En cours au Siège de l'ONU

AG/1019

L'EMANCIPATION ECONOMIQUE PRESENTEE, PAR DES DELEGATIONS, COMME FER DE LANCE DE LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE A L'EGARD DES FEMMES

7 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1019


L'EMANCIPATION ECONOMIQUE PRESENTEE, PAR DES DELEGATIONS, COMME FER DE LANCE DE LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE A L'EGARD DES FEMMES

20000607

La violence à l'égard des femmes, violation flagrante des droits de l'homme, a été cet après-midi, au coeur des débats de la session extraordinaire que l'Assemblée générale tient sur le thème "Les femmes en l'an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix au XXIè siècle". Cette session, intitulée aussi Beijing plus 5, en référence à la ville où s'est tenue la quatrième Conférence internationale sur les femmes en 1995, offre l'occasion aux délégations, comme cela a été le cas cet après-midi, d'affirmer l'importance du Protocole facultatif se rapportant à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination, adopté en octobre 1999. Pour la Représentante de l'Autriche, ce Protocole, aux côtés des dispositions du statut de la Cour pénale internationale qui érige en crimes de guerre et en crimes contre l'humanité certains actes de violence contre les femmes, vient judicieusement renforcer le régime juridique international des droits de la femme.

La question de la violence contre les femmes englobe les cas des femmes battues, de viols, de sévices sexuels et de prostitution, a précisé la Ministre chargée des enfants et des affaires familiales de la Norvège, en ajoutant que le commerce du sexe est une violation des droits de l'homme qui consiste à abuser de la pauvreté des femmes et des structures économiques et sociales. A cet égard, les statistiques de l'Organisation internationale pour les migrations (OMI), citées par la Représentante de l'Autriche, montrent que, chaque année, quelque 500 000 femmes d'Europe centrale et orientale sont transférées à l'étranger pour alimenter les réseaux de prostitution. Si le chômage a été invoqué pour expliquer la vulnérabilité des femmes à la prostitution, la dépendance financière a, elle, été citée comme un élément permettant de comprendre la résignation des femmes face à la violence domestique. La promotion économique est donc apparue comme la solution et diverses initiatives ont été décrites par les délégations.

Les Vice-Premier Ministre, Ministres et personnalités des pays suivants sont intervenus : Bhoutan, Libéria, Croatie, Malawi, Mozambique, Etats fédérés de Micronésie, Congo, Côte d'Ivoire, Mali, Estonie, République islamique d'Iran, Kenya, République arabe syrienne, Rwanda, Sainte-Lucie, Swaziland, Norvège, Burkina Faso, Qatar, Malte et Autriche. En début de séance, le Président de l'Assemblée générale et de la session extraordinaire, M. Theo-Ben Gurirab (Namibie), a annoncé que l'Ukraine avait versé les paiements nécessaires pour ramener ses arriérés en deçà du montant spécifié à l'Article 19 de la Charte des Nations Unies.

La session extraordinaire poursuivra son débat général, demain jeudi 8 juin à 10 heures.

Examen et évaluation des progrès accomplis dans l'application des 12 domaines critiques du Programme d'action de Beijing; nouvelles mesures et initiatives visant à surmonter les obstacles à l'application du Programme d'action

Déclarations

M. OM PRADHAN (Bhoutan) a placé l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes – qu’il s’agisse de violence domestique, de viol, de traite, de violence infligée au cours de conflits armés, d’infanticide des filles ou de mutilation génitales – au rang des priorités de la communauté internationale. Précisant que la traite et l’exploitation des femmes et des enfants aux niveaux national et international sont imposées sur les zones de pauvreté par les zones de prospérité, il a estimé qu’il est temps de prendre des mesures pour mettre fin à ces pratiques abjectes. A cet égard, il a regretté que la volonté politique et les ressources fassent défaut. Le représentant a présenté les mesures prises dans ce domaine par l’Association des Etats du Sud-Est asiatique pour la coopération régionale (SAARC), citant notamment la Décennie de la fillette, 1991-2000, et le consensus favorable à l’adoption d’une convention pour combattre la traite des femmes et des enfants qui sera soumise à l’association lors de sa prochaine réunion.

Le représentant a rappelé que l’égalité entre les sexes est garantie par la loi dans son pays et que 50% des enfants scolarisés au Bhoutan sont des filles. Il a cité quelques mesures prises par son pays pour assurer l’égalité de traitement des femmes dans les lois concernant le mariage, pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans l’emploi et pour favoriser le développement de centres d’éducation informelle dont 80% des bénéficiaires sont des femmes. Il a également fait état des progrès réalisés dans la participation des femmes aux prises de décisions et aux secteurs traditionnellement masculins comme l’armée, la police et le système judiciaire.

Mme JEWEL HOWARD-TAYLOR, Première Dame du Libéria, a plaidé en faveur d'investissements dans l'éducation des filles, de la reconnaissance et du renforcement du rôle des femmes, de leur intégration dans les processus de prise de décisions en tant qu'acteurs économiques, de leur inclusion dans la gestion des ressources naturelles et les politiques environnementales, et de la mise en oeuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à égard des femmes et des autres instruments relatifs aux droits de homme afin de créer un environnement favorable à la justice sociale pour tous les hommes et toutes les femmes. La question de l'égalité entre les sexes est un problème de toute l'humanité, a-t-elle dit. Pour les pays qui, comme le Libéria, sortent de la guerre et s'efforcent de reconstruire leurs vies et l'héritage perdu, il y a des problèmes qui continuent de faire obstacle aux efforts de mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. Parmi ces problèmes, Mme Taylor a mentionné la poursuite des conflits armés en Afrique, le poids de la dette, l'inadéquation de l'aide, les barrières commerciales régionales et internationales, la faiblesse des capacités à tous les niveaux qui permettraient d'assurer un développement humain durable, l'inégalité des opportunités, et l'incapacité d'atteindre les objectifs fixés dans le domaine de la santé et de l'éducation de base. Autant de problèmes aggravés par les taux de pauvreté élevés que connaissent ces pays.

Mme Taylor a appelé les gouvernements, les organisations internationales et la communauté des donateurs à donner une chance réelle aux femmes pour qu'elles puissent faire une vraie différence. Elle a engagé les hommes à ne pas avoir peur. La reconnaissance et l'amélioration de la situation des femmes ne peuvent pas avoir pour résultat de nier le partenariat naturel qui existe entre les hommes et les femmes. L'amélioration de la situation des femmes ne doit pas non plus compromettre le statut des hommes. Les hommes et les femmes devraient, au contraire, se trouver renforcés par cette évolution. La Première Dame du Libéria a appelé les hommes, en tant que décideurs et exécuteurs principaux des politiques, à réaffirmer leurs engagements et à donner aux femmes au cours de ce siècle les opportunités qui leur permettront de faire une différence positive là où elles se trouveront.

Donnez-nous les instruments appropriés pour renforcer nos capacités de contribuer à l'établissement de la paix et de la sécurité et au développement. Donnez-nous des ressources et des responsabilités égales dans les processus de prise de décisions et distribuez équitablement les ressources à toutes les nations pour permettre à chaque pays de réaliser l'égalité pour tous. Les femmes de l'Union des pays du bassin du fleuve Mano appellent les Nations Unies à les soutenir pour mobiliser toutes les ressources nécessaires au rétablissement rapide de la paix dans la région. Construire des ponts, plutôt qu'ériger des murs, tel doit être l'héritage que nous laisserons, a dit Mme Taylor. Elle a lancé un appel aux membres des Nations Unies pour qu'ils permettent aux partenaires, en particulier du continent africain, d'adopter le dialogue et l'interaction comme mode de communication. Tout ce que nous disons ici ne servira à rien sans une paix véritable, sans la sécurité et la coopération entre et à l'intérieur des nations. L'ONU doit poursuivre ses efforts d'établissement et de consolidation de la paix dans le monde, en pressant ses partenaires à mettre en place des systèmes permettant de créer un ordre mondial décent, stable et juste, a-t-elle dit.

MME ZELJKA ANTUNOVIC, Vice-Premier Ministre de la Croatie, a indiqué au sujet du rôle des femmes dans économie, que son pays attache une importance particulière à la nécessité d'analyser les obstacles actuels et d'identifier les meilleures pratiques pour promouvoir de nouvelles opportunités qui permettront élargir l'accès des femmes à l'entreprenariat et à des professions libérales. Le Parlement croate a récemment approuvé l'élaboration d'une stratégie pour la promotion de l'entreprenariat des femmes, en étroite coopération avec les organisations non gouvernementales, les milieux d'affaires et universitaire. La Croatie espère également établir un système global pour suivre et évaluer les progrès réalisés vers la participation égale des femmes et des hommes à l'économie, sur le marché du travail ainsi qu'au sein de la famille. La mondialisation a entraîné des transformations économiques et sociales profondes dans chaque société. Cette situation a engendré de nouveaux défis et soulevé un certain nombre de questions fondamentales en matière de politique qui doivent être résolues si nous voulons éviter de marginaliser certains pays, et en particulier ceux affectés par les conflits armés. L'élimination de la discrimination à l'égard des femmes est au centre des préoccupations de la Croatie. A cette fin, le Gouvernement croate appuie plusieurs programmes nationaux visant en particulier à protéger les femmes, particulièrement les femmes âgées, de licenciement. La mondialisation de l'économie exige un élargissement des marchés par le biais de la coopération sous-régionale. A cet égard, Mme Antunovic a fait référence à l'initiative d'Europe centrale qui a permis la tenue en Croatie d'une conférence sur "La coopération Est-Ouest pour l'entreprenariat des femmes", coparrainée par la Commission économique pour l'Europe (CEE) et l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE)

La garantie de l'égalité des droits des femmes et des hommes ainsi que l'intégration de l'égalité des sexes dans toutes les politiques adoptées par le gouvernement sont des objectifs prioritaires de la Croatie. L'éducation pour éliminer les stéréotypes, une participation active des femmes à l'économie sur la base d'un salaire égal pour un travail égal, ainsi que la réconciliation entre la vie de famille et le travail contribuent largement à améliorer la condition des femmes dans la société tout entière.

MME MARY KAPHWEREZA BANDA, Ministre de la parité entre les sexes, de la jeunesse et des services communautaires du Malawi, a indiqué que son pays a établi son propre Programme d’action en 1997, et à travers un processus de consultation avec les organisations non gouvernementales, le secteur privé et la société civile, a lancé, en mars 2000, une politique pour la parité. Le Programme d’action identifie 4 domaines prioritaires, à savoir la diminution de la pauvreté et la promotion de la femme, la fillette, la violence à l’égard des femmes et la paix. En matière de diminution de la pauvreté, le Gouvernement a facilité l’action des organisations non gouvernementales qui s’occupent particulièrement des femmes et des questions de parité, et a encouragé les institutions financières de prêts à cibler leur action majoritairement vers les femmes, notamment dans le milieu rural et le milieu informel. Le Gouvernement a également réalisé des programmes d’information des adolescents aux méthodes contraceptives et a réexaminé sa politique de la population à la lumière de l’intégration de la parité entre les sexes. Concernant les fillettes, le Gouvernement du Malawi a intensifié une campagne de mobilisation sociale visant à changer l’attitude négative de la société à l’égard des fillettes, a introduit l’école primaire gratuite, et a créé des bourses qui ont permis d’améliorer la fréquentation des fillettes dans les écoles primaires et secondaires. Concernant la violence à l’égard des femmes, des mécanismes de soutien et de conseils aux victimes ont été créés et une campagne nationale de sensibilisation à la violence à l’égard des femmes a été lancée. Le Gouvernement a réexaminé ses lois discriminatoires, notamment la loi sur le mariage et une loi sur l’héritage. Au niveau régional, le Malawi a signé l’addendum de la Déclaration sur la parité et le développement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) concernant l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des enfants. Enfin, concernant la paix, le Gouvernement a pris des mesures pour augmenter la participation des femmes aux prises de décisions politiques et dans la fonction publique. La représentante du Malawi a indiqué également que cinquante neuf femmes ont été admises dans les forces armées cette année.

La représentante du Malawi a enfin cité les obstacles rencontrés dans la mise en oeuvre du Programme d’action. Elle a notamment cité les effets négatifs de la mondialisation et en particulier le manque de capacités technologiques, l’inadéquation des ressources financières et des programmes d’ajustement structurel tournés vers les gains économiques au détriment des gains sociaux, et enfin, l’épidémie du sida qui a un impact négatif sur la population du Malawi.

Mme VIRGILIA DOS SANTOS MATABELE, Ministre de la condition féminine et de la coordination de l'action sociale du Mozambique, a souligné que les inondations et les cyclones qui ont frappé son pays ont été un recul grave pour les projets visant à assurer la promotion de la femme. Les conséquences de cette catastrophe naturelle, a insisté le Ministre, seront ressenties pendant plusieurs années et ne pourront que compromettre sérieusement la mise en oeuvre des programmes de développement socioéconomiques. Pour la Ministre, la mondialisation a rendu plus complexe encore la question de la promotion des femmes comme l'atteste le 1,3 milliard de femmes, d'enfants et de personnes âgées qui vivent dans la pauvreté absolue. Parmi les douze domaines critiques identifiés à la Conférence de Beijing, le Mozambique a concentré ses efforts sur sept domaines considérés comme essentiels à la promotion de la femme mozambicaine, a indiqué le Ministre. Il s'agit de la pauvreté et de l'emploi; de l'environnement et de l'agriculture; de l'éducation et de la formation; de la santé; de la violence; des mécanismes institutionnels de promotion de la femme; et de la participation aux processus de prise de décisions. La Ministre a conclu en espérant que les résultats de la session extraordinaire contribueront à l'élimination complète des obstacles qui se dressent toujours sur la voie de la promotion des femmes.

M. ELIUEL PRETRICK, Secrétaire à la santé, à l'éducation et aux affaires sociales des Etats fédérés de Micronésie, a estimé qu'au XXIe siècle, les défis n'ont pas changé. Les violations des droits de l'homme, le rôle des femmes dans la mondialisation restent de graves problèmes. Le représentant a été d'avis que la session extraordinaire soit axée sur l'égalité entre les sexes et sur le rôle des femmes dans la paix et le développement. Dans les Etats fédérés de Micronésie, le principal obstacle à l'application du Programme d'action de Beijing a été le programme d'ajustement structurel. Il en est résulté un renforcement des mécanismes chargés de défendre les intérêts des femmes. Le représentant a indiqué que le Congrès micronésien est en train de ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et que cet instrument a déjà été traduit dans quatre des langues des Etats de Micronésie. Le représentant a rappelé qu'avec une superficie d'environ 700 km2, les Etats de Micronésie doivent accorder une attention particulière aux problèmes de démographie et de dégradation de l'environnement. Il s'est félicité de la diminution du taux de croissance démographique, qui est passé de 3,4 pour cent à 1,9 pour cent depuis la Conférence de Beijing. Il a indiqué que la formation des enseignants comprend désormais des enseignements sur l'éducation du public et sur l'éducation générale et sexuelle de la famille. Le représentant a appelé les institutions régionales et internationales à apporter leur soutien aux Etats fédérés de Micronésie car leur contribution porte ses fruits au niveau national.

Mme JEANNE DAMBENDZET, Ministre de la fonction publique, des réformes administratives et de la promotion de la femme de la République du Congo, a fait remarquer que, son pays - très ébranlé par les guerres fratricides aux conséquences immenses - s'est trouvé contraint de procéder à une hiérarchisation des priorités de Beijing. Ainsi, la lutte contre les violences à l'égard des femmes et de la jeune fille, la participation de la femme au règlement des conflits et au retour de la paix et, la lutte contre la pauvreté sont traitées comme des actions d'urgence avec le concours ponctuel de la communauté internationale. En dépit des difficultés rencontrées, le Congo a pu faire démarrer le processus de mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. Cette dynamique résulte de la volonté du Président Denis Sassou-Nguesso, qui apporte un soutien actif à la promotion de la femme et de celle de la communauté internationale. Elle s'explique aussi par l'existence d'une société civile en essor. Plus de 212 organisations non gouvernementales et associations féminines se sont constituées au niveau national, dans les zones rurales et au sein des communautés de base. Un réel partenariat s'est établi entre le département chargé de la promotion de la femme et les ONG chargées de la défense des femmes. Tous ces acquis interviennent dans un contexte marqué par le retour à la paix.

La mondialisation, le fardeau de la dette et le déclin de l'aide publique au développement auxquels s'ajoute le poids des traditions et des préjugés viennent annihiler les nombreux efforts entrepris en matière de promotion de la femme sur le continent africain. La sixième Conférence régionale africaine, tenue à Addis- Abeba du 22 au 26 novembre 1999, a procédé à l'évaluation de l'application de la plate-forme de Dakar et du Plan d'action de Beijing. Les textes finaux adoptés par la Conférence de Dakar expriment la foi de l'Afrique en des changements majeurs visant à assurer l'égalité entre les sexes, le développement et la paix à l'orée du troisième millénaire. C'est le lieu de relever le rôle capital et l'importance du Comité Femme et Développement dans la lutte que mènent les femmes africaines pour leur participation effective au processus de développement. A cet égard, Mme Dambendzet a souligné les efforts louables consentis par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et la Commission économique pour l'Afrique avec le Centre africain pour la femme, pour la sensibilisation et l'appui multiforme qu'ils apportent aux gouvernements dans la mise en oeuvre des résolutions et recommandations relatives aux femmes. Au niveau mondial, la mobilisation de la communauté internationale en vue de la promotion de la femme constitue un seul combat, en dépit de la diversité politique, économique, culturelle, linguistique et religieuse. Certes, les progrès réalisés ne sont pas uniformes, mais le processus est irréversible. Chacun, à son rythme, organisera le partenariat entre les hommes et les femmes. L'avenir se présente plein de promesses mais ces promesses ne se réaliseront que si l'engagement en faveur des femmes conduit à une plus grande volonté politique, à un renforcement de la solidarité entre le Nord et le Sud, la mobilisation de ressources suffisantes et l'intégration de la sexospécificité dans toutes les politiques de développement se concrétise.

Mme CONSTANCE YAI, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de la Côte d’Ivoire, a fait état des actions entreprises dans son pays dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing. Concernant la protection juridique des femmes, la représentante a indiqué que des lois portant répression des mutilations génitales féminines, du harcèlement sexuel et du mariage forcé ont été votées. Elle a aussi indiqué que le Gouvernement organise régulièrement, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et les ONG, des séries d’ateliers de sensibilisation et de formation au problème de la violence à l’égard des femmes. Un centre d’accueil des femmes victimes de violences conjugales a vu le jour et pour la première fois, un comité national de lutte contre les violences faites aux femmes a été crée. Des campagnes de dénonciation du trafic transfrontaliers d’enfants sont menées et des rapatriements ont débuté. Une politique d’encadrement et d’accès au microcrédit vise la promotion économique des femmes, et un programme d’alphabétisation des femmes et de formation a permis d’accroître les chances des femmes analphabètes d’accéder à un emploi. Enfin, une campagne d’éducation et de mobilisation sociale à la lutte contre le VIH/sida a été lancée, et des actions de prévention sont menées en collaboration avec les ONG. Toutes ces actions initiées par le Gouvernement ivoirien ont été complétées par l’élaboration d’un plan national d’action de la femme qui s’intègre dans les objectifs et stratégies de développement de la Côte d’Ivoire pour la période 2000-2005.

Ayant passé en revue les progrès effectués, la représentante a également indiqué qu’il convient cependant d’encourager la participation des femmes aux prises de décisions politiques et économiques, notamment en combattant les clichés sexistes et les actes discriminatoires et en appliquant les lois existantes. Elle a indiqué par ailleurs, que des facteurs exogènes, tels que la progression galopante de l’épidémie du VIH/sida et la multiplication des conflits et des guerres civiles dont les victimes sont en majorité les femmes et les enfants, sont venus réduire les efforts de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire, faisant partie des Etats les plus endettés, est obligée de réduire ses dépenses sociales, et par conséquent, considère que la communauté internationale se doit de trouver une solution définitive au fardeau de la dette. La représentante a enfin indiqué que le récent changement de régime politique se concrétisera dans les prochaines semaines par la mise sur pied de structures démocratiques et transparentes, conditions sine qua non à un développement durable ainsi qu’à la promotion effective de la femme. En particulier, elle a déclaré que le 23 juillet prochain, une constitution consensuelle, qui pour la première fois fera référence aux droits de la femme et qui a l’adhésion de la quasi-totalité des partis politiques, sera soumise à référendum, et des élections générales se tiendront dans le dernier trimestre de l’an 2000. Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire lance un appel au soutien, aux niveaux bilatéral et multilatéral, pour soutenir ses efforts en vue de réussir cette transition.

Mme DIARRA AFOUSSATOU THIERO, Ministre de la promotion de la femme, de l'enfant et de la famille du Mali, a fait part des mesures prises par son pays en faveur de la femme dans les domaines de l'éducation et de la santé. La Ministre a indiqué, à cet égard, que malgré les progrès enregistrés, les taux de mortalité et de morbidité restent préoccupants. Elle a ajouté que le VIH/sida même si sa progression n'a pas atteint des proportions alarmantes mérite une attention soutenue et que des pratiques néfastes à la santé de la femme et de l'enfant persistent, malgré les campagnes d'information et de sensibilisation en cours. Pour parvenir à l'abandon de ces pratiques, un Comité national d'action a été créé en 1997 lequel définira avec l'accord du Gouvernement les stratégies et les actions à mettre en oeuvre. La Ministre s'est attardée sur les efforts en matière de promotion économique des femmes et de leur participation à la vie politique. Elle a poursuivi en indiquant que la promotion des droits des femmes a été un des axes majeurs des activités en cours qui a conduit notamment à la création de "cliniques juridiques" et à l'éclosion d'associations de défense des droits des femmes parachevant la relecture de certaines dispositions discriminatoires des codes du mariage, de la tutelle et de la parenté.

Cela a aussi conduit à l'élaboration d'un plan de lutte contre les violences faites aux femmes et d'espaces de libre expression où la société civile peut interpeller le Gouvernement sur des violations de leurs droits. La Ministre a conclu en indiquant que le renforcement institutionnel est un des domaines prioritaires qui constitue la clef de voûte de la réussite de toute politique de promotion de la femme. Dans ce cadre, outre la création de son Ministère en 1997, le Ministre a cité la nomination d'un Conseiller technique chargé des questions de genre auprès du Premier Ministre et prochainement de conseillers techniques du genre auprès des Ministères de l'éducation, de la santé, de la justice, du développement rural, de l'administration du territoriale et de l'emploi.

Mme KATRIN SAKS, Ministre de la population et des affaires ethniques de l'Estonie, a observé que l'égalité entre les sexes n'est pas seulement une question d'égalité de condition entre les deux sexes, mais aussi une question de droits humains, de démocratie et de développement des populations. En Estonie, par exemple, les femmes ont en moyenne un meilleur niveau d'éducation et une plus longue espérance de vie, toutefois cela ne veut pas dire qu'elles bénéficient de meilleurs salaires ou d'un statut social plus élevé que les hommes. Cet état de faits montre qu'un changement dans les comportements et les valeurs qui influencent le rôle de chacun des deux sexes doit intervenir. Les stéréotypes enfermant la femme dans son rôle de ménagère et de mère de famille comptent parmi les principaux obstacles à l'égalité. Les comportements sont les autres difficultés majeures, car ils donnent souvent naissance à la discrimination. Bien souvent, on peut en venir à penser qu'en matière d'égalité, les clefs du problème reposent entre les mains des hommes. C'est pourquoi, il faudra, à l'avenir, mettre l'accent sur la formation des jeunes hommes et recourir à des méthodes différentes pour enclencher un réel changement de mentalités.

Pour sa part, l'Estonie a, en 1999, enregistré un progrès important en faveur de l'égalité des femmes en politique puisque les élections législatives ont permis l'élection d'un nombre sans précédent de femmes au siège de député. Au niveau institutionnel, des mécanismes tels que le Bureau pour l'égalité, le Centre de formation des femmes, se chargent de mener à bien la politique du Gouvernement en faveur des femmes. Une loi sur l'égalité des sexes devrait être présentée prochainement, outre l'interdiction de la discrimination, cette loi devrait permettre de prendre certaines mesures positives pour chacun des deux sexes là où ils sont sous-représentés. Les autorités s'y verraient aussi obligées de promouvoir l'égalité entre les sexes, a précisé la Ministre, avant d'insister sur le fait que la réalisation de l'égalité exige une approche globale. Celle-ci doit notamment comprendre une discussion ouverte sur le rôle des hommes et sur la manière de trouver une nouvelle définition à leur masculinité. Les problèmes ne pourront en effet être réglés de manière satisfaisante que si les solutions répondent aux intérêts des deux parties.

Mme ZAHRA SHOJAIE, Conseillère auprès du Président de la République islamique d'Iran et Directrice du Centre iranien pour la participation des femmes, a déclaré qu'une évaluation réaliste de la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing indique qu'en dépit des progrès accomplis dans certains domaines, de nombreux objectifs fixés n'ont pas encore été réalisés, ni au niveau national, ni au niveau international. Au-delà des positions et des divergences exprimées, la session extraordinaire de l'Assemblée devrait être en mesure d'explorer des moyens concrets visant à respecter le respect des droits des femmes, faciliter et à institutionnaliser le renforcement de leurs capacités, assurer leur participation active à tous les niveaux de la vie sociale, et prévenir de manière efficace la violation de leurs droits et de leur dignité, à la fois au sein de la famille et au niveau de la société. La réalisation de ces objectifs exige l'adoption d'initiatives et de mesures visant à créer un environnement propice tant au niveau national qu'au niveau international.

Le Gouvernement iranien a pris une série de mesures pour s'acquitter des engagements pris dans le cadre de la Conférence de Beijing. La semaine dernière, et pour la première fois, une femme député a été nommée auprès de la présidence du parlement. Une autre mesure importante porte sur l'intégration de la sexospécificité au troisième Plan national de développement quinquennal - pour la période 2000-2004. Dans le cadre de ce Plan, une attention particulière est accordée à l'objectif de la promotion de la situation des femmes, y compris par le biais de l'allocation de ressources budgétaires aux questions des femmes aux niveaux national, provincial et local. A cet égard, les femmes, chefs de famille et les femmes rurales bénéficient d'un appui financier. L'amélioration de la situation des femmes dans différents domaines, dans toutes les sociétés et à l'échelle mondiale, appelle à une volonté résolue et à une ferme détermination de la communauté humaine tout entière, a estimé Mme Shojae, convaincue que le dialogue entre les civilisations constitue le cadre approprié permettant d'instaurer une paix et une stabilité à long terme.

M. NOAH KATANA NGALA, Ministre de l’intérieur, du patrimoine et des sports du Kenya, a indiqué que son Gouvernement a approuvé la politique nationale sur la parité et le développement visant à intégrer la parité entre les sexes dans toutes les politiques. Un plan d’élimination de la pauvreté ciblant plus particulièrement les groupes les plus vulnérables de la société, à savoir les femmes, les jeunes et les enfants, a été formulé. Il a affirmé que des obstacles, tels que les programmes d’ajustement structurel, une baisse des ressources alimentaires et les conséquences de l’épidémie du sida, déclarée catastrophe nationale, ont entraîné une augmentation sensible du taux de mortalité, en particulier chez les femmes et les enfants. Il a ajouté que le Gouvernement a également formulé un plan d’action national sur les mutilations génitales féminines, et a entrepris la décentralisation des services de santé afin d’améliorer la santé et le bien-être des femmes et des enfants. Concernant le domaine de l’éducation, des mesures ont été prises pour encourager la parité dans la fréquentation des écoles primaires, et une campagne de sensibilisation à la parité et d’élimination des préjugés culturels à l’égard des fillettes a été lancée. Un système de bourses a été mis en place pour répondre aux besoins des filles et des garçons et des dispositions de discrimination positive, ainsi que des programmes de formation, sont offerts dans les universités.

Afin de renforcer le rôle des femmes, des lois sur la propriété et l’accès aux ressources productives ont été examinées en collaboration avec les ONG. Enfin, une campagne de sensibilisation au problème de la violence à l’égard des femmes, et une campagne visant l’amélioration de la participation des femmes aux prises de décisions ont été lancées, et une loi de discrimination positive, ainsi qu’une loi sur l’égalité ont été adoptées par le Parlement. Le Ministre a exprimé l’espoir que la mobilisation des ressources nécessaires au développement durable du Kenya sera renforcée, de même que la coopération aux niveaux régional et international.

Mme MAHA KANNOUT, Ministre de la culture de la République arabe syrienne, a souligné l'urgence qu'il y a à ce que les femmes restent unies et déterminées arguant que l'ignorance et les pressions socioéconomiques ne menacent pas seulement les acquis mais qu'elles compromettent les résultats futurs. Pour ce qui est de la promotion de la femme, a dit la Ministre, la Syrie a concentré ses efforts sur les questions de l'égalité, du développement et de la paix. L'égalité consiste à offrir aux femmes les mêmes opportunités que les hommes. Il ne s'agit pas de s'attaquer aux hommes mais de rechercher la justice pour les deux sexes et une reconnaissance fondée sur le mérite et la compétence, a expliqué la Ministre en ajoutant qu'on ne saurait s'attendre à ce que les hommes jouissent du droit de s'asseoir dans le carrosse pendant que les femmes, ployant déjà sous le point des responsabilités de la vie, se contenteraient de le tirer. Venant à la question du développement, le Ministre a indiqué qu'il s'agit là de la première préoccupation des femmes et des hommes dans son pays. Les femmes sont amenées à penser qu'elles doivent multiplier leurs efforts du fait d'un héritage qui a aiguisé leur sens des responsabilités et les a conduites à rivaliser avec les à hommes dans les domaines les plus variés de la vie.

Concluant sur la paix, la Ministre a également indiqué qu'il s'agit d'une préoccupation majeure des femmes syriennes pour anéantir la moindre tentative de traduire en actes concrets le rêve de paix. Tout en prétendant travailler à la paix au Moyen-Orient, Israël refuse de mettre en oeuvre les termes de référence du mandat de Madrid, à savoir, les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et le principe de la terre contre la paix, a dit la Ministre avant de renouveler l'engagement de son pays en faveur d'une paix juste et globale qui, a-t-elle souligné, est l'unique stratégie de la Syrie. Précisant que son pays ne renoncera pas à un seul iota de son territoire national, la Ministre a affirmé que la Syrie ne perdra pas en invoquant, ce faisant, l'exemple du Liban qui a tenu bon et persévéré dans le Sud face à l'agression israélienne. Le vaillant peuple du Sud a finalement remporté une victoire sur ses agresseurs israéliens qui, vaincus, ont dû se retirer, a conclu la Ministre.

Mme ANGELINA MUGANZA, Ministre de la parité entre les sexes et du développement de la femme au Rwanda, rappelant qu'à l'époque de la Conférence de Beijing, le Rwanda émergeait du pire génocide africain du dernier millénaire, s'est félicitée de ce que le Gouvernement d'Unité nationale ait choisi de réconcilier tous les Rwandais et de promouvoir la politique de l'"inclusion". Présentant la situation de la femme au Rwanda, elle a fait remarquer que 70 % de la population rwandaise, dont une majorité de femmes, vit en-deçà du seuil de pauvreté. Les femmes du Rwanda participent davantage à la vie politique du pays par l'intermédiaire de conseils de femmes élus au niveau des villages et au niveau national. Le rôle des femmes dans la vie économique a également pris une plus grande ampleur. Cependant, elles sont toujours exposées à une pauvreté dont les causes sont structurelles mais qui découle aussi du génocide de 1994, c'est pourquoi un programme national de réduction de la pauvreté s'adressant également aux femmes a été mis en oeuvre. Le Ministère de la Justice a lancé une campagne de lutte contre la violence sexuelle à l'égard des fillettes et des femmes garantissant que les suspects de telles violations seront rapidement traduits en justice dont le résultat a été une réduction importante des actes de violence. Avec l'assistance du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la Commission économique pour l'Afrique, le Gouvernement mettra en outre en place une politique nationale de parité.

La représentante a fait état de plusieurs initiatives visant à améliorer l'accès des fillettes à l'éducation, notamment en créant des écoles pilotes accueillant les fillettes des familles rurales pauvres et les initiant aux enseignements scientifiques. En outre, le Gouvernement a créé un secrétariat national dont le mandat est de mobiliser des ressources et de coordonner les efforts des différents acteurs impliqués dans l'application du programme d'action. En dépit de quelques améliorations, de nombreux facteurs ont des incidences négatives sur la condition des femmes au Rwanda, en particulier la pandémie de VIH/sida, la violence contre les femmes et les fillettes, les conflits armés dans la région des Grands Lacs, le lourd fardeau de la dette extérieure et les politiques d'ajustement structurel qui menacent de balayer certains des avancements passés. Il a souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes aujourd'hui plutôt que demain.

Mme SARAH FLOOD-BEAUBRUN, Ministre de la santé, des services humains, des affaires de la famille et des relations entre les sexes de Sainte-Lucie, a indiqué que son gouvernement, conscient de l'importance de la pauvreté chez les femmes, a établi, en 1995, un rapport sur l'évaluation de la pauvreté qui a permis d'identifier l'absence de facilités appropriées pour assurer la garde des enfants dans les communautés pauvres du pays, en tant qu'obstacle majeur à l'accès des femmes à la formation et à l'emploi. Le Gouvernement a également été en mesure de faciliter les augmentations des prestations sociales qui contribuent à assister les pauvres. En 1999, le régime national d'assurance a permis d'accorder une augmentation de l'allocation de maternité. D'autres avantages sociaux ont été majorés en faveur des plus défavorisés. La pauvreté des femmes à Sainte-Lucie est aggravée par l'impact négatif de la mondialisation et de la libéralisation du commerce, en particulier l'érosion des préférences commerciales accordées aux petits pays économiquement plus vulnérables. En tant que pays producteur de bananes, Sainte-Lucie a été affectée par les mesures adoptées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant le régime des bananes des pays ACP établi par la Convention de Lomé. Les femmes, qui pour la plupart sont employées dans l'industrie de la banane, sont particulièrement affectées. Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a utilisé les ressources fournies par l'Union européenne pour mettre en oeuvre un Programme de relance sociale visant à atténuer les conséquences négatives subies par l'industrie de la banane, et pour empêcher la détérioration de la pauvreté. Ce Programme quinquennal a démarré en 1999 et porte essentiellement sur l'éducation des adultes, le logement, les services sanitaires, les soins de santé génésique, les sports, la protection des enfants et des personnes âgées et la réforme foncière.

En matière de santé, le Gouvernement a lancé une réforme du secteur de la santé qui permettra de garantir l'égalité des femmes et des hommes. Les problèmes liés aux maladies sexuellement transmissibles et au VIH/sida posent un défi grave au système de santé de Sainte-Lucie. Les dernières statistiques montrent que l'incidence de ces maladies sur les femmes, en particulier les plus jeunes, est considérable. C'est pourquoi, Sainte-Lucie a mis en place un programme national de prévention et de contrôle de ces maladies. En 1999, une organisation non gouvernementale - l'Association de Sainte-Lucie pour la prévention du sida - a été créée pour appuyer et assister les personnes affectées par le sida. En outre, lors de la réforme du Code pénal de Sainte-Lucie la même année, il a été recommandé qu'une personne affectée du VIH et qui n'informe pas son ou ses partenaires de son état, se rend coupable d'une infraction. Des mesures de prévention et de promotion sont prises à la fois par le Gouvernement et les organisations non gouvernementales. Les services d'information du Ministère de la santé et la Division chargée des relations entre les sexes continuent de promouvoir les questions liées à la santé des femmes en recourant à différents médias. Le Ministère de la santé a pris des mesures pour renforcer le Centre des statistiques et d'épidémiologie afin d'améliorer la qualité des informations obtenues.

Le Prince SOBANDLA DLAMINI, Ministre de l’intérieur du Swaziland, a indiqué que le Programme national d’action adopté au travers d’une large consultation des organisations non gouvernementales, définit 5 domaines d’actions prioritaires, à savoir les femmes et la santé, l’éducaton et les fillettes, le partage du pouvoir et de la prise de décision, la violence à l’égard des femmes, et la promotion économique des femmes. Il a indiqué que des mesures ont été prises, dans le cadre de la Stratégie nationale de développement, pour intégrer la parité entre les sexes dans les politiques et les programmes gouvernementaux. Afin de lutter contre la pauvreté, le Swaziland a notamment mis en place un fonds d’entreprise dont l’objectif principal est de promouvoir les petites et les moyennes entreprises, en particulier en milieu rural et dont les ressources financières ont ont majoritairement été allouées à des femmes. Concernant les soins de santé, et notamment les efforts pour lutter contre l’épidémie du Sida, l’allocation budgétaire à la santé a été augmentée annuellement, des efforts pour améliorer l’assistance médicale, économique et sociale aux malades ont été menés, une campagne d’information et un programme de soutien aux enfants ont été lancés.

Mme KARITA BEKKEMELLEM ORHEIM, Ministre pour les enfants et les affaires familiales de la Norvège, a mis l'accent sur cinq thèmes qu'elle a jugé essentiels pour la condition de la femme, à savoir, la pauvreté, la santé génésique, la violence, les conflits et le rôle des hommes. A propos de la santé génésique, la Ministre a cité les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) selon lesquels 15 millions de femmes souffrent chaque année des complications de la grossesse et de l'accouchement. Parmi celles-ci, quelque 600 000 perdent la vie. La Ministre a rappelé qu'en 1995, son pays avait proposé que le Programme d'action de Beijing demande que l'avortement soit dépénalisé. Après de longues discussions, il a été convenu d'appeler les Gouvernements à réviser leurs lois punissant l'avortement. Dans toutes les sociétés, a poursuivi la Ministre, les femmes recourent à l'avortement. La question doit donc porter sur les conditions sûres ou dangereuses dans lesquelles il s'effectue. La Ministre a convenu que la question des avortements dangereux est un problème sérieux pour un certain nombre de pays. Elle a donc appelé à des moyens d'éliminer ces menaces qui pèsent sur la vie et la santé des femmes.

A propos de la violence à l'égard des femmes, la Ministre a précisé que la question englobe les femmes battues, le viol, les sévices sexuels et la prostitution. Le commerce du sexe, a-t-elle insisté, est une violation flagrante des droits de l'homme qui participe d'une spéculation sur la pauvreté des femmes et les structures économiques et sociales qui permettent, dans certains pays, de forcer les femmes à faire commerce de leur corps pour survivre et être capable de nourrir leurs enfants. Concluant sur le rôle des hommes, la Ministre a estimé qu'ils ont tout à gagner de l'égalité entre les sexes. La masculinité a trop longtemps été considérée comme une supériorité de l'homme par rapport à la femme. Le concept a donné le pouvoir aux hommes mais a eu aussi un impact négatif sur leur vie puisqu'ils se sont retrouvés piégés dans des stéréotypes limitatifs. Aujourd'hui, a affirmé la Ministre, les hommes discutent de plus en plus de leur rôle et commencent à réaliser la nécessité de concilier le travail et la famille. Les hommes doivent développer leur capacité de prendre soin des autres et prendre une part active dans la vie familiale. Ce processus, il est vrai, représente un véritable défi pour les structures du pouvoir, a reconnu la Ministre.

Mme MARIAM MARIE-GISELE GUIGMA, Ministre de la promotion de la femme du Burkina Faso, a indiqué que la mise en oeuvre des conclusions et recommandations de Beijing, dans son pays, offre des motifs de légitime satisfaction. Elle a néanmoins indiqué que la plupart des pays en développement comme le Burkina Faso, restent tributaires de tares socioculturelles et sont confrontés à des résistances particulièrement tenaces, sans compter les nombreuses contraintes d'ordre économique. D'un autre côté, la Ministre a mis l'accent sur la recrudescence en Afrique de certaines maladies endémiques, principalement le paludisme et le VIH/sida, qui ampute les Etats de leurs forces vices et réduit gravement l'espérance de vie, compromettant ainsi les chances de développement. La Ministre a donc appelé à une plus grande solidarité internationale pour aider à l'éradication de la pauvreté, de l'analphabétisme, de la maladie, seule condition pour que cessent les crises et les conflits et que triomphe la paix. La Ministre en a appelé à une plus grande responsabilité de la communauté internationale pour que la session extraordinaire soit un réel succès.

SHEIKHA HESSA BINT KHALIFA BIN HAMAD AL-THANI, Vice-Présidente du Conseil suprême pour les affaires de la famille du Qatar, a déclaré que son pays est convaincu de l'importance du rôle des femmes dans le renforcement de la famille, de la société et de l'état moderne qui est fondé sur les efforts de tous ses citoyens. Le développement ne peut se réaliser sans la participation des femmes. Pour sa part, le Gouvernement du Qatar a pris des mesures importantes visant à appuyer la participation des femmes et leur a garanti des droits égaux afin qu'elles puissent contribuer de manière efficace à tous les aspects de la vie. Dans le domaine de l'éducation, qui constitue la pierre angulaire dans l'édification des pays et des sociétés, l'Etat qatarien assure la gratuité de la scolarité pour les filles et pour les garçons à tous les niveaux. A l'université, le taux des femmes enseignantes ou dans la recherche est de 50%, en particulier dans le domaine des sciences. En matière de santé, le gouvernement offre gratuitement les services médicaux à tous les citoyens et a mis en place des programmes pour la santé de la famille et pour dépister rapidement le cancer. Pour garantir la stabilité de la famille, le logement est fourni à titre gracieux à tous, sans aucune discrimination. Pour leur part, les organisations non gouvernementales contribuent au renforcement des capacités des femmes par le biais de la formation technique et l'apprentissage, et en particulier en aidant les familles pauvres à trouver d'autres sources de revenus.

Les femmes jouent un rôle important dans la vie économique et commerciale. Elles jouissent notamment du droit à la propriété, du droit de disposer de leurs ressources et de leurs droits successoraux. Ces droits sont garantis aux femmes par la Sharia, la Constitution et la législation nationale. Les droits politiques des femmes et leur participation aux élections en tant qu'électrices et candidates constituent d'autres mesures prises par l'Emir du Qatar. En mars 1999, elles ont participé à la fois en qualité d'électrices et de candidates aux élections municipales générales. Le Conseil suprême pour les affaires de la famille est présidé par la Première Dame du Qatar, établissant ainsi un tournant dans l'évolution de la famille qatarienne. Depuis sa récente création, le Conseil suprême a proposé une loi sur la famille qui a contribué de manière efficace à l'élaboration et à la mise en oeuvre de différents programmes concernant les femmes, les enfants, les personnes indigentes, les jeunes et les personnes âgées. Le Qatar, qui n'était pas représenté par des femmes à Beijing, aspire à accomplir de nombreux progrès en leur faveur.

MME HELEN D=ðAMATO, Présidente du Comité des affaires sociales de la Chambre des Représentants de Malte, a déclaré que deux des obstacles les plus importants à l'avancement des femmes sont la pauvreté et les conflits internes et externes. Elle a indiqué que la politique nationale sur la parité entre les sexes a pour objectifs principaux l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la promotion des femmes dans les sphères législative, civile, politique, économique et sociale. Elle a notamment fait mention des mesures visant à permettre aux femmes de mener à la fois une vie de famille et une carrière, à combattre la violence à l'égard des femmes et la promotion de l'éducation des femmes. Elle a cité les mesures législatives d'élimination des dispositions discriminatoires, en particulier dans le Code civil, les impôts sur les revenus, la sécurité sociale et l'emploi, et a indiqué que des efforts ont été menés afin d'intégrer la parité dans toutes les politiques. Afin de promouvoir les chances des femmes sur le marché du travail, des mesures ont été prises, telles que la mise en place de congés parentaux, d'infrastructures d'accueil des enfants, de congés sabatiques et de réduction du temps de travail au bénéfice des soins aux enfants et aux personnes âgées. Une attention particulière a été accordée à l'éducation, notamment à la formation aux nouvelles technologies, ainsi qu'aux nouvelles formes de féminisation de la pauvreté, notamment la situation économique des mères isolées et l'intégration des femmes ayant des problèmes de santé ou de mobilité. Malte considère que la solidarité et la coopération doivent être les deux éléments clefs de la mise en oeuvre de l'égalité entre les sexes, en particulier le partenariat entre les femmes et les hommes, notamment au sein du couple marié, ainsi que la coopération entre l'Etat et les partenaires sociaux au niveau national et entre l'Etat et la communauté internationale.

Mme IRENE FREUDENSCHUSS-REICHL (Autriche) a estimé que le Protocole facultatif se rapportant à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et les dispositions du Statut de la Cour pénale internationale qualifiant la violence contre les femmes de crime de guerre et de crime contre l'humanité, renforcent le régime juridique international sur les droits des femmes. La représentante a annoncé que le processus de ratification du Protocole par son pays sera sans doute terminé au début de juillet. L'Autriche, a dit la représentant, s'est résolument engagée dans la recherche d'une solution à la question de la violence. Ainsi, les principes directeurs de la Loi sur la protection contre la violence domestique entrée en vigueur en 1997 sont: la disposition de l'Etat à intervenir dans les foyers; la protection efficace de la sécurité physique des femmes; la tolérance zéro pour la violence contre les femmes; l'apport d'un appui psychosocial, juridique et financier aux femmes vivant une relation violente; et la coopération interinstitutions. La représentante a poursuivi en déclarant que les violations des droits de l'homme et le chômage mènent à la forme particulièrement détestable de la violence contre les femmes qu'est le trafic des femmes à des fins d'exploitation sexuelle.

Mentionnant les estimations de l'Organisation internationale pour les migrations (OMI), la représentante a dit que, chaque année, quelque 500 000 femmes sont transférées d'Europe centrale et orientale à l'étranger, notamment en Autriche. Faisant part de la détermination de son pays à résoudre cette question, la représentante a, par ailleurs, indiqué que les initiatives de la société civile autrichienne porte aussi sur les femmes victimes de la guerre en ex-Yougoslavie. L'initiative "Voisins dans le besoin" a permis de collecter quelque 120 millions de doll

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