POP/717

IL FAUT PERMETTRE AUX FEMMES D'ALLIER LEUR VIE PROCREATIVE A LEUR PARTICIPATION AUX ACTIVITES ECONOMIQUES

28 mars 2000


Communiqué de Presse
POP/717


IL FAUT PERMETTRE AUX FEMMES D'ALLIER LEUR VIE PROCREATIVE A LEUR PARTICIPATION AUX ACTIVITES ECONOMIQUES

20000328

Les migrations internationales ont des incidences sur le taux de fécondité et sur la structure de la population qu'il faut examiner

"Les difficultés à combiner la procréation avec la participation à la vie active ont des conséquences directes sur le nombre d'enfants à naître et sur l'échelonnement des naissances," a affirmé ce matin, dans le cadre du débat général de la Commission de la population et du développement, la représentante des Pays-Bas, en insistant sur la nécessité de prendre en considération les hommes dans les études portant sur la formation de la famille et de les responsabiliser dans leur rôle de père. Dans la même veine, le représentant de la Suède a estimé que pour agir sur les faibles taux de fécondité, il faut donner aux femmes les moyens d'allier plus facilement la procréation à la participation à la vie économique, sans pour autant négliger les facteurs socioculturels plus profonds. Pour sa part, la Ministre chargée de la famille de la Chine a indiqué que son Gouvernement a renforcé ses activités visant à accroître la participation des hommes à la planification familiale, notamment par l'entremise d'un programme mis en place dans plusieurs provinces du pays.

Les représentants de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l'Organisation internationale du travail (OIT) ont attiré l'attention de la Commission sur l'accroissement du nombre de migrantes qui a des conséquences sur les taux de fécondité et sur les membres de la famille restés dans les pays d'origine. Ils ont mis l'accent sur les problèmes posés par le trafic de migrants, notamment des femmes et fait part des mesures adoptées par leur organisation respective dans ce domaine. Par ailleurs, la représentante du Canada a indiqué que son pays encourage l'intégration de considérations sexospécifiques dans les politiques d'immigration et d'asile. Le représentant du Bangladesh a quant à lui exprimé son inquiétude face au fort taux de migration intérieure vers les zones urbaines qui s'élève à 6% alors que le taux de croissance de la population n'est que de 1,6%, tandis que la représentante de la Croatie reconnaissait que la forte émigration et la guerre des années 1990 ont eu des conséquences négatives sur la structure de la population.

La Ministre chargée de la protection de la famille de la Chine a pris part au débat ainsi que les représentants des pays suivants ont pris part au débat: Croatie, Inde, Bangladesh, Pakistan, Fédération de Russie, République de Corée, Suède, Panama, Brésil, Ouganda et Pays-Bas. Sont aussi intervenus les représentants de l'OIM et de l'OIT.

La Commission reprendra son débat général consacré à l'expérience des pays en matière de population cet après-midi, à partir de 15 heures.

Expérience des pays en matière de population : condition de la femme, population en développement

Débat général

Mme ALICA WERTHEIMER BALETIC (Croatie) a rappelé que la Croatie appartient au groupe de pays en transition dont le faible taux de croissance de la population est devenu négatif dans les années 1990. Le taux de fécondité est inférieur au taux de remplacement depuis 1967 et en 1999, il était estimé à 1,66. Outre la forte émigration, la guerre des années 1990 ont eu des effets négatifs sur la structure de la population et entraîné des déplacements de population. Selon les récentes estimations la population totale du pays est de 4 224 000, soit 6,5% de moins qu'en 1991. Le recensement de 2001 permettra d'obtenir un chiffre plus précis, a-t-elle ajouté. Selon le dernier recensement, en 1991 la population était composée de 48,5% d'hommes et de 51,5% de femmes, ce chiffre ayant dû augmenter suite à la guerre des années 1990. La représentante a indiqué que la taux de naissances hors mariage était le plus faible d'Europe. Par ailleurs le taux de divorces diminue. On note également que sous l'effet de la contraception, le nombre d'avortements illégaux est en déclin, ainsi que les taux de mortalité infantile et de morbidité.

La représentante a ensuite fait part des changements positifs enregistrés dans la mortalité. De 1995 à 2000, l'espérance de vie a atteint 68,8 ans pour les hommes et 76,5 pour les femmes. Selon les estimations, la part de population âgée en 2001 sera de 28% et on prévoit que le vieillissement de la population aura des conséquences sur le développement économique et social. D'autre part le nombre de femmes âgées croît plus rapidement que celui des hommes, ce qui posera également des problèmes spécifiques dans le domaine de la santé, de la sécurité sociale et de l'intégration sociale.

La représentante a indiqué que la participation des femmes à la force de travail est passée de 39,5 à 42,9% de 1971 à 1991. De surcroît, la part des femmes ayant reçu une éducation supérieure est passée de 33,1% en 1971 à 44,1% en 1991. Si la participation des femmes à la vie politique est encore faible, on a relevé lors des élections de janvier dernier qu'elle avait augmenté de 21,2%. La représentante a estimé que la démocratisation avait accru les possibilités des femmes, ce qui a été renforcé par des mesures gouvernementales en faveur de la promotion des femmes et la protection de la famille. En dernier lieu, elle a indiqué que son Gouvernement entend consacrer une plus grande part de son budget à la mise en oeuvre d'une politique sociale et à développer une approche permettant d'intégrer les mesures en faveur de la parité entre les sexes au cadre plus large de développement socioéconomique.

Mme MEENAKSHI DATTA GHOSH (Inde) a expliqué que l’Inde a connu de profondes transformations au cours de la dernière décennie à la fois sur le plan politique, économique, démographique et social. Dans le cadre du processus de décentralisation politique, désormais un tiers des sièges des panchayats (au niveau du village) et des nagarpalikas (dans les zones urbaines) sont réservés aux femmes, soit environ 1 million de femmes élues au niveau local de gouvernance qui accordent un intérêt tout particulier à la promotion de l’éducation primaire, surtout des filles, ainsi qu'aux services de santé en matière de procréation. Sur le plan économique, au cours des années 90, l’Inde a connu l’une des croissance les plus rapides du monde. Les politiques nationales de population comprennent des dispositions visant à améliorer les conditions de vie, tel que le renforcement du statut de la femme, l’élargissement des opportunités éducatives, l’amélioration des services de santé ainsi que la mise à disposition d’eau potable, de logements et la construction d’infrastructures routières, de communication et de transport.

Mme Gosh a soutenu que toute politique de développement ne comprenant pas une dimension démographique est incomplète, et, de manière similaire, toute politique de population n’ayant pas un volet développement n’est pas fondée sur des bases solides. A cet égard, l’Inde a adopté sa politique nationale de population 2000 qui prévoit un ordre du jour multisectoriel en vue de promouvoir des stratégies visant à stabiliser la croissance démographique et améliorer les conditions de vie. Mme Gosh a rappelé que la population de l’Inde atteindra le milliard cette année en mars. Elle a reconnu que le statut des fillettes reste insatisfaisant dans certaines provinces, indiquant que les conditions changent mais que les différences entre les sexes tendent tout de même à persister. En vue de remédier à cette situation le Gouvernement a lancé un programme offrant une motivation financière, sous forme de compte de dépôt, en vue d’encourager les familles à accueillir des fillettes. Par ailleurs, du fait que plus d’un cinquième de la population indienne se trouve dans la tranche d’âge de 10 à 19 ans, l’âge du mariage et les choix en matière de reproduction de cette tranche auront une influence significative sur la démographie de l’Inde. A cet effet, le Gouvernement a annoncé une politique nationale des jeunes, 2000 qui vise à promouvoir la parité, met l’accent sur les besoins nutritionnels et de santé de base, sur l’importance de l’éducation, l’emploi et prévoit la mise en place de centres nationaux de conseil pour les adolescents.

Pour ce qui est de l’emploi rémunéré des femmes, Mme Gosh a souligné que plus de 90% des 90 millions de femmes indiennes qui travaillent sont dans le secteur informel. Elle a également indiqué que le programme national de contrôle de la pandémie du VIH/sida a été lancé en 1992 avec pour objectif d’éviter la transmission parentale, périnatale et sexuelle du virus. La phase II de ce programme a démarré en 1999, avec le soutien de la Banque mondiale, de USAID et du Département pour le développement international du Royaume-Uni. Par ailleurs, en 1997, 23% des personnes âgées de 7 ans et plus étaient analphabètes en Inde. C’est la raison pour laquelle la politique en matière d’éducation du Gouvernement a pour objectif de permettre l’accès à l’éducation gratuite obligatoire jusqu’à l’âge de 14 ans. De plus, le Gouvernement a lancé un certain nombre de programmes de formation des femmes. En conclusion, Mme Gosh a expliqué que, dans le cadre de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), l’Inde a alloué des ressources budgétaires importantes aux différents secteurs concernés, toutefois les ressources internationales n’ont pas été à la hauteur des engagements pris au Caire, situation à laquelle la communauté internationale devrait rapidement remédier.

M. DHIRAL KUMAR NATH (Bangladesh) a indiqué que son pays qui compte une population de 127 millions d'habitants a mis l'accent sur les avancés en ce qui concerne la qualité de vie grâce aux efforts pour éradiquer la pauvreté, améliorer la condition de la femme et la fourniture de services sociaux. Le Gouvernement favorise le développement des initiatives locales, la mobilisation sociale, l'accès au microcrédit et la formation de coopératives de femmes. Dans le domaine de la santé reproductive, il a fait part des actions visant à réduire le taux de fécondité à 3,2 par femme. Il a noté que le recours à la contraception avait augmenté de 52% et que l'espérance de vie à la naissance est maintenant de 60 ans environ.

Le représentant a ensuite mentionné les initiatives de son Gouvernement en vue de promouvoir la parité entre les sexes et l'émancipation des femmes. A cet effet, des mesures légales ont été adoptées concernant par exemple l'âge du mariage, la violence à l'égard des femmes. Un Conseil national pour la promotion de la femme a été créé. Certaines mesures tendant à enrayer la préférence donnée aux garçons pourraient avoir rapidement des résultats positifs. Le représentant a également fait part d'un programme destiné à accroître la scolarisation des femmes dans le secondaire. C'est dans le domaine de la mortalité maternelle que de grands progrès restent à faire et des efforts sont en cours pour améliorer la fourniture de soins obstétriques et une campagne en vue de modifier les comportements a été lancée. Il s'est déclaré convaincu que la mortalité maternelle pouvait être réduite par la fourniture de services de santé reproductive intégrés et une meilleure information. Le représentant a également fait part d'un programme sur la santé et la population lancé par le Gouvernement dans le but d'assurer la fourniture de services de soins et de planification familiale intégrés dans la même structure administrative. Il a reconnu que la mise en place de cette stratégie nationale demande un apport plus large de ressources extérieures. Par ailleurs, il a indiqué qu'il faut encore faire des efforts dans le domaine de la santé reproductive des adolescents et développer des programmes en faveur des femmes âgées. En dernier lieu, il a exprimé son inquiétude face au fort taux de migration vers les zones urbaines qui s'élève à 6% alors que le taux de croissance de la population n'est que de 1,6%.

M. RAHIM (Pakistan) a estimé que l’un des points forts de cette Commission est le fait qu’elle permette aux délégations de partager leurs expériences en matière démographique et de les engager dans un dialogue constructif sur ces questions. Toutefois "les arbres comme la forêt sont importants" a-t-il déclaré, soutenant qu’il n’existe pas d’approche unique et que chaque pays présente des spécificités dont il faut tenir compte, tout en réaffirmant la nécessité de rapidement satisfaire les besoins de base de toute la population mondiale. Pour la Pakistan, la question de la parité entre les sexes est importante car elle fait partie intégrante des droits de l’homme. Il faut également accorder une priorité absolue à l’éducation, en particulier des filles. Pour ce qui est des projections démographiques, le taux de fécondité du Pakistan est resté supérieur à 6 jusque dans les années 80 et se trouve actuellement à environ 5, ce qui indique le début d’une transition. Il reste toutefois très élevé, et sachant que le taux de croissance est parmi les plus élevés du monde, à ce rythme la population doublera rapidement, et l’objectif de la croissance zéro semble encore loin. En vue de remédier à cette situation, le Pakistan a pris un ensemble de mesures visant notamment : à renforcer les programmes de planification familiale; à mettre en place des structures permettant d’assurer les besoins en matière de santé maternelle et infantile ainsi que de santé de la reproduction; à garantir l’égalité de droit et la pleine participation des femmes à la vie publique; à éliminer pauvreté notamment par des actions dans les domaines de l’éducation, de l’économie et de la promotion des femmes en tant qu’actrices du développement. A cet effet, le Gouvernement s'efforce de multiplier les chances notamment à travers la possibilité des femmes d’accéder à un travail rémunéré ainsi qu’aux microcrédits.

Le représentant a soutenu qu’il fallait remplacer l’idée de contrôle de la population par le libre choix en matière de procédure ce qui suppose des efforts importants en matière d’éducation, de santé et un effort commun de la communauté internationale. Dans ce contexte, le Pakistan appuie la demande de l’intensification des efforts de la communauté internationale en vue de mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs fixés à la CIPD afin que l’élan commun ne soit pas perdu.

Mme YQIN ZHANG, Vice-Ministre chargée de la protection de la famille, (Chine) a indiqué que depuis 1998, le taux de croissance de la population de la Chine est descendu au-dessous de 10 pour mille. A la fin de 1999, la population totale de la Chine atteignait 1,259 milliard (sans compter les populations des régions administratives spéciales de Hong Kong, Macao et Taïwan), le taux de fécondité était de 15,23 pour mille et la croissance totale de 8,77 pour mille. Le taux de fécondité est inférieur au taux de remplacement. Elle a signalé que depuis les années 1990, le Gouvernement s'est attaché à l'intégration dans le programme de planification familiale de mesures visant à protéger les droits des femmes et à améliorer la santé en matière de reproduction. L'amélioration de la santé reproductive passe notamment par la sensibilisation, l'éducation, la fourniture de services de santé prénatale et postnatale pour les femmes en âge de procréer, la promotion de la contraception, a-t-elle déclaré. En outre des services de soutien psychologique en matière de sexualité et de santé génésique ont été mis à la disposition du public.

Elle a précisé que son Gouvernement a, depuis la CIPD et la Conférence de Beijing, renforcé ses activités visant à promouvoir la parité entre les sexes et à accroître la participation des hommes à la planification familiale. Elle a fait part d'un projet sur la participation des hommes qui a été mis en place dans les provinces de Jilin, Shandong et du Sechuan. La stérilisation masculine compte aujourd'hui pour 10,2% des méthodes contraceptives. En ce qui concerne la promotion de la femme, elle a rappelé qu'à l'issue de la Conférence de Beijing, son Gouvernement a adopté le Programme chinois pour la promotion de la femme, 1995-2000 et a indiqué qu'en 1999, la plupart des objectifs de ce Programme avaient été atteints. Ainsi, la participation des femmes à la vie politique a augmenté de 46,5% depuis 5 ans, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté (dont 62% de femmes) est passé de 42 à 34 millions. Dans les dernières années, le Gouvernement a fourni des emplois à 7 millions de chômeurs, dont 40% de femmes et les conditions ont été créées pour la formation des femmes tout en assurant leurs besoins de base. Elle s'est également félicitée de la baisse constante de l'écart dans la scolarisation des filles et des garçons depuis 1990. On enregistre également une amélioration de la couverture médicale des femmes et les 84,1% des accouchements sont assistés par du personnel qualifié.

En dernier lieu, la Vice-Ministre a identifié les obstacles qui demeurent et les nouveaux défis qui se posent. La population chinoise va continuer à s'accroître jusqu'au milieu du siècle prochain jusqu'à atteindre son chiffre record de 1,6 milliard, moment à partir duquel elle commencera à décroître. La Vice-Ministre s'est inquiétée de la situation des 600 millions de femmes chinoises qui vivent principalement dans les zones rurales et ne bénéficient pas du même accès à l'éducation. En outre, dans cette période de transition vers une économie de marché, on relève qu'il y a plus de femmes sans emploi et que celles-ci ont plus de difficultés à retrouver du travail.

Mme G.N. KARELOVA (Fédération de Russie) a affirmé que son pays est fidèle à l’esprit et aux objectifs fixés à la CIPD, en particulier pour ce qui est des questions liées à la sexospécificité. En effet, le Gouvernement s’attache à inclure cette dimension dans toutes les politiques de population. Les activités du Gouvernement se fondent sur un ensemble de lois normatives qui visent à assurer des chances égales aux hommes et aux femmes dans tous les domaines et se traduisent notamment par la création de conditions permettant aux femmes de combiner leurs obligations familiales avec une activité économique. Le Gouvernement a opté pour une politique de population qui s’adapte aux conditions socioéconomiques changeantes. Il a notamment développé un plan national pour améliorer la situation des femmes et des enfants et la réalisation des droits en matière de santé de reproduction, ce qui a notamment permis de stabiliser l’indice de mortalité infantile. Grâce au Programme national "Maternité sans risques" le nombre d'avortements a diminué d'un tiers et de nombre des décès à la suite des avortements a aussi grandement diminué.

M. ROBERT G. PAIVA, membre de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a souhaité que les gouvernements prennent en considération les faits rapportés dans le dernier rapport de la Division de la population sur les migrations de remplacement. Revenant sur le Colloque sur les migrations internationales et le développement de 1998, à la Hague qui avait souligné la nécessité de disposer de données plus fiables dans ce domaine, il a indiqué que l'OIM avait procédé à la distribution des Recommandations révisées sur les statistiques des migrations internationales dans plus de 70 pays.

Il a également fait part du Programme de cours sur les politiques concernant les migrations internationales, parrainé par l'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), le FNUAP, l'OIM et l'OIT, qui a déjà tenu des session en Europe centrale, en Afrique australe et en Asie du Sud-Est et tiendra de prochaines sessions en Asie centrale. Il a indiqué que ces cours de formation constitue une part importante des efforts de l'OIM en vue du renforcement des capacités et pour les partenaires à renforcer les mécanismes régionaux et sous-régionaux de consultation sur les migrations. Dans ce contexte, il a cité également le Colloque régional qui s'est tenu en Thaïlande et a permis la rédaction de la Déclaration de Bangkok qui a été soumise à la 54ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies dans le cadre du débat sur les migrations internationales et le développement. Ce texte exprime l'engagement collectif de la région à combattre le trafic et les migrations illégales. L'OIM appuie des consultations du même type dans l'ex-Union soviétique, en Europe centrale et en Amérique du Sud, a-t-il indiqué.

M. Paiva a ensuite abordé les besoins spécifiques des migrantes. Les migration des femmes, de plus en plus nombreuses, ont des conséquences sur la fécondité, les rôles des femmes et des hommes, et sur les membres de la famille qui restent dans le pays d'origine. Sur la question de la traite et du trafic des femmes, il a précisé que tout le trafic n'avait pas pour objectif l'exploitation sexuelle. Mais quelle que soit sa destination, que ce soit pour l'exploitation sexuelle, le mariage forcé ou le travail forcé, le trafic de migrantes est un commerce abject, s'est-il indigné, qui prive les femmes de leurs droits fondamentaux en faisant d'énormes profits. Il a indiqué que l'OIM travaille avec les gouvernements et les organisations gouvernementales et non gouvernementales en vue de mettre en garde les victimes potentielles par des campagnes d'information. Reconnaissant qu'on ne saurait mettre fin à ce trafic en un jour, il a insisté sur le fait qu'il faut protéger les victimes, notamment les femmes et les enfants, et les aider à retrouver une vie normale.

Pour ce qui est des personnes âgées, un Programme national appelé "la génération plus âgée" a été adopté qui respecte les normes internationales en vigueur dans ce domaine. Par ailleurs, en ce qui concerne les migrations internes, des mesures ont été prises pour prévenir les violences à l’égard des femmes, Toutefois, le manque de ressources du Gouvernement entrave la réalisation de tous ces programmes. Par conséquent la Fédération de Russie souhaiterait obtenir un appui international aux efforts déployés en matière de population et développement par le Gouvernement, et attache une grande importance à la collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

M. SUNG-HO (République de Corée) a souligné que le lien entre la parité, la population et le développement constitue depuis longtemps une priorité dans les politiques sociales de la République de Corée. Dès 1960, des programmes de planification familiale ont été lancés avec succès dans le cadre des plans économiques quinquennaux en vue de briser le cercle vicieux de la pauvreté due à des taux de croissance de la population élevés et des taux de croissance économique faibles. Depuis les années 80, le taux de croissance de la population se situe en deçà du niveau de remplacement, alors que l’économie est en plein essor. Toutefois de nouveaux problèmes sont apparus tels que le vieillissement de la population, la pandémie du VIH/sida, les avortements, les problèmes sexuels des adolescents et la désintégration des familles. Cela a conduit le Gouvernement à adopter une nouvelle politique en matière de population qui vise à améliorer les conditions de vie et qui est fondée sur le programme d’action de la CIPD. Cette politique vise le maintien d’un taux de natalité bas combiné au développement économique et social durable, la réduction des taux de mortalité et de morbidité, l’amélioration du statut de la femme, la promotion de la santé familiale et des conditions des personnes âgées, la prévention des maladies sexuellement transmissibles et la maintien d’un équilibre dans la pyramide des âges.

La République de Corée est fermement engagée à atteindre les objectifs fixés à la CIPD en matière de parité, population et développement. En général, la réalisation de ces objectifs nécessite un renforcement de la coopération entre les organisations internationales, les Etats Membres et en particulier avec les pays en développement.

M. EGERO (Suède) a rappelé que la faible diminution des taux de fécondité est étroitement liée à la condition de la femme, notamment du fait que les femmes doivent trouver des moyens d'allier la procréation et la participation à la vie économique. Il convient donc de faciliter la possibilité de poursuivre une vie productive et une vie reproductive. Il a néanmoins estimé qu'il faut également tenir compte de facteurs socioculturels plus profonds qui ne peuvent être modifiés simplement. Il s'est félicité du fait que la Division de la population ait abandonné ses projections utopiques et travaille à réajuster ces projections de façon à refléter le fait que 61 pays, qui ensemble représentent 44% de la population mondiale, ont des taux de fécondité inférieurs au taux de remplacement. Concrètement, la Suède suggère de remplacer la classification des pays selon leur niveau de développement, laquelle se base notamment sur les différences entre les niveaux de fécondité et les taux d'accroissement naturel, par une classification plus ajustée aux tendances démographiques actuelles. Il s'est félicité du fait que de nombreux pays en développement aient pris des mesures en vue d'assurer une meilleure fourniture de services de santé en matière de reproduction et a rappelé les liens très forts qui lient le développement social, l'amélioration de la condition de la femme et le bien-être de la population.

Mme MARKEDA CASTRO (Panama) a expliqué que son pays a entamé le nouveau millénaire avec une plus grande volonté politique en vue de garantir l’égalité entre hommes et femmes. Une politique nationale visant à renforcer la participation des femmes a été adoptée, et s’est concrétisée par une modification profonde du code électoral. Il s’agit là d’un résultat concret de la lutte des femmes panaméennes en vue de leur participation active à tous les niveaux de la vie publique. Par ailleurs, un ensemble de textes de lois a également été adopté en vue de protéger les femmes et les mineurs d’actes de violence. Dans ce contexte, une proposition visant à élaborer un plan national contre la violence est en cours de préparation. Pour ce qui est de la santé en matière de sexualité et de reproduction, un plan national est également en cours de préparation, y compris pour ce qui est de la prévention du VIH/sida et des autres maladies sexuellement transmissibles.

Par ailleurs, en 1999, un texte de loi important a été passé qui établit l’égalité des chances pour les femmes dans tous les domaines. Ce texte est basé sur les principes arrêtés dans les instruments internationaux pertinents ratifiés par le Panama. Il est composé d’un ensemble normatif divisé en 13 chapitres qui concernent des domaines importants tels que l’emploi, la famille,

la santé, la culture, l’environnement, les femmes âgées, les femmes autochtones et les femmes détenues. Par ailleurs, une initiative visant à éliminer des manuels scolaires tout contenu sexiste a également été lancée. La représentante a souligné cependant qu’il n’existe pas encore d’institution spécifique chargée de protéger les droits des femmes au Panama.

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a noté que la proportion des femmes analphabètes est significativement inférieure à celle des hommes pour la tranche d'âge de moins de 39 ans, ce qui constitue en soit un résultat satisfaisant en termes de parité entre les sexes. Elle a expliqué que les femmes ont été poussées à s'investir davantage dans l'éducation comme un moyen de compenser les salaires plus bas. Pour ce qui est de la santé sexuelle et en matière de reproduction, le programme d'action de la CIPD a largement influencé les initiatives nationales. Outre les améliorations des services de santé dans ces domaines, le Ministère de la santé a également lancé une initiative à l'attention des adolescents. Par ailleurs, en 1997, le Congrès brésilien a approuvé une nouvelle loi sur le planning familial, dont l'un des objectifs est de promouvoir un accès plus large de la population aux méthodes contraceptives.

Le Brésil a connu des changements importants dans la pyramide des âges au cours des dernières années, et notamment le vieillissement de sa population. En outre, l'espérance de vie s'est améliorée à la fois pour les hommes et les femmes et le taux de mortalité infantile est en baisse. En ce qui concerne la pandémie du VIH/sida, la politique nationale s'articule autour de trois axes à savoir prévention, traitement médical et surveillance épidémiologique. La proportion des hommes infectés reste supérieure à celle des femmes (en 1997 le ratio était de 2 hommes pour 1 femme), toutefois ces dernières sont de plus en plus touchées, ce qui suppose que les femmes bénéficient d'une attention particulière dans la lutte contre le sida. En conclusion, Mme Ribeiro Viotti a réaffirmé l'engagement du Brésil à poursuivre une stratégie de développement qui vise à promouvoir l'égalité des chances, une participation sociale accrue des femmes, l'élimination de toute forme de discrimination fondée sur le sexe ou la race, la bonne gouvernance et une distribution équitable des revenus.

M. JOTHAM MUSINGUZI (Ouganda) a souligné l'importance de la dimension sexospécifique dans le contexte de la population et du développement durable, notamment les questions relatives à l'égalité, la parité et la promotion des femmes qui constituent des facteurs clefs à cet égard. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, l'Ouganda reconnaît le fait que les femmes demeurent les plus pauvres des pauvres, en particulier les femmes rurales, et s'engage à prendre des mesures en vue de remédier à la féminisation de la pauvreté. M. Musinguzi a insisté sur le rôle important que peut jouer l'éducation dans l'élimination de la pauvreté. Fort de ce constat, le Gouvernement ougandais a récemment introduit l'éducation primaire gratuite ce qui s'est traduit par une augmentation du taux de scolarisation, y compris des filles qui a plus que doublé entre 1997 et 2000.

Parmi les autres grands problèmes auxquels fait face Bien les efforts que nous déployons en vue de pallier à cette maladie commencent à être couronnés de succès, nous devons rester vigilants afin de protéger les femmes et les enfants, d'éviter la transmission mère-enfant, et investir dans la recherche pour trouver un vaccin et rendre les médicaments plus abordables a-t-il dit. Par ailleurs, le Gouvernement ougandais est conscient des progrès à réaliser en matière de santé reproductive et de planification familiale, et en particulier de la nécessité de lancer des actions à mener à l'attention des adolescents.

M. Musinguzi a insisté sur le fait que la réalisation des programmes de population nécessitent des ressources importantes, à la fois sur le plan local et le plan international, et que par conséquent, le partenariat entre pays en développement et la communauté des donateurs doit être renforcé. Par ailleurs, il a estimé que, à l'occasion de l'évaluation de la CIPD+10, il faudra accorder un intérêt particulier au VIH/sida dans le contexte de la santé reproductive, la parité et le développement durable.

Mme GINETTE LACHANCE (Canada) a déclaré que la promotion de l'égalité des sexes constitue un volet fondamental des politiques nationale et étrangère du Canada. L'engagement du Canada en ce sens est fondé sur la conviction que le développement durable et équitable ne peut être atteint sans la participation accrue des femmes en tant que partenaires à part entière dans la prise de décision et en tant que bénéficiaires de ce développement. Suite à la CIPD et en préparation de Beijing, le Canada a publié un Plan fédéral pour l'égalité entre les sexes dont l'un des volets les plus important est l'obligation pour les ministères et organismes fédéraux d'incorporer une analyse sexospécifique dans leurs politiques et projets de loi à venir.

Par ailleurs, le Canada maintient son engagement à incorporer une perspective sexospécifique dans l'élaboration et la mise en oeuvre de sa politique d'aide au développement et d'assistance humanitaire. Au plan multilatéral, le Canada soutient l'UNIFEM et le FNUAP. Dans ce contexte Mme Lachance a tenu à souligner le rôle essentiel que ces partenaires jouent en matière de promotion de l'égalité des sexes. Par ailleurs, le Canada soutient l'intégration de la considération sexospécifique dans les politiques d'immigration et d'asile.

En ce qui concerne la santé, le Canada a publié en 1999 sa Stratégie pour la santé des femmes, qui constitue un cadre conçu pour contrer les préjugés et les iniquités du système de santé, dont les objectifs sont notamment d'appuyer les prestations de services de santé pour les femmes et promouvoir une bonne santé par des mesures préventives et la réduction des facteurs de risque. Fort du constat de l'impact négatif à l'échelle mondiale du Sida sur l'espérance de vie, la composition de la population active et le ratio de dépendance, et conscient des effets futurs de cette pandémie dans tous les secteurs du développement, le Canada a consacré plus de 130 millions de dollars, depuis 1987, à des programmes de lutte contre le VIH/sida dans les pays en développement.

Par ailleurs, en ce qui concerne la violence à l'égard des femmes et des enfants, le Canada a lancé de nouvelles initiatives pour lutter contre ce fléau, telles que l'adoption de textes de lois sur la prostitution enfantine, le tourisme sexuel et les mutilations génitales des femmes. En conclusion, Mme Lachance a rappelé qu'une participation accrue et un engagement de toutes les parties prenantes sont essentiels si l'on veut définir les enjeux prioritaires et trouver les moyens nécessaires pour y répondre. L'avancement des objectifs fixés au Caire et au cours des autres Conférences internationales constitue une tâche importante et un défi qui requière la contribution de tous, gouvernements et société civile.

Mme GIERVERD (Pays-bas) a souligné la nécessité de prendre en considération le rôle des femmes et celui des hommes dans la formation de la famille. Il convient d'adopter une approche qui intègre les hommes et se préoccupe des couples en tant que partenariats. Elle a regretté que dans l'examen de la formation de la famille, on néglige les célibataires et ceux qui n'ont pas d'enfants. Elle a observé que dans son pays, il est encore difficile de combiner la procréation et la participation active aux activités économiques. En conséquence, 15% des femmes et des hommes nés entre 1951 et 1960 n'ont toujours pas d'enfants et les estimations prévoient que 25% de ceux qui sont nés dans les années 1960 resteront sans enfants. On remarque donc que les difficultés à combiner la procréation avec la participation à la vie active ont des conséquences directes sur le nombre d'enfants à naître et sur l'échelonnement des naissances. La représentante a indiqué que son Gouvernement avait adopté des mesures en vue d'assurer la participation des hommes dans les soins prodigués aux jeunes enfants, en instituant notamment un congé paternel et a regretté que la plupart des jeunes pères n'y aient pas recours. Elle s'est ensuite inquiétée de la situation des femmes seules avec des enfants, surtout celles qui ont un faible niveau d'éducation et a estimé qu'il importe de leur fournir des aides financières et une assistance pour la garde des enfants afin de leur permettre de réintégrer le monde du travail une fois que leurs enfants seront plus grands.

Elle s'est ensuite penchée sur la dimension sexospécifique du vieillissement de la population. Elle a indiqué que les études menées dans son pays révèlent que les personnes âgées qui se retrouvent seules ont de plus en plus tendance à former de nouvelles relations. Ainsi le taux de remariages augmente, ainsi que le nombre de cohabitation hors mariage. Elle a estimé qu'il fallait conduire de nouvelles recherches dans ce domaine. Elle a ensuite attiré l'attention sur la question de la pauvreté qui affecte les personnes âgées, tant dans les régions développées que dans celles qui le sont moins. Elle a estimé que les programmes en faveur des personnes âgées devraient s'attacher à leur garantir un revenu bien au-dessus du seuil de pauvreté. Prenant en considération la baisse de revenu qui suit généralement la perte d'un conjoint, elle a indiqué que son Gouvernement s'est employé à améliorer la situation financière des femmes âgées seules. Elle a donné des précisions sur le système national de retraite qui combine des plans de retraite individuels et des pensions prises en charge par les entreprises ainsi qu'un certain nombre de mesures destinées à améliorer la qualité de vie des personnes âgées.

Mme CINDY BERMAN, Organisation international du Travail, (OIT) a rappelé que les objectifs énoncés au Caire se retrouvent dans la mission de l'OIT en faveur de l'intégration sociale. Elle a fait part des récentes actions de l'OIT dans le domaine des migrations en vue de pallier aux abus dont les femmes migrantes sont victimes. Ainsi un nouveau mécanisme a été adopté en 1996 pour donner la possibilité à l'OIT d'intervenir dans les cas où les femmes migrantes sont exposées à de nombreuses violations de leurs droits et l'OIT a adopté une série de directives préconisant des mesures de protection spéciale pour les migrants recrutés par des agents privés. Elle a rappelé que dans le domaine de l'emploi et de la promotion de l'égalité des chances et de traitement, l'OIT dispose de nombreuses conventions en vue de protéger les femmes contre la discrimination dans l'emploi. Elle a aussi indiqué que la Convention et les Recommandations sur la protection de la maternité sont actuellement en cours de révision afin de tenir compte des nouvelles données concernant la participation des femmes au travail et leur assurer l'égalité de traitement.

Mme Berman a ensuite abordé les conséquences dévastatrices du VIH/sida, particulièrement en Afrique. Elle a indiqué que l'OIT avait engagé un dialogue aux niveaux régional et national, dans ce domaine et que des programmes de coopération technique avaient été élaborés pour établir des cadres législatifs et réglementaires et recommander des stratégies pratiques concernant le VIH/sida dans le contexte du travail. En conclusion elle a rappelé que l'OIT s'engage à travailler avec ses partenaires du système des Nations Unies, aux niveaux national et régional, à contribuer à la réalisation les objectifs de la CIPD.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.