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AG/1016

LES DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITE DE CHANGER LES MENTALITES ET D'ELIMINER LES STEREOTYPES QUI FONT OBSTACLE A L'EGALITE ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES

6 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1016


LES DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITE DE CHANGER LES MENTALITES ET D'ELIMINER LES STEREOTYPES QUI FONT OBSTACLE A L'EGALITE ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES

20000606

La Première Dame d'Egypte propose la création d'un fonds mondial pour les femmes

La nécessité d'impliquer les hommes dans les stratégies visant l'amélioration de la situation des femmes et leur émancipation a été soulignée ce matin dans le cadre de la session extraordinaire de l'Assemblée générale "Beijing + 5". Cette session qui se tient cinq ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, 1995) a pour thème "Les femmes en l'an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le 21e siècle". Bien que la majorité des Etats aient entrepris des réformes législatives visant à éliminer les discriminations à l'égard des femmes dans leurs textes juridiques, dans la pratique, la persistance de stéréotypes concernant la place et le rôle des femmes dans les sociétés constitue un obstacle majeur à leur participation, en tant que partenaires égales des hommes, dans toutes les sphères de la vie, ont fait remarquer des délégations. Pour forcer le changement de mentalité nécessaire à la réalisation de la pleine égalité entre les sexes, la participation et l'appui des hommes sont donc essentiels. Si le représentant de la Grenade a noté que "les hommes de qualité ne devraient jamais se sentir menacés par les femmes", la Première Dame d'Egypte a fait remarquer que les barrières comportementales peuvent constituer des obstacles majeurs pour les gouvernements lorsqu'ils s'efforcent de procéder à des changements tenant compte de la modernité dans des sociétés traditionnelles. La représentante de la Malaisie a insisté, pour sa part, sur le fait que c'est non seulement l'image qu'a la société de la femme qui doit changer, mais aussi celle que la femme a d'elle-même.

Dans ce contexte, plusieurs délégations ont souligné qu'il était impératif de respecter les valeurs et croyances de toutes les sociétés, de ne pas tolérer les préjugés à l'égard de certaines religions et de respecter la liberté de choix de chacun. L'Islam proscrit toute discrimination à l'égard des femmes, protège leurs droits fondamentaux et reconnaît leur rôle dans le développement économique et social des nations, a ainsi souligné la Ministre pour le développement, le bien-être social et l'éducation des femmes du Pakistan. Pour illustrer la place de la femme dans l'Islam, le représentant du Koweït a mentionné les lois de son pays qui garantissent aux femmes des postes importants dans tous les secteurs de la vie publique. Les femmes koweïtiennes jouissent de leur pleine personnalité juridique, a-t-il dit.

Le lien entre le développement économique et social harmonieux des nations et la situation des femmes a à nouveau été mis en avant par la majorité des délégations, de même que les difficultés que rencontrent de nombreux pays à mettre en oeuvre le Programme d'action de Beijing sans l'aide de la communauté internationale. Dans ce contexte, la Première Dame d'Egypte a proposé la création d'un "fonds mondial pour les femmes", qui servirait de parapluie pour toutes les institutions, programmes et fonds existants chargés de la formulation de stratégies en faveur des femmes, et qui permettrait de rassembler les efforts et accroître les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs fixés à Beijing.

Outre le Vice-Président de la Zambie, les Ministres et hauts responsables gouvernementaux des pays suivants ont fait une déclaration : Turquie, Cuba, Viet Nam, Canada, Saint-Marin, Bélarus, Italie, Guyana, Irlande, Pakistan, Malaisie, ex-République yougoslave de Macédoine et Egypte. Les représentants du Myanmar, du Koweït, de la Grenade et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sont également intervenus.

La session extraordinaire se poursuivra cet après-midi à 15 heures.

Examen et évaluation des progrès accomplis dans l'application des 12 domaines critiques du Programme d'action de Beijing; nouvelles mesures et initiatives visant à surmonter les obstacles à l'application du Programme d'action 8 et 9

Déclarations

M. CHRISTON S.TEMBO, Vice-Président de la République de Zambie, a déclaré que la Zambie a traduit le plan d'action de Beijing en un plan national stratégique qui couvre la période allant de 1996 à 2001, et identifie cinq domaines d'action prioritaires qui sont: la pauvreté croissante des femmes, leur accès inégal aux ressources et leur manque de participation aux structures et aux politiques économiques; l'inégalité d'accès à l'éducation et à la formation; l'inégalité d'accès aux soins de santé et aux services connexes; l'inégalité entre hommes et femmes dans le partage du pouvoir et des prises de décision; et les droits des fillettes par rapport à ceux des garçons. Le Gouvernement de la Zambie a adopté son premier plan national d'égalité entre les sexes le 6 mars 2000. Ce document, pierre angulaire de l'action gouvernementale, prescrit des mesures politiques transsectorielles, qui vont aussi dans le sens d'une coordination des structures institutionnelles et des questions à traiter, et visent à améliorer et promouvoir un développement tenant compte de la problématique hommes/femmes. Nous considérons la mise en place de ce plan d'action comme part intégrale de notre processus de développement national et, par conséquence, ferons tous les efforts nécessaires pour intégrer la sexospécificité dans toutes nos politiques et nos programmes. Les principaux obstacles qui se sont posés à la mise en place de ce processus sont entre autres: la pauvreté des ménages, l'énormité de la dette nationale, et la pandémie du VIH/sida. Seuls des efforts concertés au niveaux national et international permettront de surmonter ces trois obstacles.

Les femmes vivent la pauvreté d'une façon différente de celle des hommes. Il est donc essentiel que nous nous engagions politiquement de manière soutenue en ce qui concerne les politiques et les ressources pour faire face à cette question. La pauvreté et le VIH/sida sont étroitement liés. Le service de la dette a un impact significatif sur les budgets publics et réduit énormément les perspectives de croissance, et les inégalités qui en découlent se traduisent non seulement au niveau des revenus, mais aussi au niveau hommes/femmes. Il est donc nécessaire que les initiatives de réduction de la dette aillent au-delà du cadre actuel et que le niveau des montants des flux financiers et de ressources vers les pays en développement endettés soient augmentés.

M. HASAN GEMICI, Ministre d'Etat de la Turquie, s'associant à la déclaration de l'Union européenne, a estimé que le respect total des droits humains des femmes et des filles est non seulement une responsabilité légale mais aussi éthique. Avec la fondation de la République de Turquie, les femmes ont obtenu le droit au suffrage bien avant celles de nombreux autres pays. Depuis la Conférence de Beijing, il y a cinq ans, la Turquie a réalisé des progrès significatifs. Elle s'était alors pleinement engagée à appliquer la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, à prolonger l'éducation de base de cinq à huit ans, à réduire la mortalité infantile et maternelle de moitié avant 2000 et à éradiquer l'illettrisme chez les femmes. Et la Turquie a remplit plupart de ces engagements, a ajouté M. Gemici, précisant qu'un nouveau code civil prenant en compte la perspective sexospécifique et auquel des ONG de femmes ont contribué est actuellement présenté devant le Parlement. Depuis Beijing aussi, les organisations de la société civile défendant les droits des femmes, qui contribuent grandement au travail du gouvernement, se sont multipliées. Le représentant a souligné que la promotion de la femme passe non seulement par des réformes législatives mais aussi par de nouvelles mesures dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'économie. Certes il y a eu dans la réalisation des objectifs de Beijing des obstacles communs comme des obstacles spécifiques à chaque pays. La déclaration et le document qui seront établis à cette session serviront donc de guides. Le représentant a affirmé que son pays était décidé à allouer des ressources suffisantes aux questions de parité et à faire preuve de volonté politique dans ce domaine. Il est de notre responsabilité d'assurer un environnement propice dans lequel toutes les femmes puissent jouir de leurs droits, a-t-il ajouté.

Mme VILMA ESPIN GUILLOIS, Membre du Conseil d'Etat de Cuba et Présidente de la Fédération des femmes cubaines, a estimé que la caractéristique la plus importante de ces cinq dernières années était l'aggravation et l'expansion croissante des maux sociaux anciens et nouveaux et l'absence de solution aux problèmes pressants identifiés en tant que prioritaires à Beijing. La relation entre l'aggravation de la situation économique et sociale des femmes et la situation générale dans un monde dominé par l'idéologie, les principes et l'impact dévastateur de la mondialisation néolibérale est devenue évidente. C'est pourquoi, le monde entre dans le 21e siècle avec 800 millions de personnes qui meurent de faim, tandis que les 20 personnes les plus riches du monde amassent une fortune monumentale s'élevant à 3 trillions de dollars. En 1999, le patrimoine des trois personnes les plus riches du monde était plus élevé que le produit national brut (PNB) combiné des 49 pays les moins développés. La période que nous considérons est marquée par l'accroissement de l'écart économique et technologique entre les pays du Sud et ceux du Nord, les différences énormes entre les riches et les pauvres à l'intérieur et entre les pays, la destruction de la nature et des ressources naturelles, et les guerres. Notant la recrudescence de la pauvreté et du chômage dont souffrent plus particulièrement les femmes, la représentante a dénoncé l'indifférence et l'inefficacité des Etats, affaiblis par l'idéologie néolibérale, le manque de volonté politique, de ressources et de possibilités de développement. Sans des politiques publiques qui favorisent la participation des femmes à un développement durable, il ne peut y avoir de promotion de la femme, a- t-elle souligné.

A Cuba, la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing s'est faite dans un environnement qui a favorisé la participation des femmes. Le Plan d'action national de suivi de Beijing témoigne de la volonté politique du Gouvernement et de la reconnaissance des droits fondamentaux des femmes cubaines. Au cours de ces 5 années, il y a eu une reprise discrète de l'économie nationale à laquelle les femmes ont grandement contribué. Les mesures criminelles prises par les Etats- Unis pour renforcer la guerre économique qu'ils mènent depuis 40 ans contre Cuba n'ont pas réussi à ébranler notre résolution à poursuivre nos conquêtes sociales et à poursuivre notre chemin vers le développement de la justice sociale et de l'égalité. A Cuba, la vérité et la justice sont devenues une réalité. Nous espérons que bientôt la justice règnera bientôt aussi aux Etats-Unis et que Elian pourra rentrer à Cuba auprès de sa famille.

La dernière décennie du millénaire a été caractérisée par l'accroissement de la pauvreté et de la violence, conséquence de la soif de pouvoir démentielle des grandes puissances économiques, des marchands d'armes et du terrorisme d'Etat qui continuent en toute impunité, étant donné le monde unipolaire dans lequel nous vivons. La représentante a dénoncé le bombardement de villes qui cause de nombreuses victimes sans que la vente de produits alimentaires et de médicaments ne soit permise, et le meurtre de milliers d'enfants dans leurs abris avec des missiles développés dans des centres de recherche et conçus pour de tels faits brutaux. Ces atrocités et d'autres encore sont le fait de cet égoïsme colossal, a-t-elle dit. Il est incontestable que le modèle néolibéral a échoué. Un nouvel ordre économique et social qui élimine tous les types de discrimination, assure le progrès et le bien-être pour tous, ainsi que le respect de la souveraineté, de l'indépendance, du droit à l'autodétermination et la pleine réalisation des droits de l'homme de tous sont essentiels et extrêmement urgents, a-t-elle souligné.

Mme HA THI KHIET, Présidente du Comité national pour la promotion de la femme du Viet Nam, a déclaré que le Viet Nam considère l'émancipation des femmes comme l'un des objectifs majeurs de la révolution vietnamienne. Cette émancipation joue un rôle et exerce un impact à long terme sur le développement national. Nous pouvons affirmer, a dit la déléguée, que la Conférence de Beijing a contribué aux changements qui se sont produits au Viet Nam. Notre Comité national a consolidé ses structures d'organisation et a étendu son réseau dans 50 ministères, dans d'autres agences gouvernementales et dans toutes les villes et provinces du pays. L'information du public sur l'égalité des sexes a été améliorée, créant un mouvement favorable à l'intégration graduelle de la sexospécificité dans l'élaboration des politiques et dans la mise en place des travaux de tous les ministères à tous les niveaux administratifs. Le résultat de ces politiques s'est traduit depuis 5 ans par une diminution du pourcentage de ménages pauvres, qui sont passés de 18% à 13%. Le taux d'alphabétisation parmi les femmes est passé, quant à lui, de 82% à 88%. Le taux de natalité a été réduit à 1,7%, et l'espérance de vie est passée à 69.9 années. En plus, le nombre de femmes en position de leadership et faisant partie d'institutions à compositions élues a augmenté.

Le Viet Nam partage les positions fondamentales énoncées dans les deux propositions de documents de la présente session extraordinaire, nommément la proposition de texte de "Déclaration politique" et celle sur les "Nouvelles actions et les initiatives nécessaires à la mise en place de la Déclaration et de la plate-forme d'action de Beijing". Mais nous aimerions que ces propositions aillent plus loin, car nous pensons que les relations de partenariat devraient être améliorées au sein de la communauté internationale, y compris au sein du système de l'ONU et entre les mécanismes intergouvernementaux, les gouvernements et les ONG. Les partenariats hommes/femmes devraient aussi être améliorés dans le monde pour faire face aux obstacles qui se posent à la mise en oeuvre de la plate- forme de Beijing. La délégation du Viet Nam propose que la 5ème Conférence mondiale sur les femmes se tienne en 2005, pour respecter la tradition établie qui voudrait que soient examinées les 20 années de mise en oeuvre de la Stratégie de Nairobi et les 10 années de Beijing. Ceci permettrait de concevoir une stratégie globale d'équité sexuelle et de promotion de la femme pour le 21ème siècle.

Mme HEDY FRY, Secrétaire d'Etat à la condition de la femme du Canada, a noté qu'en ce début de XXIème siècle, la Déclaration et le Programme d'action de Beijing demeurent un outil essentiel à l'atteinte de l'égalité entre les sexes dans le monde entier. Il serait injuste pour les femmes du monde entier de permettre l'érosion des gains si durement acquis. Elle a indiqué que le Canada a concrétisé son engagement envers ces objectifs par des actions au niveau national et en jouant un rôle de premier plan dans les négociations qui ont précédé la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Le Canada a partagé ses données, ses recherches, ses pratiques expérimentales et a appris d'autres pays. Au cours des trente dernières

années, il a réalisé des progrès lents, mais constants, en faveur de l'égalité des sexes et en cherchant à mettre en oeuvre son Plan fédéral pour l'égalité. A cette fin, il cherche toujours à intégrer l'égalité entre les sexes à tous les aspects de l'appareil gouvernemental et des institutions, notamment grâce à l'analyse comparative dont l'importance a été démontrée dans les domaines comme les petites et moyennes entreprises, la réforme fiscale, l'équité salariale et le commerce.

En dépit des progrès, il reste encore bien des obstacles de société et systémiques. Dans un pays multiculturel, des facteurs comme la diversité, la race, l'origine ethnique, le statut d'immigrante et autochtone, l'orientation sexuelle, l'incapacité et l'âge ajoutent à la situation d'inégalité des femmes. La représentante a expliqué que la pauvreté demeure une réalité pour un grand nombre de Canadiennes particulièrement celles qui sont chefs de famille monoparentale, les immigrantes et les femmes handicapées. Elle a également relevé la violence domestique et collective à l'encontre des femmes. Selon elle, il est impossible de faire des progrès significatifs dans ce domaine sans la participation des ONG. En outre, sur le plan international, le Canada participe très activement à l'élaboration de protocoles contre le trafic d'êtres humains et se réjouit donc de l'adoption récente des protocoles sur la vente d'enfants, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants. Nous sommes convaincus que l'avenir du développement économique et social des Etats Membres, voire du monde, sera bloqué à moins que les femmes, qui forment plus de 55% des ressources humaines, n'y apportent une contribution, et nous croyons que les objectifs de paix et de sécurité demeureront à tout jamais insaisissables à moins que les femmes ne soient protégées et obtiennent une place à la table où se prennent les décisions, a déclaré la représentante.

Mme FRANCESCA MICHELOTTI, Ministre des affaires intérieures et de la justice de Saint-Marin, a déclaré qu'il fallait repenser dans leur ensemble les droits de l'homme et les libertés fondamentales ainsi que les règles et l'organisation contemporaines des sociétés afin de restructurer une société mal adaptée ou hostile dominée par les hommes. Des progrès significatifs ont été réalisés au cours des dernières décennies grâce à la coopération des femmes. Dans tous les secteurs économiques et sociaux ainsi que dans le cadre des efforts d'intégration des questions sexospécifiques, les femmes ont non seulement contribué à l'élimination de la marginalisation, de la discrimination et de l'exploitation, mais elle ont également contribué à combler le fossé entre les pays du Nord et du Sud. Le pouvoir dont elles ont fait preuve témoigne d'un processus en mouvement qui défait les schémas préétablis du développement mondial, de la coexistence entre les groupes ethniques et de l'édification de la paix. Les mouvements de femmes ont imposé une nouvelle manière de concevoir l'histoire, les relations humaines et les rôles attribués aux hommes et aux femmes. Un tel mouvement a permis qu'une attention plus grande soit accordée aux relations entre l'environnement et la culture, aux disparités naturelles et à la discrimination sociale, à la participation à la vie publique et aux sexospécificités, tout en réaffirmant le droit de chacun à sa propre identité.

La Ministre a ensuite expliqué quel est le statut de la femme à Saint-Marin. Elle a indiqué que grâce au développement économique important du pays, les femmes ont atteint un niveau de participation qui est encore impensable dans d'autres régions du monde. L'ensemble de la population bénéficie d'une couverture de santé et d'une aide sociale. L'égalité des salaires entre hommes et femmes est un acquis tandis que le système éducatif, extrêmement diversifié et de haut niveau, il offre de nombreuses opportunités. Pour ce qui est de l'égalité de jure en revanche, la Ministre a reconnu que ce processus a été plus lent que dans les autres pays de l'Union européenne et il n'est pas encore achevé. En témoignent le faible taux de participation des femmes au Parlement et en politique et par la reconnaissance insuffisante du droit des femmes de transmettre leur nationalité. Aujourd'hui, nous demandons toujours à être reconnues comme des citoyennes de droit et mais cette revendication se heurte encore à une opposition culturelle et institutionnelle. Il est pourtant fondamental de considérer la citoyenneté des femmes de Saint-Marin comme un droit inhérent et non pas comme une concession stratégique. Cette reconnaissance impliquerait que l'on reconnaisse la contribution humaine et sociale des femmes au développement du pays, au plein respect de ses valeurs démocratiques et à la protection de ses traditions qui pourraient être menacées par la mondialisation.

Mme OLGA DARGEL, Ministre de la protection sociale du Bélarus, a expliqué que le Programme d'action de Beijing est devenu un instrument de base pour l'élaboration d'une stratégie nationale de promotion de la femme au Bélarus, puisqu'il a permis de réaliser des progrès considérables. Un Plan national d'action et un Programme national intitulé "Femmes de la République du Bélarus" a été graduellement mis en oeuvre. A l'heure actuelle, la mise en place d'un mécanisme national pour la promotion des femmes est pratiquement terminée et l'harmonisation de la législation nationale avec les instruments internationaux est en cours. La procédure a été lancée en vue de l'adhésion au Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La participation des femmes aux activités publiques, politiques et de gestion est l'un des moyens privilégiés de parvenir à l'égalité entre les sexes et leur participation aux processus de décision s'est peu à peu élargie.

Les statistiques ont été améliorées et un recueil de statistiques sur les hommes et les femmes du Bélarus a été publié. Au cours des dernières années, le Bélarus a intensifié ses recherches sur la parité. Les résultats en sont reflétés dans le rapport national du Bélarus publié dans le cadre du projet du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), intitulé "Femmes dans le développement". La société du Bélarus connaît aujourd'hui des changements à grande échelle. Dans ce cadre, on est en train de repenser la place et le rôle des femmes dans la société. Conscientes de la difficulté de surmonter une période de crise individuellement, les femmes ont commencé à s'unir activement, ce qui a donné naissance aux ONG de femmes, lesquelles collaborent régulièrement avec le gouvernement et ses institutions. Ces ONG ont ainsi participé activement à la discussion du rapport national du Bélarus sur la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. Malgré les mesures adoptées, la situation des femmes au Bélarus continue d'être difficile, en raison notamment de l'insuffisance de ressources financières, aggravée par la nécessité d'allouer plus de 10% du budget national à l'élimination des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl; la persistance des stéréotypes relatifs aux rôles sociaux des hommes et des femmes dans la société; et la participation insuffisante des hommes aux activités visant à assurer la parité. En conséquence, le Gouvernement a décidé de mettre en place un nouveau plan d'action pour la promotion de la femme pour la période 2001-2005 qui tiendra compte des observations du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes qui a examiné le troisième rapport périodique du Bélarus en janvier dernier.

Mme KATIA BELLILLO, Ministre pour l'égalité des opportunités de l'Italie, a identifié trois défis essentiels à relever. Le premier est celui de la pauvreté, dont les statistiques indiquent clairement qu'elle a un visage de femme. C'est pourquoi, dans les Balkans, en Afrique et en Amérique centrale, la politique de coopération pour le développement, que même l'Italie se concentre sur des secteurs clés qui visent à lutter contre l'exclusion sociale des femmes, et qui sont favorables à leur autonomisation comme agents de changements politiques et du développement économique a observé Mme Bellillo. Notre soutien accru au FNUAP entre dans ce cadre. Le deuxième défi est posé par la mondialisation de l'économie, et pour que la mondialisation devienne source de nouvelles opportunités et non pas d'inégalités, il est essentiel que nous mondialisations aussi les droits de l'être humain, et l'égalité entre hommes et femmes partout dans le monde. C'est pourquoi l'Italie a choisi de donner une priorité à la réduction de la dette des pays les plus pauvres, et aux politiques sexospécifiques qui doit accompagner cette mesure. Le troisième défi est celui de la prévention des conflits engendrés par les intolérances ethniques et religieuses, et qui ont particulièrement affecté les femmes ces dernières années. Pour résoudre ces luttes, les mesures politiques et de maintien de la paix ne suffisent pas. Nous avons besoin d'une vision du futur qui perçoive la diversité comme une richesse et tienne compte de l'habileté des femmes à promouvoir la coexistence sur les bases concrètes des besoins divers des individus et des communautés.

L'évaluation de la volonté des Gouvernements à mettre en place la plate- forme de Beijing n'est pas une question technique, mais politique. Certes des outils techniques et légaux sont nécessaires, comme par exemple le besoin de respecter pleinement et de ratifier la Convention sur l'interdiction de toutes les formes de discrimination contre les femmes. Il faut dans cette optique éliminer toutes les réserves contraires aux objectifs de ce texte. Le Protocole de la Convention devrait être rapidement ratifié et mis en oeuvre, comme devrait l'être le Statut de la Cour pénale internationale. Mais par-dessus tout, nous avons besoin d'instruments politiques, et depuis plusieurs années, notre pays s'est posé en défenseur de la réforme et de la démocratisation des Nations Unies. Cette réforme aurait besoin de l'expérience des femmes, en commençant par leur habileté à développer des dialogues et des partenariats avec, et au sein de la société civile. Sans ces partenariats, jamais l'ONU du 21ème siècle, et les défis mondiaux sur lesquels se sont penchées les conférences onusiennes de la décennie écoulée, et qui ont tiré leur légitimité, leur énergie et leur vision du dialogue établi avec les ONG, ne pourront se réaliser.

Mme INDRANIE CHANDARPAL, Ministre des ressources humaines et de la sécurité sociale du Guyana, a indiqué que les initiatives du Guyana pour mettre en œuvre le Programme d'action de Beijing incluent un programme de réduction de la pauvreté avec un effort particulier sur la situation des femmes, la fourniture de services de base tels que l'eau potable, le logement, la santé, la sécurité et les transports, ainsi que des programmes de formation spécialement conçus pour les femmes visant l'amélioration de leur situation sur le marché du travail. Il a également cité quelques-unes des mesures législatives concernant la promotion des femmes à savoir, la Loi sur la prévention de la discrimination, la Loi sur l'interruption de grossesse en milieu médical et la Loi sur la violence domestique. Il a fait mention de la publication en 1996 du Livre sur la politique nationale de promotion de la femme. Ce document, qui identifie les principes généraux sur lesquels se fonde l'action du gouvernement en matière de promotion de la femme, reconnaît l'importance de permettre aux femmes de réaliser leur plein potentiel en tant que personnes, mères, employées, cadres et gestionnaires de la communauté, et encourage la promotion d'un partenariat équitable et complémentaire entre les femmes et les hommes dans tous les domaines de la vie personnelle et publique. Le Guyana considère la reconnaissance et la mise en valeur des activités non rémunérées des femmes au foyer, au sein de la communauté, dans le cadre de l'agriculture de subsistance, du commerce familial et de la préservation de l'environnement comme un objectif national. Mme Chandarpal a indiqué par ailleurs que l'élaboration du Plan national d'action sur les femmes, de la Stratégie nationale de développement et de la réforme de la Constitution nationale a pris en compte l'engagement du Gouvernement du Guyana au Programme d'action de Beijing, une attention particulière ayant été accordée à la violence contre les femmes et au phénomène de la pauvreté sous toutes ses formes.

Le Guyana s'est félicité d'avoir accueilli en 1997 la Conférence de suivi de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) qui a abouti au Consensus de Georgetown sur la promotion des femmes. Il a appelé la communauté internationale à s'attaquer de manière urgente aux défis du développement des pays en développement et a exprimé l'espoir que la présente session sera l'occasion d'un nouvel élan pour l'engagement international en faveur de l'égalité entre les sexes, du développement et de la paix pour le XXIème siècle.

M. JOHN O'DONOGHUE, Ministre de la justice, de l’égalité et de la réforme du droit de l’Irlande a expliqué qu'au cours des cinq dernières années, depuis la Conférence de Beijing, l'Irlande avait connu des changements majeurs au niveau législatif comme au niveau de la société. De nombreux projets de lois révolutionnaires ont été adoptés, notamment la Loi sur l'égalité de l'emploi de 1998, qui interdit la discrimination fondée sur le sexe dans le monde professionnel, et la Loi sur l'égalité de statut de 2000, qui interdit cette discrimination en dehors du travail, notamment lors de la fourniture de biens et services au public. La récente croissance économique de l'Irlande a été un catalyseur de changement dans la société irlandaise et dans le rôle des femmes. Le nombre de femmes dans le monde du travail est passé d'un niveau relativement bas à 47%, a indiqué le représentant. L'Irlande s'est d'ailleurs engagée à soutenir cette tendance non seulement par ses politiques, le développement des services de garderies par exemple, mais aussi en s'assurant que les femmes qui choisissent de travailler chez elles, ne voient pas leur rôle dévalorisé.

Le représentant a souligné qu'en 1998, 96% des filles de seize ans et 77% des filles de 17 ans étaient étudiantes à plein temps en Irlande. Les chiffres étaient de 88% et de 73% chez les garçons. De plus, le nombre de diplômées du secondaire dépasse de 14% celui de diplômés. Toutefois, les filles sont encore sous-représentées dans les filières techniques et d'ingénieries, n'y étant que de 17% en moyenne. Afin de prendre en compte les questions de parité à tous les niveaux, le Département de la justice, de l'égalité et de la réforme du droit travaille sur le développement d'un Plan d'action national pour l'égalité entre les sexes en collaboration avec les ONG. En outre, les femmes étant souvent défavorisées financièrement, le système d'aide en Irlande a revu ses activités d'un point de vue de parité et, en 1999, l'Organisation de coopération économique (OCDE) a salué favorablement les efforts déployés par le pays pour prendre en compte la parité dans ses programmes d'aide bilatérale, a signalé le représentant.

Mme ZOBAIDA JALAL, Ministre de l'éducation, du développement des femmes, du bien-être et de l'éducation du Pakistan, a observé qu'aucun pays ne peut parvenir à la prospérité et la maintenir si l'autre moitié de sa population, c'est-à-dire les femmes, est écartée du processus de développement. La diversité du monde est notre plus grande force. C'est pourquoi, il est impératif de respecter les croyances et le système de valeur de chacun et ne pas tenter de stéréotyper une religion. Les sentiments de supériorité mal placés et les tentatives visant à imposer les normes d'une société à une autre vont à l'encontre du principe même de la liberté de choix et de l'esprit de coopération et de respect mutuel. Certaines valeurs sont néanmoins essentielles et doivent être respectées de tous. Au Pakistan, la religion établit les idéaux et normes qui fondent une vision sociale assurant la dignité, la sécurité, l'égalité et la pleine participation des femmes à la vie économique et politique nationale. L'Islam proscrit la discrimination à l'égard des femmes et protège pleinement leurs droits fondamentaux, reconnaissant leur rôle dans le progrès des nations. Fondée sur ces principes, la Constitution garantit le statut et la dignité des femmes et interdit toute discrimination fondée sur la race, la religion, la caste ou le sexe.

Le Gouvernement pakistanais a entrepris diverses initiatives de fond pour traduire la rhétorique sur les droits de la femme par la réalité. Ainsi, le Gouvernement compte 7 femmes ministres dont les fonctions sont importantes. Le Ministère fédéral et les départements provinciaux pour la promotion des femmes ont été renforcés. On réforme et révise les lois discriminatoires à l'égard des femmes. 30% des sièges parlementaires sont réservés aux femmes et 50% au niveau local. Les emplois qui leur sont réservés dans le secteur public ont été augmentés. Des mesures ont aussi été prises pour lutter contre la violence familiale, le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, ainsi que pour sensibiliser l'opinion publique contre le mariage précoce, pour améliorer la situation des femmes prisonnières et pour renforcer les tribunaux de la famille. La violence à l'égard des femmes demeure une réalité douloureuse qui exige des mesures urgentes. Leur situation est particulièrement difficile dans les situations de conflit, comme en Bosnie-Herzégovine, en Sierra Leone, au Rwanda ou encore au Jammu-et-Cachemire. Dans ce contexte, la Ministre s'est réjouie de ce que le statut de la cour pénale internationale inclut les crimes à caractère sexuel contre les femmes. Dans le cadre des mesures prises pour lutter contre la violence contre les femmes, les "meurtres d'honneur" ont été déclarés crimes prémédités afin d'assurer une peine maximale. La Ministre a invité les autres pays où ces pratiques se poursuivent à adopter des mesures similaires.

Parmi les mesures prises depuis Beijing, la Ministre a notamment évoqué le renforcement de la participation des femmes aux processus politique et de décision, le renforcement de l'accès aux services de santé, à l'éducation et à la formation, ainsi que des mesures visant à rectifier les déséquilibres dans la répartition des ressources allouées au secteur social en mettant en place des filets de sécurité pour les segments plus vulnérables de la société, en particulier les femmes et les filles. Ces mesures visent notamment à les protéger de l'impact négatif de la mondialisation. L'alphabétisation universelle et l'éducation sont des éléments clés de la promotion des femmes et des filles. C'est pourquoi, l'éducation est une

priorité du Plan d'action national de suivi de la Conférence de Beijing. Le Pakistan fait face comme d'autres pays à d'immenses défis dans la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing, liés notamment à la mondialisation et aux contraintes en termes de ressources dues à la baisse des prix des matières premières, au manque d'accès aux marchés internationaux et aux régimes commerciaux inéquitables. La coopération internationale et la solidarité sont donc plus que jamais nécessaires pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, a conclu la représentante.

Mme SHAHRIZAT ABDUL JALIL, Ministre au Cabinet du Premier Ministre de la Malaisie, a signalé que son pays a, parmi les 27 membres de sa délégation, 15 femmes représentant les organes législatifs aux niveaux étatique et fédéral, le monde universitaire, le monde professionnel et les ONG. Société multiethnique majoritairement musulmane, la Malaisie a démontré que l'Islam n'est pas un obstacle à l'avancement des femmes. En effet, le véritable enseignement de l'Islam considère les femmes comme les égales des hommes et établit les bases d'une société où les hommes et les femmes travailleraient comme partenaires. Ainsi, la Malaisie est préoccupée par la politisation des cultures et des religions pour les transformer en fondements du pouvoir. La représentante a encouragé les gouvernements et la communauté internationale a ralentir toute utilisation subversive de la religion et de la culture qui retire aux femmes leurs droits.

La Malaisie est pleinement consciente de la contribution des femmes au développement économique. Les femmes représentent près de la moitié de la force de travail malaisienne, ont réalisé des progrès remarquables dans tous les secteurs. Elles ont pénétré des secteurs précédemment réservés aux hommes, notamment dans le domaine de l'entreprise. Avec de meilleures opportunités d'éducation, le taux d'illettrisme chez les femmes est aujourd'hui proche de zéro.

Toutefois, dans un monde en évolution perpétuelle, le progrès ne consiste pas à tirer fierté des accomplissements passés mais à porter un regard critique sur les situations et à revoir sans cesse les stratégies, les méthodes et les résultats. La représentante a déclaré que son pays continuerait d'oeuvrer pour changer la manière dont les femmes sont perçues par la société et surtout par elles-mêmes. En 1995, la plupart des pays connaissaient une croissance économique rapide. Aujourd'hui, les choses ont changé, a relevé la représentante, déplorant l'impact des sanctions de l'ONU sur les femmes et les enfants d'Iraq. Elle a demandé à l'ONU de lever les sanctions frappant ce pays tout en rappelant les peines des filles et des mères du Koweït. Malgré la crise économique qui a secoué l'Asie, la Malaisie a été en mesure de maintenir ses programmes pour la promotion des femmes. La représentante a souligné que son gouvernement a estimé nécessaire le changement d'une économie de production vers une économie fondée sur la connaissance. Tout en prenant des mesures pour préparer les femmes malaisiennes à la mondialisation et à l'explosion des technologies de l'information, la Malaisie ne néglige pas celles qui vivent en milieu rural et ont besoin d'aide. Comme elle prépare son huitième plan de développement pour 2001-2006, la Malaisie s'assurera de l'intégration des questions de parité et des budgets alloués, et, surtout, du respect du principe d'égalité entre les hommes et les femmes dans ce plan.

Mme MIRJANA LAZAROVA-TRAJKOVSKA, Ministre adjoint des affaires intérieures de l’ex-République yougoslave de Macédoine, s’est déclaré convaincue que l’un des moyens les plus efficaces visant à éliminer la discrimination à l’égard des femmes, et qui a été souligné à la Conférence de Vienne sur les droits de l’homme puis appuyé à la Conférence de Beijing sur les femmes, consiste à créer un mécanisme international qui serait habilité à examiner les plaintes individuelles contre la violation d’obligations découlant de l’adhésion à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. L’adoption du Protocole facultatif à cette Convention constitue un progrès considérable. Son entrée en vigueur permettra, pour la première fois, à un organe international d’examiner les plaintes individuelles contre la discrimination à l’égard des femmes. Pour sa part, l’ex-République yougoslave de Macédoine a signé ce Protocole et s’est engagée à le ratifier. Il est important que la mise en oeuvre de cet instrument devienne bientôt une réalité.

Les problèmes auxquels les femmes sont confrontées dans la promotion de leur condition dans la société sont nombreux et complexes, a rappelé Mme Lazarova- Trajkovska, soulignant que le plus odieux étant le trafic des femmes et des enfants. Le trafic de leurs corps et de leur vie, ainsi que les différentes formes d’abus sexuels des enfants sont les plus grandes hypocrisies de l’humanité. Ils détruisent la dignité humaine et l’intégrité personnelle. Ils constituent une violation des droits de l’homme fondamentaux, tout en étant un problème complexe lié à la pauvreté et à la criminalité organisée. Soulignant qu’il faut lutter contre ce fléau de manière vigoureuse, Mme Lazarov-Trajkovska a appuyé fermement les efforts déployés par la communauté internationale à cet égard. Appuyant notamment l’élaboration des deux protocoles à la Convention contre la criminalité organisée, elle a estimé que ces deux instruments contribueront à la prévention du trafic des personnes et garantiront ainsi la protection directe des femmes et des enfants. La Ministre adjointe a espéré que ces deux instruments très importants seront bientôt finalisés et, dans ce contexte, se félicitant de l’adoption du Protocole facultatif à la Convention sur les droits de l’enfant qui réprime le trafic, la prostitution et la pornographie des enfants, elle a indiqué que son pays le signera prochainement. Outre la stratégie mondiale pour l’élimination des discriminations entre les sexes, il est nécessaire d’élaborer une stratégie nationale globale et un programme d’action. La mise en oeuvre de cette stratégie, visant à adapter les objectifs mondiaux aux besoins locaux, permettra de réaliser les résultats escomptés. Soucieuse de concrétiser les recommandations de Beijing au niveau national, l’ex-République yougoslave de Macédoine a adopté un plan national d’action et placé au centre de ses priorités la mise en oeuvre des activités et des mesures stratégiques pour la promotion de la situation de la femme. En 1998, le parlement a adopté une Déclaration sur l’égalité Très active dans la coopération intergouvernementale au sein du Conseil de l’Europe, l’ex- République yougoslave de Macédoine a été chargée d’organiser, à Skopje en 2001 la Conférence ministérielle européenne sur l’égalité des sexes.

Mme SUZANNE MUBARAK, Présidente du Conseil national pour les femmes de l'Egypte, a déclaré que les partenariats étaient le moyen le plus efficace pour établir un large consensus pour répondre aux priorités économiques et sociales. Mais des partenariats efficaces sont difficiles à nouer, et cela est particulièrement vrai dans les périodes de changements rapides. Dans un monde de plus en plus globalisé, ce sont les pays qui répondent le plus efficacement aux changements qui sont les mieux à même de relever les défis du développement du XXIème siècle. Il y a cependant un coût au changement non réglementé. Le rythme des mutations doit aller de pair avec les réalités économiques, sociales et politiques de chaque pays. Au niveau national, tout changement doit être soutenu

par une croissance économique qui crée des moyens de subsistance, puisque la croissance sans équité est source de conflits sociaux. Il est clair qu'il existe des inégalités fondamentales entre les différents groupes sociaux en matière de pouvoir. Les groupes d'intérêt et l'élite qui détient le pouvoir font souvent fonction de gardiens des services fournis par le gouvernement ou défendent des vues qui peuvent entrer en conflit avec des politiques de développement saines.

En outre, les barrières comportementales peuvent constituer des obstacles majeurs pour les pays lorsqu'ils s'efforcent d'intégrer le changement et la modernité dans des sociétés traditionnelles. C'est pourquoi, nous devons nous battre pour modifier les attitudes et les stéréotypes sans pour autant saper le tissu social et la cohésion de nos nations. En outre, les exigences des partenaires internationaux du développement, dont les ordres du jour et les prescriptions mettent souvent l'accent sur les obstacles que rencontrent les pays en développement, ne montrent pas la volonté et l'engagement nécessaires pour réduire les coûts et les risques liés aux changements rapides. Tous les acteurs au niveau mondial devraient veiller à redresser la balance du pouvoir en faveur des membres les plus faibles de la communauté des nations, tout en oeuvrant au renforcement du progrès social et à une répartition plus équitable des ressources entre le Nord et le Sud. L'amélioration de la condition des femmes est essentielle pour une vraie démocratie, pour la prise de décisions équilibrées et la gestion efficace des ressources économiques et sociales. Mais, combien de pays peuvent réellement atteindre ces objectifs sans l'aide de la communauté des donateurs. Dans ce contexte, Mme Moubarak a appelé au respect des engagements pris en matière d'aide publique au développement qui doit atteindre les 0,7 % du PNB et dans le cadre de l'initiative 20/20.

En Egypte, le Conseil national des femmes a adopté la notion de partenariat entre le Gouvernement, les ONG et les communautés locales. L'expérience montre que les programmes en faveur des femmes les plus réussis sont ceux qui oeuvrent au niveau de la base, visent le plus grand nombre, ont des critères bien définis d'éligibilité et de contrôle, et sont assortis de mesures d'encouragement tangibles pour les bénéficiaires. Si des progrès ont été réalisés depuis 5 ans, la tâche est loin d'être accomplie. Le Secrétaire général a décrit de façon très vivante les problèmes que connaissent les femmes, une situation aggravée par les conditions socioéconomiques de nombreux pays. Dans ce contexte, Mme Moubarak a proposé une initiative similaire à celle du Fonds mondial pour l'environnement, qui pourrait prendre la forme d'un fond d'affection spéciale pour les femmes ou d'un fonds mondial pour les femmes. Ce fonds servirait de parapluie de protection pour toutes les institutions, programmes et fonds existants chargés de la formulation de stratégies. Il permettrait aussi de consolider les efforts actuellement trop éparpillés ainsi que d'augmenter les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs fixés dans les domaines prioritaires identifiés à Beijing. Mme Moubarak a encore insisté sur le rôle de l'ONU en matière de développement, soulignant qu'il ne saurait y avoir de stabilité durable si l'on ne progresse pas sur le front du développement. Partant, elle a souhaité que la communauté internationale des donateurs et le système des Nations Unies traduiront leur rhétorique de partenariat en actions concrètes en vue d'assurer une meilleure coordination, un appui mieux ciblé et davantage de ressources.

M. E. U. WIN MRA (Myanmar) a fait état des réalisations du Myanmar depuis la de Beijing en matière de promotion de la femme et d'égalité entre les sexes. Il a notamment mentionné la création le 3 juillet 1996, désormais Journée des femmes au Myanmar, d'un Comité national pour la mise en œuvre du Plan d'action national pour la promotion de la femme. Six des douze domaines critiques de Beijing ont été identifiés comme pertinents pour la situation des femmes du Myanmar : dont l'éducation, la santé, l’économie, la violence à l’égard les femmes et la fillette; deux autres nouveaux domaines ont été ajoutés: l'environnement et les médias. Il a indiqué que le Myanmar est partie à la Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes depuis juillet 1997. Soulignant que la question de la violence contre les femmes ne pose pas un problème grave au Myanmar, il a déclaré que le Gouvernement a cependant pris des mesures pour renforcer la législation en la matière. Il a indiqué que le Comité national encourage la coopération entre le Gouvernement et les organisations non gouvernementales pour la mise en œuvre du Plan d'action. Il a par ailleurs indiqué que le Myanmar attache une importance particulière à la prise en compte de la diversité des cultures en matière de promotion des droits de la femme et s'est félicité de l'arrêt des luttes entre les frères nationaux et du retour à la paix, à la stabilité et à la croissance économique dans son pays, environnement qu'il a qualifié de propice à l'amélioration de la condition des femmes et des fillettes qui sont les groupes les plus vulnérables en cas de conflits ou de situation de pauvreté.

M. MOHAMMAD ABULHASAN (Koweït) a estimé que la déclaration faite hier par le Secrétaire général de l'ONU allait dans le sens des tendances que soutient le Koweït en matière de droits des femmes. Le Koweït souscrit aux recommandations faites dans le rapport du Secrétaire général à cette session extraordinaire en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté féminine et la participation des femmes aux processus de décision. Nous appuyons la proposition allant dans le sens d'un appui sans nuance de la prochaine Assemblée du millénaire à la lutte contre la pauvreté féminine. Notre pays est en faveur de politiques favorables aux soins de santé et aux services sociaux dont ont besoin les femmes, et nous soutenons la mise en place de politiques économiques stables et favorables à l'harmonie sociale, a dit le délégué.

Après l'adoption de la Déclaration de Beijing, notre pays a mis en place un Comité de suivi national comprenant à la fois des officiels gouvernementaux et des représentants de la société civile, et nous avons créé une Section en charge des problèmes des femmes et des enfants au sein de notre ministère des affaires sociales. Les travaux de cette section se font dans le respect de notre identité culturelle. Les femmes jouissent d'une pleine personnalité juridique au Koweït, et la loi leur permet de défendre leurs droits et de les préserver. La loi koweïtienne est une démonstration de la juste place de la femme dans l'Islam. Tous les êtres sont égaux en droits, sans considération de sexe ou de race. Nous reconnaissons aux femmes le droit au travail et le Koweït est conscient de la nécessité de leur participation au processus de développement. Les femmes koweïtiennes restent cependant moralement affectées par la question des citoyens Koweïtiens détenus en Iraq depuis la guerre du Golfe. C'est une question humanitaire qui ne devrait pas être utilisée à des fins de pression et de chantage.

M. LAMUEL STANISLAUS, Grenade, a rappelé que les "hommes de qualité" ne devraient jamais se sentir menacés par les femmes. Si des progrès ont été réalisés dans la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing, des disparités persistent toujours, les droits des femmes devant notamment être pleinement considérés comme des droits humains. Sans améliorer la vie des femmes, on ne peut lutter contre la pauvreté et favoriser le développement, a souligné le représentant. Plus de cinquante ans après la ratification de la Déclaration des droits de l'homme, le paysage politique est encore dominé par les hommes et bien que plusieurs instruments juridiques consacrent le principe d'égalité entre les hommes et les femmes, a-t-il ajouté. En effet, 8% seulement des ministres dans le monde sont des femmes, tout comme au début du siècle. Les femmes doivent travailler ensemble et avec les hommes de bonne volonté pour empêcher la domination des patriarches dans des sociétés bien pauvres lorsqu'elles ne bénéficient pas de leurs contributions.

Le représentant a dénoncé les sévices physiques et sexuels perpétrés contre les femmes, puis a fait remarquer que bien que les femmes représentant un tiers de la force de travail mondial, les déséquilibres entre les sexes sont particulièrement visibles sur les lieux de travail, les femmes gagnant environ 30% de moins que les hommes à poste égal. Le travail au foyer non rémunéré est toujours vu comme inhérent à la condition de la femme. Il n'est donc pas étonnant que les deux tiers des pauvres et des analphabètes dans le monde soient des femmes. Pour M. Stanislaus, le résultat de cette session extraordinaire montrera une fois pour toute que le moment est venu pour qu'hommes et femmes adoptent une cause commune afin de garantir la réalisation des droits des femmes.

M. PETER DONIGI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a réitéré le soutien de son pays à la promotion des droits de la femme. Il a évoqué les traditions culturelles de son pays, qui ont évolué au fur et à mesure que des influences et des valeurs nouvelles s'introduisaient dans les sociétés insulaires du Pacifique grâce aux échanges avec l'extérieur et aux moyens de communication. Ces évolutions se sont accélérées ces dernières années. Alors que l'Australie dispose de 4 ou 5 chaînes de télévision, les populations de Papouasie-Nouvelle-Guinée sont exposées aux programmes d'une vingtaine de chaînes venant du monde entier. Nous pouvons affirmer, a dit le représentant, que les questions abordées dans le Plan d'action de Beijing, il y a 5 ans, avait déjà été perçues par les politiciens de notre pays quand ils rédigèrent et adoptèrent notre Constitution en 1975, soit 20 ans avant Beijing. Cette Constitution vise des objectifs et des directives qui forment les principes de base de notre gouvernance. L'objectif numéro deux de ce texte garantit l'égalité de tous les citoyens et stipule que des opportunités doivent être créées pour tous en vue de permettre une participation active de chaque citoyen à la promotion politique, sociale et éducationnelle de la nation, et une participation aux activités économiques. Le droit à la vie est un droit garanti, qui ne peut être remis en question que par une condamnation pénale à la peine de mort. De ce fait, la question du droit à la vie est un principe constitutionnel sacro-saint, qui fait de l'avortement un crime. Nous aurons l'honnêteté de vous dire que cette règle peut difficilement être modifiée, a dit M. Donigi.

La Constitution de notre pays reconnaît le droit de tous au travail, à la vie publique, à l'égalité des chances dans l'emploi, à la participation syndicale, à la liberté religieuse, de parole et de diffusion de l'information. Mais notre Constitution place aussi la famille et le renforcement de son unité au centre de la vie sociale, ce qui veut dire que l'exercice des droits individuels doit se faire dans le sens du renforcement de la famille, contrairement sans doute à la philosophie occidentale des droits de l'homme. Certains s'étonnent, dans certains rapports des Nations Unies, de la supposée faiblesse du niveau d'éducation des femmes et des filles dans notre pays, ou du taux supposé élevé du VIH/sida parmi les femmes, ou encore de leur faible participation aux activités politiques. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, en tant que nation en développement, est prête à dialoguer avec les partenaires de développement qui l'accompagneront dans sa marche, au lieu de vouloir lui dicter quoi que ce soit. Connaissant les particularités de notre culture, nous sommes conscients que nous trouverons des solutions à nos problèmes grâce à l'éducation.

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