DH/278

PREPARATIFS DE LA REUNION "SOMMET DES ENFANTS E 10" : LES DELEGATIONS PRESENTENT LEUR VISION DES ACTIONS FUTURES

31 mai 2000


Communiqué de Presse
DH/278


PREPARATIFS DE LA REUNION "SOMMET DES ENFANTS + 10" : LES DELEGATIONS PRESENTENT LEUR VISION DES ACTIONS FUTURES

20000531

Le Comité préparatoire de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale qui, en 2001, sera consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants tenu à New York en 1990, a poursuivi ce matin son débat général qui a permis aux orateurs de présenter leur bilan des progrès réalisés et leur vision des mesures à prendre pour répondre aux nouvelles questions émergentes. Il a été reconnu que le suivi du Sommet mondial, de son Programme d’action et de la Convention sur les droits de l’enfant a permis d'enregistrer des progrès tangibles. L’adoption récente par consensus de deux protocoles à la Convention portant sur la vente des enfants et leur exploitation à des fins sexuelles et sur l'implication des enfants dans les conflits armés ainsi que celle de la Convention de l’Organisation mondiale du Travail sur les pires formes de travail des enfants ont constitué de grandes avancées. Toutefois, ont relevé les orateurs, toutes les promesses du Sommet n’ont pas été tenues de la même manière. Le fossé grandissant entre pays riches et pays pauvres s’est traduit, en particulier en Afrique, par un ralentissement de la baisse des taux de mortalité des enfants âgés de moins de cinq ans et des mères, des disparités dans l’accès à l’éducation et la propagation du VIH/sida. A cela sont venus s’ajouter, la multiplication des conflits et la persistance de la discrimination envers les femmes et les fillettes qui ne sont pas véritablement associées aux processus de développement des sociétés

Les délégations ont aussi insisté sur l'importance de garantir aux enfants un bon départ dans la vie, dans un environnement familial sûr. Dans de brèves observations en fin de séance, la Directrice exécutive de l'UNICEF, Mme Carol Bellamy, a noté qu'en règle générale, le suivi du Sommet pour les enfants a été entrepris aux niveaux mondial, régional et national.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Fédération de Russie, Turquie, Cuba, Costa Rica, Iraq, Togo, Thaïlande, République de Corée, République islamique d’Iran, Nigéria, Indonésie, Mozambique, Burkina Faso, El Salvador, Mali, Bangladesh et JamahirIya arabe libyenne. Les représentants du Haut Commissariat aux droits de l’homme, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de la Banque mondiale et de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) ont pris la parole, de même que le Président du Conseil d'administration de l'UNICEF. L’organisation non gouvernementale Save the Children a également participé au débat.

Mme Carol Bellamy, Directrice exécutive de l’UNICEF, a fait de brèves observations.

La prochaine séance plénière du Comité aura lieu jeudi 1er juin à 10 heures.

Déclarations

M. NIKOLAI V. TCHOULKOV (Fédération de Russie) a déclaré que des progrès satisfaisants ont été réalisés au cours de la dernière décennie. Presque tous les pays ont ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant, reconnaissant ainsi qu’elle est une composante indispensable à toutes les activités en faveur des enfants. L’adoption par consensus de deux protocoles à la Convention portant sur le trafic des enfants et les enfants dans des situations de conflit constituent également de grandes avancées. De nombreux progrès restent certes à réaliser car nous n'avons pas progressé vers tous les objectifs de la même manière. Il existe des disparités flagrantes en Afrique où l'on a assisté à un ralentissement de la baisse des taux de mortalité des enfants âgés de moins de cinq ans et des mères. Le représentant a également évoqué les disparités dans l’accès à l’éducation et la propagation du VIH/sida. Nous devrions inclure dans le rapport qui sera soumis à l’Assemblée générale des projets de résolution qui identifient les obstacles à la mise en oeuvre complète de la Convention. La pauvreté croissante et le fossé grandissant entre les pays pauvres et les pays riches, la multiplication des conflits, la discrimination persistante envers les femmes et les fillettes sont également au rang des préoccupations majeures. Le représentant a estimé qu’il fallait véritablement disposer d’indicateurs mesurables dans les trois domaines d’action présentés dans le rapport du Secrétaire général sur les problèmes émergents. Il faudrait créer des groupes d’experts thématiques chargés d’étudier des situations particulières comme les enfants handicapés et réfugiés.

Professeur MUNEVVER BERTAN, (Turquie) a déclaré qu’en dépit de progrès considérables accomplis dans le cadre de la mise en oeuvre de la Déclaration et du Plan d’action adoptés par le Sommet mondial pour les enfants, il reste encore beaucoup à faire pour assurer la promotion, la protection, le développement et le bien-être des enfants. Le monde n’a pas réussi à faire face aux défis de la pauvreté et de la discrimination à l’égard des femmes. La fillette continue d’être exposée à de multiples dangers et le taux de mortalité prénatale est encore très élevé dans presque tous les pays en développement.

Au cours de la dernière décennie, on a pu tirer certains enseignements. Les services sociaux ont été améliorés et la pauvreté peut être partiellement contrôlée par ce biais. La délégation turque est convaincue que tous les enfants doivent prendre un bon départ dans la vie. Une éducation de base satisfaisante des mères est essentielle pour assurer ce départ. De nombreuses mesures pourraient et devraient être prises pour garantir l'accès à l'éducation et à de meilleurs services de santé aux enfants. La réalisation des objectifs fixés par le Sommet mondial pour les enfants exige des engagements plus fermes et des mesures concrètes de la part des gouvernements, ainsi qu’une approche participative des différents acteurs, y compris les adolescents et les enfants.

Mme REBECCA CUTIE (Cuba) a évoqué les tendances mondiales actuelles comme les nouvelles technologies de l’information qui malheureusement constituent une source d’exploitation des enfants. Nous devons également faire mieux face aux fléaux que sont la malnutrition, les conflits armés, les bombardements indiscriminés. Dans les pays en développement, un enfant sur trois est mal nourri. Si l’on veut que les enfants jouissent de tous leurs droits, il faudra changer les règles mondiales qui ne bénéficient qu’à 20% des enfants. La dette des pays en développement a un visage d’enfant car ce sont eux, les enfants, qui subissent les affres de la mondialisation. Cuba, malgré l’embargo qui lui a été imposé, a réussi à mettre en place des programmes sociaux fondés sur la justice. La mortalité infantile est tombée à 6,4 pour mille naissances vivantes, le taux d’inscription scolaire est de 98% au niveau primaire. Les futures mères ont droit à 12 consultations médicales gratuites et les enfants bénéficient d’un vaste programme de vaccination. La place des femmes dans la société est garantie par la loi. Cuba est la preuve que dans des situation économiques difficiles, l’on peut protéger les droits de l’homme par la seule volonté politique.

Mme NURY VARGAS (Costa Rica) a estimé que sans une volonté politique et une ferme détermination de la part des gouvernements, il n'est pas possible de réaliser les objectifs fixés en 1990 par le Sommet mondial pour les enfants. En outre, il est essentiel que tous les acteurs de la société, y compris les adolescents et les enfants, participent activement à la mise en oeuvre des recommandations et buts définis par la Déclaration et le Plan d’action adoptés lors du Sommet.

M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq) a fait part de son appréciation à l’UNICEF pour les efforts déployés en vue d’alléger les souffrances endurées par les enfants iraquiens à la suite des sanctions imposées à son pays. Le représentant a évoqué les progrès réalisés en Iraq avant l’imposition des sanctions et qui s'étaient traduits par la baisse de la mortalité infantile grâce aux programmes d’immunisation. Malheureusement, le 6 août 1990, les sanctions imposés à l’Iraq ont fait basculer le pays dans une pauvreté généralisée. Le rapport de l’UNICEF du 12 août 1999 révèle que les décès des enfants âgés de moins de cinq ans se sont alors multipliés tandis que le taux de mortalité maternelle atteignait 294 pour 1000. Le rapport de l’UNICEF signale également que l’on aurait pu éviter le décès d’un demi-million d’enfants. Le représentant a souligné que la destruction du tissu économique iraquien a eu de terribles conséquences sociales.

Mme ASHIRA ASSIH-AISSAH, Ministre des affaires sociales et de la promotion de la femme du Togo, rappelant la série de mesures prises par le Gouvernement togolais dans le cadre de la mise en oeuvre de la Déclaration et du Plan d’action du Sommet mondial pour les enfants, a indiqué que le Togo a signé avec l’UNICEF un plan-cadre de coopération qui s’articule autour de quatre programmes portant sur la santé, le renforcement des capacités communautaires, l’éducation et le suivi de la situation des enfants. Ces programmes s’inscrivent dans le suivi du Plan d’action du Sommet mondial et couvrent les personnes plus touchées par la pauvreté. Grâce à ces programmes, des efforts considérables ont été accomplis pour éradiquer progressivement la poliomyélite et pour vaincre les épidémies de choléra, de méningite et autres maladies plus traditionnelles comme la rougeole, la tuberculose et le tétanos néonatal. Concernant l’éducation de base, le Gouvernement a surtout encouragé l’accès des filles à la scolarisation et leur maintien dans le cursus scolaire. En dépit de ces avancées, le Togo continue de faire face, aux mutilations sexuelles des filles, au trafic et à l’exploitation des enfants. La question du trafic des enfants sera inscrite à l’ordre du jour du Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de l’unité africaine qui se tiendra à Lomé, du 10 au 12 juillet 2000.

Mme SAISUREE CHUTIKUL (Thaïlande) a estimé qu’un bon départ dans la vie pour tous les enfants repose en premier lieu sur la famille qui est l’institution sociale la plus importante pour le développement de l’enfant. La représentante a souhaité que l'accent soit mis sur la famille et le processus de socialisation de l’enfant dans le cadre duquel les parents ont une responsabilité particulière à jouer. Il serait erroné d’envisager le développement de l’enfant de façon sectorielle, a ajouté la représentante. Une bonne éducation de base pour tous les enfants doit également tenir compte de deux extrêmes, à savoir les enfants des rues, les enfants handicapés et ceux appartenant à des minorités pour lesquels il faut envisager une éducation spécialisée. A l’autre extrême se trouvent des enfants doués qu’il ne faut pas non plus négliger. Il faut également attacher une attention soutenue aux enfants qui se trouvent dans des situations particulières. Il s’agit des enfants victimes des conflits armés, de l’exploitation sexuelle, des enfants de travailleurs migrants sans papiers, des enfants apatrides qui eux non plus n’ont pas accès aux services sociaux de base. La représentante a également souligné l’importance d’une meilleure coordination au niveau des pays, des régions et des sous-régions.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a appuyé pleinement les propositions du Secrétaire général visant à prendre de nouvelles mesures en faveur des enfants, notamment celles visant à leur assurer un bon départ dans la vie, l'accès à une éducation de base, et à promouvoir la participation des adolescents à la société. La délégation de la République de Corée insiste en particulier sur une bonne éducation de base. Au XXIe siècle, l’enseignement ne se limite pas à la création de classes et à l’équipement scolaire. Il faut en outre créer un climat propice et adapté aux besoins des enfants qui prévoit la santé, les droits et l’égalité des sexes. Par une bonne éducation de base, les enfants peuvent apprendre les valeurs et convictions. Le représentant a souligné que par la libéralisation du commerce, des investissements et des capitaux, et les progrès des techniques de l’information, la mondialisation a renforcé la coopération et accéléré la croissance économique et le développement social dans de nombreux domaines. Son dynamisme a contribué parfois à l’amélioration de la situation des enfants et à la promotion de leurs droits. Dans certains contextes, toutefois, les avantages de cette mondialisation ne sont pas équitablement répartis et cela accentue davantage le fossé entre les riches et les pauvres. De ce fait, dans les pays en développement en particulier, les enfants sont plus marginalisés. L’impact négatif de la mondialisation sur les enfants a été évident au cours de la crise financière en Asie. C’est pourquoi, la République de Corée souhaite que la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui sera consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants envisage des mesures concrètes pour prévenir la marginalisation des enfants et promouvoir leurs droits.

MM. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a reconnu que le sort des enfants varie d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre et qu’il dépend des politiques de développement nationales. L’examen de la mise en oeuvre des objectifs du Sommet indique que tous les pays en développement se sont efforcés de mettre en oeuvre les objectifs identifiés en amendant leur législation et en améliorant l’accès aux services sociaux de base. L’on peut dire que la situation des enfants dans le monde s’est améliorée au cours de la dernière décennie. Le secteur de la santé est celui qui a enregistré le plus de progrès.

En Iran, de nombreux efforts ont été déployés ce qui nous a permis de réaliser presque tous les objectifs du Sommet mondial. L’immunisation et l’inscription dans les écoles primaires, la fourniture d’eau potable et de latrines ont atteint des taux proches de 90%. Le taux de mortalité maternelle est tombé à 37 pour 1000. Plus de 80% des naissances ont lieu dans des

infrastructures appropriées. L’éducation primaire gratuite est accessible aux fillettes comme aux garçons. Plus de 87% des enfants vont à l’école. Le représentant a évoqué le fait que plus d’un million de réfugiés se trouvent dans son pays et parmi eux un demi million d’enfants. Nous avons besoin d’une assistance internationale, a-t-il indiqué

La pauvreté a un effet débilitant sur l’esprit et le corps des enfants entraînant toute une série de conséquences pernicieuses qui se trouvent exacerbées par le phénomène de mondialisation. Un effort collectif plus vigoureux est donc indispensable. Le représentant a souhaité que des mesures particulières soient prises en particulier dans les domaines des transferts de technologies de l’information vers les pays en développement à des conditions préférentielles, la préparation de nouvelles stratégies pour impliquer le secteur privé et la mise en oeuvre de stratégies à long terme en vue de protéger les droits des enfants, y compris ceux qui se trouvent dans des situations difficiles.

Mme PAULINE OTTI (Nigéria) a rappelé que son pays a mis en oeuvre un plan national d’action en faveur des enfants. La situation économique et sociale récemment a été assez critique, et les jeunes ont été exposés aux risques du VIH/sida. Le taux de mortalité infantile a augmenté. Pour faire face à ces défis, le Gouvernement a pris des mesures vigoureuses visant notamment à contrôler le trafic des enfants, la situation des enfants déplacés et le mariage précoce des filles. La délégation nigériane lance un appel aux pays donateurs, leur demandant d'appuyer les efforts accomplis par les pays en développement dans le cadre de la mise en oeuvre de la Déclaration et du Plan d’action adoptés pas le Sommet mondial pour les enfants de 1990.

M. HIDAYAT SYRIEF (Indonésie) a évoqué les problèmes socioéconomiques que connaît son pays. Les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté sont de plus en plus nombreuses tandis que l’on assiste à une augmentation du taux de malnutrition et à l’exclusion des femmes de la société. Evoquant la tenue de la consultation populaire au Timor oriental et les affrontements qui ont suivi, le représentant a rappelé que des milliers d’enfants sont à l’heure actuelle déplacés et n’ont pas accès à la scolarisation et aux soins de santé. Il a demandé à l’UNICEF de mettre en place un programme social visant à aider ces enfants et ceux qui souffrent de la pauvreté. Le Gouvernement actuel a la ferme intention d’associer la société civile aux efforts en faveur des enfants victimes de la pauvreté. La Session extraordinaire de l’Assemblée générale doit être également l’occasion pour les gouvernements d’affirmer leur engagement en faveur de la lutte contre la pauvreté.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a souligné que la tâche primordiale de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants (1990) sera d’évaluer les progrès réalisés et les obstacles à la mise en oeuvre des objectifs fixés. Le Bureau de l’UNICEF à Maputo mesure les progrès, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé. Malheureusement, les catastrophes naturelles qui ont frappé récemment le pays ont considérablement sapé les efforts accomplis. Le Gouvernement mozambicain et la communauté internationale ont associé leurs actions pour améliorer la situation des enfants victimes du conflit passé, en assurant progressivement leur

réintégration dans la société. Le rapport de l’UNICEF sur les nouveaux problèmes des enfants au XXIe siècle définit bien les problèmes auxquels il faut s’attaquer de manière vigoureuse si l’on souhaite réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés, il y a dix ans. Pour ce faire, il est indispensable que les donateurs augmentent l’aide publique au développement pour assister les pays en développement à s’acquitter de leurs obligations, a estimé M. Dos Santos.

Mme COULIBALY (Burkina Faso) a indiqué qu’à l’issue du Sommet mondial, son pays a adopté en 1991 un Plan d’action national en faveur de l’enfance dont les deux objectifs principaux sont d’assurer le bien-être des enfants en accordant la priorité à leur survie et à leur protection et de promouvoir le rôle des femmes. L’analyse de ces deux objectifs fait apparaître que l’enfant ne peut être dissocié de la mère. Le programme d’action national a également tenu compte de la nécessité de responsabiliser les familles, de mettre en place des actions de plaidoyer en direction des décideurs, de favoriser la concertation de tous les partenaires. Ce programme s’est concrétisé par la création d’un Comité interministériel et d’un Secrétariat permanent du Programme d’action. L’analyse à mi- parcours à mené à la création du Ministère de la promotion de la femme et du Parlement des enfants, l’adoption en 1995 d’un plan d’action pour l’éducation des filles, l’adoption d’une loi rendant l’école obligatoire jusqu’à 16 ans au lieu de 14 et l’adoption du Code pénal rendant illégales les mutilations génitales. En 1997, un fonds national pour l’enfance a été créé.

Cependant, en raison des nombreuses contraintes comme la persistance de la pauvreté, les enfants sont encore forcés de travailler à un jeune âge ou de se prostituer. Il sont également mêlés aux trafics de drogues. La pandémie du VIH/sida pose le problème de la survie des orphelins du Sida. A l’avenir, a ajouté la représentante, il nous faut donc promouvoir la scolarisation des fillettes, multiplier les activités de plaidoyer, faciliter l’accès des femmes au crédit, mettre en place un système permettant de lutter contre le trafic des enfants, renforcer la participation des enfants à la promotion de leurs droits et faciliter la mise en place de tribunaux pour enfants.

Mme ANNA MARIA GUERRERO GARCIA, (El Salvador) a indiqué que la première Dame du pays dont elle est la Conseillère technique, place la situation des enfants au centre des priorités. Depuis 1993, les adolescents ont été habilités à participer activement à la société qui est la leur, pour contribuer au succès des mesures en faveur des enfants adoptées par le Gouvernement. Il faut assurer un bon départ dans la vie pour tous les enfants, et ce, dès la naissance. A cet égard, la République d'El Salvador élabore un nouveau code sur les droits des enfants et des adolescents. Il faut sensibiliser toute la population pour promouvoir les valeurs morales et pour mieux orienter les adolescents dans leurs choix futurs. El Salvador a mis en place un programme visant à améliorer les services de santé à l’intention des enfants et des adolescents.

Mme TALL (Mali) a expliqué qu’au Mali, plus de 50% de la population est constituée d’enfants. L’avenir du Mali se conjugue donc avec l’avenir des enfants. La volonté politique ne manque donc pas et elle s’est traduite notamment par le projet “un village une école”. Toutes ces actions sont toutefois confrontées au douloureux problème des ressources financières. L’obstacle majeur à la réalisation des droits des enfants est la pauvreté. La représentante a appuyé toute initiative visant la conversion de la dette des pays africains en des ressources pour la mise en oeuvre de programmes en faveur des enfants.

M. MUHAMMAD ALI SORCAR, (Bangladesh) est d’avis que la ratification de la Convention des Nations relative aux droits de l’enfant par un très grand nombre de gouvernements, ainsi que celle relative à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes constituent des succès indéniables. Des progrès importants ont été accomplis dans le cadre de la mise en oeuvre des objectifs du Sommet mondial pour les enfants, notamment dans les domaines de la vaccination, de la réduction de la mortalité infantile et de la prévention d’infirmités. En revanche, il est des domaines qui continuent de poser des problèmes sérieux, en particulier le trafic et la prostitution des enfants, la violence à l’égard des filles, la malnutrition et l’accès à l’éducation de base. De nouvelles formes d’affliction d’une ampleur extraordinaire comme le VIH/sida se sont ajoutées aux épidémies telles que celles de la malaria, du tétanos et de la rougeole. Pour éradiquer le fléau de la pauvreté et juguler son impact sur la situation des enfants, il est indispensable d’augmenter l’aide publique au développement.

Mme SAAD SHELLI (Jamahiriya arabe libyenne) a indiqué que son pays s’attache à mettre en oeuvre tous les instruments internationaux en faveur de l’enfant. La Libye accorde une importance particulière à la Convention relative au travail de l’enfant adopté par l'Organisation internationale du Travail. Elle examine actuellement cet instrument en vue de le ratifier. La représentante a précisé que son pays a adopté des lois et législations visant la protection des enfants dans les conflits armés et qu’il a accueilli avec satisfaction la nomination du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés. Elle a également évoqué la question des mines antipersonnel qui ont été posées dans divers pays par les colonisateurs qui doivent aujourd’hui assumer leurs responsabilités en les détruisant. Les enfants en Libye bénéficient de l’accès à l’eau potable et à une alimentation adéquate. Près de 90% de la population ont accès à l’eau potable tandis que les services d’hygiène couvrent 96% du pays.

M. ANWARUL CHOWDHURY, Président du Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), résumant les discussions sur les “Nouveaux problèmes des enfants au XXIe siècle”, a indiqué que les trois éléments qui permettront aux enfants d'atteindre leur potentiel humain sont : un bon départ dans la vie, la possibilité d'acquérir une éducation de base de bonne qualité et la possibilité pour les adolescents de participer de manière responsable à la société qui est la leur. Les institutions de Bretton Woods et la société civile devraient participer plus activement aux efforts visant à améliorer la situation des enfants dans le monde. Il faut tenter de manière vigoureuse de parvenir aux objectifs définis par le Sommet mondial pour les enfants. Il faut adopter une démarche fondée sur les droits de l’enfant. Le défi de la mondialisation devrait être analysé de manière approfondie et des recommandations à cet égard devraient être formulées. La révolution de la technologie en matière d’information doit profiter aux enfants et éviter aux familles la marginalisation. L’aide publique au développement doit être maintenue et renforcée. Cette aide est indispensable pour permettre aux pays en développement de s’acquitter de leurs engagements en faveur des enfants. Il faut accorder toute notre attention aux enfants déplacés et réfugiés, enrôlés dans les conflits, exploités et forcés à se prostituer. L’égalité entre les filles et les garçons constitue la clé de l’avenir. La session extraordinaire de l’Assemblée générale devrait adopter une déclaration ferme qui prévoit des investissements sûrs en faveur de tous les enfants dans le monde.

M. BACRE WALY NDIAYE Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme a estimé que le Plan d’action adopté lors du Sommet mondial a permis de faire accepter une démarche fondée sur le droit qui légitimise les besoins et exigences de chaque enfant. L’UNICEF a joué un rôle important dans cette réussite. Progresser signifie responsabiliser les acteurs de la scène internationale dans les domaines économiques, politiques et sociaux, a souligné le représentant. Le Haut Commissariat a mis en place un plan d’action pour donner suite au Plan d’action en mettant l’accent sur l’interdépendance des droits de l’homme. Le Commissariat des droits de l'homme a également entrepris une coopération entre l’UNICEF et de façon générale a pris plusieurs initiatives ayant permis la participation du PNUD, de l’UNESCO et du programme ONUSIDA. Il reste beaucoup à faire dans la mesure où les enfants sont les victimes principales des conflits armés et du VIH/sida. Mais nous comprenons mieux maintenant que les enfants ne doivent pas être uniquement perçus comme des être vulnérables mais comme des acteurs de la société.

M. GARETH HOWELL, Directeur adjoint de l’Organisation internationale du travail (OIT)a rappelé qu’en 1973, l’Organisation avait adopté une convention globale sur l'âge minimum d'admission à l'emploi qui exigeait que les Etats poursuivent une politique nationale visant à assurer l'abolition du travail des enfants. En 1995, le Sommet mondial pour le développement social a insisté sur l’abolition du travail des enfants. Tous les Etats Membres de l’OIT sont tenus de respecter ces engagements. En 1999, la Convention 182 relative aux pires formes du travail des enfants a été adoptée à l’unanimité. Elle met l’accent sur une action immédiate pour éliminer toutes les formes les plus abjectes du travail des enfants. Elle couvre notamment le travail forcé, la vente et le trafic des enfants, le recrutement forcé des enfants dans les forces armées, la prostitution et la pornographie impliquant les enfants, et diverses formes de travail dangereux pour la santé et la sécurité des enfants. L’OIT reconnaît également les liens existant entre les droits des enfants dans le contexte de l’élimination du travail des enfants et ceux liés à leur éducation et à leur santé. La lutte contre le travail des enfants a acquis un nouvel élan grâce à la participation des différents secteurs de la société.

Mme SHISANA, Organisation mondiale de la santé (OMS), a expliqué que l’Organisation a adopté une démarche radicale qui passe du traitement spécifique des maladies à une démarche visant à répondre aux besoins généraux de l’enfant en matière de santé. Cette gestion intégrée des maladies infantiles a modifié les attitudes et la façon dont la médecine est pratiquée. A la fin de 2010, nous aurons éliminé les maladies dues à la carence en iode. Une meilleure sensibilisation du personnel de santé aux bénéfices de l’allaitement maternelle a permis de sauver de nombreux nourrissons. Le taux d’immunisation à la polio est de 80% dans la plupart des pays et son élimination totale est prévue pour 2005. Nous avons également modifié notre approche en ce qui concerne la santé reproductive des adolescents. Nous avons appris qu’il fallait promouvoir une bonne santé comme point de départ et non pas comme une fin en soi. Pour ce qui est du VIH/sida, la représentante a expliqué que plus de la moitié des infections au virus se fait chez les jeunes. Au cours des cinq prochaines années, notre objectif est de réduire l’incidence du sida de 25% chez les jeunes. La représentante a également évoqué le problème de la tabagie et de l’augmentation du suicide chez les jeunes

M. COMMINS (Banque mondiale) a rappelé que la Banque mondiale attache une grande importance à son partenariat avec les institutions spécialisées pour mettre en oeuvre les programmes en faveur des enfants. Le développement des enfants est au centre du développement de nos sociétés. Il faut offrir aux enfants de nouvelles possibilités de participation car ils constituent le ciment de nos sociétés, a souligné M. Commins. Pour des millions d’enfants – notamment les enfants des rues et les enfants victimes de conflits - l’avenir c’est aujourd’hui. Les efforts qui doivent être accomplis en leur faveur sont donc immédiats. Il est essentiel d’explorer des moyens qui peuvent permettre d’éviter toute marginalisation.

M. ALFATIH IBRAHIM HAMAD, Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a rappelé que l’UNESCO a adopté une démarche fondée sur les droits. Le programme visant l’éducation pour tous a permis à l’Organisation de coopérer de façon exemplaire avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale. Le représentant a rappelé que l’Assemblée générale a ouvert de nouvelles perspectives pour une nouvelle ère de collaboration entre les Nations Unies et l’UNESCO avec la proclamation de la Décennie pour tous les enfants du monde.

M. BILL BELL, “Save the Children”, a estimé qu’aujourd’hui, pour assurer efficacement l’avenir des enfants, il faut un partenariat étroit entre tous les acteurs de la société. Les gouvernements ont pris des engagements visant à réaliser les objectifs définis par le Sommet mondial pour les enfants, mais les progrès réalisés à ce jour sont insuffisants. C’est pourquoi, la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui sera consacrée au suivi du Sommet devra adopter des mesures fermes et appropriées pour la réalisation des objectifs ambitieux. Tous les secteurs de la société doivent contribuer à mettre en oeuvre ces objectifs.

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