AG/1007

LE SECRETAIRE GENERAL PRESENTE UN PLAN D'ACTION POUR LE XXIE SIECLE QUI APPELLE A FAIRE DE LA MONDIALISATION UNE FORCE POSITIVE POUR TOUS

3 avril 2000


Communiqué de Presse
AG/1007


LE SECRETAIRE GENERAL PRESENTE UN PLAN D'ACTION POUR LE XXIE SIECLE QUI APPELLE A FAIRE DE LA MONDIALISATION UNE FORCE POSITIVE POUR TOUS

20000403

Il fixe des objectifs précis en matière de réduction de la pauvreté et du sida, d'éducation, de renforcement de la sécurité et de protection de l'environnement

Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a appelé, ce matin, les gouvernements du monde entier à faire en sorte que tous les peuples de la planète puissent profiter des bienfaits de la mondialisation. Présentant devant l'Assemblée générale son rapport du millénaire, le Secrétaire général a résumé les principaux problèmes auxquels le monde devra faire face au cours du prochain millénaire et a proposé un plan visant à guider l'action de la communauté internationale face à ces défis. "L'enjeu fondamental de notre époque est la transformation de la mondialisation en quelque chose de plus que l'existence de marchés plus étendus. Pour que ce grand bouleversement soit un bienfait, il nous faut apprendre à mieux gouverner et surtout à mieux gouverner ensemble", a déclaré M. Annan.

Soulignant le droit de chaque être humain de vivre à l'abri du besoin et de la peur, et le droit, pour les générations à venir, d'hériter d'une planète où elles pourront survivre, le Secrétaire général a engagé les Etats à redoubler d'efforts pour éliminer la pauvreté et les inégalités, améliorer l'éducation, augmenter la sécurité, réduire l'impact du virus HIV/sida et protéger l'environnement. Parmi les objectifs à poursuivre pour inverser les tendances effrayantes dans ces domaines, le Secrétaire général recommande que des mesures soient prises pour diminuer de moitié, d'ici à 2015, la proportion de l'humanité qui vit dans des conditions d'extrême pauvreté. Il propose de faire en sorte que, d'ici à 2015, tous les enfants reçoivent une éducation primaire et la suivent jusqu'au bout, pour réduire de 25 % d'ici à 2010 le taux d'infection par le VIH/sida chez les jeunes. "Ces objectifs sont réalistes, si nous tirons pleinement parti des possibilités qu'offrent la mondialisation et la révolution des techniques informatiques", a estimé M. Annan. A cette fin, le Secrétaire général engage les pays riches à ouvrir davantage leurs marchés aux produits des pays en développement, à offrir un allègement de la dette plus rapide et plus important, et une aide au développement plus généreuse et mieux ciblée.

M. Annan a aussi mis l'accent sur l'importance de former de nouveaux partenariats qui permettent de tirer le meilleur parti des technologies nouvelles, et a annoncé, dans ce contexte trois initiatives : la création d'un réseau de 10.000 sites Internet qui donneraient aux hôpitaux et dispensaires dans les pays en développement accès aux informations et aux ressources en matière de santé; la création d'un consortium d'associations bénévoles qui formerait des groupes de personnes dans les pays en développement à l'utilisation et aux applications de l'informatique. La troisième initiative, dirigée par Ericsson, l'une des plus grandes sociétés internationales dans le domaine des télécommunications, permettrait d'assurer sans interruption les communications dans des régions frappées par des catastrophes naturelles.

Le Secrétaire général engage, en outre, les pays à prévenir la menace de conflits meurtriers à chaque étape de leur formation, estimant qu'aujourd'hui, la sécurité doit être conçue comme étant la protection des individus. "La meilleure façon de prévenir les conflits est de promouvoir des arrangements politiques auxquels tous les groupes sont équitablement représentés et parallèlement, d'assurer le respect des droits de l'homme et des droits des minorités, et de promouvoir un développement économique largement participatif", a affirmé le Secrétaire général, en appelant également l'attention sur la menace de la prolifération des armes légères et des armes nucléaires. M. Annan a aussi demandé aux Etats de renforcer la capacité de l'ONU de mener des opérations de paix.

Au chapitre de l'environnement, le Secrétaire général a souligné la gravité de la situation actuelle. "Nous sommes en train de piller l'héritage de nos enfants pour financer les pratiques incompatibles avec un développement durable qui sont les nôtres aujourd'hui... La terre ne nous appartient pas. Ce trésor qui nous a été légué, nous sommes tenus de le transmettre à notre tour à nos descendants", a observé M. Annan. Dans son rapport, le Secrétaire général détaille les menaces multiples dans le domaine de l'environnement et appelle à l'édification de nouvelles règles éthiques pour ménager la planète.

Pour contribuer utilement à résoudre ces problèmes, l'ONU doit être forte et efficace. Le Secrétaire général a rappelé ce matin que l'ONU est au service des peuples du monde qu'elle se doit d'écouter. Dans son rapport, M. Annan propose de poursuivre la réforme des structures de l'Organisation et de tirer le meilleur parti des nouvelles technologies de l'information. Il souligne que pour relever les défis du XXIe siècle, l'ONU a besoin du consensus des Etats Membres quant aux domaines d'action prioritaires et d'un contrôle moins pointilleux de sa gestion quotidienne.

Le rapport du Secrétaire général sera examiné par les chefs d'Etat et de gouvernements réunis à l'occasion du Sommet du millénaire du 6 au 8 septembre 2000. Ce rapport sur le rôle de l'ONU au XXIe siècle est le plus important jamais publié sur la question. Il contient une série d'objectifs et d'initiatives précises que M. Annan soumet aux dirigeants mondiaux en tant que matière à réflexion et à débat.

Allocution du Secrétaire général

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies : Le passage d'un millénaire à l'autre aurait pu n'être qu'un caprice du calendrier; mais vous, gouvernements et peuples de la Terre, vous avez voulu que ce soit davantage : un moment de joie et un moment de réflexion. Quant à vous, Assemblée générale, vous avez donné à chacun de nous une occasion exceptionnelle de réfléchir à notre destinée commune en organisant une rencontre de responsables politiques qui sera sans aucun doute la plus grande que le monde ait jamais connu. Mon rapport est destiné à offrir à toutes ces personnalités réunies matière à réflexion et à débat. Je me suis efforcé d'y cerner les principaux problèmes que nous devons nous préparer à trouver sur notre chemin dans le XXIème siècle et j'ai voulu y esquisser un plan qui pourrait guider notre action face à ces défis.

S'il est un mot qui résume à lui seul toutes les transformations auxquelles nous assistons, c'est le mot "mondialisation". Si la mondialisation n'est pas sans danger, ses bienfaits ne sont pas moins évidents : accélération de la croissance, relèvement du niveau de vie et nouvelles possibilités pour les individus et les nations. L'ennui, c'est que pour le moment les possibilités sont loin d'être partagées de façon égale. Comment pourrait-on prétendre que la moitié de l'humanité qui n'a jamais utilisé un téléphone, encore moins un ordinateur, prend part à la mondialisation ? L'enjeu fondamental de notre époque est donc de transformer la mondialisation en quelque chose de plus que l'existence de marchés plus étendus. Pour ce faire, il nous faut apprendre à mieux gouverner et surtout mieux gouverner ensemble.

J'ai regroupé les problèmes mondiaux à régler sous trois rubriques : le droit de vivre à l'abri du besoin, le droit de vivre libéré de la peur et le droit, pour les générations à venir, d'hériter d'une planète où elles pourront survivre. Comment pouvons-nous prétendre que les êtres humains sont libres et égaux en dignité, alors que plus d'un milliard d'entre eux se démènent pour survivre avec moins d'un dollar par jour ? Pendant que certains d'entre nous se débattent avec l'ordinateur dernier cri qu'ils n'arrivent pas à maîtriser, plus de la moitié des hommes et des femmes avec lesquels nous partageons cette planète se demandent où trouver la nourriture pour le prochain repas de leurs enfants. C'est en Afrique subsaharienne que nombre de ces problèmes se posent de la manière la plus aiguë et je lance un appel à la communauté mondiale pour qu'elle s'occupe tout particulièrement des problèmes de l'Afrique et qu'elle apporte aux Africains toute l'aide possible dans la lutte qu'ils mènent pour surmonter ces difficultés.

Je suis persuadé que nous pouvons, dans les 15 ans qui viennent, réduire de moitié la proportion de l'humanité qui vit dans des conditions d'extrême pauvreté; parvenir à ce que tous les enfants, filles et garçons, reçoivent une éducation primaire et la suivent jusqu'au bout; et stopper la progression du VIH/sida. En 20 ans, nous pouvons aussi transformer la vie de 100 millions de personnes qui habitent des taudis de par le monde. Et j'estime que nous devrions pouvoir offrir à tous les jeunes de 15 à 24 ans la possibilité de trouver un emploi convenable. Ces objectifs sont réalistes, si nous tirons pleinement parti des possibilités qu'offrent la mondialisation et la révolution des techniques informatiques. Les pays en développement doivent adopter les politiques qui conviennent, mais le monde

industrialisé doit ouvrir entièrement ses marchés aux produits des pays en développement. Il doit offrir un allègement de la dette qui soit beaucoup plus rapide et important et donner une aide au développement qui soit plus généreuse et mieux ciblée. Le rôle du secteur privé est lui aussi crucial et il est essentiel que nous formions de nouveaux partenariats pour tirer le meilleur parti des technologies nouvelles. J'annonce à cet égard la création d'un réseau de 10 000 sites Internet qui donneraient aux hôpitaux et dispensaires dans les pays en développement accès aux informations et aux ressources dont ils ont besoin dans le domaine de la santé. La deuxième initiative est un consortium d'associations bénévoles au fait des techniques de pointe dans les pays industrialisés, qui formerait des groupes de personnes dans les pays en développement à l'utilisation et aux applications de l'informatique. La troisième est une initiative permettant d'assurer sans interruption les communications dans des régions frappées par des catastrophes naturelles.

Un monde libéré de la peur. La menace des guerres internes, qui ont fait plus de 5 millions de victimes ces 10 dernières années, et celle des armes de destruction massive, nous obligent à concevoir la sécurité non plus comme étant simplement la défense d'un territoire, mais bien plus comme étant la protection des individus. Nous devons nous attaquer à la menace des conflits à chaque étape de leur formation. La meilleure façon pour cela est de promouvoir des arrangements politiques où tous les groupes sont équitablement représentés; d'assurer le respect des droits de l'homme et des droits des minorités; et de promouvoir un développement économique largement participatif. Nous devons protéger les personnes vulnérables en trouvant de meilleurs moyens de faire respecter le droit humanitaire et les normes relatives aux droits de l'homme et de veiller à ce que les violations les plus graves ne restent pas impunies. La souveraineté nationale ne doit pas servir à protéger les crimes contre l'humanité; dans certaines situations extrêmes, il peut être nécessaire de choisir entre la notion de souveraineté et l'impératif humanitaire; et le Conseil de sécurité peut avoir l'obligation morale d'intervenir. Il faut aussi que nous renforcions notre capacité de mener des opérations de paix et sur ce point l'Assemblée du millénaire sera saisie de recommandations distinctes. Il nous faut également mieux cibler les sanctions économiques et enfin poursuivre plus vigoureusement notre programme de désarmement. Je propose que l'on envisage sérieusement d'organiser une conférence internationale élargie afin d'inventorier les moyens d'éliminer les dangers nucléaires de toutes sortes.

Le troisième droit fondamental, celui d'hériter d'une planète où les générations à venir pourront vivre, n'est pas clairement défini dans la Charte, pour la simple raison que les fondateurs de l'Organisation ne pouvaient guère imaginer en 1945 qu'il serait jamais menacé. A ce jour même, nombre d'entre nous ne comprennent pas la gravité du péril pesant sur ce droit. Les faits recensés dans ce chapitre de mon rapport devraient nous préoccuper au plus au point et je vous conjure d'y prêter au moins autant d'attention qu'au reste, car nous sommes en train de piller l'héritage de nos enfants. Cela doit cesser et nous devons réduire les émissions de gaz carbonique et autres afin de mettre fin au réchauffement de la planète. Il nous faut entreprendre une "révolution bleue" ayant pour objet d'accroître la productivité par unité d'eau et d'assurer une gestion plus avisée de

nos bassins versants et de nos plaines alluviales. J'entends réunir un groupe d'étude chargé d'examiner l'incidence des biotechnologies à l'échelon mondial et de se prononcer sur les mesures à prendre afin d'éviter que les pauvres et les affamés ne soient laissés pour compte. Ce qu'il nous faut, en somme, c'est une nouvelle éthique de sauvegarde du patrimoine naturel.

Pour ce qui est de notre Organisation, n'oublions pas que l'ONU n'importe que dans la mesure où elle peut utilement contribuer à résoudre les problèmes et à accomplir les tâches dont je viens de parler. L'utilité de l'ONU sera jugée à l'aune de l'action que nous mènerons pour y faire face. N'oublions jamais que notre Organisation a été fondée au nom des peuples et que nous sommes à leur service. Nous nous devons de les écouter et ils nous disent que nous devons faire plus et le faire mieux.

Rapport du Secrétaire général en vue de l'Assemblée du millénaire : "Nous, les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle" (A/54/2000)

L'arrivée du nouveau millénaire et la tenue du Sommet du millénaire offrent une occasion unique de faire le point et de réfléchir au rôle que l'Organisation des Nations Unies est appelée à jouer au XXIe siècle. Cela exige que l'on prenne du recul et que l'on examine l'état du monde et la place de l'Organisation, à plus long terme et dans une perspective plus vaste, estime le Secrétaire général dans le chapitre introductif de son rapport sur le rôle de l'ONU au XXIe siècle. Le Sommet du millénaire offre aux dirigeants de la planète une occasion unique de remodeler l'Organisation pour en faire un véritable instrument de changement capable d'améliorer la vie des gens dans le monde entier au cours du siècle qui commence. Avec pour objectif d'alimenter la réflexion et de stimuler le débat, le rapport aborde certains des problèmes les plus pressants auxquels les peuples du monde doivent faire face et qui relèvent de la compétence de l'Organisation, propose aux Etats Membres des priorités à envisager et contient des recommandations sur les mesures qui pourraient être prises lors du Sommet. Toutes ces propositions, souligne le Secrétaire général, s'inscrivent dans le contexte de la mondialisation, laquelle doit devenir une force positive pour tous les peuples du monde et servir à bâtir un avenir meilleur pour l'humanité entière, dans toute sa diversité.

Mondialisation et gouvernance

Les bienfaits de la mondialisation sont évidents : croissance plus rapide, niveau de vie plus élevé, meilleures perspectives d'avenir. Toutefois, nous assistons à un retour de bâton, qui s'explique par le fait que ces fruits sont inégalement répartis et que les lois qui régissent le fonctionnement des marchés mondiaux ne sont pas compensées par la poursuite d'objectifs communs dans le domaine social. Nous vivons aujourd'hui dans une société mondiale, et s'adapter à ce changement est le principal défi que doivent relever les dirigeants de la planète. Si nous voulons que la mondialisation tienne ses promesses tout en nous préservant de ses effets néfastes, nous devons apprendre à gouverner mieux, et à gouverner mieux ensemble, affirme le Secrétaire général. Gouverner ensemble ne signifie pas instaurer un gouvernement mondial, ni abolir les Etats-nations. Au contraire, les Etats doivent être affermis, et tirer leur force les uns des autres

en agissant ensemble au sein d'institutions communes fondées sur des règles et valeurs partagées. Ces institutions doivent refléter les réalités de notre temps, y compris en ce qui concerne l'équilibre des forces dans le monde. Elles doivent aussi offrir une tribune où les Etats peuvent coopérer avec des acteurs non étatiques, notamment avec les entreprises mondiales. Le contexte planétaire plus intégré exige également une plus grande cohérence des politiques. L'architecture financière internationale doit être renforcée, tout comme le régime des échanges multilatéraux. Dans bien des cas, l'action des institutions devra en outre être complétée par celle de réseaux mondiaux plus souples, capables de répondre plus rapidement à des priorités changeantes.

Les disparités de revenus criantes, les conditions misérables dans lesquelles vivent plus d'un milliard de personnes, l'existence de conflits endémiques dans certaines régions et la dégradation rapide du milieu naturel sont autant de symptômes qui montrent que le modèle de développement actuel n'est pas viable, et qu'il faut prendre des mesures pour le corriger. C'est aussi ce qu'ont confirmé les résultats du plus vaste sondage d'opinion jamais réalisé qui a été récemment effectué sur six continents. Le Secrétaire général identifie trois grandes catégories de défis à relever. Deux de ces catégories, souligne-t-il, sont les buts originaux de l'ONU que nous n'avons toujours pas réalisés : vivre à l'abri du besoin et à l'abri de la peur. La troisième catégorie - léguer aux générations futures un avenir viable sur le plan de l'environnement - constitue l'un des défis les plus redoutables.

Vivre à l'abri du besoin

Le Secrétaire général recommande que des mesures soient prises pour diminuer de moitié, d'ici à 2015, le nombre de personnes vivant dans le dénuement, et ce dans toutes les régions du monde. Cet objectif n'est pas hors d'atteinte, estime le Secrétaire général qui attire l'attention sur un certain nombre de domaines dans lesquels il faut agir. Ainsi, le seul espoir de pouvoir réduire notablement la pauvreté est de parvenir à diversifier et à accroître les revenus. Les Etats doivent faire en sorte de réaliser une croissance durable et veiller à ce que les populations de tous les pays en développement tirent profit de la mondialisation. Il faut créer des possibilités pour les jeunes. A cette fin, le Secrétaire général exhorte les participants au Sommet du millénaire à adopter les objectifs qui consistent à réduire tangiblement d'ici à 2005 l'écart entre les garçons et les filles aux niveaux primaire et secondaire et à faire en sorte que, d'ici à 2015, tous les enfants aient achevé leur éducation primaire. Il faut aussi trouver les moyens de créer pour les jeunes des emplois décents. A cet égard, le Secrétaire général indique qu'en accord avec les responsables de la Banque mondiale et de l'Organisation internationale du Travail, il a décidé de constituer un réseau de réflexion de haut niveau sur le chômage des jeunes qui fera appel aux dirigeants les plus créatifs de l'industrie privée, de la société civile et des milieux économiques afin de trouver des moyens originaux de résoudre ce problème difficile.

En ce qui concerne la promotion de la santé et la lutte contre le VIH/sida, le Secrétaire général recommande de se fixer pour but de réduire le taux d'infection par le VIH chez les 15 à 24 ans de 25 % avant 2005 dans les pays les plus touchés et de 25 % avant 2010 dans le monde entier. Il recommande en outre à cette fin que les gouvernements se fixent des buts de prévention explicites et fassent notamment en sorte qu'en 2005, 90 % au moins des jeunes aient accès à

l'information, à l'éducation et aux services dont ils ont besoin pour se protéger contre le VIH et qu'en 2010, cette proportion soit portée à 95 %. Il exhorte les pays développés à s'employer avec leur industrie pharmaceutique et d'autres partenaires à mettre au point un vaccin contre le VIH qui soit à la fois efficace et d'un coût abordable.

Le Secrétaire général appuie fermement le plan de lutte contre les taudis et bidonvilles lancé en 1999 qui vise à améliorer les conditions de vie des 100 millions d'habitants des bidonvilles d'ici à 2020, et demande à tous les Etats Membres d'y souscrire et d'y donner suite. Pour ce qui est de l'intégration de l'Afrique, le Secrétaire général en appelle aux experts et aux fondations philanthropiques pour qu'ils trouvent des solutions à la faiblesse des rendements agricoles en Afrique. Il exhorte aussi les gouvernements des pays africains à s'employer, en priorité, à réduire la pauvreté, et le reste du monde à les y aider. Au titre de la cybercoopération, le Secrétaire général souligne que les nouvelles technologies offrent aux pays en développement une possibilité sans précédent de brûler les étapes du développement. Tous les efforts doivent donc être faits pour permettre au plus grand nombre d'avoir accès aux nouveaux réseaux informatiques. Partant, le Secrétaire général invite les Etats Membres à revoir leurs politiques et leurs arrangements dans ce domaine afin que leurs peuples puissent réellement bénéficier de la révolution numérique. Dans ce contexte, il annonce le lancement d'un "centre télémédical". Dans le cadre cette initiative, 10.000 sites électroniques seront ouverts dans des hôpitaux, des dispensaires et des centres de santé publique, dans les pays en développement; l'objectif étant de donner accès aux données sanitaires et médicales les plus récentes. Le Secrétaire générale annonce aussi une autre initiative de coopération dans le domaine des technologies de l'information, intitulée "UNITES" pour United Nations Information Technology Service. Il s'agira d'un groupement d'associations bénévoles, au nombre desquelles Net Corps Canada et Net Corps America, dont la coordination sera assurée par les Volontaires des Nations Unies, et qui interviendra dans les pays en développement pour former des groupes de personnes à l'utilisation et aux applications des technologies de l'information. Enfin, faisant appel à la solidarité mondiale, le Secrétaire général engage instamment les pays industrialisés à ouvrir davantage leurs marchés aux produits des pays pauvres, à offrir un allègement plus substantiel et plus rapide de la dette, et à étudier la possibilité d'annuler toute la dette publique des pays pauvres très endettés, et à accroître et réorienter l'aide publique au développement.

Un monde libéré de la peur

Pour empêcher que des conflits meurtriers n'éclatent, il faut agir sur tous les fronts, souligne le Secrétaire général. Le meilleur moyen de prévenir les conflits est de promouvoir une croissance économique solide et équilibrée, tout en protégeant les droits de l'homme et les droits des minorités et en adoptant des accords politiques assurant une représentation équitable de tous les groupes. Les trafics d'armes, d'argent ou de ressources naturelles doivent aussi être exposés au grand jour, affirme le Secrétaire général. Pour mieux protéger les personnes vulnérables, il faut trouver les moyens de faire mieux respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme, et lutter pour mettre fin à

l'impunité, affirme le Secrétaire général, qui souligne à cet égard l'importance de la création du Tribunal pénal international. La souveraineté nationale ne saurait justifier les violations aveugles des droits de l'homme et les tueries. Aussi, pour le Secrétaire général, face à des violations flagrantes et systématiques qui vont à l'encontre de tous les principes sur lesquels est fondée notre condition commune d'êtres humains, il ne faut pas écarter la possibilité d'une intervention armée, autorisée par le Conseil de sécurité, même si une telle intervention doit toujours demeurer la solution de dernier recours. L'Assemblée du millénaire est invitée à se prononcer sur les recommandations d'un groupe de haut niveau chargé d'examiner tous les aspects des opérations de maintien de la paix. Le Secrétaire général invite, par ailleurs le Conseil de sécurité à s'inspirer, lors de l'élaboration et de l'application de régimes de sanctions, des études qui ont été menées pour trouver les moyens de rendre les sanctions plus efficaces grâce à un meilleur ciblage. Enfin, le Secrétaire général exhorte les Etats Membres à prendre des mesures énergiques en vue de mettre un frein aux transferts illicites d'armes légères et de renouveler leur engagement à réduire la menace que font planer les armes nucléaires existantes et de leur prolifération.

Pour un avenir viable

Le Secrétaire général souligne la nécessité de prendre d'urgence des mesures pour garantir que les générations futures pourront vivre des ressources de la planète. Les pays riches comme les pays pauvres doivent modifier leurs pratiques. Les bases de l'action ont été jetées en 1992, lors de la Conférence de Rio, et le Protocole de Montréal sur l'élimination des substances qui appauvrissent la couche d'ozone marque une étape importante. Mais, les mesures que nous prenons dans d'autres domaines sont insuffisantes, de trop faible envergure ou arrivent trop tard, déclare le Secrétaire général, qui invite à relancer le débat, avant 2002, et à être prêts à agir de façon décisive dans une série de domaines. Ainsi, si l'on veut enrayer la menace que constitue le réchauffement de la planète, il faut réduire de 60 % le volume des émissions de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre. Pour y parvenir, il faut promouvoir l'efficacité énergétique et avoir davantage recours aux ressources renouvelables. Une première étape devrait être l'application du Protocole de Kyoto de 1997. Pour gérer la crise de l'eau, le Secrétaire général prie instamment le Sommet d'adopter l'objectif proposé par la Conférence ministérielle du Forum mondial de l'eau, qui consiste à réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de personnes qui n'ont pas accès de façon durable à des sources d'approvisionnement en eau potable à un prix raisonnable. Il souligne la nécessité d'une "Révolution bleue" dans l'agriculture qui viserait à accroître le rendement agricole par unité d'eau, tout en améliorant la gestion des bassins versants et des plaines alluviales.

Pour nourrir une population mondiale qui ne cesse de s'accroître, le meilleur espoir réside peut-être dans les progrès de la biotechnologie, mais sa sécurité et son impact sur l'environnement font actuellement l'objet de vives controverses. Le Secrétaire général se propose de réunir une assemblée de hauts responsables gouvernementaux à l'échelon mondial pour débattre de ces questions et d'autres questions que soulèvent les risques et les possibilités liés au recours croissant à la biotechnologie et au génie biologique. Il souligne aussi la nécessité de prendre des mesures de sauvegarde des forêts, des ressources halieutiques et de la biodiversité. Les pouvoirs publics et le secteur privé doivent s'entendre pour

donner effet à ces mesures, déclare le Secrétaire général. Avec pour objectif d'édifier de nouvelles règles éthiques pour ménager la planète, le Secrétaire général recommande une action dans les quatre domaines prioritaires : la sensibilisation du public, la mise en place d'un système de "comptabilité verte" pour intégrer l'environnement aux politiques économiques, l'adoption de règlements et de mesures d'incitation, et la collecte de données scientifiques plus fiables. Il demande, en outre, aux Etats Membres de fournir les fonds nécessaires pour assurer le financement de l'Evaluation des écosystèmes prévue à l'occasion du millénaire. Il s'agit d'une entreprise collective internationale de grande envergure qui dressera la carte de la santé de la planète.

Rénover l'ONU

Seule une Organisation forte permettra de résoudre tous ces problèmes, souligne le Secrétaire général au chapitre intitulé "Rénover l'Organisation des Nations Unies". Or, c'est aux gouvernements qu'il appartient de renforcer l'Organisation, notamment en se montrant disposés à collaborer avec d'autres acteurs - secteur privé, organisations non gouvernementales et institutions multilatérales - pour trouver des solutions consensuelles. L'Organisation doit jouer un rôle de catalyseur et stimuler l'action collective. Elle doit aussi tirer pleinement parti des nouvelles technologies, en particulier dans le domaine de l'information. Le Secrétaire général recommande une action dans une série de domaines. Ainsi, il importe en premier lieu d'identifier nos principaux atouts. L'influence qu'exerce l'ONU dans le monde découle des valeurs qu'elle incarne, du rôle qu'elle joue dans le domaine de l'élaboration des normes internationales, de sa capacité à sensibiliser et mobiliser l'opinion au niveau mondial et de la confiance qu'inspirent les actions qu'elle mène sur le terrain pour améliorer les conditions de vie des populations. Nous devons miser sur ces atouts, en particulier en insistant sur l'importance de l'état de droit, souligne le Secrétaire général. Mais, il faut aussi adapter l'ONU au monde actuel, notamment en réformant le Conseil de sécurité de façon qu'il soit en mesure de travailler efficacement, tout en jouissant d'une légitimité incontestée. L'ONU doit aussi développer les relations qu'elle entretient avec les organisations de la société civile, ainsi qu'avec le secteur privé et les fondations. Le Secrétaire général suggère à cet égard dans un premier temps de demander à un groupe d'experts, comprenant des représentants d'organisations de la société civile, d'établir une étude des meilleures pratiques novatrices auxquelles ces organisations ont recours pour contribuer aux travaux de l'ONU dans tous les domaines. Cette étude pourrait servir de base à l'adoption de nouvelles formules permettant de faire participer davantage la société civile à nos entreprises communes, propose le Secrétaire général.

Pour compléter l'action des institutions officielles, il faut mettre en place des réseaux informels de gouvernance, qui rassembleront les institutions internationales, les organisations de la société civile et du secteur privé et les gouvernements en vue de poursuivre des objectifs communs. La technologie de l'information peut contribuer à rendre l'Organisation plus efficace et à renforcer ses échanges avec le reste du monde. Toutefois, pour l'instant l'ONU ne tire guère parti des possibilités offertes par la Révolution de l'information, étant gênée par un certain immobilisme, une infrastructure inadaptée, un manque de formation et, surtout, la méconnaissance des avantages qui découlent d'une utilisation créative des techniques de l'information, explique le Secrétaire général qui lance un appel

à l'industrie informatique à lui apporter son concours. Evoquant ensuite les contraintes qui freinent les progrès de la "révolution tranquille" qu'il a lancée en 1997, le Secrétaire général souligne, en premier lieu, le fait que les ressources de l'Organisation ne soient absolument pas en rapport avec ses tâches à l'échelle mondiale. En outre, dans bien des domaines, l'ONU ne peut pas faire son travail parce que les divergences de vues entre les Etats Membres font obstacle au consensus qui serait nécessaire pour une action efficace. Qui plus est, le contrôle tout à fait importun et excessivement tatillon que les Etats Membres exercent sur les activités de l'Organisation au titre des programmes font qu'il est très difficile de porter l'efficacité au maximum. Afin de réduire la tendance systématique à l'inertie institutionnelle et faciliter le redéploiement stratégique des ressources, le Secrétaire général engage instamment l'Assemblée générale à se prononcer sur les délais ou "clauses-couperets" qu'il a proposées pour les initiatives impliquant de nouvelles structures organisationnelles ou des engagements de fonds substantiels. Le Secrétaire général demande encore le soutien de l'Assemblée générale pour ce qui est de l'introduction d'un système de budgétisation fondé sur les résultats.

La dernière partie du rapport s'adresse aux participants au Sommet du millénaire. Selon le Secrétaire général, six valeurs communes, qui reflètent l'esprit de la Charte, revêtent une importance particulière pour le siècle nouveau : la liberté; l'équité et la solidarité; la tolérance; la non-violence; le respect de la nature; et la responsabilité partagée. Il engage le Sommet du millénaire à prendre une série de résolutions et de mesures, extraites du corps du rapport, qui seront le gage de l'attachement des Etats Membres à ces valeurs.

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