LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DEBAT SUR LE RACISME
Communiqué de Presse
DH/G/1275
LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT SUR LE RACISME
20000324Elle entend les déclarations du Secrétaire-général de l'OCI, de la Vice-Présidente du Costa Rica et du Ministre de la justice de Zambie
Genève, le 24 mars 2000 -- La Commission des droits de l'homme a entendu, ce matin, les déclarations du Secrétaire-général de l'Organisation de la Conférence islamique, la Vice-Présidente du Costa Rica et le Ministre de la justice de Zambie. Elle a également poursuivi son débat sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et toutes les formes de discrimination.
Le Secrétaire-général de l'Organisation de la Conférence islamique, M. Azzeddine Laraki, a regretté qu'une très grande majorité de non-musulmans ne sait encore rien de l'Islam, ni de ses valeurs profondément humanistes. Il a rappelé que l'égalité entre les hommes constitue une valeur absolue de l'Islam. M. Laraki s'est dit convaincu qu'une coopération internationale décisive et volontariste peut permettre l'avènement des droits de l'homme à l'échelle mondiale. L'Organisation de la Conférence islamique appelle au dialogue entre les civilisations afin de renforcer les bases de cette coopération.
Mme Elizabeth Odio-Benito, Vice-Présidente du Costa Rica, a rappelé l'initiative *ðDividendes de la paix+ð lancée par son pays afin que les ressources libérées par la réduction des dépenses en armement conventionnel soient consacrées au développement économique et social et au renforcement de la démocratie et de la paix.
M. Bonaventure Chishimba Mutale, Ministre de la justice de la Zambie, attirant l'attention sur le problème de la pauvreté qui entrave la réalisation des droits de l'homme, a indiqué que son pays s'est fixé pour objectif de réduire la pauvreté de son niveau actuel de 72,9% à 50% d'ici 2004. La réalisation des droits humains des femmes, la parité des sexes dans toutes les sphères de la vie quotidienne est également une priorité en Zambie.
Poursuivant son débat sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et toutes les formes de discrimination, la Commission a entendu les représentants des États-Unis, de la Chine, du Pakistan, du Swaziland, du Mexique, de Cuba, du Botswana et du Sri Lanka.
Plusieurs organisations non gouvernementales se sont également exprimées devant la Commission : International Save the Children Alliance, Fédération luthérienne mondiale, Agir ensemble pour les droits de l'homme, Fédération mondiale des associations pour les Nations Unies, Minority Rights Group, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, Société pour les peuples en danger, Université spirituelle internationale des Brahma-Kumaris et Association internationale contre la torture.
La plupart des intervenants ont dénoncé le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie qui se manifestent partout dans le monde. Quelques orateurs ont déploré l'acquittement des policiers responsables de l'assassinat de l'immigrant guinéen Amadou Diallo à New York. D'autres ont attiré l'attention sur la discrimination à l'égard des femmes et des migrants, ainsi que sur la situation des Roms en Europe.
La Commission poursuivra, cet après-midi à 15 heures, son débat sur les questions relatives au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à toutes les formes de discrimination.
Déclarations
M. AZEDDINE LARAKI, Secrétaire général de l'Organisation de la Conférence islamique a regretté qu'une perception malsaine de l'Islam subsiste en Occident. En dépit des efforts déployés ces dernières années par de nombreux gouvernements, une très grande majorité de non-musulmans ne sait encore rien de l'Islam, ni de ses valeurs profondément humanistes. C'est pourquoi l'Organisation de la Conférence islamique attache une grande importance aux Nations Unies en tant que forum, permettant de discuter franchement des droits de l'homme et notamment de leur consécration par la religion islamique. L'égalité entre les hommes constitue une valeur absolue de l'Islam, première religion à avoir consacré les principes des droits de l'homme sans aucune équivoque. Ces principes relèvent de la quintessence même de l'Islam, a expliqué M. Laraki. Émanant de l'inspiration divine, ils ne souffrent point de contestation.
Le Secrétaire général de l'Organisation de la Conférence islamique a rappelé que les droits de l'homme sont systématiquement bafoués dans de nombreuses régions du monde. En particulier, la situation du peuple palestinien est une effroyable tragédie. Affirmant que l'occupation israélienne constitue une violation des droits de l'homme du peuple palestinien, M. Laraki a souligné la nécessité d'appliquer la quatrième Convention de Genève de 1949 relative à la protection des civils en temps de guerre au peuple palestinien en lutte en Cisjordanie et à Al Qods occupés. Il a également dénoncé les violations des droits de l'homme subies par la population du Cachemire, ainsi que les massacres et la politique de terreur dont est actuellement victime le peuple tchétchène musulman. Dans ce contexte, M. Laraki a exhorté la Fédération de Russie à mettre fin à cette agression barbare.
M. Laraki s'est dit convaincu qu'une coopération internationale décisive et volontariste peut permettre l'avènement des droits de l'homme à l'échelle mondiale. L'Organisation de la Conférence islamique est persuadée que le dialogue entre les civilisations, qu'elle appelle fortement de ses voeux, renforcera les base de cette coopération.
MME ELIZABETH ODIO-BENITO, Vice-Présidente du Costa Rica, a indiqué que, selon son pays, seuls le respect et la protection des droits de l'homme peuvent garantir une paix internationale durable. Les droits de l'homme doivent être au centre de la politique de tout gouvernement démocratique, tant du point de vue de l'organisation sociale que de l'organisation politique, a-t-elle ajouté. Pour sa part, le Costa Rica souhaite que les années à venir se caractérisent par une coopération effective en vue de promouvoir la liberté, la démocratie, la justice et la paix à travers le monde. Toutefois, a souligné la Vice-Présidente, la force de la démocratie ne doit pas se mesurer ni se résumer à la tenue de réunions périodiques multipartites ; la démocratie doit surtout offrir aux populations concernées une vie digne, sans violence, sans peur ni désespoir, ainsi qu'une liberté et une égalité totales en matière d'opportunités économiques et sociales. Les sociétés démocratiques sont celles où les hommes et les femmes, les adultes et les enfants, les citoyens et les étrangers jouissent tous de droits identiques.
La Vice-Présidente costa-ricienne a par ailleurs rappelé l'initiative *ðDividendes de la paix+ð lancée par son pays lors de l'Assemblée générale de l'Organisation des États américains qui s'est tenue au Guatemala en juin dernier. Elle a précisé que, par cette initiative, le Gouvernement costa-ricien entend faire en sorte que les ressources libérées par la réduction des dépenses en armement conventionnel soient consacrées au développement économique et social et au renforcement de la démocratie et de la paix. Mme Odio-Benito rappelé que son pays a proposé la célébration d'une décennie visant à souligner les liens entre les droits de l'homme et l'éducation; à l'approche de la Conférence mondiale contre le racisme, il est plus important que jamais de souligner le rôle essentiel de l'éducation.
M. BONAVENTURE CHIBAMBA MUTALE, Ministre de la justice de la Zambie, a déclaré que son pays est déterminé à promouvoir et appliquer le droit au développement tel qu'il est inscrit dans la Déclaration sur le droit au développement. C'est dans ce cadre que la Zambie a participé au Séminaire régional africain sur la réalisation du droit au développement, qui s'est déroulé au Cameroun en décembre dernier. M. Mutale a déclaré qu'en ce qui concerne le problème de la pauvreté et de la pleine réalisation des droits de l'homme, son gouvernement a mis en place, au titre des ses programmes de lutte contre la pauvreté, des *ðfilets de sécurité+ð à l'intention des plus pauvres. L'objectif du gouvernement est de réduire la pauvreté de son niveau actuel de 72,9% à 50% d'ici 2004.
La réalisation des droits humains des femmes, la parité des sexes dans toutes les sphères de la vie quotidienne est une priorité en Zambie. À cet égard, l'État a créé une unité sur la parité des sexes dans une division sur le développement de la parité. Le Gouvernement révise actuellement sa législation par le biais de propositions d'amendements aux lois discriminatoires et générant des déséquilibres.
La Zambie a adopté, au début du mois, une politique nationale en faveur de la parité des sexes qui vise à favoriser des interventions dans une perspective soucieuse d'équité dans tous les secteurs. La politique de l'éducation nationale reconnaît pleinement le besoin de corriger les disparités entre homme et femmes dans les domaines de l'éducation, de la santé, du droit à la propriété foncière. À cet égard, 10% des terres disponibles sont réservées aux femmes et les 90% restants sont équitablement livrés à la compétition entre les hommes et les femmes.
Suite du débat sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie
MME NADIA FAY U (International Save the Children Alliance) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des enfants des gens du voyage et des enfants roms et gitans à travers l'Europe. Elle a souligné que la première discrimination dont ces enfants font l'objet est celle dont ils sont victimes au sein du système éducatif. C'est pourquoi les gouvernements devraient donner suite aux engagements qu'ils ont contractés en vertu des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme en prenant des mesures spécifiques de manière à ce que ces enfants ne soient pas victimes de discrimination et jouissent d'une véritable égalité de chances.
M. CARLOS ABRIL (Fédération luthérienne mondiale) a affirmé que les pratiques discriminatoires sont des obstacles fondamentaux à la jouissance des droits de l'homme pour une grande partie de l'humanité. Le représentant a insisté en particulier sur les conditions de vie des Dalits, en Asie du Sud. En dépit des mesures prises par le Gouvernement indien pour mettre fin à cette discrimination fondée sur la caste, les Dalits continuent d'être victimes de la ségrégation dans de nombreux villages. Les enfants sont séparés des autres dans les écoles, ils doivent se livrer aux tâches les plus pénibles et dangereuses. Ils souffrent d'exploitation et de la violence. Le représentant a déclaré que le 12 mars dernier, sept Dalits ont été brûlés vifs dans le village de Karnataka. Il a ajouté que les auteurs de ces violences et de ces crimes agissent en toute impunité. Le représentant a émis l'espoir que la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance offrira l'opportunité de combler le manque d'attention accordé à ce type de problèmes.
M. ABDEL NASSER OULD OTHMAN SID AHMED YESSA (Agir ensemble pour les droits de l'homme) a dénoncé des cas de discrimination ethnique en Mauritanie, affirmant qu'en 1989, des dizaines de milliers de ses compatriotes ont été victimes d'expulsions et de mauvais traitements. En Mauritanie, en 1989, les négro- Africains, après avoir été dépossédés de leur nationalité, ont été expulsés vers le Sénégal et le Mali, d'autres ont été victimes d'exécutions extra-judiciaires. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées. En dépit d'une médiation du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, ils n'ont pas été rétablis dans leurs droits. Le représentant a ajouté que plus de 500 militaires ont été assassinés, des centaines d'autres ont subi des tortures. Il a précisé qu'un rapport de Human Watch Africa publié dès 1994 donne une description précise de ces brutalités. Les assassins et leurs complices sont connus et bénéficient d'une loi
d'amnistie, certains continuent d'exercer une charge publique. Selon lui, le chef de l'État actuel en Mauritanie et plusieurs de ses collaborateurs ne pouvaient ignorer ces faits. Ils ont même été des instigateurs, a accusé le représentant, qui a souhaité entendre les représentants de la Mauritanie sur ce sujet devant la Commission.
M. HORACE PERERA (Fédération mondiale des associations pour les Nations Unies) a demandé aux gouvernements de prendre des dispositions visant à motiver et à préparer les enseignants de leurs pays respectifs afin qu'ils enseignent le respect des droits de l'homme et des libertés en mettant l'accent en particulier sur l'élimination du racisme et de la discrimination raciale. Il a exhorté le Haut Commissariat aux droits de l'homme et l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) à s'adresser, dans le même esprit, à l'ensemble de la profession enseignante. Il a recommandé aux gouvernements du Canada et des pays scandinaves d'insister auprès de leurs agences de coopération respectives sur la nécessité d'assurer l'intégration, dans leurs programmes, d'une dimension droits de l'homme, en mettant particulièrement l'accent sur l'élimination du racisme et de la discrimination raciale.
MME ANTONELLA ATTARDO (Minority Rights Group) a attiré l'attention sur le sort des peuples d'origine africaine au Brésil. Minority Rights Group a établi un rapport illustrant l'histoire des Afro-Brésiliens, marquée par la marginalisation. La représentante a affirmé que le Gouvernement brésilien a longtemps dissimulé les inégalités structurelles dont sont victimes les Afro-Brésiliens. Il existe au Brésil une hiérarchie sociale fondée sur la couleur de la peau. La représentante a toutefois reconnu que le Brésil s'est doté de nouvelles institutions démocratiques qui s'attaquent à ce phénomène. Après avoir dénoncé les nombreuses pratiques discriminatoires qui affectent les Afro-Brésiliens, la représentante a appelé le Gouvernement brésilien à prendre toute une série de mesures pour remédier à cette situation, et à renforcer notamment les dispositions de la Constitution de 1988 dans le sens d'une plus large protection des droits civils et politiques.
M. JEAN-JACQUES KIRKYACHARIAN (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, MRAP) a souligné qu'on ne rappellera jamais assez que le racisme menace la société dans son ensemble. À la suite du *ðchoc autrichien+ð, a-t-il poursuivi, un début de prise de conscience s'est manifesté en Europe. Il faudra en outre observer ce qui va se passer en France en matière de lutte contre les discriminations depuis que le Gouvernement français a décidé de faire de l'article 13 du Traité d'Amsterdam un axe important de sa politique sociale. Le choc produit ces jours derniers par la publication du rapport annuel de la Commission consultative des droits de l'homme peut être de ce point de vue salutaire. En effet, une majorité de Français déclare avoir des idées ou des réactions racistes ou xénophobes, mais une majorité encore plus importante rejette les pratiques de discrimination. Un certain nombre de causes jouent en faveur du renforcement du racisme en Europe et en Amérique du Nord, a poursuivi le représentant du MRAP. Il a notamment cité le *ðchoc Haider+ð, l'ethnisme - qui débouche le plus souvent sur d'abominables conflits locaux - et le refus des droits du citoyen, en particulier du droit de vote aux élections locales, aux étrangers.
MME ESTER JUSUI (Société pour les peuples en danger) a dénoncé la violence raciale qui s'exerce contre les personnes d'origine chinoise en Indonésie. Les autorités restent très passives face aux crimes raciaux, il n y a jamais eu de poursuites sérieuse pour crimes raciaux. On semble se contenter de réconciliations symboliques. Cette division raciale et la violence de la société indonésienne sont fondées sur une stigmatisation de la haine des Chinois. L'utilisation par les autorités de mots et expressions, dont les termes à forte connotation raciste pour décrire les Indonésiens d'origine chinoise, a pour effet de favoriser une profonde division entre les citoyens d'ethnie chinoise et les autres groupes ethniques.
MME HELEN SAYERS (Université spirituelle internationale des Brahma-Kumaris) a souligné la nécessité de comprendre les causes du racisme avant de remédier à ce problème. Ce sont nos valeurs qui déterminent notre rapport à l'autre, a affirmé la représentante, si bien que nous ne percevons pas le monde tel qu'il est. Changer de perspective pour regarder le monde demande, certes, un effort de compréhension. Mais, il vaut la peine de franchir cette étape pour jeter les bases d'une culture de paix. En dépit de nos différences, nous avons des valeurs communes, la conscience de notre spiritualité commune peut nous aider à transcender ces différences et à traduire les idéaux en actes concrets. Concentrons nous donc sur ce que nous avons en commun et sachons apprécier les bénéfices tirés de notre diversité.
M. ROGER WARHAM (Association internationale contre la torture, AICT) a relevé l'intervention faite hier devant la Commission par la Secrétaire d'État des États-Unis, Mme Madeleine Albright, qui a déclaré qu'*ðaucune nation ne devrait se sentir menacée par les travaux de cette Commission+ð et que *ðles normes que nous appliquons sont ... universelles+ð. En préparant la prochaine Conférence mondiale contre le racisme, il faut passer en revue ces normes universelles et se demander si elles s'appliquent à tous, a suggéré le représentant de l'AICT. Il a rappelé que le 25 février dernier, les quatre membres d'un escadron de la mort, qui avaient assassinés l'immigré guinéen Amadou Diallo, à New York, ont été acquittés des accusations qui pesaient contre eux. Une semaine après leur acquittement, des officiers de police de New York appartenant à un autre escadron de la mort ont tué Malcolm Ferguson, un jeune homme noir qui n'était pas armé. Deux semaines plus tard, le 15 mars, trois policiers appartenant à un escadron de la mort ont tué Patrick Dorismond, un jeune homme noir d'origine haïtienne de 26 ans. Étant donné la persistance du racisme aux États-Unis, on aurait pu s'attendre à ce que le pays qui s'auto-proclame leader mondial en matière de droits de l'homme prenne la tête de la campagne en faveur de la Conférence mondiale. Or, à ce jour, les préparatifs de cette Conférence n'ont pas commencé et la demande de l'AICT visant à ce que les États-Unis accueillent une réunion préparatoire nationale est restée sans réponse de la part du Département d'État.
M. HAROLD HONGJU KOH (États-Unis) a affirmé que son pays ne tolère pas la discrimination raciale ou ethnique. Il a reconnu que la situation des Afro- Américains demeure complexe, que les effets du racisme se font toujours sentir, qu'il y a encore trop de disparités entre Noirs et Blancs notamment en ce qui concerne l'éducation et la santé. Mais cela tend à changer, a le représentant, qui
a fait valoir que les efforts pour réduire ces écarts peuvent être mesurés. Des mécanismes similaires sont mis en place pour d'autres minorités et groupes ethniques. Il y a encore beaucoup à faire, a-t-il convenu : aucune nation n'est encore libérée de la haine raciale et ethnique, mais nous avons appris que toutes les personnes de toutes races ou origines ethniques méritent la protection de ses droits. C'est pourquoi les États doivent affirmer leur engagement à appliquer la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, afin d'asseoir cette protection sur une base juridique solide. Aux États-Unis, des organisations oeuvrent pour lutter contre la discrimination raciale, ethnique, religieuse, sexuelle et se mobilisent librement pour influer sur tous les niveaux sociaux, politiques, juridiques de la société. Selon le représentant, il s'agit bien de la démocratie en action. Pour conclure, le représentant a réaffirmé la volonté des États Unis de participer aux travaux de cette Commission afin contribuer à la lutte contre le racisme et la discrimination sous toutes ses formes.
M. WANG MIN (Chine) a déclaré que le racisme est l'une des violations les plus graves des droits de l'homme. Il s'est inquiété que la mondialisation ouvre de nouvelles perspectives de développement du racisme. Il s'est dit convaincu que la Conférence mondiale contre le racisme sera l'occasion pour la communauté internationale de renforcer la sensibilisation aux problèmes de discrimination raciale. La Chine estime qu'il est important de développer au plan interne une éducation en matière de droits de l'homme et considère que la mise en place d'un ordre politique et économique international équitable l'est tout autant. La Chine estime alarmante la résurgence de comportements racistes au sein de certains pays développés. Partant, elle invite les pays concernés à éliminer les terrains favorables au développement du racisme. La Chine souhaite que la Commission élabore des propositions concrètes en vue de la préparation de la future Conférence mondiale contre le racisme. Elle souhaite également que les Nations Unies évaluent le travail accompli ces trente dernières années en matière de lutte contre le racisme, tire les leçons des échecs du passé - puisque tant de personnes sont encore victimes de formes variées de discrimination raciale - et fasse en sorte que la Conférence débouche sur des actions concrètes.
MME TEHMINA JANJUA (Pakistan) a déclaré que, dans le voisinage du Pakistan, un parti fondamentaliste et fasciste a été propulsé au pouvoir, dont la popularité s'est appuyée sur une politique populiste de promotion de la haine à l'égard des minorités religieuses - musulmanes et chrétiennes - et de suppression des castes les plus basses. Certains des membres les plus en vue de ce parti sont des admirateurs des politiques et pratiques nazies. Cela ne laisse pas bien augurer des forces de tolérance et de pluralisme dans de tels pays, a noté la représentante pakistanaise. L'Islam est une religion de paix, et on ne saurait trouver ailleurs réfutation plus ferme du concept de racisme. Or, c'est précisément cette religion qui est aujourd'hui caricaturée comme étant opposée aux droits de l'homme. Cette caricature sert les actes de violence perpétrés par les racistes à l'encontre des musulmans. L'une des principales tâches de la Conférence mondiale contre le racisme qui doit se tenir l'an prochain devra être d'étouffer dans l'oeuf les
tendances racistes et xénophobes émergentes tout en s'assurant que les pratiques racistes qui n'ont pas encore été traitées le soient avec efficacité. Par exemple, la pratique de l'intouchabilité ou de l'exclusion sociale de dizaines de millions d'individus sur la seule base de leur naissance ne saurait être tolérée à notre époque.
M. CLIFFORD S. MAMBA (Swaziland) a estimé que les efforts internationaux, notamment de la Commission, doivent être encore renforcés. M. Mamba a souligné que la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, prévue en Afrique du Sud l'an prochain, est d'une importance capitale à une époque où ressurgissent d'anciens antagonismes ethniques et nationaux, diverses formes d'intolérance qui donnent lieu à des conflits ethniques, des épurations ethniques, et dans les cas les plus extrêmes à des génocides. Il y a un besoin urgent d'adopter de mesures telles que des mécanismes de soutien et d'alerte précoce afin de prévenir ou d'infléchir les conflits avant qu'ils ne deviennent des crises. Il a enfin souhaité que la Conférence mondiale permette la mise en place de stratégies pour des actions concrètes, ainsi que des mécanismes clairement définis.
M. ARTURO HERNÁNDEZ BASAVE (Mexique) a souligné la nécessité d'une action internationale en matière de lutte contre le racisme tout en affirmant qu'aucun pays ne devrait tolérer que de telles pratiques puissent s'exercer sur son territoire. La levée de toutes les réserves à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale est essentielle pour combattre efficacement le racisme, a-t-il expliqué. Le représentant a jugé urgent de combattre les campagnes d'incitation à la haine raciale qui se multiplient dans les pays développés par le biais des médias électroniques. Le Mexique espère que la troisième Conférence mondiale contre le racisme pourra adopter un plan d'action permettant de lutter concrètement contre ce phénomène. Il souhaite qu'une attention particulière soit accordée aux situations de discrimination qui frappent les groupes vulnérables. Le Mexique souhaite par ailleurs que la Conférence mondiale se fixe comme objectif prioritaire l'entrée en vigueur de la Convention de 1990 sur les travailleurs migrants. Le représentant mexicain a enfin assuré la Commission de la participation active de son pays à la préparation de la Conférence et à son déroulement.
M. JUAN ANTONIO FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba) a fait remarqué que nous sommes tous témoins de la résurgence préoccupante, à travers le monde, de nouvelles formes de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie. Il a souligné que c'est dans le monde développé que ces phénomènes s'expriment de la manière la plus alarmante et sous les formes les plus perfides. En Europe occidentale et en Europe de l'Est ainsi qu'en Amérique du Nord, les idées d'extrême droite et les idées néofascistes gagnent du terrain. À la discrimination contre les minorités raciales et ethniques, s'ajoute la discrimination et l'intolérance à l'encontre des immigrants, devenus les boucs émissaires et expiatoires des maux qui frappent les sociétés développées. Les immigrants sont notamment victimes d'un racisme institutionnel et de corps de police toujours plus répressifs. L'exemple le plus
inquiétant, qui témoigne d'un cadre persistant de violations massives et flagrantes des droits de l'homme, est celui des États-Unis. À cet égard, l'acquittement dont viennent de bénéficier les quatre policiers blancs responsables de l'assassinat de l'immigrant guinéen Ahmed Diallo est une preuve de plus de l'application d'un modèle raciste dans l'administration de la justice de ce pays. Le rapport de M. Maurice Glèlè-Ahanhanzo met également l'accent sur la recrudescence de la discrimination à l'encontre des minorités, en particulier les Roms, en République tchèque, a relevé le représentan