En cours au Siège de l'ONU

POP/718

L'INEGALITE ENTRE LES SEXES EMPECHE LES JEUNES FEMMES DE SE PROTEGER DU SIDA

28 mars 2000


Communiqué de Presse
POP/718


L'INEGALITE ENTRE LES SEXES EMPECHE LES JEUNES FEMMES DE SE PROTEGER DU SIDA

20000328

Les femmes sont trop souvent absentes des statistiques internationales

"A l'heure actuelle près de 12% de la population sud-africaine est séropositive et on estime que plus de 6 millions de personnes seront victimes du VIH/sida d'ici à l'an 2009, dont la majeure partie seront des femmes âgées entre 25 et 49 ans. L’Afrique du Sud sera ainsi confrontée à toute une génération d’orphelins du sida," tel est le constat alarmant du représentant de l’Afrique du Sud dans le cadre de la poursuite du débat de la Commission sur les expériences nationales en matière de population. Plusieurs délégations ont ainsi fait part de leurs préoccupations face à l'impact du sida sur les femmes. Ces dernières souvent plus pauvres, moins éduquées et dans une situation de dépendance à l'égard des hommes, ne sont pas en mesure de se protéger. Il a été souligné que les adolescentes sont particulièrement vulnérables. Pour sa part, le représentant du Saint-Siège a préconisé que des initiatives plus importantes soient prises afin de prévenir et d'éviter les comportements sexuels irresponsables et toute forme d’exploitation sexuelle, d’autant plus que les femmes et les adolescentes sont les premières exposées aux maladies sexuellement transmissibles et, en particulier, au VIH/sida.

Les délégations de la Thaïlande et de la Malaisie ont mis l’accent sur les mesures prises par leurs gouvernements dans le cadre de l’application des programmes d’action de la CIPD et de Beijing en matière de lutte contre toute forme de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des enfants. Pour sa part, la Malaisie a procédé à de nombreuses réformes législatives et a notamment promulgué la Loi contre la violence au sein de la famille de 1996, la loi sur la garde des enfants de 1961 applicable aux femmes non musulmanes amendée en 1999, et l’entrée en vigueur en septembre 1999 d’un code de conduite sur la prévention et l’élimination du harcèlement sexuel sur le lieu du travail. La Thaïlande quant à elle a révisé ses lois sur la prostitution et le trafic des femmes et des enfants et en train d'élaborer un plan d’action national pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des enfants.

Les représentants des pays suivants sont intervenus au cours du débat : Burkina Faso, Algérie, El Salvador, Afrique du Sud, Ukraine, Turquie, Malaisie et Thaïlande. L'Observateur du Saint-Siège a également fait une déclaration.

A l'issue du débat général consacré à l'expérience des pays en matière de population, la Commission a entamé une table ronde sur la condition de la femme, la population et le développement, à laquelle ont participé Mme Meenakshi Datta Ghosh Co-Secrétaire au Ministère de la protection sociale (Inde) en qualité de modérateur, M. Mohammad Zarie Zare Vice-président de la Commission de la population et du développement (République islamique d'Iran), Mme Gabriella Vukovich Vice-Présidente du Bureau central de statistiques (Hongrie), M. Rodolpho Tuirán (Mexique), Mme Jenny Gierveld Directrice de l'institut démographique interdisciplinaire (Pays-Bas) et Mme Khathatso Mokoetle directeur du réseau national des soins de santé primaires (Afrique du Sud).

La Commission poursuivra demain matin, à partir de 10 heures, son débat général sur l'expérience de pays en matière de population et entamera l'examen des travaux de la Commission de la population et du développement pour les cinq années à venir.

Expérience des pays en matière de population : condition de la femme, population et développement

Suite du débat général

Mme SERAPHINE TOE (Burkina Faso) a souligné l'intérêt pour les pays en développement du recours aux nouvelles technologies de communication qui permet de pallier à la lenteur, au coût et au manque de fiabilité des infrastructures de communication traditionnelles. Elle a mis en garde contre les dangers de marginalisation et d'isolement des chercheurs et des institutions des pays en développement qui tarderaient à les adopter. Elle a rappelé que la Division de la population des Nations Unies a proposé un modèle de coopération et d'entraide des institutions du Sud, prenant l'Internet à la fois comme objet et comme véhicule de collaboration, et a indiqué qu'un réseau de six institutions francophones de recherche démographique en Afrique de l'Ouest avait été lancé. A cet égard, elle s'est félicitée du fait qu'un premier atelier de formation à l'utilisation de l'Internet pour la recherche démographique ait eu lieu au Burkina Faso.

Mme Toe a ensuite passé la parole à M. GEORGE GUIELLA, chercheur à l'Unité d'enseignement et de recherche en démographie de l'Université de Ouagadougou qui a rendu compte de ce projet. Il a précisé que l'atelier a permis de faire le tour d'horizon sur l'état d'avancement de l'usage de l'Internet dans les institutions et a donné lieu à la création du site du réseau régional, intitulé DEMONETA, et à la mise en place d'un forum de discussions électronique sous le même titre. Les participants à cet atelier se sont donnés rendez-vous six mois plus tard afin de mesurer le succès et chercher des solutions aux problèmes rencontrés. Il a indiqué qu'un deuxième atelier de formation aura lieu la semaine prochaine à Niamey, avec l'appui de la représentation au Niger de l'Institut de recherches sur le développement (ex-ORSTOM). Par ailleurs, il a observé que le modèle de coopération technique offert par ce projet fait une large part à la mobilisation des compétences nationales et régionales et à la complémentarité avec des initiatives connexes prises par d'autres acteurs. En conclusion, il a estimé que l'expérience est concluante et positive et que ce modèle pourrait être répliqué ailleurs.

Mme RACHIDA BENKHELIL (Algérie) a indiqué que le programme du Gouvernement adopté en février 2000 inscrit comme objectif l'intégration effective de la variable démographique dans les stratégies de développement économique et social, tout en mettant l'accent sur la protection de la famille et la promotion de la femme dans la réalisation des programmes. Il convient de rappeler, a poursuivi la représentante, que la phase de transition entamée en Algérie depuis plus d'une décennie, a permis une décélération du rythme de la croissance démographique: le taux d'accroissement naturel a été ainsi estimé à 1.5% en 1998, contre 2.5% en 1990. Cet infléchissement est dû principalement à la réduction active des taux de natalité et de fécondité, l'indice synthétique de fécondité se situant à 3.0 en 1998 contre 4.5 en 1990. Le réajustement de la politique de population pour la décennie qui s'annonce, a souligné Mme Benkhelil - s'articulera autour de trois axes principaux visant à développer la planification familiale en veillant à améliorer l'accessibilité à des services de qualité et largement intégrés à la santé reproductive, à renforcer les actions d'information, d'éducation et de communication dans une approche multisectorielle incluant tout naturellement le mouvement associatif et à consulter les actions visant la promotion de la femme et son intégration au processus de développement.

En Algérie les années 90 ont vu la consolidation des acquis des femmes dans divers domaines, notamment en matière d'éducation. Ainsi le taux de scolarisation des filles âgées de 6 à 15 ans, relevé par le dernier recensement, est de 80.7%, contre 71.6% dans le recensement précédent de 1987. Dans le secteur de la formation professionnelle la parité est atteinte avec 51% de femmes en 1997. Cependant le taux d'analphabétisme de la population féminine âgée de 10 ans et plus se situe encore à 40% en 1998, contre 23.6% chez les hommes, et ce malgré la réduction sensible observée au cours des dix dernières années. Dans le domaine de la santé, il est à relever tout d'abord une amélioration tangible de l'espérance de vie estimée à 70 ans pour les femmes (contre 68 ans environ pour les hommes). Toutefois, la lutte contre la mortalité infantile fondée sur le développement des programmes de prévention demeure un axe d'action névralgique de la politique nationale de santé en Algérie. De même la santé reproductive, dans l'acceptation globale du terme, constitue un levier essentiel de la politique de santé et de population pour le court et le moyen terme. La diffusion de la planification familiale tout comme le recul de l'âge moyen au mariage (qui atteint les 27 ans pour les femmes en 1998) traduisent une évolution des attitudes et comportements en matière de procréation. La représentante a enfin souligné que les programmes de santé reproductive identifient en outre parmi les priorités l'amélioration de la prise en charge de la maternité et l'intégration progressive des autres services liés à la santé génésique, notamment le dépistage des infections génitales et maladies sexuellement transmissibles.

Mme ANA HAZEL ESCRICH (El Salvador) a indiqué que les principaux progrès réalisés par son pays sont le résultat d'un effort interinstitution coordonné par l'Institut salvadorien pour la promotion de la femme (ISDEMU), fondé en 1996. Elle a indiqué que l'ISDEMU avait récemment actualisé le Plan national d'action afin d'y intégrer des préoccupations spécifiques concernant les femmes handicapées, les adolescentes, et les femmes privées de liberté. Par ailleurs, elle a indiqué que le Ministère de l'éducation s'efforce d'intégrer une perspective sexospécifique dans les programmes et les manuels scolaires. En outre, l'éducation sexuelle et en matière de procréation a été incorporée à tous les niveaux de l'enseignement technique et supérieur. Elle a précisé qu'à présent 50% des établissements scolaires n'envisagent plus d'expulser les jeunes femmes enceintes.

Dans le domaine de la santé, la représentante a fait valoir la réorganisation du secteur de la santé publique et de l'assistance sociale par le biais de la Réforme des programmes. Cette réforme a notamment donné lieu à l'élaboration d'un programme de santé pour les femmes de 20 à 59 ans qui est mis en oeuvre par le Bureau de la santé de la femme, créé en 1999, ainsi qu'à la création du Bureau de la santé des adolescents. Ces nouveaux programmes, a-t- elle précisé, ont un impact au niveau de la famille, de la communauté, ainsi que dans l'éducation, sur les établissements de santé et dans le monde du travail et comportent des éléments ayant trait au développement, à la nutrition, à la santé génésique et reproductive. Ils répondent aussi aux préoccupations en matière de morbidité, de réinsertion.

Cette réforme du secteur de la santé a permis de renforcer la coopération institutionnelle et la mise en oeuvre de grandes actions nationales, notamment la formulation d'un Plan national de prévention et de contrôle du VIH/sida, la formulation des "Normes de santé en matière de reproduction", des "Normes d'attention à la santé des adolescents" et des "Normes pour les personnes âgées". La représentante a également mentionné l'amélioration de la qualité des services de planification familiale auxquels l'accès a été facilité. Enfin, la représentante a insisté sur les efforts de son pays pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et les mesures visant à favoriser l'intégration des femmes dans le monde du travail. Mgr. JAMES T. McHUGH (Saint-Siège) a rappelé que le Programme d'aide du Caire affirme que le droit au développement est universel et inaliénable. Il a affirmé que la coopération internationale et la solidarité universelle sont des éléments essentiels pour améliorer les conditions de vie et les opportunités de la population mondiale. Il a souligné l’importance des stratégies de développement en matière de lutte contre la pauvreté dans les pays les plus pauvres, en insistant sur le fait qu'elles ne pouvaient être couronnées de succès sans le concours et la coopération des pays développés et des institutions internationales. Fort du constat que le droit au développement a été confirmé comme droit universel et inaliénable, et que la place centrale des individus dans les stratégies de développement a également été confirmée par la CIPD, M. McHugh a déclaré que, à cet égard, le bien-être des femmes et des enfants et leur capacité de réaliser leur potentiel humain suppose la stabilité socioéconomique et la sécurité. Il a ajouté que pour réaliser la stabilité économique, il faut déployer des efforts afin de réduire le fardeau de la dette internationale et qu’il faut aussi mettre fin à la violence, à la guerre et aux dépenses de la course aux armements.

Par ailleurs, le Saint-Siège estime que des efforts particuliers doivent être déployés dans les politiques de développement pour protéger la cellule familiale, ce qui comprend notamment de garantir un revenu suffisant et des conditions de logement décentes. Par ailleurs, il a reconnu le lien étroit qui existe entre la participation des femmes au développement et l’éducation des femmes et des filles. Des opportunités éducatives inadéquates empêchent les femmes de pleinement se réaliser et privent partant la société de leurs contributions. Le Saint-Siège, à travers son réseau international d’écoles et d’institutions éducatives s’est engagé à poursuivre son action en matière d’éducation des femmes. Soulignant également que les services de santé offerts aux femmes doivent être améliorés, Mgr. McHugh a déclaré que cela devrait notamment porter sur les soins prénataux, la nutrition, les services gynécologiques et obstétriques et la protection et le soutien du foetus dès la conception. En ce qui concerne le vieillissement de la population mondiale, et le fait que les femmes vivent plus longtemps que les hommes, Mgr. Mc Hugh a estimé qu’il fallait renforcer et adapter les systèmes de pension et de soins aux besoins spécifiques des femmes.

Quant au défi posé par les migrations internationales, le Saint-Siège insiste sur la nécessité de prendre davantage de mesures pour protéger la dignité et la sécurité des travailleurs migrants et offrir des services de santé et d’éducation aux familles. Par ailleurs, en ce qui concerne la pandémie du VIH/sida, le Saint-Siège estime que des efforts renforcés doivent être déployés en particulier pour ce qui est d’éviter tout comportement sexuel irresponsable et toute forme d’exploitation sexuelle.

M. VAN ZUY DAM (Afrique du Sud) a indiqué qu'environ 150 000 personnes sont déjà mortes du virus du sida en Afrique du Sud et qu'à l'heure actuelle près de 12% de la population totale de ce pays est séropositive. On estime également que le HIV/sida sera la cause de décès de 6 094 529 personnes en Afrique du Sud d'ici à l'an 2009 et que la majeure partie de ces personnes seront des femmes âgées entre 25 et 49 ans. Par ailleurs, les projections relatives à l'espérance de vie, laquelle a diminué de six ans et demi au cours de la dernière décennie, ne reflètent pas le fait que l'Afrique du Sud sera confrontée à des générations entières d'enfants devenus orphelins en raison du virus du sida et à un accroissement de la population âgée qui aura un accès limité ou aucun accès du tout aux soins. Face à cette situation, le programme démographique de l'Afrique du Sud s'est concentré surtout sur l'impact démographique du HIV/sida. Les axes de ce programme visent à préparer, sur le plan économique et social, la société à l'impact de la pandémie, à élaborer des

plans conformément aux impacts escomptés et à évaluer ainsi qu'à poursuivre des programmes d'intervention auprès des groupes les plus vulnérables au HIV/sida. Ces initiatives, a poursuivi le représentant, doivent être complétées par une approche de la santé génésique des femmes qui encourage le choix de reproduction de la femme, surtout au sein de la population des femmes rurales, des femmes pauvres et marginalisées.

M. RESHETNYAK (Ukraine) a estimé, à l'instar de M. Chamie de la Division de la population, que l'on devrait parler d'un nouvel ordre international dans le domaine de la population qui enregistre les changements récents dans les taux de fécondité et de mortalité et leurs répercussions sur la structure d'âge de la population. Il a insisté sur la nécessité de prendre en considération le cas particulier des pays en transition. Ainsi, en Ukraine, a-t-il précisé, la baisse de la natalité associée aux fortes migrations a entraîné une chute considérable de la population totale.

Il a également fait part à la Commission des divers plans d'action adoptés par le Gouvernement ukrainien dans le domaine de la santé et de la promotion de la femme. Il a également rappelé que la législation ukrainienne garantit l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. Toutefois, malgré les tendances positives enregistrées dans ce domaine, il a observé que la situation économique reste très instable, ce qui pose un certain nombre de problèmes. Il a fait état de la baisse de la mortalité infantile, mais de la hausse de la mortalité maternelle. Il s'est également déclaré préoccupé par la hausse de la mortalité maternelle due aux suites des avortements, pratiqués dans de mauvaises conditions. En dépit des mesures adoptées par le gouvernement, il a observé que les femmes autant que les hommes ont tendance à négliger leur santé et s'est déclaré préoccupé par la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles et par la progression du VIH/sida, avec environ 5000 personnes infectées par an. Dans un monde de plus en plus interdépendant, a-t-il souligné, il importe de renforcer les efforts communs pour lutter contre cette pandémie. Dans le domaine de l'éducation, il a indiqué que son pays compte 7 millions d'étudiants et écoliers. 70% des enfants sont scolarisés et on remarque une amélioration du taux de passage de l'enseignement primaire au secondaire, ainsi qu'une hausse des inscriptions dans l'enseignement supérieur, a-t-il précisé.

M. MEHMET KONTAS (Turquie) a déclaré qu'en dépit des ajustements juridiques et structurels apportés dans le pays, le statut économique et social des femmes turques exige toujours de nombreuses améliorations. Malgré l'instauration de l'école obligatoire, le taux d'analphabétisme est encore de 20%. Le taux de fertilité a continué, pour sa part, à décliner pour se situer, en 1998, à 2,6 enfants par femme. Aujourd'hui, a indiqué le représentant, 63,9% des femmes mariées ont recours aux méthodes contraceptives. Le taux de mortalité infantile, a-t-il poursuivi, qui était très élevé en Turquie - 200 pour 1000 naissances vivantes en 1950 - est passé à 43 pour 1000 entre 1993 et 1998. En dépit des progrès en ce qui concerne la mortalité en général - l'espérance de vie est de 71,5 ans - le taux de mortalité maternelle reste élevé. En 1999, des études ont montré qu'il a été réduit de moitié au cours de la décennie. Donnant le détail des infrastructures de santé mis en place par son pays, le représentant s'est arrêté sur les questions liées à la migration pour faire observer qu'au cours des dernières années, l'évolution des relations internationales, tant du point politique qu'économique, a provoqué, pour ce qui est de la Turquie, un mouvement migratoire inverse. Aujourd'hui les anciens émigrés turcs d'Europe occidentale forment la part la plus large du mouvement migratoire vers la Turquie avec les migrations des groupes de population d'origine turque qui fuient les régimes totalitaires ou les zones de conflit.

Mme FATIMAH SAAD (Malaisie) a rappelé que le développement social et économique de son pays a toujours intégré les questions liées à l’égalité entre les hommes et les femmes dans les différents plans de développement visant à assurer plus efficacement la participation des femmes en tant que partenaires dans le processus de développement. Après l’adoption d’une politique nationale sur les femmes, un Plan d’action national a été formulé en 1997 et pour le 8ème Plan de développement pour la période 2001-2005, la même approche sera adoptée. Pour renforcer le mécanisme national de promotion de la femme, la Division chargée des questions des femmes a été renforcée et remplacée par un département en 1997 qui depuis décembre 1999, a été placé sous la tutelle du Premier ministre. Un nouveau mandat a été également confié au Conseil national sur l’intégration des femmes au développement afin qu’il puisse jouer un rôle proactif. Présidé par le Ministre chargé du département auprès du Premier Ministre, un organe ministériel de coordination assure la coordination entre les planificateurs et les décideurs des différentes institutions en matière d’égalité des sexes. Cet organe assiste également les différents ministères à mettre en oeuvre des programmes répondant aux questions liées à l’égalité des sexes.

La promotion des femmes se manifeste dans tous les secteurs. On note actuellement un taux de mortalité maternelle d’environ 20 pour 100 000 et une espérance de vie des femmes de 74 ans, soit 4 ans de plus que celle des hommes. L’éducation primaire est presque universelle, avec un taux d’alphabétisation de 85% chez les femmes à partir de 10 ans. La présence des femmes est aujourd’hui plus marquée dans le milieu des affaires, la majorité d'entre elles dirigeant de petites entreprises commerciales et de services. Les facilités en matière de microcrédit mises en place par le Projet Amanah Ikthiar, visent à contribuer à la réduction de la pauvreté extrême et ont pour objectif le renforcement de l’indépendance des femmes.

Depuis son adhésion à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) en 1995, la Malaisie a procédé à de nombreuses réformes législatives et a notamment promulgué la Loi contre la violence au sein de la famille de 1996, la loi sur la garde des enfants de 1961 applicable aux femmes non musulmanes amendée en 1999, et l’entrée en vigueur en septembre 1999 d’un code de conduite sur la prévention et l’élimination du harcèlement sexuel sur le lieu du travail. Pour protéger les fillettes, une loi a récemment été promulguée qui garantit la protection des enfants et adolescents contre les abus sexuels, l’inceste, la violence et renforcé la responsabilité parentale. Afin d’encourager une plus grande compréhension des questions liées à l’égalité des femmes et d’éliminer les préjugés, des programmes de sensibilisation sont mis en eouvre pour modifier les perceptions et les attitudes, promouvoir des responsabilités équitables au sein de la famille et des foyers par le biais de la diffusion de l’information, de l’éducation et de la formation. Le gouvernement, avec la coopération des organisations non gouvernementales, a en outre lancé une campagne d’information juridique à l’intention des femmes. Pour encourager un mode de vie plus sain et un comportement sexuel responsable, le Gouvernement malaisien a redoublé d’efforts visant à établir une plus grande responsabilité parentale et des hommes.

Mme SUWANNA WARAKAMIN (Thaïlande) a fait part des initiatives prises par son pays dans le cadre du suivi des Conférences du Caire et de Beijing, en particulier pour ce qui est de la promotion de la parité entre les sexes, de la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des fillettes, ainsi que contre le trafic de femmes et d’enfants et la promotion des droits des femmes. La Thaïlande a également lancé des actions dans les domaines de la santé et de l’éducation. Elle a indiqué à la Commission que la Constitution thaïlandaise de

1997 stipule clairement l’égalité entre les sexes, et que cela a donné lieu à la promulgation d’un certain nombre de lois allant dans ce sens et visant à garantir l’égalité des chances ainsi que les droits des femmes. Par ailleurs, un nouveau Code du travail prévoit l’égalité des sexes dans l’emploi ainsi que des dispositions contre le harcèlement sexuel.

Sur un autre front, la Thaïlande a révisé ses lois sur la prostitution et le trafic des femmes et des enfants en vue de décriminaliser les actions des victimes de ce trafic et d’améliorer les procédures d’enquêtes sur ces phénomènes. La représentante a également souligné qu’un plan d’action national sur l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des enfants est en cours de préparation. Elle a affirmé que de nombreuses pratiques discriminatoires à l’égard des femmes sont en déclin constant et que des progrès importants ont été réalisés au cours de la dernière décennie. Elle a également évoqué l’impact de la crise financière que traverse la Thaïlande depuis 1997, crise qui a touché en premier lieu les femmes et les enfants.

Table ronde sur la condition de la femme, la population et le développement

M. MOHAMMAD ZARIE ZARE, Vice-Président de la Commission de la population et du développement de la République islamique d'Iran, a donné des indications sur l'évolution des politiques en faveur de la parité adoptées par son pays. Il a mis l'accent sur l'accès paritaire aux services de santé et a insisté sur l'importance de la constitution de la famille. L'année dernière 70% des étudiants qui ont passé les examens d'entrée à l'université étaient des femmes. Il a insisté sur la qualité du système de santé iranien qui a permis l'amélioration de la santé des femmes et des personnes âgées. Ce système étant décentralisé, il a également permis d'atteindre les personnes vivant dans des zones rurales isolées. Il a toutefois fait part de difficultés qui mettent en évidence la nécessité de renforcer la capacité des collectivités locales afin d'assurer l'application des programmes et des problèmes de financement.

Mme GABRIELLA VUKOVICH, Vice-Présidente du Bureau Central de Statistiques de la Hongrie, a fait part de l'expérience de son pays comparable à celle des autres pays de la région. La population de la Hongrie est en diminution depuis 20 ans ce qui est très préoccupant pour le Gouvernement. Cette tendance est due à la fois à une baisse de la natalité et à une hausse de la mortalité. Mme Vukovich a également attiré l'attention sur le problème du chômage qui est apparu dans les années 1990 et sur le déclin des services sociaux. Ces tendances amenuisent les possibilités pour les femmes de travailler et d'avoir des enfants, contribuant ainsi à la baisse de la fécondité. Pour pallier à cette tendance, le Gouvernement a adopté une politique globale en faveur de la famille afin de recréer une solidarité. Elle a posé la question de savoir quelles sont les politiques qui pourraient contrecarrer le déclin de la population, rehausser le taux de fécondité et faire baisser la mortalité qui est trop élevée

M. RODOLFO TUIRAN, Président du Conseil national de la population du Mexique, a indiqué que les politiques concernant la femme et la famille sont interdépendantes en Amérique latine. Il a fait part des diverses mesures adoptées par les pays de la région pour favoriser l'accès des femmes à l'éducation, lutter contre la pauvreté qui affecte les femmes, favoriser leur accès à l'emploi et aux services de santé, lutter contre la violence familiale et promouvoir une image non discriminatoire de la femme. Toutefois en dépit de ces mesures, les inégalités persistent, fondées sur des attitudes profondément enracinées dans la culture et les institutions de la région. Les pays de la région ont adopté des mesures pour à améliorer les services de planification familiale et accroître leur couverture. Pour répondre aux besoins dans le domaine de la contraception, ils se sont attachés à former des personnels, à mettre à la disposition du public des lignes d'information et à faire participer les hommes à la contraception, notamment grâce à la promotion de la vasectomie et des préservatifs. D'autres initiatives ont été prises également pour responsabiliser les hommes et accroître leur participation aux tâches familiales. Il a en outre fait part de divers programmes destinés à lutter contre la violence familiale.

Mme JENNY GIERVELD, Directrice de l'Institut démographique interdisciplinaire de la Haye au Pays-Bas, a attiré l'attention des participants sur le rapport succint sur le suivi des questions de population, établi par la Division de la population. Elle a regretté qu'en dépit d'appels répétés en faveur de la ventilation des données, une réelle ventilation par sexe fait encore défaut, notamment dans le chapitre sur la formation de la famille et surtout dans le chapitre relatif à la santé et à la mortalité. Par exemple, il serait important de mieux connaître la position des femmes dans les migrations internationales si l'on veut pouvoir répondre à leurs besoins. Elle a insisté sur la nécessité de s'employer à collecter des données ventilées et à établir des rapports plus précis sur ce point.

Mme KHATHATSO MOKOELE, Directeur du réseau national des soins de santé primaire de l'Afrique du Sud, a tout d'abord indiqué que les grandes conférences du Caire et de Beijing qui ont coïncidé avec la chute de l'apartheid ont joué un rôle important dans l'élaboration des programmes adoptés par le gouvernement démocratique. Elle a ensuite abordé la question de la pauvreté des femmes et les problèmes des femmes atteintes du virus du sida. Elle a indiqué que dans son pays, la pauvreté touche particulièrement les femmes dans les milieux ruraux. Le nouveau Gouvernement a dû élaborer des programmes qui donnent de vraies possibilités aux femmes, notamment pour acheter et utiliser la terre. Rappelant qu'en Afrique du sud, 20% de la population active est touchée par le VIH/sida, elle a expliqué que la domination masculine empêche les femmes de prendre les décisions nécessaires pour protéger leur santé. Elle a fait part de divers partenariats interinstitutions et avec les ONG pour établir des programmes permettant de faire face à cette crise.

Abordant la question de l'accroissement de la mortalité maternelle qui est actuellement 156 pour mille naissances vivantes, elle a remarqué que l'explication tenait principalement aux avortements illégaux pratiqués dans des conditions peu sûres. C'est pourquoi, a-t-elle ajouté, le Gouvernement a légalisé l'interruption volontaire de grossesse et a lancé des campagnes d'information pour prévenir les grossesses involontaires et le recours à l'avortement comme moyen de contraception. Elle a d'autre part regretté que l'Afrique du Sud compte parmi les pays les plus touchés par la violence à l'égard des femmes. Elle a fait valoir que les programmes mis en place ont besoin de s'appuyer sur une meilleure éducation de la population. D'autres programmes visent également à éviter que les femmes pauvres n'aient recours à la prostitution pour assurer leur survie. Toutefois, il importe aussi de responsabiliser les hommes. Il faut que ceux-ci participent aux programmes de lutte contre la violence et contre la discrimination à l'égard des femmes. Reconnaissant que la participation des femmes à la vie politique est encore faible, elle a indiqué que des progrès avaient été réalisés, sans que l'on puisse toutefois parler de transformation.

Dialogue avec les délégations

En réponse à une question du représentant de la Belgique, Mme MOKOETLE a expliqué que la tenue des grandes Conférences des Nations Unies avait coïcidé avec l’arrivée au pouvoir du nouveau Gouvernement sud-africain et que les programmes adoptés lors de ces Conférences avaient donc eu une influence certaine sur les politiques nationales.

Le représentant de l’Inde a demandé à Mme Vukovich, s’il n’y avait pas de conflit entre le programme du Gouvernement hongrois en faveur d'une augmentation du taux de fécondité et le principe du libre choix des familles tel que stipulé au Caire. Mme VUKOVICH a répondu qu'en Hongrie le taux de croissance actuel de la population est en deçà du taux de remplacement ce qui inquiète le Gouvernement. D’après des enquêtes, la société hongroise est elle-même en faveur des familles plus nombreuses et que d’autres facteurs les empêchent actuellement de donner suite à ce souhait.

Le représentant du Brésil a souhaité avoir des précisions en ce qui concerne les nombreuses interruptions de grossesse en Afrique du sud, demandant notamment s’il y un âge minimum légal. En réponse à cela Mme MOKOETLE a expliqué que toutes les femmes à partir de l’âge de 14 ans peuvent opter pour une interruption de grossesse.

La représentantes des Etats-Unis a demandé à M. Zarie Zare s’il y eu des communications entre le Gouvernement iranien et d’autres pays de la région en vue de s’inspirer des résultats obtenus en Iran. S’adressant à Mme Gierveld, elle a demandé pourquoi on disposait uniquement de données sur la mortalité des fillettes de 0 à 5 ans.

M. ZARIE ZARE a expliqué que le FNUAP a convoqué de nombreux ateliers de pays de la région qui ont veillé à ce que tout ce qui se faisait en matière de population n’allait pas à l’encontre des normes culturelles et religieuses. Il espère qu’à l’avenir ce type de réunion seront plus vastes.

Mme GIERVELD a répondu que la ventilation des données se faisait en fonction des variables étudiées et que dans ce cas elle portait sur cette tranche d’âge spécifique. Les enquêtes s’orientent normalement vers des domaines trés spécifiques et s’intéressent à des catégories et des tranches de population bien définies.

Mme MEENAKSHI DATTA GHOSH (Inde) a fait quelques remarques de clôture en insistant sur l'émancipation des femmes, mais surtout sur la responsabilisation des hommes, car il faut bien constater que la plupart des décisions prises dans les foyers sont prises par les hommes. En effet, a-t-elle rappelé, chaque fois que les conditions économiques des femmes se sont améliorées et qu'elles ont eu accès à de meilleures opportunités, elles ont pris des décisions pour protéger leur santé. Il importe de veiller à ce que tous les aspects de la parité et du développement bénéficient de la même attention, ce qui demande un plus grand engagement de la communauté internationale. En conclusion, elle s'est félicitée de la déclaration des Pays-Bas qui confirme ainsi que les femmes ne figurent pas dans les statistiques mondiales.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.