ENV/DEV/461

LA GRANDE MAJORITE DES ETATS ESTIME QUE RIOE10 DEVRAIT PRENDRE LA FORME D'UN SOMMET MONDIAL ET SE TENIR DANS UN PAYS EN DEVELOPPEMENT

26 avril 2000


Communiqué de Presse
ENV/DEV/461


LA GRANDE MAJORITE DES ETATS ESTIME QUE RIO+10 DEVRAIT PRENDRE LA FORME D’UN SOMMET MONDIAL ET SE TENIR DANS UN PAYS EN DEVELOPPEMENT

20000426

Les intervenants mettent l'accent sur la nécessité d'enclencher au plus vite un travail préparatoire efficace pour faire de cet événement majeur un succès

Cet après-midi, la réunion de haut niveau de la Commission du développement durable a particulièrement porté son attention sur les préparatifs de l'examen en 2002 des progrès réalisés depuis la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, tenue à Rio en 1992. Prenant la parole en début de séance, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, M. Nitin Desaï, a estimé que la question la plus importante est de savoir ce que l'on attend exactement du processus d'examen 10 ans après Rio. Il a proposé de centrer le débat en 2002 sur la manière d’effectuer une analyse efficace des barrières qui subsistent à l'application d'Action 21. Mais pour que l'attention ne soit pas uniquement portée sur les lacunes, il a demandé aux Etats Membres de présenter 100 exemples de succès en matière de développement durable. Pour sa part, la Présidente de l'Union mondiale de la préservation de la nature, Mme Yolanda Kakabadse, a mis en garde les gouvernements contre une redéfinition d'Action 21 ou du concept de développement durable. Selon elle, il faut faire en sorte que tous les acteurs du développement durable soient justement représentés en 2002. Pour M. Klaus Töpfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et d'HABITAT, la célébration du dixième anniversaire de la Conférence de Rio devrait prendre la forme d'un sommet mondial, qui se tiendrait de préférence dans un pays en développement. L'essentiel du sujet devrait bien entendu être l'élimination de la pauvreté, mais il faudrait lier cette problématique à des sujets nouveaux comme la sécurité de l'environnement, car l'ambition première doit être de donner à la famille mondiale des outils qu'elle puisse utiliser rapidement.

Ces idées ont été largement reprises par les représentants des Etats qui sont intervenus ensuite. Ainsi, ils se sont dans une grande majorité prononcés en faveur de la tenue d'un sommet mondial, qui devrait avoir lieu dans un pays en développement, et ce afin de sensibiliser le plus possible l'opinion publique et les médias. Ils ont aussi estimé que l'attention devra avant y être portée sur l'élimination de la pauvreté. A cet égard, le Ministre de l'agriculture du Royaume-Uni a proposé d'appeler cet événement le "Sommet sur la pauvreté, le développement et l'environnement". Les intervenants se sont aussi accordés sur le fait qu'il ne faut pas renégocier Action 21. Ils ont insisté sur la nécessité

de mener un travail préparatoire efficace garantissant la participation active de toutes les parties prenantes, y compris les organisations non gouvernementales et la société civile. Ce processus préparatoire, dont les représentants ont passé en revue les différentes formes possibles lors d'un dialogue interactif, devrait procéder notamment à l'évaluation des réalisations. La représentante du Mexique a suggéré au Secrétaire général d'instaurer un groupe d'experts ou de personnalités chargé à temps plein de cette préparation. Les participants ont aussi souligné que les efforts de préparation devaient aussi avoir lieu aux niveaux régional et national. Le Ministre de l'environnement et de la planification des sols du Portugal, s'exprimant au nom de l'Union européenne, a appelé tous les Etats à ratifier rapidement le Protocole de Kyoto, afin que celui-ci entre symboliquement en vigueur en 2002.

La Commission a entendu les interventions des Ministres et hauts représentants des pays suivants : Nigéria (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Portugal (au nom de l'Union européenne et des Etats associés), Japon, Finlande, Canada, Luxembourg, République tchèque, Allemagne, Cuba, Royaume-Uni, Pologne, Suisse, Brésil, Kazakhstan, Monaco, Indonésie, République de Corée, Suède et Fédération de Russie.

Lors de sa prochaine réunion, se tenant ce soir à partir de 18 heures 30, la réunion de haut niveau examinera les conclusions et recommandations du Forum intergouvernemental sur les forêts.

REUNION DE HAUT NIVEAU CONSACREE AUX PREPARATIFS DE L’EXAMEN EN 2002 DES PROGRES REALISES DEPUIS LA CONFERENCE DES NATIONS UNIES SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DEVELOPPEMENT

Présentations

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé que la question la plus importante à se poser est de savoir ce que l'on attend exactement du processus d'examen 10 ans après Rio. De manière générale, tout le monde s'accorde pour mettre l'accent sur la mise en œuvre. Il faudra donc établir ce qui a empêché l'application efficace des engagements pris en 1992 et ensuite. M. Desaï a proposé de centrer le débat en 2002 sur la manière de veiller à effectuer une analyse efficace des barrières qui subsistent à l'application d'Action et à concrétisation de la volonté politique. Il y a, selon lui, de nombreux éléments positifs dans les processus de travail qui ont été mis en place depuis Rio et ceux-ci donnent une excellente base de travail. C'est le cas tout d'abord des dialogues entre les parties prenantes introduits depuis 1997 qui ont fait intervenir la société civile et les ONG et ont permis un dialogue constructif. Il faut envisager désormais comment utiliser encore plus cette capacité de dialogue. La CDD doit porter toute son intention sur la question de l'intégration de l'environnement et du développement, surtout au niveau national. La CDD pourrait par exemple demander aux Etats Membres de créer d'ores et déjà un processus national de préparation de "Rio +10", a suggéré le Secrétaire général adjoint.

M. Desaï a ensuite déclaré qu'un autre problème à régler a trait aux liens entre les travaux de la Commission et les finances. Le manque de moyens financiers de la CDD est un problème réel en effet. Ce problème financier vaut aussi pour le transfert des techniques, a fait remarquer le Secrétaire général adjoint. Il a souligné ensuite que les efforts déployés, bien que louables, n'ont pas suffi. En 2002, il faudrait par conséquent trouver 100 exemples de succès du développement durable. L'attention ne doit pas être uniquement portée en effet sur les lacunes. L'enjeu principal est de mobiliser la volonté politique pour aboutir effectivement à la mise en œuvre d'Action 21, a insisté M. Desaï.

Mme YOLANDA KAKABADSE, Présidente de l'Union mondiale de la nature, ancienne ministre de l'environnement de l'Equateur, a déclaré que les réunions de Stockholm et de Rio avaient eu chacune leurs propres mérites et qu'en 2002, les gouvernements doivent décider s'ils vont redéfinir Action 21 et revenir sur le concept de développement durable, ce à quoi elle s'est opposée. La représentante a estimé que l'on doit se concentrer sur les thèmes de l'énergie et de l'énergie durable, du financement, du commerce en général. Le problème de la conservation ne doit pas non plus être laissé de côté. Il faut également faire en sorte que tous les acteurs du développement durable soient justement représentés. La représentante a appelé à un renforcement des pouvoirs du PNUE ou d'organisations nouvelles faisant contrepoids à l'OMC.

M. KLAUS TOPFER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et de HABITAT, a rappelé qu'au moment de la Conférence de Rio, il dirigeait la délégation de son pays, l'Allemagne. Le défi était alors de surmonter la pauvreté sans surcharger l'environnement et en atteignant le développement durable. En passant à "Rio +10", il convient désormais d'avoir une image exacte de la situation aujourd'hui. Cette évaluation devrait être effectuée avant la tenue de la session "Rio +10", a insisté M. Töpfer. Selon lui, il n'est nullement besoin de rouvrir Action 21, qui est une base excellente pour le développement durable.

Le Directeur exécutif A ensuite estimé que la célébration du dixième anniversaire de la Conférence de Rio devrait prendre la forme d'un Sommet mondial, qui se tiendrait de préférence dans un pays en développement. Il conviendrait aussi, selon lui, de discuter du nom que devra prendre cet événement afin de transmettre un message plus fort que simplement "Rio +10". L'essentiel du sujet devrait bien entendu être l'élimination de la pauvreté. Mais il faudrait lier cette problématique à des sujets nouveaux comme la sécurité de l'environnement. L'ambition première doit être de donner à la famille mondiale des outils qu'elle puisse utiliser rapidement dans ce domaine. Depuis Rio, la mondialisation s'est considérablement accélérée et il faudra aussi trouver un profil très clair pour les entreprises privées. Il faudra enfin poser la question des conséquences et des responsabilités des actes de chacun, a conclu M. Töpfer.

Déclarations

M. O. A. EDACHE (Nigéria) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que la Conférence de Rio +10 doit se tenir en dehors de New York, dans un pays en développement. Il revient aux pays en développement de décider dans quel pays. Le représentant a également suggéré que la CDD serve de comité préparatoire de la conférence. Il est important qu'un fonds soit créé pour assurer la participation des pays les moins avancés au processus préparatoire et à Rio plus 10. Des processus régionaux de préparation doivent être lancés afin d'informer le processus international. Le Groupe des 77 reconnaît que le manque d'application des recommandations dans le domaine du développement durable est essentiellement dû à des problèmes financiers. Il faut donc tenir compte de la question des ressources financières prévisibles pouvant soutenir le processus préparatoire dans tous ses aspects.

Dans le cadre du processus préparatoire, le rôle des organes des Nations Unies dans le domaine de l'environnement, et particulièrement le PNUE, devrait être renforcé. Le représentant a déclaré que le G77 ne serait pas d'accord sur des propositions qui pourraient être interprétées, directement ou indirectement, comme une renégociation d'Agenda 21. Il a estimé qu'il faut s'en tenir à une application fidèle d'Agenda 21.

M. JOSE SOCRATES CARVALHO PINTO DE SOUSA, Ministre de l'environnement et de la planification des sols du Portugal, s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés, a estimé qu'il faut revitaliser les efforts pour développer des approches nouvelles et novatrices en matière de développement durable. C'est pourquoi, l'Union européenne partage l'avis du Secrétaire général d'organiser un événement spécial à niveau mondial pour célébrer le dixième anniversaire de la Conférence de Rio. Il faudra alors centrer l'attention sur les résultats obtenus depuis 1992, en mettant en lumière les progrès comme les faiblesses. L'Union européenne estime que la dixième session de la CDD devrait faire office de comité préparatoire de cet événement et préparer une première évaluation à niveau international, national et régional. Le Sommet devrait pour sa part traiter des défis majeurs et donner des orientations nouvelles pour les relever. Une préparation adéquate est donc nécessaire. Dans ce contexte, l'Union européenne préparera d'ici 2001 une stratégie à long terme intégrant les dimensions économiques et sociales de l'environnement.

Pour que "Rio +10" soit un succès, il faudra aussi souligner le rôle des différents partenaires et assurer un dialogue interactif. L'Union européenne estime que le Sommet a le potentiel d'accroître l'engagement de la société, laquelle doit donc pour cet événement avoir une participation active. Elle juge aussi préférable de tenir ce Sommet à l'extérieur du Siège des Nations Unies, de préférence dans un pays en développement afin de sensibiliser davantage l'opinion publique et les médias. Un fonds d'affectation spéciale pour les contributions volontaires devrait être créé. L'ambition devra être de renouveler l'engagement politique de haut niveau et non de renégocier ce qui a été convenu à Rio. Il conviendra donc de se concentrer sur les domaines où d'autres efforts sont nécessaires, notamment dans le contexte de la mondialisation. Comment inverser le déclin des ressources naturelles, aller vers des modèles de production et de consommation plus durables, envisager les liens entre l'environnement et la mondialisation, sont autant de questions auxquelles il faudra répondre, a précisé le Ministre. Le Sommet devrait aussi constituer une occasion excellente de célébrer l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto sur les changements climatiques que l'Union européenne engage tous les pays à ratifier d'ici là.

M. ICHITA YAMAMOTO (Japon) a estimé qu’en ce qui concerne Rio+10, il convient, au préalable, d’évaluer les progrès effectués depuis la Conférence de Rio en 1992 pour identifier les domaines nécessitant davantage d’efforts. Par exemple, il serait utile d’encourager les liens et les synergies entre les activités découlant des conventions et celles menées par les organisations internationales. La nature des questions environnementales est telle que l’élaboration et la mise en œuvre des accords internationaux nécessitent une coopération transfrontière et une participation mondiale qui risque d’engendrer des chevauchements. Deuxièmement, il faut, a poursuivi le représentant, traiter des nouveaux défis qui découlent de la mondialisation et des progrès technologiques. Cela exige que l’on trouve les moyens d’accroître les opportunités de commerce et d’emplois liées aux questions environnementales; que l’on instaure des modes de production et de consommation plus durables; et que l’on identifie les domaines nécessitant davantage de données et d’évaluation. Troisièmement, il faut, dans le cadre du processus préparatoire, créer un groupe d’experts et un groupe de personnalités éminentes qui pourraient fournir leur contribution en proposant des stratégies. Quatrièmement, il faut rechercher la contribution des milieux d’affaires, des industriels, des ONG, de la communauté scientifique et d’autres groupes. Rio +10 devrait aussi inclure un élément régional important. Cinquièmement, il faut que Rio se déroule en dehors du Siège des Nations Unies et à un niveau politique élevé pour assurer un certain retentissement. L’idée de l’organisation en Asie a un certain mérite étant donné l’impact que la région aura sur le développement à l’échelle mondiale.

Mme SATU HASSI (Finlande) est d'avis qu'Action 21 ne doit pas être renégocié mais qu'il peut être utile d'adopter des angles d'action nouveaux. Elle a suggéré que les ONG, les citoyens et la communauté scientifique participent de manière constructive à la conférence. Pour que le Sommet de 2002 soit un succès, il faut que toutes les parties prenantes y soient représentées. Le Sommet doit examiner les problèmes de la sécurité environnementale, de la pauvreté, des changements climatiques de grande ampleur, ainsi que de la répartition équitable des bénéfices de la mondialisation.

Par ailleurs, la représentante a estimé que la prochaine réunion de l'ECOSOC, en juillet prochain, pourra contribuer au processus de Rio +10, dans le cadre de l'examen des résultats des grandes conférences des Nations Unies. L'économie et l'écologie portent toutes deux sur un usage efficace des ressources, et le gaspillage des ressources est préjudiciable aux deux. Il incombe en priorité aux pays industrialisés de s'imposer des objectifs d'efficacité écologique. En ce qui concerne le lieu où la Conférence se tiendra, la représentante a souhaité que ce soit dans un pays en développement d'Afrique ou d'Asie.

M. DAVID ANDERSON, Ministre de l’environnement du Canada, a jugé important que Rio +10 se déroule au niveau des chefs d’Etat ou de Gouvernement avec pour but, un partenariat Nord-Sud renouvelé. Rio +10 devrait avoir un ordre du jour clair, axé sur l’avenir et portant sur des questions transversales organisationnelles, stratégiques et de politique. Un cadre cohérent de gouvernance, composé d’institutions fortes soutenant la mise en œuvre des accords internationaux sur l’environnement et le développement durable est nécessaire, a précisé le représentant. Venant à la préparation de Rio+10, il a souhaité qu’elle soit effectuée par la Commission du développement durable sous la forme d’un processus de dialogue clair, impliquant les gouvernements, les ONG, le secteur privé et les autres groupes. Il a jugé particulièrement important de captiver l’imagination des jeunes et a encouragé les délégations à inclure des jeunes dans leurs rangs. Le représentant a aussi estimé que des réunions préparatoires régionales contribueront à faire ressortir la pertinence des solutions et des défis régionaux.

Il a estimé que le processus préparatoire devrait couvrir toutes les questions sectorielles abordées dans Action 21 en souhaitant que Rio+10 soit réservé aux questions intersectorielles, structurelles et stratégiques ainsi qu’à des questions nouvelles comme la sécurité humaine, l’eau douce, les minéraux et métaux, et les liens entre santé et environnement. En termes de résultats, le représentant a souhaité que Rio+10 ne porte pas sur la négociation d’un document de déclaration réaffirmant l’engagement collectif en faveur du développement durable. Des énoncés de politiques ne sauraient suffire au succès de la Conférence, a insisté le représentant avant d’exprimer l’avis selon lequel Rio +10 devrait se tenir dans un pays en développement pour raviver l’élan créé à Rio. Il a terminé en indiquant la détermination de son pays à participer activement à la mise en œuvre des décisions du Forum intergouvernemental sur les forêts et en espérant voir bientôt la création du Forum des Nations Unies sur les forêts.

M. CHARLES GOERENS, Ministre de l’environnement, de la coopération et de l’Action humanitaire du Grand-Duché du Luxembourg, a estimé que la revue qui aura lieu en 2002 “Rio +10” nous donnera l’occasion non pas de renégocier Action 21 mais d’analyser les résultats, les échecs et les retards dans sa mise en œuvre ainsi qu’à définir de nouveaux thèmes, de nouveaux défis qu’il s’agira d’intégrer dans les stratégies futures. Plus que jamais, a dit le représentant, les pays industrialisés doivent procéder à un réexamen de leurs schémas de production et de consommation afin de garantir un espace adéquat au développement durable des autres. Et plus que jamais, a-t-il ajouté, les pays en développement auront à garder du recul et à chercher à éviter la répétition d’un modèle de croissance économique occidental qui a mené à la détérioration de l’environnement mondial. Le Luxembourg continuera à augmenter régulièrement son APD au cours des prochaines années, de sorte à ce qu’elle atteigne 1% de son revenu national brut en 2005. Soulignant la nécessité d’assurer une bonne coordination et une bonne coopération entre l’ensemble des acteurs qui s’engagent dans le développement durable, le représentant a estimé qu’au sein des Nations Unies, la Commission du développement durable a un rôle important à jouer. Soulignant qu’elle est sensée faire le lien entre les différentes initiatives, le représentant a souhaité que la Commission fasse le lien entre le développement durable et la lutte contre les changements climatiques. Il a espéré, à cet égard, que les parties concernées seront en mesure de ratifier le protocole de Kyoto avant Rio+10. Il a rappelé que le Luxembourg s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 28% par rapport à leur niveau de 1990.

M. MILOS KUZVART, Ministre de l'environnement de la République tchèque, a estimé que le Sommet mondial du développement durable, ou Rio +10, ne devrait pas se tenir à New York, mais dans un pays en développement, de préférence en Afrique. Il est nécessaire de s'atteler d'ores et déjà aux préparatifs pour donner une orientation générale à la réunion. Ce travail pourrait par exemple prendre la forme d'une résolution de l'Assemblée générale. La République tchèque estime aussi qu'il faut tirer parti de l'élan des organisations non gouvernementales et de la société civile. Il est temps de demander à tous les acteurs de commencer les préparatifs de Rio +10. Dans ce contexte, le Ministre a appelé l'attention sur une initiative européenne importante, à savoir la Convention de Darus, adoptée il y a 2 ans au Danemark, qui met l'accent sur la participation de la base pour atteindre le développement durable.

La viabilité devrait pouvoir intégrer toutes les dimensions du développement durable, a poursuivi le Ministre. Les progrès enregistrés depuis 92 ne suffisent pas et une attention hautement prioritaire devrait être accordée à la réduction de la diversité biologique à tous les niveaux, ainsi qu'aux changements climatiques. Sur ce point, il a demandé aux Etats de ratifier le Protocole de Kyoto le plus rapidement possible. Une autre priorité est aussi l'importance de disposer d'indicateurs fiables sur le développement durable, a-t-il indiqué, avant de déclarer que "Rio +10" devrait donner lieu à une déclaration ferme qui pourrait prendre la forme de la Charte de la Terre, si elle est complétée d'ici là.

M. JURGEN TRITTIN, Ministre de l'environnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire de l'Allemagne, a estimé que la Conférence de Rio +10 devra se pencher en priorité sur les problèmes de la pauvreté et de l'environnement ainsi que de l’utilisation efficace des ressources. Il a déclaré que la communauté internationale doit faire en sorte d'atteindre son objectif de réduire de moitié le nombre des pauvres d'ici à 2015. Il faut également préserver les ressources tout en continuant à améliorer les conditions de vie des zones défavorisées. Il faudrait que la conférence qui se tiendra en 2002 soit l'occasion d'élaborer une stratégie énergétique mondiale durable.

Par ailleurs, le Ministre a estimé que ce sommet doit recevoir toute l'attention médiatique nécessaire pour que l'opinion publique prenne conscience qu'il s'agit d'un événement de la plus grande importance. Le Ministre a également insisté sur la participation du secteur privé, qui ne pourra prospérer si la société dans laquelle il vit s'écroule. Au vu des pressions qu'affronte le continent africain dans le domaine de l'environnement et du développement, l'Allemagne est d'avis que le Sommet devrait se dérouler dans cette région, et plus particulièrement en Afrique du Sud.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a déclaré que malgré les efforts, on n'est pas parvenu à avancer pour trouver des solutions aux problèmes du développement durable, qui continuent de s'accentuer dans les pays en développement. Pratiquement 10 ans après Rio qu'avons-nous à montrer au monde, s'est demandé le représentant. Selon lui, la bonne volonté témoignée a Rio et au sein de la CDD n'a pas permis de régler les problèmes. La mondialisation a entraîné une inégalité flagrante en ce qui concerne les ressources. C'est pourquoi, de son avis, le processus de mondialisation néolibéral ne peut conduire qu'à un désastre économique. Les pratiques commerciales et financières nuisibles actuelles ne permettent nullement d'atteindre le développement. La dette extérieure des pays en développement atteint désormais le chiffre inimaginable de 2 500 milliards de dollars. Cuba estime que pour préserver la vie sur la planète, il faut harmoniser les processus de développement.

C'est pourquoi, les engagements de Rio sont parfaitement valables et constituent une bonne base pour l'élaboration des politique de développement et des stratégies écologiques viables.

Les pays du Tiers Monde ont besoin de connaissances, de formation, de ressources humaines et de la mobilisation de toutes les capacités pour venir à bout des problèmes de l'environnement, a déclaré également le représentant. Tout cela demande des ressources financières et de bons transferts des technologies. La CDD doit confronter cette réalité si inégale. Si l'on veut que l'examen d'Action 21 soit un succès, il faut voir comment Action 21 a effectivement fonctionné, a conclu M. Cespedes avant d'ajouter qu'il n'admettra jamais qu'Action 21 soit remis en cause.

M. MICHAEL MEACHER, Ministre de l'environnement du Royaume-Uni, a déclaré que pour provoquer un réel changement au niveau politique, il faut organiser une réunion au niveau des chefs de gouvernement en 2002. Le représentant a proposé que cette réunion soit l'occasion de présenter des actions spécifiques : la ratification du Protocole de Kyoto, un programme d'action plus radical sur les pêcheries, la sécurité alimentaire, l'eau douce et les forêts. Troisièmement, a- t-il dit, nous devons renforcer la capacité institutionnelle des Nations Unies d'œuvrer pour le développement durable en l'intégrant à tous ses travaux.

M. Meacher a proposé que le thème de Rio plus 10 soit "la pauvreté, le développement et l'environnement". Il a insisté sur le fait que tous les pays devraient avoir mis en place une stratégie de développement durable d’ici à 2002 et l'avoir appliquée d'ici à 2005 afin que la tendance actuelle à une dégradation des ressources soit effectivement enrayée, aux niveaux national et international, d'ici à 2015. Le représentant a jugé essentiel que la société civile et le monde des affaires participent à la Conférence de Rio +10. Il a déclaré que son Gouvernement soutient la tenue de cette conférence en Afrique du Sud.

M. MAREK MICHALI, Sous-Secrétaire au Ministère de l'environnement, s'exprimant au nom de M. ANTONI TOKARCZUK, Ministre de l'environnement de la Pologne, a déclaré que l'examen de l'application des principes de Rio, dix ans après la conférence, devrait permettre de définir les progrès réalisés et les défis restants, les instruments disponibles, notamment financiers, et les possibilités d'en créer d'autres, ainsi que de mobiliser le soutien politique nécessaire. Le représentant a souligné qu'il ne convient pas de renégocier Action 21 mais que la révision du développement durable ne devrait pas être limitée au cadre d'Action 21. La conférence de Rio +10 devrait mettre l'accent sur l’élimination de la pauvreté, le changement des modèles de consommation et de production, ainsi que sur la question de l'énergie et celle des forêts. En plus de ces thèmes, il faudrait également discuter des biotechnologies, de la gestion des déchets, de la sensibilisation du public et du transfert de technologies respectueuses de l'environnement.

Les moyens d'inverser les tendances destructrices de l'environnement sont notamment l'amélioration de l'utilisation des ressources, la réduction des pressions de la croissance économique sur l'environnement, ainsi que l'amélioration de la qualité de la vie. Le représentant a plaidé pour une amélioration de la participation du public aux processus de décision et pour la mise en place de politiques démocratiques et transparentes par les gouvernements.

M. PHILIPPE ROCH (Suisse) a déclaré que le développement durable est un effort majeur qui implique d'une part, la synthèse des grands objectifs interdépendants de développement social, de protection de l'environnement et de développement économique et, d'autre part, l'intégration de tous les milieux concernés, autorités politiques, organisations non gouvernementales, milieux scientifiques et acteurs économiques. Il a déclaré que la lutte contre la pauvreté est une priorité absolue mais aussi une condition du développement durable et que, par conséquent, les agences et les banques de développement, l'aide bilatérale, les acteurs économiques et les gouvernements doivent accorder la priorité aux populations et aux pays les plus démunis. Il a ajouté par ailleurs que la protection de l'environnement, loin d'être un luxe, est la première ressource du développement. Dans ce domaine, des progrès ont été accomplis depuis la Conférence de Rio, notamment l'adoption d'un protocole sur la sécurité dans le domaine de la diversité biologique, le protocole de Kyoto sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre, la Convention de Bâle sur les déchets et d'importants progrès dans le domaine chimique.

Concernant la gestion de l'eau, il apparaît particulièrement nécessaire de prendre en considération des facteurs multiples tels que la protection des écosystèmes, forêts et zones humides, une répartition équitable et une gestion raisonnable des ressources disponibles. Dans le domaine des forêts, bien qu'une convention cadre et des programmes de gestion durable des forêts, adaptés aux conditions régionales et nationales devraient pouvoir être rapidement mis sur pied et fonder la base d'une coopération internationale efficace, le peu de progrès réalisé est navrant. Les accords internationaux dans le domaine de l'environnement sont encore trop faibles et trop peu opérationnels. Toutefois, il convient de défendre le mécanisme du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) qui a permis la mise des œuvres des principes contenus dans les conventions et ainsi des transferts de technologies et d'innovation. Il conviendra à l'avenir que les programmes de développement agricole, et également les programmes de développement économique, tiennent compte de l'ensemble des facteurs du développement durable. A cet égard, les organismes de coopération au développement, les banques de développement et les investisseurs privés doivent mieux coordonner leurs efforts et intégrer les facteurs sociaux, économiques et environnementaux du développement durable dans tous leurs projets. Il faut également prévoir à l'intérieur des mécanismes du marché des conditions cadres qui garantissent une meilleure répartition des bénéfices du développement et agir ensemble pour une globalisation du développement social et de la protection de l'environnement visant à combattre la sectorialisation de la mondialisation sur le seul plan économique.

La Conférence Rio +10 doit adopter un plan d'action, inspiré de l'Agenda 21, dont chaque élément tienne compte de manière intégrée du développement social, de la protection de l'environnement, et du développement économique. Ce plan doit se concentrer sur quelques priorités -- notamment la promotion du développement économique et la lutte contre la pauvreté, avec un engagement plus fort dans les domaines de l'énergie, du climat, de la protection et de la gestion durable de l'eau, de la diversité biologique, et de la forêt -- accompagnés d'un mécanisme de mise en œuvre et de contrôle. Il devra devenir la référence commune des grandes agences de l'ONU, des institutions de Bretton Woods, de l'OMC et des gouvernements. La Suisse propose de donner à Rio +10 le statut de Conférence mondiale rassemblant les Chefs d'Etat et de gouvernement plutôt que d'en faire une session spéciale de l'Assemblée générale, et de prendre des mesures afin de permettre la participation ample et active de la société civile, des organisations non gouvernementales, du secteur privé et des milieux scientifiques au processus préparatoire et à la Conférence mondiale.

M. CARVALHO, Vice-Ministre de l'environnement du Brésil, a rappelé que les réalisations obtenues à Rio en 1992 n'ont été possibles qu'à la faveur d'un engagement sans précédent de la communauté internationale, présente à son plus haut niveau de représentation. 2002 présente une excellente occasion d'évaluer la manière dont ces engagements ont été tenus ainsi que le chemin qui reste à parcourir. Rio fut un moment exceptionnel d'exercice de la démocratie dans les relations multilatéraleS et a laissé un patrimoine conceptuel riche reposant sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée qui a depuis guidé les discussions sur le développement durable. En plus des engagements internationaux pris à Rio, des instruments très utiles ont depuis été créés comme le Protocole de Kyoto et la Convention sur la désertification.

Pour le Brésil, l'examen de 2002 devrait être un exercice visant à renforcer les engagements politiques en tenant compte des aspects sociaux et économiques relatifs à l'environnement. Sans cela, le concept de développement durable deviendrait un modèle dépourvu de sens, a mis en garde le Vice-Ministre. Pour garantir que les travaux seront efficaces, il faut qu'ils soient précédés d'un processus préparatoire ouvert à tous les pays. Cela pourrait être mené à bien par la CDD ouverte à cette occasion à tous les Membres de l'Organisation. Ce faisant, on ne doit non plus oublier la contribution de la société civile. Pour réaliser les objectifs ambitieux, cet examen doit se tenir en dehors du Siège des Nations Unies et plus particulièrement dans un pays en développement, a également déclaré M. Carvalho, avant de proposer que cet événement se tienne à Rio de Janeiro.

M. MURAT MUSATAEV, Vice-Ministre aux ressources naturelles et à la protection de l’environnement du Kazakhstan, a proposé que le processus Rio+10 tienne compte de la nécessité de créer une liste des priorités fondée sur l’analyse du processus de Rio et sur le dialogue entre toutes les parties intéressées. Il a aussi souligné la nécessité de mener un examen du processus de Rio dans la région d’Asie centrale en créant des indicateurs de développement durable et en encourageant la participation des pays de la région dans la préparation du débat de la prochaine session de la Commission sur ”Les informations à l’intention des dirigeants”. Le représentante a également souhaité qu’un appui soit accordé à la région d’Asie centrale dans la mise en œuvre d’Action 21 aux niveaux régional et national. Il a conclu en proposant que le processus Rio+10 accepte l’approche de la sous-région d’Asie-Pacifique et une représentation d’Asie centrale à la Commission du développement durable.

M. BERNARD FAUTRIER (Monaco), constatant que lors de la Conférence Rio +5, il n’avait pas été possible de s’accorder sur une déclaration finale et que la très importante question des forêts n’avait pas non plus été tranchée, et que modalités de mise en œuvre du Protocole à la Convention Cadre sur les changements climatiques sont toujours en discussion aujourd’hui, a déclaré qu’il conviendrait qu’une réelle volonté politique commune se manifeste en 2002. Concernant la mise en œuvre du suivi des décisions de Rio, le représentant a insisté sur l’importance du phénomène régional dans l’établissement et la réalisation d’une stratégie de développement durable.

Monaco, Etat côtier de la Méditerranée, est particulièrement concerné par le développement harmonieux de cette région qui réunit autour d’une mer fermée, des pays développés, des économies en transition et des pays en développement groupés au sein de la Convention de Barcelone et du Plan d’Action pour la Méditerranée dans le but de préserver l’environnement, notamment en établissant des indicateurs du développement durable. Citant l’exemple de l’accord portant création d’un sanctuaire pour les mammifères marins signé entre la France, Monaco et l’Italie, le représentant a déclaré que la conservation et la gestion des ressources, notamment biologiques, n’est pas nécessairement une affaire de coopération Nord-Sud. Il a par ailleurs exprimé l’espoir que la revue de 2002 ne soit pas trop axée sur les seuls problèmes environnementaux, mais aborde notamment la question des finances, des investissements et du commerce, et la question du développement social qui est le second pilier d’un développement durable. Dans ce contexte, Monaco souhaite vivement que cette réunion Rio +10 ne se tienne pas dans le monde développé.

M. SONI KERAF, Ministre des affaires environnementales de l'Indonésie, a déclaré que depuis que les chefs d'Etat et de gouvernement ont adopté Action 21, son pays a procédé à plusieurs bilans des progrès dans l'application des recommandations de ce document. Ces bilans ont révélé qu'en dehors de certains progrès, la dégradation de l'environnement s'était poursuivie de plus belle en Indonésie. La conférence de 2002 devrait être l'occasion de réaliser un bilan de l'application générale des principes de Rio et il faudrait qu'elle obtienne la même mobilisation politique qu'il y a dix ans. Tous les grands groupes doivent également participer à cette réunion. En outre, il faut que le processus préparatoire à la conférence soit aussi large que possible et que tous les pays Membres des Nations Unies puissent y participer. Ce processus doit se dérouler aux niveaux régional et international mais aussi et surtout au niveau national et local.

Le représentant a appelé la CDD à s'inspirer des résultats des discussions formelles et informelles tenues dans le cadre du segment de haut niveau pour prononcer une série de recommandations sur la nature, le format et la portée de la conférence de Rio +10. Il s'est prononcé pour la pleine application d'Action 21 et contre la renégociation des principes et des programmes qui ont fait l'objet d'accords dans ce cadre. Le représentant a suggéré que la conférence de Rio +10 se tienne dans un pays en développement, de préférence en Asie.

M. MYUNG-JA KIM, Ministre de l’environnement de la République de Corée, a proposé comme thème de Rio+10 “Le développement durable dans l’ère de la mondialisation” en jugeant nécessaire que la réunion se concentre sur les défis économiques, sociaux et environnementaux dans un monde en mutation rapide influencé largement par la mondialisation. L’ordre du jour de Rio+10 devrait donc mettre en bonne place des questions telles que la croissance économique durable, les ressources financières et les technologies de l’information et des communications. Le représentant a en outre souhaité que Rio+10 se déroule sous la forme d’un Sommet mondial au plus niveau de participation et qu’elle aboutisse à l’adoption d’une Déclaration et d’un programme d’action pour dix ans. Le représentant a aussi appuyé l’idée que Rio +10 se déroule dans un pays en développement en indiquant la volonté de son pays d’en être l’hôte.

M. KJELL LARSSON, Ministre de l'environnement de la Suède, a estimé que les activités en faveur du développement durable sont bien réelles et peuvent inspirer la confiance. Toutefois les problèmes terribles qui subsistent, notamment la dégradation de l'environnement, sont aussi des sources de préoccupation. C'est pourquoi, il faut veiller à ce que l'examen d'Action 21 soit transparent et honnête. Pour qu'il en soit ainsi, il faut une forte mobilisation à tous les niveaux. Le moment est venu notamment pour que la génération des jeunes soit invitée à cette entreprise. La société civile doit aussi participer activement au processus de 2002 et tant les Nations Unies que les Etats Membres doivent lancer des projets pilotes associant tous les acteurs.

Le Sommet de 2002 devra explorer les liens entre la pauvreté et l'environnement et proposer des mesures concrètes pour garantir entre autres une stabilité financière mondiale, a également estimé le Ministre. Pour ce qui est des questions sectorielles, telles que l'eau potable et l'énergie, il a souhaité que l'examen de 2002 permette de prendre des actions urgentes. Cet événement devrait, selon lui, se tenir dans un pays en développement et il semble que l'Afrique du Sud soit particulièrement appropriée pour l'accueillir. L'expérience de Rio montre que la fragmentation actuelle de la structure institutionnelle mondiale du développement durable ne sert pas les objectifs et les intérêts communs et c'est pourquoi le Ministre a également appelé à une réforme de cette structure de manière à la rendre plus cohérente et plus efficace.

M. DANILOV-DANILIAN (Fédération de Russie) a déclaré la prochaine Conférence Rio +10 sur l'environnement pourrait se tenir en Asie. Il a cependant suggéré qu'un groupe de travail se penche sur la question et rendre ses conclusions à la fin de la session. Le représentant a estimé que pour réaliser des idées anciennes, il faut en premier lieu démontrer une volonté politique, déployer des arguments nouveaux en faveur du développement durable en mobilisant le milieu scientifique, en élaborant des indicateurs de l'activité économique et de son impact sur les problèmes écologiques.

Dialogue interactif

Initiant le dialogue, le Président de la Commission, M. JUAN MAYR MALDONADO (Colombie), a demandé aux intervenants de tenter d'identifier la forme que devraient prendre les instances préparatoires de la Conférence "Rio+10".

La représentante du Mexique a insisté sur l'importance de trouver une dénomination pour cet événement qui témoigne bien de tous les enjeux. La réunion devra aussi être tournée vers l'avenir. Elle devra en outre insister sur la question des indicateurs et garantir qu'en 2002 tous les instruments internationaux comme le Protocole de Kyoto, la Convention sur la biodiversité et celle sur la biosécurité soient entrés en vigueur. Il faudra aussi définir un instrument sur les forêts. L'objectif doit être de trouver des mécanismes et des synergies entre les Conventions. La représentante a demandé au Secrétaire général de nommer un groupe de personnes expertes pour qu'il y ait un leadership pleinement consacré à la préparation de cet événement. Pour sa part, la représentante de l'Argentine a insisté sur l'importance de l'éducation des générations futures, qui devrait donc constituer un thème central de conférence. Le représentant des Pays-Bas a rappelé que les possibilités offertes par Rio ont été saisies par certains mais pas par tous. Il y a par exemple stagnation complète en ce qui concerne la pauvreté et nous devrions tous avoir honte de cette situation. Pourquoi en dépit de la mondialisation, les chances n'ont pas été mises à la disposition de ceux qui en ont le plus besoin, s'est interrogé le représentant. Le Sommet doit donc, selon lui, aussi être une conférence sur la qualité de la vie, qui inclut la manière dont on traite la terre. Il s'est opposé à un processus de pré-négociation qui donne toujours des résultats désastreux. Il faudrait plutôt que le Sommet se fasse sur la base de documents d'information et non de textes prénégociés. De cette manière, le texte final adopté reflèterait bien la teneur des discussions.

Le représentant du Danemark a déclaré qu'il faut procéder à une évaluation avant la conférence d'examen de 2002 et non pas pendant. Malgré la persistance de nombreux problèmes, le processus de Rio ne peut être considéré comme un échec mais plutôt comme un processus ayant manqué de force. Il a estimé que la question de la mondialisation doit conduire à un compromis mondial car les pays riches doivent à présent s'engager à entreprendre des actions destinées à améliorer la condition des pays pauvres. La représentante de la Nouvelle-Zélande a déclaré que sans le consentement et la participation des populations dès le départ du processus, les mesures en vue du développement durable ne pourront être appliquées efficacement. Elle a souligné qu'il faudra pour ce faire organiser des réunions dans des cadres différents de celui des Nations Unies. Par ailleurs, elle a souligné que le processus préparatoire doit être coordonné de façon à pouvoir travailler aux niveaux régional et sous-régional. Elle a ajouté que l'examen de 2002 devra être préparé et non pas pré-organisé. La représentante de la France a également estimé qu'il faudra trouver de nouvelles manières de mobiliser les citoyens et de les impliquer dans l'application du développement durable. Pour les opinions publiques, l'enjeu de l'examen en 2002 est de « gouverner » la mondialisation pour le développement durable. Un autre vrai problème est l'application des règles internationales en matière de développement durable avec autant de force que celles de la mondialisation. L'équité internationale est également un défi. La représentante a jugé nécessaire de reposer la question de l'Aide publique au développement ainsi que celle des règles de l'investissement.

Le Président de la Commission, M. JUAN MAYR MALDONADO (Colombie) a estimé qu'il faudra faire preuve de créativité dans le processus préparatoire afin de préparer le succès de Rio +10.

Le représentant de la Bolivie a jugé difficile de déterminer par avance les thèmes de la Conférence de 2002. La participation de la société civile doit être réelle et ouverte, a-t-il préconisé. Il a ajouté que le processus préparatoire doit bénéficier du plein appui politique et financier des organisations internationales et régionales. Le représentant s'est dit en faveur de la proposition du Brésil d'accueillir la conférence d'examen en 2002. La représentante d'une association mondiale de la jeunesse a souligné que les jeunes ont le droit de s'occuper de tous les problèmes du développement durable. Il a notamment demandé aux gouvernements d'encourager les ONG de jeunes actives dans le domaine du développement durable et d'inclure les représentants des jeunes dans les délégations gouvernementales qui seront présentes au sommet 2002. Le représentant de l'Egypte a fait observer que les gouvernements doivent éviter d'aborder un trop grand nombre de thèmes. Le chef du Département des affaires économiques et sociales pourrait se charger de la préparation de la conférence au sein du Secrétariat des Nations Unies, a-t-il suggéré. La représentante de l'Afrique du Sud a déclaré qu'aucune décision n'a encore été prise dans le Groupe des 77 au sujet du lieu de la conférence d'examen de 2002. Elle s'est demandé si la délégation de l'Argentine s'était exprimée au nom du G77 en déclarant sa sympathie pour la proposition du Brésil d'accueillir la conférence. La représentante a estimé que l'approche holistique devra rester une priorité et qu'il ne faut en tout cas pas renégocier Action 21. La représentante de l'Argentine a expliqué que, dans le contexte de la déclaration du représentant du Nigéria au nom du Groupe des 77 et de la Chine, précisant que le pays en développement où pourrait être organisé la conférence de Rio +10 serait déterminé au sein du G77, sa délégation avait exprimé sa sympathie pour la candidature du Brésil. Il est entendu que c'est le G77 qui décidera, a-t-elle précisé. Le représentant du Guyana a déclaré que les délibérations ne doivent pas être un événement unique mais plutôt une étape du processus d'évaluation d'Action 21. Il faut examiner les obstacles systémiques à la mise en œuvre d'Action 21. Les progrès sur le plan écologique ont été supérieurs aux progrès sur les plans économiques et sociaux. Le représentant du Honduras a souligné l'importance du processus Rio +10 pour les pays d'Amérique centrale qui ont récemment fait face à des catastrophes naturelles très graves. Tous les pays doivent avoir des stratégies nationales pour le développement durable. Une des choses fondamentales est la réalisation des engagements en matière de développement durable, qui va au-delà de l'environnement et des secteurs économiques et sociaux. Il convient également de prendre en compte le facteur culturel qui peut faire le lien entre environnement et développement durable. Il faut aussi s'efforcer d'intégrer pleinement le commerce comme l'un des éléments fondamentaux du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.

Le représentant des Etats-Unis a jugé prématuré de parler de consensus sur les points abordés durant cette réunion. Pour les Etats-Unis, il ne fait guère de doute que la pauvreté et la dégradation de l'environnement sont liés. Mais ils estiment aussi qu'il faut examiner la question de la réforme en profondeur des institutions du développement durable, qui pour l'heure sont trop nombreuses et inefficaces. Si l'on veut relever les défis du XXIème siècle, il faudra aussi s'attaquer honnêtement à cette question. Le représentant de la Belgique a déclaré que l'ambition de la réunion de 2002 est de montrer que l'activité économique, si elle prend en compte les points de vue sociaux et environnementaux, peut avoir un sens aux yeux de la population mondiale. Dans la même veine, le représentant du Soudan a estimé qu’il faut permettre aux jeunes du Sud de participer aux activités de Rio +10.

Au nom d'une ONG, un participant a déclaré que le monde a beaucoup changé depuis 1992 et que les effets de la mondialisation sont l'un des éléments fondamentaux à examiner. Le sommet devrait se concentrer sur l'élimination de la pauvreté mais ne pas omettre non plus la question de schémas de production et de consommation durables. Il faudrait établir des objectifs à ce sommet et outre le projet de ratifier le Protocole de Kyoto il faudrait aussi que la convention sur la biosécurité soit ratifiée par tous. Les évaluations nationales doivent se faire, elles, avec tous les grands groupes et l'évaluation finale de la CDD doit avoir lieu suffisamment à l'avance, par exemple en janvier 2002.

Documentation

Dans son rapport sur les vues et suggestions préliminaires concernant les préparatifs de l'examen décennal de l'application des résultats de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (E/CN.17/2000/15), le Secrétaire général rappelle qu'à la 19ème session extraordinaire que l'Assemblée générale des Nations Unies a tenue en 1997 pour procéder à l'examen quinquennal d'ensemble de l'application des résultats de la Conférence de Rio, les gouvernements se sont engagés à faire en sorte qu'il puisse être fait état de progrès quantifiables plus importants sur la voie du développement durable lors de l'examen décennal. Pour faciliter cet examen prévu en 2002, le Secrétaire général présente un rapport préliminaire contenant des suggestions relatives à la forme, à la portée et à la nature des préparatifs de l'examen décennal et prenant en compte les vues exprimées par les Etats Membres sur la question.

Selon les diverses propositions formulées par les gouvernements, le Secrétaire général estime que l'examen de 2002 pourrait prendre la forme soit d'une conférence ministérielle comportant un débat au sommet entre chefs d'Etat et de gouvernement; soit d'une conférence mondiale au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement; soit d'une conférence où la participation serait assurée au moins au niveau ministériel; soit d'une conférence mondiale au sommet sur le développement durable; ou encore d'une conférence mondiale sur le développement durable. La plupart des gouvernements estiment que l'examen de 2002 devrait se tenir ailleurs qu'au Siège de l'ONU, de préférence dans le monde en développement. Il a été proposé en particulier de l'organiser en Afrique ou en Asie et de le tenir en juin afin de le faire coïncider avec le dixième anniversaire de la Conférence de Rio. De nombreux gouvernements ont souligné qu'il importe d'instaurer un dialogue constructif entre tous les partenaires de la société civile.

Concernant la portée de l'examen, de nombreux gouvernements ont souligné qu'on devrait se concentrer sur l'examen et l'évaluation critique d'Action 21, à tous les niveaux - local, national, régional et international.

Nombre de gouvernements ont aussi souligné qu'il fallait clairement définir les objectifs de l'examen de 2002. Parmi les objectifs à réaliser, on peut notamment citer : procéder à l'analyse critique et approfondie des progrès réalisés en matière de développement durable à tous les niveaux, par les gouvernements et toutes les autres parties intéressées; recenser les nouveaux problèmes et définir de nouvelles priorités d'action; appuyer les initiatives visant à honorer les engagements pris à Rio et à mettre ne pratique la notion de développement durable; et adopter des mesures pour assurer le suivi effectif et efficace de l'examen décennal. Pour réaliser ces objectifs, il faudrait notamment tenir compte des aspects économiques et sociaux du développement durable. La question de la réduction de la pauvreté devrait dans ce contexte être au centre des débats. Il faudrait également s'assurer que les pays, comme ils en étaient tous bien convenus, ont réalisé l'objectif touchant l'adoption d'une stratégie nationale de développement durable d'ici à 2002.

Le Secrétaire général envisage ensuite les différents préparatifs, tant aux niveaux national et régional qu'au niveau intergouvernemental, à prévoir pour permettre à cet examen de déboucher sur des mesures concrètes, contribuer à régler les problèmes et jeter les bases de l'action future.

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