de travailler hors de la maison et de gagner leur vie. Les inégalités entre les femmes et les hommes demeurent néanmoins dans la vie professionnelle. Les salaires des femmes représentant en moyenne 82% de ceux des hommes. Bien qu’éduquées et travaillant à l’extérieur, les femmes finlandaises doivent s’efforcer de réconcilier leur vie familiale et les demandes croissantes de la vie professionnelle. La compétition dans la nouvelle économie et le travail peut déboucher sur une situation où les deux parents ne tirent pas profit de leurs droits parentaux légaux. Les pères aussi se voient privés de leur famille et de leurs enfants par le travail. Il est en outre devenu plus difficile pour les femmes d’obtenir un emploi permanent, a indiqué le Ministre, ajoutant que le Gouvernement finlandais avait pris des mesures pour redresser cette situation.

Abordant ensuite la question de la violence contre les femmes, le Ministre a expliqué qu’en Finlande, les personnes violentes se voient interdire par la loi d’approcher leurs victimes qui bénéficient de la protection de la police. Il a estimé, par ailleurs, que la fillette nécessitait une attention particulière. La féminisation de la pauvreté commence par le traitement des petites filles. La pauvreté et les inégalités fondées sur le sexe, combinées au manque d’éducation et à l’accès inadéquat aux soins de santé ont des conséquences dramatiques, a-t-il souligné. L’un des défis aujourd’hui est d’aider les femmes et les filles à tirer le meilleur parti des technologies de l’information et de la communication. La révolution numérique peut et doit donner le pouvoir aux femmes car elle offre l’accès aux informations sur la santé, à l’éducation, à la formation, aux moyens financiers, tout en aidant les réseaux de femmes à travers le monde.

L’un des plus grands dangers pour la santé et l’une des menaces les plus graves au développement est le VIH/sida, a poursuivi le Ministre qui préside actuellement le Conseil de coordination du Programme ONUSIDA. Il a rappelé que les femmes étaient particulièrement vulnérables au VIH/sida et a souligné l’importance de la réalisation des droits sexuels et de la reproduction des femmes, y compris le droit à l’information et aux services pour la protection des femmes et des filles contre ce fléau. Il a donc encouragé le développement de programmes nationaux d’éducation sur les questions relatives à la santé des jeunes filles et des garçons.

Mme NYAMOSOR TUYA, Ministre des relations extérieures de la Mongolie, rappelant que le Programme d’action de Beijing demeure un document essentiel à la promotion de la femme et à l’égalité entre les sexes, a déclaré que son pays signera très bientôt le Protocole à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et en complètera la ratification cette année. Pour permettre aux femmes d’être les bénéficiaires et les acteurs du développement, il faut forger un véritable partenariat entre hommes et femmes, entre secteur public, secteur privé et société civile, entre nations riches et nations pauvres. La représentante a expliqué qu’en Mongolie, une nouvelle législation a été mise en place comme notamment un Code du travail interdisant toute discrimination à l’égard des femmes sur les lieux de travail et des lois qui garantissent aux femmes les mêmes droits en matière de succession, de propriété foncière et autres formes de propriété. Pour réduire la pauvreté, priorité actuelle du Gouvernement, la Mongolie a élaboré un Programme national auquel participent plus de 40 ONG opérant dans le pays. Les femmes, qui comptent pour la moitié de la force de travail mongole, sont de plus en plus employées dans le secteur privé.

Mme Tuya a néanmoins signalé qu’en Mongolie, la sécurité de l’emploi, l’accès à l’information et au crédit sont encore limités pour les femmes. Lorsque chefs de famille, elles ont davantage de risques d’être pauvres. De plus, l’échec social entraîne, dans certains cas, la violence domestique à leur encontre et l’abus d’alcool est devenu l’une des causes majeures d’éclatement familial, de prostitution, de suicide et d’abandon des enfants, a souligné la représentante. Elle a par ailleurs souhaité attirer l’attention sur la condition des femmes rurales qui jouent un rôle critique dans l’économie des pays en développement comme la Mongolie. En effet, 45,1% des femmes mongoles résident dans les campagnes, vivant des vies nomades ou semi-nomades. La précarité des infrastructures en zones rurales les prive d’un accès aux services de santé, à l’éducation ainsi qu’aux technologies de l’information. La représentante a de ce fait rappelé la résolution adoptée par l’Assemblée générale à sa cinquante quatrième session sur les femmes rurales, qui appelait à des recherches pour déterminer, quantifier et expliquer l’impact de la mondialisation et de la pauvreté sur ces femmes.

Le rapport du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) sur les progrès des femmes dans le monde indique que seuls 5%, en moyenne, des budgets nationaux sont alloués aux questions relatives à l’égalité des femmes. Il nous faut donner plus, a encouragé Mme Tuya.

Mme MADELEINE ALBRIGHT, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis d’Amérique, a déclaré qu’il n’est plus possible après Beijing de refuser d’admettre que les droits de la femme sont des droits de l’homme et qu’ils sont indivisibles des droits universels de chaque être humain. Il n’est plus possible de concevoir le développement comme une entité distincte de l’autonomisation des femmes. Il n’est plus possible de dire que les abus à l’encontre des femmes relèvent simplement de facteurs culturels. Lorsqu’une femme est violée, mutilée et battue, ce n’est pas culturel mais criminel. L’appel lancé à Beijing visait l’action et les Etats-Unis y ont répondu, a souligné Mme Albright. Par exemple, a-t-elle expliqué, le Département de la santé a investi dans la détection et le traitement des cancers du sein et du col de l’utérus, a déclaré la guerre à la pandémie du sida et a établi une National Women’s Health Clearinghouse. Le Département du travail a renforcé sa politique pour ce qui est des congés parentaux, a accru les investissements en faveur des enfants, a aidé des millions de femmes à trouver un emploi valorisant et a incité les employeurs à pratiquer l’égalité des salaires. Le Département du trésor, de son côté, a développé les crédits aux petites et microentreprises. Le Département de la justice a durci les lois relatives à la violence domestique. Nous avons mis à disposition un numéro d’urgence accessible 24 heures sur 24 qui permet de déclencher des interventions face à des situations de crise et fournit des conseils.

Nous avons également intensifié nos efforts pour obtenir l’approbation du Sénat à la ratification par notre Gouvernement de la Convention sur toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Certains sénateurs voudraient que l’on renonce mais nous ne le ferons pas. Que le doute ne soit pas permis. Nous nous battrons jusqu’à ce que cette Convention devienne la loi de notre terre. Enfin, le Département d’Etat a déployé des efforts pour placer la question de la condition de la femme et de la fillette au cœur de notre politique étrangère. Nous avons également lancé une initiative diplomatique et policière importante pour lutter contre la traite des êtres humains. Au niveau national, nous travaillons avec le Congrès à l’élaboration d’une loi qui punira plus sévèrement les auteurs de tels crimes et qui protègera mieux les victimes. Mme Albright a appelé tous les pays de la communauté internationale à joindre leurs efforts de lutte contre la traite des êtres humains. Nous devons également nous battre pour que les bénéfices de la mondialisation profitent à tous. Comme Mme Hillary Clinton l’a dit lundi dernier “Quand il s’agit des femmes, la mondialisation ne doit pas signifier marginalisation”. Dans ce contexte, nous devons redoubler nos efforts pour promouvoir l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle afin de faire reculer la pauvreté et de faire fleurir les opportunités à chaque coin de la planète. Nous devons également développer nos connaissances des effets positifs et négatifs de la mondialisation sur la vie des femmes.

Mme HILDA KARI, Ministre de la condition de la femme, de la jeunesse et des sports des Iles Salomon, a identifié les principaux obstacles auxquels son pays doit faire face dans l’application du Programme d’action de Beijing. L’analphabétisme reste le problème majeur et son élimination est la clé de l’application du Programme d’action, a-t-elle estimé. L’expérience a montré qu’investir dans l’éducation des filles produit des résultats positifs dans la nutrition et la santé de la famille tout entière et contribue à l’élimination de la pauvreté. Elle s’est félicitée de l’adoption par son pays de la Politique nationale pour les femmes en 1999. C’est une étape importante, a-t-elle ajouté, car ce projet a été mis en échec six fois au cours des 10 dernières années. Elle a indiqué que son pays avait décidé d’accéder prochainement à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes. Toutefois, en dépit des efforts du Gouvernement, les femmes sont toujours sous-représentées au niveau des prises de décisions tant dans le secteur public que privé. Elle a fait état des réformes adoptées par son pays pour renforcer l’accès des femmes aux services de santé et pour promouvoir l’éducation des filles.

Abordant les tensions ethniques dans son pays, elle a observé que cette situation avait accru les difficultés des femmes et des enfants dans les provinces de Guadalcanal et de Malaita. Outre les ruptures d’approvisionnement, de nombreuses familles ont été déplacées, l’accès aux services de santé et à l’éducation a été interrompu par la fermeture des hôpitaux et des écoles. Face à cette situation, la Ministre a réitéré son appel à la paix lancé le jour de la fête des mères et les dispositions prises par la Conférence nationale qu’ont tenue les femmes pour la paix. Elle a appelé la communauté internationale à relever les défis de la mondialisation et à utiliser ses bénéfices pour prendre en considération les besoins et les préoccupations des femmes. Elle a mis l’accent sur l’éducation sans laquelle il sera impossible de participer à la nouvelle économie. L’éducation est indispensable au développement, au progrès social et à la liberté, a-t-elle déclaré en insistant sur la nécessité de faire avancer la situation des femmes, de permettre à la société tout entière d’avoir accès à l’éducation. Elle a indiqué que son Gouvernement a choisi de privilégier le concept, “hommes et femmes, partenaires du développement”.

Mme ROMAINE NDORIMANA, Ministre des affaires sociales et féminines du Burundi, a rappelé le contexte difficile dans lequel son pays a mis en place le suivi de la Conférence de Beijing. La crise perdure même si l’on peut espérer que la situation pourrait s’améliorer prochainement avec la signature des Accords de paix d’Arusha. Le Plan d’action national qui a été adopté se réfère à six domaines jugés prioritaires pour le Burundi, à savoir, la paix et la culture, l’éducation et la formation, la lutte contre la pauvreté, les droits de la femme et les mécanismes institutionnels chargés de sa promotion ainsi que la communication. Jusqu’aux communautés de base où persistent pourtant des préjugés négatifs sur le statut de la femme, celles-ci sont associées aux débats organisés dans le cadre du dialogue politique intérieur sur le processus de paix dans le pays. Le groupe “femme” a obtenu, depuis octobre 1998, le statut d’observateur dans les négociations interburundaises de paix d’Arusha, devenant ainsi un partenaire incontournable dans la recherche d’une paix durable. En matière de santé, des initiatives ont été menées en vue d’améliorer la vie de la mère et de l’enfant. Il s’agit notamment de la réhabilitation et de l’éducation nutritionnelles, ainsi que la formation des prestataires des services de santé à tous les niveaux. Cependant, la réduction de manière sensible du taux de séroprévalence du VIH/sida et des maladies sexuellement transmissibles chez les femmes ainsi que la prise en charge précoce des cancers gynécologiques et des troubles liés à la ménopause, n’ont pas connu les résultats escomptés, a indiqué la Ministre. Bien que d’un point de vue législatif, il n’y ait pas de discrimination entre les sexes, de nombreux obstacles socioculturels empêchent encore les filles d’aller à l’école ou les amènent à quitter trop tôt. Face à cette situation, le Gouvernement a mené des campagnes de scolarisation universelle. Diverses initiatives ont été menées pour lutter contre la pauvreté, en particulier en ce qui concerne l’octroi de microcrédits, l’initiation et la formation autour d’activités génératrices de revenus, notamment en techniques de gestion, de production et de transformation alimentaire. Le Gouvernement s’est fixé pour objectif de légiférer sur la succession, les régimes matrimoniaux et libéralités au cours de cette année, a encore indiqué la Ministre.

Mme Ndorimana a expliqué que son pays n’avait pas pu couvrir complètement l’exécution du Programme d’action de Beijing en raison de la crise sociopolitique et aussi de l’embargo décrété injustement contre son pays par les pays voisins du 31 juillet 1996 au 23 janvier 1999 et dont les retombées néfastes se font encore sentir aujourd’hui. Cette situation a annihilé les acquis dans tous les secteurs de la vie nationale, a-t-elle dit. De l’avis du Burundi, la session extraordinaire doit marquer des pas en avant en renforçant la solidarité internationale en direction des organisations féminines, en proposant des mesures concrètes de nature à réduire les écarts entre les pays pauvres et les pays riches, en proposant des mesures de promotion de l’éducation, particulièrement en faveur de la femme, en bannissant à jamais les discriminations de sexe et les violences faites aux femmes, et en consolidant les acquis en matière des droits des femmes.

Mme THUWAYBA BINT AHMED BIN ISSA AL-BARWANI, Sous-Secrétaire aux affaires sociales d'Oman, a fait mention des mesures prises pour améliorer les soins de santé et les indicateurs de qualité de la vie, à savoir l'espérance de vie, le taux de mortalité, l'âge des femmes au mariage et la croissance de la population, l'accès à l'éducation et le taux d'analphabètes. Elle a indiqué également le lancement d'une campagne de sensibilisation aux droits de l'enfant et a fait état des initiatives visant une meilleure participation des femmes dans toutes les sphères du développement national, des services publics au secteur privé. Elle a notamment cité la mise en place de programmes de formation et de réduction de la pauvreté comprenant l'accès au microcrédit et le développement des compétences. Elle a ajouté que le droit de vote pour le Conseil consultatif a été accordé aux femmes et que 29 d'entre elles sont d’ores et déjà candidates aux prochaines élections. Au niveau local et des communautés, une avancée significative a été réalisée grâce à l'établissement du Comité de coordination du bénévolat féminin. Des dispositions législatives et constitutionnelles, en conformité avec la loi de la Charia, ont également été prises pour promouvoir la parité entre les sexes, en particulier la participation des femmes dans les sphères publique et privée. La Sous-Secrétaire aux affaires sociales d'Oman a ajouté que son Gouvernement s'applique à formuler pour l'avenir des actions spécifiques visant à améliorer la perception du rôle des femmes dans la société, la qualité et l'accès des femmes à l'éducation ainsi que des programmes d'information à l'attention des femmes en milieu rural, visant à améliorer leurs capacités de développement.

Mme JARMILA MORAVEK DE CERRUTO, Vice-Ministre de la parité entre les sexes et des affaires de la famille de la Bolivie, a estimé qu’au cours des 5 dernières années, la lutte des femmes pour le respect de leurs droits s´est déroulée dans un cadre de mondialisation marqué par l’accroissement de la pauvreté en raison d’une répartition inégale des revenus. Lamentablement, ceci est également vrai pour ce qui est des ressources et des richesses de base du développement. La mondialisation pour les pays de moindre développement se traduit par une menace car la pauvreté, le manque d’emplois et la corruption ont eux aussi acquis une dimension mondiale. Il nous faut admettre que les obstacles à la réalisation des droits de la femme sont encore nombreux. Le Programme d’action de Beijing exige davantage de volonté politique, de plus grandes ressources financières et un plus grand degré d’institutionnalisation. Un autre obstacle tient aux limites des programmes socioéconomiques des Etats. En Bolivie, en dépit des actions du Gouvernement en vue de créer les conditions favorables à la réalisation des droits des femmes, il n’a pas été possible d’intégrer ces dernières à toutes les étapes du développement du pays. La mobilisation des femmes boliviennes et l’institutionnalisation de la question ouvre cependant de nouvelles perspectives pour l’édification de notre société.

Nous avons obtenu des résultats importants dans les domaines de l’éducation, de la santé avec la mise en œuvre d’un plan stratégique qui intègre les questions de la santé reproductive et vise la diminution de la mortalité maternelle, a poursuivi la Vice-Ministre. La violence est désormais tombée dans le domaine public et légal. Les efforts visant la définir ce qu’est la violence à l’intérieur de la famille est une question qui intéresse l’Etat. L’accès des femmes aux postes de pouvoir bénéficie de lois spécifiques comme le Code électoral, la Loi sur les partis politiques ou la Loi des municipalités.

Malgré ces réalisations, a reconnu la Ministre, les structures et pratiques culturelles sont toujours défavorables aux femmes. Pour parvenir à une meilleure mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, il faut ratifier les consensus obtenus en 1995 au niveau mondial et incorporer ceux au niveau régional issus des processus de consultations. Il est essentiel que les Etats signent le Protocole facultatif à la Convention sur toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes pour réduire la brèche qui existe entre l’égalité formelle et de fait. La Ministre a exhorté les pays développés à faire des efforts réels pour garantir une distribution juste des richesses. Tant qu’une femme mourra de maladies dont les causes auraient pu être prévenues, tant que la violence durera et tant que l’on justifiera certaines pratiques culturelles et religieuses comme les mutilations génitales, l’on ne pourra pas parler des droits de la femme.

Mme AKSOLTAN ATAEVA, Turkménistan, a affirmé que son pays accorde une grande place aux questions relatives à la famille et au statut des femmes, celles-ci ayant notamment gagné en importance sous l’influence de la modernisation générale. Le Programme d’action de Beijing, a-t-elle déclaré, a été appliqué dans plusieurs programmes gouvernementaux pour l’éducation, la santé, et le statut économique et social de la femme au Turkménistan. Depuis de nombreux siècles, le peuple turkmène a hautement considéré l’autorité de la famille: la dissolution de celle-ci est donc envisagée comme un événement hors du commun. La représentante a expliqué que les lois de son pays garantissaient aux femmes des chances égales à celles des hommes dans la réalisation de leurs aspirations, qu’il s’agisse de mener les affaires d’état ou de travailler sur les problèmes économiques ou publics. Les femmes représentent notamment 26% des élus nationaux, a-t-elle noté.

Le Turkménistan a créé un système de grande envergure pour aider socialement et matériellement les mères et leurs enfants, notamment celles qui ont beaucoup d’enfants ou qui sont seules. La représentante a expliqué que cette aide comprenait le versement d’allocations aux familles nombreuses, la subvention de l’Etat aux denrées, la fourniture gratuite d’électricité, de gaz et d’eau, l’attribution de loyers les plus bas possibles, des congés de maternité supplémentaires. De nombreux progrès ont aussi été réalisés dans le domaine éducatif où 98% des femmes ont accès à l’éducation et 41% aux hautes études, a-t-elle fait remarquer, ajoutant que l’éducation est gratuite au Turkménistan. Afin d’enseigner aux femmes les rudiments du commerce, des cours de marketing et d’informatique ont été ouverts dans les écoles.

Les transformations radicales du système social, les changements des principes sur lesquels se fondent la société ne vont pas sans créer certaines difficultés. Mais les mouvements féminins apparus dans de nouvelles conditions démocratiques ont contribué à accroître le rôle public des femmes ainsi que leur autorité, notamment grâce au travail des ONG.

Mme ROSALYN E. HAZELLE, Secrétaire permanente du Ministère des communautés, du développement social et des affaires sexospécifiques de Saint-Kitts-et-Nevis, a indiqué qu'un plan d'intégration de la sexospécificité et de développement, centré sur le problème de la violence à l'égard des femmes et des enfants, les femmes en situation de pauvreté, les mécanismes institutionnels chargés de la promotion des femmes, la santé et la participation des femmes aux prises de décisions, a été élaboré. Il a fait mention de la mise en place, avec l'aide du Secrétariat du Commonwealth, d'un système de gestion de la sexospécificité, comprenant notamment des programmes de formation des décideurs de la fonction publique. Il a ajouté qu'une campagne visant l'augmentation de la participation des femmes à tous les niveaux a été lancée et qu'une loi contre la violence domestique et des amendements législatifs ont été apportés afin d'alourdir les peines encourues suite à des abus sexuels. Des programmes de formation du personnel de police aux problèmes des droits de l'homme et des droits des femmes ont également été mis en place. Compte tenu du nombre de cancers cervicaux et du sein, une attention particulière a été apportée à l'amélioration des services de santé à l'attention des femmes, notamment par la mise en place d'ateliers de soins et d'informations sur les lieux de travail. Des directives visant à assurer l'accès des mères adolescentes aux écoles ont été publiées et des programmes de formation ont été mis en place pour améliorer la situation des femmes sur le marché du travail.

Le représentant a ajouté que des facteurs exogènes, tels les ouragans, ont exacerbé la situation de pauvreté dans laquelle se trouve la population de Saint-Kitts-et-Nevis, en particulier celle des femmes chefs de famille. Il a indiqué qu'un programme de construction de 1 200 logements, dont la majorité a été allouée à des femmes, a été lancé pour y faire face. Cependant, il a déclaré qu'il est nécessaire que la communauté internationale prenne en compte la vulnérabilité économique et physique des petits Etats insulaires en développement dans la formulation des indices de développement et de la coopération internationale. En effet, les politiques visant l'égalité et la justice sociale, et en particulier celles visant l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes et la parité entre les sexes, sont limitées par l'insuffisance des ressources économiques. Saint-Kitts-et-Nevis a ainsi exprimé ses préoccupations quant aux effets négatifs, sur la situation des femmes en particulier, de la mondialisation, du fardeau de la dette extérieure et de la limitation des marges préférentielles commerciales, et a exprimé le souhait que ces questions fassent l'objet d'un examen à l'Assemblée du Millénaire.

M. ABYLABEK ASANKANOV, Cabinet du Président du Kirghizistan, a expliqué que les femmes du Kirghizistan avaient, en l’espace de presque 100 ans, fait de nombreuses expériences, jouant notamment un rôle important au foyer mais aussi au-delà. Il a souligné l’importance qu’a eue l’Union soviétique pour le rôle des femmes dans la société. Aujourd’hui, l’ordre social du pays est en pleine transformation. Dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing, des mesures radicales ont été adoptées pour promouvoir la parité entre les sexes. Un Programme national a été mis en place qui tient compte des douze domaines prioritaires de Beijing. Un Groupe de travail interagences a été mis en place, de même que des centres pour les femmes. Une Commission intergouvernementale est chargée des affaires des femmes, de la famille et de la jeunesse. Un projet de loi sur la parité entre les sexes a été adopté. Depuis 1998, une nouvelle étape a commencé pour ce qui est de l’égalité entre les sexes. Un Conseil national pour la parité a été mis en place auprès du Bureau du Président de la République. Des programmes et cours sur la parité ont été introduits dans les écoles et universités. Avec le développement de l’économie de marché, de nouvelles relations s’établissent entre les gens qui ont connu une immense transformation psychologique, notamment des femmes.

S’il appartient aux gouvernements de mettre en place les politiques visant à renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes, il faut reconnaître les difficultés auxquelles ceux-ci peuvent être confrontés dans ce contexte. Ainsi, l’an dernier des extrémistes religieux ont pris en otage des Japonais et des Kirghizes, ont fait des victimes et ont occupé une partie du territoire. D’autres événements ont également affecté la situation du pays. A quoi, il faut ajouter les difficultés liées au chômage. Le Kirghizistan a besoin de l’appui de la communauté internationale pour renforcer la démocratie encore précaire dans le pays, a dit le représentant. Il a assuré que la poursuite des réformes économiques et politiques irait de pair avec la continuation des efforts visant à assurer la parité entre les sexes et promouvoir la situation des femmes.

Mme MARIA ISABEL BAQUERIZO DE NOBOA, Equateur, a déclaré que l'Equateur a respecté les engagements pris lors de la Conférence de Beijing en créant un Plan sur l'égalité des chances pour la période allant de 1996 à 2000. Ce plan est complété par des mécanismes institutionnels tels que le Conseil national des femmes qui est constitué de représentants du Gouvernement et de la société civile et dépend du Bureau du Président de la République. Les organes gouvernementaux sont en contact étroit avec les mouvements des femmes et leurs efforts politiques conjugués ont abouti à la reconnaissance d'une grande partie des droits collectifs des femmes dans la Constitution promulguée en 1998.

La représentante a insisté sur les répercussions négatives qu'a eu le difficile processus d'ajustement structurel et les crises successives qui l'ont accompagnées sur la situation sociale. Cet état de fait entrave gravement le développement et l'établissement de la démocratie, a-t-elle souligné. La crise compromet également les chances de survie des femmes, leur bien-être personnel, ainsi que leur possibilité d'exercer leurs droits. Dans ce contexte, les Etats Membres des Nations Unies, les organisations non gouvernementales, les organisations internationales, et particulièrement les organisations pourvoyeuses de fonds, doivent soutenir les efforts que déploient les gouvernements pour appliquer le Programme d'action de Beijing. Ainsi, les femmes et les enfants pourront avoir accès à la connaissance, aux nouvelles technologies et aux instruments nécessaires pour être actifs sur le marché du travail. Pour sa part, le Gouvernement de l'Equateur a mis en place un Programme d'urgence dans le domaine social prévoyant des mesures ciblées et dont les femmes des couches les plus pauvres de la population sont les principales bénéficiaires. Suite à la normalisation de ses relations avec le Pérou, le Gouvernement souhaite également créer des communautés frontalières. Par ailleurs, une loi garantissant aux femmes la gratuité des soins médicaux pendant la période prénatale et postnatale, et une loi assurant la présence d'au moins 30% de femmes sur les listes électorales ont été adoptées.

M. JEMAT HAJI AMPAL, Brunéi Darussalam, a mis l'accent sur les mesures prises par son Gouvernement conscient de la nécessité d'entreprendre des politiques respectant le principe de l'égalité entre les sexes. Cette approche a été particulièrement fructueuse dans le domaine de l'éducation, et plus particulièrement de l'éducation supérieure dans laquelle on compte actuellement plus de femmes que d'hommes. En outre, le taux d'inscription à l'école primaire est quasiment "universel". Un changement des mentalités s'est produit en ce qui concerne les femmes et le travail, et celles-ci bénéficient désormais des mêmes possibilités d'emploi et du même salaire que les hommes dans la fonction publique. Les femmes représentant maintenant plus de 50% de la main-d’œuvre, le Gouvernement, les organisations non gouvernementales et le secteur privé ont pris des mesures pour venir en aide aux mères qui travaillent. L'accès aux soins de santé des femmes et la prévention dans le domaine sanitaire et de la violence à l'égard des femmes et des fillettes reçoivent également une attention particulière.

Mme LIZ GORDON, Députée de la Nouvelle-Zélande, a déclaré qu’il fallait continuer à fixer de nouveaux objectifs et identifier de nouvelles mesures pour parvenir à l’égalité entre les sexes et donner le pouvoir aux femmes. Depuis 1995, la Nouvelle-Zélande a connu des changements significatifs dans les domaines social et économique qui ont eu un impact sur le statut et le potentiel de développement des femmes. L’élimination des discriminations fondées sur le sexe et la promotion des droits des femmes constituent une priorité du Gouvernement. Une attention particulière est accordée à l’indépendance économique des femmes en tant que base pour leur donner le pouvoir dans tous les domaines où l’égalité n’a pas encore été réalisée. Les femmes qui travaillent gagnent environ 80% du salaire des hommes. Cet écart entre les salaires est plus important encore pour les femmes éduquées. En outre, des politiques subsistent qui peuvent paraître égalitaires, mais qui ont néanmoins des effets inégalitaires pour les femmes. Ainsi, si la loi prévoit un partage équitable des biens communs du couple, dans la pratique, les contributions de la femme à une relation ne sont pas valorisées. Le Gouvernement examine en ce moment cette question, ainsi que la nécessité d’assurer un partage équitable des biens lors de la dissolution d’une relation de facto ou d’une relation entre personnes de même sexe.

L’économie de la Nouvelle-Zélande compte beaucoup sur la participation des femmes aux niveaux productif et reproductif, tant comme travailleuses rémunérées que comme mères de famille. Des discussions sont d’ailleurs en cours pour instituer un nouveau système de congé parental payé, a expliqué la représentante. Elle a appelé à trouver des solutions réelles aux causes économiques et sociales sous-jacentes aux conflits et à la violence. Il faut en outre faire davantage pour reconnaître le rôle des femmes dans l’établissement de la paix. Dans la région, les femmes ont d’ailleurs joué un rôle de chef de file dans la fin du conflit sécessionniste sur l’île de Bougainville, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

La représentante a encore fait part de la volonté de son Gouvernement de chercher les moyens de combler l’écart économique et social entre les femmes maories et non maories. Les femmes maories ont subi l’impact de la restructuration économique des industries et des secteurs où elles travaillaient traditionnellement. Le déclin des opportunités de travail et les responsabilités croissantes qu’elles assument en tant que chef de famille ont eu pour conséquence de limiter leur accès à l’emploi, ce qui a eu un impact négatif sur leur situation socioéconomique et leurs communautés. Nombreuses d’entre elles ont cherché à acquérir leur propre pouvoir économique par le biais de petites et moyennes entreprises, de petits commerces et d’une participation croissante dans des professions comme la médicine, la magistrature et la formation. Le Gouvernement s’efforce aussi de promouvoir une approche régionale du développement économique et de la création d’emplois. Ce processus repose sur les apports et l’expertise des femmes de toutes origines ethniques et sociales et veille à assurer que soient reflétés les besoins de toute la communauté. Enfin, la Nouvelle-Zélande se félicite de la contribution positive du Commonwealth en ce qui concerne la promotion de la femme. Dans ce contexte, la Nouvelle-Zélande accueillera dans le courant de ce mois un Symposium du Commonwealth pour le Pacifique Sud sur la parité entre les sexes, la politique et l’établissement de la paix.

Mme INTISAR AL-WASIR, Ministre des affaires sociales de l’Autorité palestinienne, a déclaré que malgré les difficultés rencontrées en raison de l’occupation et de la politique d’oppression israélienne, le peuple palestinien et la femme palestinienne ont été en mesure au cours des 5 dernières années d’établir les fondations du développement socioéconomique et institutionnel de l’Etat palestinien qui sera bientôt proclamé. L’Autorité palestinienne est parvenue à établir les bases des infrastructures économiques, scolaires et de santé tout en étant sensible aux questions de sexospécificité. Les législations adoptées reposent sur les normes internationales visant la promotion de la démocratie et les principes de justice et d’égalité des femmes et des hommes palestiniens. Les premières élections démocratiques ont vu la participation des femmes et 5 d’entre elles ont été élues au Conseil législatif qui compte 88 membres. La femme palestinienne est présente dans tous les secteurs de la société ainsi qu’au sein des ministères et divers départements de l’Autorité palestinienne. Leur nombre est toutefois limité, en raison de la persistance des us et coutumes et de la prévalence des mentalités traditionnelles. Il est donc nécessaire d’accroître le taux de leur participation notamment au niveau de la prise de décisions.

Pour dépasser les obstacles qui pèsent sur la réalisation des droits de la femme, a précisé la Ministre, nous avons créé des unités chargées des questions féminines au sein de tous les ministères. La stratégie nationale en faveur de la femme palestinienne vise à définir les priorités et à unir les efforts en vue de minimiser le fossé entre les sexes dans le but ultime de parvenir au développement durable. Cette stratégie coordonne également les divers programmes du Plan de développement palestinien et accorde la priorité aux femmes des zones rurales, aux femmes réfugiées et aux femmes souffrant de la pauvreté. Il s’agit aussi d’évaluer les diverses politiques et législations pour garantir l’absence de dispositions discriminatoires et de promouvoir et de mettre en œuvre des législations qui intègrent la dimension sexospécifique. Cette stratégie enfin nous permet de développer des bases de données sur les femmes et d’autonomiser les unités chargées des questions féminines des ministères de l’Autorité palestinienne et des autres organisations de femmes. La Ministre a réitéré sa solidarité avec les femmes syriennes qui luttent contre l’occupation du Golan, les femmes libanaises et les femmes arabes, en particulier la femme iraquienne qui souffre depuis si longtemps de l’imposition de sanctions. Sans une paix juste, globale et durable, la femme palestinienne ne pourra pas obtenir l’égalité et son intégration à tous les aspects de la vie palestinienne.

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