LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME OUVRE LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2000 EN ELISANT M. SHAMBHU RAM SIMKHADA DU NEPAL, E SA PRESIDENCE
Communiqué de Presse
DH/G/1268
LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME OUVRE LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2000 EN ÉLISANT M. SHAMBHU RAM SIMKHADA DU NÉPAL, À SA PRÉSIDENCE
20000320Elle adopte son ordre du jour et entend une déclaration de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme
Genève, 20 mars -- La Commission des droits de l'homme a ouvert, ce matin, les travaux de sa cinquante-sixième session, qui se tient jusqu'au 28 avril au Palais des Nations à Genève. Elle a élu à sa présidence, par acclamation, le Représentant permanent du Népal, M. Shambhu Ram Simkhada qui, dans sa déclaration d'investiture, a notamment insisté sur l'importance de se saisir des questions relatives aux droits de l'homme en privilégiant un esprit de coopération.
Le Président, rappelant qu'une personne sur cinq dans le monde vit dans un état d'extrême pauvreté, a attiré l'attention sur les tragédies humanitaires récentes en Afrique. L'extrême pauvreté, la croissance des inégalités économiques, la violence à l'égard des femmes ou encore l'intolérance à l'égard des minorités constituent autant d'obstacles à la pleine jouissance des droits de l'homme, a souligné le Président, qui a néanmoins estimé que d'importants progrès ont été accomplis dans ce domaine.
La Commission a en outre élu M. Krzysztof Jakubowski (Pologne), M. Ibrahim Mirghani Ibrahim (Soudan) et M. Victor Rodríguez Cedeño (Venezuela), vice- présidents; et Mme Marie Gervais-Vidricaire (Canada), rapporteuse de la Commission.
La Commission a également adopté son ordre du jour.
La Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, a fait une déclaration dans laquelle elle a notamment invité la Commission à porter son attention, cette année, à la façon dont les stratégies en matière de droits de l'homme peuvent permettre d'éviter les conflits et les violations flagrantes de droits de l'homme. Rappelant les allégations de violations de droits de l'homme qui se sont multipliées ces derniers mois au sujet de la situation en Tchétchénie, elle s'est réjouie que les autorités de la Fédération de Russie l'ont autorisé à effectuer une visite dans la région.
La Présidente sortante, Mme Anne Anderson, d'Irlande, a, pour sa part, observé que la présente session de la Commission s'ouvre sous la menace d'un autre conflit en Europe. Pour les victimes de violations des droits de l'homme, être oublié des médias ne doit pas signifier être oublié de la Commission des droits de l'homme, a-t-elle également souligné.
La Commission poursuivra ses travaux en séance publique demain matin, à 10 heures. Elle devrait se pencher sur l'organisation de ses travaux et sur le rapport de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme. À partir de 11h15, la Commission entendra des personnalités de rang ministériel dans le cadre de son débat général de haut niveau qui se tiendra tout au long de cette semaine.
Déclaration de la Présidente sortante
Mme ANNE ANDERSON, Présidente de la cinquante-cinquième session de la Commission, a souligné que le Bureau de la précédente session de la Commission a fait tout son possible pour travailler de manière engagée, active et, en toute occasion, transparente. Le Bureau s'est réuni quinze fois durant la période intersession pour examiner les questions qui lui ont été soumises à la session de l'an dernier et ont préparé un document de réflexion qui a été transmis au nouveau Bureau, a indiqué Mme Anderson. Elle a par ailleurs rappelé qu'au cours de l'année, elle a nommé cinq rapporteurs spéciaux; deux provenant du groupe des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, un d'Afrique, un d'Asie et un d'Europe. Trois de ces rapporteurs sont des hommes et deux des femmes, a-t-elle ajouté. Mme Anderson a par ailleurs indiqué que le Groupe de travail sur l'amélioration de l'efficacité des mécanismes de la Commission a adopté son rapport par consensus le 11 février dernier. Il s'agit, inévitablement, d'un document de compromis qui laisse certains espoirs insatisfaits, a-t-elle déclaré avant d'ajouter que les choix qui ont été faits devraient ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire de la Commission en permettant de dépasser certaines tensions liées aux méthodes de travail qui ont caractérisé des sessions récentes de la Commission.
Mme Anderson a mis l'accent sur l'important progrès que constitue l'achèvement des travaux d'élaboration d'un protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant sur l'implication des enfants dans les conflits armés alors qu'un résultat fructueux semble également à portée de main en ce qui concerne le protocole facultatif sur la vente d'enfants.
Soulignant l'importance d'assurer la pertinence et la crédibilité de la Commission, Mme Anderson a mis l'accent sur la nécessité de trouver une meilleure articulation entre la solidarité envers ceux qui souffrent et l'objectivité en matière d'analyse et de recherche de solutions. Mme Anderson a rappelé que, l'an dernier, elle avait déclaré ne pas avoir trouvé de réponse convaincante aux critiques de sélectivité faites à l'encontre de la Commission et avait également insisté sur l'importance de faire en sorte que l'indignation
morale provoquée par la crise du Kosovo se manifeste également lorsque l'on est confronté à d'autres crises ailleurs dans le monde. Mme Anderson réitère ces observations alors que la session de cette année s'ouvre sous la menace d'un autre conflit en Europe. La Présidente sortante a par ailleurs mis l'accent sur un autre type de sélectivité, à savoir celle qui découle de la manière arbitraire dont les médias couvrent les situations de violations de droits de l'homme. Être oublié des médias ne doit pas signifier être oublié de la Commission des droits de l'homme, a souligné Mme Anderson.
Déclaration de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme
Mme MARY ROBINSON, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a invité la Commission à porter son attention cette année à la façon dont les stratégies en matière de droits de l'homme peuvent permettre d'éviter les conflits et les violations flagrantes des droits de l'homme, notamment par les comportements au niveau national, régional et international. Elle a rappelé le besoin de renforcer la capacité collective de la communauté internationale en matière de prévention des conflits et de réduire le temps qui sépare l'alerte précoce et la réaction à laquelle elle doit donner lieu, en se tenant prêt à une action rapide. La guerre, les conflits internes, les déplacements de populations à l'intérieur et à l'extérieur des frontières, ainsi que les violations volontaires et flagrantes des droits de l'homme demeurent hélas encore trop fréquents à notre époque. Elle a insisté sur l'importance de la prévention des violations flagrantes des droits de l'homme en prenant toutes les mesures possibles au niveau national, régional et international. Son souhait est que la Commission, après examen des rapports, mette en place des approches et des stratégies pour une action concrète afin d'éviter les violations dans les régions sur lesquelles l'attention de la Commission aura été attirée.
Mme Robinson a insisté sur certains dossiers urgents tels que le trafic des femmes et des enfants, phénomène qui va à l'encontre des principes de droits et de dignité de l'homme. Elle a rappelé que des travaux sont actuellement en cours au sein des Nations Unies pour renforcer les mesures contre le trafic des êtres humains. Elle a appelé la Commission à porter son attention sur ce thème et de contribuer à lutter contre ce phénomène. En outre, l'esclavage et les pratiques similaires existant encore dans diverses parties du monde, elle a lancé un appel à la conscience de la Commission.
Dans la perspective de la troisième Conférence internationale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, qui aura lieu l'an prochain et dont Mme Robinson sera Secrétaire générale, elle s'est félicitée du soutien de la Commission pour faire de cet événement une occasion importante et utile. Dans le même esprit, elle a exprimé le souhait de voir rapidement le projet de déclaration sur les droits des populations autochtones enfin examiné et adopté.
Enfin, Mme Robinson a rappelé que certaines allégations concernant de graves abus contre les droits de l'homme en Tchéchénie n'avaient jusque-là pas pu être vérifiées pour des questions de restriction d'accès aux zones concernées. Elle s'est félicitée qu'aujourd'hui, les autorités de la Fédération de Russie l'autorisent enfin à y effectuer une visite, à l'issue de laquelle elle présentera un rapport à la Commission.
Déclaration du Président élu de la Commission des droits de l'homme
M. SHAMBHU RAM SIMKHADA (Népal) a émis l'espoir que les États membres, observateurs, organisations non gouvernementales et organisations internationales feront preuve de toute la bonne volonté nécessaire pour que les délibérations de la présente session assurent le progrès des droits de l'homme et de la dignité partout dans le monde. Le Président a ensuite demandé que tout soit fait pour que les moyens financiers et humains du Haut- Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme soient accrus.
Alors que s'ouvre la session de la Commission, le Programme des Nations Unies pour le développement a publié récemment des rapports qui montrent qu'une personne sur cinq dans le monde vit dans un état d'extrême pauvreté. Dans ce contexte, le Président a rappelé les tragédies humanitaires auxquelles ont été confrontés les peuples africains, notamment au Mozambique et à Madagascar. Il a également souligné que les violations des droits civils et politiques dont font état de nombreux rapports méritent toute l'attention de la Commission. Le Président a rappelé que la persistance de la discrimination a conduit l'Assemblée générale à convoquer une troisième conférence mondiale pour combattre la discrimination raciale. Tout en soulignant que l'extrême pauvreté, la croissance des inégalités économiques, la violence à l'égard des femmes ou encore l'intolérance à l'égard des minorités constituent autant d'obstacles à la pleine jouissance des droits de l'homme, il a néanmoins estimé que d'importants progrès ont été accomplis dans ce domaine.
M. Simkhada a ensuite souligné l'utilité pour la Commission de se saisir des questions relatives aux droits de l'homme dans un esprit de coopération. C'est grâce à une telle démarche, a-t-il fait remarquer, que l'on a pu parvenir à un consensus sur nombre d'instruments dans ce domaine, comme sur le Protocole facultatif à la Convention sur les droits des enfants dans les conflits armés. En prenant ses responsabilités, la Commission peut faire la différence, a-t-il affirmé. Le principal défi consiste à comprendre les réalités d'un "village global", composé de mondes différents. Tout en respectant ces différences, il faut s'efforcer de jeter des ponts entre elles. À cet égard, M. Simkhada a rappelé les propos tenus par le Secrétaire général des Nations Unies lors du passage au nouveau millénaire : "Plus que jamais dans l'histoire de l'humanité, nous partageons la même destinée. Nous ne pourrons en être maître qu'en agissant ensemble". Aussi, le Président a-t-il insisté sur la nécessitée de laisser chacun s'exprimer, d'écouter les autres, d'aborder avec objectivité les problèmes les plus graves, de reconnaître et de respecter les différences tout en s'efforçant de jeter des ponts entre les cultures. Il s'est dit convaincu que l'échange d'idées dans un esprit d'ouverture fera de la Commission un forum au service de la promotion de la dignité et des droits de tous les peuples.
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