En cours au Siège de l'ONU

AG/1018

SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE : APPELS EN FAVEUR DE L'INTEGRATION DES FEMMES DANS LES PROCESSUS DE RELEVEMENT DES SOCIETES TOUCHEES PAR LES CONFLITS

7 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1018


SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GENERALE : APPELS EN FAVEUR DE L’INTEGRATION DES FEMMES DANS LES PROCESSUS DE RELEVEMENT DES SOCIETES TOUCHEES PAR LES CONFLITS

20000607

La place des femmes dans les processus de reconstruction des économies nationales touchées par les conflits a figuré en bonne place des questions abordées ce matin par les délégations au troisième jour du débat général de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux femmes. Pour faire écho au thème de cette session intitulée “les femmes en l’an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix au XXIème siècle”, de nombreuses personnalités de haut niveau de pays sortant de situations de conflit, notamment la Première Dame du Liban, la Vice-Présidente de l'Assemblée nationale lao, la Ministre des affaires des femmes et des vétérans du Cambodge ainsi que le Représentant permanent du Tadjikistan, ont lancé un appel pressant en faveur de l’intégration des femmes aux processus de prise de décisions, condition préalable, à leurs yeux, au relèvement socioéconomique des pays meurtris par les guerres. L’on ne pourra édifier une société florissante sans la participation active de la femme qui présente des caractéristiques et possède des capacités différentes mais complémentaires de celles des hommes, a déclaré la Première Dame du Liban. Les femmes et les conflits, qui constitue l’un des domaines critiques identifiés à Beijing en 1995, a également reçu une attention particulière ce matin de la part notamment des pays africains qui ont rappelé que les femmes et les enfants sont les victimes principales des conflits armés. Ces pays ont souhaité que l’on mette davantage l’accent sur le rôle que peuvent jouer les femmes dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits.

La représentante des Philippines a proposé la création d’un fonds doté d’un milliard de dollars auprès duquel les institutions nationales pourraient contracter un emprunt à faible taux d’intérêt pour la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing. Ce fonds pourrait être créé par les institutions pertinentes de l’ONU, la Banque mondiale ou autres institutions régionales financières.

Les Vice-Président, Vice-Premiers Ministres, Ministres et personnalités des pays suivants ont pris la parole : Ouganda, Belgique, République de Moldova, Cambodge, Guinée, Costa Rica, République démocratique populaire démocratique lao, Nigéria, au nom du Groupe de 77 et la Chine, Zimbabwe, Liban, Tadjikistan, Singapour, Mexique, Philippines, Brésil et Sri Lanka.

En début de séance, le Président de l’Assemblée générale et de la session extraordinaire, M. Theo-Ben Gurirab (Namibie), a annoncé qu’Antigua-et-Barbuda avait versé les paiements nécessaires pour ramener ses arriérés en deçà du montant spécifié à l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.

La session extraordinaire poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures.

Examen et évaluation des progrès accomplis dans l'application des 12 domaines critiques du Programme d'action de Beijing; nouvelles mesures et initiatives visant à surmonter les obstacles à l'application du Programme d'action (8 et 9)

Déclarations

Mme SPECIOSA WANDIRA KAZIBWE, Vice-Présidente de l’Ouganda, a reconnu que des progrès ont été faits dans de nombreux pays, mais que beaucoup reste à faire pour que les femmes obtiennent l’égalité. Elle a demandé à ce que l’on s’interroge sur la nature de l’engagement qu’il faut prendre et sur la participation de la société civile. Parlant de la situation de la femme dans son pays, elle a reconnu que l’égalité de droit proclamée par la Constitution ne garantit pas toujours l’égalité dans les faits. Il importe pour cela que les dirigeants reconnaissent la place de la femme dans la société et que celles-ci puissent faire entendre leur point de vue sur les politiques menées. Prenant l’exemple des progrès réalisés dans en ce qui concerne l'inscription scolaire des filles, elle a insisté sur le fait qu’il faut maintenant s’assurer que ces filles restent à l’école. En ce qui concerne la participation des femmes à la politique, la Vice-Présidente a indiqué que son pays a imposé et respecté le quota des 30% de femmes dans les institutions. Elle a rappelé qu’il ne suffit pas d’élaborer des politiques, mais qu'il faut aussi créer des conditions favorables à leur application et établir des relais dans la société civile, notamment par le biais des organisations non gouvernementales. Il importe également d’étudier les différentes cultures plus en profondeur et de se demander comment les cultures traditionnelles peuvent s’intégrer aux politiques en faveur des femmes.

Se tournant vers l’avenir, la Vice-Présidente a exhorté l’Assemblée à se poser réellement la question de l’analphabétisme et des moyens existant pour en venir à bout. Lorsqu’on parle de formation, il faut également se demander comment la villageoise pourra en bénéficier. De la même manière pour l’infrastructure, il ne suffit pas de construire un hôpital, il faut encore que des routes et des moyens de transport existent pour permettre aux femmes de s’y rendre. La condition de la femme est liée à la pauvreté, a-t-elle déclaré. Reprenant l’exemple de son pays, elle a affirmé que les progrès seraient plus importants si le service de la dette n’engouffrait pas une bonne part du budget de l’Etat. S’écartant ensuite du protocole, la Vice-présidente a souhaité que l'on parle au nom des femmes handicapées qui n’ont pas de pays pour les représenter. Pour ce faire, elle a appelé le témoignage de Mme Florence Nayiga-Ssekabira, Ministre de la famille, des anciens et des handicapés de l’Ouganda, elle-même handicapée.

Mme Nayiga-Ssekabira a regretté que l’impact du handicap sur les femmes et les filles soit toujours absent des études et des rapports des institutions internationales. Elle a exigé que l’on fasse des efforts, notamment à l’ONU, pour prendre en considération la situation et les besoins des femmes âgées et des femmes handicapées. Elle a demandé à toutes les institutions chargées du développement et aux institutions en général de consacrer une part de leurs ressources aux femmes handicapées.

Reprenant la parole la Vice-Présidente a souligné que Mme Nayiga-Ssekabira démontre ce que l’éducation permet aux femmes. Seule l’éducation permettra d’éviter la marginalisation des plus faibles d’entre nous, a-t-elle affirmé. Insistant sur la justesse du combat mené par les femmes, elle a estimé qu’il faut donc veiller à ce que toutes les institutions appuient la cause de la promotion de la femme. Toutefois, il ne faut pas compter uniquement sur les institutions et les gouvernements, il ne faut pas seulement se demander ce que son pays peut faire pour soi, il faut surtout se demander ce que l’on peut faire pour son pays.

Mme LAURETTE ONKELINX, Vice-Première Ministre, Ministre de l’emploi de la Belgique, a estimé que la situation actuelle des femmes confirmait l’immensité du travail à accomplir. Pour gagner le combat contre les inégalités dont, partout, les femmes sont victimes, il faut progresser dans le processus de Beijing, à travers l’affirmation de l’universalité du droit des femmes et des hommes à l’égalité, l’adoption de politiques qui traduisent ce droit de manière concrète, la collaboration entre les Etats et l’évaluation d’engagements pris solidairement. La Conférence mondiale sur les femmes de 1995 a largement contribué à ce que les femmes soient reconnues comme actrices et bénéficiaires à part entière du développement et mis en évidence l’importance, pour la réalisation de l’égalité, de la prise en considération des liens entre les enjeux économiques, sociaux et culturels.

En Belgique, l’inégalité se manifeste par un déséquilibre au détriment des femmes dans tous les domaines. Pourtant, la politique de l’égalité des chances a gagné quelques galons : le Gouvernement a décidé de l’inscrire au coeur même de la constitution, comme cela a été fait dans les objectifs prioritaires fixés pour l’éducation; des législations ont été adoptées pour assurer une présence effective des femmes dans la sphère politique; l’obligation de parité sur les listes électorales et de mixité dans tous les exécutifs vient d’être acceptée. Un plan de lutte et une législation contre le harcèlement sexuel, notamment sur les lieux de travail ont complété les dispositifs visant à enrayer les discriminations dans l’emploi. Le modèle de sécurité sociale a évolué pour mieux prendre en compte la dimension de genre. On commence aussi à évaluer les politiques d’emploi sur ses effets quant au principe d’égalité. Une réforme fondamentale du temps de travail est actuellement en discussion pour que tant les femmes que les hommes puissent mieux organiser la vie au travail et la vie hors travail.

Le combat contre l’injustice faite aux femmes parce qu’elles sont femmes ne se gagnera pas non plus sans un dialogue permanent entre les autorités publiques et la société civile, a poursuivi la Ministre. Dans ce contexte, elle a salué l’action des organisations non gouvernementales, et en particulier la Marche mondiale contre la pauvreté et la violence à l’égard des femmes. Elle a également souligné le rôle essentiel des partenaires sociaux dans l’élaboration des politiques de l’égalité, mais aussi en ce qui concerne le suivi de ces politiques. Pour la Belgique, les instruments normatifs sont indispensables. Dans ce contexte, Mme Onkelinx a souligné la nécessité d’instituer la Cour pénale internationale qui devra contribuer à rendre effectif le respect des droits des femmes. Tout aussi indispensable est l’application des normes internationales du travail à toutes les formes de travail y compris celles qui affectent plus particulièrement les femmes. Pour la Belgique, il y a trois priorités : d’abord

le développement de la coopération internationale. Dans ce contexte, il faut parvenir à l’objectif de consacrer 0,7% de nos PNB à l’aide publique au développement, a-t-elle dit. Une deuxième priorité est l’adoption de législations nationales et internationales pour combattre la violence contre les femmes et notamment la lutte contre certaines pratiques traditionnelles qui portent atteinte à leur intégrité physique. Enfin, dans toutes les enceintes où sa voix peut être entendue, la Belgique revendiquera que les droits en matière de sexualité et les droits de reproduction fassent partie intégrante des droits humains.

Mme LIDIA GUTU, Vice-Première Ministre de la République de Moldova, a été d'avis que la meilleure manière de réaliser le principe de l'égalité des sexes au vingt-et-unième siècle est de s'assurer que les initiatives futures s'inspireront des meilleures pratiques et des enseignements tirés du processus de révision et d'évaluation de l'application des objectifs du Programme d'action de Beijing. Dans le cadre du Programme d'action, le Gouvernement de Moldova a mis en place un plan national destiné à appliquer les mesures les plus urgentes pour améliorer la condition des femmes. Des sections spéciales chargées de l'égalité des chances ou des questions relatives aux femmes ont été mises sur pied au sein des ministères. Le Gouvernement a également coopéré étroitement avec les agences spécialisées des Nations Unies (Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), UNICEF, UNIFEM), avec d'autres organisations internationales et avec de nombreuses organisations non gouvernementales pour développer et appliquer des projets d'amélioration de la condition de la femme, de l'enfant, des soins de santé et des droits en matière de reproduction.

La République de Moldova s'est également attelée à la création d'un cadre législatif en harmonie avec les normes et instruments internationaux et garantissant une égalité des droits et des chances pour les femmes et les hommes. La Vice-Première Ministre a ajouté que, à l'instar des autres pays en transition, la République de Moldova est en train de se transformer radicalement. Pendant cette période de transition, les groupes les plus vulnérables de la société, et particulièrement les femmes, doivent bénéficier d'une protection sociale accrue. En outre, le processus de mondialisation et la crise financière que connaît l'économie de Moldova ont entravé le développement économique et provoqué une féminisation de la pauvreté, à quoi s'ajoutent les problèmes de violence à l'égard des femmes, de prostitution et des conditions sanitaires précaires.

Mme MU SOCHUA, Ministre de la condition de la femme et des vétérans du Cambodge, a déclaré que l’intégration des femmes au processus de participation constitue une condition préalable au relèvement socioéconomique du pays qui a connu plusieurs dizaines d’années de guerre. La Ministre a souligné que son Gouvernement avait pris des mesures pour pallier aux destructions économiques et sociales causées par le conflit et pour répondre aux défis émergents engendrés par le processus de mondialisation qui affectent la vie des femmes et la société dans son ensemble. La Ministre a présenté les initiatives prises par son pays et qui se sont traduites notamment par la nomination d’un Ministre de sexe féminin au Ministère de la condition de la femme et des vétérans et le lancement d’un programme d’action sur cinq ans le 8 mars 1999 afin de diriger les activités du Ministère à moyen terme. Ce programme d’action prévoit un examen de la condition des femmes et de leurs droits dans le pays et l'identification des moyens qui permettront d’intégrer les femmes aux processus de prise de décisions. Pour l’application de ce Programme, le Ministère a élaboré des stratégies claires qui reposent sur de nombreux indicateurs afin de mesurer les progrès réalisés dans les domaines de l’éducation, de la santé reproductive, de l’autonomisation économique et de la protection juridique. Le Gouvernement a également lancé une campagne de sensibilisation nationale de lutte contre la traite des femmes et des enfants tandis que le Ministère de l’intérieur réalise un programme relatif à l’application de la loi pour ce qui concerne l’exploitation sexuelle et la traite des enfants. De plus, le Ministère de l’éducation a préparé un plan d’action national pour l’éducation des filles. La protection juridique des femmes est également un sujet prioritaire du Gouvernement qui met en place un Conseil national sur la réforme judiciaire. Il sera nécessaire dans ce contexte d'intégrer la problématique hommes/femmes dès les premières phases de ce processus de réforme. Le Gouvernement attache également une importance particulière à un accès accru des femmes aux services de santé. Depuis 1996, le Ministère de la santé a entrepris une réforme organisationnelle et financière en vue de renforcer le système de santé du point de vue de la qualité et de l’accès aux soins. La pandémie du virus VIH/sida été reconnue comme une menace majeure. En 1999, le Gouvernement a lancé la politique "Femmes, fillettes et VIH/sida". Le Cambodge a également encouragé l’intégration des femmes à la vie civile par la promotion de participation à la planification et à la gestion du développement local, en encourageant leur présence au sein de comités locaux. La volonté d’accroître la participation des femmes au processus de prises de décisions s’est traduite par une large participation des femmes aux élections nationales et l’entrée de 14 femmes à l’Assemblée nationale.

Mme BRUCE MARIAMA ARIBOT, Ministre des affaires sociales, de la promotion féminine et de l’enfance de la Guinée, a fait part des résultats obtenus par son Gouvernement, en collaboration avec les organisations non gouvernementales, les syndicats et les partenaires de développement dans l’application du Programme d’action de Beijing concernant, notamment, la création de structures d’information pour les femmes, la scolarisation des filles, la planification familiale et la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/sida. Elle a identifié les obstacles majeurs à l’amélioration de la condition de la femme, observant, entre autres, le faible niveau d’instruction, le manque de ressources, les répercussions des conflits et la pandémie du VIH/sida. Afin d’accélérer l’application du Programme d’action, elle a suggéré que l’on s’attache, notamment, à surmonter les difficultés financières, à réaliser une véritable décentralisation et une meilleure collaboration entre les pouvoirs publics et la société civile, à qualifier le système de collecte et d’analyse des données.

La Ministre a mis l’accent sur l’importance de l’implication des femmes dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits, notamment dans la sous- région. Dressant le bilan de la situation de la Guinée, elle a attiré l’attention sur le fait que suite aux crises de Guinée-Bissau, de Sierra Leone et du Libéria, 800 000 réfugiés dont 60% de femmes et d’enfants sont arrivés en Guinée. Cette situation a affecté les infrastructures sociales de base et a négativement pesé sur les programmes de développement, notamment ceux en faveur des femmes et des enfants. Ainsi depuis 1989, plus de 300 millions de dollars US ont été supportés par le budget national au titre des efforts de restauration de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique de l’Ouest. Face à cette réalité, les femmes guinéennes se mobilisent. Elles ont également pris une part active aux réunions de femmes de la Mano River Union en vue d’une solution au conflit en Sierra Leone et de dégager des perspectives sur leur participation à la résolution des conflits. Concluant, Mme Aribot a formulé l’espoir de voir en 2005 l’aboutissement des stratégies prospectives de Nairobi.

Mme GLORIA VALERIN RODRIGUEZ, Ministre de la condition de la femme du Costa Rica, a indiqué qu’au niveau national, son Gouvernement avait adopté des politiques publiques qui mettent l’accent sur la parité entre les femmes et les hommes, notamment dans les domaines de la pauvreté, du travail, du crédit, de la santé, de l’adolescence, de la violence, de l’éducation et de la participation politique. Une politique nationale d’égalité des chances a été adoptée en faveur des filles et des adolescentes enceintes et les mères de famille en vue de garantir leurs droits. Un Système national de prévention de la violence au sein de la famille a été créé. La démocratie s’est renforcée et perfectionnée au Costa Rica avec la participation politique des femmes qui constitue dans le même temps un pilier indispensable pour le maintien et la poursuite de toutes les conquêtes féminines. Le Code électoral a été réformé pour établir un minimum de 40% de participation des femmes. Le mécanisme national pour la promotion de la femme a été créé il y a 25 ans et l'Etat reconnaît son obligation de garantir l’égalité entre les femmes et les hommes depuis 1990, par le biais de la Loi de promotion de l’égalité sociale de la femme. Aujourd’hui, on dispose d’un vaste cadre juridique pour appuyer les actions en matière d’égalité entre les sexes.

Le Costa Rica protège la vie depuis la conception et s’oppose à l’avortement, conformément à sa Constitution et aux traditions du pays. En outre, les décisions de la Cour constitutionnelle vont dans le sens de l’égalité entre les sexes. Le Costa Rica a été l'un des premiers pays à signer le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Les quatre pouvoirs de la République au Costa Rica participent et promeuvent les initiatives visant à améliorer l’égalité entre les sexes. Ainsi, la Commission spéciale permanente de la femme de l’Assemblée législative, le Bureau de défense des habitants, les Bureaux ministériels et municipaux de la femme, le Tribunal électoral et la Commission de la violence familiale qui relève du pouvoir judiciaire constituent, avec l’Institut national des femmes, un ensemble d’organismes et de compétences qui articulent les efforts en vue d’atteindre les objectifs communs. Les premiers pas d’un long chemin ont ainsi été faits au Costa Rica. Ils nous ont notamment permis d’apprendre que nous devons élaborer des politiques publiques globales couvrant tous les secteurs de responsabilité de l’Etat. Nous avons appris qu’il est indispensable de développer les capacités nationales, que le débat et la concertation assurent la durabilité des politiques publiques de promotion des femmes. Nous devons garantir la pleine participation des femmes au niveau politique et favoriser l’accès des femmes à des emplois meilleurs et plus variés. Au Costa Rica, le thème des femmes est aujourd’hui une politique de Gouvernement qui doit se traduire en politiques d’Etat.

Mme ONECHANH THAMMAVONG, Vice-Présidente de l’Assemblée Nationale de la République démocratique populaire lao et Présidente de l’Union des femmes lao, a expliqué que l’Union des femmes lao est le mécanisme national de promotion de la femme. La représentante a fait état des progrès réalisés à l’échelle nationale dans la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing. Pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté, elle a expliqué que les femmes ont développé leurs compétences dans les domaines de la gestion, de la gérance des capitaux et pour accéder aux institutions financières. Le secteur de la santé a également enregistré des améliorations dans la mesure où les taux de mortalité maternelle et infantile ont baissé tandis que la qualité de vie des enfants et des mères s’est accrue. En mai 1999, le Gouvernement a adopté la Politique de développement qui met l’accent sur la nécessité de promouvoir le rôle et le statut des femmes dans

les processus de développement. Les femmes bénéficient également d’une protection juridique tandis que les questions sexospécifiques sont mieux comprises de la société. Le nombre de femmes représentées au sein des organes judiciaires a également augmenté. Rappelant que la population lao a été pendant des années victime de la guerre, la représentante a souligné que la création d’un environnement pacifique a été reconnue comme essentielle au développement socioéconomique du pays.

Expliquant plus particulièrement les actions du Gouvernement pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, la représentante a évoqué les efforts visant l’amélioration et une meilleure connaissance du système pénal ainsi que l’élimination de la traite des femmes et des enfants. Par ailleurs, la participation des femmes à la vie politique s’est également accrue pour atteindre les 21,2% aujourd’hui contre 9,4% en 1992. La mise en oeuvre des activités de la promotion de la femme s’est heurté à la persistance des traditions, au mauvais traitement de la question de la parité entre les sexes, au manque de main-d’oeuvre féminine qualifiée, à la faiblesse des budgets et des ressources allouées aux programmes de développement des femmes et à un système de transport public limité entre les zones rurales et urbaines. La représentante a indiqué que son Gouvernement venait d’approuver le Plan d’action pour le développement de la femme lao qui s’articule autour des points suivants: promotion de la participation des femmes au développement économique et aux efforts visant l’élimination de la pauvreté; renforcement des institutions et mise en oeuvre de programmes d’édification des capacités de la femme; promotion et protection des droits légitimes de la femme et des enfants; une meilleure connaissance du Gouvernement, des partis politiques et de l’héritage culturel du pays.

Mme HAJIA AISHA M.S. ISMAIL, Ministre des affaires féminines et du développement de la jeunesse du Nigeria, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a déclaré que, pour les pays en développement, l’application du Programme d’action de Beijing avait permis de réaliser des progrès dans certains domaines et d’identifier les difficultés. En dépit des progrès réalisés de nombreux obstacles demeurent et de nouveaux défis se posent, notamment du fait de la mondialisation dont les effets négatifs pèsent plus lourdement sur les femmes des pays en développement, a-t-elle poursuivi. Il est donc nécessaire d’examiner attentivement l’effet de la mondialisation sur la promotion de la femme dans les pays en développement afin d’élaborer des programmes pour lutter contre ses conséquences négatives. Il convient également de reconnaître que c’est la faiblesse même des économies en développement qui les empêchent de relever les défis de la mondialisation. Pour cela, l’aide de la communauté internationale est indispensable. De la même manière, il faut renforcer la coopération internationale en vue de créer un environnement favorable à une croissance équitable et au développement durable. C’est cela qui facilitera et assurera une application efficace du Programme d’action de Beijing, a insisté la Ministre.

Parmi les obstacles, la Ministre a également identifié le fardeau de la dette et les programmes d’ajustement structurel qui étranglent les pays en développement. De surcroît, la stagnation des recettes d’exportation et la chute du prix des produits de base paralysent les économies endettées. L’annulation de la dette, a-t-elle observé, donnerait les moyens au pays en développement d’améliorer la fourniture des services sociaux de base. La Ministre a souligné aussi la faiblesse des services de santé des pays en développement qui ne leur permettent pas de lutter contre les maladies, ni d’enrayer la pandémie du VIH/sida et risquent de mettre en échec les quelques acquis dans le développement humain.

Avant de conclure, elle a rendu hommage au travail des organisations non gouvernementales qui ont joué un rôle important dans la mobilisation des forces en faveur de la promotion des femmes et de l’égalité des sexes. A cet égard, elle a considéré qu’il convient maintenant de renforcer la coopération avec la société civile. En dernier lieu, elle a réitéré l’engagement du Groupe des 77 et de la Chine en faveur de l’application du Programme d’action de Beijing et l'unité du Groupe contre le crime contre l’humanité que constitue la traite des femmes et des enfants et contre les conflits qui prennent des femmes pour cible.

M. CHRISTOPHER MATUMBIKE, Ministère des affaires nationales, de la création d’emplois et des coopératives du Zimbabwe, a indiqué que son pays avait élaboré des programmes complets pour traiter des problèmes identifiés à Beijing. Agissant en partenariat avec la société civile, notamment avec les ONG, le Gouvernement a reconnu la nécessité de renforcer ces partenariats pour assurer un développement durable et la réalisation de l’égalité entre les sexes. Mais malgré des progrès, il reste des obstacles sérieux qui empêchent la pleine parité entre les femmes et les hommes. Le représentant a expliqué que 70% des femmes travaillent dans le secteur agricole qui est la base de l’économie zimbabwéenne. Les femmes chefs de famille constituent la majorité des pauvres dans les zones rurales. C’est pourquoi en améliorant les conditions de vie dans ces zones par la redistribution des terres et l’accès des femmes à la propriété foncière, on contribuera à l’allègement de la pauvreté tout en traitant du problème de l’inégalité. La réforme foncière en cours et la phase 2 de la politique de réinstallation ont pour objectif la réinstallation des familles d’une manière qui tienne compte de la situation des femmes. Le programme de réinstallation continuera d’être mis en oeuvre de diverses manières. Parmi les contraintes auxquelles les femmes font face au Zimbabwe, le représentant a notamment cité le manque d’accès à la technologie et aux compétences, au crédit et à l’information. La plupart des programmes de développement ont reconnu les droits des femmes en ce qui concerne la redistribution des terres, l’accès au crédit et à la formation. Pourtant des efforts supplémentaires doivent être déployés pour augmenter leur participation à tous les programmes de réforme économique. Le représentant a souligné le fait que les femmes étaient éligibles de la même manière que les hommes au programme de redistribution des terres. Le Gouvernement veille à ce que la distribution des terres se fasse de manière équitable et juste.

Le Programme de lutte contre la pauvreté, adopté par le Gouvernement, met l’accent sur les femmes et d’autres groupes vulnérables, et sur la création d’emplois et de programmes d’autosuffisance, a poursuivi le représentant. Pour surmonter les problèmes auxquels elles font face en matière de crédit, les femmes zimbabwéennes se sont mobilisées et ont créé des coopératives d’épargne et de crédit et des banques de villages gérées par les communautés elles-mêmes. Des efforts sont en cours en vue de la création d’une banque de femmes. Pour renforcer les mécanismes nationaux et contribuer à la réalisation du Programme de Beijing, le Gouvernement a reconnu la nécessité de sensibiliser la population. Les mécanismes institutionnels ont été renforcés par la mise en place de points focaux sur la problématique hommes/femmes dans les ministères et départements. Cela a permis d’avancer en ce qui concerne notamment l’éducation des femmes. En revanche, les efforts n’ont pas été suffisants pour modifier les attitudes et les facteurs culturels qui ont pour effet une discrimination à l’égard des filles et des femmes. Une attention accrue est accordée aujourd’hui à ces attitudes. On constate une nette amélioration dans les inscriptions au niveau de l’enseignement primaire, mais les disparités restent frappantes aux niveaux secondaire et supérieur, même si des progrès ont été réalisés. Un programme d’études favorisant les filles a été mis en place qui est notamment coparrainé par l’UNICEF. Ce projet met l’accent sur la modification des attitudes et des valeurs. La santé des femmes constitue une autre priorité du Gouvernement qui fait tout pour que les femmes aient accès à des services de santé appropriés, l’accent étant mis sur la prévention et la promotion d’un mode de vie sain. Le représentant a encore souligné le défi important que représente pour son pays la propagation du VIH/sida. Le taux d’infection au VIH/sida a atteint un niveau qui se répercute sur la mortalité et le profil démographique du pays. Selon ONUSIDA, 25,8% des personnes âgées de 15 à 49 ans seraient infectées et l’impact de la maladie sur la santé des femmes ne peut être sous-estimé.

Mme ANDRÉE-ÉMILE LAHOUD, Première Dame du Liban, a estimé que les causes du sous-développement sont non seulement économiques mais aussi culturelles et politiques. De larges segments de nos populations sont analphabètes et n’ont pas accès à l’instruction. L’homme est exploité, opprimé par l’homme pour des raisons économiques, politiques, religieuses et raciales. Le bilan qui se dégage est désespérant. La première Dame du Liban a évoqué l’écart grandissant entre les pays pauvres et les pays riches et a appelé à un changement des attitudes, des comportements et des politiques. Notre réponse aux mécanismes pervers du sous- développement doit passer par la solidarité qui ne pourra néanmoins atteindre son objectif que si chaque Etat applique le principe d’égalité de justice et de liberté. L’on ne pourra édifier une société florissante sans la participation active de la femme qui présente des caractéristiques et possède des capacités différentes mais complémentaires de celles des hommes.

La Commission nationale de la femme au Liban a élaboré un plan d’action qui s’insère dans la stratégie générale de l’Etat et vise à réaliser l’égalité des hommes et des femmes devant la loi et à renforcer le rôle de la femme dans tous les programmes de développement du pays. Mme Lahoud a par ailleurs indiqué que la femme libanaise a profondément souffert des agressions israéliennes. Veuves, invalides, prisonnières ou déplacées, certaines ont été forcées de subvenir seules aux besoins de leur famille. La femme libanaise toutefois a participé activement à la libération des territoires occupés. Elle sera désormais appelée à déployer plus d’efforts dans la reconstruction d’un pays exsangue des blessures de la guerre. Dans ce but, la Commission nationale et certaines ONG organisent des campagnes visant à promouvoir l’instruction des jeunes filles et la participation des femmes à la vie active. Mais les besoins sont énormes, notamment à la lumière de la situation désastreuse des villages au Sud Liban. La première Dame du Liban a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse une aide à la reconstruction de cette région.

M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a souligné l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour parvenir à l’égalité entre les sexes. A cet égard, il s’est inquiété des conséquences de la mondialisation et du fait qu’aucune ébauche de solution n’a été trouvée pour éliminer la pauvreté, les conflits armés et le terrorisme international. Prenant l’exemple du conflit fratricide qui a ravagé son pays, le représentant a attiré l’attention sur le poids des conflits armés qui aggravent sensiblement la situation des femmes qui sont de plus en plus souvent prises pour cible. Il a ajouté qu’au-delà des conséquences économiques et sociales, ce conflit a eu des incidences sur la démocratisation de la société.

Depuis, le Gouvernement du pays s’efforce de surmonter les conséquences du conflit et de jeter les bases d’un développement économique et social durable. Il a cité quelques mesures sociales prises en faveur des retraités, des étudiants et des réfugiés et a insisté sur le fait que la rénovation des infrastructure en cours bénéficiera aussi aux femmes. Le représentant a recensé les modifications juridiques qui ont été faites dans son pays à la suite de la Conférence de Beijing.

Parmi les progrès réalisés par son pays, il a identifié l’amélioration de la participation des femmes à la vie politique, notamment au niveau local où elles ont démontré qu’elles avaient beaucoup à apporter. Dans l’ensemble, a-t-il observé, la gestion de l’Etat a tiré profit de la participation des femmes à l’administration et au gouvernement, mais aussi de leur contribution à la résolution du conflit. Le représentant a fait également état de plusieurs initiatives visant à améliorer la participation des femmes à l’économie, notamment par le biais du microcrédit. Parmi les obstacles, le représentant a souligné la mauvaise économie et la dissolution de la famille. Il s’est également inquiété du recrutement des femmes par des organisations criminelles qui se livrent au trafic de drogues, fléau touchant la région tout entière.

Il a attiré l’attention de l’Assemblée sur la situation des services de santé dans son pays. Dans ce domaine, il a demandé l’aide de la communauté internationale pour lutter contre l’anémie, pour favoriser l’accès à l’eau potable qui manque cruellement dans le pays. Partant, il a appelé l’attention internationale sur le problème de l’eau potable dans le monde et a espéré qu’une résolution sur l’année de l’eau potable pourra être adopter lors de la 55e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. En conclusion, il a réitéré que l’attachement de son Gouvernement à l’application du Programme d’action de Beijing et a espéré que le retour à la paix au Tadjikistan ouvrira la voie du développement.

Mme YU-FOO YEE SHOON, Secrétaire parlementaire principale, Ministère du développement communautaire et des sports de Singapour, a fait état des progrès relatifs à la mise en place du Programme d'action de Beijing dans son pays. Elle a notamment cité les avancées en matière de prévention de la violence à l'égard des femmes, à savoir la révision de la Charte des femmes et du Code pénal ainsi que des améliorations en matière d'égalité entre les sexes, d'égalité des chances et d'accès aux services sociaux. Singapour a également mis en place un système de subventions et de mesures fiscales visant à encourager les femmes à mener aussi bien une carrière qu'une vie de famille, et au-delà, à améliorer leur participation à la prise de décisions dans les secteurs public et privé. La représentante a fait mention de plusieurs initiatives visant la promotion des femmes dont la publication de directives tripartites sur la non-discrimination dans les annonces d'emploi qui ont permis que la proportion d'annonces comprenant des dispositions discriminatoires baisse de 32% à 1%, et de l'initiative de l'Association des femmes d'affaires et des cadres femmes de Singapour encourageant leur utilisation des nouvelles technologies, en particulier d'Internet.

La représentante a par ailleurs indiqué que Singapour encourage la mise en place de partenariat entre les individus, la communauté et le Gouvernement pour améliorer la qualité de vie des femmes, des hommes et des familles. Singapour, qui a adhéré à la Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en octobre 1995 et a présenté aux Nations

Unies son rapport initial en novembre 1999, considère que le document final de la présente session devra inviter à compléter les efforts nationaux respectifs et encourager la mise en place d'une coopération significative entre les gouvernements et la société civile.

Mme GUADALUPE GOMEZ MAGANDA, Coordonnatrice générale de la Commission nationale pour la femme du Mexique, a indiqué que depuis Beijing, le Mexique a enrichi son cadre juridique au bénéfice de la femme et a bâti des institutions reflétant l’engagement du pouvoir public en faveur de l’égalité des sexes. En 1999, le Chef de l’Etat mexicain a institué le Programme national pour la femme, instrument gouvernemental qui définit les tâches et les actions pour garantir aux femmes la pleine jouissance des droits humains et les bénéfices du développement. A cet égard, la représentante a souligné qu’afin d’améliorer la situation de la femme et sa contribution au développement, il fallait quantifier les progrès réalisés par les femmes en établissant des statistiques très détaillées faisant la distinction entre les sexes. Le Mexique s’est toujours efforcé de respecter ses engagements internationaux, a-t-elle par ailleurs fait remarquer, rappelant que la Convention de Belem do Paràm, celle sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dont le Mexique fut l’un des premiers pays à signer, ainsi que le Protocole facultatif et le Programme d’action de Beijing avaient été tous des instruments indispensables. Dans le secteur éducatif, le Mexique s’est mobilisé pour éliminer les disparités d’accès et de suivi à l’école entre filles et garçons comme pour combattre les attitudes et les préjugés sexuels. On met en place des programmes pour servir la population rurale, indigène et la population urbaine marginalisée, dont les femmes représentent une part significative, a précisé la représentante.

En matière de santé, les réussites se reflètent notamment dans l’espérance de vie des femmes mexicaines qui atteint 77 ans. Nous avons amélioré la prévention et le contrôle du cancer de l’utérus et du sein, nous avons accru les services de planification familiale, de santé reproductive, de prévention et de soin de grossesse des adolescentes, a expliqué Mme Gomez Maganda. Afin de combattre la pauvreté, les activités productives pour les femmes, en particulier pour les femmes de la campagne ou indigènes en zones marginalisées, ont été encouragées. La représentante a observé qu'en dépit d'une présence plus accrue des femmes dans le domaine public, leur accès aux cadres décisionnels reste à réviser.

Le Mexique redoublera ses efforts pour réduire la mortalité maternelle et la vulnérabilité des femmes indigènes, des femmes dépourvues, des femmes handicapées et des femmes plus âgées. Nous ne lâcherons pas prise, a déclaré la représentante, pour lutter contre les viols des droits des femmes dans le domaine du travail.

Mme AMELOU BENITEZ REYES, Présidente de la Commission nationale sur le rôle des femmes des Philippines, a rappelé que, depuis Beijing, la situation des femmes philippines avait été gravement touchée par la crise financière qui a frappé la région. Les conséquences négatives de la mondialisation ont exacerbé les pressions sur les énergies, les ressources matérielles et les capacités à mettre en oeuvre effectivement les engagements pris au titre des douze domaines critiques du Programme d’action de Beijing. La représentante a expliqué que ce qui avait permis de faire face aux besoins sociaux, politiques et économiques d’une

population toujours croissante, c’était la volonté de renforcer le mécanisme national, le premier en Asie, établi en 1975. Malgré les difficultés, le Gouvernement s’est efforcé, en partenariat avec les ONG et les institutions de la société civile, d’honorer ses engagements de la meilleure manière possible. Tout d’abord, un plan sur six ans a facilité la réalisation du Programme d’action de Beijing, servant de guide opérationnel au Gouvernement et à tous les partenaires institutionnels pour la mise en oeuvre des objectifs stratégiques que les Philippines se sont fixé dans le cadre d’une approche intégrée basée sur la parité entre les sexes, la pauvreté et la gouvernance.

Le Gouvernement a pris en outre une initiative audacieuse en introduisant la discrimination positive en matière de budgétarisation par le biais d'une politique budgétaire tenant compte de la parité entre les sexes et du développement. La loi adoptée à cette fin prévoit que toutes les institutions gouvernementales n'allouent pas moins de 5% de leur budget à la mise en oeuvre du plan de développement à long terme pour la promotion des femmes. Les montants alloués restent malheureusement en deçà des objectifs, en raison des contraintes budgétaires aggravées par la crise. Des points focaux sur la parité entre les sexes et le développement ont été établis dans le cadre d’un réseau national visant au renforcement des capacités, à une planification soucieuse de l’égalité entre les sexes, à la budgétarisation et au contrôle. Des mesures ont également été prises pour renforcer la participation des femmes dans le secteur public et améliorer la protection des droits des femmes indigènes, handicapées et des femmes pauvres.

La représentante a ensuite mis l’accent sur la situation des travailleurs migrants et a appelé les pays qui ont des femmes migrantes à faire tout le possible pour permettre leur retour et leur réintégration dans les sociétés d'origine. Elle a indiqué que dans son pays la pratique de l’achat d’épouses par correspondance avait été interdite. Récemment, avec l’appui du Gouvernement américain, les Philippines ont accueilli l’Initiative régionale pour l’Asie contre la traite des femmes et des enfants en vue de développer et de trouver des solutions durables à ce fléau. La représentante a encore mentionné les mesures prises pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Une loi sur le viol qui prévoit une définition large de ce crime a été adoptée. Le Gouvernement réalise un programme spécifique de lutte contre la pauvreté, principal obstacle à l’amélioration de la situation des femmes. La représentante a demandé l’appui de la communauté internationale à la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing, et insisté, dans ce cadre, sur l’importance de la coopération Sud-Sud. Elle a proposé la création d’un fonds doté d’un milliard de dollars par les instances compétentes de l’ONU ou à la Banque mondiale, ou encore la Banque asiatique de développement ou d’autres institutions financières auprès desquelles les mécanismes nationaux pourraient emprunter à faible taux d’intérêt pour la poursuite de la mise en oeuvre des douze domaines critiques identifiés à Beijing.

Mme RUTH CARDOSO (Brésil) a réaffirmé le soutien et le ferme engagement de son pays aux principes et décisions adoptés par la communauté internationale à Beijing. En octobre 1999, a-t-elle indiqué, le Gouvernement brésilien a créé le Comité national, qui regroupe des représentants du Gouvernement, du Congrès et de la société civile, afin d'identifier les spécificités propres au Brésil dans le cadre des douze domaines d’action critiques du Programme de Beijing et de mener des recherches pour répondre au questionnaire établi, dans ce domaine, par les Nations Unies.

La représentante a fourni quelques exemples des programmes réussis de son pays. Certains ont permis de combattre la violence contre les femmes, en agrandissant les juridictions de la police, d’améliorer les indicateurs du niveau d’éducation, de mettre en oeuvre des services de soins prénataux, de réduction du cancer de l’utérus et du sein, de lutte contre le sida et de combattre la pauvreté en instaurant un salaire minimum. Pour mettre fin aux pratiques discriminatoires, le Gouvernement encourage la formation d’une force de travail féminine. En ce qui concerne l’accès au pouvoir, les progrès ont été plus lents, a signalé Mme Cardoso, bien que d'importantes mesures aient été prises comme les quotas aux élections et la nomination de femmes juges aux cours suprêmes. Au Brésil, les femmes ont de plus en plus accès aux médias et elles constituent la moitié des internautes, a-t-elle souligné.

La refonte de la relation femme/homme, sur des bases d’égalité et d’équité, permettra de revoir nos normes et conceptions de travail, de redéfinir le lien entre espaces publics et privés, de réévaluer ces qualités définies comme strictement féminines, et d’ouvrir, à tous, les bénéfices des technologies modernes, a enfin estimé Mme Cardoso.

Mme MANEL ABEYSEKERA, Présidente du Comité national sur les femmes du Sri Lanka, a fait état de la situation des femmes dans son pays en indiquant les progrès réalisés et les insuffisances constatées. Elle a ensuite présenté quelques-uns des domaines prioritaires qui requièrent des initiatives supplémentaires. Elle a notamment cité la coopération entre les individus, la communauté, la nation et la communauté internationale dans son ensemble, la nécessité d'éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et de promouvoir l'égalité entre les sexes, la nécessité d'impliquer les femmes dans la prise de décisions et de les faire bénéficier des actions dans toutes les sphères d'activité, de l'économique au politique, de la construction de la paix, à la résolution des conflits et au maintien de la paix. Il convient aussi de combattre les obstacles que les femmes rencontrent pour mener à la fois leur vie de femme, de mère, d'épouse et leur carrière, notamment en leur faisant prendre conscience de leur valeur et de leur potentiel. Enfin, il est nécessaire de s'attaquer à toutes les formes de violence à l'égard des femmes, de la violence domestique, au terrorisme et aux conflits armés.

Renouvelant son engagement au Programme d'action de Beijing, le Sri Lanka a indiqué qu'il continuerait à promouvoir la condition des femmes tout en maintenant sa culture et son héritage religieux de mise en valeur de la famille comme cellule de base de la société.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.