En cours au Siège de l'ONU

AG/1011

LE FORUM DU MILLENAIRE DES ONG ET DE LA SOCIETE CIVILE QUI COOPERENT

22 mai 2000


Communiqué de Presse
AG/1011


LE FORUM DU MILLENAIRE DES ONG ET DE LA SOCIETE CIVILE QUI COOPERENT

20000522 AVEC LE SYSTEME DE L’ONU, S’EST OUVERT CE MATIN

AVEC LE SYSTEME DE L’ONU, S’EST OUVERT CE MATIN

M. Kofi Annan insiste sur la puissance de la voix des ONG

Ce matin a eu lieu dans la salle de l'Assemblée générale l'ouverture du Forum du millénaire des organisations non gouvernementales et de la société civile. Entrant dans le cadre des préparatifs de l Assemblée du millénaire, qui se tiendra au mois de septembre au Siège, le Forum a été conçu pour rassembler les idées et propositions innovatrices que les organisations non gouvernementales et la société civile peuvent apporter, à tous les niveaux, pour non seulement créer une nouvelle vision de l'avenir, mais aussi de nouvelles structures organisationnelles à travers lesquelles les peuples du monde peuvent effectivement participer aux processus mondiaux de décision.

Le Forum du millénaire a été ouvert par M. Tescheste Ahderom, Coprésident du Forum, qui a souhaité que des débats du Forum émerge un mécanisme nouveau qui permettra aux ONG et à la société civile internationale de s'exprimer d'une manière collective et qui soit représentative de tous les peuples du monde. Les délégués des ONG et les représentants des Etats Membres ont ensuite entendu une allocution de M. Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, selon qui le rôle de la société civile et des ONG sera crucial dans les efforts de création des mécanismes et des conditions d'une mondialisation plus juste et plus équitable à l'égard de tous les peuples. Les ONG, a-t-il dit, ont compris bien avant les gouvernements l'importance des nouvelles technologies de la communication qui sont à la base des mécanismes de la mondialisation. Elles, qui ont su s'en servir à leur avantage, peuvent aider les peuples et les nations qui sont pour le moment exclus de la mondialisation à maîtriser ces technologies. M. Kofi Annan a dit que l'attachement des ONG aux travaux de l'ONU donne véritablement vie à la phrase "Nous les peuples", qui est le résumé de l'esprit de l'Organisation.

Dans le cadre des propositions avancées dans le Rapport du millénaire, a dit le Secrétaire général aux délégués en les invitant à soigneusement examiner ce document, nous avons demandé aux Gouvernements des Etats Membres de faire des propositions pour un monde meilleur lors du prochain Sommet du millénaire, et nous demandons aux ONG de prendre la tête de ce mouvement et de servir d'intermédiaire en menant des actions de plaidoyer auprès de leurs Gouvernements respectifs.

Après M. Kofi Annan, M. Juan Somavia, Directeur général de l'Organisation internationale du travail, a regretté que la communauté internationale ne prenne jamais les mesures qui s'imposent à temps, et qu'il ait d'abord fallu qu'une sévère crise financière éclate en Asie pour que les grandes puissances économiques acceptent l'idée d'une réforme du système financier international. L'emploi et la création d'emplois décents doivent être au coeur de toute stratégie d'élimination de la pauvreté, a-t-il estimé, ajoutant que les décisions économiques au niveau international devaient être prises en ayant à coeur les problèmes et les besoins réels de toutes les populations. Le Forum du millénaire a ensuite écouté Mme Graciela Robert, Vice-Présidente de "Médecins du Monde", qui a proposé que les Etats Membres qui participeront au Sommet du Millénaire acceptent la création d'une "Commission humanitaire" qui, face aux violences dont souffrent les civils dans les conflits armés actuels, aurait pour objectif de fournir au Conseil de sécurité les informations et les statistiques fiables dont l'ONU et les Etats Membres ont besoin pour prendre des mesures vraiment favorables à la protection des populations civiles et des groupes les plus vulnérables affectés par les conflits.

Le Forum a aussi entendu les déclarations du Prince Talal Bin Abdul Aziz, Président du Programme du golfe arabe pour les organisations de développement des Nations Unies; Mme Maj-Britt Theorin, Présidente du Conseil des parlementaires pour l'action mondiale et M. Martin Khor, Directeur exécutif de Third World Network. Les travaux du Forum du millénaire se tiendront du 22 au 26 mai 2000.

Déclarations

M. TECHESTE AHDEROM, Coprésident du Forum du millénaire, a déclaré qu'au cours des jours à venir, les représentants des organisations non gouvernementales (ONG) et d'autres membres de la société civile de par le monde réfléchiront au futur commun de l'humanité, et plus particulièrement au rôle des Nations Unies face aux défis mondiaux du XXIeme siècle. Nous sommes réunis pour partager notre expertise et notre expérience et pour réfléchir à la meilleure manière de mettre en place une paix juste et durable, d'éradiquer la pauvreté et de faire en sorte que les droits de l'homme soient respectés partout, toujours. Nous sommes ici pour trouver les moyens de renforcer et de démocratiser les Nations Unies, seule organisation pouvant fournir le cadre d'action et de coordination international nécessaire pour s'attaquer à ces défis. Le Coprésident a émis l'espoir que la société civile présentera ses vues avec force et unité aux chefs d'Etat qui se réuniront aux Nations Unies au mois de septembre.

Le projet de Déclaration du Forum du millénaire se concentre sur les actions concrètes que le monde peut prendre pour enfin construire une ère de paix et de sécurité. Ce projet de Déclaration appelle les gouvernements à être fidèles à leurs engagements et à fournir à la société civile les ressources indispensables pour qu'elles puissent contribuer à l'amélioration de ce monde. Elle appelle les Nations Unies à mettre en place des changements structurels.

M. Ahderom a estimé que la seule manière de survivre aux défis qui nous attendent, est de reconnaître et d'affirmer la profonde unité de l'humanité. Cette unité s'est cependant synonyme de similitude ou d'uniformité, a souligné le représentant. Il a ensuite salué le courage et la clairvoyance du Rapport du millénaire du Secrétaire général. Il reste toutefois des domaines dans lesquels ce rapport aurait pu aller plus loin, ce qui est peut-être dû aux contraintes auxquelles est soumis le Secrétaire général, plus que les représentants de la société civile. Réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015 est insuffisant car il est inacceptable qu'environ 890 millions de personnes se couchent avec la faim au ventre pendant encore trois décennies. M. Ahderom a appelé les gouvernements, les Nations Unies et toutes les organisations à déployer tous les efforts nécessaires pour parvenir à éradiquer complètement l'extrême pauvreté d'ici à 2020. Il a également estimé que les Nations Unies doivent disposer d'une véritable force internationale qui puisse intervenir non seulement en temps de guerre et en situation de conflit, mais aussi en cas de crise humanitaire. Le dispositif actuel est inefficace et inadapté. M. Ahderom a également souligné la nécessité d'établir un calendrier pour le désarmement nucléaire, insistant pour que les gouvernements s'engagent à éliminer complètement et totalement les arsenaux nucléaire, chimique, biologique et toutes les autres armes de destruction massive, d'ici à 2020.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, souhaitant la bienvenue à tous ceux qui suivaient cette réunion, à Genève, Nairobi, Vienne, Buenos Aires ou Chicago, a souligné que la présence des très nombreuses ONG témoigne de l'engagement de ces organisations à travailler avec les Nations Unies et les gouvernements pour faire de la planète un lieu meilleur. Ce sont vous, les ONG qui donnez véritablement vie à la phrase "Nous les peuples au nom desquels la Charte est écrite", a dit le Secrétaire général. Vous nous apportez une promesse, celle de réaliser au XXIème, par le pouvoir des peuples, les idéaux de la charte pour tous les peuples du monde. Les ONG ont été accusées par certains d'être antiprogrès et antitechnologie après les événements du sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle. Mais ceux qui ont porté ces accusations semblaient avoir oublié le rôle crucial joué par les ONG dans un grand nombre de domaines vitaux. Elles ont compris, bien avant les gouvernements, qu'il fallait utiliser les nouvelles percées effectuées dans les technologies de l'information. Car la réalité du monde actuel, qui nous font vivre dans une réalité mondiale sans passeport, exige aussi des méthodes de travail qui ne connaissent pas de frontières. A Seattle nous avons pu assister à l'expression de la révolution des ONG. Les protestataires ont clairement envoyé le message que les individus se sentent perdus dans le monde d'aujourd'hui. Un lien existe entre le local et le mondial, lien que cherchent à définir les ONG. Nous ne pensons pas que les pauvres soient trop pauvres parce qu'il y a trop de mondialisation, mais plutôt qu'ils le sont parce qu'il n'y en a pas assez, parce qu'ils en sont exclus. La mondialisation nécessite une nouvelle forme de gouvernance. Il n'y pas de vainqueurs et de vaincus définitifs dans ce phénomène, et ce n'est la politique des affrontements qui pourra résoudre les problèmes que l'on y observe. Jusqu'à ce que les millions de personnes qui en sont exclues aujourd'hui y soient intégrées, on pourra difficilement résoudre leurs difficultés.

Nous avons demandé aux Etats Membres de faire des propositions pour un meilleur monde lors du prochain Sommet du Millénaire. Je vous demande de prendre la tête de ce mouvement et de servir d'intermédiaire auprès de vos gouvernements. Je vous demande de prendre en considération le contenu du Rapport du millénaire. Vous pouvez aider à l'intégration des pays pauvres dans les échanges internationaux et votre plaidoyer peut convaincre les gouvernements d'ouvrir leurs marchés aux produits des pays pauvres. Vous pouvez également nous aider à atteindre les objectifs du "Contrat mondial" que nous avons proposé aux entreprises et au secteur privé. Vos actions pourraient aider à créer un marché qui ne soit pas une jungle, mais un lieu d'échanges plus justes. La moitié de la race humaine est privée de moyens de communication modernes. Vous pouvez vous joindre à nous pour résoudre le problème que fait naître cette division numérique entre peuples et parties du monde. Vous qui avez su utiliser les technologies de l'information à votre avantage, vous pouvez aider à faire sortir ceux qui en sont démunis de leur isolement. Vous pouvez aussi nous aider à résoudre le problème de l'éducation des filles, qui est un des moyens essentiels du développement.

Le trafic illicite des armes légères est une menace non seulement à la sécurité, mais aussi aux droits de l'homme. L'ONU organisera prochainement une conférence sur cette question, et nous vous demandons votre soutien. Vous pouvez aussi nos aider à lutter contre le VIH/sida. J'ai lancé un appel pour que le silence qui règne sur cette question soit rompu dans les parties du monde que cette pandémie affecte le plus. Vous pouvez aussi nous aider, en menant des plaidoyers pour que les gouvernements signent et ratifient les traités internationaux. Ces textes sont une des bases du bien-être que nous voulons promouvoir en faveur de tous les peuples. Les ONG peuvent travailler en faveur d'une mondialisation: celle de la solidarité, et, dans un univers démocratique, vous pouvez devenir la prochaine superpuissance. Nous travaillerons en votre faveur auprès des autres partenaires internationaux pour que votre voix soit entendue.

M. JUAN SOMAVIA, Directeur général de l'Organisation internationale du Travail (OIT), a salué les extraordinaires contributions de la société civile aux différentes conférences des Nations Unies au cours de la décennie 1990. La décennie qui commence aura besoin du même déploiement d'énergie et même plus. Les grandes conférences ont été une réaction constructive de la communauté internationale face aux aspects négatifs de la mondialisation, a déclaré M. Somavia. Toutefois, les pouvoirs en place ne semblent pouvoir réagir que lorsque les crises ou les tensions apparaissent. Il a ainsi fallu une crise financière en Asie pour que l'on pense à mettre en place une nouvelle architecture financière internationale. Et il a fallu que l'Afrique se retrouve dans l'impasse pour que l'on comprenne que l'annulation de la dette est indispensable.

Le Directeur général de l'OIT a poursuivi en décrivant les incidences concrètes du rapide processus de mondialisation sur la vie quotidienne de tous. Il est clair que l'économie mondiale ne crée pas suffisamment d'emplois satisfaisants pour ceux qui en ont besoin. Dans certains pays, le marché de l'emploi est restreint mais, dans le reste du monde, le marché de l'emploi est excédentaire. L'emploi est un thème clé de l'économie mondiale et la création d'emplois est au coeur de toute stratégie d'élimination de la pauvreté. Attirant l'attention sur le fait qu'au moins un milliard de personnes sont sans emplois ou sous-employés, M. Somavia a affirmé que le plus grand danger qui guette la communauté internationale est le décalage croissant entre l'économie du savoir et l'économie informelle. Toutes deux croissent rapidement mais peu de choses les relient. Dans le contexte d'une économie en voie de mondialisation rapide, mettre en rapport la demande d'emplois avec l'offre sera, d'un point de vue politique, une tâche délicate.

Pour affronter ces défis, a préconisé M. Somavia, il convient d'aborder les questions de politique et de nouvelle architecture d'une manière moins technocrate et plus attentive à la perception qu'ont les gens de leurs problèmes. Il faut considérer les problèmes du point de vue des hommes, des femmes et des enfants ordinaires et comprendre de quelle façon nos décisions risquent de modifier leurs vies. M. Somavia a rappelé qu'une personne sans emploi signifie une famille malheureuse et a ainsi souligné le rapport entre les questions liées aux valeurs familiales et celles relatives à la justice sociale. Trop de gens vivent dans l'insécurité et l'angoisse et ont l'impression de vivre dans un casino mondial qui joue avec leur vie.

M. Somavia a appelé la communauté internationale à créer les conditions pour que la créativité et l'innovation puissent s'exprimer partout. Il a préconisé la création d'un plancher social à travers un consensus sur les normes de base communes ayant, pour tous, une valeur universelle dans toutes les sociétés. Le désir d'avoir un travail satisfaisant est universel, au Nord et au Sud. Il s'agit d'un travail productif, régulier, exercé en toute liberté, équité, sécurité et dans le respect de la dignité humaine. A long terme, il faut promouvoir la création d'emplois de ce type dans un environnement durable. M. Somavia a suggéré de relier les droits du travail et la protection sociale avec l'emploi et la création d'entreprises dans le cadre du dialogue social et de la coopération internationale. Il a également critiqué l'absence de choix à laquelle les travailleurs sont réduits aujourd'hui. Les travailleurs ne bénéficient pas de la même liberté de mouvement que les capitaux et une vie de dur labeur ne met pas à l'abri de la pauvreté, a-t-il également fait observer. M. Somavia a appelé toutes les ONG à se mobiliser en faveur de la création d'emplois décents. Un mouvement de la société civile au niveau mondial englobant tous les acteurs du développement social est nécessaire.

Mme GRACIELA ROBERT, Vice-Présidente de Médecins du Monde a déclaré que la protection des populations dans les conflits armés est une question à laquelle la communauté internationale et les Nations Unies doivent trouver des solutions urgentes et efficaces. En 1918, 5% des victimes de la Première guerre mondiale étaient des civils, alors que ce pourcentage est passé à 95% dans les conflits régionaux ou intraétatiques que le monde a connus en 1999. Le Kosovo, la Bosnie, le Soudan, la Somalie, le Libéria, le Congo ou la Sierra Leone, pour ne citer que ceux-là, sont des exemples des types de conflits que connaît actuellement le monde. Ces conflits, qui mettent souvent face à face des armées nationales et factions diffuses et mal contrôlées, se privatisent de plus en plus à travers le rôle joué par des groupes d'intérêts particuliers qui, comme en Angola, se nourrissent de trafics de matières premières précieuses. Les factions qui s'affrontent se servant des populations civiles et notamment des groupes les plus vulnérables, comme d'un outil de stratégie de guerre. Au Rwanda en 1994, le déplacement de milliers de civils innocents avait pour but de protéger et de servir de bouclier à la fuite des combattants sur le territoire d'un pays voisin, et au Soudan, les civils sont utilisés comme moyen d'obtention et de manipulation de l'aide humanitaire internationale. La communauté internationale a fait ces dernières années, des efforts pour se doter d'outils de lutte contre ces comportements. Mais on voit ce qui se passe quant elle veut appliquer ces outils sur le terrain. Force est de constater la multiplication d'agressions, de meurtres et de prises d'otages dont sont victimes les personnels des interventions humanitaires et ceux de l'ONU.

Il n'existe pas aujourd'hui d'organes pouvant fournir des chiffres et des statistiques fiables permettant d'évaluer l'impact des conflits sur les populations civiles et d'orienter efficacement les décisions à prendre. Dans la droite ligne du rapport du Secrétaire généra sur la protection des civils dans les conflits armés, la communauté internationale et humanitaire doit donc se munir d'un outil efficace dans ce sens. Médecins du monde propose que l'Assemblée du Millénaire crée une commission civile humanitaire, qui serait un instrument chargé de faire des propositions sur la protection des civils dans les zones en conflit lors des séances de débat et de prise de décisions du Conseil de sécurité. Médecins du monde souhaite que le Forum et l'Assemblée du Millénaire soient le début de la mise en place de mesures permettant de lutter efficacement contre la barbarie que l'on observe dans les situations de conflits armés qui font tant de victimes parmi les civils innocents.

Son altesse le Prince TALAL BIN ABDUL AZIZ, Président du Programme du golfe arabe pour les organisations de développement des Nations Unies, a déclaré que ce Forum historique est réuni pour rappeler l'importance fondamentale de la Charte. Il a déploré qu'en dépit des progrès scientifiques, dans le domaine de l'information et de la technologie des communications, le bilan du XXème siècle soit déficitaire en matière de développement humain. Cela appelle les Nations Unies, les gouvernements et les divers secteurs de la société entre eux, à renforcer leur action. Une des réformes les plus importantes engagées par les Nations Unies a été l'augmentation de ses moyens consacrés à la coopération avec la société civile et les organisations non gouvernementales (ONG).

Le Prince a poursuivi en déclarant que, grâce aux efforts déployés par les ONG et la société civile, la situation des femmes et des enfants s'est améliorée. Il a notamment appelé les gouvernements des pays en développement à favoriser une participation accrue des ONG et de la société civile dans le domaine du développement humain. Les pays en développement doivent aussi s'inspirer de la démarche adoptée par les pays développés pour bénéficier de l'expérience des ONG. Les ONG des pays arabes ont créé le "Arab network of NGO" en novembre 1997 au Caire afin de renforcer les liens entre les ONG ainsi qu'entre les ONG et les sociétés dans lesquelles elles opèrent. Les préjugés concernant les travaux des ONG ont pu être corrigés et des progrès ont été observés dans leurs domaines d'action et particulièrement celui des soins aux enfants. Le Président du Programme du golfe arabe a souligné la situation marginalisée dans laquelle se trouve en ce moment même la grande majorité de la race humaine. Il a préconisé d'établir des réseaux entre les ONG afin qu'elles puissent partager leurs expériences et d'encourager les jeunes ONG. Il a lancé l'idée d'un "pacte moral d'honneur" pour toutes les ONG afin de garantir la transparence et de lutter contre la fraude dans la société civile. Il a suggéré que les méthodes de travail des Nations Unies au vingt-et-unième siècle évoluent afin de tenir compte du rôle croissant des ONG. Il serait peut-être utile d'établir, au sein des Nations Unies, un Comité chargé de coordonner tous les aspects de la coopération des organisations avec les Nations Unies.

Mme MAJ-BRITT THEORIN, Présidente du Conseil des parlementaires pour l'action mondiale, a rappelé la légende d'Icare qui, parce qu'il ne prit pas en compte les conseils de son père Dédale, perdit ses ailes, dont le soleil fit fondre la cire, et s'abîma dans les flots de l'océan. La société civile d'aujourd'hui et les Nations Unies sont la cire qui permettra à la communauté internationale de pouvoir relever les défis qui confrontent l'humanité en ce début de 21ème siècle. Si les nations doivent vivre selon la règle et les principes du droit, il en va de même de la communauté internationale et des Nations Unies. Seule l'ONU peut, dans le monde d'aujourd'hui, autoriser l'usage de la force sur la scène internationale. L'ONU doit être construite et renforcée, et non pas minée et détruite par les agissements des Etats. Aucune grande puissance ne doit imposer ses vues et ses intérêts aux peuples de la planète. Les Nations Unies sont le seul espoir de fonctionnement d'un forum démocratique mondial. L'ONU est née d'un désir de paix, mais trop souvent, on constate que les gouvernements cherchent à échapper aux impératifs de cette paix et aux mesures qu'elle exige. A quoi sert-il de prendre des résolutions si ensuite, on ne fait pas suivre ces textes des moyens nécessaires à leur application? On signe des résolutions en faveur du maintien de la paix, mais sans mettre à la disposition de l'ONU les Casques bleus nécessaires. Certaines nations se sont servies d'un mandat de l'ONU pour faire la guerre à l'Iraq, mais on a constaté ensuite des dérapages, quand elles se sont misent à mener des actions en se passant de l'avis de l'ONU. On observe aussi ce qui se passe en Tchétchénie, où personne ne veut prendre la responsabilité de réellement rappeler certaines règles du droit international et de la protection des innocents.

Concernant les armements nucléaires, nous estimons que les Etats-Unis, en tant que grande puissance et nation leader, doivent respecter le Traité ABM, ratifier le Traité d'interdiction totale des essais nucléaires, et cesser tout développement de nouveaux armements. Un appel a été lancé à La Haye en faveur de la paix. Les organisations qui ont signé le document de cet Appel en ont souligné les grandes lignes et les impératifs. Nous souhaitons que le monde s'engage dans la mise en application de cet Appel. Nous pensons aussi que le point de vue des femmes doit être écouté, et que les Nations Unies et le reste de la communauté internationale doivent faire tous les efforts nécessaires pour les intégrer à tous les débats sur la paix. Sur un autre plan, nous pensons que l'annulation de la dette est indispensable, si l'on veut réellement éliminer la pauvreté. Ensuite, nous estimons que la défense des droits de l'homme est indispensable, mais que tous les droits, y compris les droits économiques et sociaux, doivent être respectés et défendus. C'est le devoir de la société civile et le devoir de l'ONU. Les gouvernements et la société civile doivent aussi soutenir la signature, la ratification et la mise en application du Statut de Rome. Seule la mise en application du Statut de Rome créant la Cour pénale internationale permettra de rendre justice à toutes les victimes de la violence, des viols et de tous les autres abus. Les Nations Unies elles-mêmes doivent être réformées. Elles doivent être démocratisées, et tous les Etats Membres doivent payer leur part équitable de contributions. Il est inacceptable que les Etats-Unis doivent plus d'un milliard de dollars à l'Organisation, alors que celle-ci n'a même plus les moyens de ses missions. Les ONG et la société civile sont la cire qui tient fermes les ailes du monde. Celui-ci ne s'épanouira pas, si l'ONU et la société civile ne pèsent pas de leur juste poids sur les grands débats internationaux et les décisions à prendre.

M. MARTIN KHOR, Directeur exécutif de Third World Network, a déclaré qu'il subsiste de nombreuses crises en matière d'environnement, de paix et même de santé, avec la fin de l'ère des antibiotiques auxquels de nombreux organismes sont devenus résistants. Evoquant la répartition inégale des bénéfices de la mondialisation, le Directeur exécutif a déclaré que les profits des uns correspondent en fait aux pertes des autres. Le genre de mondialisation que nous avons maintenant promeut et encourage ce qui reste du colonialisme et de l'apartheid. Le processus de monopole se renforce. Les grandes sociétés transnationales veulent briser toutes les barrières des pays en développement pour pouvoir se saisir de leurs marchés. Les pays en développement doivent payer leurs dettes mais les Etats-Unis sont eux aussi endettés, auprès des Nations Unies, a-t- il déploré. Il a appelé les grandes puissances à se débarrasser de leurs armements nucléaires. Critiquant les tyrans de marchés financiers sans transparence, qui peuvent détruire en deux mois ce qui a été acquis au cours de plusieurs décennies, M. Khor a dénoncé les appels à la transparence au niveau local qui coïncident pourtant avec le maintien d'un manque de transparence complet au niveau international. Le protectionisme continue dans les pays riches, non seulement dans l'agriculture et les textiles mais aussi dans le domaine de la technologie.

Tous ces phénomènes font apparaître une réalité dans laquelle les riches et les puissants veulent accroître leur puissance jusqu'à obtenir un monopole total. Il faut restaurer la puissance de l'ONU en tant qu'organisation démocratique et réformer le Conseil de sécurité afin que le droit de veto n'y soit pas utilisé abusivement, ce droit doit être à terme, aboli. Les pays doivent payer leurs cotisations à temps et sans faire de chantage. Si les contribuables refusaient de payer leurs impôts jusqu'à ce que leur gouvernement ait adopté la politique qu'ils demandent, ils seraient mis en prison, a-t-il fait valoir. Il a également suggéré de réduire le pouvoir des institutions de Bretton Woods et réduire le mandat de l'OMC aux questions commerciales. Il faut changer le système d' "un dollar une voix" dans les institutions de Bretton Woods afin qu'il devienne équitable et travaille au profit de tous. M. Khor a rendu hommage à tous les membres de la société civile et des mouvements sociaux qui ont lutté et luttent encore pour le droit au travail, la réforme agraire et les progrès sociaux.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.