LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME ACHEVE SON DEBAT SUR LE RACISME ET LA DISCRIMINATION RACIALE
Communiqué de Presse
DH/G/1276
LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME ACHEVE SON DEBAT SUR LE RACISME ET LA DISCRIMINATION RACIALE
20000324L'importance du processus préparatoire a été maintes fois soulignée pour assurer le succès de la Conférence mondiale contre le racisme
Genève, le 24 mars 2000 -- La Commission des droits de l'homme a achevé, cet après-midi, son débat sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et toutes les formes de discrimination. Le Rapporteur spécial sur ces questions, M. Maurice Glèlè-Ahanhanzo, a conclu la discussion en se félicitant de la volonté manifestée par les délégations de préparer la Conférence mondiale contre le racisme par le biais de conférences régionales et techniques. La Commission devrait se prononcer sur les projets de résolutions qui lui seront soumis au titre de ces questions le vendredi 7 avril dans l'après-midi.
Des intervenants ont salué les offres faites par le Brésil et le Sénégal en vue d'accueillir - respectivement pour l'Amérique latine et les Caraïbes et pour l'Afrique - les conférences régionales préparatoires à la Conférence mondiale contre le racisme qui se tiendra en 2001 en Afrique du Sud. Il a été souligné que le succès de la Conférence mondiale dépendra du sérieux avec lequel sera traité le processus préparatoire. Plusieurs orateurs ont insisté, au cours du débat, sur l'importance du rôle de l'éducation dans la lutte contre le racisme et la discrimination.
L'accent a été mis également sur la nécessité d'assurer une protection adéquate des immigrés et des travailleurs migrants à travers le monde. À cet égard, il a notamment été proposé que les pays qui ne l'ont pas encore fait reconnaissent la compétence du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale à examiner des plaintes émanant d'individus ou de groupes qui se disent victimes d'une quelconque discrimination.
Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations : Argentine, Lituanie, Israël, République dominicaine, Uruguay, Autriche, Madagascar, Brésil, Sénégal, Équateur, Inde, Fédération de Russie, Algérie, République islamique d'Iran, Érythrée et Bélarus.
Le représentant de l'Organisation internationale du travail (OIT) a également pris la parole, ainsi que les organisations non gouvernementales suivantes : Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, Fédération syndicale mondiale, Nord-Sud XXI, Conseil international de traités indiens et Congrès du monde islamique.
Le Soudan, la Mauritanie et la Lettonie ont exercé leur droit de réponse.
La Commission entamera lundi matin, à 10 heures, son débat sur le droit au développement. Elle doit en outre entendre les Ministres des affaires étrangères de la Finlande, de l'Espagne, du Danemark et de l'Albanie.
Suite du débat sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie
M. NORMA NASCIBENE DE DUMONT (Argentine) a souligné que le rapport du Rapporteur spécial sur le racisme est un document fondamental et a regretté sa publication tardive, qui porte préjudice aux travaux de la Commission. La représentante a estimé que la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et autres formes de discrimination constitue un domaine approprié pour une action internationale solidaire où nous pouvons tous apprendre des expériences et actions des autres États et adopter des mesures universelles pour lutter contre les méthodes utilisées par les *ðprophètes modernes de la haine+ð. Dans ce contexte, a-t-elle ajouté, l'Argentine, à l'instar des autres pays de la région latino-américaine, veut réaffirmer son soutien à la tenue de la Conférence mondiale et salue le fait qu'elle se tiendra en Afrique du Sud, pays qui restera toujours le symbole de cette lutte.
M. AUDRIUS NAVIKAS (Lituanie) a rappelé que la législation en vigueur dans son pays permet aux minorités nationales à créer des organisations publiques et culturelles ainsi que des partis et des organisations politiques. Alors que la Lituanie comptait une soixantaine d'organisations publiques de minorités nationales ou de groupes ethniques en 1993, elle en compte aujourd'hui plus de 220. La Lituanie oeuvre à la promotion du dialogue non seulement entre groupes ethniques différents mais aussi entre civilisations, a souligné M. Navikas. Il a rappelé que son pays organise une conférence internationale sur le dialogue entre les civilisations qui se tiendra sous les auspices du Président de la République de Lituanie et du Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) en 2001.
M. DAVID PELEG (Israël) a rendu hommage à l'ambassadeur Morris Abram décédé la semaine dernière et qui avait joué un rôle décisif dans l'adoption d'une résolution de la Commission condamnant l'antisémitisme. En 1945, a dit le représentant, la génération de mes parents nourrissait l'espoir que la victoire du bien sur le mal permettrait de mettre un terme à l'antisémitisme. Cela n'a malheureusement pas été le cas, a-t-il regretté. Bien au contraire, nous avons pu constater ces dernières années une renaissance de l'antisémitisme, notamment à travers des tentatives de négation de l'holocauste. La différence entre la situation des années 30 et 40 et celle qui prévaut aujourd'hui, est qu'Israël existe en tant qu'État. La création de l'État d'Israël représente la réponse ultime à ce qui s'est passé à Auschwitz et exprime la rédemption du peuple juif. Le représentant a exprimé sa forte préoccupation face aux progrès récents des partis d'extrême droite dans certains pays. La question est de savoir si le succès de ces mouvements est ou n'est pas, lié à la façon dont les États ont pris ou n'ont pas pris, les mesures permettant de tirer les enseignements de l'holocauste. Si ce lien existe, il souligne toute l'importance de l'éducation des jeunes générations sur ces questions.
M. FEDERICO ALBERTO CUELLEO CAMILLO (République dominicaine) a estimé que les manifestations de discrimination sont plus intimement liées à une certaine discrimination sociale plutôt que raciale où priment des éléments de nature économique. En République dominicaine, plus que racial le problème est historique et structurel. Aujourd'hui, les différences économiques entre les deux républiques limitrophes, dominicaine et haïtienne, ont pour conséquence une immigration illégale de migrants haïtiens, sans papiers, qui viennent chercher en République dominicaine de meilleures conditions de vie. Cela donne lieu à des situations confuses et parfois à des comportements de racisme et de xénophobie. Les deux gouvernements, dominicain et haïtien, sont conscients de cette réalité structurelle et déploient d'immenses efforts pour organiser au mieux les déplacements de ces migrants haïtiens afin de mieux contrôler cette migration et garantir à ces migrants le respect des droits de l'homme.
MME PAMELA VIVAS (Uruguay) s'est félicité de l'offre du Gouvernement brésilien d'accueillir les délégations d'Amérique latine et des Caraïbes dans le cadre de la réunion régionale préparatoire à la Conférence mondiale contre le racisme qui doit se tenir en 2001 en Afrique du Sud. À cet égard, il a souligné l'importance - pour toutes les réunions préparatoires qui doivent se dérouler dans les différentes régions du monde - de la première réunion préparatoire du Comité préparatoire de la Conférence, qui doit se tenir au début du mois de mai à Genève.
M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) a affirmé que la lutte contre la discrimination raciale est au coeur de la politique autrichienne en matière de droits de l'homme. L'Autriche appuie pleinement la déclaration faite hier par la présidence de l'Union européenne, décrivant de façon détaillée ses politiques et actions en ce domaine. Le représentant a affirmé que son pays met un accent tout particulier sur l'éducation en matière de droits de l'homme. Il s'agit d'éveiller les consciences à la tolérance et au pluralisme. Des programmes spéciaux sont ainsi dispensés dans les écoles et dans les administrations de la police et de la justice. L'Autriche participe activement à la préparation de la Conférence mondiale contre le racisme.
M. Strohal a déclaré que la protection des minorités ethniques ou religieuses figurent en bonne place dans le programme gouvernemental de l'Autriche. Une législation détaillée criminalise les insultes raciales et incitations à la haine raciale, a précisé le représentant. Par ailleurs, une disposition constitutionnelle soumet toute la législation et la pratique en la matière à la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Le représentant a toutefois reconnu que des problèmes liés au racisme persistent dans son pays tout comme dans de nombreux autres pays d'Europe. Mais le Gouvernement autrichien est fermement décidé à mettre en oeuvre des politiques permettant d'assurer une lutte efficace contre le racisme, la discrimination et la xénophobie. Le représentant a enfin affirmé que son pays est depuis longtemps une terre d'accueil pour les étrangers.
M. MAXIME ZAFERA (Madagascar) a souligné que le succès de la Conférence mondiale contre le racisme qui se tiendra en Afrique du Sud en 2001 dépendra non seulement de la volonté de la communauté internationale de lui apporter son plein soutien mais aussi du sérieux apporté au processus préparatoire. Il s'est félicité de l'offre qui a été faite par le Sénégal en vue d'accueillir la réunion préparatoire à la Conférence mondiale pour la région africaine. Soulignant que la recrudescence des différentes formes de racisme dans le monde est une source de sérieuse préoccupation, il a rappelé que des formes pernicieuses et violentes de racisme et de discrimination raciale, dont les acteurs sont des fois des agents chargés du maintien de l'ordre public, ont pu être constatées dans des pays qui se targuent pourtant d'une longue tradition de libéralisme. Dans ces mêmes pays, d'autres formes subtiles de racisme et de discrimination raciale se manifestent dans les demandes d'emploi ou de logement ou dans l'accès des lieux publics de loisir. Est-il besoin de souligner le grave danger que représente par ailleurs l'utilisation de l'internet à des fins de propagande raciste, s'est interrogé le représentant ? Pour sa part, Madagascar continuera à apporter sa contribution à la croisade contre le racisme et la discrimination raciale.
M. CELSO AMORIM (Brésil) a estimé qu'au cours des mois précédent la tenue de la Conférence mondiale contre le racisme, il serait bon d'accorder une attention particulière à la sensibilisation des opinions publiques à ses objectifs pendant que les communautés, les pays et régions identifieront les questions et priorités de la Conférence. Il a souligné la nécessité de régler les aspects financiers, notamment en ce qui concerne l'assistance à l'organisation de réunions préparatoires régionales et l'importante question de la participation des organisations non gouvernementales, qui doit être la plus large possible. M. Amorim a estimé qu'il fallait envisager de solliciter davantage les mécanismes de la Commission sur la question des tendances politiques racistes, non seulement afin de mieux combattre l'intolérance mais aussi comme un moyen de promouvoir la démocratie et la bonne gestion des affaires publiques. Il s'agit, a-t-il conclu, de réfléchir à la compatibilité entre certaines idéologies politiques et le processus démocratique.
MME ABSA CLAUDE DIALLO (Sénégal) a souligné que, malgré l'oeuvre importante entreprise par les Nations Unies, il reste beaucoup à faire en matière de lutte contre la discrimination raciale et l'ONU se doit d'être davantage entreprenante. Force est de constater que l'idéologie de la supériorité raciale, loin de s'estomper, continue de se développer. Aujourd'hui, la peur et la négation d'autrui prennent paradoxalement des proportions alarmantes. Dans certains pays, des formations politiques se réclament ouvertement du racisme et de la xénophobie et mobilisent plus en plus de voix en leur faveur. Alors, comment donner une chance au dialogue entre les cultures et les civilisations ? Le moment est venu d'amorcer une introspection collective pour extirper des consciences toute idée de supériorité raciale ou ethnique et de xénophobie. Il est temps de réfléchir à la meilleure manière de bâtir une société ouverte. Le Sénégal fonde beaucoup d'espoirs dans la Troisième Conférence mondiale contre le racisme. Elle devrait assurer la participation de tous, y compris organisations non gouvernementales.
L'accent devrait être mis sur l'éducation. Le Sénégal, qui se propose d'abriter la Conférence régionale africaine en prélude à la Conférence, est convaincu que les actes de discrimination sont la négation même du principe de l'égalité entre les hommes. Chaque État doit renforcer et compléter sa législation en matière de lutte contre la discrimination.
M. LUIS GULLEGOS (Équateur) a souligné que, comme le rappelle le rapport du Rapporteur spécial M. Maurice Glèlè-Ahanhanzo, le combat contre l'intolérance à l'égard de ceux qui sont différents ou pensent autrement ne se termine pas lorsque les pays atteignent un certain niveau de vie ou de pratiques politiques mais doit au contraire être mené en permanence et sans interruption. Le représentant a souligné que la mondialisation a provoqué, ces dernières années, un important flux de travailleurs migrants et qu'un nombre important d'Équatoriens, par exemple, se sont rendus en Amérique du Nord et en Europe pour contribuer, par leur labeur, au progrès économique d'autres pays et ouvrir de nouveaux horizons à leurs familles. À cet égard, il convient de mettre l'accent sur la responsabilité qui incombe aux pays d'accueil de protéger les migrants contre tout incident inspiré par le racisme et la xénophobie. Or, l'Équateur a reçu un nombre important de plaintes émanant de ressortissants équatoriens qui - même munis de papiers en règle - ont été victimes de traitements discriminatoires.
M. SHARAT SABHARWAL (Inde) a souhaité que la Conférence mondiale contre le racisme soit l'occasion d'une meilleure sensibilisation et de l'identification de solutions efficaces afin d'éliminer ce phénomène. Comme ce fut le cas lors la Conférence mondiale des droits de l'homme à Vienne et de la Conférence mondiale des femmes à Beijing, la communauté internationale doit démontrer une unité d'action en vue de préparer cette conférence. La Conférence doit être un instrument pour la coordination des programmes des Nations Unies et définissant le suivi des actions à tous les niveaux. Selon la délégation indienne, la Conférence devrait se fixer pour objectif de combattre les préjugés qui mènent au racisme et à la discrimination raciale, grâce à l'enseignement, l'éducation, la culture et l'information et devrait promouvoir la compréhension et la tolérance. La conférence devrait permettre de faire comprendre que le pluralisme et la diversité sont des valeurs qui enrichissent la société et non pas qui la menacent.
MME YULIA GUSYNINA (Fédération de Russie) a appuyé l'idée exprimée par la Haut-Commissaire aux droits de l'homme selon laquelle le racisme est le produit d'un environnement. Nous sommes particulièrement préoccupés par certains phénomènes racistes se produisant dans des pays qui ont toujours été au premier plan de la démocratie et de la lutte contre le racisme. Cela montre qu'il ne suffit pas d'adopter des législations en la matière, mais qu'il faut mettre l'accent sur l'éducation et la sensibilisation du public. Nous ne pouvons pas accepter l'idée qu'il n'y a pas de réaction officielle en Fédération de Russie face aux manifestations d'antisémitisme, a affirmé la représentante. La Douma examine actuellement un projet de loi sur l'interdiction de porter des insignes nazis.
Nous souhaitons que des actions soient entreprises à l'encontre des États qui ne présentent pas en temps voulu leur rapport au Comité pour l'élimination de la discrimination raciale. La représentante a enfin émis l'espoir que la Conférence contre le racisme qui se tiendra en Afrique du Sud en 2001 tiendra compte des préoccupations exprimées devant la Commission et privilégiera la définition de moyens concrets de lutte contre le racisme et la discrimination raciale.
M. I. HASSAINE (Algérie) a souligné qu'on assiste aujourd'hui à une forme de conceptualisation de la haine raciale et du racisme. Ainsi, derrière des désignations anodines se cachent des idées assassines dont la plus récurrente est celle de la *ðpréférence nationale+ð. Il s'agit d'une véritable tentative de légalisation de la discrimination qui, faute de réaction adéquate, ne manquera pas de faire tache d'huile. Les principales victimes sont non seulement les communautés immigrées mais aussi les générations issues de l'émigration et qui jouissent pourtant de la citoyenneté. Cette situation d'exclusion et de marginalisation pousse progressivement ces communautés vers une *ðghettoïsation+ð porteuse de révolte pouvant prendre de multiples formes dont la délinquance. Il est urgent pour la communauté internationale de se pencher d'urgence sur la question du renforcement de la protection internationale des victimes du racisme et de la xénophobie constituées essentiellement des communautés immigrés ainsi que des travailleurs migrants et des membres de leurs familles. C'est pourquoi l'Algérie invite les États qui ne l'ont pas encore fait à reconnaître la compétence du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de recevoir et examiner les communications des personnes ou groupes qui se plaindraient d'une discrimination fondée sur la race, le sexe ou la religion.
M. PATRICK A. TARAN (Organisation internationale du travail) a rappelé que son organisation s'est concentrée ces dernières années sur la discrimination qui touche en particulier les migrants et les travailleurs appartenant à des minorités ethniques. Un projet intitulé *ðcombattre la discrimination contre les migrants et travailleurs de minorités ethniques dans le monde du travail+ð est né en 1991 et vise à rechercher les solutions à opposer à la discrimination rencontrée au moment d'accéder à un emploi aux États-Unis et certains pays d'Europe occidentale. L'organisation a mesuré des niveaux significatifs et préoccupants de discrimination face à l'emploi dans plusieurs pays où une enquête a été menée et a constaté que le taux de discrimination s'élevant à 35% n'était pas rare.
M. ALI KHORRAM (République islamique d'Iran) a estimé que l'organisation de conférences régionales en vue de préparer la Conférence mondiale contre le racisme risque de se heurter à de graves difficultés si le Haut-Commissariat aux droits de l'homme compte uniquement sur des fonds volontaires. Les mesures prises par le Haut-Commissariat pour développer une stratégie est encourageante mais il semble qu'il devrait recueillir des ressources sûres afin de garantir la tenue de conférences préparatoires. À cet égard, les fonds et programmes régionaux, les commissions économiques régionales devraient pouvoir mettre à contribution leur efficacité.
M. AMARE TEKLE (Érytrée) a stigmatisé l'usage délibéré des médias électroniques dans le but d'inciter à la violence à l'encontre des groupes ethniques en Éthiopie, y compris des Érythréens. L'Éthiopie, a affirmé le représentant, est un État fondé sur l'ethnicité. Le régime actuel proclame que le fédéralisme ethnique a vocation à satisfaire les demandes politiques de toutes les minorités ethniques. Mais, le régime d'ethno-apartheid qui sévit en Éthiopie a maintes fois été dénoncé. Les valeurs et normes du pays sont celles du parti dominant. Au plan économique, le but est de parvenir à une situation où 4 millions d'habitants, sur les 60 millions que compte le pays, contrôlent la richesse nationale. L'orateur a été interrompu par le Président de la Commission après que l'Éthiopie, sur une motion d'ordre, eut estimé que l'intervention n'était pas conforme au point à l'examen.
M. SERGEI ANOSHKO (Bélarus) a souligné que 22% de la population du Bélarus est constituée de personnes qui ne sont pas d'origine bélarussienne et appartiennent à des groupes minoritaires tels que les Russes, les Ukrainiens, les Juifs et les Tatars, pour ne citer que quelques exemples. Il n'y a pas de conflit ayant une base ethnique, raciale ou confessionnelle au Bélarus, a-t-il souligné, joutant que la politique de l'État vise à favoriser cette stabilité. La Constitution du Bélarus assure l'égalité de droits de tous les citoyens du pays, a-t-il rappelé. En novembre 1992, a-t-il poursuivi, a été adoptée une loi sur les minorités nationales qui jette les bases juridiques des relations intercommunautaires et se fonde sur les normes internationales en la matière. Cette loi vise à protéger les relations intercommunautaires ainsi que les cultures nationales.
MME MANJIMA BHATTACH ARJYA (Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté) a déclaré que la Conférence mondiale contre le racisme qui se tiendra en Afrique du Sud en 2001 devrait fournir l'occasion d'éradiquer le racisme dans le monde. Il faut reconnaître les dimensions économiques et politiques du racisme, a-t-elle souligné. Si le racisme se propage, c'est bien parce que certains groupes en profitent, notamment sur le plan économique, a-t-elle affirmé. Elle a suggéré que les préparatifs de la Conférence mondiale tirent parti des efforts déployés par les organisations non gouvernementales en matière de lutte contre le racisme et la discrimination raciale.
Un représentant de la Fédération syndicale mondiale a déclaré que les conflits d'aujourd'hui sont le résultat de l'intolérance: les principaux conflits naissent des idéologies de discrimination et aboutissent à de flagrantes violations des droits de l'homme. Le Népal a observé avec préoccupation les slogans d'une djehad contre les hindous émanant de groupes du Pakistan. Le Népal est une nation hindoue. La Fédération syndicale mondiale est atterrée de découvrir qu'au XXIe siècle, des groupes prônent l'idéologie de violence armée au lieu de propager le respect de toutes les religions. L'orateur a été interrompu par le Président, son nom n'étant pas dûment accrédité.
M. HAIDAR BITAR (Nord-Sud XXI) a évoqué le destin tragique des enfants du Liban. Quand les enfants pourront-ils rentrer chez eux ? Comment faire cesser le massacre qui touche les enfants du Liban. Nord-Sud XXI demande que justice soit faite et une paix juste et durable et non pas une paix imposée par la force. Les avions militaires bombardent tous les jours le Liban. Le représentant a demandé le retrait des soldats présents au Liban, pourquoi les bombardements au Liban se poursuivent-ils ? Il faut faire appliquer la résolution prévoyant le retrait des forces israéliennes du Liban, a affirmé le représentant.
M. ANTONIO GONZALES (Conseil international de traités indiens) a attiré l'attention de la Commission sur le racisme soutenu par l'État qui procède de l'application de la peine de mort aux États-Unis. À ce titre, il a rappelé que la première personne exécutée cette année dans l'État de Californie était un Cherokee, Darryl Young Elk Rich. Il a fait observer que le taux d'application de la peine capitale aux autochtones américains en Californie représente le double de leur pourcentage de la population totale du pays.
M. MAQBOOL AHMAD (Congrès du monde islamique) a fait remarquer que le choc de l'holocauste, où des millions d'innocents ont péri, a donné naissance au voeu pieux *ðplus jamais ça+ð. L'évidence est partout autour de nous, avec le génocide rwandais, la décimation de 10 000 musulmans dans la zone protégée des Nations Unies de Srebrenica, le génocide au Kosovo où au moins 10 000 hommes, femmes et enfants ont trouvé la mort, pour n'en mentionner que quelques exemples. Aujourd'hui, la xénophobie est une réalité quotidienne et l'islamophobie en est une de ses composantes nouvelles. En Inde, les minorités musulmane et chrétienne et les *ðintouchables+ð sont souvent les victimes de violence, la destruction systématique du patrimoine est l'une des pratiques les plus répandues, comme ce fut le cas au Cachemire, pour pousser les peuples vers l'asservissement.
Concluant le débat sur la racisme, le Rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, M. MAURICE GLÈLÈ-AHANHANZO s'est félicité de la mobilisation générale en faveur de la Conférence et de la volonté manifestée par les représentants de préparer cet événement au moyen de conférences régionales et techniques. Il s'est félicité de la volonté des membres de la Commission de donner une dimension pratique à la lutte contr