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AG/1015

L'APPLICATION DES RECOMMANDATIONS DE BEIJING EXIGE UN PARTENARIAT ENTRE PAYS DEVELOPPES ET PAYS EN DEVELOPPEMENT

5 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1015


L'APPLICATION DES RECOMMANDATIONS DE BEIJING EXIGE UN PARTENARIAT ENTRE PAYS DEVELOPPES ET PAYS EN DEVELOPPEMENT

20000605

La Suède propose une conférence sur la contribution des hommes à la réalisation des objectifs d'égalité des sexes

La session extraordinaire de l'Assemblée générale qui a pour thème "Les femmes en l'an 2000: Egalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle", doit être vue comme une contribution substantielle à la stratégie de développement social du nouveau siècle, a déclaré la Vice-Ministre du travail et du développement social de la Fédération de Russie. S'exprimant dans le cadre de la poursuite du débat général de la session extraordinaire, elle a souligné que lorsque l'on parle du rôle de la femme dans la société moderne et de sa contribution à la vie économique et politique, à la création de la société civile et aux institutions démocratiques, on parle en fait du futur de l'humanité. La session extraordinaire devant notamment se concentrer sur les initiatives à prendre pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre du Programme d'action de la quatrième Conférence sur les femmes, le Ministre des relations extérieures de l'Angola a souhaité qu'elle mette un accent particulier sur la situation des femmes en Afrique.

Le Ministre anglais a insisté sur la nécessité de stratégies réalistes et précises, ainsi que sur l'appui des pays développés et des institutions financières internationales pour aider l'Afrique à surmonter les obstacles à la promotion de la femme que sont l'instabilité politique, la dette extérieure et la faiblesse des économies. A ces obstacles nationaux, il faut, aux yeux du Ministre du développement des ressources humaines de l'Inde, ajouter l'environnement international défavorable au lancement des programmes sociaux. Le Ministre a mis l’accent sur la question des soins de santé et de la fourniture de médicaments à des prix raisonnables, qui exige l'appui des partenaires du développement. A cet égard, le Secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle de la France a réitéré la proposition de son pays sur l'organisation d'une conférence entre pays donateurs, pays en développement et entreprises pharmaceutiques afin d'aboutir à un accès à des coûts réduits pour la fourniture de médicaments aux malades.

(à suivre – 1a)

- 1a - AG/1015 5 juin 2000

Cette idée de partenariat entre pays développés et pays en développement, souhaitée au niveau international, doit avoir son pendant au niveau national entre tous les acteurs de la société afin, comme l'a dit la Ministre de la famille et de l'égalité entre les hommes et les femmes du Liechtenstein, de parvenir à combler le fossé entre égalité de jure et égalité de facto. Sans la pleine participation des hommes, il ne sera pas possible de mettre en place des sociétés égalitaires, a expliqué la Ministre de l'égalité entre les sexes de la Suède, rejointe en cela par le Ministre de l'environnement d'Israël. Le Ministre suédois a avancé l'idée d'une conférence internationale sur "les hommes et la masculinité" pour réfléchir à la manière dont les hommes peuvent coopérer, aux côtés des femmes, à la réalisation des objectifs de l'égalité entre les sexes, du développement et de la paix.

Ont également pris la parole au cours de ce débat, les Vices-Ministres, Ministres et personnalités des pays suivants : Japon, Bangladesh, Australie, Suède, Guatemala, El Salvador, Thaïlande, Luxembourg, Angola, République de Corée, Liechtenstein, Israël, Inde, France, Lituanie, Roumanie, Espagne, Grèce, Fédération de Russie; ainsi que la Première Dame du Ghana.

La prochaine séance aura lieu, demain mardi 6 juin, à 10 heures.

Déclarations

Mme SUMIKO IWAO (Japon) a déclaré que la participation des femmes aux processus de prise de décisions et dans les activités politiques est essentielle à leur responsabilisation sociale. Depuis la Conférence de Beijing, plusieurs japonaises ont été élues à des postes représentatifs d’organes législatifs régionaux et nationaux, et cette année, pour la première fois, des femmes ont été élues gouverneurs de deux préfectures. La délégation japonaise est heureuse de cet événement, qui ouvre de nouveaux horizons à la participation des femmes au pouvoir politique au Japon. Pour que le même phénomène se produise dans le domaine économique, il faut que les femmes bénéficient d’un soutien dans leurs activités économiques. Dans ce cadre, le Gouvernement du Japon a promu des mesures visant à garantir une égalité d’opportunités et de traitement aux femmes et aux hommes, mesures qui sont favorables au renforcement de la formation professionnelle et au soutien aux activités d’entreprises des femmes. Dans les zones rurales, nous apportons un soutien à la participation des femmes à la gestion de l’agriculture, de la pêche et des forêts, et au renforcement de leurs capacités, a dit la déléguée. Pour faire face au déclin de la natalité et au vieillissement de notre population, nous faisons la promotion d’un environnement social qui pourra rendre possible un équilibre entre la vie familiale et la vie active des hommes et des femmes, pour que tous puissent prendre soin des enfants et des personnes âgées.

En tant que premier fournisseur d’Aide publique au développement (APD) depuis 9 ans, le Japon attache une grande importance à la résolution des problèmes liés à la pauvreté et à toutes autres questions qui touchent à la protection de la dignité et du mode de vie des femmes, et qui peuvent être résolus à travers leur responsabilisation sociale. Dans cette optique, le Japon continuera de soutenir les pays en développement en incluant une perspective sexospécifique dans les processus d’assistance au développement et humanitaire. Nous mettrons un accent particulier sur l’éducation des femmes, leur santé, et leur participation aux activités socioéconomiques. Le Japon a décidé de procéder, dans le cadre reconnu internationalement, à une annulation de 100% de la dette liée non seulement à l’APD, mais aussi aux autres prêts, et nous contribuerons à hauteur de 200 millions de dollars au Fonds de réduction de la dette de la Banque mondiale. Notre pays continuera les efforts qu’il déploie en vue d’éliminer la violence et le harcèlement sexuel contre les femmes, et assurera les droits à la santé génésique et à la santé en fournissant aux femmes pendant toute la durée de leur vie des services de santé appropriés à chacune de ses étapes. Nous espérons aussi que le Fonds d’affectation spécial pour l’élimination de la violence contre les femmes établi en 1996 par le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (FNUAP) obtiendra de bons résultats grâce au soutien des Etats Membres. Le Japon attache, d’autre part, une grande importance à l’adoption des deux Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant. Pour démontrer notre engagement à l’élimination de l’exploitation sexuelle des enfants, notre pays accueillera le deuxième Congrès mondial contre le trafic et autres formes d’exploitation sexuelle des enfants, qui se tiendra à Yokohama en décembre 2001, en coopération avec l’UNICEF et l’organisation ECPAT International qui lutte contre la prostitution, la pornographie et le trafic sexuel des enfants.

Mme ZINATUN NESA TALUKDAR, Ministre d’Etat aux affaires des femmes et des enfants du Bangladesh, a déclaré que son pays a fourni des efforts sincères et multiples pour honorer les promesses faites à Beijing en vue d'offrir aux femmes une vie meilleure. C'est ainsi que directement après la Conférence, un politique nationale pour l'amélioration de la condition féminine a été mise en place et que de nombreux autres mécanismes nationaux ont été institués. Pour sa part, le Ministère de la femme et des enfants a été renforcé et il sert de point central pour coordonner les efforts. En outre, les questions de sexospécificité sont prises en compte dans l'ensemble du processus de développement national. Grâce à tout cela des progrès significatifs ont pu être réalisés. Des programmes spécifiques ont été élaborés pour faire face à la féminisation de la pauvreté, tel celui pour le "développement des groupes vulnérables" qui touche plus de 5 millions de ménages, et des initiatives pour le développement du microcrédit ont été lancées. Le secteur de l'éducation a aussi retenu l'attention des autorités, qui ont introduit des programmes spéciaux pour les filles. Le taux d'alphabétisation des femmes est ainsi passé de 34,2% à 49,5% entre 1995 et 2000. Un programme de santé a également été institué. Il se concentre sur les groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants. La mortalité maternelle et infantile ont depuis sa mise en œuvre sensiblement baissé. La participation politique des femmes a aussi augmenté depuis la Conférence de Beijing. Elles occupent désormais près de 11% des sièges du Parlement. En outre, le Gouvernement a introduit des quotas dans le secteur public pour assurer la représentation des femmes aux postes de décision. Le Gouvernement a pleinement conscience de l'atout que constituent les fillettes et il en a tenu pleinement compte dans l'élaboration de son Plan national d'action pour les enfants. En revanche, et malgré les nombreux efforts fournis comme, par exemple, l'adoption en janvier dernier d'une loi pour la prévention de la violence contre les femmes et les enfants, Mme Talukdar a reconnu que la violence à l'égard des femmes demeure un problème au Bangladesh.

Tout en reconnaissant que la responsabilité première de l'amélioration de la condition féminine et de la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing relèvent des gouvernements eux-mêmes, la Ministre a souligné que la communauté internationale, le Système des Nations Unies, les ONG et l'ensemble de la communauté civile sont des acteurs clefs des efforts globaux fournis en faveur des femmes. C'est pourquoi, il est impératif que les questions liées aux femmes bénéficient d'une attention planétaire et pas seulement nationale. Ce faisant, les efforts entrepris dans les pays les moins avancés et dans les pays d'Afrique doivent particulièrement retenir l'attention. Compte tenu de l'élan et de la volonté politique témoignés à Beijing, il est impossible de faire machine arrière en matière d'autonomisation des femmes. C'est pourquoi, la délégation du Bangladesh n'est pas seulement présente aujourd'hui pour renouveler les engagements pris en 1995, mais pour rentrer dans son pays forte d'enseignements importants qui la guideront dans ses actions et initiatives futures, a conclu Mme Talukdar.

Mme JOCELYN NEWMAN, Ministre de la famille et des services communautaires, chargée de la question de la condition de la femme auprès du Premier Ministre de l'Australie, a déclaré que le Gouvernement australien est engagé à mettre en place un cadre juridique et institutionnel solide pour garantir la protection des femmes contre la discrimination par le biais de politiques ciblées intégrées visant à apporter un appui concret aux femmes dans le monde du travail et en dehors. Les stratégies du Gouvernement comprennent notamment: des réformes économiques profondes visant à assurer le bien-être de tous les Australiens, des partenariats éducatifs à tous les niveaux du gouvernement, du milieu des affaires et du secteur communautaire pour répondre aux questions sociales, ainsi qu'un accent particulier sur les stratégies de prévention pour s'attaquer aux problèmes à la source.

Depuis 1996, l'Australie a lancé des réformes économiques à long terme qui assurent une plus grande sécurité financière aux femmes, qu'elles soient travailleuses célibataires, mères de familles ou à la retraite. Les femmes australiennes bénéficient de la réforme du système financier qui leur garantira notamment à partir du 1er juillet 2000 un nouveau système d'imposition. Le Gouvernement appuie activement les employeurs qui optent pour de meilleures stratégies en faveur de l’égalité, et qui sont axées sur l'éducation et les conseils pratiques. Par ailleurs, l'Australie a élaboré un nouveau programme de réformes sociales vigoureuses intitulé "Coalitions sociales". Le Gouvernement a pris en main l'établissement de partenariats entre les milieux d'affaires et communautaires, dans le cadre desquels chaque partenaire apporte son expertise et son pouvoir respectif pour répondre aux questions sociales. La Stratégie plus ferme concernant les familles et les communautés, lancée au début de cette année permettra aux femmes de concilier leurs obligations professionnelles et leurs obligations familiales et de renforcer les communautés au sein desquelles elles vivent en investissant dans le renforcement des capacités de ces communautés au niveau local. Pour lutter contre la violence à l'encontre des femmes, le Gouvernement australien a notamment institué un contrôle national sur les armes ainsi qu'un système d’achat des armes en circulation. En outre, une campagne nationale de prévention de la violence au sein de la famille a été lancée. Le Gouvernement reconnaît que la diversité culturelle importante exige des mesures spécifiques pour mieux répondre aux préoccupations des femmes de différentes origines et a pris une série d'initiatives pour encourager une Australie harmonieuse.

Mme MARGARETA WINDBERG, Ministre de l'égalité entre les sexes de la Suède, a jugé inacceptable que 5 ans après la Conférence de Beijing, une étude sur les activités du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ait montré que les questions relatives à l'égalité entre les sexes ne représentent que 3% des dépenses essentielles du PNUD. Elle a jugé également alarmant que 25 ans après la première Conférence sur les femmes, 10 à 12% seulement des parlementaires soient des femmes. Concluant de ces faits que la structure masculine persiste, la Ministre a estimé qu’en ce qui concerne la participation à la prise de décision, la situation dans les pays nordiques qui viennent d'être rejoints par l'Afrique du Sud, montre que le changement est possible si tant est que la volonté et l'engagement politiques existent. Le Ministre a particulièrement mis l'accent sur les droits et les services de santé reproductive en jugeant extrêmement important que les jeunes gens des deux sexes aient accès à l'information et à l'éducation pertinentes qui doivent leur être offertes en privé, dans la confidentialité et en l'absence de leurs parents. Cela est d'autant plus important, a insisté la Ministre, que l'information et l'éducation sont une condition préalable à la lutte contre le VIH/sida.

La Ministre a poursuivi sur la question de la violence contre les femmes en soulignant qu'il est du devoir de tous de fournir un appui adéquat aux victimes des sévices, de punir les responsables et de combattre cette violence. Il faut développer des traitements à l’intention des hommes mais aussi des méthodes préventives non seulement pour combattre la violence contre les femmes mais aussi pour combattre la discrimination fondée sur le sexe. Jusqu'ici le travail sur l'égalité entre les sexes s'est trop peu concentré sur le rôle des hommes, a estimé la Ministre, avant de dire que sans la pleine participation des hommes, il ne sera pas possible de réaliser les objectifs visant la création de sociétés égalitaires. La Ministre a donc proposé l'organisation d'une conférence internationale sur les hommes et la masculinité et sur la manière dont ils peuvent coopérer avec les femmes pour les aider à réaliser les objectifs de cette session; la promotion de l'égalité entre les sexes, le développement et la paix.

Mme CRISTIAN MUNDUATE, Ministre du bien-être social du Guatemala, a indiqué qu'il y a 5 ans le Gouvernement du Guatemala a adopté une série de directives en faveur des femmes découlant directement du Programme d'action adopté à Beijing. Le pays a su par ailleurs profiter de l'élan donné par la signature des accords de paix pour honorer l'engagement de prendre en compte les questions de sexospécificité dans le secteur public. L'attention portée à la problématique homme/femme repose sur le fait que 50,7% de la population guatémaltèque sont des femmes. Ces dernières souffrent de manière plus marquée que les hommes de la pauvreté et plus de 45% d’entre elles sont analphabètes. La mortalité maternelle est de 190 pour 1000 enfants nés, et les possibilités d'emploi demeurent concentrées dans des secteurs traditionnels comme l'agriculture ou le commerce. En outre, même si le niveau de participation des femmes au secteur public et au domaine des affaires a augmenté, il reste bien inférieur au niveau prévu par le Programme d'action de Beijing.

C'est pourquoi, il y a de cela deux semaines, le Gouvernement a réalisé une avancée fondamentale en instituant le Secrétariat de la femme. Ce bureau coordonnera les actions de l'Etat en vue de l'intégration des questions de sexospécificité aux politiques publiques. Il permettra également d'établir un dialogue constant avec la société civile. D'ailleurs, pour favoriser la participation de la société civile, un Forum des femmes, institution unique en son genre dans le pays, chargé notamment de contrôler le respect des droits des femmes autochtones, a été créé. Parallèlement, le Gouvernement a mis en place une série de politiques et d'objectifs en faveur des femmes dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la formation, de l'emploi et encourageant les activités génératrices de revenus. L'ambition est d'améliorer sensiblement la qualité de vie des fillettes et des femmes du Guatemala dans les quatre prochaines années, a précisé la Ministre. Prochainement, le Gouvernement examinera la proposition de "politique nationale pour la promotion et le développement de la femme du Guatemala/Plan pour l'égalité des chances" formulée par les associations de femmes du pays. Aujourd'hui, le Gouvernement guatémaltèque vient solennellement réitérer devant la communauté internationale son engagement en faveur des femmes.

Mme LOURDES MARIA RODRIGUEZ DE FLORES, Secrétaire à la famille d'El Salvador, a rappelé que les Accords de paix signés en 1992 ont présenté de nouveaux défis à son pays. Les femmes peuvent désormais participer activement à la vie publique du pays. La plus grande réussite a été l'institutionalisation des droits de la femme. L'ISDEMU est un organisme national chargé de garantir de manière permanente et durable la mise en œuvre du Programme d’action de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. La ratification en 1995 de la Convention interaméricaine pour prévenir, réprimer et éradiquer la violence contre les femmes, la formulation et la mise en œuvre depuis 1995 du Programme pour les relations de la famille coordonné par un Comité institutionnel, et la promulgation d'un nouveau code pénal en 1998 figurent parmi les mesures importantes prises par le Gouvernement salvadorien pour améliorer la situation des femmes.

En matière d'éducation, la réforme a mis l'accent sur l'accès des femmes à l'éducation formelle et informelle pour faciliter leur intégration aux activités non traditionnelles et pour éliminer toutes les formes de discrimination à leur égard dans les établissements scolaires.

Mme KHUNYING SUPATRA MASDIT, Ministre au Cabinet du Premier Ministre de la Thaïlande, a déclaré que son pays a réalisé des progrès significatifs dans la mise en œuvre des objectifs identifiés à Beijing. Elle a précisé que les efforts de son Gouvernement ont porté sur la participation des femmes dans les affaires publiques, en particulier au niveau des prises de décisions et de l'élaboration des politiques. Notre but est de montrer comment la participation des femmes peut contribuer à modifier les politiques et à garantir une bonne gestion des affaires publiques. Rappelant que l'an 2000 verra la tenue d'élections à tous les niveaux, la Ministre a souligné que l'autonomisation politique des femmes est au cœur des objectifs que s'est fixé le pays. En même temps, la participation des femmes au développement économique a bénéficié d'une attention tout aussi importante. Renforcer la capacité d’agir des femmes dans tous les domaines de la vie est l'un des buts principaux de notre politique sociale et pour atteindre cet objectif, nous avons accordé une importance particulière non seulement aux femmes elles-mêmes mais également aux communautés. La Ministre a indiqué que l'examen du programme d'autonomisation des communautés, au cours des deux dernières années, a montré que des progrès remarquables avaient été réalisés et cette expérience nous a conforté dans l'idée que nous devons encourager les femmes à jouer un rôle clef et de chef de file dans ces processus.

La Ministre a par ailleurs évoqué les initiatives lancées par son pays pour lutter contre la violence à l'égard des femmes dont, chaque année, au mois de novembre, une campagne de sensibilisation. La Thaïlande a renforcé son engagement à l’égard des droits des femmes. Un mécanisme national et un point focal ont été mis en place et sont chargés de fournir une aide technique aux institutions concernées pour y intégrer les questions sexospécifiques. Des ateliers sur la sensibilisation aux questions sexospécifiques et des programmes de formation ont été organisés régulièrement. Des programmes de base seront également élaborés pour institutionnaliser l'intégration de la problématique homme/femme dans toutes les activités quotidiennes des organes gouvernementaux. Avec de telles mesures intégrées, les questions sexospécifiques devraient être placées au premier rang de notre ordre du jour national et être reconnues par tous les secteurs de la société.

Mme MARIE-JOSEE JACOBS, Ministre de la promotion féminine du Luxembourg, a déclaré que le Luxembourg a été parmi les premiers à signer le Protocole additionnel à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et s'apprête à le ratifier. Elle a fait état de la mise en œuvre par le Luxembourg, dans le cadre de son Plan d'action 2000, du Programme d'action et de la Déclaration de Beijing en citant en particulier les mesures visant à réduire la ségrégation entre hommes et femmes sur le marché du travail et d'augmenter l'emploi féminin, à savoir: la loi portant incrimination du révisionnisme et d'autres agissements fondés sur des discriminations illégales, l'institution d'un ou d'une déléguée à l'égalité dans les entreprises du secteur privé, l'élaboration d'un plan d'égalité comme obligation de négociation des conventions collectives dans la loi sur la mise en œuvre du Plan d'action national en faveur de l'emploi, l'adoption de la loi sur la protection contre le harcèlement sexuel sur les lieux de travail. Mme Jacobs a aussi fait mention des mesures visant la lutte contre l'exclusion sociale et la violence, notamment de la loi visant à renforcer les mesures contre la traite des êtres humains et l'exploitation sexuelle des enfants, ainsi que le tourisme sexuel.

La représentante a indiqué que les domaines prioritaires d'action du Luxembourg pour l'avenir consistent, hormis la mise en œuvre des lois précitées, en la mise en place de mesures contraignantes en faveur de la participation des femmes dans la prise de décision, notamment lors des nominations sur les listes électorales, et surtout en un encouragement au changement des rôles attribués traditionnellement aux femmes et aux hommes. A cet égard, Mme Jacobs a estimé que l'implication des hommes dans le processus de changement de la société reste un défi et une condition pour la mise en œuvre de toute politique d'égalité de droit et de fait entre les femmes et les hommes. Elle a d'ailleurs indiqué que le Luxembourg a développé, à cet égard, une méthode pédagogique applicable dans l'enseignement et la formation qui tient compte de la socialisation des femmes et des hommes et leur permet de développer individuellement toutes leurs potentialités. Le Luxembourg mettra en place une campagne médiatique pour sensibiliser l'opinion publique au nouveau partenariat entre les femmes et les hommes, caractérisé par un partage des responsabilités publiques et privées. La représentante du Luxembourg a exprimé son souhait que la question du nouveau partenariat entre les femmes et les hommes soit débattue au cours de cette session extraordinaire.

M. JOAO BERNARDO DE MIRANDA, Ministre des relations extérieures de l'Angola, a estimé que cette session extraordinaire doit accorder une attention particulière à la situation des femmes en Afrique. Dans ce continent, a expliqué le Ministre, la prolifération des conflits armés, les catastrophes naturelles et les maladies infectieuses comme le VIH/sida et la malaria ont fini par accélérer la désintégration du tissu social et compromettre le développement économique. Le Ministre a donc rappelé aux pays développés et aux institutions financières internationales leur obligation morale et politique d'aider l'Afrique à faire face et à surmonter les obstacles qui entravent la mise en œuvre des programmes sociaux, en citant parmi ces obstacles l'instabilité politique, le fardeau de la dette et la faiblesse des économies. L'existence de conflits "brutaux et incompréhensibles" qui ravagent l'Afrique est un sérieux obstacle à la réalisation du Programme d'action de Beijing et des autres stratégies et mesures qui pourraient être adoptées en appui à ce Programme, a dit le Ministre, avant d'appeler à l'action des Nations Unies et de chaque Etat présent à cette session extraordinaire. L'Organisation et la communauté internationale peuvent mettre fin à la guerre, a dit le Ministre, en jugeant que seule la volonté politique permettra d'isoler complètement les responsables des guerres, de couper leurs sources financières et de les poursuivre en justice de manière judicieuse. Le Ministre a poursuivi en imputant la discrimination à l'égard des femmes certes aux facteurs historiques et culturels mais aussi à l'inefficacité des politiques et des programmes élaborés aux niveaux national, régional et international. Comment parler de promotion de la femme, s'est-il interrogé, lorsque la pauvreté, qui affecte surtout les femmes, découle des politiques d'ajustement structurel et de certaines stratégies de développement qui marginalisent les femmes dans les secteurs les plus dynamiques de la production. Comment encourager une plus grande participation des femmes dans la vie publique, a-t-il poursuivi, quand elles continuent de dominer les chiffres de l'illettrisme, des bas niveaux d'éducation et par voie de conséquence, du chômage. Le Ministre a jugé essentiel de veiller à imprimer un caractère réaliste et précis aux futurs programmes et stratégies et de s'assurer de l'appui financier de la communauté internationale dans le cadre de l'Aide publique au développement (APD). Le Ministre a, à cet égard, appuyé le principe s'appliquant aux pays développés de consacrer 0,7% de leur Produit national brut (PNB) à l'APD.

Mme PAIK KYUNG-NAM, Présidente de la Commission présidentielle sur les affaires féminines de la République de Corée, a estimé que depuis la Conférence de Beijing, la mondialisation avait eu une grande influence sur la condition de la femme, ayant renforcé la coopération internationale et accéléré la croissance économique et le développement social. Mais une répartition inéquitable de ses bénéfices a creusé encore plus le fossé entre riches et pauvres souvent, les femmes ont été encore plus marginalisées, ce qui a abouti à une féminisation de la pauvreté. Les conséquences négatives de la mondialisation sur les femmes ont été palpables au cours de la crise financière asiatique, mais en ce qui le concerne, le Gouvernement de la République de Corée a profité de cette crise pour renforcer les politiques favorables aux femmes. Se conformant à l’esprit de Beijing, il a mis en marche un système de formation professionnelle gratuite pour les femmes, a fourni une assistance de subsistance aux foyers dirigés par des femmes au chômage, et a créé de nouveaux emplois pour les femmes. Notre Gouvernement, a dit Mme Kyung-Nam, a aussi créé le “Programme d’éducation par Internet pour un million de femmes au foyer”, et le “Plan quinquennal pour le développement de ressources humaines féminines pour une société de l’ère de la communication intensive”, ceci pour s’assurer que plus de femmes accèdent à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.

Beaucoup de formes de violence contre les femmes, dont celles générées par les conflits armés, ont eu une énorme influence sur les femmes ces dernières années. La République de Corée pense que l’on ne peut adéquatement protéger les droits des femmes sans la paix, et que les femmes doivent participer aux processus de paix. A cet égard, cette Session extraordinaire devrait donner un élan à la participation de plus de femmes au maintien de la paix, et à plus de femmes envoyées spéciales et preneuses de décisions impliquées dans tout le processus de paix, du stade d’avant-conflit à celui de la reconstruction après-conflit. Dans cette logique, nous attendons que les femmes coréennes jouent un rôle constructif dans le processus de réconciliation dans la péninsule de Corée. Notre Gouvernement place aussi un accent particulier sur le problème de la violence domestique contre les femmes. La Loi sur la Prévention de la violence domestique et la Loi spéciale sur la condamnation de la violence domestique comme un crime, ont été promulguées pour que ces actes soient reconnus comme des crimes et pour que les perpétrateurs en soient sanctionnés. De très loin, une des réussites du Gouvernement coréen depuis Beijing, a été d’augmenter la perception sociale contre la violence domestique, qui ne doit plus être perçue comme une question au sein du foyer, mais comme un problème social. La vraie responsabilisation sociale des femmes comprend nécessairement leur participation à tous les niveaux de prise de décisions dans tous les secteurs. A cet égard, notre délégation est heureuse que de nombreuses femmes aient été élues à notre assemblée Nationale lors des élections générales d’avril dernier, et nous sommes aussi satisfaits de la création du nouveau Ministère de la femme cette année.

Mme ANDREA WILLI, Ministre de la famille et de l'égalité entre les hommes et les femmes du Liechtenstein, a indiqué qu'un rapport paru en 1997 est parvenu à la conclusion selon laquelle toute la législation nécessaire à l'égalité entre les sexes était en place au Liechtenstein. Toutefois, il constatait, comme dans d'autres pays, l'existence d'un véritable fossé entre la situation de jure et celle de facto en matière d'égalité. C'est pourquoi le Gouvernement a adopté dans la foulée des mesures de promotion et d'accélération de la pratique de l'égalité. Il a pour cela identifié un certain nombre de domaines particulièrement prioritaires, comme par exemple la situation des femmes sur le lieu de travail. Ce train de mesures comprenait une loi sur l'égalité, adoptée en 1998, ainsi qu'une autre sur le droit à la protection contre la violence, y compris la violence domestique, a précisé la Ministre. L'objectif était notamment de permettre aux femmes de concilier leur vie de famille et leur vie professionnelle et d'instaurer une prise de conscience au sein de la population concernant toutes les questions d'égalité. Le Liechtenstein estime en effet que l'éducation et l'information sont de la plus haute importance pour parvenir à l'égalité des sexes dans les faits. Ce n'est qu'avec la pleine participation des hommes et des femmes eux-mêmes que l'égalité de tous les jours pourra être atteinte.

La Ministre s'est ensuite dite déçue de constater que deux objectifs importants du Programme d'action de Beijing n'aient toujours pas été atteints, à savoir la représentation à part égale des femmes et des hommes aux Nations Unies et la ratification universelle de la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Cet état de choses ne doit pas mener au pessimisme, mais au contraire inciter à davantage d'action, a insisté Mme Willi, qui a également estimé que depuis Beijing des progrès significatifs ont été réalisés, notamment avec l'adoption du Statut de la Cour pénale internationale à Rome et celle des Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant.

Mme DALIA ITZIK, Ministre de l'environnement d'Israël, a déclaré qu'en participant aujourd'hui à la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au suivi du Programme d’action de Beijing, elle se joint sans réserve à la lutte contre la violence physique à l'encontre des femmes et tout abus sexuel. L'humanité tout entière doit lutter contre ce fléau, démontrant la même vigueur qu’elle a appliquée à sa lutte contre les maladies les plus terribles de notre histoire, à savoir la peste, le cancer et le sida. L'égalité ne concerne pas uniquement les femmes. Elle est nécessaire à l'ensemble de la civilisation. A cet égard, a estimé Mme Itzik, la lutte des femmes pour l'égalité devrait être menée conjointement avec les hommes, et non pas à la place des hommes ou contre eux. L'égalité signifie des règles démocratiques. Elle signifie des progrès humains et des normes hautement morales. A cet égard, la délégation israélienne a apporté un rapport qui montre les progrès remarquables accomplis en Israël dans ce domaine. Toutefois, il ne faut pas se méprendre avec ces déclarations.

Nous savons tous, et particulièrement les femmes, que le problème ne réside pas dans l'absence d'une législation appropriée, mais plutôt dans l'absence d'un comportement social adéquat. En dépit des lois en vigueur sur l'égalité, il subsiste des discriminations à l'égard des femmes en matière d'emplois, de promotions, de nominations et de salaires. Les lois sur l'égalité des droits ne garantissent pas que les femmes soient nommées à des postes de direction. Les hommes politiques, les organisations de femmes et les femmes journalistes en Israël ont établi un programme pour les droits des femmes mais ce programme est difficile à réaliser. En dépit de certains progrès, il reste encore beaucoup à faire. Toutefois, a estimé Mme Itzik, le XXIe siècle sera meilleur pour les femmes en Israël. Nous sommes sur la voie de la paix avec nos voisins. Israël, en temps de paix, garantira une meilleure vie pour les femmes, a-t-elle souligné. La femme de l'an 2000 en Israël et dans le monde sera mieux éduquée, plus consciente de son rôle et plus sûre dans ses attentes au sein de la société dans laquelle elle vit.

M. MURLI MANOHAR JOSHI, Ministre du développement des ressources humaines, de la science et de la technologie et du développement de l'océan de l'Inde, a souligné que la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing a été rendue difficile par un environnement international défavorable. La mondialisation, a-t- il dit, a, à bien des égards, conduit à une plus grande marginalisation de la femme. Les gouvernements disposent de moins de ressources et n'ont parfois pas la liberté de promouvoir le développement social. Dans la plupart des cas, le pouvoir incontrôlé des sociétés du capital, parfois sur les gouvernements, a accru les disparités au sein des sociétés. Les femmes, a insisté le Ministre, ont été les plus vulnérables aux tensions sociales nées de la mondialisation. Dans leur lutte contre la violence à l'égard des femmes, a-t-il poursuivi, les gouvernements démocratiques et pluralistes comme l'Inde ont à faire face à des guerres par procuration ou à des actes de terrorisme financés de l'extérieur. Les objectifs de la lutte contre la pauvreté, stipulés par le Programme d'action de Beijing, n'ont pas été réalisés. Au contraire, on voit l'émergence de nouveaux pauvres, une catégorie de pauvres qui n'ont pas hérité de la pauvreté mais qui y ont succombé à cause de revenus inadéquats, d'un manque d'accès aux services sociaux et de la détérioration de l'environnement. Pour le Ministre, les efforts des gouvernements pour améliorer les services de santé pour les femmes et fournir des médicaments à des taux raisonnables, doivent être appuyés par les partenaires du développement.

Le Ministre a conclu en souhaitant que la session extraordinaire se concentre sur l’action qui permettra aux femmes de maîtriser leur vie. De la libération à l'émancipation, l'histoire de la lutte pour l'égalité entre les sexes a été une lutte continue pour détruire les stéréotypes et les attitudes sociales négatives tout en émancipant les femmes économiquement. La session extraordinaire doit conduire à un engagement plus ferme pas seulement en faveur de la pleine émancipation des femmes mais en faveur de leur émancipation dans une liberté totale.

Mme NICOLE PERY, Secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle de la France, a marqué sa préoccupation face à trois domaines qui conditionnent l'autonomie et l'intégrité des femmes, à savoir le plein accès des filles à l'éducation, l'élimination des violences et la garantie effective des droits à la santé. L'éducation est en effet le premier outil de l'égalité, du développement individuel, collectif et durable, a déclaré Mme Pery. Non seulement le système éducatif doit être accessible aux filles à tous les niveaux, mais la vie scolaire et les enseignements doivent se traduire par une réelle mixité, c'est-à-dire non sexiste. La Secrétaire d'Etat a indiqué à cet égard qu'elle venait de signer une convention dans ce sens avec le Ministre de l'éducation. La lutte contre les violences est, quant à elle, la pierre angulaire de l'égalité, a- t-elle poursuivi, avant de particulièrement évoquer la question de la traite des femmes et de la prostitution. Ces fléaux nourrissent des situations de misère et d'exclusion et sont contraires à l'esprit et à la lettre de la Convention des Nations Unies de 1949. Selon Mme Péry, les négociations en cours à Vienne sur le projet de "Protocole sur le trafic des personnes", additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, doivent conserver cet esprit. Enfin, le droit des femmes à la santé constitue le troisième pilier de leur autonomie. Il ne peut être conçu sans la reconnaissance de droits fondamentaux en matière de sexualité et de procréation, d'autant que la contraception libre et gratuite et la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, accompagnées d'un suivi médical, sont aussi des politiques de prévention et de dépistage de maladies comme le sida notamment. En matière de lutte contre le sida, la France renouvelle ses engagements et sa proposition d'une conférence, sous les auspices des Nations Unies, entre les entreprises pharmaceutiques, pays donateurs et pays en développement afin d'aboutir à un accès à des coûts réduits pour la fourniture aux malades de médicaments.

Mme Péry a expliqué ensuite que réaliser l'égal accès des femmes et des hommes à la prise de décisions est l'un des moyens de concrétiser la pleine égalité. C'est pourquoi, une loi sur la parité en politique vient d'être définitivement votée par le Parlement français et sera appliquée dès les élections municipales de 2001. L'application de cette loi va à très court terme provoquer une féminisation des assemblées élues, à tous les niveaux. Le Gouvernement français est convaincu que le partage du pouvoir qui en résultera sera moteur d'autres changements dans la vie économique, sociale et culturelle du pays. De l'égalité dépendent le développement et la paix, a conclu la Secrétaire d'Etat.

M. RIMANTAS KAIRELIS, Vice-Ministre de la sécurité sociale et du travail de la Lituanie, convaincu que les droits des femmes et des fillettes sont inaliénables et font partie intégrale des droits de l'homme universels, s'est félicité de l'adoption du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, créant une procédure du droit à la pétition. Le fait que de nombreuses organisations non gouvernementales nationales et internationales participent à la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à "Beijing +5" montre que le partenariat entre les gouvernements et les organisations non gouvernementales est essentiel. Il faudrait reconnaître la contribution de la société civile qui, dans de nombreux cas, a été un partenaire à part entière des gouvernements pour la promotion des droits de la femme. Au cours de ces cinq dernières années, la Lituanie a créé un mécanisme institutionnel solide pour assurer la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing. Le Parlement lituanien a adopté la Loi sur l'égalité des opportunités - une première dans l'histoire de l'Europe centrale et orientale - et a ensuite mis en place un mécanisme supervisant son application assurée par un "ombudsman" et un Bureau chargé de l'égalité des opportunités. Les politiques gouvernementales, des programmes importants de prévention et des projets visant à s'attaquer à la pauvreté et au chômage, ont été élaborés pour répondre à la situation des familles et des groupes vulnérables, en particulier les mères célibataires et les femmes dans les zones rurales. Grâce à ces efforts, le taux de chômage des femmes est même inférieur à celui des hommes. Toutefois, les questions de l'égalité des salaires pour un travail égal, la participation des femmes dans les services publics, les postes de direction et les relations familiales.

Pour mettre en œuvre une politique constructive, les gouvernements doivent s'engager à établir un partenariat et des alliances véritables avec les organisations non gouvernementales. La Conférence des pays baltes sur "Beijing +5: défis et perspectives" a montré que les déclarations appelant à une collaboration et à un dialogue entre les décideurs et la société civile constituent plus qu'un cadre théorique. Pendant trois jours, cette Conférence a permis d'engager des débats constructifs entre les ONG et les délégations gouvernementales pour formuler des recommandations, établir des indicateurs, des dates-butoir et des processus de suivi. Réaffirmant son ferme engagement en faveur d'une meilleure mise en œuvre du Programme d'action de Beijing, le Gouvernement de la Lituanie vient de lancer son second Plan national d'action qui englobera les nouvelles directives adoptées à la fin de la présente session extraordinaire. Les travaux préparatoires de la Conférence de suivi de Reykjavik qui se tiendra en juin 2001 ont déjà commencé. La Conférence formulera d'autres actions et stratégies afin d'accélérer la pleine mise en œuvre des douze domaines critiques du Programme d'action de Beijing.

Mme NORICA NICOLAI, Secrétaire d'Etat, Ministère du travail et de la protection sociale de la Roumanie, rendant compte des réalisations de son pays pour donner corps aux recommandations de la Conférence de Beijing, s'est montrée encouragée par le rôle accru des ONG roumaines dans la sensibilisation aux questions aux femmes, en particulier dans le domaine des droits civils et politiques, de la participation économique, de l'augmentation des opportunités entrepreneuriales, des soins de santé, des droits génésiques et de la planification familiale. Le Ministre a également attiré l'attention sur une évaluation faite dans son pays dans le domaine de la promotion de la femme depuis 1995. L'étude a montré des tendances encourageantes en particulier dans le secteur privé où les femmes occupent de plus en plus des postes de gestion. Ces tendances ne doivent pas faire oublier que les femmes restent les plus touchées par les difficultés économiques, la réduction de la sécurité sociale, le chômage ou par différentes formes de violence domestique. Des mesures plus ambitieuses sont nécessaires, a conclu le Ministre, pour stimuler et appuyer la participation des femmes au secteur politique, leur assurer une plus grande présence au pouvoir et dans les processus de prise de décision. Sans une implication active et directe des femmes dans les processus démocratiques, le développement et la paix, les objectifs du Programme d'action de Beijing resteront de vains espoirs, a estimé le Ministre.

Mme CONCEPCION DANCAUSA TREVINO (Espagne) a indiqué que son Gouvernement applique actuellement le troisième Plan pour l'égalité des chances entre les femmes et les hommes, approuvé en 1997, qui sert de cadre à l'application des objectifs de Beijing et à des programmes destinés aux femmes qui sont dans le besoin. Au cours des cinq dernières années, les mécanismes institutionnels ont été renforcés et les ressources financières et humaines destinées à l'application du Programme d'action de Beijing augmentées. Le Gouvernement espagnol mène ces activités en collaboration avec les organisations non gouvernementales (ONG), les agents des services sociaux, les différentes communautés autonomes, et les autorités locales et ministérielles.

La représentante a reconnu que l'accès des femmes espagnoles aux postes de responsabilité et leur participation à la vie sociale doivent être améliorés. Elle a également indiqué que le Gouvernement espagnol a approuvé un Plan d'action contre la violence domestique pendant la période 1998-2000, pour un montant de 70 millions de dollars. Les organisations non gouvernementales dont les travaux sont orientés vers les femmes reçoivent également des financements accrus. Par ailleurs, l'Espagne a signé au mois de mars de cette année le Protocole se rapportant à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et sa ratification est en cours. La représentante a conclu en soulignant la dimension planétaire prise par la question de l'égalité des chances dans une société touchée par la mondialisation. Pour qu'au XXIe siècle, la société devienne plus juste et soit plus en phase avec la réalité, les pays développés et les pays en développement doivent unir leurs forces pour surmonter leurs différences, a-t-elle déclaré.

Mme EFI BEKOU, Secrétaire générale pour l’égalité entre les sexes de la Grèce, a rappelé que, bien que les droits des femmes aient été reconnus comme droits de l’homme à part entière, les inégalités subsistent entre les femmes et les hommes et une série d’obstacles continue d’entraver la réalisation de la pleine égalité. Aujourd’hui, la protection des droits de la femme, l’octroi d’opportunités égales aux deux sexes et la réalisation d’une égalité substantielle constituent des priorités du Gouvernement grec. Le Plan d’action national 2000 pour l’emploi vise à assurer une représentation égale des femmes et des hommes dans tous les secteurs, public et privé. Un certain nombre de programmes ont déjà été mis en œuvre en vue d’appuyer le développement de leur sens des affaires et de leurs qualifications. Dans le cadre de l’initiative de l’Union européenne “NOW”, 60 centres ont été créés dans toute la Grèce pour fournir des conseils et des informations en matière d’orientation professionnelle. 200 crèches sont actuellement financées par le Ministère du travail. Pour la période 2000-2003, le Ministère de l’éducation a adopté des mesures spécifiques pour répondre aux besoins des familles, et aider ainsi les femmes qui travaillent.

Un certain nombre de mesures ont en outre été prises pour lutter contre l’exclusion sociale, qui visent particulièrement les femmes appartenant à des minorités religieuses, les réfugiées, les mères célibataires et les femmes qui habitent dans des zones éloignées ou des zones rurales. Un Centre pour les femmes battues a été créé en 1988 et, en 1993, un hôtel pour les femmes battues et leurs enfants a été ouvert. Un autre Centre de ce type a été créé en 1999 dans la banlieue d’Athènes. Un Comité interministériel sur la violence contre les femmes a été établi et une campagne d’information continue intitulée “Brisons le silence - La violence contre les femmes est un crime” a été lancée. Des centres pour l’égalité existent depuis 1999 dans toutes les préfectures. On a vu, par ailleurs, une augmentation de 6,3% à 10,3% des femmes élues au Parlement au cours des dernières élections. Le Gouvernement travaille actuellement à l’élaboration d’un nouveau cadre juridique pour la participation égale des femmes et des hommes aux processus de prise de décision dans l’administration publique, ainsi qu’au niveau du gouvernement central et des gouvernements locaux. La Grèce a également lancé un certain nombre d’initiatives visant à promouvoir l’égalité entre les sexes dans le cadre du Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est. La Grèce estime qu’il est impératif de préserver les principes de Beijing et de renouveler les engagements pris en mettant l’accent sur la mise en œuvre du Programme d’action.

Mme GALINA KARELOVA, Vice-Ministre du travail et du développement social de la Fédération de Russie, a estimé que la présente réunion est bien plus qu'une session extraordinaire supplémentaire de l'Assemblée générale. Elle constitue en fait un forum international qui fera une contribution substantielle en vue de dégager une stratégie de développement pour le XXIe siècle. Lorsque l'on parle du rôle des femmes dans le monde moderne et de leur apport à la vie politique et économique ainsi qu'à la société civile et aux institutions démocratiques, on parle en effet de l'avenir de l'humanité. Il est impossible de relever les défis d'aujourd'hui sans associer pleinement les femmes. C'est pourquoi le potentiel intellectuel et créatif des femmes doit être pleinement reconnu comme une contribution de grande valeur au développement social. Malheureusement le processus de mondialisation qui a lieu en ce moment ne permet pas véritablement la réalisation des objectifs posés par le Programme d'action de Beijing, bien au contraire il semble la rendre plus difficile. Des réalités aussi répugnantes que le terrorisme international, le crime organisé, les hostilités interethniques, le trafic illicite des armes et des substances psychotropes affectent directement la vie de millions de femmes dans diverses régions du monde. Parallèlement, la condition féminine est aggravée par des facteurs tels que le renforcement des disparités économiques entre les plus riches et les plus pauvres, la détérioration de l'environnement, l'expansion rapide de l'épidémie du VIH/sida et d'autres maladies infectieuses dangereuses. En outre, le nombre de femmes et d'enfants victimes de conflits armés est loin de diminuer. Sur ce point, même si elle reconnaît que les conflits et les catastrophes humanitaires exigent parfois une réponse rapide de la communauté internationale, la Fédération de Russie insiste sur le fait que le concept de soi-disant "intervention humanitaire" ne doit en aucune manière permettre de négliger les principes fondamentaux du droit international, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats. La Fédération de Russie s'opposera toujours à "l'humanitarisme armé", a averti la Ministre.

Si les femmes ont effectué une contribution significative aux réformes économiques et à la création d'institutions démocratiques en Europe centrale et orientale et dans les pays de la communauté des Etats indépendants, elles sont aussi devenues le groupe le plus socialement vulnérable de la population, a expliqué ensuite Mme Karelova. C'est pourquoi, elle s'est réjouie de constater que les problèmes spécifiques des pays en transition sont dûment reflétés dans le projet de document de la session extraordinaire doit adopter. Pour sa part, la Fédération de Russie s'est lancée dans l'élaboration d'une stratégie de développement à long terme, qui repose sur la prise en compte des intérêts des personnes. Des mesures telles qu'une augmentation de 50% des salaires du secteur public, le doublement des bourses d'études distribuées par l'Etat et l'augmentation des retraites ont une influence directe sur les conditions de vie des femmes, qui constituent la majorité de la population russe. Toutefois, la Ministre a reconnu qu'il reste encore beaucoup à faire pour garantir l'égalité entre les hommes et les femmes. En Russie, comme dans le reste du monde, les femmes continuent de faire face aux problèmes que sont la discrimination, la pauvreté, le chômage et l'insuffisance de leur représentation en matière de prise de décisions. C'est pourquoi, il y a quelques jours, la Douma a tenu des réunions sur la question de l'égalité des droits et des chances entre les sexes alors que le Gouvernement organisait, de son côté, une conférence sur le statut de la femme. Ce n'est en effet qu'ensemble que nous pourrons relever les défis qui se posent à l'humanité, a conclu la Vice-Ministre.

Mme NANA KONADU AGYEMAN RAWLINGS, Première Dame de la République du Ghana, a appelé les participants à la session extraordinaire de l'Assemblée générale à prendre des décisions qui amélioreront la vie des femmes pauvres des villages et des bidonvilles d'Afrique qui, pour se nourrir, doivent marcher et travailler sous le soleil pendant des heures. Cinq ans après la Conférence de Beijing, il ne convient pas de renégocier le texte de Beijing mais de faire le point et de procéder à une analyse critique des activités de suivi pour mettre en œuvre les objectifs convenus, a-t-elle estimé.

La Première Dame a également mis l'accent sur les souffrances intolérables qui frappent les femmes et les enfants à cause des conflits armés qui font rage dans le monde entier, et particulièrement en Afrique. Elle a également déclaré que l'autonomisation des femmes va au-delà du domaine de la justice sociale et qu'il s'agit d'une condition préalable essentielle pour délivrer la société des nombreux maux qu'elle s'inflige elle-même. Dans cet objectif, a notamment précisé la représentante, plusieurs lois ont été adoptées au Ghana pour garantir le respect du droit à la propriété des femmes et pour criminaliser les pratiques socioculturelles nocives telles que les mutilations génitales et la servitude rituelle. Le viol et les autres agressions à caractère sexuel sont plus sévèrement punis. L'âge légal minimum pour se marier a été élevé de 14 à 18 ans pour les garçons et les filles. En outre, une Unité chargée des cas de violation des droits des femmes et des mineurs a été créée au sein de la Police. Cependant, en dépit de ces progrès, les mesures d'ajustement structurel et de privatisation combinées à la libéralisation des échanges et au processus de mondialisation ont eu et continuent d'avoir des incidences néfastes sur les femmes et les enfants. Au Ghana, la transition vers l'économie de marché a eu des effets négatifs sur l'accès des femmes à l'emploi, aux soins de santé, à l'éducation et à d'autres services sociaux. Les problèmes économiques que rencontre le Ghana se traduisent aussi par une augmentation du nombre de femmes pauvres. En conclusion, la Première Dame a salué l'importante contribution de la société civile, y compris les organisations non gouvernementales et le secteur privé, à la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing.

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