En cours au Siège de l'ONU

AG/1014

LE SECRETAIRE GENERAL MET L'ACCENT SUR L'EDUCATION DES FILLES A L'OCCASION DE L'OUVERTURE DE LA SESSION ôBEIJING E 5ö SUR LES FEMMES

5 juin 2000


Communiqué de Presse
AG/1014


LE SECRETAIRE GENERAL MET L’ACCENT SUR L’EDUCATION DES FILLES A L’OCCASION DE L’OUVERTURE DE LA SESSION “BEIJING + 5” SUR LES FEMMES

20000605

De nombreux ministres et hauts responsables présents à New York pour renouveler leurs engagements en faveur des femmes

La session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée “Les femmes en l’an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle” s’est ouverte ce matin en présence de nombreux ministres et hauts responsables gouvernementaux, la majorité des pays étant représentés par des femmes. Premier à prendre la parole, M. Théo-Ben Gurirab, Ministre des affaires étrangères de la Namibie et Président de l’Assemblée générale et de la session extraordinaire, a rappelé que la session “Beijing + 5” offrait l’occasion d’évaluer dans quelle mesure les Etats avaient tenu les promesses faites lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing en 1995, d’identifier les lacunes et les nouveaux défis et de réaffirmer les engagements pris. Le moment n’a jamais été aussi propice pour réaliser des progrès en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, car nous sommes plus conscients aujourd’hui des conséquences économiques et sociales de la discrimination à l’égard des femmes, a estimé M. Gurirab. En outre, dans leur lutte pour l’égalité, les femmes peuvent aujourd’hui compter sur des alliés et des partenaires. Des hommes éclairés, des jeunes et des leaders religieux participent en effet en nombre de plus en plus grand à leur combat, aux côtés des gouvernements, organisations intergouvernementales et non gouvernementales et du secteur privé.

Pour le Secrétaire général de l’ONU, les défis, anciens et nouveaux qui demeurent pour parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes, ne pourront être relevés que par l’éducation des femmes et leur participation à l’économie mondiale. Relevant qu’aux problèmes anciens s’ajoutent aujourd’hui deux grands fléaux, la propagation du VIH/sida et la traite des femmes, le Secrétaire général a souligné le fait que c’est l’absence d’éducation qui prive les filles de l’information dont elles ont besoin pour se protéger contre le VIH/sida et c’est souvent l’absence de perspectives professionnelles qui les pousse à risquer la contamination par des relations sexuelles précoces. C’est aussi l’absence de toute possibilité économique qui pousse beaucoup de femmes à vouloir émigrer, les rendant vulnérables à la traite et à l’exploitation. L’éducation est à la fois la clef pour entrer dans l’économie mondialisée et la meilleure défense contre ses effets négatifs, a ainsi estimé le Secrétaire général.

(à suivre 1a)

La pauvreté, a été identifiée par une majorité de délégations comme l’un des obstacles majeurs à la promotion des droits de la femme. A l’instar du Secrétaire général, celles-ci ont fait valoir que les meilleures stratégies de développement étaient celles qui impliquent les femmes en tant qu’acteurs centraux.

Les Vice-Présidents, Premiers Ministres et Ministres suivants ont pris la parole: Gambie, Gabon, Namibie, Chine, Ouzbékistan, Afrique du Sud, Chili, Portugal au nom de l’Union européenne et des pays associés, République-Unie de Tanzanie, Ukraine et Tunisie.

En début de réunion, Mme Christine Kapala (République-Unie de Tanzanie), Présidente du Comité préparatoire de la session extraordinaire, a été élue Présidente du Comité plénier de la session. Celui-ci examinera les points de l’ordre du jour intitulés “Examen et évaluation des progrès accomplis dans l’application des 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing” et “Nouvelles mesures et initiatives visant à surmonter les obstacles à l’application du Programme d’action”, également examinés en plénière.

La session extraordinaire se poursuivra cet après-midi à 15 heures.

Documentation

L’ordre du jour provisoire de la session extraordinaire est paru sous la cote A/S-23/1; les détails concernant l'organisation de la session figurent au document A/S-23/2; le rapport du Comité préparatoire, est paru sous les cotes A/S-23/2/Addendum 1 et 2, Parties I à IV.

Pour les informations de base de la session, voir notre communiqué FEM/1090.

Déclarations liminaires

Le Président de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, M. THEO-BEN GURIRAB, Ministre des affaires étrangères de la Namibie, a déclaré que la session extraordinaire offre l’occasion de voir dans quelle mesure les Etats ont tenu les promesses faites à Beijing, d’identifier les lacunes, de faire face aux nouveaux défis et de réaffirmer les engagements pris. La communauté internationale peut aller de l’avant avec une énergie renouvelée en vue de réaliser l’objectif de l’égalité entre les sexes et de la démarginalisation des femmes partout et en particulier dans les pays en développement. M. Gurirab a estimé opportune la publication récente du dernier rapport de l’UNICEF sur la violence contre les femmes et les filles. Beaucoup de gouvernements ont répondu au questionnaire sur la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing qui leur a été adressé par le Secrétariat. Les institutions des Nations Unies ont également rendu compte de leurs actions et les ONG ont contribué à l’analyse de la situation. Depuis Beijing, beaucoup d’Etats ont ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. En outre, on attend l’entrée en vigueur rapide du Protocole facultatif qui a été adopté en octobre dernier. Le statut de la Cour pénale internationale comprend des crimes internationaux sexospécifiques concernant l’intégrité corporelle et des crimes de violence sexuelle sont poursuivis devant les tribunaux pénaux pour le Rwanda et pour l’ex-Yougoslavie. De nombreux Etats ont également pris des mesures contre la violence à l’égard des femmes, en particulier la violence familiale. Des stratégies ont également été adoptées pour augmenter la participation des femmes aux processus de prise de décision. C’est là des progrès importants. Il reste néanmoins beaucoup à faire, comme le confirme le rapport de l’UNICEF, et des mesures doivent être prises d’urgence.

Dans les situations de conflits, les femmes et les enfants sont les premières cibles des actes hostiles et des abus commis par les Etats en guerre et les groupes rebelles. Les violences qu’ils subissent prennent des formes diverses qui constituent une violation systématique leurs droits de l’homme. Les femmes et les filles sont devenues les vraies victimes de ces guerres et ces conflits dont les plus graves se déroulent aujourd’hui en Afrique. Le trafic des femmes et des filles et leur exploitation par la prostitution et la pornographie sont l’un des défis les plus graves que la communauté internationale se doit de relever. Des discriminations persistent en outre en ce qui concerne le mariage, la propriété, l’accès à la terre et les droits d’héritage, qui privent les femmes de leurs droits économiques et les empêchent de progresser. Leur accès aux services de santé reste également inégal et peu de programmes efficaces existent pour combattre la pandémie du sida chez les femmes. Leur représentation reste faible dans la vie politique et économique. Les femmes sont peu représentées aux niveaux élevés de prise de décision. Peu de femmes participent au maintien de la paix, à la recherche et à l’établissement de la paix. La persistance des stéréotypes constitue peut être l’obstacle le plus important à la participation égale des femmes à toutes les sphères de la vie publique. Le moment n’a cependant jamais été aussi propice pour réaliser des progrès. Nous sommes plus conscients aujourd’hui des conséquences économiques de la discrimination à l’égard des femmes. Et nous constatons l’impact social négatif sur les familles et les nations lorsque les femmes ne peuvent développer leur plein potentiel et ne peuvent jouir de leurs droits humains, civils, économiques et politiques. Dans leur lutte pour l’égalité, les femmes peuvent compter sur des alliés et des

partenaires. Des hommes éclairés, des jeunes et des leaders religieux participent en nombre de plus en plus grand à leur combat. Les gouvernements, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales et le secteur privé travaillent ensemble à de nombreux niveaux pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. Dans ce contexte, le rôle des ONG a été indispensable, constructif et créatif, comme en témoigne le rapport alternatif des ONG qui m’a été soumis ce samedi.

La mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing ne peut en rester au niveau des déclarations politiques. Les ressources doivent être mobilisées et utilisées. Les femmes, les hommes, les gouvernements, les ONG se sont préparés consciencieusement pour cette réunion. Nous devons prendre un nouveau départ. Nos efforts collectifs doivent façonner les délibérations et le résultat final du Sommet du millénaire de septembre. Le rapport du Secrétaire général pour cette occasion offre une vision claire pour l’avenir et contient des idées audacieuses pour aider à assurer un avenir plus clair, plus pacifique et plus prospère pour tous. La session extraordinaire doit être à la hauteur des femmes du monde entier. La Charte et la Déclaration des droits de l’homme doivent nous servir d’inspiration.

Le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a déclaré qu’il y avait sans aucun doute eu des progrès depuis Beijing, en ce qui concerne notamment la violence contre les femmes, les pratiques traditionnelles néfastes, la santé, l’augmentation de la participation des femmes aux processus de prise de décision. La plupart des pays ont compris que l’égalité des femmes est une condition préalable au développement. Pourtant, beaucoup reste à faire, notamment dans le domaine économique où l’écart entre les sexes continue de s’élargir. Les femmes gagnent moins, sont plus souvent sans emploi et généralement plus pauvres que les hommes. Leur travail est encore en trop grande partie un travail à temps partiel, informel, non réglementé et précaire. Le fait que les femmes ont un rôle à la fois productif et reproductif n’est que trop rarement reconnu. La plupart des pays doivent encore légiférer en faveur des droits des femmes à la propriété. Malgré les lois, la violence contre les femmes augmente et les disparités entre les filles et les garçons en matière d’éducation continuent. On voit en outre apparaître de nouveaux problèmes, comme la propagation du VIH/sida qui a des effets dévastateurs chez les femmes et les filles. La traite des femmes et des enfants est devenue un problème mondial. Ces fléaux exigent des mesures au niveau mondial. J’ai demandé aux Etats Membres, lorsqu’ils se réuniront à l’occasion du Sommet du millénaire, d’adopter des objectifs spécifiques pour freiner et inverser la propagation du VIH/sida. Et Mary Robinson (Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme) a appelé au lancement d’une campagne internationale contre la traite des femmes et des enfants, fondée sur les droits.

Tous ces défis, anciens et nouveaux, ne pourront être relevés que si nous permettons aux femmes de construire sur ce que le monde a de meilleur à offrir, plutôt que de les condamner à en souffrir les pires aspects. Cela veut dire avant tout que les femmes doivent être éduquées et avoir la possibilité de jouer leur rôle dans l’économie mondiale. C’est l’absence d’éducation qui prive les filles de l’information dont elles ont besoin pour se protéger contre le VIH/sida et c’est souvent l’absence de perspectives professionnelles qui les pousse à risquer la contamination par des relations sexuelles précoces. C’est aussi l’absence de toute possibilité économique qui conduit beaucoup de femmes à vouloir émigrer, ce

qui les rend vulnérables à la traite et à l’exploitation. En d’autres termes, l’éducation est à la fois la clef pour entrer dans l’économie mondiale et la meilleure défense contre écueils. La mondialisation implique des changements technologiques qui favorisent les travailleurs hautement compétents par rapport aux autres. Cette situation creuse encore davantage l’écart entre les hommes et les femmes que seule l’éducation permettra de combler. La situation ne changera que lorsque les femmes participeront à la prise de décisions économiques.

Les femmes constituent aujourd’hui la main d’oeuvre principale dans le secteur agricole en Afrique. Pourtant la plupart d’entre elles n’ont pas droit au crédit, à la propriété foncière et à l’héritage. Leur travail n’est ni reconnu ni rétribué. Leurs besoins ne sont pas considérés prioritaires et leur rôle dans les décisions familiales est réduit. Là aussi, l’éducation peut faire la différence, en permettant aux femmes de se faire les championnes des droits de leurs soeurs à la terre, au crédit, à l’économie et aux technologies, et en leur donnant le droit de faire entendre leur voix sur un pied d’égalité en matière de réforme foncière. Une fois qu’elles sont éduquées et intégrées dans la population active, les femmes sont mieux en mesure de choisir le moment où elles se marient et le nombre de leurs enfants. Elles sont en mesure de mieux s’occuper de leur famille. Les études ont confirmé qu’il n’y a pas de stratégie de développement plus bénéfique à toute une société que celles qui impliquent les femmes en tant qu’acteurs centraux. J’espère qu’au cours de ce siècle, nous prouverons aussi que la meilleure stratégie de prévention des conflits est de renforcer le rôle des femmes dans la recherche de la paix. A l’ONU même, nous devons faire en sorte de nommer davantage de femmes à des postes liés au maintien et à l’établissement de la paix. C’est pourquoi dans mon rapport du millénaire et au Forum mondial de l’éducation, j’ai appelé les Gouvernements à faire de l’éducation des filles leur priorité. Je pense que la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing sera cruciale pour la réalisation de tous les objectifs que j’ai demandés aux dirigeants mondiaux d’adopter à l’occasion du Sommet du millénaire. Cinq ans après Beijing, la session extraordinaire devrait faire comprendre au monde entier que le futur de la planète dépend des femmes.

La Présidente de la Commission de la condition de la femme agissant en qualité de Comité préparatoire de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale, Mme CHRISTINE KAPALATA, République-Unie de Tanzanie, a indiqué que la Commission a travaillé au suivi du Programme d’action de Beijing dès la fin de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing. De 1996 à 1999, la Commission s’est attachée à l’examen et à l’analyse des douze domaines d’action prioritaires et ce processus d’examen a donné lieu à l’adoption de résolutions et de recommandations visant la mise en oeuvre accélérée du Programme d’action. Les conclusions concertées de la Commission ont fourni une ligne directrice aux travaux du Comité préparatoire pour l’identification des actions et initiatives futures. Le Comité préparatoire a adopté une déclaration politique qui témoigne de la volonté politique de tous les Etats membres de mettre pleinement en oeuvre les objectifs stratégiques du Programme d’action de Beijing. Le Comité préparatoire a également accepté la participation des ONG qui ont été créées depuis Beijing, témoignage d’un processus inclusif.

Ce processus d’examen, a précisé la Présidente, a montré que nous avons à notre actif de nombreuses réalisations. Nous devons néanmoins reconnaître la persistance des inégalités sous diverses formes qui continuent de dresser des obstacles à la réalisation de l’égalité entre les sexes, du développement et de la paix. En cette ère de mondialisation, les disparités entre les riches et les pauvres s'accentuent et ce sont les femmes et les enfants qui pâtissent le plus de l’aggravation de la pauvreté. La Présidente a plaidé en faveur de la mise en place de politiques et des programmes d’action nationaux et internationaux permettant de traiter les causes de ces inégalités. Elle a estimé que les Etats membres ont la responsabilité de garantir que les ressources financières nécessaires à la mise en oeuvre d’actions et d’initiatives futures sont disponibles, et notamment par le biais d’une aide publique au développement et l’intégration des questions sexospécifiques dans les processus budgétaires. La Présidente a par ailleurs indiqué que de nombreux paragraphes du document final de la session extraordinaire sont toujours en suspens.

Débat général

Mme ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente et Secrétaire d'Etat aux affaires féminines de Gambie, a présenté la Politique nationale pour la promotion des femmes gambiennes, 1997-2007, mise en place dans son pays à la suite de la Conférence de Beijing, tenue en 1995, et mise en oeuvre par le Conseil national des femmes et le Bureau national des femmes. Cette politique a pour double objectif de réunir toutes les actions possibles en vue d'éliminer la discrimination contre les femmes et de créer un environnement propice à une meilleure participation des femmes et des opportunités égales pour tous. Cette politique s'inscrit dans la Perspective du pays pour 2020 et est assortie d'un Plan d'action pour une politique d'égalité entre les sexes qui recouvre les 12 domaines critiques de Beijing. En ce qui concerne les femmes et la pauvreté, Mme Njie-Saidy a expliqué le Programme gambien d'éradication de la pauvreté, élaboré en 1992, qui met l'accent sur le développement des zones rurales.

En ce qui concerne les femmes et la santé, la Vice-Présidente a reconnu que le taux de mortalité maternelle est très élevé en Gambie, soit 1050 pour 100 000 naissances vivantes. Face à cette situation, le Ministère de la santé a élaboré des stratégies en vue de réduire la mortalité maternelle. Abordant le problème du VIH/sida, elle a mentionné que 606 cas de VIH/sida avaient été reportés dans son pays entre 1986 et 1998, en soulignant que l'on était passé de 544 cas en décembre 1997 à 606 en juin 1998. Pour ce qui est de la violence à l'encontre des femmes, la Vice-Présidente a identifié les préjugés socioculturels, les barrières religieuses et le faible niveau d'éducation comme les principaux obstacles à l'élimination de la violence à l'égard des femmes. C'est dans le domaine de l'accès des femmes à l'éducation que la Gambie a fait une grande avancée depuis que l'éducation primaire a été rendue gratuite et obligatoire par la Constitution en 1997. Elle a expliqué que les progrès dans ce domaine se heurtaient toutefois à la résistance des parents à envoyer leurs filles à l'école et au manque de personnel enseignant qualifié. Concernant les femmes et l'économie, la Vice- Présidente a fait part des programmes de micro-crédits. La Gambie est le seul pays de la sous-région à avoir une femme comme Vice-Présidente. Si l'on recense quelques femmes chefs de village, il reste encore à nommer des femmes chefs de districts et Commissaires divisionnaires.

En conclusion, Mme Njie-Saidy a fait quelques propositions portant notamment sur des politiques et des programmes macro-économiques et sectoriels, des campagnes encourageant des attitudes positives à l'égard des femmes, l'aide des gouvernements et des donateurs et la mise en place d'une assemblée des femmes pour la gestion de l'environnement de façon à accroître leur participation dans ce domaine. Elle a estimé qu'il faut dégager une volonté politique plus ferme et des ressources adéquates pour la mise en oeuvre des programmes et des déclarations en faveur des femmes. Il est temps de comprendre que l'émancipation des femmes signifie l'émancipation de la société tout entière.

M. DIDJOB DIVUNGI DI NDINGUE, Vice-Président du Gabon, a fait valoir la place centrale qu’occupe la femme dans les sociétés africaines. La femme demeure en effet une valeur référentielle de base qu'il assume directement ou indirectement un rôle social majeur, rôle qui importe de promouvoir ou d’organiser. C’est avec cette vision que le Gabon a su, depuis des décennies, au moins au plan conceptuel, intégrer la femme aux niveaux de la consolidation de la nation, du développement du pays et du respect des libertés et des droits fondamentaux de la personne humaine. La Constitution consacre de façon explicite l’égalité des citoyens devant la loi, sans distinction d’origine, de race, de sexe, d’opinion ou de religion. Très tôt, a expliqué le Vice-Président, des dispositions législatives en faveur des femmes ont été adoptées telles que la suppression de la dot, l’interdiction du mariage des mineurs, le droit à l’éducation et au travail. Au plan institutionnel, un Ministère spécifique a été mis en place dans les années soixante avec pour objectif de promouvoir les droits de la femme. Depuis de nombreuses années, les femmes occupent d’importantes fonctions d’Etat. Au plan international, le Gabon est devenu partie à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Au sujet des suites données par son pays au Programme d’action de Beijing et à ses douze domaines critiques, le Vice-Président a expliqué que le Gabon avait organisé du 8 au 10 mars 1996 un séminaire de suivi de la 4ème Conférence mondiale sur les femmes. Le constat général fait à cette occasion est que l’égalité entre les hommes et les femmes n’était pas réalisée malgré un environnement institutionnel juridique ambitieux. Parmi les raisons expliquant cet état de fait, le Vice-Président a évoqué les préjugés culturels et sociaux, le manque de confiance en leurs possibilités de la part des femmes elles-mêmes, le manque de formation et le contexte économique et social défavorable. Ainsi, le plan d’action national vise essentiellement la mobilisation, l’autonomisation et la promotion sociale et économique des femmes. Il s’articule autour de l’éducation et la formation, la pauvreté et l’économie, la santé, les femmes et la prise de décision, l’environnement, les droits fondamentaux des femmes et des fillettes, les mécanismes institutionnels et la promotion de la femme ainsi que la violence. Au titre des réalisations concrètes de ce plan, le Vice-Président a cité la création d’un Observatoire des droits de la femme et de la parité, le programme Femmes-éducation et formation, la création d’un Fonds d’appui au financement de projets productifs qui permettra de financer plus de 1000 projets collectifs ou individuels, le concours national du Grand Prix du Président de la République pour la promotion des activités socioéconomiques des femmes qui est organisés tous les ans depuis 1998.

Le Vice-Président a estimé qu’en introduisant le concept de paix dans l’examen du thème de cette session, la communauté internationale doit se convaincre que la paix et la stabilité constituent entre autres des préalables qui déterminent la réalisation effective de tous les programmes d’action. Principale victime avec les enfants de toutes les situations de non-paix, le femme doit réagir et agir. C’est avec cette conviction que les femmes gabonaises ont contribué à la recherche ou à la consolidation de la paix. Le Vice-Président a cité en exemple la présidence du Comité de suivi des Actes de la Conférence nationale de 1990 qui a été confiée à une femme dans le contexte heurté de l’époque, la déclaration faite à Libreville par les femmes gabonaises en faveur de la paix au Congo-Brazzaville en 1997, la mise en place en décembre 1999 et le lancement des activités du Comité national des femmes pour la paix et le développement (CONAFEPAD) créé en novembre 1998. Le Vice-Président a également mentionné l’appel à la paix dans la sous-région d’Afrique centrale adressée par ce Comité aux Chefs d’Etats, aux Secrétaires généraux de l’ONU, de l’OUA et aux Directeurs généraux de l’UNESCO et de l’Organisation internationale du Travail.

M. HAGE G. GEINGOB, Premier Ministre de la Namibie, a fait part de sa fierté, en tant qu'homme, de prendre la tête de la délégation namibienne à cette Assemblée générale extraordinaire. Il s'est déclaré fermement convaincu que les hommes doivent se prononcer et s'organiser contre les abus sexuels, le harcèlement, les traitements dégradants à l'égard des femmes et l'exploitation économique des femmes. Rappelant les objectifs de cette session qui sont d'évaluer et d'examiner les résultats obtenus depuis la Conférence de Beijing, il a mentionné la politique nationale adoptée par la Namibie en 1999. Ainsi, une stratégie de réhabilitation basée dans les communautés a été adoptée afin de réduire les inégalités entre les femmes urbaines et les femmes rurales par la promotion de l'emploi et des activités génératrices de revenus. A cet égard, il a rappelé que 52% des ruraux en Namibie sont des femmes. Il a fait part des débats lancés dans le pays sur l'éducation et la formation des femmes, tout en reconnaissant que les efforts du Gouvernement dans ce domaine se heurtent à de multiples facteurs socioculturels, notamment les grossesses précoces. Dans le domaine de la santé, le Premier Ministre a regretté qu'en dépit des progrès enregistrés dans le cadre de la Stratégie pour la santé, la pandémie du VIH/sida continue à frapper durement la population namibienne, puisque les femmes constituent 55% des adultes vivant avec le VIH/sida, c'est-à-dire qu'il y a 12 ou 13 femmes africaines infectées pour 10 hommes. Parmi les facteurs ayant contribué à la propagation de la pandémie, il a identifié les pratiques culturelles, les comportements sexuels. Face à cette situation, il a indiqué que le Gouvernement avait élaboré un Plan quinquennal d'action.

En ce qui concerne la violence à l'égard des femmes, le Premier Ministre a fait état des services mis en place pour protéger les femmes et a souligné le fait que les hommes namibiens sont très actifs dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes, comme en témoigne la mise en place du Comité national d'hommes contre la violence à l'égard des femmes. Ce Comité vise à encourager les femmes à dénoncer les violences à leur encontre ainsi que les viols et autres abus sexuels. Pour ce qui est de l'économie, il a cité plusieurs initiatives dans le cadre de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Selon lui, il est indispensable de tenir compte des connaissances agricoles des femmes si l'on ne veut pas continuer à accentuer la discrimination à l'égard des femmes dans la prise de décisions.

Pour ce qui est de la représentation politique des femmes, le Premier Ministre a indiqué que la SADC recommande qu'il y ait au moins 30% de femmes dans les parlements d'ici à 2005. Pour sa part, le parlement namibien compte 25% de femmes, a-t-il ajouté, avant de citer d'autres mesures de discrimination positive qui demandent notamment que les listes électorales des partis comportent 30% de femmes. Parmi les efforts du Gouvernement pour mettre en place des mécanismes de promotion de la femme, le Premier Ministre a cité la loi de discrimination positive qui assure aux femmes des chances égales dans le domaine de l'emploi. Il a regretté qu'une perspective sexospécifique n'ait pas encore été intégrée dans les politiques et les programmes environnementaux et que les femmes soient sous- représentées aux niveaux des prises de décisions. Pour remédier à cette situation, le Gouvernement namibien tâchera de mener une campagne pour inciter les femmes à s'inscrire dans les programmes de formation scientifique et technologique. En conclusion, il a reconnu que son pays devait encore faire des progrès pour assurer une protection constitutionnelle des droits fondamentaux des femmes, pour leur assurer l'égalité des chances. La Namibie doit encore mettre en place des mécanismes pour évaluer les progrès accomplis et assurer l'application des politiques nationales en faveur des femmes à la fois dans les secteurs publics et privés.

Mme WU YI, Conseillère d’Etat de la Chine, a estimé que la lutte en faveur de la cause de la femme jouit d’opportunités sans précédant mais qu’en même temps elle se heurte à de nombreux obstacles et défis. Avec la persistance des conflits, l’usage de la force par certains pays et leur ingérence dans les affaires internes d’autres Etats, le monde est loin d'être tranquille. Le phénomène de mondialisation présente à la fois des chances et des défis. Parmi les obstacles, la représentante a aussi identifié le fossé grandissant entre pays riches et pays pauvres, les discriminations à l'égard des femmes dans les domaines de l’accès à l’emploi, à l’éducation, de la participation à la vie politique et dans l’utilisation des ressources. La Conseillère a demandé à la communauté internationale de créer un environnement pacifique permettant l’autonomisation de la femme car elles sont les plus vulnérables et les plus grandes victimes des conflits armés. Elle a souligné que les pays doivent respecter pleinement les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies et les principes du droit international, doivent travailler à la résolution des différends par des moyens pacifiques et réaffirmer le rôle de chef de file des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Elle a également souligné la nécessité de déployer des efforts prioritaires pour éliminer la pauvreté des femmes. Les pays développés et les institutions internationales pertinentes devraient remplir à cet égard leurs obligations. Il est également important de garantir la pleine participation des femmes au phénomène de mondialisation économique qui offre des opportunités mais également pose de sérieux défis aux femmes. Des efforts sérieux devraient être déployés pour atténuer les effets négatifs de ce phénomène sur le développement des femmes. Il est également important de promouvoir le rôle du système des Nations Unies qui doit guider et coordonner la coopération internationale. Compte tenu du fait qu’il existe des différences entre pays et régions, les Nations Unies devraient promouvoir les efforts régionaux en vue d’établir et de renforcer les mécanismes de coordination relatifs aux questions féminines.

La Conseillère a fait le bilan des activités menées par son pays depuis la Conférence de Beijing. Elle a expliqué que la Chine a formulé et mis en oeuvre un Programme d’action pour le Développement de la Femme chinoise pour la période 1995-2000 qui contient des mesures spécifiques pour améliorer la législation relative à la protection de la femme et de l’enfant ainsi que les mécanismes nationaux pour assurer une meilleure éducation et formation aux femmes afin qu’elles soient mieux préparées à jouer un rôle dans les affaires du pays et dans le processus de prise de décision. Ces mesures visent également la mise en place d’un mécanisme de surveillance et d’évaluation du développement de la femme chinoise. Les efforts déployés au cours des cinq dernières années ont donné lieu à l’augmentation du taux de participation des femmes aux processus de prise de décision tant au plan quantitatif que qualitatif. Le taux de participation des femmes au Congrès populaire national et le nombre de femmes au sein de la Conférence consultative politique ont augmenté tout comme les opportunités d’emploi. Le nombre de travailleuses a atteint les 340 millions, soit 76,7%. Le niveau d’éducation des femmes a également augmenté. La femme chinoise jouit également de meilleurs soins de santé. La couverture médicale maternelle a atteint 85%. Le nombre de personnes qui vivent dans la pauvreté dans les zones rurales a par ailleurs fortement baissé et une aide a été fournie aux résidents à bas revenu des zones urbaines. La Conseillère a convenu que le développement de la femme chinoise se heurte aux obstacles qui pèsent sur le développement socioéconomique de la Chine, à l’impact de certaines mentalités et à la pauvreté qui est l’un des obstacles majeurs. Le Gouvernement adopte actuellement des mesures vigoureuses pour parer à ces problèmes, a-t-elle expliqué.

Mme DILBAR GULYAMOVA, Vice-Première Ministre de l'Ouzbékistan, a déclaré que depuis l'adoption du Programme d'action de Beijing il y a cinq ans, son Gouvernement a développé et mis en oeuvre au niveau national ses propres activités stratégiques pour en appliquer les dispositions essentielles. Le Gouvernement a ainsi créé un nouveau poste de Vice-ministre de la protection sociale de la famille, de la maternité et de l'enfance. De plus, la Constitution garantit aux femmes les mêmes droits que les hommes. En 1999, l'Etat a mis en place des programmes visant à renforcer le rôle de la femme dans le cadre de la famille et de la vie publique, ainsi qu'à améliorer la protection de leurs intérêts juridiques, sociaux et spirituels. Les programmes de protection des familles avec enfants et des familles pauvres sont financés par le budget de l'Etat et gérés au niveau local par des organes appelés "mahallyas".

Mme Gulyamova a par ailleurs souligné les avancements réalisés grâce au développement du mouvement des femmes en Ouzbékistan qui s'est traduit par la création d'organisations non gouvernementales oeuvrant conjointement avec le Gouvernement pour résoudre les problèmes auxquels les femmes sont confrontées.

Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, Ministre de la fonction publique et de l’administration de l’Afrique du Sud, s’est inquiétée de la résurgence du racisme dans la majorité des pays développés et a rappelé que l’Afrique du Sud accueillerait la Conférence de l’ONU sur le racisme en 2001. Elle a estimé que l’objectif devait être de combler l’écart croissant entre les riches et les pauvres et d’éradiquer la pauvreté, spécialement la féminisation de la pauvreté. Les pays du Sud, en particulier les femmes et les enfants de ces pays, doivent bénéficier, sur un pied d’égalité, des avantages de la mondialisation. Des mesures urgentes doivent être prises pour répondre aux besoins de larges majorités, en particulier les femmes et les enfants qui vivent dans la pauvreté extrême. Cela exige un accès accru des femmes à l’économie et aux facilités de crédit et, à cette fin, il est nécessaire de redresser les déséquilibres dans les accords de l’Organisation mondiale du commerce, en faveur des droits des pays en développement. Nous devons, par ailleurs, dépasser l’interprétation étroite des droits sexuels et génésiques des femmes, et même de la famille, si l’on veut protéger ces droits. Pour obtenir des résultats, il est essentiel d’élaborer des programmes mesurables dotés d’indicateurs de performance clairs. Pour cela, un soutien ferme aux institutions nationales est nécessaire.

En Afrique du Sud, les femmes, particulièrement les femmes noires, continuent de faire partie des strates les plus basses de la société. D’où l’importance, lorsque nous portons notre attention sur l’égalité entre les sexes, de résoudre aussi la question du racisme, un défi qui a un caractère mondial et national, a expliqué la représentante. Elle a indiqué que la rareté des ressources comprimées par le poids de la dette extérieure, ainsi que la distribution inégale des richesses, héritages du passé, avaient exacerbé les problèmes liés à la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing. Parmi les autres problèmes, elle a cité les niveaux élevés d’analphabétisme, la malnutrition et les disparités raciales importantes en ce qui concerne l’accès aux soins de santé, à l’éducation et aux services sociaux. A cela s’ajoute la propagation du VIH/sida. Pour faire face à ces défis, des institutions ont été créées et un cadre juridique propice à la promotion de l’égalité entre les sexes a été établi. Parmi les succès, elle a évoqué le fait que l’Afrique du Sud est aujourd’hui l’un des pays qui compte un nombre élevé de femmes parlementaires. Elle a appelé en conclusion à faire preuve de courage pour donner une réalité concrète aux engagements pris à Beijing.

Mme ADRIANE DELPIANO, Ministre des affaires féminines du Chili, a estimé que cette Assemblée extraordinaire marque un moment exceptionnel du dialogue entre les hommes et les femmes. Au cours des cinq dernières années, le Chili a enregistré d'importants progrès dans le domaine de la promotion de la femme et dans l'application des 12 domaines critiques identifiés à Beijing. Ainsi le Chili a établi un plan d'égalité entre les hommes et les femmes. Ce plan a été suivi d'un deuxième plan qui guidera les initiatives chiliennes pendant la première décennie du XXIe siècle. La Ministre a cité plusieurs actions menées d'ores et déjà pour améliorer la condition des femmes et des mesures prises pour protéger la maternité. Elle a mentionné que 95% de la population chilienne était alphabétisée et que des réformes sont à l'étude pour allonger le temps de scolarisation obligatoire. D'autres mesures visent à favoriser l'accès des femmes au monde du travail.

Dans le domaine de la violence à l'égard des femmes, elle a estimé qu'il convient encore de renforcer les mécanismes de protection des femmes et le système judiciaire. Une réforme globale du système de santé est en cours. Toutefois, elle a observé que l'avortement continue à poser un grand problème de santé publique. A cet égard, le Gouvernement met en place des politiques de protection contre l'avortement et de contrôle des naissances par différentes méthodes. Pour ce qui est de la représentation des femmes dans la politique, elle a signalé que le Gouvernement de son pays compte 5 femmes et 30% de femmes fonctionnaires dans les ministères. Toutefois, la participation des femmes à l'économie continue d'être faible. La Ministre s'est déclarée convaincue que la coopération internationale est indispensable si l'on veut faire progresser la condition de la femme.

Le Gouvernement actuel, a-t-elle poursuivi, met l'accent sur la participation des femmes à l'économie afin de les associer pleinement au développement du pays. Il tient également à tirer parti de l'expérience des femmes considérant leur participation comme une chance. Mme Delpiano a ensuite réitéré la volonté de son Gouvernement de continuer à oeuvrer pour la promotion de la femme et d'un monde où sont abolies les différences.

Mme MARIA DE BELEM ROSEIRA, Ministre pour l’égalité du Portugal, a déclaré au nom de l’Union européenne et des pays associés, que la promotion et la pleine jouissance de tous les droits de l’homme sont essentielles à la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing et du document final de cette Session extraordinaire de l’Assemblée générale. Il s’agit également d’une condition préalable à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation de la femme et cela constitue une base commune pour la mise en oeuvre des douze domaines d’action critiques identifiés à Beijing. L’Union européenne dans ce contexte, accueille favorablement l'adoption du Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes qui établit le droit de porter plainte et de mener des enquêtes. La Ministre a souligné à nouveau l’indivisibilité de tous les droits de l’homme en faisant valoir que la féminisation de la pauvreté, la violence à l’égard des femmes, l’exclusion des femmes de l’arène politique ou des processus de paix relèvent de questions touchant aux droits de l’homme. L’obligation des Etats de respecter pleinement les principes de bonne gouvernance, de prendre des mesures juridiques, administratives et autres pour promouvoir les droits de la femme et de l’homme doit être claire. La pleine mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing exige la volonté politique des Etats de mettre en oeuvre cette vision holistique des droits de l’homme sur laquelle doit reposer toute action. La nécessité de respecter l’intégralité du cycle de vie de la femme et de prévenir les discriminations fondes sur la race, la langue, l’éthnie, la culture, la religion, l’orientation sexuelle, les handicaps, les appartenances aux diverses classes socioéconomiques ou statuts comme ceux des travailleurs migrants, des populations indigènes, des réfugiés ou personnes déplacées est particulièrement importante dans le cadre de cette approche. La Ministre a souhaité que des lois et procédures soient mis en oeuvre en prenant exemple sur le Traité d’Amsterdam de l’Union européenne.

La représentante a reconnu que le phénomène de mondialisation avait des conséquences négatives, en particulier sur les femmes, en raison de la persistance de systèmes discriminatoires. Il est donc de notre responsabilité de minimiser les effets négatifs de ce phénomène et de soutenir les femmes dans leurs efforts visant leur participation au processus de mondialisation. La représentante a également évoqué les changements positifs inhérents au phénomène de mondialisation et qui se sont traduits par un plus grand partage des rôles dans le domaine des affaires publiques et privés. Nous devons maintenant nous attacher à garantir l’égalité des droits et le partage des tâches et des responsabilités dans tous les domaines de la vie, y compris dans les processus de prise de décision. Les femmes et les hommes doivent être associés conjointement à ce processus. Ils doivent travailler ensemble à l’édification d’une nouvelle société où leurs droits dans les sphères publique et privée seront reconnus et où une réorganisation sociale permettra la pleine réconciliation des mondes féminin et masculin. La Ministre a insisté pour qu’une approche intégrée soit adoptée à cet effet. Une telle

approche, a-t-elle souligné, aura des conséquences sur les politiques en ce qu’elle exige la mise en oeuvre d’actions spécifiques et une stratégie d’intégration de la problématique hommes/femmes dans les politiques et programmes. Elle exige également la pleine application des mécanismes budgétaires. La Ministre a insisté sur la nécessité de mieux mesurer les progrès réalisés. Elle a plaidé en faveur d’instruments d’évaluation des incidences des politiques sur l’égalité entre les sexes, de statistiques ventilées par âge et sexe et d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs. Elle a souhaité une plus grande participation de tous les acteurs concernés, hommes et femmes, gouvernements et société civile, à la mise en oeuvre du Programme d’action.

Mme MARY NAGU, Ministre du développement communautaire, des affaires féminines et des enfants de la République-Unie de Tanzanie, a déclaré qu'à la suite de la Conférence de Beijing, le Gouvernement de son pays a dégagé quatre priorités nationales sur les 12 domaines critiques identifiés à Beijing. Cet engagement a été pris en tenant compte des ressources, à la fois humaines et financières, du temps disponible et de la capacité du Gouvernement. Les quatre domaines prioritaires sont le renforcement des capacités juridiques des femmes, l'émancipation économique et l'éradication de la pauvreté, et l'émancipation politique, ainsi que l'augmentation de la participation des femmes et leur meilleur accès à l'emploi et à l'éducation.

Mme Nagu a ensuite mentionné la Perspective nationale de développement qui intègre une perspective sexospécifique et affirme que les inégalités entre les sexes ou les races doivent être éliminées d'ici à 2025 de telle sorte que les activités économiques ne soient pas identifiées par genre ou par race. Cette politique de développement a également pour objectif de s'assurer que tous les programmes et politiques intègrent une perspective sexospécifique et traitent des problèmes spécifiques des femmes. Ainsi des actions ont été menées dans les domaines de l'éradication de la pauvreté, de l'éducation, de la santé, de l'accès à l'eau potable, de l'emploi, de l'agriculture, de l'industrie et dans le secteur informel. La Ministre a également fait état d'actions spécifiques entreprises par le Gouvernement et les organisations non gouvernementales, notamment de campagnes de sensibilisation aux droits fondamentaux des femmes. Une attention particulière a été portée à l'élimination des pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes comme les mutilations génitales.

Pour sa part, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement a apporté lois des amendements en faveur des femmes, notamment pour les protéger des violences sexuelles, pour leur donner des droits égaux à la propriété foncière. Dans la même optique, une réforme des droits de succession est en cours et le Gouvernement est en passe d'établir une Commission des droits de l'homme. En ce qui concerne la participation des femmes à l'équipe gouvernementale, le Gouvernement s'est fixé pour objectif d'ici à 2005 d'atteindre une proportion de 30% de femmes, pour 11,1 en 1999. Une réforme de la Constitution a récemment augmenté à 20% au lieu de 15% la proportion de sièges au Parlement réservés aux femmes. Le Gouvernement s'est également engagé à améliorer l'accès des femmes et des filles à l'éducation. Toutefois, en dépit de ces efforts, l'application du Programme d'action de Beijing se heurte à divers obstacles, a-t-elle observé. Le premier d'entre eux est la diminution de la capacité financière du Gouvernement depuis 1995, puisque le service de la dette consomme plus de 40% du budget annuel. A cet égard, la Ministre a exprimé l'espoir que l'Initiative en faveur des pays lourdement endettés lancée par

la Banque mondiale permettra de dégager des ressources pour les services sociaux et l'infrastructure. Elle a cité la pandémie du VIH/sida puisqu'en 1997, la Tanzanie comptait 1,5 million d'adultes infectés. Elle a insisté sur la dimension économique de ce fléau qui affecte le développement et a demandé à la communauté internationale de soutenir les initiatives locales de lutte contre la pandémie. Elle a en outre mentionné les problèmes posés par les flots massifs de réfugiés qui grèvent les ressources de l'Etat.

Mme Nagu a demandé aux Nations Unies de donner la priorité aux programmes de développement, particulièrement aux programmes d'éradication de la pauvreté qui tiennent compte de sa féminisation. Elle s'est déclarée encouragée par la réorientation des politiques de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) en faveur de mesures de réduction de la pauvreté au niveau des communautés. A cet égard, elle a insisté sur la nécessité de traduire localement et au niveau microéconomique les politiques macroéconomiques de réduction de la pauvreté, ajoutant qu'il faut également que ces politiques ciblent les femmes.

Mme SUZANNA STANIK, Ministre de la justice de l’Ukraine, a indiqué que sur la base des textes finaux de Beijing, son pays a élaboré un plan d’action national pour la période 1997-2000 et une Déclaration sur les principes généraux de la politique nationale en matière de famille et des droits des femmes. La nécessité d’assurer le plein exercice de ces droits a d’ailleurs conduit l’Ukraine à créer un cadre législatif national conforme aux normes internationales de droits de l’homme. De plus, le Président de l’Ukraine a personnellement été à l’origine de l’adoption d’un certain nombre de règles sur le renforcement du statut de la maternité, la création de conditions favorables à la conciliation des activités professionnelles et de la maternité, l’égalité des droits et des chances sur le marché du travail, la santé de la femme, la sensibilisation aux droits des femmes et la prévention de la violence à leur égard. Dans ce contexte, la société civile joue un rôle important et l’Ukraine compte aujourd’hui plus de 200 ONG régionales de femmes qui bénéficient de l’appui du Gouvernement. Soulignant que les difficultés inhérentes au processus de transition touchent particulièrement les femmes, le Ministre a estimé que sans la coopération internationale et sans la création d’un environnement international favorable, il ne sera pas possible de garantir efficacement les droits des femmes.

MME NEZIHA ZARROUK, Ministre des affaires de la femme et de la famille de la Tunisie s'est félicitée de voir l'amorce d'un nouveau tournant dans l'approche de l'égalité, du développement et de la paix pour consacrer le principe de l'égalité entre les deux sexes. Elle a rappelé qu'aussi différentes que puissent être les approches du principe de l'affranchissement des femmes de toutes formes de discrimination, la spécificité dans ce domaine ne peut être que dans la conception des formules et des méthodes appropriées pour concrétiser ces principes et les traduire dans la pratique et dans les comportements au sein de la société, toutes composantes confondues. Ce faisant, elle a fait état du processus de promotion de la femme tunisienne et a indiqué que la Tunisie a joué un rôle précurseur dans l'adoption de la méthode du genre social, qui représente l'une des recommandations les plus importantes du Sommet de Beijing.

Mme Zarrouk a indiqué que la politique tunisienne a consisté en une série de mesures qui n'ont cessé de se renforcer à la faveur du souci constant de promouvoir la législation et de l'expurger de toute forme de discrimination au détriment de la femme, en prenant appui sur une volonté politique ferme et agissante et en se fondant sur le principe de l'interprétation ou Ijtihad. Elle a ajouté que le deuxième Plan d'action national au profit de la femme (1997/2001) a été préparé en partenariat avec diverses structures gouvernementales, organisations et associations concernées. Elle a notamment cité les mesures visant au renforcement du Ministère de la femme et de la famille et du mécanisme de soutien aux activités féminines productives, ainsi que le Plan national pour la femme rurale et le Fonds de garantie de la pension alimentaire et de la rente de divorce.

La Ministre a par ailleurs constaté la nécessité de renforcer la coopération internationale, de consolider les programmes de partenariat équilibré entre le Nord et le Sud, et de percevoir les besoins de développement de la condition de la femme comme étant une variable essentielle en la matière. A cet égard, elle a insisté sur la nécessité d'agir en vue d'instaurer une coopération horizontale agissante entre les pays du Sud, en conformité avec la nature de leurs besoins, leurs intérêts et l'interdépendance de leurs destinées. Mme Zarrouk a enfin rappelé l'appel du Président Zine El Abidine Ben Ali en faveur de la création d'un fonds Mondial de Solidarité qui viserait à traduire dans la réalité l'aspiration de l'humanité à l'instauration de relations fondées sur l'égalité, le développement solidaire et le pouvoir rationnel en vue de la réalisation de la paix et du bien-être pour tous.

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