En cours au Siège de l'ONU

DH/G/1274

LA SECRETAIRE D'ETAT DES ETATS-UNIS S'ADRESSE E LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME

23 mars 2000


Communiqué de Presse
DH/G/1274


LA SECRÉTAIRE D'ÉTAT DES ÉTATS-UNIS S'ADRESSE À LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME

20000323

Le Rapporteur spécial sur le racisme et la discrimination raciale ouvre le débat sur cette question

La Commission des droits de l'homme a entendu, cet après-midi, une déclaration de la Secrétaire d'État des États-Unis, Mme Madeleine Albright. Elle a également entamé son débat sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie.

Mme Albright a déclaré qu'en dépit de toutes ses imperfections, la démocratie est le moyen le plus sûr de préserver et de promouvoir les droits de l'homme. Elle a souhaité la condamnation de Slobodan Milosevic par la Commission. Elle a également appelé les membres de la Commission à soutenir la résolution sur la Chine que les États-Unis présenteront au cours de la session, ainsi qu'une résolution sur Cuba. Mme Albright a par ailleurs exhorté le Gouvernement russe à mener rapidement une enquête sur toutes les accusations dignes de foi concernant la situation en Tchétchénie. Elle a également attiré l'attention sur les situations qui prévalent au Soudan, en Birmanie, en Iraq et en Iran.

Cuba, la Fédération de Russie, la Chine et l'Iraq ont exercé leur droit de réponse s'agissant de l'intervention de la Secrétaire d'État des États-Unis. Un représentant des États-Unis a également exercé le droit de réponse.

Présentant son rapport, M. Maurice Glèlè-Ahanhanzo, Rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie, a dit avoir le sentiment que plus on se rapproche de la tenue de la Conférence mondiale sur le racisme, plus les forces xénophobes et racistes se déchaînent. Il a insisté sur les trois faits marquants qui ont retenu son attention cette année : l'accession au pouvoir en Autriche du Parti de la Liberté (FPÖ); les *ðratonnades+ð contre des travailleurs migrants d'origine maghrébine dans le sud de l'Espagne et l'affaire du jeune Amadou Diallo, abattu par des agents de police de la ville de New York.

Dans le cadre du débat sur la racisme et la discrimination raciale, les représentants des pays suivants sont intervenus : Portugal (au nom de l'Union européenne), Bangladesh, Panama (au nom du Groupe des pays d'Amérique centrale), Égypte et Géorgie. Certains intervenants ont insisté sur la nécessité d'adopter des politiques de prévention des phénomènes de racisme et de xénophobie. D'autres ont mis l'accent sur la discrimination particulière dont sont victimes les migrants.

Les représentants des organisations non gouvernementales suivantes ont également fait des déclarations : Azerbaijan Women and Development Centre, Association pour l'éducation d'un point de vue mondial, Congrès juif mondial, Confédération internationale des syndicats libres, International Organization for the Elimination of all Forms of Racial Discrimination, EarthJustice Legal Defense Fund, Mouvement international contre toutes les formes de discrimination et Mouvement international pour l'union fraternelle entre les races et les peuples.

La Commission poursuivra demain matin, à 10 heures, son débat sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie.

Déclarations

MME MADELEINE ALBRIGHT, Secrétaire d'État des États-Unis, a déclaré qu'en dépit de toutes ses imperfections, la démocratie est le moyen le plus sûr de préserver et de promouvoir les droits de l'homme. Aucun pays ne devrait se sentir menacé par les travaux de cette Commission puisque sa tâche est de favoriser les droits de l'homme partout et de permettre aux individus de maîtriser leur propre destin. Pour la première fois de l'histoire, une majorité de gens vivent sous des gouvernements élus, s'est félicité Mme Albright. Cela ne fournit en soi aucune garantie de prospérité ou de progrès mais les rend plus probables. En outre, il faut que la Commission consolide l'acquis de l'an dernier en approuvant la résolution sur la promotion et la consolidation de la démocratie. Comme l'établit clairement cette résolution, la démocratie exige davantage que des élections.

Mme Albright a estimé que Slobodan Milosevic, qui utilise les pouvoirs répressifs de l'État pour intimider les médias indépendants et l'opposition politique en République fédérale de Yougoslavie, mérite la condamnation de cette Commission. La Commission va également voter pour décider si elle doit examiner ou non une résolution exprimant sa préoccupation quant au déni des libertés politiques, culturelles, syndicales et religieuses en Chine : les États-Unis croient fermement qu'une action favorable en ce qui concerne cette résolution s'avère nécessaire. Ces dernières années, la Chine a réalisé d'importants progrès en élargissant les choix sociaux, en mettant sur pied une nouvelle économie et en sortant des millions de personnes de la pauvreté. Mais son bilan en matière de droits de l'homme ne correspond pas aux obligations auxquelles elle a souscrit et s'est particulièrement détérioré au cours de l'année écoulée : arrestations massives de personnes qui cherchaient à exercer leur droit pacifique d'expression politique; détention de milliers de membres du mouvement Falun Gong; restriction de la liberté de culte des chrétiens, des musulmans et des bouddhistes; entraves à la jouissance des droits culturels des groupes minoritaires comme les Tibétains et les Uighurs. Mme Albright a demandé le soutien des membres de la Commission pour la résolution sur la Chine que présenteront les États-Unis.

La Secrétaire d'État a également exhorté la Commission à appuyer une résolution qui concerne le manquement du Gouvernement cubain à respecter les droits fondamentaux de son peuple. À Cuba, comme nulle part ailleurs en Amérique, les règles de liberté et de droit ont été suspendues depuis longtemps. Le régime de Castro continue de supprimer toute dissidence, de refuser la liberté de parole et d'interdire la liberté d'assemblée tout en harcelant les militants des droits de l'homme. Sous la présidence du Président Clinton, les États-Unis ont recherché des contacts toujours plus nombreux avec le peuple cubain et le pays est devenu le principal contributeur de l'aide humanitaire. Il souhaite aider les Cubains à préparer le jour où leurs droits universels seront finalement respectés, a déclaré Mme Albright.

La responsable de la politique étrangère des États-Unis a également attiré l'attention sur la Tchétchénie. Tout en comprenant la nécessité, pour la Fédération de Russie, de protéger son intégrité territoriale et de protéger sa population contre le terrorisme et les attaques de groupes insurgés, les États- Unis se joignent à ceux qui ont dénoncé le recours aveugle à la force contre des civils. Des informations dignes de foi font état de violations des droits de l'homme - y compris d'exécutions extrajudiciaires- par les forces russes stationnées en Tchétchénie, a ajouté Mme Albright. Il y est également question de violations, - y compris des assassinats de civils et de prisonniers - commis par des séparatistes tchétchènes. Les États-Unis sont encouragés par la décision prise par le Gouvernement russe visant à désigner un ombudsman des droits de l'homme, à accepter la présence d'experts internationaux dans son équipe d'enquête et à inviter la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, à se rendre en Tchétchénie. Mais les allégations concernant la Tchétchénie sont graves et doivent recevoir une réponse de toute urgence. Mme Albright a exhorté le Gouvernement russe à mener rapidement une enquête sur toutes les accusations dignes de foi; à autoriser l'accès sans restriction du CICR dans toute la Tchétchénie, y compris aux prisonniers; et à assurer le rétablissement du groupe d'assistance de l'OSCE dans la région.

Mme Albright a par ailleurs mis l'accent sur l'importance de s'insurger une fois de plus contre les abus qui continuent d'être commis par le Gouvernement du Soudan - parmi lesquels figure le crime d'esclavage - tout en reconnaissant les violations perpétrées par les rebelles. Nous devons également réitérer notre soutien à un dialogue démocratique en Birmanie et condamner les autorités pour leurs répression sans relâche de droits fondamentaux, a affirmé Mme Albright. Elle a aussi estimé qu'il convenait de condamner clairement le déni des libertés fondamentales et la suppression brutale des dissidents en Iraq. Enfin, Mme Albright a exprimé sa préoccupation face à la discrimination religieuse qui sévit en Iran contre les Baha'ïs et a souligné la nécessité d'assurer un procès équitable dans le cadre du jugement en attente de 13 Juifs iraniens.

Présentation du rapport sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie

M. MAURICE GLÈLÈ-AHANHANZO, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie, présentant son rapport (E/CN.4/2000/16, à paraître), a exprimé son inquiétude croissante face à ces phénomènes. Il semble que, plus on se rapproche de la tenue de la Conférence mondiale sur le racisme, plus les forces xénophobes et racistes se déchaînent. Trois faits marquants ont, à cet égard, retenu son attention : l'accession au pouvoir en Autriche du Parti de la Liberté (FPÖ) qui remportant 27,22% des suffrages aux dernières élections législatives et est devenu un acteur majeur de la scène politique du pays; les *ðratonnades+ð de travailleurs migrants d'origine maghrébine en majorité marocaine dans la ville d'El Ejido dans le sud de l'Espagne; et la dramatique affaire du jeune Amadou Diallo abattu de 41 balles par des agents de police de la ville de New York.

En dehors de ces cas extrêmement préoccupants, une autre situation a retenu son attention : l'expansion des idéologies racistes par le biais de l'internet. Le Rapporteur spécial a rappelé qu'il a déjà proposé à plusieurs reprises une concertation internationale en vue de déterminer les mesures nécessaires pour circonscrire cette activité nuisible qu'aucune frontière ne semble pouvoir arrêter. Certains pays tels que l'Allemagne, le Canada, la France, les Pays-Bas et la Suède ont déjà pris des mesures, qui méritent d'être amplifiées.

Le Rapporteur spécial a été attentif au sort des personnes victimes de discriminations raciales, notamment les Roms et Tziganes, populations qui constituent une minorité vulnérable dans presque tous les pays européens.

M. Glèlè-Ahanhanzo a salué le parlement sud-africain pour le nouveau dispositif législatif de quatre lois adopté pour renforcer l'égalité par des mesures d'action positive, de prévenir et réprimer la discrimination raciale dans ses différentes manifestations. Le Rapporteur spécial a également souligné que le Gouvernement français, préoccupé par les résultats d'un sondage révélant que *ð69% des Français se déclarent plutôt racistes, un peu racistes ou pas très racistes+ð, a annoncé un plan de lutte contre la discrimination raciale. Le Rapporteur spécial a également salué la création d'un organisme chargé du recrutement et du placement des travailleurs étrangers au Ministère du travail au Koweït afin de protéger le personnel domestique.

M. Glèlè-Ahanhanzo a conclu en déclarant que c'est en s'attaquant de front aux aspects idéologiques et politiques du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l'intolérance que l'on pourra espérer débarrasser le monde de ces fléaux.

M. ALVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) au nom de l'Union européenne, a affirmé que le racisme, la xénophobie et l'intolérance sont à l'opposé du projet européen fondé sur des principes de liberté, de démocratie, de respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Le racisme et la xénophobie existent partout dans le monde et il est de la responsabilité des États de ne laisser aucune place à de tel phénomènes, que ce soit en droit ou dans les faits. Le représentant a exhorté les États à adopter des politiques préventives de comportements racistes ou discriminatoires. Il s'agit là d'un devoir que les États doivent reconnaître en tant que tel.

Le représentant portugais a souligné qu'il est important de reconnaître que les Nations Unies sont le principal forum international permettant d'évaluer et de traiter de façon générale des questions du racisme et de la xénophobie. Insistant sur l'importance de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, qui prévoit un ensemble de moyens juridiques et pratiques pour lutter contre ces phénomènes, le représentant a rappelé que l'objectif de l'Union européenne reste d'encourager une ratification universelle de cet instrument. L'Union européenne invite par ailleurs les États liés par cette convention à présenter dans les délais impartis leurs rapport au Comité chargé de son application.

L'Union européenne est convaincue que la Conférence mondiale contre le racisme et sa préparation seront un catalyseur de la lutte mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. La Commission contre le racisme et l'intolérance du Conseil de l'Europe oeuvre à la préparation d'une conférence qui se tiendra à Strasbourg en octobre 2000 et qui s'intitulera: *ðTous différents, tous égaux : des principes à leur mise en oeuvre+ð. L'Union européenne est convaincue du rôle essentiel joué par les organisations non gouvernementales dans la lutte contre le racisme et la xénophobie. C'est pourquoi elle appuie fermement l'idée de leur participation, tant à la Conférence de Strasbourg elle même qu'aux différents processus de sa préparation, aux niveaux nationaux et régionaux. S'agissant de l'action menée au niveau européen contre le racisme, le représentant a notamment attiré l'attention sur un programme d'action communautaire contre la discrimination qui fait actuellement l'objet d'un examen de la part des législateurs européens, a-t-il indiqué.

M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que, si le chapitre noir du racisme institutionnalisé en vertu de l'apartheid fait partie du passé, le racisme est loin d'avoir disparu dans le monde. Dans de nombreuses sociétés, les migrants sont particulièrement victimes d'actes de racisme et de violence. Souvent, les politiques nationales des gouvernements hôtes, associées à des mesures réglementaires visant à protéger la main-d'oeuvre intérieure, sont discriminatoires dans leur essence même. On peut également ressentir une certaine gêne face aux subtils systèmes d'exclusion d'immigrants potentiels et de réfugiés mis en place ça et là sur la base de la préférence régionale. Il n'est pas possible d'éradiquer le racisme en ayant seulement recours à des mesures législatives, a souligné le représentant du Bangladesh. Ce qu'il faut, c'est changer les attitudes et, à cette fin, le meilleur moyen reste l'éducation. Le représentant a par ailleurs regretté la tendance - actuellement à la hausse - qui voit les technologies de la communication telles que l'internet être utilisées à des fins de propagation de la haine et de la discrimination raciales. M. Chowdhury s'est félicité de l'offre de la République islamique d'Iran d'accueillir la réunion préparatoire régionale asiatique de la Conférence mondiale contre le racisme.

M. ANEL ENRIQUE BELIZ G.(Panama, au nom du Groupe des pays d'Amérique centrale) a salué les efforts et l'enthousiasme manifesté par les États membres et le Haut Commissariat aux droits de l'homme pour assurer le succès de la troisième Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Le Groupe s'est engagé à collaborer activement avec la Commission préparatoire qui se réunira prochainement à Genève mais aussi à la Conférence régionale pour l'Amérique latine et des Caraïbes qui se déroulera à Rio de Janeiro (Brésil), cette année. Le représentant a lancé un appel pour que les conférences régionales qui se tiendront dans le cadre des préparatifs de la Conférence mondiale soient dotées de ressources suffisantes.

M. MOHAMED MOUNIR (Égypte) a déploré que la révolution technologique révèle une augmentation des phénomènes de racisme et de discrimination, qui sont non seulement contraires aux droits de l'homme mais également aux fondements mêmes de l'humanité. La Conférence mondiale contre le racisme qui doit se tenir en Afrique du Sud donnera les moyens de lutter collectivement contre le racisme et la

discrimination. Tous les aspects du racisme et de ses conséquences, qui diffèrent d'un pays à l'autre, doivent être envisagés. Aussi, l'Égypte insiste-t-elle sur la nécessité de bien préparer cette Conférence importante aux niveaux régionaux et nationaux. Elle appuie les efforts déployés par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme dans ce sens. Le représentant a estimé qu'une dimension importante du racisme est celle de la discrimination fondée sur la religion. Ces pratiques qui sont le fait de certains milieux intellectuels ou de médias, sont une incitation à la haine contre les adeptes de telle ou telle religion.

M. AMIRAN KAVADZE (Géorgie) a déclaré que la Constitution de la Géorgie assure à tous ses citoyens et non-citoyens des mesures efficaces de protection contre toute forme d'intolérance et de discrimination. Le pays se trouve toutefois confronté à l'une des plus odieuses manifestations d'intolérance et d'affrontement ethnique en Abkhazie (Géorgie). Bien qu'elle soit une République autonome au sein du territoire géorgien et qu'elle jouisse d'une pleine égalité et de la plus totale liberté, des séparatistes ont propagé une idéologie anti- géorgienne qualifiant d'occupants la population géorgienne en Abkhazie et demandant leur expulsion de la région. Le représentant a souligné que le Gouvernement central de la Géorgie a perdu le contrôle sur la province et a regretté que la communauté internationale n'a pas répondu aux appels lancés pour accroître la pression sur les séparatistes afin qu'ils autorisent le retour de tous les réfugiés et de toutes les personnes déplacées internes dans leurs foyers sur le territoire de l'Abkhazie. La Commission de se départir de son attitude sélective face aux conflits et accorder l'attention qu'elles méritent aux centaines de milliers de personnes qui ont été expulsées de leurs foyers, a déclaré le représentant de la Géorgie.

MME SEVINDJ BAGIROVA (Azerbaijan Women and Development Center) a déclaré que le nationalisme, le racisme et la xénophobie sont des problèmes qui touchent tous les pays, notamment dans des pays qui ont des économies développées et des traditions démocratiques. Ces maux sont le résultat d'une éducation incapable d'inculquer le sens de la différence, de l'unité de l'être humain, de la race humaine, de son origine commune, de l'unité des racines des langages du monde entier, une éducation qui échoue à démontrer tout cela contribue au nationalisme, au racisme et à la xénophobie. Le ou LA représentant (E) a plaidé en faveur de la création, sous les auspices des Nations Unies, d'un institut international des langues et cultures du monde.

M. DAVID LITTMAN (Association pour l'éducation d'un point de vue mondial) a rappelé que son organisation s'était opposée l'an passé à la présentation d'un projet de résolution intitulé *ðDiffamation de l'Islam+ð, projet de résolution qui fut finalement adopté sous le libellé *ðDiffamation des religions+ð. L'Association estimait en effet qu'une telle résolution aurait pu être utilisée pour condamner n'importe qui pour n'importe quoi. M. Littman a dit partager la préoccupation exprimée dans cette résolution. Il a souligné que son organisation a toujours fait la différence entre Islam et islamisme et a encouragé les membres de la

Commission à affirmer haut et fort cette distinction. Le représentant a par ailleurs plaidé en faveur de l'annulation de la sentence prononcée à l'encontre de l'écrivain Salman Rushdie, précisant que son organisation a envoyé une lettre au Secrétaire général de l'Organisation de la Conférence Islamique en ce sens.

Le représentant a évoqué un cas de diffamation à l'égard du judaïsme qui s'est produit à la Commission des droits de l'homme en 1991 et n'avait pas été sanctionné en son temps. La Commission devrait prendre une action concrète dans cette affaire, a-t-il estimé. M. Littman a déclaré que ce qui est nécessaire aujourd'hui, c'est un signe confirmant le fait que le judaïsme, le catholicisme et l'Islam sont voués à devenir de véritables partenaires.

M. JESSE GUBERMAN (Congrès juif mondial) a évoqué la situation en Autriche et a souligné que ses commentaires ne s'adressent pas à tous les Autrichiens, rendant hommage à ceux qui se sont élevés contre la voix de l'intolérance. Le représentant a rappelé que tous les pays n'ont malheureusement pas encore reconnu leur complicité dans la seconde guerre mondiale et l'ère nazi. Le Gouvernement autrichien compte aujourd'hui des membres de l'*ðultra-conservateur+ð Parti de la Liberté. C'est un parti dont l'ancien chef loue les politiques de Hitler, c'est un gouvernement dont un ministre a des liens étroits avec un magazine publié par quelqu'un qui renie l'holocauste. Nous sommes aux côtés de ceux qui, en Autriche, sont en faveur de la tolérance et de l'harmonie raciale, de tous les gouvernements et peuples qui croient aux principes de la Convention internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

MME MARIE-THERESE BELLAMY (Confédération internationale des syndicats libres, CISL) a souligné que, bien que pratiquement tous les travailleurs soient potentiellement vulnérables dans un marché du travail où la sécurité du travail devient un luxe, certains groupes de travailleurs demeurent plus fragiles que d'autres. Ce sont ceux qui sont les cibles de discrimination fondée sur leur sexe ou leur orientation sexuelle, sur leur race, leur origine nationale, leur âge, leur couleur ou leur religion. En outre, les travailleurs handicapés sont particulièrement exposés à la discrimination en dépit du fait que la Convention 111 de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur la discrimination dans l'emploi et la profession soit l'une des Conventions ratifiées par le plus grand nombre de pays. La CISL salue par ailleurs la décision de l'OIT, prise en juin dernier, d'exclure de facto le Myanmar en raison du recours systématique au travail forcé par la junte militaire au pouvoir. Dans ce contexte, la CISL est choquée d'apprendre que ce même pays pourrait accueillir une réunion de préparation de la Conférence mondiale contre le racisme.

MME SHARFELDDIN (International Organization for the Elimination of all Forms of Racial Discrimination) a affirmé que le monde doit évaluer sa capacité à lutter contre le phénomène du racisme, afin de se donner les moyens d'en finir avec ce phénomène. Le combat contre le racisme doit passer par une analyse de ses causes profondes, qui sont liées à la pauvreté. La représentante a exhorté les pays les plus puissants à porter assistance à leurs frères et soeurs dans le besoin pour leur permettre d'atteindre le même degré de développement. Cela est indispensable si l'on veut vraiment mettre un terme à la discrimination. Il faut ainsi donner aux pays les plus pauvres les moyens de leur développement. Dans ce contexte, Mme Sharfelddin a insisté sur le rôle de l'éducation, seul moyen d'assurer le progrès du monde en développement. Par ailleurs elle a insisté sur l'aide internationale au développement qui devrait être régulée par le droit

international. Le monde développé doit se rendre compte que ses efforts envers les pays en développement participent de son propre intérêt. Aider le monde en développement n'est pas un simple acte de générosité.

MME NANCY ABUDU (EarthJustice Legal Defense Fund) a dénoncé les cas de racisme environnemental dont sont victimes les communautés afro-américaines, hispaniques, amérindiennes, asiatiques et du pacifique aux États-Unis. La représentante a expliqué que les victimes du racisme environnemental ont une espérance de vie plus courte, sont en moins bonne santé et jouissent d'une qualité de vie médiocre. Le Gouvernement des États-Unis n'a fourni aucun remède efficace aux victimes de ces pratiques racistes ni pris de mesures pour empêcher une telle situation. Le cas de la communauté de Mossville, polluée par les industries qui l'exposent à des produits toxiques tels que la dioxine est tragique. Les États- Unis ont ratifié la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discriminations et leur dernier rapport dans ce domaine date de 5 ans.

MME ATSUKO TANAKA (Mouvement international contre toutes les formes de discrimination raciale) a attiré l'attention de la Commission sur la discrimination dont souffrent les Roms et s'est félicitée que leur situation ait été prise en compte dans le cadre du processus préparatoire, en Europe, de la Conférence mondiale contre le racisme. Elle a également attiré l'attention de la Commission sur la discrimination fondée sur l'ascendance qui est pratiquée dans certains pays d'Asie, notamment à l'encontre des Burakumin au Japon. Elle a ajouté que la discrimination raciale s'accompagne souvent d'une discrimination fondée sur le sexe.

MME BERHANE RAS-WORK (Mouvement international pour l'Union fraternelle entre les races et les peuples) a précisé que son organisation est fondée sur le multiculturalisme et sur les valeurs universelles d'égalité, de justice et de respect de la personne humaine. La représentante s'est félicitée de la décision de convoquer une Conférence mondiale contre le racisme en 2001 et de la volonté d'aboutir à la mise en oeuvre d'une action concrète dans ce combat. Elle a précisé que son organisation prépare un séminaire de formation sur les questions liées au racisme et aux droits de l'homme du 10 au 19 avril 2000.

Exercice du droit de réponse

Le représentant de Cuba a déclaré qu'il est difficile pour les membres de la Commission de se souvenir de la dernière participation du Secrétaire d'État des États-Unis à un débat de la Commission des droits de l'homme. La visite de Mme Albright marque un effort majeur d'être venue de si loin jusqu'ici, mais il aurait fallu que ce sacrifice personnel soit accompagné d'un effort positif pour les travaux de la Commission. Le représentant cubain a regretté que la Secrétaire d'État n'ait pas jugé bon de relever tout le travail positif fait par cette commission, profitant au contraire de l'hospitalité qui lui est accordée pour jeter de l'huile sur le feu et encourager la propagande contre Cuba.

Le représentant de la Fédération de Russie, s'agissant de la question tchétchène, a déclaré que les autorités russes se préoccupent de préserver le territoire russe et son intégrité, et mènent un combat contre les terroristes et

les mercenaires en Tchétchénie. Un véritable État démocratique tel que la Russie a le droit et devoir de protéger sa population contre tous les actes de terrorisme. Les forces fédérales en Tchétchénie ne luttent pas contre des terroristes isolés mais contre des groupes de bandits. Les attaques aveugles contre la population n'ont pas lieu en Tchétchénie contrairement aux actions menées par l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord en Yougoslavie.

Le représentant de la Chine est intervenu pour rejeter toutes les accusations faites cet après-midi contre elle par la Secrétaire d'État des États- Unis. Il a rappelé que la Chine a toujours été engagée en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme. La Constitution de la Chine stipule clairement que tous les citoyens chinois jouissent de la liberté d'expression, d'assemblée, d'association et de croyance religieuse. Les droits de l'homme de toutes les minorités ethniques, y compris le peuple Tibétain, sont également pleinement respectés et protégés. Des remarques irresponsables ont été faites par la Secrétaire d'État des États-Unis alors que des brutalités polic

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