En cours au Siège de l'ONU

AG/1013

D'UN CONTROLE DEMOCRATIQUE DE L'ECONOMIE MONDIALE

26 mai 2000


Communiqué de Presse
AG/1013


D'UN CONTROLE DEMOCRATIQUE DE L'ECONOMIE MONDIALE

20000526

Il adresse au Sommet du millénaire une série de recommandations sur la mondialisation, la gouvernance et les droits de l'homme

Ouvert le 22 mai dernier à New York, le Forum du millénaire des organisations non gouvernementales et de la société civile s'est achevé cet après- midi par l'adoption par acclamation d'une Déclaration et d'un Plan d'action qui seront soumis à l'attention des Chefs d'Etat et de gouvernement qui participeront en septembre au Sommet et à l'Assemblée du millénaire. 1400 représentants de plus 1000 ONG en provenance d'une centaine de pays ont pris part au Forum, dont les travaux se sont déroulés du 22 au 26 mai 2000. L'un des objectifs de cette rencontre était de développer une vision et un agenda communs qui permettent aux ONG d'attirer l'attention des Gouvernements sur l'urgence de la mise en application des engagements qu'ils ont pris au cours des différentes conférences et sommets des Nations Unies et de la société civile qui ont eu lieu au cours des années 1990.

Introduites par Mme Fatma Alloo, de l'Association tanzanienne des femmes professionnelles des médias, les recommandations du Forum du millénaire aux Gouvernements des Etats Membres se concentrent essentiellement sur les problèmes liés au développement, à la pauvreté, à la bonne gouvernance, à la dette des pays pauvres et en développement, à la démocratie, aux droits de l'homme, et à la réforme de l'Organisation des Nations Unies. Dans le document final contenant les recommandations et le plan d'action adoptés par consensus, le Forum demande à l'ONU de mettre en place les conditions et les instruments d'un contrôle politique démocratique de l'économie mondiale.

Il demande aux gouvernements l'annulation de la dette des pays en développement, et dans ce cadre, demande que les Nations Unies servent d'arbitre indépendant pour équilibrer les intérêts des emprunteurs et des créditeurs, et veiller à ce que les fonds dégagés par cette annulation soient utilisés au profit des pauvres et des défavorisés. L'ONU, recommande le Forum, doit aussi élaborer et introduire sur la scène internationale des codes de conduite contraignants régissant les activités des compagnies transnationales, et elle doit mettre en place une régulation fiscale des marchés financiers internationaux. Les sommes acquises à travers la mise en place de cette réglementation fiscale seraient investis dans les programmes d'éradication de la pauvreté. Les Nations Unies doivent aussi, recommande le Forum, immédiatement créer un fonds mondial d'élimination de la pauvreté, qui assurerait que les pauvres aient accès au crédit. Ce fonds serait, entre autres, alimenté par des contributions des Gouvernements, des entreprises, et de la Banque mondiale. Le Forum appelle d'autre part l'ONU à placer le développement culturel au centre des dernières années de la Décennie pour l'élimination de la pauvreté.

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Dans ses recommandations aux gouvernements, le Forum les invite à pleinement tenir, dans un cadre intégré et global, les engagements qu'ils ont pris lors du Sommet mondial pour le développement social tenu en 1995, ceci en partenariat avec la société civile. Il appelle les gouvernements à faire face aux incidences, aux impacts et aux coûts humains croissants de la pandémie du Sida, et leur demande d'investir beaucoup plus dans la recherche scientifique. Le Forum demande ensuite que soient adoptées des politiques macroéconomiques et des stratégies de développement qui visent à satisfaire les besoins des femmes vivant dans un état de pauvreté, et que soient mises en place des mesures sexospécifiques, en vue de résoudre le problème de la féminisation de la pauvreté. Les politiques macroéconomiques devraient combiner l'objectif de la croissance à ceux du développement et de la justice sociale, estime le Forum, qui demande aux Etats de promouvoir l'éducation universelle pour tous en privilégiant l'éducation de base. Les gouvernements devraient aussi adopter des politiques intégrées de manière que les priorités de leurs départements du commerce ou de la défense soient compatibles avec les politiques internationales de développement durable. L'annulation de la dette des pays en développement est une nécessité, car le service de la dette détourne des fonds déjà rares, des objectifs prioritaires de base auxquels ils devraient être consacrés, estime le Forum, qui demande à l'ONU de réformer et démocratiser les processus de décisions des institutions de Bretton Woods et de les placer sous le contrôle effectif du Conseil économique et social. Il appelle, sous cet aspect, l'Organisation mondiale du commerce à modifier les accords agricoles qui obligent les pays pauvres à libéraliser leurs importations alimentaires et menacent de ce fait leur développement agricole et rural, leur situation d'emploi intérieur, leurs ressources naturelles et leur savoir endogène de production alimentaire.

La Déclaration du Forum met l'accent sur l'intégration des groupes pauvres et vulnérables dans les circuits de production et d'emploi, et elle demande que tous les efforts soient déployés en vue de mettre en application la Déclaration universelle des droits de l'homme, notamment sous son aspect universel et indivisible qui souligne l'interdépendance de tous les droits: politiques, sociaux, économiques et culturels. Le Forum invite les Etats, les organisations internationales et chaque individu à joindre le mouvement mondial en faveur de la dignité humaine. Enfin, concernant l'avenir des Nations Unies, le Forum appelle instamment l'Organisation à renforcer le rôle de coordination de l'Assemblée générale en vue de lui permettre de remplir les mandats que lui accorde la Charte. Il lance un appel à la démocratisation du Conseil de sécurité en vue de le rendre plus représentatif. Il recommande l'élimination ou la restriction du droit de veto, qui pourrait n'être autorisé que sur les questions touchant à l'usage du Chapitre 7 de la Charte, et dont l'usage, selon les ONG, devrait être exclu de la procédure d'élection du Secrétaire général des Nations Unies.

Au cours de cette séance, le participants au Forum du millénaire ont entendu plusieurs déclarations dont notamment celles de M. MILES STOBY, Sous-Secrétaire général et Coordonnateur des préparatifs du Sommet et de l'Assemblée du millénaire, qui s'adressant aux délégués en début de séance, a déclaré que le Forum du millénaire est né d'une proposition avancée par le Secrétaire général dans le cadre de son programme pour la réforme de l'Organisation. Cette proposition allait dans le sens de l'ouverture de l'ONU à la société civile dans ses missions, et suggérait une grande rencontre avant l'Assemblée et le Sommet du millénaire. Le Sommet aura lieu du 6 au 8 septembre et sera la plus grande réunion de Chefs d'Etat organisée à l'ONU. 70 d'entre eux ont déjà confirmé leur participation

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et la liste ira en s'allongeant. Quatre tables rondes de Chefs d'Etat auront lieu durant le Sommet du millénaire et les discussions en seront axées sur les questions relatives au rôle de l'ONU au XXIème siècle. Le Secrétaire général espère que les questions liées à l'interprétation et à l'usage du chapitre VII de la Charte qui figurent dans le Rapport du millénaire trouveront des réponses au cours du Sommet. Les recommandations du Forum du millénaire devraient prendre la forme d'une déclaration adressée au Sommet du millénaire, a estimé M Stoby, et elles seront distribuées sous la forme de document officiel.

M. HANS CORELL, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, a rappelé l'appel lancé par le Secrétaire général aux chefs d'Etat et de Gouvernement pour qu'ils signent et ratifient les 540 traités internationaux dont il est dépositaire. Il a souligné l'importance de l'évolution du droit international qui couvre des domaines très divers. C'est un patrimoine dont l'ONU est détentrice. Le Secrétaire général est très attaché à cette question. Un groupe spécial a été créé l'an dernier au sein du Secrétariat pour examiner comment renforcer la primauté du droit. M. Corell a invité les ONG à encourager leurs gouvernements à adhérer aux traités auxquels ils ne sont pas encore parties. Dans ce contexte, il a indiqué que l'Islande avait ratifié hier le statut de Rome de la future cour pénale internationale. Le fait qu'un Etat n'a pas ratifié un traité ne doit pas toujours être interprété comme un manque de volonté de la part de cet Etat. Il s'agit parfois simplement d'un manque de moyens. L'ONU peut fournir une aide dans ce contexte. De même, les ONG ont leur rôle à jouer pour aider les gouvernements, a estimé M. Corell.

Dans ses remarques de clôture, M. TECHESTE EHDEROM, Coprésident du Forum du millénaire, a remercié le Département de l'information de l'ONU et la Section des ONG pour le soutien qu'ils ont apporté à la tenue du Forum. Il a ensuite fait un bref rappel des travaux du Forum avant de remettre officiellement le texte de la Déclaration à Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies.

Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a rendu hommage à la capacité des ONG de travailler ensemble et de trouver un terrain d'entente. Elle a indiqué qu'elle transmettrait la Déclaration au Secrétaire général et a exprimé l'espoir que celle-ci bénéficierait d'un bon retentissement dans la presse. Ce Forum et toutes les activités qui l'ont précédé représentent une contribution très importante de la communauté des ONG au processus en cours qui atteindra son point culminant en septembre lorsque les chefs d'Etat et de gouvernement se réuniront à New York à l'occasion du Sommet du millénaire.

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